Le marché du travail suisse entre incertitudes et manque de personnel qualifié

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Le marché du travail suisse entre incertitudes et manque de personnel qualifié
Swiss Economics

      Le marché du travail suisse
      entre incertitudes et manque
      de personnel qualifié
      Moniteur Suisse | 4ème trimestre 2021

Conjoncture suisse                            Focus            Politique monétaire
Reprise seulement                             Postes vacants   L’inflation continue
ralentie                                      au plus haut     d’augmenter

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Le marché du travail suisse entre incertitudes et manque de personnel qualifié
Swiss Economics I 4ème trimestre 2021   2
Le marché du travail suisse entre incertitudes et manque de personnel qualifié
Éditorial

            Chère lectrice, cher lecteur,

            L’année qui touche à sa fin a de nouveau été placée sous le signe de la pandémie de Covid-19 et
            nous devons probablement nous préparer à vivre encore un certain temps avec le virus. De
            diffciles mois d’hiver nous attendent sûrement. Découvrez dans notre article sur la conjoncture
            suisse (en page 6) comment l’économie de notre pays a jusqu’à présent surmonté cette situation
            problématique. À la fin du 3e trimestre 2021, le produit intérieur brut (PIB) helvétique dépassait
            déjà son niveau d’avant-crise de 1,4%. La Suisse s’en sort certes mieux que la plupart des pays
            sur le plan économique, mais la progression des cas de Covid-19 et les mesures d’endiguement
            plus strictes ainsi que les problèmes affectant les chaînes d’approvisionnement mondiales assom-
            brissent les perspectives. Deux tiers des entreprises industrielles que nous avons interrogées avec
            l’association professionnelle pour les achats et le supply management procure.ch ont par exemple
            déclaré s’attendre à des interruptions de production dues aux pénuries d’intrants dans les mois à
            venir. En outre, les branches de services comme la restauration ou le tourisme devraient subir des
            restrictions répétées jusqu’au printemps prochain au moins du fait de la pandémie.

            Malgré toutes ces incertitudes, nous anticipons toujours une poursuite de la reprise en 2022 et
            vous présentons les motifs à l’origine de notre optimisme – modéré – à partir de la page 6. La
            situation de l’emploi est un moteur essentiel de l’évolution économique. Après avoir aussi dure-
            ment ressenti les effets de la récession mondiale de 2020, le marché du travail suisse s’est rapi-
            dement redressé. Le chômage recule depuis plusieurs mois, le nombre de postes à pourvoir ne
            cesse d’augmenter et certains employeurs recherchent déjà même désespérément des travailleurs
            qualifiés. Découvrez dans notre article Focus en page 12 les facteurs qui viennent encore compli-
            quer le recrutement et leur impact sur l’emploi dans les différentes branches.

            Nous vous souhaitons une agréable lecture, de très joyeuses fêtes et une excellente santé pour la
            nouvelle année.

            André Helfenstein                                  Claude Maurer
            CEO Credit Suisse (Suisse) SA                      Chef économiste Suisse

                                                                 Swiss Economics I 4ème trimestre 2021       3
Le marché du travail suisse entre incertitudes et manque de personnel qualifié
Sommaire

Conjoncture suisse                                                                                                 6
Reprise seulement ralentie
La pandémie de COVID-19 va impacter la Suisse encore un certain temps. La vague actuelle ne devrait
toutefois que temporairement ralentir la reprise conjoncturelle. Nous tablons sur une croissance de 2,5%
en Suisse l’année prochaine, après 4,0% en 2021.

Conjoncture | Moniteur                                                                                             8

Branches | Moniteur                                                                                                9

Focus | Marché du travail                                                                                        12
Postes vacants au plus haut
La reprise se poursuit sur le marché du travail suisse: le chômage baisse, tandis que le nombre de postes
vacants augmente. De plus en plus d’entreprises font de nouveau état de difficultés de recrutement de
personnel qualifié. Des disparités importantes sont toutefois observables entre les branches. Pour 2022,
nous tablons sur une croissance totale de l’emploi de 1,2% et une hausse des salaires nominaux de
0,8%.

Politique monétaire                                                                                              18
L’inflation continue d’augmenter
Malgré une modeste accélération, l’inflation en Suisse est restée inférieure à la plupart des autres pays,
surtout en raison du poids relativement faible de l’énergie dans l’indice des prix à la consommation (IPC)
– d’où l’absence de pression à durcir la politique monétaire.

Politique monétaire I Moniteur                                                                                   19

Immobilier | Moniteur                                                                                            20

Indicateurs avancés du Credit Suisse                                                                             21

Prévisions et indicateurs                                                                                        23

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Le marché du travail suisse entre incertitudes et manque de personnel qualifié
Swiss Economics I 4ème trimestre 2021   5
Le marché du travail suisse entre incertitudes et manque de personnel qualifié
Conjoncture suisse

Reprise seulement ralentie

                                       La pandémie de COVID-19 va impacter la Suisse encore un certain temps. La vague
                                       actuelle ne devrait toutefois que temporairement ralentir la reprise conjoncturelle. Nous
                                       tablons sur une croissance de 2,5% en Suisse l’année prochaine, après 4,0% en 2021.

Performance                            La rétrospective conjoncturelle se révèle réjouissante: le produit intérieur brut (PIB) suisse au
économique                             3e trimestre 2021 a nettement dépassé son niveau d’avant-crise. Sur le plan économique, la
supérieure au niveau                   Suisse tire ainsi mieux son épingle du jeu que la plupart des autres pays (fig. 1). Après son effon-
d’avant-crise                          drement de 2,4% en 2020, le PIB devrait avoir en moyenne progressé de 4,0% cette année. Les
                                       perspectives pour l’année prochaine sont toutefois assombries par l’augmentation des cas de CO-
                                       VID-19 et les mesures qui ont été prises en réponse, ainsi que par les problèmes d’approvisionne-
                                       ment observables partout dans le monde.

L’économie et la                       L’évolution de la pandémie est pratiquement impossible à prédire, comme le rappelle la nouvelle
société parviennent à                  inconnue du variant Omicron. Cela dit, l’on observe que les contaminations se sont jusqu’à pré-
mieux gérer le virus                   sent toujours déroulées par vagues, ce qui laisse penser que les mesures et le changement des
                                       comportements – ainsi que les progrès réalisés dans la vaccination – ont porté leurs fruits. Nos
                                       analyses économétriques montrent en outre que les répercussions conjoncturelles de la pandémie
                                       se sont nettement atténuées au cours des vagues pandémiques successives. La figure 2 illustre
                                       comment la corrélation entre les chiffres d’affaires dans le secteur tertiaire et la mobilité de la po-
                                       pulation a diminué pendant les différentes vagues. Cela s’explique par le fait que les mesures plus
                                       strictes mises en place affectent désormais moins l’activité économique et aussi par la capacité
                                       des prestataires et des ménages à mieux gérer le virus et donc à mieux adapter leur comporte-
                                       ment à l’évolution pandémique.

Quelques branches                      Nous partons par conséquent du principe que le préjudice économique de la vague pandémique
fortement affectées                    actuelle restera gérable et que la reprise ne sera que temporairement ralentie. Quelques branches
par la vague actuelle                  devraient cependant être plus fortement affectées que d’autres. Une partie de l’hôtellerie-restau-
                                       ration, des clubs et des entreprises de loisirs devra en effet composer avec des mois d’hiver très
                                       incertains. Mais c’est dans le tourisme intercontinental que les répercussions risquent d’être les
                                       plus rudes et la normalisation de la demande espérée avant la fin 2022 semble désormais bien
                                       illusoire.

Fig. 1: Économie suisse au-dessus de son niveau d’avant-crise                       Fig. 2: L’impact du virus sur la mobilité et les CA diminue
PIB réel, corrigé des effets saisonniers, 4e trimestre 2019 = 100                   Indice issu du nombre de cas et de décès, du taux de résultats positifs, de la rigueur
                                                                                    des mesures, variation de la mobilité niveau avant-pandémie (03.01–06.02.2020),
                                                                                    variation des CA par rapport à 2019; moyennes mobiles sur 7 jours

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                                                                                                       Évolution virale             Mobilité         CA services
                                                                                      90
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                                                                                                                                                                   actuelle
                                                                                      60
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                                                                France
                                                                Allemagne              0
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                                                                Italie
                                                                Grande-Bretagne
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                                                                États-Unis
                                                                Suisse
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   12/2019       04/2020       08/2020        12/2020       04/2021       08/2021
                                                                                     -90
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Source: Datastream, Credit Suisse. Dernières données: 3e trimestre 2021             Source: Monitoring Consumption Switzerland, Google Mobility Report, Datastream,
                                                                                    Credit Suisse. Dernières données: 6 décember 2021

                                                                                                            Swiss Economics I 4ème trimestre 2021                         6
Le marché du travail suisse entre incertitudes et manque de personnel qualifié
Les difficultés         La reprise dans l’industrie est actuellement affectée par des difficultés d’approvisionnement: plus
d’approvisionnement     des deux tiers des directeurs d’achat que nous avons interrogés en collaboration avec l’Associa-
entraînent des arrêts   tion pour les achats et le supply management procure.ch indiquent s’attendre à des pertes de pro-
de la production dans   duction dans les six prochains mois en raison de telles difficultés. Environ 20% des entreprises
deux tiers des          concernées n’ont eu d’autre choix que de réinstaurer le chômage partiel. L’examen des stocks
entreprises             rapportés au Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ (KOF) donne des indications sur les
                        branches les plus durement touchées par ces difficultés d’approvisionnement (fig. 3). Dans le pa-
                        pier et les meubles, ainsi que dans l’électronique, l’horlogerie et la pharmacie, les stocks trop
                        faibles d’intrants vont de pair avec des stocks de produits finis trop peu fournis, ce qui suggère
                        que la pénurie d’intrants freine la production et la vente. En revanche, les stocks d’intrants trop
                        faibles dans des branches comme la métallurgie et les machines ne semblent pas avoir d’impact
                        négatif généralisé sur les stocks de produits finis.

Seulement une           La demande de marchandises va diminuer que lentement sur fond de persistance de la pandémie
légère amélioration     de coronavirus. Si l’on ajoute à cela que les capacités de production et de transport ne sont que
de la situation         timidement augmentées ou remises en service à pleine capacité, il ne faut pas s’attendre à une
en 2022                 amélioration sensible de la situation avant le milieu de l’année prochaine. Dans l’électronique – et
                        surtout les semi-conducteurs (puces) –, la situation devrait même rester tendue jusqu’en 2023.

L’électronique est      Les hausses de prix liées aux difficultés d’approvisionnement sont l’une des raisons pour les-
surtout importée        quelles nous attendons une inflation plus élevée pour 2022 qu’en moyenne sur les dernières an-
                        nées (cf. «Inflation» en page 8). Deux facteurs devraient toutefois limiter l’impact de l’inflation sur
                        la croissance du PIB: premièrement, un ménage moyen consacre moins de 7% de ses dépenses
                        de consommation à des produits contenant des semi-conducteurs, et ses produits sont majoritai-
                        rement importés. Tout repli des achats lié à des prix trop élevés ne toucherait donc qu’indirecte-
                        ment l’industrie helvétique. Deuxièmement, le rebond du marché du travail dans l’industrie et dans
                        l’ensemble de l’économie se poursuit en dépit des problèmes actuels (cf. également article Focus
                        en page 12). Et cette embellie sur le front de l’emploi devrait continuer d’améliorer le climat de
                        consommation en 2022.

Croissance de 2,5%      La persistance des problèmes dans les chaînes d’approvisionnement et la situation difficile sur le
du PIB en 2022          front épidémiologique freinent donc certes la croissance conjoncturelle, mais nous continuons de
                        tabler sur une poursuite de la reprise en 2022. Plus concrètement, nous anticipons une progres-
                        sion de 2,5% du PIB l’année prochaine. Le creux hivernal devrait en effet avoir été compensé
                        d’ici la fin de l’année.
                        claude.maurer@credit-suisse.com

                        Fig. 3: Les branches ne sont pas toutes logées à la même enseigne
                        Les valeurs négatives indiquent que la plupart des entreprises d’une branche disposent de stocks trop limités

                                                                                                           40

                                                                                                           30
                                                                                                                     Textiles
                                                                                                                                                      Imprimerie
                                                                                        Machines           20
                                                                                                                     Autres marchandises
                                                                                    Automobile
                                                                                                                        Produits alimentaires
                              Stocks produits finis

                                                                                                           10
                                                                                     VerreMétallurgie
                                                                                                                         Boissons
                                                                             Produits en métal
                                                                                                            0
                                                      -40          -30            -20    Bois    -10             0               10              20       30       40
                                                        Caoutchouc et plastique                                         Chimie
                                                                                    Pharmacie             -10

                                                                Papier
                                                                                   Meubles                -20
                                                                                                                        Matériel informatique,
                                                                                         Équipement électrique               horlogerie
                                                                                                         -30

                                                                                                          -40
                                                                                                        Stocks intrants

                        Source: Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ (KOF), Credit Suisse

                                                                                                                 Swiss Economics I 4ème trimestre 2021              7
Le marché du travail suisse entre incertitudes et manque de personnel qualifié
Conjoncture | Moniteur

Inflation                                                        Pic de l’inflation au 1er trimestre 2022
                                                                 En glissement annuel, en %

L’inflation sera probablement plus élevée en 2022 qu’en             2
                                                                                                                                              Prévision
2021 sous l’effet de trois facteurs. Premièrement, les prix       1.5
des denrées alimentaires ont diminué sur l’année en cours
                                                                    1
et cette situation devrait se stabiliser en 2022. Deuxième-
ment, nous anticipons une certaine normalisation de l’évolu-      0.5
tion saisonnière des prix, surtout pour les voyages à forfait,      0
durement frappés par la pandémie et dont les prix se sont
effondrés. Troisièmement, les pénuries affectant la produc-      -0.5

tion industrielle mondiale devraient exercer une pression          -1
haussière sur les prix de certains biens importés. Nous rele-
                                                                 -1.5
vons donc notre prévision d’inflation pour 2022 de 0,5% à            2015      2016        2017     2018      2019      2020     2021       2022
1,0%.                                                                       Produits pétroliers     Autres biens et services     Taux d'inflation

maxime.botteron@credit-suisse.com                                Source: Refinitiv Datastream, Credit Suisse. Dernières données: nov. 2021. Contri-
                                                                 bution des produits pétroliers anticipée sur la base de prix du pétrole constants.

Marché du travail                                                Recul des inquiétudes autour de l’emploi
                                                                 Indice du climat de consommation, questions sur l’évolution du marché de l’emploi, cor-
                                                                 rigé des variations saisonnières et calendaires; lignes pointillées: moyenne 2007–2021

Le recul du nombre de chômeurs et la hausse des postes                              Sécurité de l’emploi           Évolution future du chômage
                                                                  150
vacants ont récemment entraîné une augmentation des diffi-
cultés de recrutement du point de vue des employeurs              100
(cf. Focus, p. 12). Dans le même temps, les inquiétudes
des salariés quant à l’emploi diminuent, ce que démontrent         50
également les réponses à l’enquête trimestrielle sur le climat
                                                                    0
de consommation. Après avoir atteint un plancher au tour-
nant 2020/2021, le sous-indice relatif à la sécurité de l’em-     -50
ploi se rapproche actuellement à nouveau de sa moyenne à
long terme. Simultanément, le sous-indice concernant l’évo-      -100
lution attendue du chômage s’inscrivait à son plus bas ni-
                                                                 -150
veau depuis 2011 en octobre 2021.                                    2007      2009        2011      2013      2015       2017     2019        2021

emilie.gachet@credit-suisse.com                                  Source: Secrétariat d’État à l’économie, Credit Suisse. Dernières données: oct. 2021

Immigration                                                      Marge de manoeuvre sur le front des contingents d’immigration
                                                                 Taux d’utilisation des contingents d’autorisations de courte durée (L) et de permis de
                                                                 séjour (B) en %, état à la fin octobre 2021

Hormis les permis de séjour destinés aux ressortissants
croates exerçant une activité lucrative, une certaine marge
                                                                             Pays tiers
de manoeuvre s’observe sur le front des contingents d’immi-
gration. À ce jour, les entreprises suisses ont très peu fait
usage du contingent pour les travailleurs originaires du                 Royaume-Uni
Royaume-Uni, créé en vue d’atténuer l’impact du Brexit.
Pour 2022, le Conseil fédéral a décidé de maintenir les
                                                                                Croatie
nombres maximaux à leur niveau de 2021 et d’accorder la
libre circulation complète des personnes à la Croatie. Au vu
                                                                      Prestataires
de l’accélération attendue de la dynamique de l’emploi, cette    de services UE/AELE                                              Contingents B
mesure devrait aider les entreprises suisses à recruter du         plus de 120 jours                                              Contingents L
personnel qualifié.                                                                       0%       20%        40%          60%        80%           100%

sara.carnazzi@credit-suisse.com                                  Source: Secrétariat d’État aux migrations

                                                                                       Swiss Economics I 4ème trimestre 2021                           8
Le marché du travail suisse entre incertitudes et manque de personnel qualifié
Branches | Moniteur

Industrie pharmaceutique                                           Important moteur de la croissance
                                                                   Croissance des exportations de marchandises vs même trimestre année précédente,
                                                                   par branches et total, corrigée des variations saisonnières

Au 3e trimestre 2021, les exportations de l’industrie pharma-
                                                                                       Pharmacie                                        Chimie                                  MEM                            Montres                                  Autres
ceutique suisse ont atteint un nouveau sommet de presque
26 mrd CHF – évolution positive à l’origine de près d’un
tiers de la progression totale en glissement annuel des ex-        T3 2021                                                                                                                                            18%

portations de marchandises du pays. Leur contribution à la
croissance globale de quelque 18% s’établit à 5,5 points de
pourcentage, et a donc fortement augmenté depuis le début          T2 2021                                                                                                                                                                                          27%
de l’année. La demande internationale de produits pharma-
ceutiques devrait rester élevée dans les prochains mois, en
particulier grâce aux besoins en vaccins.
                                                                   T1 2021                                                            2%

                                                                                       -5%                           0%                             5%                   10%                      15%                      20%                     25%                         30%

tiziana.hunziker.2@credit-suisse.com                               Source: Administration fédérale des douanes, Credit Suisse

Machines, équipements électriques et métaux (MEM)                  Recul des stocks de produits semi-finis en septembre
                                                                   Exportations MEM en glissement annuel en %, corrigées des variations saisonnières;
                                                                   solde entre les entreprises estimant les stocks de produits semi-finis trop importants et
                                                                   celles les jugeant trop bas

Les exportations de la branche MEM s’inscrivaient au-delà                                             Stocks de produits semi-finis                                                                                   Exportations
                                                                    25
de leur niveau d’avant-crise au 3e trimestre 2021. Dans le
                                                                    20
même temps, les stocks de produits semi-finis ont fortement
                                                                    15
diminué en septembre. Sur ce mois, le solde entre les entre-
                                                                    10
prises estimant leurs stocks de produits semi-finis trop im-         5
portants et celles les jugeant trop bas est tombé à un plan-         0
cher inférieur à –12%. Cette évolution s’explique par les            -5
goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionne-           -10
ment internationales. La demande d’exportations MEM de-            -15
vrait rester soutenue, mais la productivité risque de s’inscrire
                                                                                          Avr. 2018

                                                                                                                         Oct. 2018

                                                                                                                                                      Avr. 2019

                                                                                                                                                                                Oct. 2019

                                                                                                                                                                                                          Avr. 2020

                                                                                                                                                                                                                       01/07/2020

                                                                                                                                                                                                                                                              Avr. 2021
                                                                                                        Juil. 2018

                                                                                                                                                                   Juil. 2019
                                                                          Janv. 2018

                                                                                                                                                                                                                                    Juil. 2020
                                                                                                                                       Janv. 2019

                                                                                                                                                                                                                                                                              Juil. 2021
                                                                                                                                                                                             Janv. 2020

                                                                                                                                                                                                                                                 Janv. 2021

en léger repli sous l’effet des difficultés de livraison.

tiziana.hunziker.2@credit-suisse.com                               Source: Administration fédérale des douanes, KOF de l’EPFZ, Credit Suisse

Industrie horlogère                                                Chine, États-Unis et Royaume-Uni: moteurs des exportations
                                                                   Exportations de montres, variation vs même trimestre de l’année précédente, par pays,
                                                                   corrigées des variations saisonnières et importance des pays en 2019

Les exportations de montres suisses ont progressé de                                                          T1 2021                                T2 2021                                T3 2021                          Pondérations 2019
                                                                    80%                                                                                                                                                                                                               1.2
4,3% en glissement annuel au 3e trimestre 2021 grâce à la
                                                                    60%
forte demande des principaux débouchés que sont la Chine,                                                                                                                                                                                                                             1
                                                                    40%
les États-Unis et le Royaume-Uni. Mais la demande reste             20%
                                                                                                                                                                                                                                                                                      0.8
sous son niveau d’avant-crise dans nombre de pays euro-              0%                                                                                                                                                                                                               0.6
péens. L’activité de voyage réduite de beaucoup d’Asia-            -20%
                                                                                                                                                                                                                                                                                      0.4
tiques, qui auparavant achetaient des montres durant leurs         -40%
                                                                                                                                                                                                                                                                                      0.2
séjours et le font désormais dans leurs propres pays, n’est        -60%
                                                                                  100% 9%                            11%             1%             6%            5%            35%          5%            2%            4%           1%            7%          12%
pas non plus étrangère à cette situation. Et cela n’est pas        -80%                                                                                                                                                                                                               0
                                                                                                                                                    Royaume-Uni
                                                                                                      Chine

                                                                                                                     États-Unis

                                                                                                                                                                  France

                                                                                                                                                                                             Allemagne

                                                                                                                                                                                                                        Italie

                                                                                                                                                                                                                                                                  Hong Kong
                                                                                       Total

                                                                                                                                     Pays-Bas

                                                                                                                                                                                Autres

                                                                                                                                                                                                          Espagne

                                                                                                                                                                                                                                      Autriche

                                                                                                                                                                                                                                                    Japon

près de changer sur les prochains mois. La part de la Chine
dans le total des exportations de montres devrait donc de-
meurer supérieure à son niveau d’avant-crise à l’avenir éga-
lement.
tiziana.hunziker.2@credit-suisse.com                               Source: Administration fédérale des douanes, Credit Suisse

                                                                                                                         Swiss Economics I 4ème trimestre 2021                                                                                                                             9
Le marché du travail suisse entre incertitudes et manque de personnel qualifié
Branches | Moniteur

Commerce de détail                                              CA inférieurs à l’année précédente
                                                                Évolution des CA nominaux du commerce de détail corrigés des variations saison-
                                                                nières vs même trimestre de l’année précédente

Les fortes variations à la hausse comme à la baisse des          20%                                                                           40%
chiffres d’affaires du commerce de détail ne semblent pas        15%                                                                           35%
encore finies. Au 3e trimestre 2021, les taux de croissance      10%                                                                           30%
se sont révélés négatifs tant dans l’alimentaire/near-food        5%                                                                           25%
que dans le non-alimentaire. Cette évolution s’explique en        0%                                                                           20%
grande partie par les chiffres d’affaires record enregistrés     -5%
                                                                                                    Alimentaire/near-food
                                                                                                                                               15%
durant la pandémie de COVID-19, difficilement réalisables                                           Non-alimentaire
                                                                -10%                                                                           10%
dans des circonstances normales. Pour les trois prochains
                                                                -15%                                                                           5%
mois, il faut donc encore s’attendre à des valeurs négatives
                                                                -20%                                                                           0%
par rapport à l’année passée. Nous supposons toutefois que
                                                                -25%                                                                           -5%
les chiffres d’affaires de la branche se maintiendront au-
dessus de leur niveau d’avant-crise en termes absolus.          -30%                                                                           -10%
                                                                    T1 2016 T1 2017 T1 2018               T1 2019     T1 2020     T1 2021
tiziana.hunziker.2@credit-suisse.com                            Source: GfK, Credit Suisse

Tourisme                                                        Le tourisme à un niveau très inférieur à celui de l’avant-crise
                                                                Nuitées; indice: janv. 2010 = 100, moyenne sur 12 mois

Le rebond des nuitées a légèrement fléchi dans les com-         130
                                                                          Communes touristiques
munes touristiques au 3e trimestre 2021. L’évolution est        120       Centres et communes suburbaines
                                                                          Total
certes restée dynamique dans les centres et communes su-        110
burbaines, mais s’inscrit en deçà de son niveau d’avant la
                                                                100
crise encore plus largement que dans les régions touris-
tiques. Ces dernières devraient cependant se rapprocher da-      90

vantage de leur niveau pré-COVID durant la saison des            80
sports d’hiver du début 2022, d’autant plus que les clients      70
nationaux et européens devraient soutenir la reprise des nui-    60
tées dans les stations suisses.
                                                                 50

                                                                 40
                                                                   2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
tiziana.hunziker.2@credit-suisse.com                            Source: Office fédéral de la statistique, Credit Suisse

Technologies de l’information (TI)                              Nette amélioration du climat
                                                                Solde entre les entreprises évaluant la marche de leurs affaires comme positive et
                                                                celles la jugeant négative, en %, moyenne sur 5 ans

Le climat s’est éclairci dans la branche des TI et s’avère      80           Fourniture de services informatiques      Moyenne à long terme
même meilleur qu’en 2019, avant la crise: le solde entre les    70
entreprises évaluant la marche de leurs affaires comme po-
                                                                60
sitive et celles la jugeant négative s’établissait à presque
56% au début du 4e trimestre 2021 – une valeur élevée qui       50
n’avait plus été atteinte depuis 2017. Les investissements      40
des entreprises s’étant effondrés durant la pandémie, ils af-
                                                                30
fichent une importante marge de progression, ce dont la
branche devrait continuer de profiter.                          20

                                                                10

                                                                 0
                                                                  2009        2011         2013        2015         2017        2019        2021

tiziana.hunziker.2@credit-suisse.com                            Source: Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ (KOF), Credit Suisse

                                                                                     Swiss Economics I 4ème trimestre 2021                         10
Swiss Economics I 4ème trimestre 2021   11
Focus | Marché du travail

Postes vacants au plus haut
                                            La reprise se poursuit sur le marché du travail suisse: le chômage baisse, tandis que le
                                            nombre de postes vacants augmente. De plus en plus d’entreprises font de nouveau
                                            état de difficultés de recrutement de personnel qualifié. Des disparités importantes sont
                                            toutefois observables entre les branches. Pour 2022, nous tablons sur une croissance
                                            totale de l’emploi de 1,2% et une hausse des salaires nominaux de 0,8%.

Repli de l’emploi                           La crise du coronavirus a ébranlé le marché du travail suisse. Suite au premier confinement, l’em-
suite à la crise du                         ploi total a baissé de 0,9% en glissement trimestriel corrigé des effets saisonniers au 2e tri-
coronavirus                                 mestre 2020 (fig. 1) et ainsi signé son plus fort repli trimestriel depuis presque 30 ans. Comparé
compensé                                    à l’effondrement historique du produit intérieur brut (PIB), le marché du travail s’en est toutefois
                                            relativement bien sorti, ce qui est en grande partie imputable au recours massif au chômage par-
                                            tiel. La reprise au 2e semestre 2020 a été aussi rapide que le déclin a été brutal. Après un bref
                                            contrecoup début 2021, pendant le deuxième confinement, l’emploi a connu une forte croissance
                                            depuis le printemps. À la fin septembre 2021, il dépassait son niveau d’avant-crise d’environ
                                            0,9%.

Baisse du chômage                           Les chiffres du chômage reflètent également la dynamique positive sur le marché de l’emploi
d’un côté …                                 suisse (fig. 1). À la fin novembre, le nombre corrigé des effets saisonniers de chômeurs inscrits
                                            auprès des offices régionaux de placement (ORP) avait baissé de près de 24% par rapport à fé-
                                            vrier 2021 (soit env. –37 000 personnes). Une inversion de la tendance s’observe depuis le prin-
                                            temps 2021 également dans la statistique du chômage au sens du Bureau international du travail
                                            (BIT), qui englobe aussi les personnes qui recherchent activement un emploi, mais ne sont pas
                                            inscrites auprès d’un ORP. L’évolution divergente de ces deux indicateurs au 2e semestre 2020
                                            et au début de l’année 2021 est ici intéressante, lorsque les chiffres du chômage au sens du BIT
                                            continuaient d’augmenter alors que le nombre de chômeurs enregistrés avait déjà commencé à
                                            diminuer. Une possible explication est le «découragement» de certains chercheurs d’emploi, qui au
                                            vu des incertitudes générales et des procédures de recrutement mises en attente par de nom-
                                            breuses entreprises pendant le premier confinement avaient abandonné leur recherche active d’un
                                            emploi. Dans la statistique, ces personnes apparaissent non pas en tant que chômeurs, mais en
                                            tant que personnes non actives. Ce n’est qu’après avoir repris leurs démarches que ces per-
                                            sonnes ont commencé à réapparaître progressivement dans la statistique du chômage au sens du
                                            BIT. La forte – mais aussi temporaire – baisse du taux d’activité de la population au 2e tri-
                                            mestre 2020 confirme cette hypothèse.

Fig. 1: Emploi au-dessus du niveau d’avant-crise en septembre 2021                        Fig. 2: Plus de postes vacants qu’avant la crise du COVID-19
Emploi total: état à la fin du trimestre, indice T4 2019 = 100; chômeurs: valeurs tri-    Postes vacants selon différents indicateurs, indices T4 2019 = 100
mestrielles moyennes; corrigées des effets saisonniers

350 000                                                                             103   200
                 Chômeurs au sens du BIT           Chômeurs inscrits                                       Statistique de l'emploi (STATEM)
300 000          Emplois (éch. de droite)                                           102   180              Postes déclarés auprès des ORP (moyenne trimestrielle)
                                                                                                           Adecco Group Swiss Job Market Index
                                                                                          160
250 000                                                                             101                    Jobradar (x28)
                                                                                          140
200 000                                                                             100
                                                                                          120
150 000                                                                             99
                                                                                          100
100 000                                                                             98
                                                                                            80
  50 000                                                                            97
                                                                                            60
                                                                                                 T4 2019

                                                                                                                 T1 2020

                                                                                                                              T2 2020

                                                                                                                                        T3 2020

                                                                                                                                                  T4 2020

                                                                                                                                                            T1 2021

                                                                                                                                                                      T2 2021

                                                                                                                                                                                T3 2021

        0                                                                           96
              T4      T1       T2       T3       T4      T1      T2       T3
             2019    2020     2020     2020     2020    2021    2021     2021

Source: Office fédéral de la statistique, Secrétariat d’État à l’économie, Credit         Source: Office fédéral de la statistique, Secrétariat d’État à l’économie, Adecco
Suisse                                                                                    Group Switzerland/Université de Zurich, x28 AG, Credit Suisse
Dernières données: 3e trimestre 2021 (emplois, chômeurs inscrits), 2e tri-                Dernières données: 3e trimestre 2021
mestre 2021 (chômeurs au sens du BIT)

                                                                                                                           Swiss Economics I 4ème trimestre 2021                      12
… et augmentation                                   La reprise sur le marché du travail se montre aussi dans l’évolution du nombre de postes vacants
du nombre de postes                                 dans notre pays (fig. 2). Les indicateurs disponibles pour l’évaluation du nombre de postes va-
vacants de l’autre                                  cants diffèrent certes en termes de date et de méthode de recensement (sondage, recherche
                                                    d’annonces sur Internet ou encore décompte des postes vacants déclarés auprès des ORP), ce
                                                    qui peut entraîner certaines divergences s’agissant des niveaux relevés et de l’évolution dans le
                                                    temps, mais la tendance positive est indiscutable. Les variations à la baisse et à la hausse supé-
                                                    rieures à la moyenne du nombre de postes déclarés auprès des ORP s’expliquent en grande par-
                                                    tie par des modifications apportées à l’obligation d’annoncer les postes vacants: cette dernière a
                                                    en effet été temporairement suspendue du 26 mars au 8 juin 2020. Suite à la forte hausse du
                                                    chômage en 2020, la liste des professions soumises à l’obligation de déclarer a en outre été élar-
                                                    gie en janvier 2021. Les chiffres des ORP ne constituent donc pas un indicateur fiable pour l’évo-
                                                    lution réelle des offres d’emploi en Suisse. Les autres indicateurs suggèrent qu’après un effon-
                                                    drement au 1er semestre 2020 et une hausse dans un premier temps très progressive, le nombre
                                                    de postes proposés par les entreprises augmente de nouveau depuis le 2e trimestre 2021. Au
                                                    3e trimestre 2021, les valeurs de la fin 2019/du début 2020 – et donc les anciens niveaux re-
                                                    cords – ont même été dépassées. Selon le Jobradar de la société x28, plus de 212 700 postes
                                                    étaient proposés en août sur les pages web des entreprises et agences de recrutement en
                                                    Suisse, contre environ 210 300 en février 2020.

Conséquence:                                        Le nombre de postes vacants sur le marché du travail suisse n’était donc plus que légèrement in-
tension croissante                                  férieur à celui des personnes sans emploi au 3e trimestre 2021. Les données officielles concer-
sur le marché du                                    nant les chômeurs au sens du BIT n’étaient pas encore disponibles à la clôture de rédaction.
travail du point de                                 Nous estimons toutefois leur nombre à environ 220 000 (non corrigé des effets saisonniers). Le
vue des employeurs                                  rapport entre postes vacants et personnes sans emploi est appelé tension sur le marché du travail.
                                                    Si la valeur est supérieure à 1, c’est (pour simplifier) la demande de main-d’œuvre qui prédomine;
                                                    lorsqu’elle est inférieure à 1, c’est l’offre qui prime. Ce chiffre fournit donc des indications quant à
                                                    la difficulté des employeurs à pourvoir les postes vacants et peut – jusqu’à un certain point – être
                                                    interprété comme indicateur de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Après avoir atteint son plus
                                                    haut niveau depuis 2008 à la fin 2019, peu avant le début de la crise du coronavirus, la tension
                                                    sur le marché du travail a sensiblement diminué en 2020, pour la première fois depuis la crise fi-
                                                    nancière (fig. 3). Cette évolution s’explique par la hausse significative du chômage sur fond d’ef-
                                                    fondrement du nombre de postes vacants lors du premier confinement. L’indicateur est toutefois
                                                    nettement reparti à la hausse depuis le printemps 2021. Au 3e trimestre 2021, l’on dénombrait
                                                    pour chaque personne sans emploi environ 0,97 offre d’emploi, contre seulement 0,6 en début
                                                    d’année. Les difficultés de nouveau croissantes que rencontrent les entreprises à pourvoir les
                                                    postes avec du personnel qualifié se reflètent aussi dans l’indicateur des difficultés de recrute-
                                                    ment, qui se fonde sur un sondage de l’Office fédéral de la statistique auprès de 65 000 entre-
                                                    prises des secteurs secondaires et tertiaires (fig. 3). Au 3e trimestre 2021, la part des sociétés in-
                                                    terrogées ayant déclaré avoir eu des difficultés à trouver de la main-d’œuvre qualifiée ou ne pas
                                                    l’avoir trouvée s’établissait à presque 35% – contre 28% en 2020 et 33% à la mi-2019.

Fig. 3: Retour des difficultés de recrutement                                                                  Fig. 4: Déplacement de la courbe de Beveridge durant le COVID-19
Tension sur le marché du travail: rapport entre postes vacants (estimations basées                             Courbe de Beveridge: chômeurs (au sens du BIT) et postes vacants (estimations ba-
sur le Jobradar de x28 et l’Adecco Group Swiss Job Market Index) et chômeurs (au                               sées sur le Jobradar de x28 et l’Adecco Group Swiss Job Market Index) en milliers,
sens du BIT); indicateur des difficultés de recrutement: part des entreprises interro-                         valeurs trimestrielles, non corrigées des effets saisonniers, 2008–2021
gées (pondérée par effectifs) qui ont eu des difficultés à trouver de la main-d’œuvre
qualifiée ou ne l’ont pas trouvée; lignes pointillées: moyenne sur 4 trimestres
38%                                                                                                      1.4                     220
                    Indicateur des difficultés de recrutement (STATEM)                                                                                                        T3 2021

                    Tension sur le marché du travail (éch. de droite)                                                                                               T1 2020             T2 2021
                                                                                                                                 200
34%                                                                                                      1.2                                                                      T1 2019
                                                                                                                                                            T2 2020                         T1 2014
                                                                                                                                                                                                             T1 2021
                                                                                                                                 180                                                              T1 2017
                                                                                                                Postes vacants

                                                                                                                                                         T1 2015
30%                                                                                                      1.0                                 T1 2008                                                   T1 2018
                                                                                                                                                         T1 2012
                                                                                                                                 160
                                                                                                                                                                                                  T1 2016
26%                                                                                                      0.8                                                       T1 2011              T1 2013
                                                                                                                                 140
                                                                                                                                                                                  T1 2010             2008–2013
22%                                                                                                      0.6                                   T1 2009
                                                                                                                                 120
                                                                                                                                                                                                      2014–2019
                                                                                                                                                                                                      2020–2021
18%                                                                                                      0.4                     100
                                                                                                                                       150    170        190         210     230            250        270       290
      2008

             2009

                     2010

                            2011

                                   2012

                                          2013

                                                 2014

                                                        2015

                                                               2016

                                                                      2017

                                                                             2018

                                                                                    2019

                                                                                           2020

                                                                                                  2021

                                                                                                                                                                       Chômeurs
Source: Office fédéral de la statistique, Adecco Group Switzerland/Université de                               Source: Office fédéral de la statistique, Adecco Group Switzerland/Université de
Zurich, x28 AG, Credit Suisse                                                                                  Zurich, x28 AG, Credit Suisse
Dernières données: 3e trimestre 2021 (chômeurs au sens du BIT: estimation du                                   Dernières données: 3e trimestre 2021 (chômeurs au sens du BIT: estimation du
Credit Suisse)                                                                                                 Credit Suisse)

                                                                                                                                                  Swiss Economics I 4ème trimestre 2021                            13
Le concept de                                   La figure 4 utilise les mêmes données relatives aux postes vacants et aux chômeurs que l’indica-
la courbe de                                    teur de la tension sur le marché du travail, mais les représente différemment, à savoir sous la
Beveridge                                       forme d’une courbe de Beveridge. Celle-ci se révèle généralement descendante: en cas de solide
                                                conjoncture, le chômage est en principe faible et le nombre de postes vacants élevé, tandis que
                                                l’inverse s’observe en cas de récession. Le positionnement de la courbe de Beveridge permet en
                                                outre d’évaluer l’étendue du chômage structurel. Si la courbe est proche du point d’origine des
                                                axes, cela indique une médiation efficace entre chômeurs et postes vacants. En revanche, si le
                                                taux de chômage et le taux de vacances sont élevés simultanément, cela suggère de possibles
                                                problèmes dans les processus de réallocation. C’est par exemple le cas lorsque les profils des
                                                chercheurs d’emploi ne correspondent pas ou seulement de façon limitée aux exigences des
                                                postes à pourvoir. En pareil cas, l’économiste parle d’inadéquation ou de «mismatch». Ces inadé-
                                                quations peuvent concerner l’appartenance sectorielle, les qualifications ou encore les régions. Un
                                                déplacement de la courbe de Beveridge peut aussi être dû à des changements au niveau du chô-
                                                mage frictionnel de courte durée. Celui-ci survient parce que la recherche d’emploi et le proces-
                                                sus de recrutement prennent toujours un certain temps, même lorsque les profils des candidats
                                                correspondent aux exigences des postes.

Indices d’un                                    L’évolution de la courbe de Beveridge suggère que le chômage structurel a augmenté sur le mar-
«mismatch» croissant                            ché du travail suisse depuis la crise financière de 2008/2009. L’on constate en effet un décalage
sur le marché du                                vers la droite entre les points des années 2008 à 2013 et ceux de la période 2014–2019, déca-
travail suisse                                  lage qui s’est encore accentué en 2020/2021 pendant la crise du coronavirus. Pendant le pre-
                                                mier confinement du printemps 2020, beaucoup de recrutements se sont révélés compliqués,
                                                voire ont été gelés, et ce, même dans les branches moins touchées par les mesures de restriction
                                                anti-COVID-19, ce qui a sans doute fait augmenter le chômage frictionnel. La raison principale de
                                                l’inadéquation croissante entre chômeurs et postes vacants reste cependant les fortes diver-
                                                gences observées dans l’évolution des différents secteurs pendant la pandémie. Les secteurs
                                                dans lesquels le nombre de postes vacants a connu la plus forte progression au cours des der-
                                                niers trimestres ne sont en effet pas forcément ceux dans lesquels le nombre de chercheurs
                                                d’emploi est particulièrement important.

La situation varie                              L’analyse plus détaillée de la tension actuelle sur le marché du travail et des possibles problèmes
toutefois d’une                                 d’inadéquation à l’échelon sectoriel révèle d’importantes divergences (fig. 5). Pour ces calculs,
branche à l’autre                               nous utilisons d’une part les chiffres des chômeurs inscrits auprès des ORP, puisqu’ils sont – con-
                                                trairement à la statistique du chômage au sens du BIT – disponibles rapidement ventilés par
                                                branches. Les chiffres concernant le nombre de postes vacants par secteur proviennent quant à
                                                eux du Jobradar de la société x28, le recensement sectoriel se fondant ici uniquement sur les
                                                pages web des entreprises (sans les agences de recrutement). Les valeurs obtenues à l’échelon
                                                sectoriel pour la tension sur le marché du travail ne sont donc pas directement comparables à
                                                celles présentées plus haut à l’échelle du pays.

Fig. 5: Disparités sectorielles en matière de marché du travail                                        Fig. 6: Changements de branche fréquents dans la restauration en 2020
Postes vacants (Jobradar x28) et chômeurs inscrits (moyenne trimestrielle) pour une                    Personnes actives interrogées au 4e trimestre 2019, selon leur statut au 4e tri-
sélection de branches, 3e trimestre 2021, en comparaison directe (tension sur le mar-                  mestre 2020, en % (n = 8443 personnes interrogées les deux trimestres); entre pa-
ché du travail) et par rapport à l’emploi dans le secteur. Les couleurs indiquent le ni-               renthèses: résultats à interpréter avec prudence en raison de la taille réduite de
veau de l’indicateur par rapport à la moyenne toutes branches confondues, les signes                   l’échantillon.
plus et moins indiquent si le niveau au 3e trimestre 2021 était supérieur ou inférieur à
celui du 3e trimestre 2019 respectivement au point le plus bas de la crise du coronavi-
rus (différent selon les branches).
                                       Tension sur le marché du travail Postes vacants Chômeurs
                                       Niveau   p.r. au p.r. au minimum                                  Actives dans une autre                               9%
                                                                            par rapport à l'emploi
                                      T3 2021 T3 2019     2020–2021                                      branche                                           (18%)         4%
Agriculture/sylviculture                      2   ++            +                 1                1

Industrie                                           -          ++                                                                                                          2%
                                              4                                   4                3
                                                                                                                                                           (15%)
  Produits alimentaires                            +           ++
                                              3                                   3                5
                                                                                                         Sorties du marché du
  Chimie/pharma                               5   ++            +                 5                2

  Industrie des métaux                        3    =           ++                 3                4
                                                                                                         travail
  Électrotechnique/techn. médicale            4     -          ++                 4                4
                                                                                                                                                                        (8%)
  Machines                                    5    --          ++                 5                2
                                                                                                                                                                            (10%)
Construction                                  3    +           ++                 2                3     Devenues sans emploi
Commerce de gros                              1    =            +                 1                5                                                                    (6%)
Commerce de détail                            3    =            +                 4                5

Transports/logistique                         1    --          ++                 1                3

Hôtellerie-restauration                       2    --          ++                 5                5                                                                       (8%)
Informatique                                  5     -           +                 5                2
                                                                                                         Actives dans la même
Finance/assurances                            2     -           +                 3                4     branche
Conseils juridiques/aux entreprises           1    +           ++                 2                3

Architecture et conception                    5    =            +                 4                1

Administration publique                       4    --           +                 2                1     Inconnu                                                            Restauration
Enseignement                                  2   ++            +                 1                1

Santé et action sociale                       4   ++            +                 3                2                    Toutes les branches                              Hébergement
Arts/divertissements/loisirs                  1    =           ++                 2                4

Légende                                                                   ++ + =   - --
          inférieur à la moyenne        supérieur à la moyenne   plus élevée         moins élevée

Source: Secrétariat d’État à l’économie, x28 AG, Credit Suisse                                         Source: Office fédéral de la statistique (ESPA), Credit Suisse

                                                                                                                            Swiss Economics I 4ème trimestre 2021                      14
Tension sur le                           Selon nos calculs, la tension sur le marché du travail était la plus élevée au 3e trimestre 2021
marché du travail la                     dans le secteur informatique, suivie par les bureaux d’architecture, l’industrie chimique et pharma-
plus marquée dans le                     ceutique et l’industrie des machines (fig. 5). Dans ces secteurs, l’on constate – mesuré à l’aune
secteur informatique                     de l’emploi total de la branche – un taux supérieur à la moyenne de postes vacants et un taux de
                                         chômage relativement faible. Cela dit, des disparités apparaissent s’agissant de l’évolution depuis
                                         le début de la crise du coronavirus: si dans le secteur informatique et l’industrie des machines, la
                                         tension sur le marché du travail était toujours plus basse que deux ans plus tôt au 3e tri-
                                         mestre 2021, les niveaux de la fin 2019 ont déjà été dépassés dans l’industrie chimique et phar-
                                         maceutique. En chiffres absolus, c’est le secteur de la santé et de l’action sociale qui affichait le
                                         plus grand nombre de postes vacants au 3e trimestre 2021 (plus de 15 800 selon le Jobradar de
                                         x28, dont plus de 11 700 dans les soins). Par rapport à la taille de la branche, le taux de postes
                                         vacants dans la santé et l’action sociale reste pourtant dans la moyenne. Le taux de chômage
                                         étant toutefois relativement faible, il en résulte néanmoins une tension sur le marché du travail su-
                                         périeure à la moyenne. La tension s’est révélée la plus faible au 3e trimestre 2021 dans les trans-
                                         ports et la logistique, ainsi que dans le commerce de gros, où les postes à pourvoir restaient com-
                                         parativement rares.

Fort «mismatch»                          Selon le Jobradar de x28, l’hôtellerie-restauration affichait le troisième plus grand nombre de
dans l’hôtellerie-                       postes vacants après la santé et le commerce de détail au 3e trimestre 2021 (presque 10 100 an-
restauration …                           nonces d’emploi), soit plus de deux fois plus que pendant le premier confinement du 2e tri-
                                         mestre 2020. Après le secteur informatique, l’hôtellerie-restauration était donc le secteur avec le
                                         taux de postes vacants le plus élevé. Simultanément, la branche affichait toutefois un très fort
                                         taux de chômage, ce qui témoigne d’un «mismatch» marqué entre chercheurs d’emploi et postes
                                         vacants. Outre les possibles divergences entre les profils de qualification proposés et recherchés,
                                         cela s’explique également par les réorientations professionnelles. Dans la statistique des ORP, les
                                         chômeurs sont en effet affectés à la branche dans laquelle ils ont eu leur dernier travail, ce qui ne
                                         signifie toutefois pas que c’est aussi dans cette branche qu’ils recherchent un nouvel emploi.

… et de nombreuses                       Une analyse des données de l’Enquête suisse sur la population active montre par exemple que les
réorientations                           changements de branche et les sorties du marché du travail (p. ex. pour entamer une formation
                                         ou un perfectionnement) étaient particulièrement fréquents chez les actifs de l’hôtellerie-restaura-
                                         tion en comparaison sectorielle en 2020 (fig. 6): 18% des personnes interrogées dans la restau-
                                         ration ont opté pour un poste dans une autre branche entre la fin 2019 et la fin 2020, tandis que
                                         10% ont quitté le marché du travail. En moyenne intersectorielle, ces parts atteignaient «seule-
                                         ment» 9% et 4%. La tension sur le marché du travail calculée pour l’hôtellerie-restauration sous-
                                         estime donc une partie des difficultés de recrutement rencontrées au sein de la branche. De plus,
                                         le chômage partiel est encore relativement répandu dans l’hôtellerie-restauration (fig. 7). En sep-
                                         tembre 2021, presque 5% des effectifs de la restauration étaient concernés par une telle mesure.
                                         Seul le transport aérien affiche ici une part encore (beaucoup) plus importante. Plus le recours à la
                                         réduction de l’horaire de travail perdure, plus il faut se demander si cette mesure n’a pas pour
                                         unique effet de retarder le chômage des salariés concernés – et contribue donc à l’inadéquation
                                         entre chercheurs d’emploi et postes à pourvoir.

Fig. 7: Chômage partiel encore relativement répandu dans l’hôtelle-                      Fig. 8: Croissance de l’emploi attendue dans toutes les branches
rie-restauration                                                                         en 2022
Part des salariés au chômage partiel dans le total de l’emploi (valeur approximative);   Emploi en équivalents plein temps (moyenne annuelle), variation en glissement an-
sont représentées les branches avec une part supérieure à 40% en avril 2020              nuel, en %

100%
                                                                                         Secteur                                                2020      2021*     2022*
 80%                                                                                     Industrie                                             -1.0% -0.9%          0.6%

 60%
                                                                                         Construction                                           0.2% -0.5%          0.6%
                                                                                         Commerce                                               0.3% -0.4%          0.4%
 40%
                                                                                         Transports/logistique                                 -0.1% -0.7%          0.7%
 20%                                                                                     Hôtellerie-restauration                               -9.0% -4.0%          4.1%
  0%                                                                                     Information/communication                              3.1%      1.4%      1.0%
         Avr. 2020 Juil. 2020 Oct. 2020 Jan. 2021 Avr. 2021 Juil. 2021 Sept. 2021
                                                                                         Finances et assurances                                 0.8%      2.0%      0.8%
    Transport aérien/maritime                   Restauration
    Hébergement                                 Textiles/habillement                     Services aux entreprises                              -0.4%      2.0%      1.8%
    Conseil aux entreprises/sièges sociaux      Arts/divertissements/loisirs             Santé/services publics                                 2.5%      1.5%      1.6%
    Électronique/horlogerie                     Commerce automobile
    Autre industrie/réparation/installation                                              Emploi total                                           0.1%      0.4%      1.2%
Source: Secrétariat d’État à l’économie, Office fédéral de la statistique, Credit        Source: Office fédéral de la statistique
Suisse                                                                                   *Estimations pour 2021 et prévisions pour 2022: Credit Suisse
Dernières données: septembre 2021

                                                                                                              Swiss Economics I 4ème trimestre 2021                      15
Au vu de la hausse de la tension sur le marché du travail, les entreprises éprouvent de nouveau de
Les salaires
                      plus grandes difficultés à recruter qu’il y a quelques trimestres. La pression concurrentielle à pro-
nominaux devraient
                      poser de meilleures conditions de travail et/ou des salaires plus élevés s’accroît donc également.
augmenter plus
                      Comme l’indique notre analyse ci-dessus, les branches ne sont cependant pas toutes concernées
fortement en 2022
                      dans les mêmes proportions par cette problématique. Dans l’ensemble, nous tablons pour 2022
qu’en 2021
                      sur une hausse des salaires nominaux de 0,8%, ce qui correspond plus ou moins à la moyenne
                      observée sur les dix années ayant précédé la crise du coronavirus. En tenant compte des prévi-
                      sions d’inflation actuelles (+1,0%, cf. p. 8), les salaires réels devraient toutefois légèrement bais-
                      ser l’année prochaine. Ils ont selon toute vraisemblance déjà diminué cette année: selon nos pré-
                      visions (légèrement revues à la hausse), la progression des salaires nominaux s’est en effet éta-
                      blie à 0,4% en 2021, alors que l’inflation atteignait 0,6%. En 2022, nous attendons les plus
                      fortes hausses de salaires dans les branches dans lesquelles la tension sur le marché du travail
                      est relativement élevée, comme le secteur informatique et l’industrie chimico-pharmaceutique. En
                      raison des difficultés de recrutement croissantes, l’hôtellerie-restauration, durement éprouvée par
                      la crise du coronavirus, doit elle aussi faire face à une certaine pression salariale. En comparaison
                      sectorielle, la hausse des salaires nominaux devrait toutefois y rester plutôt faible en 2022.

Pronostic 2022:       S’agissant de l’emploi, nous anticipons pour 2022 une croissance annuelle moyenne de 1,2% (en
croissance de         équivalents plein temps), alors que ce chiffre devrait atteindre 0,4% cette année. Après les fortes
l’emploi de 1,2% en   disparités observées en 2021, nous partons du principe que tous les principaux secteurs contri-
moyenne annuelle      bueront à la croissance de l’emploi en 2022 (fig. 8). Dans l’industrie, les transports et la logis-
                      tique, mais surtout dans l’hôtellerie-restauration, la croissance attendue pour 2022 ne suffira tou-
                      tefois sans doute pas pour que l’emploi renoue avec les niveaux d’avant-crise. Concernant le taux
                      de chômage corrigé des effets saisonniers, nous tablons sur un nouveau repli l’année prochaine,
                      même si celui-ci devrait se révéler moins dynamique qu’au 2e semestre 2021. Selon nos prévi-
                      sions, le taux de chômage devrait atteindre 2,4% d’ici la fin 2022 et donc rester seulement légè-
                      rement supérieur à son niveau du début 2020 (2,3%).
                      emilie.gachet@credit-suisse.com

                                                                            Swiss Economics I 4ème trimestre 2021        16
Swiss Economics I 4ème trimestre 2021   17
Politique monétaire

L’inflation continue d’augmenter
                                      Malgré une modeste accélération, l’inflation en Suisse est restée inférieure à la plupart
                                      des autres pays, surtout en raison du poids relativement faible de l’énergie dans l’indice
                                      des prix à la consommation (IPC) – d’où l’absence de pression à durcir la politique
                                      monétaire.

L’énergie ne                          Alors qu’elle est élevée dans les économies avancées, l’inflation n’a que modérément accéléré en
représente que 5,3%                   Suisse (fig. 1). Cette différence est surtout due à des facteurs structurels. Premièrement, la flam-
de l’IPC suisse                       bée des prix de l’énergie n’a pas eu le même impact sur l’inflation suisse qu’ailleurs dans le
                                      monde au vu du faible poids de cette catégorie dans l’IPC de notre pays, où elle ne représente
                                      que 5,3% – contre 10,8% en Allemagne p. ex. (fig. 2). Les marchés du gaz et de l’électricité ne
                                      sont en outre pas libéralisés pour les consommateurs en Suisse, de sorte que l’envolée des prix
                                      de ces sources d’énergie ne leur a été répercutée que très partiellement. Deuxièmement, les prix
                                      alimentaires ont baissé en Suisse cette année. Les intempéries du printemps et de l’été ont en-
                                      traîné une réduction de la production agricole nationale, laquelle a été compensée par des impor-
                                      tations en provenance de régions moins chères. Troisièmement, les prix poursuivent leur déclin
                                      dans la santé, alors qu’ils tendent à augmenter dans d’autres économies avancées.

Des hausses de prix                   Les prix à la consommation suisses n’ont toutefois pas été épargnés par les problèmes qui ont af-
liées aux difficultés                 fecté les chaînes d’approvisionnement mondiales. Les voitures, les pièces détachées automobiles,
d’approvisionnement                   le mobilier et l’électronique figurent parmi les catégories dont les prix ont augmenté et devraient
s’observent dans                      continuer de grimper sur le 1er semestre 2022 – donc plus longtemps qu’initialement anticipé
quelques catégories                   puisque les difficultés logistiques persistent. Dans le même temps, la forte accélération des prix à
                                      la production, c’est-à-dire des prix des biens départ usine en Suisse, n’augure selon nous pas de
                                      futures hausses pour les consommateurs. Nos analyses suggèrent en effet que l’actuel taux d’in-
                                      flation des prix à la consommation correspond à nos attentes eu égard au présent taux d’inflation
                                      des prix à la production (p. 19).

Pas de pression à un                  Nous relevons notre prévision d’inflation de 0,5% à 1,0% (p. 8) pour 2022, mais restons con-
relèvement du taux                    vaincus que l’inflation ne sera pas contraignante pour la politique monétaire. La Banque nationale
directeurs, mais                      suisse (BNS) devrait donc maintenir son taux directeur inchangé à –0,75% en 2022. Dans un
probable diminution                   contexte de hausse de l’inflation et de demande soutenue pour les biens suisses, elle peut tolé-
des achats de                         rer un franc plus fort, si bien qu’elle ne réagira probablement pas à des épisodes d’appréciation
devises                               du CHF par des interventions de change substantielles.
                                      maxime.botteron@credit-suisse.com

Fig. 1: Inflation en Suisse largement plus faible que partout ailleurs             Fig. 2: Poids réduit de l’énergie en Suisse
Taux d’inflation des prix à la consommation, % en glissement annuel                Poids de l’énergie dans l’IPC, en %
 7
                                                                                       Suisse
                                                        États-Unis
 6
                                                        Zone euro
                                                                                       Japon
 5                                                      Suisse
 4                                                                                 États-Unis

 3                                                                                     France
 2
                                                                                         Italie
 1
                                                                                   Zone euro
 0
-1                                                                                   Espagne

-2                                                                                 Allemagne
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Dernières données: 10/2021. Source: Refinitiv Datastream, Credit Suisse            Dernières données: 2021. Source: Office fédéral de la statistique, Bureau de statis-
                                                                                   tique du Japon, US Bureau of Labor Statistics, Eurostat, Credit Suisse

                                                                                                        Swiss Economics I 4ème trimestre 2021                       18
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