Le point sur la lutte contre le frelon à pattes jaunes - Jardinot
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
JARDINOT Apiculture Fiche technique Novembre 2017 Le point sur la lutte contre le frelon à pattes jaunes Depuis son introduction accidentelle dans le Lot et Garonne en 2004, le frelon à pattes jaunes, dit asiatique, vespa velutina nigrithorax, a colonisé toute la France et déborde sur les pays riverains. Face aux ravages qu’il produit dans les ruchers mais également dans certains vergers, il est nécessaire de faire un point sur ce fléau sans vouloir concurrencer les sites officiels comme celui de l’INRA qui en parle abondamment, avec beaucoup de pertinence ( http://www.inra.fr/Grand- public/Ressources-et-milieux-naturels/Tous-les-dossiers/Lutte-contre-le-frelon-asiatique-a- pattes-jaunes/). Insecte nuisible Trop longtemps considéré comme une « curiosité à observer » par les pouvoirs publics dont le très sérieux Muséum National d’Histoires Naturelles, cet insecte est devenu rapidement un envahisseur redoutable et prolifique comme chaque espèce nouvellement introduite dans un environnement particulièrement favorable et dépourvu de ses prédateurs originels. Il n’a pas trouvé sa niche d’équilibre dans l’écosystème comme l’espéraient les chercheurs mais il est devenu envahissant au détriment du frelon autochtone européen, le vespa crabro qu’il prive une grande partie de ses ressources alimentaires, poussant ce dernier a, lui aussi, se rabattre sur le garde-manger toujours approvisionner en toute saison que constitue nos ruches. Sous la pression des groupements d’apiculteurs, le frelon à pattes jaunes a été classé comme nuisible et entre désormais dans les dangers sanitaires de deuxième catégorie pour l’abeille domestique Apis mellifera, et cela, sur tout le territoire français (arrêté ministériel du 26 décembre 2012 : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000026844543&categorieLien=id) Commission Apiculture Lutte contre le frelon asiatique Page 1 sur 7
JARDINOT Frelon asiatique Octobre 2017 Classé en catégorie DEUX, il entre dans le champ d’application de l’article L.201-12 du Code Rural qui stipule : « qu’il peut être nécessaire, dans un but d'intérêt collectif, de mettre en œuvre des mesures de prévention, de surveillance ou de lutte définies par l'autorité administrative ou approuvées dans les conditions prévues dans le dit-article ». Cette lutte a été confiée un temps aux groupements départementaux de défense sanitaires apicoles (GDSA) avec le soutien des Conseils Généraux devenus Départementaux. L’application récente de la loi « NOTRe » transfère désormais cette mission aux grandes régions… qui tardent à s’organiser. Il s’agit donc seulement d’une incitation à organiser la lutte sans obligation de moyens ni de résultats. Considérant la gravité croissante du danger, certaines collectivités de l’État demandent maintenant son classement en catégorie UNE, ce qui rendrait obligatoire la déclaration et la destruction de tous les nids et obligera l’État à s’occuper seul de ce fléau et à supporter les conséquences pécuniaires. (Cf. résolution du conseil régional de Bretagne : http://www.bretagne.bzh/upload/docs/application/pdf/2014-10/voeu_frelon_asiatique.pdf). Rappelons que pour l’instant, seuls figurent au catalogue officiel des dangers sanitaires de catégorie une et deux pour l’abeille domestique, les pathologies et parasites suivants (extrait : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027831750&categorieLien=id. En catégorie une : DÉNOMINATION DANGER SANITAIRE VISÉ ESPÈCES VISÉES Infestation due à Aethina tumida (*) Aethina tumida Abeilles domestiques (Apis mellifera) Infestation due à Tropilaelaps (*) Tropilaelaps clareae Abeilles domestiques (Apis mellifera) Loque américaine (*) Paenibacillus larvae Abeilles domestiques (Apis mellifera) Nosémose des abeilles (*) Nosema apis Abeilles domestiques (Apis mellifera) La déclaration en préfecture est obligatoire pour tous ces dangers sanitaires. Et en catégorie deux : RÉGION FAISANT DESTINATAIRE de la DANGER L'OBJET d'un DÉNOMINATION ESPÈCES VISÉES déclaration quand elle SANITAIRE VISE programme est obligatoire collectif Abeilles domestiques Frelon asiatique (*) Vespa velutina France Préfet (Apis mellifera) Varroa Abeilles domestiques Varroose (*) France Préfet destructor (Apis mellifera) La déclaration n’est pas obligatoire ni pour le frelon asiatique, ni pour la varroose car des dangers sont omniprésents tout le territoire. Si les pertes dépassent 20% du cheptel, le sinistre doit être obligatoirement signalé selon la : NOTE DE SERVICE DGAL/SDSPA/SDQPV/N2012-8113 Datée du 06 juin 2012. http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2012/06/cir_35367.pdf Commission Apiculture Lutte contre le frelon asiatique Page 2 sur 7
JARDINOT Frelon asiatique Octobre 2017 Un danger pour les abeilles Si le bol alimentaire du frelon asiatique est composé à 30% de bouillie issue du thorax des abeilles domestiques (partie la plus riche en protéine car elle contient tous les muscles), il s’alimente aussi en capturant d’autres insectes, raréfiant ainsi les proies des autres hyménoptères carnassiers (frelon, guêpe). C’est ainsi que les pièges à frelons asiatiques installés à proximité des ruches capturent de plus en plus de frelons européens, signe que la concurrence intra-spécifique intense se traduit par une nouvelle pression sur la gens apiaire domestique autant que sauvage, certes moindre que celle exercée par le frelon asiatique, car les colonies de crabros comportent dix fois moins d’individus (400, à comparer aux 3000 des nids de frelons asiatiques) mais nouvelle qui s’ajoute à la précédente. Le frelon asiatique a aussi besoin de glucides qu’il trouve en butinant les mêmes fleurs que nos abeilles, mais aussi en s’attaquant aux fruits particulièrement riches en sucres (fruits rouges, pommes, poires, …). Dans le Limousin, réputé pour ses pommes, il provoque des dégâts importants car, contrairement au crabro qui vide totalement la pulpe d’un fruit avant de passer à un autre, il s’attaque à chaque fois à un nouveau fruit, ruinant ainsi toute une récolte. De plus, il bâtit ses nids dans les vergers et devient un danger pour les arboriculteurs et les cueilleurs de pommes. C’est aussi son point faible qui permet de l’attirer avec des appâts sucrés. Organiser la lutte Il est désormais acquis que la présence du frelon asiatique sur notre territoire ne pourra pas être éradiquer. Il faut donc essayer de minimiser son impact sur l’environnement et notamment sur l’abeille domestique. Devenue désormais légale, la lutte contre le frelon asiatique doit être lancée dans toute ses composantes. Nous ne traiterons ici que de la protection des ruchers. TECHNIQUES DE PIÉGEAGES Il s’agit d’attirer les frelons par un appât spécifique dans un récipient d’où il ne saura retrouver l’issue pour s’échapper, et cela, en optant pour des appâts comprenant un attractif ET un répulsif pour les autres hyménoptères (dont les abeilles domestiques). Appât : produit commercialisé ou sirop sucré + alcool ou vieux miel bien fermenté avec débris de cire. Contenant : pièges à guêpes ou bouteilles plastiques aménagées (le plus simple : une bouteille d’eau avec seulement deux trous de 10 mm en partie moyenne, bouchon fermé). Installation : à proximité des ruches, à au moins 60 cm du sol. Surveiller régulièrement pour les vider mais aussi pour remettre de l’appât alcoolisé. Avec la chaleur, l’alcool s’évapore et ne repousse plus les abeilles ! Commission Apiculture Lutte contre le frelon asiatique Page 3 sur 7
JARDINOT Frelon asiatique Octobre 2017 PIÉGEAGE DES FONDATRICES Au printemps, comme la grande majorité des hyménoptères, les femelles frelons fécondées qui ont hiverné sur leur graisse accumulée à l’automne précédent, sortent de leur léthargie et entreprennent la construction du nid primaire où elles élèveront seules les premières ouvrières qui fondront ensuite la future colonie, ailleurs. Détruire une fondatrice, c’est empêcher la création de toute une colonie, mais c’est aussi redonner de l’espace vitale à des concurrentes, ce qui qui a fait dire aux experts du MNHN qu’en piégeant, on ne faisait qu’anticiper la régulation naturelle qui se fait entre colonies pour la conquête d’un territoire. Cependant, il faut pourtant réduire la présence de colonies de frelons à proximité des ruchers en supprimant le maximum de fondatrices, espérant ainsi aller au-delà de la sélection naturelle. Le piégeage massif près des ruchers est recommandé de préférence surtout près des plantes mellifères visitées par les fondatrices. On peut aussi rechercher les nids primaires en suivant le vol des frelons et les détruire avec si possible la reine. Il est fréquent de trouver des nids primaires dans des ruches stockées ou abandonnées près des ruchers. Les vieilles caisses peuvent donc constituer une cache- piège hivernale qui servira aussi de protection pour le nid primaire. Attention toutefois lors de la visite de ces abris de fortune ! PIÉGEAGE DES OUVRIÈRES, MÂLES ET FUTURES REINES Le cycle de vie d’une colonie de frelon asiatique nous indique les moments les plus critiques pour la protection des abeilles (http://www.inra.fr/Grand-public/Ressources-et-milieux-naturels/Tous-les- dossiers/Lutte-contre-le-frelon-asiatique-a-pattes-jaunes/Cycle-de-vie-de-Vespa-velutina/(key)/4). Période État Activités Protections Décembre Hivernage des reines Nids vides, reines en Détruire les nids vides pour à mars fécondées (jusqu’à hibernation « au chaud » éviter le ré-usage de son 200 pour un gros nid composant (pâte à papier) secondaire) Avril Construction du nid Réveil des reines fécondées. Piégeage des reines primaire par la reine. Élevage des premiers frelons. fondatrices lors leur quête de nourriture. Destruction des nids primaires repérés. Commission Apiculture Lutte contre le frelon asiatique Page 4 sur 7
JARDINOT Frelon asiatique Octobre 2017 Avril à Juin Construction du nid Besoins abondant en fibres Début des attaques des secondaire végétales et en eau. ruchers. Début de multiplication des Préparer et poser les premiers individus (ouvrières) : besoins pièges dans les ruchers. en protéines croissant. Pression faible sur les ruchers (autres proies privilégiées). Juillet à Extension du nid Montée en puissance de la Vider régulièrement les pièges septembre secondaire colonie jusqu’à 3000 individus et veiller à ce qu’ils contiennent toujours de l’alcool (répulsif à abeilles). En absence de mâle, abaisser les portières anti-frelons (h = 5mm). Septembre Préparation à Recherche de protéines pour Portières anti-frelons à l’hivernage. accumulation de graisse. abaissées partout. Augmenter novembre Mort progressive de Pression maximale sur les le nombre de pièges pour mâles et ouvrières. ruchers due à la raréfaction détruire le maximum de des autres insectes. futures fondatrices. POSE DES PORTIÈRES ANTI-FRELONS L’un des risques majeurs redoutés par les apiculteurs est le pillage d’une ruche par une horde de frelons asiatiques. L’intrusion d’un individu isolé sera rapidement jugulée par l’étouffement de l’indésirable par les ouvrières. Une ruche un peu faible est facilement envahie par une armée de frelons asiatiques qui dévoreront toutes les ouvrières et videront la ruche de ses provisions. De nouvelles portières avec un passage limité à 5 mm sont désormais disponibles chez les revendeurs de produis apicoles. Mais attention, elles ne laissent pas passer les mâles, ni une reine qui voudrait faire son vol nuptial ou suivre un essaimage. Elles ne doivent donc être abaissées qu’en période d’absence des mâles ou de risque de remérage. Ne pas jeter les anciennes portières, elles peuvent être adaptées. Pour en faire des portières anti-frelon, il suffit de faire un trait de scie à chaque extrémité à 2 cm du bord de façon à couper seulement le rebord haut. En aplatissant ces rebords, on obtient deux languettes de 5 mm qui permettront, un fois la portière retournée, de former un trou de vol de 5 mm sur toute la largeur de la ruche. Commission Apiculture Lutte contre le frelon asiatique Page 5 sur 7
JARDINOT Frelon asiatique Octobre 2017 RECHERCHE DES NIDS, DÉCLARATION Les nids de frelons asiatiques sont de plus en plus fréquemment visibles. Des hauteurs des grands arbres, premiers lieux d’installation à son arrivée en France, on en trouve désormais, toujours plus bas dans les arbres, peu visibles avant la chute des feuilles, mais aussi dans les bâtiments ouverts, les creux de vieux murs, les cavités de toute sorte et même dans les terriers de lapins. Si le frelon asiatique ne présente pas d’agressivité marquée envers l’homme ou les animaux domestiques, s’approcher à moins de 5 mètres d’un nid provoque d’une attaque massive déclenchée par les gardiens qui patrouillent sur le nid. On peut tenter de repérer les nids en suivant la direction du vol des frelons sachant que plus la pression est forte, plus le nid est proche. On peut aussi marquer un frelon capturé (feutre pour marquage des reines), le relâcher et attendre son retour en décomptant le temps de parcours. On aura ainsi l’indication de la direction du nid et sa distance (un frelon vole à 20 km/h, l’abeille, 30, ce qui la rend vulnérable que posée ou en vol d’approche ou d’éloignement de la ruche). Commission Apiculture Lutte contre le frelon asiatique Page 6 sur 7
JARDINOT Frelon asiatique Octobre 2017 Une fois repéré, les nids doivent être signalés à la mairie qui, le cas échéant, indiquera la marche à suivre pour le faire détruire (liste des désinsectiseurs, prise en charges éventuelles, …). AUTO-DÉFENSE ? Les abeilles connaissent désormais leur ennemi mortel. La présence de plusieurs frelons asiatiques en vol stationnaire traumatise les butineuses et les incitent à faire demi- tour pour se réfugier dans la ruche, provoquant un stress important de la colonie (absence de rentrées de provision). En absence de portières anti-frelons, certaines colonies obstruent presque complètement le trou de vol avec de la propolis et restent cloîtrées privant de ressources toute la colonie qu’il faut alors nourrir artificiellement Depuis quelque temps, la défense s’organise. La première parade consiste à faire un attroupement d’ouvrières sur un coin de la planche de vol, là d’où décollent et atterrissent les butineuses, les gardiennes s’arcboutant sur les pattes arrières, antennes dressées, les unes sur les autres, pour ne faire, vu du frelon, qu’un seul gros individu menaçant. C’est dans cette masse que les butineuses de retour de leur quête vont se fondre avant de disparaître dans la ruche. C’est la même stratégie qu’utilisent les bancs de harengs face aux attaques des phoques. Plus rapides mais moins agiles que le frelon, des abeilles kamikazes n’hésitent pas à se lancer à l’assaut des frelons qu’elles bousculent pour les déstabiliser de leur vol stationnaire, permettant ainsi un répit aux butineuses sortantes et entrantes. Mais cela ne suffit malheureusement pas à réduire la pression des frelons asiatiques sur les colonies d’abeilles car, chez nous, il n’a pas de prédateur. On a cru un instant que les corvidés s’en régaleraient, mais ils ne manquent pas de ressources alimentaires pour prendre le risque de s’attaquer à leurs nids. Il n’y a que la mésange qui profite de la destruction des nids pour se gaver de larves, c’est pourquoi, il est impératif de brûler les nids détruits par des insecticides pour ne pas empoisonner cet auxiliaire du jardin. --O-- Commission Apiculture Lutte contre le frelon asiatique Page 7 sur 7
Vous pouvez aussi lire