Le syndrome d'Ehlers-Danlos: l'architecture matricielle en question The Ehlers-Danlos syndrome: the extracellular matrix scaffold in question ...

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M/S : médecine sciences

Le syndrome d’Ehlers-Danlos: l’architecture matricielle en
question
The Ehlers-Danlos syndrome: the extracellular matrix scaffold
in question
Agnès Fichard, Hélène Chanut-Delalande and Florence Ruggiero

Volume 19, Number 4, avril 2003                                                      Article abstract
                                                                                     Ehlers-Danlos syndrome (EDS) is a heterogeneous heritable connective tissue
URI: https://id.erudit.org/iderudit/006496ar                                         disorder characterized by hyperextensible skin, hypermobile joints and fragile
                                                                                     vessels. The molecular causes of this disorder are often, although not strictly,
See table of contents                                                                related to collagens and to the enzymes that process these proteins. The
                                                                                     classical form of the syndrome, which will be principally discussed in this
                                                                                     review, can be due to mutations on collagen V, a fibrillar collagen present in
Publisher(s)                                                                         small amounts in affected tissues. However, collagen I and tenascin have also
                                                                                     been demonstrated to be involved in the same type of EDS. Moreover gene
SRMS: Société de la revue médecine/sciences                                          disruption of several other matrix molecules (thrombospondin, SPARC, small
Éditions EDK                                                                         leucine rich proteoglycans...) in mice, lead to phenotypes that mimic EDS and
                                                                                     these molecules have thus emerged as new players. As collagen V remains the
ISSN                                                                                 prime candidate, we discuss, based on fundamental and clinical observations,
                                                                                     its physiological role. We also explore its potential interactions with other
0767-0974 (print)                                                                    matrix molecules to determine tissue properties.
1958-5381 (digital)

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Fichard, A., Chanut-Delalande, H. & Ruggiero, F. (2003). Le syndrome
d’Ehlers-Danlos: l’architecture matricielle en question. M/S : médecine sciences,
19(4), 443–452.

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                                                                                    This article is disseminated and preserved by Érudit.
                                                                                    Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal,
                                                                                    Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to
                                                                                    promote and disseminate research.
                                                                                    https://www.erudit.org/en/
MEDECINE/SCIENCES 2003 ; 19 : 443-52

                                                                     Le syndrome
                                                                     d’Ehlers-Danlos :
                                                                     l’architecture
> Le syndrome d’Ehlers-Danlos constitue un
                                                                     matricielle

                                                                                                                                                   REVUES
groupe hétérogène de maladies génétiques du                          en question
tissu conjonctif. Il est caractérisé par une peau                    Agnès Fichard, Hélène Chanut-Delalande,
hyper-extensible, des articulations anormale-                        Florence Ruggiero
ment mobiles et des vaisseaux fragiles. Les ano-
malies moléculaires responsables de cette mala-
die portent souvent sur les collagènes et les
enzymes assurant leur maturation. La forme clas-

                                                                                                                                                    SYNTHÈSE
sique du syndrome, qui sera principalement dis-
cutée dans cet article, est majoritairement due à
des mutations du collagène V, un collagène fibril-
laire présent en petite quantité dans les tissus
affectés. Cependant, des anomalies moléculaires
du collagène I ou de la ténascine peuvent aussi
être responsables de ce syndrome. De plus, chez la
souris, l’invalidation de gènes codant pour
d’autres molécules matricielles (SPARC, throm-                                                             Institut de Biologie et
bospondine, petits protéoglycanes riches en leu-                                                           Chimie des Protéines,
cine) conduit à des phénotypes mimant ce syn-                                                              UMR Cnrs 5086,
drome et suggère que ces molécules pourraient                                   que l’os, la peau, la      7, passage du Vercors,
donc être impliquées. Comme les anomalies du                                    cornée ou encore les       69367 Lyon Cedex 07, France.
                                                                                tendons, sont structu-     f.ruggiero@ibcp.fr
collagène V restent à ce jour principalement res-
                                                                                rés à partir des mêmes
ponsables de cette affection, nous discuterons                                  matériaux de base et notamment à partir des collagènes
son rôle physiologique à la lumière des observa-                                (Figure 1). Les propriétés tissulaires doivent donc résul-
tions cliniques et fondamentales. Nous tenterons                                ter de différences quantitatives entre les composés
de comprendre comment le collagène V interagit                                  matriciels d’un tissu à l’autre, d’interactions spéci-
avec les autres molécules pour déterminer les                                   fiques ou encore d’agencements topologiques particu-
caractéristiques tissulaires. <                                                 liers à un type de tissu (Figure 1). L’imbrication des
                                                                                divers constituants matriciels au service du maintien
                                                                                des propriétés tissulaires est particulièrement bien
                                                                                illustrée par une maladie, le syndrome d’Ehlers-Danlos
                                                                                (EDS). Il s’agit d’un groupe assez hétérogène de mala-
             La matrice extracellulaire est constituée de quatre                dies génétiques, classées en six types différents selon la
             grandes familles de composés, les collagènes, les pro-             nouvelle nosologie [1], et qui affectent les tissus
             téoglycanes, les glycoprotéines et les protéines élas-             conjonctifs non cartilagineux (Tableau I). Les atteintes
             tiques. Ces composés peuvent, pour la plupart, s’auto-             cardinales sont cutanées, articulaires et vasculaires. La
             assembler mais également interagir entre eux ou par                peau, fréquemment contusionnée, présente un aspect
             l’intermédiaire de récepteurs, avec les cellules. C’est            doux et velouté. Elle est hyperextensible tout comme le
             grâce à cette trame de connexions que se réalise la vie            sont les articulations [2]. Les facultés de contorsions
             cellulaire (adhérence, morphogenèse, apoptose…) et                 des sujets atteints sont telles que jadis, certains purent
             que se forgent les caractéristiques tissulaires (solidité,         faire l’objet d’attraction dans les foires. Les vaisseaux
             souplesse, transparence). Il est frappant de constater à           sont fragiles et cette fragilité se révèle extrême dans
             quel point des tissus aux propriétés aussi différentes             l’un des types d’EDS, l’EDS vasculaire, qui est le plus

            M/S n° 4, vol. 19, avril 2003                                                                                                    443
sévère, les sujets atteints étant prédisposés notamment tion de collagènes de type différents, qui peuvent être
                      à des ruptures vasculaires.                                  synthétisés dans une même cellule et qui s’assemblent à
                      Cette maladie a longtemps semblé résulter d’anomalies l’extérieur de la cellule pour former des fibres mixtes,
                      génétiques portant sur les collagènes fibrillaires I et III, dites alors hétérotypiques (Figure 2). De telles fibres,
                      ou encore sur des enzymes assurant la maturation des composées de collagènes I, III et V sont présentes dans les
                      collagènes, telles que la N-protéinase, qui est respon- tissus atteints des sujets porteurs d’EDS (peau, tendon et
                      sable du clivage amino-terminal de ces collagènes, ou os) alors que les assemblages II et XI sont presque exclu-
                      la lysyl-hydroxylase garante de la réticulation des col- sivement restreints aux tissus cartilagineux. La quantité
                      lagènes. En ce qui concerne la forme la plus fréquente de relative de chacun de ces composants au sein d’une même
                      la maladie, l’EDS classique, objet de cet article, il a été fibre a une incidence directe sur son diamètre, qui, en
                      établi que des mutations affectant le collagène V, un retour, semble déterminer certaines propriétés tissu-
                      collagène fibrillaire peu abondant, fréquemment asso- laires. Par exemple, un tissu comme l’os, où la solidité est
      cié au collagène I, sont responsables de 30 à 50 % des cas rapportés. requise, présente de larges fibres hétérotypiques I/V
      Cette forme classique peut également, mais plus rarement, être en rap- (100-150 nm de diamètre moyen) pour lesquelles la
      port avec des mutations siégeant sur le collagène I. Cependant, il est quantité de collagène V est largement minoritaire (moins
      désormais acquis que l’EDS n’est pas strictement lié à des mutations de 1 % par rapport au collagène I). La cornée contient des
      affectant la synthèse ou la maturation des collagènes. Des anomalies fibres comportant les mêmes types de collagène, mais où
      d’une protéine matricielle non collagénique, la ténas-
      cine X, sont à l’origine de quelques cas d’EDS classique
      [3]. De plus, des expériences d’inactivation de gènes                           Ultrastructure des matrices extracellulaires
      chez la souris laissent présumer que d’autres consti-                    CORNÉE                    PEAU                      TENDON
      tuants matriciels (thrombospondine-2, SPARC [secreted
                                                                        Cornée                    Peau                     Tendon
      protein acidic and rich in cystein], décorine, lumi-
      cane…) pourraient être en cause, élargissant ainsi le
      spectre des protéines impliquées dans cette maladie.
      Ces données de la recherche fondamentale, alliées à
      l’analyse de l’impact des défauts moléculaires sur la
      présentation clinique de l’EDS classique, permettent
      d’appréhender la contribution des protéines matricielles                         2µm                     2µm                        2µm
      et notamment du collagène V à la spécificité fonction-
      nelle de certains tissus.

      Caractéristiques moléculaires des collagènes I et
      V et de la ténascine X                                                              500nm                      500nm                     500nm

      Ces protéines sont les cibles principales des mutations                                     Composition en macromolécules
      conduisant à un EDS classique. Le rôle que jouent les col-          Collagènes                Glycoprotéines                Protéoglycanes
      lagènes I et V dans cette maladie ne peut être appréhendé           Collagène I               Thrombospondine 2 (P, T)      Lumicane (C, P)
                                                                          Collagène III             Ténascine X                   Décorine (P)
      sans une brève description de leurs principales caracté-            Collagène V (C, P, T)     SPARC/ostéonectine            Fibromoduline (T)
      ristiques (voir [4] pour une présentation plus exhaus-
      tive). Les collagènes sont des protéines extracellulaires      Figure 1. Ultrastructure des matrices extracellulaires et composition en macromo-
      constituées de trois chaînes polypeptidiques comportant        lécules. A. Organisation du réseau collagénique adaptée à la fonction des tissus:
      au moins un domaine replié en triple hélice. Cette confor-     la cornée, où les fibres s’agencent en un contre-plaqué extrêmement régulier dont
      mation caractéristique est adoptée, du fait de la pré-         dépend la transparence de ce tissu; la peau, où les fibres de collagènes, de sec-
      sence dans la séquence primaire de chacune des chaînes,        tion hétérogène, ne présentent aucune direction privilégiée et sont garantes de la
      d’une succession de triplets Gly-X-Y, pour lesquels X est le   cohésion de ce tissu particulièrement élastique et déformable; le tendon, où les
      plus souvent représenté par une proline et Y par une           faisceaux de fibres, parallèles les uns aux autres, forment de solides câbles
      hydroxyproline. Les collagènes I, III, V, de même que les      capables de résister aux forces de tensions considérables que subit ce tissu. B.
      collagènes II et XI, forment le groupe des collagènes          Composants matriciels présents dans quelques-uns des tissus cibles de l’EDS de
      fibrillaires, ainsi désignés par leur aptitude à s’assembler   type classique: la cornée (C), la peau (P) et le tendon (T). En vert, molécules dont
      en agrégats spécifiques formant des fibres à striation         l’absence totale ou une mutation provoquée affectent en priorité l’un des tissus
      périodique. Ces agrégats résultent souvent de l’associa-       présentés (d’après les connaissances actuelles [3,26-30,33]).

444                  M/S n° 4, vol. 19, avril 2003
le collagène V représente 25 % par rapport au collagène I.                     deux extrémités amino- et carboxy-propeptidiques. Une                  (➜) m/s
Les fibres sont plus fines, d’un diamètre de 25 à 30 nm et                     fois sécrétée dans la matrice, la molécule de collagène                2002, n° 10,
agencées de manière très régulière, caractéristiques dont                      subit une excision de ces extrémités amino- et carboxy-                p. 982

on sait l’importance pour la transparence de ce tissu.                         terminales effectuée par des enzymes spécifiques, les
Chez l’adulte, une blessure profonde de la cornée cica-                        amino- et carboxy-protéinases. Cet élagage va pratique-
trise en une zone opaque résultant de la formation de                          ment réduire la molécule à sa simple triple hélice.

                                                                                                                                                                           REVUES
fibres de diamètre irrégulier. Plusieurs études conver-                        Cependant, contrairement aux collagènes I et III, le colla-
gentes montrent que le collagène V serait un des facteurs                      gène V retient un large globule amino-terminal qui, par
responsables de la régulation du diamètre des fibres                           encombrement stérique, limite le dépôt de molécules de
hétérotypiques I/V, notamment grâce à une particularité                        collagène I au sein des fibres hétérotypiques I/V [5]
dans la maturation de son extrémité amino-terminale. En                        (Figure 2).
effet, les collagènes fibrillaires sont synthétisés sous                       Les ténascines sont des molécules mystérieuses quant à
forme de pro-collagène, présentant une triple hélice inin-                     leur fonction. Elles sont au nombre de cinq, notées C, R, X,
terrompue d’environ 1000 acides aminés, flanquée de                            Y et W [6] (➜). Les isoformes les mieux connues sont la

                                                                                                                                                                            SYNTHÈSE
NOUVELLE NOSOLOGIE      SYMPTÔMES CLINIQUES                     SYMPTÔMES CLINIQUES                    CAUSE GÉNÉTIQUE         MODE DE      FRÉQUENCE NUMÉRO OMIM
ANCIENNE CLASSIFICATION PRINCIPAUX                              MINEURS                                OU MOLÉCULAIRE          TRANSMISSION
Classique                   Hyperextensibilité de la peau       Peau douce et veloutée                 Mutations               AD         Commun     130000
EDS I ou II                 Cicatrices atrophiques              Pseudo-tumeurs molluscoïdes            des gènes                                     130010
                            Hypermobilité des articulations     Hypotonie musculaire                   COL5A1 ou COL5A2
                                                                Développement moteur retardé
                                                                Complications dues à l’hypermobilité   Mutations
                                                                des articulations                      du gène COL1A1
                                                                (subluxations, déboîtements…)
                                                                Contusions fréquentes                  Mutation
                                                                Fragilité des tissus (hernie…)         du gène TénascineX
Hyper-mobile                Hyperextensibilité variable         Déboîtement fréquent                   ?                       AD         Commun     130020
EDS III                     de la peau (pas de cicatrice        des articulations,
                            atrophique)                         Douleurs chroniques des membres
                            Hypermobilité généralisée           et des articulations
                            des articulations

Vasculaire                  Peau mince et translucide           Acrogérie (atrophie cutanée)           Mutations               AD         Commun     130050
EDS IV                      Fragilité ou rupture des artères,   Hypermobilité                          du gène COL3AI
                            de l’intestin ou de l’utérus        des petites articulations
                            Contusions étendues                 Rupture des tendons et des muscles
                            Aspect caractéristique de la face   Pied-bot
                                                                Veines variqueuses
                                                                Fistule artério-veineuse
                                                                Pneumothorax
                                                                Atrophie des gencives
Cypho-scoliotique           Articulations lâches                Fragilité des tissus                   Déficit                 AR         Rare       225400
EDS VI                      Hypotonie musculaire sévère         Cicatrices atrophiques                 en lysyl-hydroxylase
                            à la naissance                      Contusions fréquentes
                            Scoliose à la naissance             Ruptures artérielles                   Autre cause
                            Fragilité de la sclérotique         Type marfanoïde                        inconnue
                            Rupture du globe oculaire           Microcornée
                                                                Ostéoporose
Arthrochalasique            Hypermobilité sévère                Hyper-élasticité de la peau            Maturation               AD        Rare       130060
EDS VIIA                    des articulations avec              Fragilité des tissus                   défectueuse de
EDS VIIB                    subluxations récurrentes            Cicatrices atrophiques                 l’amino-pro-peptide de
                            Luxation congénitale                Contusions fréquentes                  la chaîne α1(I) (type A)
                            bilatérale des hanches              Hypotonie musculaire                   ou α2(I)(type B)
                                                                Cypho-scoliose                         causée par une
                                                                Ostéopénie moyenne                     délétion de l’exon 6
                                                                                                       dans COL1A1 ou COL1A2

Tableau I. Classification des syndromes d’Ehlers-Danlos selon la nouvelle nosologie [1]. AD: autosomique dominant; AR: autosomique récessif;
OMIM: on line mendelian inheritance in man.

                    M/S n° 4, vol. 19, avril 2003                                                                                                                    445
ténascine C, forme la plus répandue, fortement exprimée                    sième affection génétique du tissu conjonctif. La forme
                       durant le développement, particulièrement dans les sites                   classique de cette maladie héréditaire est à transmission
                       de condensation du mésenchyme, la ténascine R, dont                        autosomique dominante en ce qui concerne les gènes de
                       l’expression est restreinte au système nerveux central et                  collagènes I et V mais pourrait être récessive dans le cas du
                       qui aurait un rôle dans la croissance neuronale et le gui-                 gène de la ténascine X.
                       dage axonal, et la ténascine X, présente dans les mêmes                    Les symptômes principaux de l’EDS classique sont l’hy-
                       tissus que la ténascine C, mais dans des zones distinctes.                 per-extensibilité de la peau, la présence de cicatrices
                       Du point de vue structural, les ténascines partagent une                   atrophiques et l’hypermobilité des articulations. Les
                       organisation commune à base de répétitions de motifs EGF                   mutations sur les gènes de collagène V constituent l’une
                       (epidermal growth factor) et de modules fibronectine de                    des causes les plus fréquemment répertoriées de l’EDS
                       type III. Les monomères, larges polypeptides d’une masse                   classique, forme la plus commune de cette maladie. Dès
                       moléculaire variant de 190 à 300 kDa selon l’isoforme,                     1994, des études de liaison génétique chez des patients
                       peuvent s’assembler pour former des structures oligomé-                    atteints d’EDS ont permis de mettre en évidence l’impor-
                       riques à plusieurs bras, comme l’hexabrachion caractéris-                  tance fonctionnelle de ce collagène pourtant peu abon-
      tique de la ténascine de type C. Les capacités d’interaction des ténas-                     dant dans les tissus [7]. Depuis lors, de nombreuses
      cines, notamment de la ténascine C, avec les composés extracellulaires                      mutations des gènes de collagène V conduisant à des
      ont été largement étudiées, de même que leurs interactions avec les cel-                    EDS ont été décrites (Tableau II).
      lules. Les fonctions de la ténascine C sont duelles puisque la molécule                     La chaîne α1 du collagène (V), le plus fréquemment, et
      peut se révéler in vitro adhérente ou, au contraire, anti-adhérente selon                   la chaîne α2 (V) plus rarement, peuvent être affectées
      le type cellulaire. Ces propriétés sont fondamentales car, en fragilisant les               [8, 9]. Les mutations sont de nature variée (délétion
      interactions cellules/matrices, ces protéines pourraient permettre aux                      d’exon, mutation ponctuelle, translocation), et tou-
      cellules de migrer ou de se
      diviser [6].
                                                 1. Synthèse des collagènes
      Le syndrome                                et autres composés matriciels :
                                                 PG, SPARC, tsp, TN…
      d’Ehlers-Danlos:                                                                          RER
      présentation clinique,                                                                                                      Fibroblaste
      nosologie,
      anomalies génétiques                                                                                              Noyau
                                                                     Col III
                                                                                Col V                                                α2β1, α1β1
      Le syndrome prit son nom
                                                                                                  Col I
      dans les années 1930, après
                                                 2. Sécrétion des protéines
                                                                                                                           *
      les travaux de deux derma-                 matricielles, maturation
      tologues, l’un danois
      Edward Ehlers (1863-1937),
                                                 des collagènes
                                                                                                                         *
                                                                                                                                  Matrice extracellulaire
      l’autre français Alexandre
      Danlos (1844-1912), ayant                                                                                * *
      chacun rapporté, au début
      du XXe siècle, des cas de                                                                                            *
      patients présentant une
                                                 3. Association en fibres
                                                 et interaction avec d’autres
                                                                                                                                                        * TN
                                                 composants matriciels                                                                                      PG
      hyper-élasticité de la
                                                                                                                                                            SPARC
      peau. La fréquence de
                                                                                                                                                            tsp
      cette maladie pourrait être
      voisine de 1/5000 nais-
      sances, mais reste impré-              Figure 2. Synthèse des collagènes par les fibroblastes et organisation supramoléculaire des protéines matricielles dans
      cise, car il existe probable-          le compartiment extracellulaire. La biosynthèse d’une molécule de procollagène fibrillaire nécessite l’association de
      ment de nombreux cas                   trois chaînes par le domaine carboxy-pro-peptidique puis leur enroulement en triple hélice (étape 1). Le pro-collagène
      infra-cliniques. Cette af-             formé est alors sécrété dans le compartiment extracelullaire où il est converti en une molécule mature: le collagène
      fection, sans prédisposi-              (étape 2). Cette étape de maturation est indispensable pour permettre l’association en fibres: la fibrillogenèse (étape
      tion ethnique ou raciale, se           3). Les fibroblastes synthétisent aussi d’autres molécules matricielles, comme les petits protéoglycanes (PG), SPARC
      place, en terme de nombre              (secreted protein acidic and rich in cystein), la thrombospondine (Tsp), qui, en se liant aux fibres de collagène, parti-
      de patients, comme la troi-            cipent à la fibrillogenèse. RER: réticulum endoplasmique rugueux; Col: collagène; TN: ténascine.

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GÈNE      MUTATION                                                       DONNÉES CLINIQUES                               COMMENTAIRES                  RÉFÉRENCES
          Nature et localisation                                         Atteintes autres que cutanées et articulaires
COL5A1    Translocation chromosome 9/chromosome X                        Développement retardé                                                            [10]
          Interruption dans l’intron 24                                  Scoliose
          Interruption de la triple hélice                               Hypomélanose d’Ito
COL5A1    Délétion de 4 pb dans l’intron 65 conduisant                   Accouchement prématuré                                                           [11]
          à la délétion de l’exon 65

                                                                                                                                                                          REVUES
          Carboxy-pro-peptide
COL5A1    Mutation ponctuelle G/T en 5’ d’un site d’épissage.            Cyphoscoliose thoracique moyenne                Aspect clinique entre type       [12]
          Délétion de l’exon 49 (54 pb)                                  Prolapsus de la valvule mitrale                 arthrochalasique et
          Triple hélice                                                  Hypermétropie (cornée aplatie)                  type classique
                                                                         1 fausse couche, 1 grossesse à terme
COL5A1    Mutation ponctuelle G/C aboutissant à une substitution         Pour le patient référent:                                                        [13]
          Cys/Ser en position 1181                                       pectus excavatum, scoliose moyenne,
          Carboxy-pro-peptide                                            pied-bot, varicosité, hernie inguinale

          Délétion de l’exon 42                                          Hernie ombilicale
          Triple hélice                                                  Dislocation des hanches

                                                                                                                                                                           SYNTHÈSE
          Mutation ponctuelle T/A en position -11 sur site d’épissage    Luxation des chevilles
          de l’exon 65 aboutissant au niveau de l’ARNm soit à
          une insertion de 9 pb soit à une délétion
          de 45 nucléotides de l’exon 65.
          Carboxy-pro-peptide
COL5A1    Mutation ponctuelle T/G au niveau d’un site de branchement                                                     1re description                  [14]
          d’épissage de l’intron 32                                                                                      d’une mutation dans un site
          Délétion de l’exon 33 (15 aa) dans 60 % des transcrits                                                         de branchement
          Triple hélice                                                                                                  d’épissage (lariat)
COL5A2    Mutation ponctuelle G/T dans le site 5’ donneur                Pied-bot                                        Effet dominant négatif           [8]
          de l’intron 28                                                 Pas de signes cliniques d’anomalies oculaire,
          Délétion de l’exon 28                                          squelettique ou viscérale
          Triple hélice

          Délétion de 7 pb à la jonction intron/exon de l’exon 27        Dislocation récurrente des épaules
          Délétion de l’exon 27
          Triple hélice
COL5A2    Mutation ponctuelle G/C G934R                                                                                                                   [9]
          Triple hélice
COL5A1    Mutation ponctuelle G/A dans l’exon 58 et mutation             Varicosité des jambes                           La mutation sur la partie     [15]
          ponctuelle G/A dans l’exon 13                                  Microcornée                                     amino-pro-peptidique entraîne
          Double substitution: G530S et G1489D                                                                           un phénotype discret,
          Petite triple hélice de l’amino-pro-peptide et triple hélice                                                   mais renforce la gravité du
                                                                                                                         syndrome EDS dû à la mutation
          Mutation ponctuelle G/A dans l’exon 58                         Microcornée                                     sur la triple hélice
          Substitution G1489D
          Triple hélice

          Mutation ponctuelle G/A dans l’exon 13
          Substitution G530S
          Petite triple hélice de l’amino-pro-peptide
COL5A1    Mutations non-sens dues à l’insertion ou à la délétion                                                         Haplo-insuffisance               [16]
          d’un nucléotide chez cinq individus différents
          dans les exons 48, 49, 53, 54                                                                                  Pour un cas:
          Perte d’hétérozygotie au niveau de l’ARNm qui n’est                                                            les bases moléculaires
          pas exprimé ou qui est instable.                                                                               de l’expression d’un seul
          Triple hélice                                                                                                  allèle restent à déterminer

          Mutation ponctuelle T/A
          Omission d’exon 15
          Triple hélice
COL5A1    Mutation sur le site accepteur d’épissage de l’exon 14         4 cas étudiés dans la même famille:                                              [17]
          Arrêt de la transcription au niveau de l’exon 17               • un pectus excavatum
          Triple hélice                                                  • une grossesse normale, une avec rupture
                                                                         prématurée des membranes

Tableau II. Mutations sur les gènes codant pour le collagène V provoquant un syndrome d’Ehlers-Danlos.

                                                                                                                                                                    447
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chent principalement la triple hélice et le carboxy-pro-       chaînes α3 ou α4 ont été plus récemment caractérisés
      peptide [10-14]. Au sein d’une famille affectée par            [18, 19], et leurs mutations pourraient peut-être rendre
      cette maladie, des mutations dans la partie amino-pro-         compte de quelques cas.
      peptidique ont été également rapportées, mais elles            Cependant, les mutations sur le collagène V ne sont cer-
      conduisent à un phénotype discret (peau fine, cicatrisa-       tainement pas responsables à elles seules de toute la
      tion retardée) qui ne peut être apparenté à un EDS clas-       pathologie classique. Des anomalies moléculaires res-
      sique [15]. Toutefois, cette mutation constitue un fac-        ponsables de ce syndrome ont également été identifiées
      teur aggravant lorsqu’elle est couplée à une autre             au niveau de la chaîne α1 du collagène I ou de la ténas-
      mutation située dans la partie codant pour la triple           cine X [20, 21]. Le rôle de la ténascine X dans la genèse
      hélice, qui, par ailleurs, induit à elle seule un EDS [15].    de l’EDS reste cependant encore à clarifier car les
      Dans le cas de l’ostéogenèse imparfaite, une autre             patients souffrent également d’hyperplasie médullo-
      maladie héréditaire affectant les tissus osseux et dont        surrénalienne congénitale. De plus, le phénotype diffère
      les anomalies moléculaires portent sur les chaînes de          légèrement par rapport aux cas où les collagènes V et I
      collagène I, les substitutions au niveau de la glycine, ce     sont impliqués, puisqu’il n’y a pas de cicatrices atro-
      petit acide aminé crucial dans la structure en triple          phiques et que les fibres de collagène n’ont pas l’aspect
      hélice de la molécule, sont largement majoritaires et          singulier en « chou-fleur » [2]. Une autre étude a
      entraînent des phénotypes sévères. Dans l’EDS classique        confirmé le rôle de la ténascine X dans l’EDS (5 cas sur
      lié au collagène V, il est remarquable que les mutations       151 patients souffrant de cette maladie) et la caracté-
      responsables d’anomalies d’épissage d’introns, sont            ristique récessive de la transmission de la maladie [22].
      plus fréquentes et que, dans les quelques cas où un            L’implication de la ténascine X empêche donc cependant
      résidu glycine est substitué, le phénotype n’est pas           de considérer l’EDS classique comme une maladie stric-
      aggravé [9, 15]. Les répercussions de ces mutations au         tement liée aux collagènes. Certaines maladies géné-
      niveau protéique peuvent être quantitatives (haplo-            tiques matricielles comme l’ostéogenèse imparfaite ou
      insuffisance ou nombre de molécules diminué) ou quali-         le syndrome de Marfan résultent de défauts qui touchent
      tatives (protéines anormales produisant un effet domi-         principalement une seule molécule matricielle, en l’oc-
      nant négatif), sans que puisse y être associé un degré de      curence respectivement le collagène I et la fibrilline I
      gravité [16, 17].                                              (protéine impliquée dans l’élasticité des tissus). Au
      Une quinzaine de cas d’EDS classique, clairement liés au       contraire, l’EDS classique résulte de mutations siégeant
      collagène V, ont été rapportés jusqu’ici. Il faudra sans       sur des gènes de protéines différentes, qui cependant
      doute que l’échantillonnage soit plus important pour           donnent lieu à des manifestations cliniques proches. Ces
      mieux appréhender les relations génotype/phénotype et          caractéristiques seraient à rapprocher de celles de
      apprécier au plus juste la participation de ce collagène       l’épidermolyse bulleuse.
      à l’architecture tissulaire. Il faut aussi garder à l’esprit   Les causes moléculaires de l’EDS classique ne sont pas
      que l’EDS classique est à transmission dominante et            toutes élucidées, mais les techniques d’invalidation de
      qu’une proportion de molécules intactes reste donc tou-        gène chez la souris orientent les recherches vers des pro-
      jours sécrétée. Les biopsies, dont le nombre est bien évi-     téines matricielles non collagéniques.
      demment limité, apportent peu de renseignements sur la
      structure des tissus conjonctifs atteints, mais ont per-       Invalidation de gènes codant
      mis de montrer que, d’un point de vue ultrastructural,         pour les protéines matricielles
      les fibres apparaissent fusionnées, clairsemées, que           chez la souris et syndrome d’Ehlers-Danlos
      leurs contours et leurs diamètres sont irréguliers (fibres
      en « chou-fleur »). Ce diamètre n’est pas systématique-        Les mutations nulles sur les collagènes I et III sont très
      ment accru alors que dans les tissus, plus le collagène V      rapidement létales chez la souris et n’ont donc pu
      est faiblement représenté, plus les fibres sont grosses. Il    apporter d’éléments fondamentaux à la connaissance
      existe quatre chaînes α de collagène V pouvant s’asso-         de l’EDS [23-25] (Tableau III). Il n’existe pas encore de
      cier en au moins quatre formes moléculaires                    modèle de souris dont le gène codant pour le collagène
      différentes : une majoritaire, l’hétérotrimère                 V a été invalidé, mais la lignée porteuse d’une mutation
      [α1(V)]2α2(V), et trois minoritaires les isoformes             de délétion sur l’amino-télopeptide de la chaîne α2(V)
      α1(V)α2(V)α3(V), [α1(V)]2α4(V) et l’homotrimère                présente des manifestations cutanées voisines de celles
      [α1(V)]3. Dans plusieurs cas d’EDS classique, il a été         observées dans le syndrome d’Ehlers-Danlos, sans pour
      montré que les gènes des chaînes α1 et α2 du collagène         autant que le phénotype observé en soit la réplique
      V ne sont pas impliqués dans la maladie. Les gènes des         exacte (pas d’hypermobilité démontrée des articula-

448   M/S n° 4, vol. 19, avril 2003
tions) [26]. Quelques équipes, dont la nôtre, s’atta-                       cornéenne montrant le rôle essentiel de ce protéogly-
chent à étudier en profondeur les répercussions précises                    cane dans la transparence de la cornée [28]. La peau de
de cette mutation sur la fibrillogenèse.                                    ces souris est anormalement élastique. Dans le cas des
Les souris dont le gène de la ténascine a été invalidé                      souris dont le gène codant pour la fibromoduline a été
présentent une hyper-extensibilité cutanée progressive                      invalidé, les tendons montrent une laxité particulière-
s’apparentant à un syndrome d’Ehlers-Danlos. Cette                          ment importante [29]. Ces observations suggèrent une

                                                                                                                                                                          REVUES
hyper-extensibilité résulterait d’un dépôt plus faible de                   participation de ces deux protéoglycanes à la physiopa-
collagène I dans la matrice, ce qui est en faveur d’un                      thogénie du syndrome d’Ehlers-Danlos chez l’homme.
rôle régulateur de la ténascine X dans la synthèse de                       Les souris transgéniques, dont le gène codant pour la
collagène [27].                                                             décorine a été invalidé, ont une peau fragile avec une
Curieusement, chez la souris, les mutations dont les                        capacité d’extension réduite [30], ce que confirment
conséquences s’apparentent le plus au phénotype EDS,                        des données recueillies dans deux cas isolés d’EDS, pour
concernent plutôt des petits protéoglycanes comme la                        lesquels des altérations de la synthèse de protéoglycane
décorine, le lumicane, la fibromoduline et des protéines                    à dermatane sulfate, et notamment de décorine, ont été

                                                                                                                                                                           SYNTHÈSE
matricielles, comme SPARC (secreted protein acidic and                      décrites [31, 32]. Un phénotype avec des manifesta-
rich in cysteins) et la thrombospondine. La décorine et                     tions cutanées, mais surtout articulaires, proche de
la fibromoduline, conjointement impliquées dans la                          l’EDS classique, est observé chez les souris dont le gène
régulation du diamètre des fibres in vitro, et le lumicane                  codant pour la thrombospondine-2 (TSP-2) a été inva-
font partie de la famille des petits protéoglycanes riches                  lidé [33].
en leucine, appelés ainsi du fait de la répétition en tan-                  Les thrombospondines sont au nombre de 5. Ces macro-
dem de tels motifs au sein de leur protéine-cœur. Chez                      molécules multimériques résultent de l’association de
la souris, l’absence de lumicane entraîne une opacité                       trois (TSP-1 et TSP-2) ou cinq (TSP-3, 4 et 5) chaînes

GÈNE                                SOURIS HOMOZYGOTES -/-                                                                  MALADIES                   RÉFÉRENCES
                         Souche/Génotype             Phénotype                                                              HUMAINES ÉVOQUÉES
                                                                                                                            PAR LE PHÉNOTYPE MURIN
COL1A1                   Mov13                           Mutation létale à 14 jours de gestation par                                                      [23]
                                                         rupture des vaisseaux principaux
                         Intégration du virus Monkey
                         Moloney dans l’intron 1         Régulation du diamètre et de l’organisation orthogonale
                                                         des fibres de la cornée perturbée
COL1A2                   Oim                             Mutation entraînant des fractures, des difformités                 Ostéogenèse imparfaite        [24]
                                                         des membres, une ostéopénie généralisée et                         modérée à sévère
                         Délétion d’une base dans        une petite stature
                         le carboxy-pro-peptide
                         modifiant le cadre de lecture
COL3A1                   Inactivation                    Mutation le plus souvent létale par rupture des vaisseaux          Ehlers-Danlos vasculaire      [25]
                         par recombinaison homologue     2 jours après la naissance. Taux de survie de 5 %
                                                         au moment du sevrage. Fibres dermiques anormales
Décorine                 Inactivation                    Fibrillogenèse anormale de la peau (fragile et distendue) et       Ehlers-Danlos                 [30]
                         par recombinaison homologue     des tendons (fibres irrégulières)
                                                         Pas de défaut dans la cornée
Thrombospondine 2        Inactivation                    Peau fragile et distendue, queue flexible (fibres irrégulières)    Ehlers-Danlos                 [33]
                         par recombinaison homologue     Atteinte des tendons. Augmentation de la densité osseuse
                                                         Temps de saignement allongé et augmentation
                                                         du nombre de vaisseaux sanguins
Ténascine C, R, X        Inactivation                    Absence de phénotype marquant                                      Ehlers-Danlos                 [27]
                         par recombinaison homologue     Ténascine R et C: anomalies subtiles du système nerveux
                                                         Ténascine X: hyper-élasticité de la peau
Lumicane                 Inactivation                    Peau fragile et distendue (fibres plus grosses, section irrégulière) Ehlers-Danlos               [28]
                         par recombinaison homologue     Opacification de la cornée (grosses fibres, avec                     Dystrophie cornéenne
                                                         des fusions latérales anormales,
                                                         accroissement de l’espace inter-fibrillaire)

Tableau III. Phénotypes de mutations nulles chez la souris reflétant un syndrome d’Ehlers-Danlos.

                    M/S n° 4, vol. 19, avril 2003                                                                                                                   449
polypeptidiques identiques d’une taille d’environ 145          elles (pour seuls exemples [4, 35]). Pour ajouter à cette
      kDa, liées par des ponts disulfures. TSP-1 et TSP-2 sont       complexité, lorsqu’un constituant est défectueux, la
      souvent co-localisées dans la matrice, même si la TSP-2        présence des autres est modifiée, ce qui laisse supposer
      présente une expression plus restreinte et se retrouve de      que des mécanismes régulateurs d’origine probablement
      manière prépondérante dans le cartilage et l’os en déve-       cellulaire sont alors mis en jeu.
      loppement. TSP-1 et 2 partagent d’ailleurs certaines pro-      Il est également frappant de constater que les mêmes
      priétés, comme l’inhibition de l’angiogenèse et de la          pièces matricielles forment des puzzles aussi différents
      croissance tumorale et sont toutes deux des facteurs chi-      (Figure 1). Comme nous l’avons déjà fait remarquer,
      miotactiques pour de nombreuses cellules. La peau et les       l’os, la cornée, la peau, les tendons, les vaisseaux ont
      tendons des souris dont le gène codant pour la TSP-2 a été     des compositions moléculaires très voisines et des pro-
      invalidé sont hyper-élastiques. La densité des tissus en       priétés très différentes. Il existe certes des variations
      vaisseaux sanguins est accrue. Il convient donc de rappe-      quantitatives des constituants matriciels d’un tissu à un
      ler, même si le phénotype n’est pas rigoureusement iden-       autre, mais elles ne peuvent rendre compte totalement
      tique, que les vaisseaux sont également affectés dans          de ces différences. Par exemple, le collagène V est un
      l’EDS. Le rôle de la TSP-2 pourrait se situer au niveau cel-   collagène peu abondant dans la peau et les tendons où
      lulaire. Les fibroblastes des animaux dont le gène codant      il ne représente guère que 2 à 5 % des collagènes fibril-
      pour la TSP-2 a été invalidé présentent des propriétés de      laires alors qu’il en représente environ 15 à 20 % dans la
      surface altérées, ce qui pourrait modifier leur adhérence      cornée [4]. Or, les manifestations d’EDS classique
      aux collagènes et perturber le réseau du tissu conjonctif      impliquant ce collagène sont principalement cutanées
      sous-jacent. Ce pourrait être également le cas pour            et articulaires, alors qu’elles sont secondaires ou
      SPARC, petite glycoprotéine anti-adhérente de 32 kDa,          absentes dans la cornée.
      également connue pour sa capacité d’inhiber la proliféra-      Pourquoi un tissu comme le tendon est affecté lors de
      tion cellulaire. De fait, si son absence provoque originel-    l’EDS classique alors que la cornée est indemne? Tout
      lement des altérations oculaires (cataractes), des symp-       d’abord, rien ne permet d’exclure que les formes molé-
      tômes proches de ceux de l’EDS, comme la présence de           culaires du collagène V trouvées dans la cornée soient
      fibres aberrantes dans la peau, sont également évoqués         rigoureusement identiques à celles présentes dans le
      [34]. Le rôle joué par les interactions cellules/compo-        tendon. Il existe différentes isoformes du collagène V
      sants matriciels dans la genèse de l’EDS, notamment par        qui pourraient assumer des rôles différents, comme le
      l’intermédiaire de récepteurs de surface, est donc une         suggèrent nos travaux [36-38]. Compte tenu du profil
      piste à ne pas mésestimer.                                     d’expression de chacune des isoformes, l’hypothèse
                                                                     d’une fonction dépendante du tissu paraît également
      L’architecture matricielle                                     plausible. Le collagène V pourrait participer à la régula-
      à la lueur du syndrome d’Ehlers-Danlos                         tion du diamètre des fibres dans la cornée ou les vais-
                                                                     seaux, mais pourrait avoir un rôle distinct, qui reste
      Il est désormais acquis que le collagène V n’est pas seul      encore à déterminer, dans les autres tissus. De plus, il
      responsable de toute la pathologie classique de l’EDS.         est probable que la contribution du collagène V à la
      Des anomalies moléculaires touchant des gènes de               transparence cornéenne ait été mal évaluée lors des
      familles différentes conduisent donc à un même phéno-          approches expérimentales réalisées jusqu’à présent. La
      type, ce qui confirme que la matrice extracellulaire doit      transparence résulte de phénomènes complexes. Les
      bien être considérée comme un ensemble architectural,          protéoglycanes y participent, comme notamment le
      où plusieurs éléments participent à la genèse d’une            lumicane [28]. De plus, des données biophysiques sur
      fonction.                                                      l’orientation et sur les angles de disposition des molé-
      Il nous paraît intéressant d’évoquer quelques interroga-       cules au sein des fibres et des études sur les modalités
      tions soulevées par les connaissances actuelles sur le         de la fibrillogenèse montrent que ces paramètres varient
      collagène V, les composés matriciels que nous avons            d’un tissu à un autre [39]. Notamment, les fibres crois-
      évoqués et la présentation clinique de l’EDS.                  sent linéairement dans la cornée et latéralement dans le
      De nombreuses molécules semblent vouées à la régula-           tendon.
      tion de la croissance des fibres des tissus affectés par       Ainsi, même si l’aspect des fibres d’un tissu à un autre
      l’EDS, fibres qui sont essentiellement composées de col-       semble grossièrement similaire, leur architecture fine et
      lagène I. C’est le cas du collagène V, du collagène III, du    la manière dont elles s’élaborent au cours du développe-
      lumicane ou encore de la thrombospondine. De plus,             ment divergent subtilement et pourraient expliquer que
      toutes ces protéines sont capables d’interagir entre           les tissus soient diversement affectés lors des maladies.

450   M/S n° 4, vol. 19, avril 2003
Lorsqu’une protéine est défectueuse, le déclenchement SUMMARY
de mécanismes compensatoires est mis en évidence dans The Ehlers-Danlos syndrome: the extracellular matrix
des maladies liées au collagène comme l’hypochondro- scaffold in question
genèse ou l’achondrogenèse, le collagène de type II Ehlers-Danlos syndrome (EDS) is a heterogeneous heri-
défectueux étant remplacé plutôt efficacement dans le table connective tissue disorder characterized by hyper-
cartilage par les collagènes I et III [40]. Cette compen- extensible skin, hypermobile joints and fragile vessels.

                                                                                                                                                              REVUES
sation pourrait se produire dans la cornée mais comment The molecular causes of this disorder are often,
expliquer alors qu’elle soit absente dans la peau ou les although not strictly, related to collagens and to the
tendons? Faut-il, comme nous l’avons déjà évoqué, enzymes that process these proteins. The classical form
mieux considérer le rôle des cellules souvent spécifiques of the syndrome, which will be principally discussed in
des tissus? Il est intéressant de noter que des souris por- this review, can be due to mutations on collagen V, a
teuses d’une mutation sur la partie amino-pro-pepti- fibrillar collagen present in small amounts in affected
dique de la chaîne α2(V) présentent un grand nombre de tissues. However, collagen I and tenascin have also been
follicules pileux ayant une disposition ectopique dans demonstrated to be involved in the same type of EDS.

                                                                                                                                                               SYNTHÈSE
l’hypoderme qui, de plus, est six fois plus épais que la Moreover gene disruption of several other matrix mole-
normale [26]. Or, la genèse des follicules pileux est un cules (thrombospondin, SPARC, small leucine rich pro-
exemple d’école, illustrant le rôle des interactions cel- teoglycans...) in mice, lead to phenotypes that mimic
lules/matrices. Dans le même ordre d’idée, l’absence de EDS and these molecules have thus emerged as new
ténascine X chez les souris modifie en retour le dépôt de players. As collagen V remains the prime candidate, we
collagène I par les cellules. Les maladies matricielles discuss, based on fundamental and clinical observa-
doivent donc aussi se concevoir en intégrant l’aspect tions, its physiological role. We also explore its potential
cellulaire. Plusieurs récepteurs cellulaires ont été identi- interactions with other matrix molecules to determine
fiés pour le collagène V, mais leur rôle in vivo reste à élu- tissue properties. ◊
cider [37, 41-43].
La connaissance des causes moléculaires
responsables de l’EDS a beaucoup pro- RÉFÉRENCES                                        in search of functions. Curr      Cole WG. A splice junction
                                                                                        Opin  Cell Biol 1993; 5:          mutation in the region of
gressé, mais est loin d’être exhaustive. Il
                                                  1. Beighton P, De Paepe A,            869-76.                           COL5A1 that codes for the
est permis de penser que d’autres pro-               Steinmann B, Tsipouras P,       7. Nicholls AC, McCarron SM,         carboxyl propeptide of pro-
téines aux rôles mal définis, comme les              Wenstrup RJ. Ehlers-Danlos         Narcisi P, Pope FM. Molecular     α1(V) chains results in
collagènes XII et XIV qui se lient aux fibres        syndromes: revised                 abnormalities of type V           gravis form of Ehlers-
                                                     nosology, Villefranche, 1997.      collagen in the Ehlers-           Danlos syndrome (type I).
collagéniques, pourraient être impli-                                                                                     Hum Mol Genet 1996; 5:
                                                     Am J Med Genet 1998;               Danlos syndrome. Am J Hum
quées. Cette maladie constitue un para-              77: 31-7.                          Genet 1994; 62:                   1733-6.
digme illustrant l’intrication complexe           2. Steinmann B, Royce PM,             523-8.                        12. Nicholls AC, Oliver JE,
des composés matriciels. La connais-                 Supeti-Furga A. the Elhers-     8. Michalickova K, Susic M,          McCarron S, Harrison JB,
                                                     danlos syndrome. In: Royce         Willing MC, Wenstrup RJ, Cole     Greenspan DS, Pope FM. An
sance des modalités de leur biosynthèse,                                                WG. Mutations of the α 2(V)       exon skipping mutation of a
                                                     PM, Steinman B, eds.
de leur agencement, de leurs interactions            Connective tissue and its          chain of type V collagen          type V collagen gene
et de leur coopération étroite et réglée             heritable disorders. New           impair matrix assembly and        (COL5A1) in Ehlers-Danlos
permet d’appréhender comment, à partir               York: Wiley-Liss, 1993 :           produce Ehlers-Danlos             syndrome. J Med Genet 1996;
                                                     351-408.                           syndrome type I. Hum Mol          33: 940-6.
d’un même matériau de base, les archi-            3. Mao JR, Bristow J. The             Genet 1998; 7: 249-55.        13. De Paepe A, Nuytinck L,
tectures et les fonctions tissulaires                Ehlers-Danlos syndrome: on      9. Richards AJ, Martin S,            Hausser I, Anton-
varient. Malheureusement, l’avancée des              beyond collagens. J Clin           Nicholls AC, Harrison JB,         Lamprecht I, Naeyaert JM.
recherches n’a pas actuellement permis               Invest 2001; 107: 1063-9.          Pope FM, Burrows NP. A            Mutations in the COL5A1
                                                  4. Fichard A, Kleman JP,              single base mutation in           gene are causal in the
d’apporter d’amélioration significative              Ruggiero F. Another look at        COL5A2 causes Ehlers-             Ehlers-Danlos syndromes I
dans le traitement de la maladie. La prise           collagen V and XI molecules.       Danlos syndrome type II. J        and II. Am J Hum Genet
en charge médicale reste donc sympto-                Matrix Biol 1995; 14:              Med Genet 1998; 35: 846-8.        1997; 60: 547-54
matique [44]. Si elles sont évoquées pour            515-31.                        10. Toriello HV, Glover TV,       14. Burrows NP, Nicholls AC,
                                                  5. Birk DE. Type V collagen:          Takahara K, et al. A              Richards AJ, et al. A point
des maladies du tissu conjonctif comme               heterotypic type I/V               translocation interrupts the      mutation in an intronic
l’ostéogenèse imparfaite, les possibilités           collagen interactions in the       COL5A1 gene in a patient          branch site results in
de thérapie génique, notamment pour les              regulation of fibril assembly.     with Ehlers-Danlos syndrome       aberrant splicing of COL5A1
                                                     Micron 2001; 32: 223-37.           and hypomelanosis of Ito.         and in Ehlers-Danlos
cas sévères d’EDS, comme l’EDS vascu-
                                                  6. Erickson HP. Tenascin-C,           Nat Genet 1996; 13: 361-5         syndrome type II in two
laire, ne semblent pas encore à l’ordre du           tenascin-R and tenascin-X:     11. Wenstrup RJ, Langland GT,         British families. Am J Hum
jour. ◊                                              a family of talented proteins      Willing MC, D’Souza VN,           Genet 1998; 63: 390-8.

                M/S n° 4, vol. 19, avril 2003                                                                                                           451
15. Giunta C, Steinmann B.                 syndrome caused by                   136: 729-43.                         Chem 2001; 276: 24352-9.
          Characterization of 11 new             tenascin-X deficiency. N Engl    31. Fushimi H, Kameyama M,           39. Scott JE, Thomlinson AM. The
          mutations in COL5A1 of                 J Med 2001; 345: 1167-75.            Shinkai H. Deficiency of the         structure of interfibrillar
          individuals with Ehlers-           23. Lohler J, Timpl R, Jaenisch R.       core proteins of dermatan            proteoglycan bridges (shape
          Danlos syndrome type IV:               Embryonic lethal mutation in         sulphate proteoglycans in a          modules) in extracellular
          preliminary comparison of              mouse collagen I gene                variant form of Ehlers-              matrix of fibrous connective
          RNase cleavage, EMC and                causes rupture of blood              Danlos syndrome. J Intern            tissues and their stability in
          DHPLC assays. Hum Mutat                vessels and is associated            Med 1989; 226: 409-16                various chemical
          2000; 16: 176-7.                       with erythropoietic and          32. Quentin E, Gladen A, Roden           environments. J Anat 1998;
      16. Schwarze U, Atkinson M,                mesenchymal cell death. Cell         L, Kresse H. A genetic defect        192: 391-405.
          Hoffman GG, Greenspan DS,              1984; 38: 597-607.                   in the biosynthesis of           40. Mundlos S, Chan D, McGill J,
          Byers PH. Null alleles of the      24. Chipman SD, Sweet HO,                dermatan sulfate                     Bateman JF. An α1(II)
          COL5A1 gene of type V                  Davisson MT, et al. Defective        proteoglycan:                        Gly913 to Cys substitution
          collagen are a cause of the            proa2(I) collagen synthesis          galactosyltransferase I              prevents the matrix
          classical forms of Ehlers-             in a recessive mutation in           deficiency in fibroblasts            incorporation of type II
          Danlos syndrome (types I               mice: a model of human               from a patient with a                collagen which is replaced
          and II). Am J Hum Genet                osteogenesis imperfecta.             progeroid syndrome. Proc             with type I and III collagens
          2000; 66: 1757-65.                     Proc Natl Acad Sci USA 1993;         Natl Acad Sci USA 1990; 87:          in cartilage from a patient
      17. Bouma P, Cabral WA, Cole               90: 1705-5.                          1342-6.                              with hypochondrogenesis.
          WG, Marini JC. COL5A1 exon         25. Liu X, Wu H, Byrne M, Krane      33. Kyriakides TR, Zhu YH, Smith         Am J Med Genet 1996; 63:
          14 splice acceptor mutation            S, Jaenisch R. Type III              LT, et al. Mice that lack            129-36.
          causes a functional null               collagen is crucial for              thrombospondin 2 display         41. Ruggiero F, Comte J, Cabanas
          allele, haploinsufficiency of          collagen I fibrillogenesis and       connective tissue                    C, Garrone R. Structural
          α1(V) and abnormal                     for normal cardiovascular            abnormalities that are               requirements for α1β1 and
          heterotypic interstitial fibrils       development. Proc Natl Acad          associated with disordered           α2β1 integrin
          in Ehlers-Danlos syndrome              Sci USA 1997; 94: 1852-6.            collagen fibrillogenesis, an         mediated cell adhesion to
          II. J Biol Chem 2001; 276:         26. Andrikopoulos K, Liu X,              increased vascular density,          collagen V. J Cell Sci 1996;
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      18. Imamura Y, Scott IC,                   Ramirez F. Targeted                  J Cell Biol 1998 ; 140:          42. Tillet E, Ruggiero F,
          Greenspan DS. The pro-                 mutation in the col5a2 gene          419-30.                              Nishiyama A, Stallcup WB.
          α3(V) collagen chain.                  reveals a regulatory role for    34. Bradshaw AD, Sage EH.                The membrane-spanning
          Complete primary structure,            type V collagen during               SPARC, a matricellular               proteoglycan NG2 binds to
          expression domains in adult            matrix assembly. Nat Genet           protein that functions in            collagens V and VI through
          and developing tissues, and            1995; 9 :31-6.                       cellular differentiation and         the central nonglobular
          comparison to the structures       27. Mao JR, Taylor G, Dean WB,           tissue response to injury.           domain of its core protein.
          and expression domains of              et al. Tenascin-X deficiency         J Clin Invest 2001; 107:             J Biol Chem 1997; 272:
          the other types V and XI               mimics Ehlers-Danlos                 1049-54.                             10769-76.
          procollagen chains. J Biol             syndrome in mice through         35. Ezura Y, Chakravarti S,          43. Vogel W, Brakebusch C,
          Chem 2000; 275: 8749-59.               alteration of collagen               Oldberg A, Chervoneva I, Birk        Fassler R, Alves F, Ruggiero F,
      19. Chernousov MA, Rothblum K,             deposition. Nat Genet 2002;          DE. Differential expression          Pawson T. Discoidin domain
          Tyler WA, Stahl RC, Carey DJ.          30: 421-5.                           of lumican and fibromodulin          receptor 1 is activated
          Schwann cells synthesize           28. Chakravarti S, Magnuson T,           regulate collagen                    independently of β(1)
          type V collagen that                   Lass JH, Jepsen KJ, LaMantia         fibrillogenesis in developing        integrin. J Biol Chem 2000;
          contains a novel α4 chain.             C, Carroll H. Lumican                mouse tendons. J Cell Biol           275: 5779-84.
          Molecular cloning,                     regulates collagen fibril            2000; 151: 779-88.               44. De Paepe A. The Ehlers-
          biochemical                            assembly: skin fragility and     36. Fichard A, Tillet E, Delacoux        Danlos syndrome: a
          characterization, and high             corneal opacity in the               F, Garrone R, Ruggiero F.            heritable collagen disorder
          affinity heparin binding of            absence of lumican. J Cell           Human recombinant α1(V)              as cause of bleeding.
          α4(V) collagen. J Biol Chem            Biol 1998; 141: 1277-86.             collagen chain.                      Thromb Haemost 1996; 75:
          2000; 275: 28208-15.               29. Svensson L, Aszodi A.,               Homotrimeric assembly and            379-86.
      20. Nuytinck L, Freund M, Lagae            Reinholt FP, Fassler R,              subsequent processing. J Biol
          L, Pierard GE, Hermanns-Le             Heinegard D, Oldberg A.              Chem 1997; 272: 30083-7.
          T, De Paepe A. Classical               Fibromodulin-null mice have      37. Delacoux F, Fichard A,
          Ehlers-Danlos syndrome                 abnormal collagen fibrils,           Geourjon C, Garrone R,
          caused by a mutation in                tissue organization, and             Ruggiero F. Molecular
          type I collagen. Am J Hum              altered lumican deposition           features of the collagen V
          Genet 2000; 66: 1398-402.              in tendon J Biol Chem 1999;          heparin binding site. J Biol
      21. Burch GH, Gong Y, Liu W, et            274: 9636-47.                        Chem 1998; 273: 15069-76.
          al. Tenascin-X deficiency is       30. Danielson KG, Baribault H,       38. Chanut-Delalande H,
          associated with Ehlers-                Holmes DF, Graham H,                 Fichard A, Bernocco S,
          Danlos syndrome. Nat Genet             Kadler KE, Iozzo RV. Targeted        Garrone R, Hulmes DJ,
          1997; 17: 104-8.                       disruption of decorin leads          Ruggiero F. Control of
      22. Schalkwijk J, Zweers MC,               to abnormal collagen fibril          heterotypic fibril formation
          Steijlen PM, et al. A recessive        morphology and skin                  by collagen V is determined      TIRÉS À PART
          form of the Ehlers-Danlos              fragility. J Cell Biol 1997;         by chain stoichiometry. J Biol
                                                                                                                       F. Ruggiero

452   M/S n° 4, vol. 19, avril 2003
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