Le tarier des prés en son bastion ardennais - Macrophoto nature L'empereur ailé Découverte de l'Ourthe orientale - Rotary club Amay-Villers-le-Temple
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#74 jui.-août 2016 bimestriel Natagora asbl Rue Nanon 98 B-5000 Namur www.natagora.be Macrophoto nature L’empereur ailé Découverte de l’Ourthe orientale Franck Renard Le tarier des prés en son bastion ardennais
14 16 10 20 22 1 édito 14 entomologie Le souverain de 2 devine qui papillonne nos insectes au jardin Autour de vos orties 16 photo nature Apprendre à 3 le p’tit nuit des chauves-souris photographier Un habitat fragmenté les insectes à lire en famille :) 4 en bref 20 rencontre 6 militance François-Xavier Noël, #NatureAlert : créateur de biodiversité Supplément disponible l’UE sous pression dans votre kiosque. 22 nos réserves 8 ça s'est passé chez nous L’arc en ciel végétal d’Ourthe 10 en couverture orientale Le tarier des prés en danger critique 26 ils l'ont fait Natagora se développe dans tout l’espace Wallonie-Bruxelles. Le grand objectif de l’association est d’enrayer la dégradation de la biodiversité et contribuer au rétablissement d’un meilleur équilibre entre l’homme et la nature. Pour ce faire, elle s’est assignée différentes missions. Protéger : plus de 200 réserves naturelles Natagora, gérées par de nombreux volontaires, sont constituées de milieux diversifiés et souvent menacés. Elles abritent quantité d’espèces rares. Étudier : l’identification des menaces, le soutien direct aux espèces les plus menacées et la supervision de nombreux programmes de suivi font partie des préoccupations majeures de l’association. S’impliquer : influer sur les décisions politiques, promouvoir la biodiversité, prévoir les atteintes qui pourraient lui être portées, réagir quand nécessaire : les nombreux volontaires de l’association nous y aident au quotidien. Éduquer : formations, Centres Régionaux d’Initiation à l’Environnement, événements de sensibilisation, mise en réseau des particuliers : Natagora est fortement impliquée dans l’Éducation à l’Environnement. En étant membre de Natagora, vous soutenez ce vaste mouvement : www.natagora.be/membre Vous désirez faire un don pour nous soutenir ? BE53 0682 1403 3153 Natagora est le partenaire belge francophone de BirdLife International, alliance mondiale d'organisations de protection des oiseaux et de la nature dont la sphère d’action s’étend du travail local de terrain aux plus hautes instances internationales. La mission de BirdLife est de protéger les oiseaux sauvages, leurs habitats et la biodiversité mondiale, en œuvrant à l’utilisation durable des ressources naturelles. En rejoignant les 19 000 membres de Natagora, vous devenez aussi membre de BirdLife International.
édito Les prairies de fauche : l’enjeu prioritaire L es plus anciens d’entre vous se souviennent qu’en 1985, une des livraisons du magazine des Réserves Naturelles-RNOB (aujourd’hui intégrées dans Natagora) était consacrée aux prairies et au traquet tarier. J’avais contribué à ces articles, puisqu’à ce moment-là les Réserves Naturelles-RNOB lançaient deux programmes majeurs de conservation des prairies de fonds de vallées dans le bassin de la Sûre et dans l’est du pays. Le traquet tarier, l’oiseau tant chéri des prairies de fauche, en était l’emblème. Au- jourd’hui, on le nomme le plus souvent le tarier des prés. Il est l’objet d’un article passionnant dans cette livraison de votre magazine favori par Antoine Derouaux, Emmanuël Sérusiaux, ainsi que d’un petit dossier à destination des enfants. Président Le déclin de cette espèce est épouvantable. En 1928, G. C. M. van Havre, dans son ouvrage « Les oiseaux de la faune belge », le qualifiait de très commun. Il en reste peut-être 200 couples aujourd’hui, tous dans l’est du pays, dans le domaine militaire d’Elsenborn et dans les réserves naturelles, dont celles de Natagora. Le tarier des prés est une espèce des prés de fauche non ou peu amendés et sur- tout fauchés à l’ancienne, c'est-à-dire pendant les grandes vacances. Surtout pas avant, comme cela se fait couramment aujourd’hui dans les prairies amendées, fauchées très tôt pour fabriquer un tourteau dont on nourrit le bétail. Le tarier des prés est emblématique de ce scénario infernal d’intensification des pratiques agricoles qui, sans même poser de problèmes environnementaux par- ticuliers, ont ruiné la flore et la faune de nos campagnes. Avancer la date de fauche, au moment où les plantes poussent encore et n’ont pas atteint leur flo- raison, est ce qui peut arriver de pire à un milieu : ne pas être à même d’avoir le temps de boucler son cycle annuel. L’herbe pousse, et la barre de fauche passe et passe encore, avant que les fleurs s’épanouissent, que les papillons s’envolent et que les jeunes oiseaux aient quitté leur nid. La biodiversité des prairies s’est ainsi effondrée totalement. La nature dans les milieux agricoles constitue un axe stratégique du plan Natago- ra 2020. C’est effectivement la priorité absolue de toute politique de conservation de la nature dans nos régions. Tout est en train de s’en aller : alouettes, perdrix, linottes, hirondelles, et tant d’autres espèces. Natagora s’est attelé à la tâche et lance ainsi un appel à partenariat avec tous les agriculteurs, et je souligne bien : tous les agriculteurs. Nous avons besoin de cam- pagnes, de labours, de prairies et nous avons besoin d’eux pour que ces milieux existent encore demain. Nous demandons à ce que la flore et la faune sauvages y soient toujours. Soient toujours bien là. le magazine #74 1
devine qui papillonne au jardin tez les Comp lo n s papil de vos autour orties Mal-aimée, l’ortie est pourtant une plante de premier choix. Elle sert notamment de repaire à de nombreux papillons chatoyants. Gardez-en un bouquet au jardin en prévision de « Devine qui papillonne au jardin », le recensement annuel de Natagora ces 30 et 31 juillet. Pouvant atteindre plus des chenilles qui vivent en d’un mètre de haut, la groupe. Dotées d’un appé- grande ortie est souvent tit vorace, elles dévorent la perçue comme une mau- plante hôte jusqu’à la fin vaise herbe à exclure de de leur croissance larvaire. nos jardins. Elle constitue pourtant une ressource in- Au dernier stade larvaire, dispensable au développe- les chenilles se séparent à ment et à la survie de plu- la recherche d’un lieu pro- sieurs insectes. Les plus pice pour leur nymphose. remarquables sont une Les capacités de survie et série de papillons appar- de reproduction du papillon tenant au genre des « va- émergeant de sa chrysalide sont directement liées aux nesses ». On y retrouve le ressources stockées durant paon du jour, la petite tor- les stades larvaires. Ces tue, la carte géographique, ressources sont majoritai- le Robert-le-diable, la rement apportées par la belle dame et le vulcain. plante hôte, l’ortie, d’où son Ces beaux lépidoptères, importance pour le cycle de parmi les plus connus, vie de ces deux espèces de utilisent l’ortie dioïque papillons communs. comme plante hôte. Laisser un peu de « pi- En période de ponte, les quant » – de préférence femelles du paon du jour exposé au soleil – est un et de la petite tortue – deux geste simple et facile pour espèces « communes » faire entrer la biodiversité en déclin démographique dans votre jardin. Et n’ou- dans nos régions – volent bliez pas de nous commu- uniquement à la recherche 30 et 31 juillet niquer vos observations de d’orties. Elles y pondent papillons visitant votre jar- leurs œufs en amas au din le week-end des 30 et revers des feuilles. Ces 31 juillet 2016. Shutterstock feuilles constituent en- suite le régime alimentaire Mélanie Serruys natagora.be/papillons le magazine #74 2
nuit des chauves-souris Chauves-souris : un habitat fragmenté Cette année, la Nuit des Chauves-souris se déploie à nouveau sur plus de quarante sites. Natagora vous y invite à voir et écouter en famille ces animaux fascinants. Cette année, la thématique portera sur les barrières qui menacent leurs habitats : routes, lumières ou arrachage des haies. La fragmentation de l’habitat, public ont le même effet. qui menace de nombreuses Mais il est possible d’agir. En espèces, n’est pas la perte de tant que citoyen, on peut no- milieux, mais bien l’érection tamment éviter tout éclairage de barrières qui entravent les extérieur non lié à un détec- déplacements de la faune. Il teur de mouvement. Il est en résulte notamment une également intéressant de fa- inaccessibilité aux ressources voriser les haies et les aligne- et un manque de brassage ments d’arbres au jardin. Ces génétique. éléments linéaires servent de route de vol pour la plupart Les routes sont une cause des espèces de chauves-sou- majeure de la fragmentation. ris, mais sont aussi profi- De nombreuses espèces de tables à de nombreux autres chauves-souris au vol lent ne animaux. les traversent jamais. Elles sont à l’origine de collisions Pour mieux comprendre l’éco- directes. Leur bruit perturbe logie des chauves-souris, leur les espèces qui chassent à mode de vie et l’impact de l’oreille. La pollution chimique l’homme sur leurs habitats, diminue la diversité de leurs rendez-vous à une des nom- abords. Et leur éclairage fait breuses activités de la Nuit fuir de nombreuses espèces. des Chauves-souris, organi- Des solutions existent comme sées à travers tout l’espace les écoducs ou les tunnels sou- Wallonie-Bruxelles. Des spé- terrains, mais doivent être ré- cialistes passionnés vous les fléchies avec des spécialistes montreront, et vous feront pour avoir un impact réel. écouter leurs ultrasons au cours de balades nocturnes. L’arrachage des haies et l’uti- lisation à outrance d’éclairage Frédéric Forget es Partez à la découverte d nuit es- de ces animaux renversants ! a c is h u v Samedi 27 août 2016 natagora.be/chauvesouris s ou r Shutterstock le magazine #74 3
en bref du 22 au 25 septembre 2016 Photo: Ludo Goossens Expos Photos Nature & d’Art Animalier Dans les sites prestigieux du Vieux Namur 14e Concours Photos AVES Emotion’ailes Participez du 1er mai au 15 août 2016 Plus de 10.000 € de prix, un des concours les mieux dotés d’Europe w w w.exposave s.be Natagora collabore Une aide pour à la revue Science planter vos haies ! Une étude est parue il y a peu Vous êtes propriétaire d’un terrain que vous souhai- dans la prestigieuse revue tez délimiter par une belle haie riche en biodiversité ? « Science ». Elle se base sur des Vous êtes agriculteur et souhaitez poser des haies milliers d’observations menées pour profiter de leur effet barrière et peut-être bénéfi- en Europe et aux Etats-Unis et cier de primes agri-environnementales ? Le LIFE Pays démontre clairement l’impact mosan peut vous aider, par exemple dans les aspects des changements climatiques techniques, l’achat des plans ou la pose des clôtures. sur les populations d’oiseaux Les haies jouent en effet un rôle important dans la communs. En Wallonie, Aves, préservation des terrains de chasse des chauves- le pôle ornithologique de souris, dont quatre espèces sont concernées par le Natagora, y a été associé projet. Mais elles exercent également d’autres rôles puisque les observations wal- primordiaux au niveau de l’eau, du vent et du sol et lonnes sont directement utilisées dans favorisent une importante diversité biologique. l’analyse. C’est une reconnaissance importante pour les dizaines d’ornithologues qui participent à la sur- Le projet vise donc à restaurer le réseau bocager du veillance de la biodiversité. « Pays mosan », en s’appuyant sur de nombreux propriétaires, publics ou privés, conscients des im- Jean-Yves Paquet, directeur du département Études portants aspects paysagers et écologiques des haies. de Natagora et co-auteur de l’article, déclare : « En N’hésitez pas à prendre contact avec l’équipe du Belgique, d’après cette analyse, sur 80 espèces LIFE si vous désirez plus d’informations. nicheuses communes, 67 sont prédites comme impactées négativement par les changements clima- Infos : Thierry Ory tiques et seulement 10 sont prédites comme allant lifepaysmosan@natagora.be – 0474/56 86 62 évoluer positivement. » www.lifepaysmosan.eu le magazine #74 4
en bref Formation Jean-Marie Winants animateur nature à l’Aquascope Virelles À l’intention des jeunes de 16 à 27 ans, Jeunes & Nature organise une formation à partir de septembre à Bruxelles (Mundo-B) et Namur (Mundo-N). La fré- quence des cours est d’une soirée par se- maine durant l’année scolaire auxquels s’ajoutent 6 sorties (sa- medi ou dimanche), un week-end en résiden- tiel au printemps et un stage de 10 jours en été. Illustrateur et photographe animalier, Jean-Marie La formation fournit des connaissances naturalistes Winants joue du dessin comme l’écrivain des mots. de base et des outils et techniques pédagogiques de Il vous invite à découvrir les illustrations originales l’Éducation relative à l’Environnement afin de pouvoir du livre « La Légende du Marais ». Un univers où se animer des groupes d’enfants et d’adultes dans la na- croisent martin-pêcheur, bécassine des marais, hé- ture. Elle donne droit à un brevet d’animateur nature ron cendré et aigrette garzette. Des paysages où les reconnu par la Fédération Wallonie-Bruxelles. chaumières sortent de terre comme par magie entre marécages et saules têtards. Une exposition à ne pas Pour toute information complémentaire et/ou pour rater du 9 juillet au 4 septembre ! recevoir le bulletin d'inscription : info@jeunesetnature.be – 02/893 10 57 Infos : Aquascope Virelles www.jeunesetnature.be 060/21 13 63 – www.aquascope.be CoDT : le dossier suivi au plus près Après 8 mois de débats en commission parlementaire, le Code du Développement Territorial (CoDT) a été soumis au Parlement wallon le 8 juin dernier. Lors de cette séance plénière, plus de 160 amendements ont été déposés. L’avis du Conseil d’Etat a été sollicité et l’adoption définitive du texte est donc reportée à mi- juillet 2016. Pour rappel, ce texte primordial pour l’aménagement du territoire, a mobilisé plus de 16 000 signataires en quelques semaines, réclamant de rendre à la nature et au paysage leurs droits en Wallonie. Le ministre Di Toutefois, la majorité de nos revendications seront trai- Antonio lui-même était signataire de cette pétition. Avec tées dans les arrêtés qui doivent suivre le texte décrétal. 7 autres associations naturalistes, nous y formulions Beaucoup d’incertitudes demeurent donc tant que nous plusieurs demandes. n’aurons pas pu prendre connaissance de ces textes essentiels. Nous préparons des propositions concrètes à A l’analyse des amendements déposés, on constate insérer dans les arrêtés, qui seront rapidement soumises certaines avancées, telles que la réintégration d’une au Gouvernement wallon. Nous ne manquerons pas de demande de permis pour les haies et allées d’arbres. communiquer à ce sujet. Restez attentifs ! le magazine #74 5
militance #NatureAlert : l’UE sous pression Mais que fait la Commission européenne ? Depuis plus d’un an, Natagora suit de près un dossier européen primordial : l'évaluation des directives « Oiseaux » et « Habitats », piliers de la législation nature dans l’Union. Celui-là même qui a vu plus de 500 000 citoyens, dont 40 000 belges, se mobiliser pour dire : « ne touchez pas à ces directives, veillez plutôt à les mettre correctement en place ». Benjamin Legrain A ujourd’hui, tout le monde s’est prononcé. Le Parlement européen, de nombreux états membres, et même le bureau d’ex- perts chargé d'évaluer les directives sont unanimes : la législation est par- faitement adaptée mais actuellement encore mal ou partiellement mise en œuvre pour pouvoir produire tous les résultats attendus. Or, malgré toutes les preuves, la Com- mission retarde encore et encore la sortie de ses conclusions. On soup- Le ministre Collin a rappelé çonne différents lobbys (agriculture, l'engagement de la Belgique mines, pêche…) de faire pression di- à soutenir les directives. rectement sur Jean-Claude Juncker. Photo : Benjamin Legrain Le processus se déroule dans la plus grande opacité, questionnant les Karmenu Vella (à gauche) principes démocratiques de l’Union et Ariel Brunner de BirdLife européenne. La Commission ignore (à droite) Photo : Commission européenne en effet la position du Parlement, élu par les citoyens. en présence de plusieurs médias, la plante provenant d’un site Natura Mais Natagora ne reste pas les bras position ferme de la Belgique : « Il ne 2000. Karmenu Vella, le commis- croisés. Sur les réseaux sociaux, nous faut pas revoir les directives ». saire européen à l’environnement avons interpellé les commissaires est venu poser à notre bar avec un Vella et Timmermans via une action Fin mai, Natagora, Natuurpunt et responsable de BirdLife, ainsi que « Thunderclap », et nous continuons BirdLife étaient présents à la Green plusieurs autres décideurs euro- à diffuser le #NatureAlert. Le 21 mai, Week, organisée par la Commission péens. Nous prenons cela comme à l’occasion de la journée Natura européenne pour aborder les thé- un engagement ferme et appelons la 2000, nous avons invité le ministre matiques nature. Nous y avons dis- Commission à enlever ses œillères et Collin à visiter une de nos réserves tribué… des bières, brassées avec sortir de son mutisme ! naturelles. Il y a clairement rappelé, du piment royal (Myrica gale), une le magazine #74 6
Ornithologie | Entomologie | Herpétologie | Botanique | Éthologie | Photographie Parce qu’on n’apprend pas tout dans les livres. Infos e t inscrip tions : www.n atagora formati .be/ ons Les Formations-Nature de Natagora : toujours plus de terrain, toujours plus de passion. www.nature-terroir.com A. Derouaux « Voyagez Nature ! » 10-18/9 Migrations en BULGARIE 1620€ 30-31 La Via Pontica utilisée par des milliers de migrateurs juillet 18-25/9 Les Picos de EUROPA 750€ Les ateliers Pics majestueux au royaume du loup et de l’aigle royal brins de savoir 24/9-1/10 ABRUZZES – Italie 24/9-1/10 Spécial Ours en BULGARIE 1620€ Ours brun mais aussi grands Tétras, Gélinotte des 1190€ Ours, loups et brame du cerf au centre de l’Italie INITIATION AUX INSECTES bois, Pic à dos blanc, Chouette de Tengmalm… Apprenez à identifier et à accueillir ces hôtes 24/9-9/10 TAIWAN, la luxuriante 4290€ indispensables au jardin naturel comme au potager. Végétation luxuriante et vie animale abondante Outre la simple détermination, partons ensemble à la découverte de la notion de comportement au travers, 2-9/10 Le VERCORS – France 880€ Brame du cerf, bouquetin, chamois, mouflon, cervidés notamment, de l’abeille (apprentissage des bases de l’apiculture, visites de ruchers, dégustation de miel). 11-16/10 PAYS-BAS – spécial Twitch 720€ Vincent vous accueille dans sa petite maison ardennaise A la recherche des oiseaux rares (Lamorménil/Manhay). ENSUITE : Sud Maroc, Éthiopie, Sénégal, Camargue, Delta de l’Evros, Réveillon à Saint Hubert 75 € (70 € pour les membres Natagora). Possibilité de logement. Lic A 5312 NATURE ET TERROIR • contact@nature-terroir.com Info et réservation : Place Communale 20a • B-6230 Pont-à-Celles vincent.louwette@natagora.be – 0494/03 73 97 tél. +32 (0)71 84 54 80 • fax +32 (0)71 84 54 84 le magazine #74 7
ça s'est passé chez nous Où s’est caché le printemps ? André Burnel et Jean-Yves Paquet Huppe fasciée à Bruxelles. Photo : Bernard Pasau Gorgebleue à Hollogne. Photo : Serge Debrus Héron pourpré à Hollogne. Photo : Serge Debrus D Merci à tous ceux et es températures particulière- cet épisode glacial. Et, fin mai, ce fut celles qui alimentent ment basses lors de la der- le déluge dont les conséquences ne nière décade d’avril ont en- peuvent encore être analysées lors de les chroniques traîné une mortalité assez importante la rédaction de cette chronique. Com- naturalistes en au niveau des hirondelles rustiques mençons par une bonne nouvelle : la encodant leurs qui étaient particulièrement pres- nidification à Virelles de la cigogne sées de retrouver leur site de nidifi- blanche. Deux cigogneaux sont nés découvertes sur cation favori. Des nichées précoces le 18 mai. Espérons une suite plus www.observations.be de mésanges ont aussi souffert de heureuse que l’année dernière. le magazine #74 8
ça s'est passé chez nous Au niveau événement, on ne peut Un bijou du mois de mai manquer d’évoquer la halte hors du Pour qui cherche dans les pattes des vaches, près des zones humides commun des migrateurs le week-end ou dans les terres de culture, il est possible d'observer en mai une du 1er mai au plateau du Gerny. Une jolie variante de notre bergeronnette printanière, la bergeronnette nor- centaine de limicoles de huit espèces dique ou, selon son nom scientifique, la « thunbergi ». Elle se recon- différentes, des rapaces, des cailles, naît, du moins chez le mâle, à sa calotte d'un gris-bleu très foncé, à 120 traquets motteux et d’autres ses lores (zone comprise entre l'œil et la base du bec) sombres et au passereaux comme les deux gobe- sourcil presque toujours absent. Cette sous-espèce se reproduit en Scandinavie et en Sibérie. mouches sur des tas de fumier. Ce plateau a aussi accueilli un bruant Il n'y a en fait pas beaucoup d'exemples où plusieurs sous-espèces à calotte blanche, une espèce très d'une même espèce sont identifiables et facilement observables sur le terrain dans notre pays. Si on examine les données parvenues à la rare de Sibérie et de l’Oural, du 7 au Centrale Ornithologique Aves, on s'aperçoit qu'il y a une forte diffé- 23 mai. D’autres raretés ont aussi rence de phénologie entre la bergeronnette printanière nordique et la égayé la période : un busard pâle le sous-espèce nominale. 14.04 à Houtaing et le 27.04 à Bran- Alors que la bergeronnette printanière « flava » (celle qui niche no- chon-Jandrain, une buse pattue le tamment en Belgique) nous revient dès le début avril, la bergeron- 16.05 à Lierneux, un aigle botté les nette printanière « thunbergi » ne commence généralement à être 17 et 19.05 à Harchies ainsi que le observée en Wallonie qu'après le 20 avril. Sa fréquence d'observation 20 à Villers-sur-Lesse, un monticole culmine autour de la mi-mai pour s'achever brusquement dès la fin de roche le 6.05 à Nismes, une lo- du mois. Elle est très rare en juin. Sa période de présence est donc custelle fluviatile à partir du 20.05 beaucoup plus étroite que pour la flava. Même au moment de son pic de passage à la mi-mai, la thunbergi ne représente cependant que aux Abattis (Villers-sur-Semois/ 20 % des observations de bergeronnettes printanières en Wallonie. Etalle) ainsi qu’un pouillot ibérique à partir du 17 mai à Esneux. En fait, la bergeronnette printanière nordique passe bien après la sous-espèce plus méridionale, puisque son habitat plus nordique n'est « disponible » que plus tard en saison. Terminons par quelques densi- tés ou nombres remarquables : 58 Autre particularité, dans notre pays, cette sous-espèce est beaucoup mouettes mélanocéphales le 24.04 à moins fréquente en automne qu'au printemps : même lors de son pic de présence post-nuptial, à la fin août, la sous-espèce nordique Harchies où pas moins de 500 nids ne représente que moins de 10 % des données de bergeronnettes de mouettes rieuses ont été dénom- printanières. brés le 13 mai. Bonne nouvelle éga- lement pour le rougequeue à front Pour en savoir plus : http://blog.aves.be/aves/2016/5/2/la-bergeronnette-nordique- blanc avec de nombreux individus un-bijou-du-mois-de-mai en halte en région liégeoise et en Ardenne ainsi que des présences relevées dans de nombreux carrés lors de la prospection pour l’atlas européen. Bergeronnette printanière nordique Photo : René Dumoulin Intéressé(e) par de l’information Volume 53/1 – mars 2016 ornithologique plus complète et plus détaillée ? Le bulletin Aves est pour vous ! Pour le recevoir, Bulletin trimestriel Aves, pôle ornithologique de Natagora asbl Rue Fusch 3 – 4000 Liège Dépôt Liège X – P302132 voyez en page 33. le magazine #74 9
en couverture Franck Renard Le tarier des prés en danger critique Antoine Derouaux, Gerhard Reuter et Jean-Paul Jacob ge de Un ouvra à se référence la S’il orne la couverture de l’Atlas des Oiseaux nicheurs de à procurer oise L ié ge Wallonie, ce n’est pas sans raison. Le tarier des prés, un petit Maison nement n v ir o n de l'E verture (voir cou ). passereau au plumage brun, est actuellement en danger arrière critique d’extinction en région wallonne alors qu’il était très commun au début du 20e siècle. L À la recherche de ’intensification de l’agriculture semble être la première cause du déclin du tarier des prés. À prairies de qualité nos frontières, la chute des popula- tions est aussi drastique. Natagora et Le tarier des prés occupe essentiellement les prés à foin Aves-Ostkantone, avec le soutien de peu fertilisés, tant dans les milieux humides que secs. Les la Wallonie, tentent depuis quelques fonds de vallée et les versants lui conviennent bien si la années de maintenir l’espèce, avec végétation herbacée est variée et fauchée tardivement. un certain succès. Quelques prairies pâturées extensivement en mosaïque avec les prés de fauche sont également appréciées. À El- De la mi-avril à la mi-mai et en fin d’été, senborn, on le trouve dans les prairies à fenouil des Alpes on peut croiser ce petit passereau un peu partout chez et les landes à callune. Mais une petite prairie isolée ne lui nous, surtout dans les zones ouvertes. Mais ce ne sont que suffit pas, il faut un vaste ensemble d’habitats favorables des migrateurs. Au printemps, les nicheurs sont nettement (plusieurs dizaines à plusieurs centaines d’hectares) pour plus rares et cantonnés à quelques sites ardennais. qu’une population viable s’installe ou se maintienne. le magazine #74 10
en couverture Insectivore chassant à l’affût, le tarier des prés (ici un mâle) apprécie les perchoirs lui donnant une vue dégagée sur les prairies alentour. On le voit donc régulièrement posé sur un piquet, une ombelle ou un chardon. Photo : René Dumoulin L’évolution de ces prairies, depuis les années 1960, n’a pas Comparaison de l'évolution du tarier des prés en Wallonie tourné en faveur de l’espèce, bien au contraire. L’utilisation entre les Atlas 1973-1977 et 2001-2007 de fertilisants, le remembrement qui a modifié fortement le Source : Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie, Aves et DEMNA, 2010. paysage, l’augmentation de la charge en bétail, l’avance- ment des fauches, l’apparition des techniques d’ensilage, la conversion des prairies en cultures de maïs, l’urbanisa- tion croissante sont parmi les causes qui expliquent une réduction de 83 % de l’aire de nidification et 75 % des couples nicheurs en 30 ans (1977 à 2007). La prédation et de mauvaises conditions climatiques au moment de l’élevage des jeunes peuvent aussi affecter la productivité et diminuer les populations déjà fragiles. Le Hainaut, le Condroz et la Famenne ont été progressivement désertés. Rudi Dujardin La Lorraine n’accueille plus que 3 couples à Messancy, la population y est en sursis. Une grande partie de l’Ardenne est aussi concernée par la disparition de l’espèce. Site de nidification dans la vallée de la Semois, en Gaume. hormis Lequelques tarier couples des présquine subsistent à Cul-des-Sarts se maintient en fait (Thiérache). que dans les misé les parcelles, les Hautes Fagnes,bonifié grâce les notamment terres, notamment par le de aux projets drainage res- En 1997, dans le reste du massif, 20-30 couples nichent dans le des prairies humides. Enfin, l’enrésinement des vallées, l’évolution cantons de l’Est. Sur les 200 à 210 couples nicheurs tauration menés sur le site. bassin de la Sûre/Haute-Ourthe et 200-250 autres de Thommen à naturelle des prés abandonnés, la prédation accrue (principalement en Wallonie en 2008, il y en a entre 130 et 140 dans Elsenborn, dont 106 au seul camp militaire d’Elsenborn. Entre ces imputable aux Corneilles noires) et des conditions atmosphériques le camp deux pôles, militaire des Tariers d’Elsenborn. des prés La vallée se cantonnent encorede dansla leRoer haut ac- parfois Les couples sont très défavorables, comme fidèles en à2006 leursetsites 2007,deont nidification, aggravé les bassin cueillait de l’Ourthe,40près couples en 2011 de Houffalize. En et 54 enles2012. Lorraine, bassinsLesduval- problèmes il est trèsrencontrés difficile de parfaire revenir l’espèce. desrésulte Il en oiseaux une dans des productivité Ton et de la Vire, le Pays d’arlon, une partie du bassin de la Semois et annuelle le plus souvent insuffisante lées de la Warche et de l’Emmels n’abritent plus que habitats réhabilités s’ils ont été désertés les années pré- pour compenser la mortalité de l’attert sont désertés quelques aprèset1997. couples Les résultats le déclin de l’atlas semble montrentPlus naturelle continuer. cédentes.(L. Schmitz, in litt.important Il est donc ). À ce jour, de les maintenir efforts de conservation en place lessur que l’espèce se maintient à Elsenborn et dans la vallée de la Rur le terrain (réserves naturelles, mesures agro-environnementales*) positif, quelques couples commencent à s’installer dans derniers bastions wallons de l’espèce. mais continue à se raréfier ailleurs. Elle est probablement éteinte en n’ont pu enrayer le recul. Seule la population du camp militaire Thiérache et en danger critique en province de Luxembourg (moins d’Elsenborn se maintient et augmente même, grâce à une gestion de 20 couples en 2009). le magazine judicieuse#74des prés semi-naturels et des landes. Pour l’essentiel, l’évolution de l’agriculture est considérée 11 comme responsable du déclin 52. En Wallonie, la diminution des Jean-Paul Jacob et alain De Broyer
en couverture La femelle du tarier des prés arbore les mêmes tons que le mâle mais moins contrastés. Photo : Jean-Marie Poncelet Des mesures favorables à adopter Combinaison gagnante en Depuis 2011, la Wallonie soutient un projet de mise en place de mesures favorables à l’espèce dans sa zone de nidification. Une phase de sensibilisation a eu lieu auprès 9 actions Les agriculteurs peuvent mettre en place des mesures agri-environnementales spécifiques des agriculteurs concernés afin qu’ils soient conscients pour le tarier des prés. Il y a 9 points à appliquer que leurs prairies et leur manière de les gérer ont un inté- pour répondre au cahier des charges et bénéfi- cier d'une indemnisation. rêt biologique très élevé. Parallèlement, une étude de la population de la vallée de la Roer a été menée pour déter- miner au mieux la période de reproduction des tariers lo- maintien de maintien maintien de l’ouverture du caux et la localisation des nids. Le projet, porté par Gerhard du caractère l’humidité du site milieu (éviter herbagé (pas de drainage) le reboisement Reuter (Aves-Ostkantone) et Natagora, a permis de ré- naturel) unir divers acteurs du monde rural pour implanter des mesures agri-environnementales (MAE) dans les prairies maintien de possibilité adjacentes à celles encore occupées par l’espèce et satu- fauchage zones refuges d’un pâturage tardif après le importantes lors extensif en fin rées par le nombre de couples nicheurs afin d’augmenter 15 juillet du fauchage de saison les surfaces favorables au tarier. Les oiseaux de la vallée de la Roer ont été suivis quoti- Aucune interdiction maintien de diennement entre 2011 et 2014 (avant et après la mise utilisation de de pratiquer le perchoirs en fertilisants sursemis nombre en place des mesures) sur plusieurs centaines d’hectares de prairies favorables. Cela a permis de dénombrer tous les couples nicheurs, de connaître le nombre de jeunes à le magazine #74 12
en couverture Dans deux de nos réserves (l’Emmels à Saint-Vith et la Vallée de la Warche à Bullange), le tarier des prés constitue une priorité dans le plan de gestion. Outre de gros travaux d’abattage de pessières, les prairies (parfois recréées) sont fauchées après le 15 juillet par des agriculteurs locaux. Le maintien de perchoirs (ombellifères) est assuré en respectant une mosaïque fauché/ non fauché. Certaines parcelles Gerhard Reuter sont aussi pâturées très extensivement par des vaches de Gerhard Reuter race rustique en fin d’été pour limiter le boisement. Les agriculteurs impliqués dans la gestion de nos réserves sont ainsi sensibilisés et peuvent appliquer ces mesures à leurs parcelles. l’envol et surtout les dates d’émancipation des nichées. Il La conservation du tarier des prés dépend d’une mise en apparaît que, sur 24 couvées suivies, 5 familles volaient œuvre de diverses mesures, avec pour acteurs les agri- au 1er juillet et tous les jeunes (113 en tout) étaient partis culteurs et les gestionnaires de réserves naturelles pour au 7 juillet. Cela montre bien l’importance de faucher très la gestion des prairies. La restauration des fonds de vallée tardivement (après le 15 juillet idéalement pour anticiper (déboisements, protection des bords de cours d’eau…) de possibles retards comme des pontes de remplace- grâce à des projets importants (projets LIFE notamment), ment) les parcelles pour que les tariers puissent se repro- permet d’étendre les zones favorables. duire. Mais faucher au 15 juillet c’est aussi permettre à une multitude de plantes et d’insectes de boucler leurs Sur 550 agriculteurs contactés dans les Cantons de l’Est, cycles vitaux complètement, faisant de ce tarier une 83 ont adhéré à ces MAE. Dans la vallée de la Roer, ce espèce parapluie pour les prairies. Une gestion qui lui sont 25 agriculteurs qui ont mis en zone de protection est favorable est bénéfique pour de nombreuses autres 53 ha supplémentaires. Cette augmentation de la surface espèces (râle des genêts, pipit farlouse, cuivré de la bis- favorable a permis d’augmenter de 32 % le nombre de torte, cuivré des marais…). couples nicheurs en 3 ans ! Cela montre que, dans ce contexte, il est possible d’arriver à des résultats favorables Le nid du tarier des prés se situe toujours au sol. La à la conservation de la nature si les principaux acteurs femelle le construit seule. Elle creuse une petite dépres- sont impliqués. Il faut aussi s’y prendre dans les temps, sion dans le sol, souvent sous un touradon ou une touffe avant une disparition totale de l’espèce ou de ses habitats. d’herbe et y aménage le nid. Les jeunes quittent souvent celui-ci avant de savoir voler et restent cachés dans la Ce projet, qui intègre clairement les agriculteurs dans la végétation dense durant quelques jours avant de se mon- conservation d’une espèce, est devenu un cas d’école trer et de voleter de perchoir en perchoir. Si la fauche a pour les gestionnaires de milieux, notamment en Alle- lieu durant la couvaison ou l’élevage des jeunes, le nid magne et au Grand-Duché de Luxembourg où la méthode est détruit et, si pas, il est à la vue des prédateurs qui a été présentée lors de différents colloques et dans des s’en chargeront. publications régionales. le magazine #74 13
entomologie Le souverain de nos insectes Magalie Tomas Millan Jean Rommes Magalie Tomas Millan DÉBUT D'ÉTÉ... PARMI LES PLANTES AQUATIQUES DE L'ÉTANG, UNE GROSSE LIBELLULE S'AFFAIRE É tymologiquement « chef » ou À PONDRE. SA TAILLE QUI SUSCITE LA CRAINTE « héros », l'anax empereur est la plus grande espèce de libel- PARMI LES INSECTES NE L'EMPÊCHE PAS D'ÊTRE lule de nos régions : le thorax d'un CONVOITÉE PAR UNE GRENOUILLE AUX AGUETS vert lumineux et mat est prolongé SOUS LA SURFACE DE L'EAU... d'un abdomen, azur chez le mâle et vert ou vert bleuâtre chez la femelle, inlassablement par beau temps son La mare de l'empereur à bande longitudinale noire et pou- domaine, duquel il repousse ses vant atteindre 6 cm de long. L'enver- congénères. Lorsque l'appétit se L'anax empereur est peu exigeant. Il gure des ailes légèrement lavées de fait sentir, un simple écart dans sa vole au-dessus de tous types d'eaux brun jaune mesure 11 cm. course habituelle lui permet de cueil- stagnantes et peut s'y reproduire, lir au passage un taon étourdi, une même en milieu urbain. La mare que mouche vagabonde, voire même une Natagora a contribué à créer dans le Élégance, force demoiselle ou un papillon. La pour- jardin naturel de Mundo-B à Ixelles, et vol soutenu suite n'est jamais très longue, happer n'a pas tardé à être colonisée par D'un vol calme, majestueux, infa- au vol l'insecte le plus rapide n'est cette libellule pionnière. Lors d'une tigable, l'anax empereur surveille pour lui qu'un jeu. année faste, de nombreuses exuvies le magazine #74 14
entomologie accrochées à leur support végétal Les anax ont témoigné du dynamisme de ce maintiennent splendide insecte. Une telle abon- souvent l'abdomen dance ne constitue cependant pas légèrement arqué vers le bas. un luxe. Conditions météorologiques Photo : Jean-Marie défavorables, prédateurs et parasites Winants les plus variés se chargent de réduire sensiblement l'espérance de vie des Exuvie (dépouille libellules : 50 % d'une colonie d'anax larvaire) d’anax empereur. empereur disparaissent au terme de Photo : Magalie Tomas deux semaines d'existence, ayant à Millan peine eu le loisir d'étrenner leurs or- ganes reproducteurs flambant neufs. La période principale de vol se situe de la troisième décade de mai à la troisième décade d'août, avec un pic d'apparition début août. Recherchant préférentiellement les espèces végétales qui montent de- puis le fond en tiges innombrables pour former un véritable matelas à la surface de l'eau, la femelle de Mâle d'anax empereur ténéral l'anax empereur va y déposer ses (fraîchement émergé). La maturation oeufs au moyen d'une petite tarière, dure entre deux et trois semaines. Photo : Magalie Tomas Millan instrument de haute précision. De grandes différences existent dans Ponte en tandem d'anax napolitains. La selle bleue de l'abdomen est bien le développement des larves. Si les visible chez le mâle. oeufs ont été pondus les premiers Photo : Michel Garin jours de juin, les larves éclosent au début de juillet et, grâce à une crois- sance très rapide, peuvent effectuer encore avant l'hiver les nombreuses Si l'eau est necéssaire au déve- dernières décennies. En Angle- mues qui doivent les porter à l'état loppement larvaire de la libellule terre, la limite septentrionale de de larves-nymphes. Celles-ci atten- et à sa reproduction, les habitats son aire de distribution est remon- dront jusqu'au printemps suivant terrestres sont tout aussi indispen- tée de plus de 80 km depuis les pour éclore. sables en tant que zones de refuge années 60, ce qui est attribué au et de chasse pendant la phase de réchauffement climatique. L'anax Les larves écloses plus tard dans la maturation, quand l'imago nouvel- napolitain, une espèce voisine, qui saison verront leur développement lement émergé prend ses couleurs n'avait été observé qu'une seule arrêté par le froid et n'atteindront et acquiert son potentiel reproductif. fois en Belgique à Ixelles en août le dernier stade avant la métamor- 1884, a été revu à la fin du XXe phose qu'en été de l'année suivante. siècle. Observé une dizaine de fois Des espèces Lorsque la température est élevée, au cours des années 1980, il est méridionales les émergences commencent le soir devenu un visiteur annuel depuis et s'achèvent avant l'aube, si bien En Europe occidentale, l'anax 1994 avant de se reproduire de que de nombreux adultes prennent empereur s'est considérablement manière régulière dans notre pays leur envol de nuit. étendu vers le nord au cours des à partir de 2001. le magazine #74 15
photo nature Apprendre à photographier les insectes Gérard Frola, coordinateur de la formation Photo Nature Vincent Gavériaux, illustrateur naturaliste Claude Sottiaux, photographe naturaliste Claude Sottiaux le magazine #74 16
photo nature Vincent Gavériaux La magie du monde du « petit » vée du printemps et se laisse facilement tirer le portrait jusqu’aux premières gelées. Vous le trouverez en milieux Macrophoto !!! Un mot magique gage de découvertes et variés, jardin, bords de la route, friche... Un autre papil- d’émerveillement, une entrée immédiate dans un autre lon, comme l’aurore, sera observé sur une période beau- monde, méconnu, souvent inconnu, inquiétant ou enchan- coup plus courte, d’avril à mai, et dans des milieux bien teur. Par ses cours photos, Natagora ouvre la porte vers cet plus spécifiques comme les prairies à cardamines. Inu- univers peuplé de champignons, de mousses, de fleurs, tile, donc, d’imaginer photographier une aurore cet été, à d’insectes... Sujets ? Tout ce qui fourmille, trottine, rampe, l’orée du bois. volette, papillonne et vrombit, végète, fleurit, mousse, champignonne et bien d’autres. Pour le macrophotographe, Optimalisez votre recherche en balade en privilégiant les découvertes et aventures sont partout, dans les prairies et lieux attractifs comme la friche ou les coteaux calcaires, sous-bois, garrigues et rocailles, dans notre jardin où ce endroits idéaux pour photographier les papillons. Dans petit monde se ménage provisions, festins, rencontres, votre jardin, les plantes à fleurs indigènes telles la valé- conflits, histoires d’amour et sombres drames. Nous nous riane, le chèvrefeuille, la menthe, l’origan ou l’eupatoire focalisons ici sur les insectes, et les papillons en particulier. chanvrine seront autant de lieux d'accueil pour nos amis ailés. Agrémenter son jardin de quelques-unes de ces plantes est bénéfique pour tous. Les papillons y trouve- Avant tout, savoir où et ront refuge et nourriture, vous aurez de multiples occa- quand trouver les sujets sions de les photographier et, de plus, certaines de ces Avant d’immortaliser en photo la microfaune, il est impor- plantes comme la valériane, la menthe ou l’origan pour- tant de bien connaître son sujet. Prenons l’exemple du ront vous accompagner jusque dans votre cuisine pour papillon citron. Celui-ci, connu de tous, annonce l’arri- épicer vos plats. le magazine #74 17
photo nature vous Envie dela photo à adonnerture ? na sses velles cla Deux nou en octobre à s'ouvrent et à Namur. Bruxelles gora.be/ www.nata nphoto formatio Claude Sottiaux Trois manières très La profondeur de champ est la partie nette de l’image du différentes d’aborder la premier au dernier plan. Le choix de la faible profondeur de photographie d’insectes champ permet de composer une alternance de « flou/net » pour mettre en scène le sujet et accentuer l’aspect féerique À chacun sa manière personnelle d’aborder les sujets de cet univers subtil et intrigant. À l’inverse de Claude et Gé- et transmettre ses expériences. Vincent, Claude et Gé- rard, Vincent privilégie des grandes zones nettes. Il aborde rard, tous trois formateurs de la formation Photo Na- la photo d’insectes comme un explorateur naturaliste. C’est ture de Natagora, abordent la photographie d’insectes avec un compact expert qu’il fonce à l’abordage de ses su- différemment. jets. L’avantage du compact expert est d’avoir une énorme mobilité et d’offrir des perspectives très dynamiques grâce Claude pratique les pas feutrés et l’intrusion dans l’inti- à une grande profondeur de champ et un angle de prise de mité de ses sujets. Le nez dans l’herbe, on entre dans le vue très proche du sujet (parfois jusqu’à 1 cm). Connais- microcosme plutôt que de le surmonter, on découvre la sance naturaliste, habileté, persévérance et connaissance petite vie de nos sujets, émotions assurées… même si la très approfondie du matériel sont les secrets pour immorta- photo ne peut toujours être réalisée. Objectif macro et ba- liser les insectes avec cette approche naturaliste de la pho- gues allonges, les rapports alors accessibles permettent tographie rapprochée comme la pratique Vincent. de composer de « petits paysages » ou de cibler de minuscules sujets ou parcelles de ceux-ci. Adepte de la Pour Gérard, c’est l’émotion qui prime. Que ce soit à la lumière naturelle et de sa complexité, Claude cherche les recherche d’insectes dans des positions inhabituelles, ambiances « clairs-obscurs » des crépuscules et petits ou en privilégiant le contre-jour ou encore en explorant matins, les éclairages filtrés des sous-bois et clairières, des endroits où la lumière est plutôt discrète. De face, les luminosités nuancées du contre-jour. en plongée ou en contre-plongée, cela importe peu tant le magazine #74 18
photo nature que l’ambiance est au rendez-vous. Techniquement, il mouche en contre-jour, l’essentiel en photo est de prendre est équipé d’un appareil réflex plein format et un objec- plaisir ! Le plaisir de s’émerveiller chaque jour en obser- tif macro avec une très grande ouverture, permettant vant ces petits êtres ailés qui vrombissent et papillonnent. d’obtenir de très courtes profondeurs de champ. L’objec- tif est toujours calé à la même ouverture (f/2) et la mise Si l’émerveillement est toujours total, la responsabilité du au point est réglée pour en obtenir le plus gros grossis- photographe naturaliste et animalier est, de nos jours, de sement. C’est à main levée, sans trépied et pas à pas plus en plus essentielle. Les images que nous montrons que Gérard s’aventure à la recherche des ambiances. doivent aider à prendre conscience de la nécessité de Quand la communion entre l’insecte, la lumière et le pho- préserver les milieux naturels, leur faune et leur flore. Il tographe opère, c’est un résultat assez mélancolique et vaut mieux ne pas réaliser une image que de déranger mystérieux qui en ressort. Le choix de travailler en noir et des animaux. blanc accentue cette volonté de transmettre une émotion mélancolique et apporte une intemporalité à l’image. L'exposition de fin de cycle des élèves de la formation photo se déroulera du 1er au 3 L’essentiel est de se faire plaisir septembre dans la salle d'exposition du site Terra Nova à la Citadelle de Namur. Que vous arpentiez une friche en courant derrière le papil- Vernissage le jeudi 1er septembre de 18h à 22h. lon « belle dame » avec votre compact ou que vous vous Vendredi 10h-20h : exposition libre. couchiez dès l’aube dans votre jardin devant l’eupatoire Samedi 10h-20h : exposition avec activités chanvrine en attendant l’arrivée d’une aurore, ou encore, photo nature. que vous vous lanciez à la recherche d’une lumière gra- Programme : www.natagora.be/formationphoto phique pour récolter une image en noir et blanc d’une En partenariat avec la Citadelle. Gérard Frola Gérard Frola le magazine #74 19
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