LES DOSSIERS FNAU LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D'EMPLOIS ? - N 45 MAI 2019
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N° 45 MAI 2019 LES DOSSIERS FNAU L’emploi dans le commerce en France : de la vision nationale aux réalités territoriales LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ?
SOMMAIRE LE COMMERCE REPRÉSENTE DANS L’ÉCONOMIE FRANÇAISE PRÈS D’UN EMPLOI SUR CINQ ���������������������������������������������� 5 CE QUI EST OBSERVÉ : le volume d’emplois dans le commerce et les services commerciaux / les limites QUELS PROFILS D’EMPLOI ET DE SALARIÉS DANS LE COMMERCE EN FRANCE ? ����������������������������������������������������� 11 CE QUI EST OBSERVÉ : les conditions d’emploi dans le commerce et les services commerciaux UN SECTEUR CRÉATEUR D’EMPLOIS �������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 20 CE QUI EST OBSERVÉ : les évolutions de l’emploi salarié privé
LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? N° 45 3 ÉDITORIAL Les enjeux du commerce dans les territoires sont prégnants dans les pré- occupations des élus locaux qui les abordent sous différentes facettes : la dynamique d’emploi, l’accès des populations aux services, l’urbanisme et l’aménagement, l’attractivité et la qualité urbaine… L’activité commerciale apparait en profonde mutation sous l’effet de l’évo- lution des pratiques de consommation, du développement du e-com- merce, de « l’uberisation » et des stratégies des acteurs du commerce. Celles-ci apparaissent de plus en plus concentrées, financiarisées et orga- nisées en réseaux inscrites dans des stratégies globales plutôt que locales, dont les impacts territoriaux sont difficiles à anticiper, tandis que dans le même temps se diffusent aussi des modèles de circuits courts et de proxi- mité. Les frontières entre commerce et services sont devenues plus floues. Une approche prospective du commerce parait un exercice de plus en plus complexe, car les données et les grilles traditionnelles de lecture trouvent leurs limites pour objectiver des tendances fortement évolutives. Des zones d’ombre de connaissance des phénomènes ont été révélées dans les nombreux et récents rapports consacrés au commerce. Aussi la Fnau a-t-elle décidé de travailler avec son réseau sur les enjeux de connaissance des dynamiques commerciales. Cette publication est la première d’un tryptique sur l’emploi commercial. Le commerce est-il créa- teur d’emploi, quelles sont les disparités territoriales dans les dynamiques de création, de mutation ou de disparition d’emplois ? Quelles sont les spécificités de ces emplois suivant le type d’activité ? Notre démarche vise à faire le lien entre des tendances macro à échelle nationale et des dynamiques étudiées de manière fine par les agences dans les territoires afin d’offrir des outils de compréhension à l’ensemble des acteurs pour construire les stratégies locales. PATRICE VERGRIETE PRÉSIDENT DÉLÉGUÉ DE LA FNAU MAIRE ET PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ URBAINE DE DUNKERQUE
4 N° 45 LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? INTRODUCTION Argument décisif de bien des choix, l’emploi de centrer l’analyse sur les emplois présents vices commerciaux en France et des dyna- dans le commerce reste un sujet mal connu. dans les magasins, ceux directement en miques de l’emploi depuis dix ans (c’est l’ob- Ce secteur bénéficie pourtant d’une réputa- relation avec les clients dans les territoires, jet de cette première publication) ; tion positive quant à sa capacité à créer des en excluant ceux des sièges sociaux ou des • une analyse des évolutions de l’emploi emplois en grand nombre, pour ses qualités services connexes des enseignes. Le e-com- dans les territoires et des facteurs d’in- intégratrices vis-à-vis des personnes peu ou merce, ses enjeux et la manière dont il fluence (deuxième publication) ; pas formées et pour sa participation à la vie impacte désormais les territoires seront • une étude sur la localisation de l’emploi locale grâce à des emplois non délocalisables. également abordés. Le sujet est traité de (troisième publication). Mais que savons-nous de la place de ce sec- manière exploratoire, en raison de la diffi- teur d’activité dans l’économie, de ses spéci- culté à définir un secteur aux limites du Dans ce premier volet, l’objectif est de (re) ficités et de son impact sur l’organisation et la commerce et de la logistique, et qui, par dessiner les contours du paysage commer- dynamique des territoires ? conséquent, ne dispose pas de contours cial français, afin de disposer de références statistiques précis. communes à l’échelle nationale ; de mesurer Cette étude vise à interroger la place du la place prise par le commerce dans l’éco- commerce dans l’économie et son influence, Ces questions seront abordées en trois nomie ; de bien comprendre les spécificités en tant qu’activité présentielle et en matière temps et donneront lieux à des publications sociologiques des emplois et de vérifier si d’aménagement du territoire. Il ne s’agit pas successives : les dynamiques de création d’emplois dans d’étudier la filière du commerce, mais plutôt • un état des lieux du commerce, des ser- le commerce sont toujours d’actualité. UNE CONCEPTION ÉLARGIE DES COMMERCES ET SERVICES COMMERCIAUX La nomenclature des activités commerciales a La structuration de la nomenclature de l’étude Plusieurs sources de données ont été mobili- été définie par les agences d’urbanisme. Les répond à un double objectif : appréhender la sées pour approcher l’emploi dans le com- choix ont fait l’objet d’arbitrages s’appuyant question de l’emploi dans le commerce selon le merce (et sc) : sur des nomenclatures utilisées par les princi- type d’activités (ventes de biens ou de ser- • le recensement de la population (RP 2015) paux acteurs institutionnels intervenant dans vices) et selon la catégorie des biens et ser- de l’Insee pour estimer le volume global de le domaine du commerce (Insee, CCI…) et sur vices vendus (équipement de la maison, ali- l’emploi ; les retours d’expérience des agences partici- mentaire). La nomenclature est organisée sur • les Déclarations Annuelles des Données pantes dans le cadre de leurs missions d’obser- un principe de tableau à double entrée ; toutes Sociales (DADS 2015) pour la typologie des vation et de planification. les activités ont été classées selon : emplois ; • la dimension commerces/services, • la source Acoss (Caisse nationale des Urssaf) Le champ d’analyse inclut le commerce de • dix catégories correspondant à la spécificité pour les évolutions d’emploi entre 2008 et détail, le commerce automobile, mais égale- des biens ou services vendus. 2017. ment les services commerciaux comme les Ainsi, chaque activité peut être appréhendée banques, les agences immobilières ou la res- sous l’angle commerces/services indépendam- Ces données ne peuvent être comparées entre tauration. Le choix d’intégrer ces activités a ment de la nature des biens ou des services elles, car leurs sources sont différentes, elles ne tout son sens au regard de leur logique d’im- échangés. Inversement, un indicateur pourra portent pas sur le même millésime (2015 dans plantation (rez-de-chaussée dans les centres être étudié par catégorie (alimentaire, loisirs…) les deux premiers cas, 2017 pour les données urbains, centres commerciaux, zones d’activi- sans distinction de la nature de l’activité (com- Acoss) et recouvrent des champs différents tés, secteurs de flux…) et de l’hybridation merces ou services). (emploi total, emploi salarié, emploi salarié croissante entre activités commerciales et de privé). service. Par souci de simplification, les com- Les activités commerciales et leur représen- merces et services commerciaux seront dési- tation dans l’étude © IAU ÎDF La nomenclature retenue permet de couvrir un gnés dans la publication sous le vocable « le large spectre d‘activités commerciales et commerce (et sc) ». Alimentaire d’identifier les emplois en « magasin ». Les effectifs dans les sièges sociaux des groupes La sélection s’est appuyée sur la Nomenclature Hôtellerie, bar, restauration de distribution ne sont pas comptabilisés. Cer- d’Activités Françaises (NAF) dans sa dernière taines entreprises du commerce peuvent éga- révision publiée par l’Insee en 2008 ; une cen- Banque, assurance, immobilier lement échapper au champ pris en compte si taine de postes a été retenue sur les 732 pré- elles sont classées dans d’autres codes NAF sents dans le niveau le plus détaillé. Ce référen- Santé, beauté, hygiène que ceux retenus par l’étude. C’est le cas par tiel étant utilisé par les principaux producteurs exemple de certains opérateurs de e-com- de données et d’informations économiques, Automobile, motocycle merce qui apparaissent dans les activités de l’analyse utilise les regroupements d’activités transport-logistique. À l’inverse, le périmètre de cet inventaire. Équipement de la maison retenu peut parfois intégrer des emplois de siège, des fonctions administratives. Dans le Équipement de la personne secteur bancaire notamment, les codes rete- nus correspondent essentiellement aux activi- Culture, sport, loisir tés des agences bancaires et d’assurances, mais la présence d’emplois administratifs n’est Vente hors magasin pas à exclure dans certains cas. Divers
LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? N° 45 5 Centre commercial à Euralille © VINCENT LECIGNE/MEL LE COMMERCE REPRÉSENTE DANS L’ÉCONOMIE FRANÇAISE PRÈS D’UN EMPLOI SUR CINQ CE QUI EST OBSERVÉ Le volume d’emplois dans le commerce et les services commerciaux : les données du recensement général de la population permettent de mesurer le nombre total d’emplois, en distinguant l’emploi salarié et non salarié. SOURCE : INSEE, RP 2015. Les limites : il s’agit d’une donnée déclarative. En France, on dénombre 4 750 000 emplois constituées de boutiques dédiées à la vente Un emploi non salarié sur quatre dans le champ élargi du « commerce », c’est- de produits à destination d’une clientèle de en France dans le commerce à-dire en comptant les activités de com- particuliers. Mais il inclut aussi aujourd’hui La très grande majorité des emplois du merce de détail (et sc). Ce chiffre recouvre de nombreux services commerciaux en commerce (et sc) est composée de salariés. l’ensemble des effectifs des magasins, mais plein développement. La frontière entre le Mais la différence avec d’autres secteurs n’intègre pas les activités des sièges commerce et les services commerciaux se d’activités réside dans la part importante sociaux. Il représente donc le noyau dur des fait de plus en plus floue. La tendance est à d’emplois non salariés. Elle atteint 18 % emplois de l’activité du commerce (et sc). une économie « de services » pour répondre Avec 18 % de l’emploi total français, il consti- à la demande des consommateurs, se diffé- Répartition de l’emploi tue le deuxième secteur d’activité écono- rencier et apporter de la valeur ajoutée, dans le commerce « élargi » mique devant l’industrie (3,2 millions d’em- plois) ou la construction (1,7 million). Il est notamment par rapport au e-commerce. L’hybridation entre commerces et services 82 % devancé par le secteur regroupant l’admi- prend des formes de plus en plus variées : emploi salarié nistration publique, l’enseignement, la santé personnalisation de produits, concept store 3 894 408 emplois et l’action sociale. mixant par exemple restauration et prêt-à- Le secteur du commerce se singularise par porter, accès à des services complémen- taires (ex. : location de chariot pour trans- 18 % son caractère composite avec des activités porter ses achats, services de conciergerie, emploi non salarié strictement commerciales, c’est-à-dire pressing ou librairie café…). 852 514 emplois
6 N° 45 LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? dans le commerce (et sc), ce qui représente un chiffre supérieur à la moyenne de l’éco- LES MULTIPLES VISAGES DE L’EMPLOI NON SALARIÉ nomie française (12 %), sans toutefois DANS LE COMMERCE (ET SC) atteindre celui de l’agriculture ou de la construction. Les 850 000 personnes recen- L’emploi non salarié est souvent mal connu. La vitrine sur rue, la part des micro entreprises sées comme non salariées se répartissent définition de l’OCDE indique que « l’emploi ne cesse d’y croître depuis la création du sta- de manière quasi égale entre commerces et non salarié recouvre les employeurs, les per- tut d’auto-entrepreneur en 2008 (ex. conduc- sonnes établies à leur compte, les membres teurs de voitures de tourisme avec chauffeurs services commerciaux. de coopératives de production et les travail- (VTC) ou livreurs de repas – Deliveroo, Uber leurs familiaux non rémunérés ». Alors que l’on Eats…). Le visage de l’emploi indépendant est L’emploi non salarié est présent surtout a tendance à considérer que ce segment de donc en forte évolution, il recouvre des situa- dans certains secteurs : il représente 20 % l’emploi est essentiellement composé de tions très variées et contribue à redessiner les chefs d’entreprises commerciales et artisa- contours d’un paysage commercial bien au- des effectifs dans l’automobile-motocycle nales « classiques », représentant des activi- delà du traditionnel clivage entre grande dis- ou la culture, sport, loisir ; un tiers des tés de proximité ou de production, ayant tribution, franchise et indépendant. emplois dans la santé, beauté, hygiène, avec notamment des spécificités dans la coiffure (43 % d’emplois non salariés) ou les soins Surface de vente et nombre d’emplois moyen selon l’activité commerciale en France de beauté (56 %). L’emploi non salarié atteint même près de la moitié des effectifs Surface Personnes ETP estimés dans la vente hors magasin qui regroupe la de vente occupées pour 1 000 m² vente sur les marchés, à domicile et cer- en m² en ETP de surface de vente taines activités de la vente à distance. Ensemble 250 5 20 Alimentaire spécialisé L’alimentaire spécialisé et l’artisanat com- et artisanat commercial 60 3 50 mercial sont les secteurs les plus pour- Alimentaire non spécialisé 740 15 20 voyeurs d’emplois rapportés à la surface de vente, d’après les données de l’Insee Loisirs, culture et technologies de l’information et de la 220 4 18 (enquête Points de vente 2014). Le nombre communication d’emplois en équivalent temps plein s’élève à 50 pour 1 000 m² de surface de vente, soit Équipement de la maison 490 5 10 cinq fois plus que dans un magasin spécialisé Équipement de la personne 180 3 17 dans l’équipement de la maison. Cela s’ex- Biens médicaux 100 4 40 plique par les fonctions de fabrication asso- Autres* 210 3 14 ciées à celles de la vente (boulangerie, pâtis- serie, traiteur…) qui n’existent pas dans la * Grands magasins, bazars, carburants, biens d’occasion, autres commerces de détail spécialisés plupart des autres activités commerciales. SOURCE : INSEE, DGFIP, ENQUÊTE POINTS DE VENTE 2014 Fromager à Brest © FRANCK BÉTERMIN/ BREST MÉTROPOLE
LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? N° 45 7 Les dix grands secteurs d’activité commerce (et sc) : les deux tiers de l’emploi dans le commerce et les services dans l’auto-moto concernent la vente des commerciaux en France véhicules légers et l’entretien ; les deux tiers SOURCE : INSEE des emplois de l’équipement de la personne sont dans l’habillement ; la moitié des effec- tifs de l’équipement de la maison se situe dans l’électroménager et le bricolage. Pour ce dernier, l’effet se conjugue avec une concentration des enseignes (68 % des emplois concernent les grandes surfaces de bricolage telles que les enseignes Casto- rama ou Leroy Merlin). Alimentaire 960 000 emplois Une première géographie 12 % d’emplois non salariés de l’emploi dans le commerce L’emploi dans le commerce (et sc) est rela- Hôtellerie, bar, restauration tivement concentré d’un point de vue spa- 862 000 emplois 19 % d’emplois non salariés tial : Paris et les aires urbaines1 de plus de 500 000 habitants représentent 46 % du total (en population, leur part est de 42 %). La moyenne en termes de densité d’emploi est de 72 emplois pour 1 000 habitants. Ce ratio peut être multiplié par trois, voire quatre, dans des territoires très touris- tiques, littoraux et montagnards (Morzine, Saint-Tropez, Quiberon, Bourg-Saint-Mau- Banque, assurance, immobilier Automobile, motocycle rice, Chamonix…). 726 000 emplois 486 000 emplois 9% d’emplois non salariés 18 % d’emplois non salariés Santé, beauté, hygiène La part de l’emploi commercial dans l’emploi 525 000 emplois total varie significativement d’une aire 29% d’emplois non salariés urbaine à une autre. En moyenne, ce taux s’établit à 18 % pour la France entière, mais il s’échelonne de 3 % à près de 50 %. Les ter- ritoires les plus « dépendants » de l’activité commerciale sont des aires urbaines de petite taille (moins de 15 000 habitants) et Équipement de la maison Équipement de la personne très touristiques. Dans de nombreuses sta- 386 000 emplois 266 000 emplois 14% d’emplois non salariés 16 % d’emplois non salariés tions littorales ou montagnardes, au moins un emploi sur trois se situe ainsi dans le sec- teur du commerce (et sc). C’est notamment le cas de Saint-Pierre d’Oléron, Bormes-les- Mimosas, Le Grau-du-Roi… Divers Culture, sport, loisir Vente hors magasin 219 000 emplois 196 000 emplois 122 000 emplois Ce sont de petites aires urbaines qui pré- 33 % d’emplois non salariés 21% d’emplois non salariés 46 % d’emplois non salariés sentent également les parts les plus faibles du commerce (et sc) dans l’emploi total. Ce sont des territoires sans vocation touristique majeure qui se distinguent soit par la pré- L’alimentaire, premier secteur e n se i g n es co m m e C a r refo u r c i ty, sence d’un employeur important (un indus- employeur dans le commerce Monop’Daily ou Franprix), elles ne sont pas triel, une centrale nucléaire, un site mili- L’alimentaire représente un emploi sur cinq comptabilisées dans les grandes surfaces taire…) dont le poids prépondérant dans dans le commerce (et sc). Sans surprise, les alimentaires, en raison de leur petite surface l’emploi relativise la place du commerce, soit hypermarchés et supermarchés sont les de vente et de leur implantation dans les par la proximité d’une polarité commerciale principaux employeurs (58 %). Dans ce sec- quartiers ou les centralités qui les dis- à fort rayonnement dans une aire urbaine teur très intégré, l’emploi est concentré tinguent, dans leur fonctionnement, des voisine. Plusieurs aires urbaines d’outre-mer chez quelques grands acteurs comme hypermarchés ou supermarchés. sont aussi dans ce cas. Auchan, Casino, Carrefour, Intermarché, Leclerc… Les autres grands pourvoyeurs L’hôtellerie, la restauration, et les bars for- 1. Selon la définition de l’Insee, un ensemble d’emplois dans l’alimentaire sont les bou- ment le deuxième pôle d’emplois du com- de communes, d’un seul tenant et sans enclave, langeries et pâtisseries (183 000 emplois). merce (et sc). Le pilier de ce secteur, avec constitué par un pôle urbain (unité urbaine) Elles devancent les supérettes et alimenta- près de la moitié des emplois (392 000), se de plus de 10 000 emplois, et par des communes rurales ou unités urbaines (couronne périurbaine) tions générales (58 000). Même si ces der- trouve dans la restauration traditionnelle. dont au moins 40 % de la population résidente nières appartiennent souvent à de grands Des concentrations d’emplois importantes ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans groupes de la distribution (avec des apparaissent dans certaines catégories du des communes attirées par celui-ci.
LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? N° 45 9 Dans les aires urbaines de plus de 200 000 Les frontières floues ticulièrement. Mais force est de constater, habitants, la part d’emploi commercial est du commerce : notamment avec le développement du souvent proche de la moyenne. La palette le cas du e-commerce e-commerce, que ce champ d’activité d’activités généralement présentes permet Avoir un décompte précis de l’emploi commer- concerne de plus en plus d’emplois que l’on d’avoir différents ressorts économiques et de cial dans chacun de ses segments est com- ne sait pas bien comptabiliser ni même clas- limiter l’influence du commerce dans l’em- plexe. Le cas de la vente hors magasin illustre ser. Appartiennent-ils ou non au commerce ploi. Quelques exceptions sont toutefois à parfaitement cette difficulté. Cette catégorie (et sc) ? Comment faire pour les estimer ? noter pour des aires urbaines transfronta- intègre la vente à distance, avec notamment lières : Genève-Annemasse, Nice et Bayonne. des enseignes historiques comme La Redoute Les circuits courts : une montée Dans l’aire urbaine de Genève-Annemasse, ou les 3 Suisses. Mais les chiffres n’intègrent en puissance difficile à évaluer 27 % de l’emploi se situe dans le commerce pas des entreprises faisant de la vente à dis- dans l’emploi (et sc), soit 9 points au-dessus de la moyenne tance comme les drives alimentaires (non Avec l’évolution des modes de consomma- nationale. Cette situation tient probablement accolés à un hyper/supermarché) ou encore tion, la montée des préoccupations liées à à la conjonction d’au moins deux facteurs : un les sociétés comme Amazon ou Cdiscount. 2. À noter que le deuxième volet des travaux niveau élevé de revenus des habitants, dont Si cette situation ne concernait que peu ira plus loin dans l’analyse des caractéristiques une part travaille en Suisse, et une fréquen- d’emplois et/ou restait stable dans le temps, des aires urbaines et de l’influence des activités tation touristique importante2. cela ne nécessiterait pas de s’y pencher par- commerciales dans l’emploi. COMMENT ÉVALUER L’EMPLOI DU E-COMMERCE ? Le e-commerce poursuit sa progression. Selon et spécialisé (4791B). Les statistiques Acoss logistiques dans plusieurs régions. Les emplois les dernières statistiques de la Fédération du font état en 2017 de 3 540 établissements de ces grands acteurs sont en partie comptabi- e-commerce et de la vente à distance (Fevad), employant 33 000 personnes. Mais ces statis- lisés dans le champ du commerce (vente à dis- son chiffre d’affaires s’est élevé en 2018 à près tiques semblent minimiser le poids du com- tance, notamment pour les effectifs du siège). de 93 milliards d’euros, soit de 9,4 % des ventes merce en ligne : la Fevad avançait le chiffre de Mais il n’y a pas de règle générale. Par exemple, du commerce de détail. Le nombre de sites est 66 000 emplois équivalent-temps plein en Amazon, et ses 7 000 emplois permanents esti- lui aussi en hausse : plus de 182 000 sites actifs 2010, 87 000 en 2013, 100 000 en 2014 ; les més en France en 2018, sont intégrés dans le sont dénombrés. Seulement 1 % d’entre eux estimations produites par l’Insee dans l’en- secteur de la logistique. réalisent à eux seuls les deux tiers du chiffre quête TIC réalisée en 2014 auprès des entre- Chaque fin d’année, les effectifs de ces géants d’affaires du commerce en ligne. prises du net s’élevaient à 112 000 emplois. de l’e-commerce peuvent doubler grâce au La forte croissance du e-commerce – on se Le cas de trois grands acteurs du e-commerce recrutement de nombreux intérimaires, princi- souvient qu’il était quasi-inexistant en France à en France que sont Amazon, Vente-privee et palement sur des postes de préparateurs de la fin des années 1990 – s’est nécessairement Cdiscount est une bonne illustration. Ces der- commandes et d’exploitation logistique. Ces accompagnée de fortes créations d’emplois. niers sont dans les 5 premiers sites de e-com- enseignes offrent aussi des emplois pérennes Mais celles-ci sont difficiles, voire impossibles, merce avec la FNAC et Oui SNCF (source et recherchent particulièrement des déve- à mesurer aujourd’hui au regard des limites de Médiamétrie/NetRatings – Moyenne T1 2018 loppeurs et ingénieurs informaticiens, ainsi que l’appareil statistique existant et des études ou France – Audience internet tous écrans). plus largement des profils digitaux (data scien- enquêtes menées jusqu’à présent. Certains Ces entreprises ont différentes implantations tists, data analysts, traffic manager…). acteurs du e-commerce sont classés dans la en France, avec, en général, une activité de vente à distance sur catalogue général (4791A) siège social, complétée par des plateformes Sièges et principaux sites logistiques en France d’Amazon, Vente-privee et Cdiscount SOURCE : INSEE - SIRENE, AEF.CCI.FR – RÉALISATION : ADEUPA
10 N° 45 LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? La diversité des filières courtes de proximité SOURCE : « UNE MÉTROPOLE À MA TABLE, LES CAHIERS N°173 », IAU IDF la santé, à l’environnement et à l’éthique, le du système alimentaire francilien a montré En 2010, date du dernier recensement agri- consommateur souhaite améliorer la traça- que ce mode d’approvisionnement, qui met cole, 14 % des exploitations de France bilité des produits consommés et rappro- en relation les produits et les consomma- métropolitaine pratiquaient la vente en cir- cher ses lieux d’approvisionnement. Cette teurs via l’agriculteur, directement ou par le cuits courts. En Île-de-France, les systèmes démarche touche principalement les pro- biais d’un ou de quelques intermédiaires, traditionnels dominent ; la moitié des agri- duits alimentaires. pouvait revêtir des formes différentes. culteurs pratiquent la vente à la ferme, 27 % À côté de pratiques traditionnelles comme vendent sur les marchés, alors que les Depuis une dizaine d’années, les filières ou la vente à la ferme, les marchés, les cueil- autres modes de vente (paniers, Amap) ne circuits courts se sont développés. Une lettes, se sont développées d’autres formes représentent que 4 % du total. Ces quelques étude réalisée en 2015 (IAU Île-de-France) de distribution : Amap, paniers Sncf, La milliers d’emplois échappent aux statis- sur les filières courtes de proximité au sein Ruche qui dit oui, Drive des champs… tiques du commerce de détail alimentaire.
LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? N° 45 11 Épicerie bio © ANTOINE REPRESSE/MEL QUELS PROFILS D’EMPLOI ET DE SALARIÉS DANS LE COMMERCE EN FRANCE ? CE QUI EST OBSERVÉ Les conditions d’emploi dans le commerce et les services commerciaux : les déclarations annuelles des données sociales (DADS) des employeurs permettent d’avoir des informations sur la nature des emplois et la qualification des salariés, les conditions d’emploi (temps complet, partiel), le montant des rémunérations versées… Les informations sont fournies en volume de postes, un poste pouvant correspondre au cumul de périodes d’un même salarié dans un même établissement. Un salarié ayant travaillé dans deux établissements différents au cours de l’année se retrouve dans deux postes différents (0,2 % des cas). SOURCE : INSEE, DADS 2015 Une féminisation du secteur de postes sont occupés par des femmes, et les instituts de beauté, les parfumeries et toute relative 1,8 million par des hommes. la vente de produits de beauté, les labora- Le commerce se démarque par un taux de Les inégalités de répartition homme/femme toires d’analyses médicales, les com- féminisation de ses emplois un peu plus dans le commerce sont toutefois très loin de merces de produits pharmaceutiques ou la marqué que la moyenne nationale (55 % des celles observées dans des secteurs comme coiffure ; postes contre une moyenne de 52 %). Loin la construction ou l’industrie, où la part des • l’équipement de la personne. Le taux de derrière l’administration publique, l’ensei- hommes dépasse 65 %. Les activités qui féminisation dépasse 75 % dans les com- gnement, la santé et l’action sociale (70 % présentent les plus forts taux de féminisa- merces de chaussure, d’habillement, d’hor- de femmes), le commerce (et sc) est le deu- tion sont, par ordre d’importance : logerie/bijouterie, dans les blanchisseries- xième secteur d’activités en France par son • la santé, beauté, hygiène. 85 % des teintureries de détail et les commerces de taux de féminisation. En volume, 2,2 millions postes sont occupés par des femmes dans maroquinerie et d’articles de voyage ;
12 N° 45 LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? Chronodrive à Seyssinet-Paris © AURG Répartition des postes selon le genre dans les grands secteurs économiques en France • la banque, assurance, immobilier. Agents SOURCE : DADS - INSEE, 2015 et courtiers d’assurances sont les profes- sions les plus féminisées (71 %), suivies des Construction agences immobilières et des banques ; Industrie manufacturière, • la culture, sport, loisir. Dans des boutiques industries extractives et autres comme les agences de voyage, trois postes Agriculture, sylviculture, pêche sur quatre sont occupés par des femmes ; • l’alimentaire. La grande distribution géné- Commerce de gros et de détail, transports, hébergement et restauration raliste est fortement féminisée avec des taux Toutes activités confondues élevés pour les grands magasins (74 %), les magasins multi-commerces (74 %), les Services divers supermarchés (67 %) ou encore les hyper- marchés (60 %). Les commerces de détail de Commerce ■ Femme pains, pâtisseries et de confiseries (72 %), de ■ Homme Administration publique, cuisson de produits de boulangerie (61 %) enseignement, santé et action sociale concentrent également une grande propor- 80 % 60 % 40 % 20 % 0% 20 % 40 % 60 % 80 % 100 % tion de femmes. À l’inverse, les boucheries/ charcuteries, les poissonneries, les com- merces de boissons se distinguent par une Taux de féminisation dans les commerces (et sc) SOURCE : DADS - INSEE, 2015 surreprésentation masculine ; • l’hôtellerie, bar et restauration apparaît Santé, beauté, hygiène 85 % comme le secteur où la répartition des emplois entre les hommes et les femmes est Équipement de la personne 80 % la plus équilibrée (50 %) ; Banque, assurance, immobilier 61 % • enfin, les activités liées à l’automobile/ motocycle concentrent, pour la plupart, Culture, sport, loisir 59 % plus de 80 % d’hommes, à l’exception de la Alimentaire 58 % vente de carburants (51 %) et de la location longue durée de voitures (57 %). Divers 58 % Vente hors magasin 53 % On observe également une surreprésenta- tion masculine dans de nombreuses activi- Hôtellerie, bar, restauration 50 % tés de l’équipement de la maison telles que Équipement de la maison 45 % la vente et la réparation d’ordinateurs, de matériels audio, d’appareils électroména- Automobile, motocycle 21 % gers, de meubles, d’équipement de commu- 0% 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % nication, de produits électroniques…
LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? N° 45 13 Conditions d’emplois dans le commerce (et sc) en France en 2015 Des contrats partiels SOURCE : DADS - INSEE, 2015 mais de longue durée Plus d’un quart des postes (27 %) dans le 0,5% commerce (et sc) sont à temps partiel, situa- tion partagée avec l’administration publique, soit un taux supérieur à la moyenne des acti- vités économiques (21 %). 26,7 % Le temps partiel peut être choisi. L’emploi ■ Temps complet dans le commerce est par exemple une ■ Temps partiel source de revenus pour de nombreux étu- ■ Autre condition d’emploi diants qui combinent études et quelques heures de travail toutes les semaines. Mais la 72,8 % situation peut être subie. D’après l’Insee3, parmi les actifs du commerce employés à temps partiel, un sur trois souhaiterait tra- vailler plus. Les secteurs avec une forte pro- portion de temps partiels sont l’équipement de la personne (38 %), la vente hors magasin (34 %), l’hôtellerie/bar/restauration (34 %) Part des postes à temps complet dans le commerce (et sc) en France en 2015 et l’alimentaire (32 %). Globalement, les SOURCE : DADS - INSEE, 2015 temps partiels sont davantage présents dans les activités de commerce de détail (vente) Automobile, motocycle 87 % que dans les services commerciaux. Banque, assurance, immobilier 83 % De manière plus détaillée, le temps partiel est Équipement de la maison 82 % une pratique courante et même majoritaire dans la restauration rapide (60 %), les cafété- Culture, sport, loisir 77 % rias et autres libres services (51 %). D’autres Santé, beauté, hygiène 71 % activités présentent des taux entre 35 % et 45 % de postes à temps partiel, comme le Alimentaire 68 % commerce alimentaire sur éventaires et mar- chés, le commerce de chaussures et d’habil- Hôtellerie, bar, restauration 66 % lement, les supermarchés, supérettes et ali- Vente hors magasin 66 % mentations générales ou les pharmacies. Le temps partiel est par ailleurs une caractéris- Équipement de la personne 62 % tique plus courante pour les salariés en CDD : Divers 61 % 34 % d’entre eux sont à temps partiel. 0% 20 % 40 % 60 % 80 % 100 % 3. « La situation du commerce en 2017 », Insee Drive piéton Leclerc Casiers Amazon © ADULM © ADULM
14 N° 45 LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? Type de contrat selon les secteurs d’activités économiques SOURCE : DADS - INSEE, 2015 Part des postes occupés Construction 87 % 13 % par type de contrat en 2015 SOURCE : DADS - INSEE, 2015 Industrie 87 % 13 % 9% 344 000 postes Commerce et services commerciaux 83 % 17 % Toutes activités confondues (hors 80 % 20 % administration publique) 8% 336 000 postes Services divers 76 % 24 % Agriculture, sylviculture, pêche 24 % 76 % 0% 20 % 40 % 60 % 80 % 100 % DI ■C DD et autres contrats ■C 83 % 3,3 millions de postes ■ CDI Un fort taux de CDI tionnelle et rapide, plus de 21 000 postes ■ CDD 3 345 000 postes dans le commerce (et sc) dans l’hôtellerie. D’autres activités se dis- ■ Autres contrats (stages…) sont occupés en CDI, soit 83 % de l’en- tinguent par des volumes de CDD impor- semble des postes occupés. Cette part est tants : les hypermarchés et supermarchés, supérieure à la moyenne de l’ensemble des ainsi que le prêt-à-porter. Toutefois, en dépit activités économiques (80 %). Le caractère de volumes importants, la part des CDD est Part des postes occupés en CDI saisonnier ou ponctuel des activités, en lien modérée (11 à 13 % de l’ensemble des par domaine d’activité commerciale (et sc) avec des événements ou une fréquentation postes). SOURCE : DADS - INSEE, 2015 touristique, semble être le principal facteur influençant le recours plus ou moins impor- L’apprentissage est l’apanage de la sphère tant au CDD. Dans le commerce alimentaire de l’artisanat, en particulier dans les 95% spécialisé (boulangerie, boucherie…), c’est domaines de l’alimentaire et de la beauté. la pratique plus développée de l’apprentis- La boulangerie (19 % des postes en appren- sage qui limite la part des CDI. tissage), la pâtisserie (22 %), la coiffure (18 %) et les soins de beauté (16 %) Au sein des activités commerciales, les plus comptent parmi les plus forts taux. forts taux de CDI se situent dans la banque, l’assurance, l’immobilier. A contrario, le Un taux d’encadrement domaine de la culture, sport, loisir est le plus inférieur aux autres secteurs 90% Banque, assurance, immobilier 89,9% marqué par les contrats à durée détermi- économiques née, ce qui s’explique aisément par la nature La part des employés/ouvriers est plus saisonnière de certaines activités. C’est par importante dans le secteur du commerce Automobile, motocycle 87,9% exemple le cas, dans les stations littorales (et sc) que dans l’économie française en et de montagne, de la location d’articles de général (73 %, soit 10 points au-dessus de la loisirs et de sport, mais cela ne représente moyenne). Le secteur de la construction est qu’un faible volume de postes. L’hôtellerie, le seul à légèrement dépasser ce taux (75 %). 85% bar et restauration est également une acti- Un ouvrier ou employé sur 5 en France tra- Vente hors magasin 84,3% vité ayant particulièrement recours aux vaille dans des activités commerciales. Équipement de la maison 83,7% CDD, particulièrement en volume, plus de La part des cadres et professions intellec- Ensemble des activités commerciales 83,1% 45 000 postes dans la restauration tradi- tuelles supérieures s’élève à 26 %, traduisant Alimentaire 82,8% Divers 82,2% Équipement de la personne 81,8% Secteurs pourvoyeurs Santé, beauté, hygiène 80,5% de postes en apprentissage 80% Hôtellerie, bar, restauration 80,2% Culture, sport, loisir 78,6% N° 1 N° 2 Boulangeries N° 3 Restauration et pâtisseries Coiffure et soins 21 000 29 000 de beauté 20 000 75%
LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? N° 45 15 une sous-représentation des fonctions d’en- dans l’hôtellerie-restauration. À l’inverse, le • le taux de cadres est important, mais infé- cadrement dans le commerce (et sc). Cette domaine de la banque, assurance, immobi- rieur à celui des employés : les ventes à situation est singulière par rapport à des sec- lier ne compte que 35 % d’employés et distance ; teurs comme l’industrie ou l’administration ouvriers. • le taux de cadres est proche de celui des publique où la part des cadres dans l’emploi Dans l’alimentaire, les supérettes, super- employés : les métiers de l’informatique, des salarié est supérieure à 40 %. marchés et hypermarchés comptent entre banques et assurances ; Dans les facteurs explicatifs, la taille 80 et 90 % d’employés. D’autres com- • la part des cadres est nettement supé- modeste de nombreux établissements peut merces sont dans le même cas comme la rieure à celle des employés : les pharmacies jouer. L’encadrement est également souvent vente de chaussures, les soins de beauté ou et la location de véhicules. du ressort du chef d’entreprise, comptabilisé la coiffure. La part d’ouvriers est importante comme un emploi non salarié lorsqu’il s’agit (comprise entre 50 et 60 %) dans des acti- Sociologie et spécificité d’une entreprise individuelle et donc non vités « artisanales » de bouche (charcutiers, des emplois liés au commerce pris en compte dans les statistiques présen- boulangers, pâtissiers) ou dans des métiers La composition sociale des actifs du com- tées ici. de réparation de meubles et d’électroména- merce (et sc) est proche des caractéris- ger. Mais les plus fortes proportions d’ou- tiques de l’économie en général du point de Une typologie de l’emploi vriers sont observées dans les métiers de vue du genre. Elle diffère beaucoup plus du très dépendante du secteur l’automobile, tant dans la vente (50 à 55 %) côté des catégories socio-professionnelles, d’activité au sein du commerce que dans la réparation et le contrôle tech- mais ce qui est sans doute le plus remar- Les domaines de l’alimentaire et de l’hôtel- nique (69 %). quable, ce sont les disparités très impor- lerie-restauration sont ceux qui regroupent tantes constatées au sein même des activi- les plus forts taux d’employés et d’ouvriers, Les cadres et professions intellectuelles tés commerciales. Afin d’illustrer les respectivement 92 % et 88 %. Ce sont éga- supérieures se situent essentiellement dans particularités des métiers, tant dans le type lement les secteurs qui emploient les plus les activités de services commerciaux, entre de contrat, le temps de travail, la fonction et gros volumes, plus de 800 000 employés et 20 et 50 % des postes. On peut distinguer la rémunération, une sélection de profils ouvriers dans l’alimentaire, plus de 670 000 les activités dont : types a été réalisée ci-après. Catégories socioprofessionnelles Part des postes occupés par dans le secteur du commerce (et sc) des employés ou des ouvriers dans SOURCE : DADS - INSEE, 2015 les activités commerciales (et sc) SOURCE : DADS - INSEE, 2015 1% 100% ■ Employés et ouvriers 26 % ■ Cadres, professions intermédiaires Alimentaire 91,8% et intellectuelles supérieures 90% ■ Autres Hôtellerie, bar, restauration 88,2% Divers 83,9% Équipement de la personne 81,0% 80% 73 % Automobile, motocycle 74,5% Ensemble des activités commerciales 72,9% 70% Culture, sport, loisir 72,8% Catégories socioprofessionnelles Équipement de la maison 72,7% tous secteurs d’activité confondus SOURCE : DADS - INSEE, 2015 Vente hors magasin 61,7% 1% 60% Santé, beauté, hygiène 58,5% 50% 36 % ■ Employés et ouvriers ■ Cadres, professions intermédiaires et intellectuelles supérieures ■ Autres 40% 63 % Banque, assurance, immobilier 34,5% 30%
16 N° 45 LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? Profils types des postes salariés dans le commerce (et sc) SOURCE : DADS - INSEE, 2015 Employée d’hypermarché NAF4711F Boucher NAF4722Z Vendeuse en magasin de vêtements NAF4771Z 60% 81% 70% Sexe Sexe Sexe Cadres, etc. 82% Employés Ouvriers Cadres, etc. Employés 61% Ouvriers Cadres, etc. 78% Employés Ouvriers CSP CSP CSP CDD 15% en 85% CDI CDD et autres CDI et autres apprentissage CDI et autres 13% CDD Contrat Contrat Contrat Temps complet 35 % Temps partiels Temps complet 24 % Temps partiels Temps complet 40 % Temps partiels Temps de travail Temps de travail Temps de travail 1K€ 1 726 €/mois 2 K€ 3 K€ 1K€ 1 458 €/mois 2 K€ 3 K€ 1K€ 1 478 €/mois 2 K€ 3 K€ Rémunération Rémunération Rémunération Vendeuse en magasin de chaussures Vendeur en magasin de bricolage Vendeuse en jardinerie-animalerie NAF4772A NAF4752B NAF4776Z 81% 65% 58% Sexe Sexe Sexe Cadres, etc. 81% Employés Ouvriers Cadres, etc. 69% Employés Ouvriers Cadres, etc. 78% Employés Ouvriers CSP CSP CSP CDD 9% en CDI et autres 14% CDD 89% CDI CDD et autres CDI et autres apprentissage Contrat Contrat Contrat Temps complet 44 % Temps partiels 83 % Temps complet Temps partiel 80 % Temps complet Temps partiel Temps de travail Temps de travail Temps de travail 1 475 €/mois 2 020 €/mois 1 598 €/mois 1K€ 2 K€ 3 K€ 1K€ 2 K€ 3 K€ 1K€ 2 K€ 3 K€ Rémunération Rémunération Rémunération Pharmacienne Coiffeuse Vendeur en magasin de sport NAF4773Z NAF9602A NAF4764Z 88% 87% 57% Sexe Sexe Sexe 82% cadres et prof. int. Employés Ouvriers Cadres, etc. 96% Employés Ouvriers Cadres, etc. 76% Employés Ouvriers CSP CSP CSP CDD 18% en 86% CDI CDD et autres CDI et autres apprentissage CDI et autres 16% CDD Contrat Contrat Contrat Temps complet 40 % Temps partiels Temps complet 25 % Temps partiels Temps complet 27 % Temps partiels Temps de travail Temps de travail Temps de travail 1K€ 1 927 €/mois 2 K€ 3 K€ 1K€ 1 187 €/mois 2 K€ 3 K€ 1K€ 1 571 €/mois 2 K€ 3 K€ Rémunération Rémunération Rémunération Concessionnaire automobile Garagiste Vendeur sur les marchés NAF4511Z NAF4520A NAF4781Z 80% 82% 57% Sexe Sexe Sexe 28% cadres et prof. int. Employés Ouvriers Cadres, etc. Employés 68% Ouvriers Cadres, etc. 74% Employés Ouvriers CSP CSP CSP CDD 9% en 91% CDI CDD et autres CDI et autres apprentissage 82% CDI CDD et autres Contrat Contrat Contrat 91 % Temps complet Temps partiel 86 % Temps complet Temps partiel Temps complet 45 % Temps partiels Temps de travail Temps de travail Temps de travail 1K€ 2 K€ 2 374 €/mois 3 K€ 1K€ 1 786 €/mois 2 K€ 3 K€ 1K€ 1 270 €/mois 2 K€ 3 K€ Rémunération Rémunération Rémunération Vendeuse à domicile Cadre en établissement bancaire Courtière en assurance NAF4799A NAF6419Z NAF6622Z 61% 57% 71% Sexe Sexe Sexe 73% cadres et prof. int. Employés 37% cadres et prof. int. Cadres 63% Prof. interm. Employers et ouvriers Employés CSP CSP CSP 87% CDI CDD et autres 91% CDI CDD et autres 88% CDI CDD et autres Contrat Contrat Contrat Temps complet 49 % Temps partiels 85 % Temps complet Temps partiel 81 % Temps complet Temps partiel Temps de travail Temps de travail Temps de travail 1K€ 1 723 €/mois 2 K€ 3 K€ 2 K€ 3 K€ 3 807 €/mois 4 K€ 1K€ 2 K€ 2 778 €/mois 3 K€ Rémunération Rémunération Rémunération
LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? N° 45 17 Brest © MATHIEU LE GALL/ BREST MÉTROPOLE UN SECTEUR CRÉATEUR D’EMPLOIS CE QUI EST OBSERVÉ L’emploi salarié privé : emploi dans les entreprises employeuses du secteur concurrentiel, affiliées au régime général (hors régime agricole) et exerçant leur activité en France (métropole et Dom hors Mayotte). SOURCE : ACOSS, 2008 ET 2017 Le commerce (et sc) représente 4 132 000 Évolution de l’emploi salarié privé entre 2008 et 2017 (en indice base 100 en 2008) emplois salariés privés en 2017, ce qui repré- SOURCE : ACOSS sente 23 % de l’emploi tous secteurs d’acti- 110 vités confondus. L’emploi salarié privé dans 108 le commerce a connu une croissance de 106 + 6 % entre 2008 et 2017 avec un gain de 182 000 emplois. Cette croissance est deux 104 fois supérieure à celle de l’emploi salarié 102 total durant la même période. 100 Une dynamique portée par 98 les services commerciaux 96 La croissance des emplois salariés privés 94 est beaucoup plus marquée pour les ser- vices commerciaux (+ 9 % entre 2008 et 92 2017) que pour le commerce de détail 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 (+ 3 %) dont l’évolution se calque davantage ■ Commerce de détail ■ S ervices commerciaux sur celle de l’emploi salarié total. ■ Commerce et services commerciaux ■ T outes activités économiques confondues
18 N° 45 LE COMMERCE EST-IL ENCORE CRÉATEUR D’EMPLOIS ? La restauration, principal Évolution de l’emploi salarié privé entre 2008 et 2017 : moteur de l’emploi salarié des disparités importantes entre activités commerciales privé SOURCE : ACOSS Sur un total de 222 000 emplois salariés pri- Hôtellerie, bar, restauration 151 000 vés supplémentaires entre 2008 et 2017, les Alimentaire 85 000 deux tiers sont recensés dans les activités d’hôtellerie, bar et restauration. Les gains Divers 39 000 d’effectifs se situent plus particulièrement Vente hors magasin 4 000 dans la restauration de type rapide, puis Santé, beauté, hygiène 3 000 dans la restauration traditionnelle. L’embel- Équipement de la personne – 4 000 lie du secteur peut s’expliquer par l’évolu- Culture, sport, loisir – 5 000 tion des modes de consommation des Fran- çais : l’essor de la restauration hors domicile, Automobile, motocycle – 15 000 du snacking, le développement des services Banque, assurance, immobilier – 15 000 de livraison au bureau ou à domicile (avec Équipement de la maison – 23 000 les plates-formes telles que Deliveroo ou Uber Eats) et des food-trucks, la diversifica- – 40 000 0 40 000 80 000 120 000 160 000 tion de l’offre (cuisines étrangères, alimen- tation santé et bien-être, produits du ter- Babou, Gifi, Happy Cash, La Foir’Fouille, des subit à la fois la concurrence massive des roir…). Le commerce alimentaire affiche formules discount, qui attirent le consomma- achats numériques et l’arbitrage des également sa bonne santé avec un gain de teur à la recherche de prix bas. ménages dans leurs dépenses de consom- 85 000 emplois entre 2008 et 2017 (cf. L’engouement des consommateurs pour les mation. En 2017, l’e-commerce représente encadré ci-dessous). activités de loisirs se traduit aussi par des 23 % des achats de la « maison high-tech » gains d’effectifs salariés dans la vente d’ar- (informatique, télécom, électronique, vidéo), En dehors de ces deux grandes catégories, ticles de sport (+ 6 000) et dans les centres 18 % du marché de l’électroménager et 13 % certaines activités enregistrent des crois- de culture physique (+ 5 000). de celui du meuble (source : Fevad). sances d’emplois, dans des volumes toutefois Les difficultés du secteur se sont traduites bien plus modestes. Par exemple, les « autres D’autres secteurs affichent au contraire des au cours des dernières années par quelques commerces en magasin non spécialisés » baisses d’emplois, au premier rang desquels mouvements emblématiques comme la comptent 11 000 emplois supplémentaires. l’équipement de la maison (– 23 000 fusion Fnac-Darty ou la liquidation en 2014 Ils comprennent les magasins de déstockage emplois). C’est particulièrement vrai pour le du groupe Mobilier Européen (Atlas, Fly, ou bazars, avec des enseignes comme Action, meuble et l’électroménager. Le secteur Crozatier). ALIMENTATION SPÉCIALISÉE : DES POINTS DE VENTE PLUS NOMBREUX ET DES GAINS D’EMPLOIS En 2017, le commerce alimentaire représente de vente entre 2017 et 20184). distribution (– 2,2 points entre 2012 et 2017) au 93 000 établissements pour 940 000 emplois En termes de parts de marché (graphique ci- profit de l’alimentation spécialisée, de l’artisa- salariés. Depuis 2008, une hausse du nombre dessous), les grandes surfaces (hypermarchés nat commercial, du commerce hors magasin… d’établissements et des effectifs salariés est et supermarchés) dominent nettement les constatée, avec respectivement + 5 000 établis- autres formes de distribution. Mais les ten- 4. LSA, janvier 2019, « Bio : un développement sements et + 85 000 emplois. L’augmentation dances récentes illustrent un recul de la grande exponentiel » des emplois se répartit à 45 % dans l’alimenta- tion générale (hypermarché, supermarché, grand Parts de marché en 2012 et 2017 : produits alimentaires hors tabac (en %) magasin) et à 55 % dans l’alimentation spéciali- SOURCE : INSEE - COMPTES DU COMMERCE sée (boulangerie, pâtisserie, épicerie bio…). Au sein de l’alimentation générale, les 39 000 emplois créés sont concentrés dans les Grandes surfaces 63,5 d’alimentation générale 65,7 supermarchés alors que la quasi-stabilité est de rigueur pour les hypermarchés (+ 1 %). Alimentation spécialisée 19,3 Cette évolution traduit la poursuite du déve- et artisanat commercial 17,9 loppement de la grande distribution ces der- Petites surfaces d’alimentation 6,4 nières années, mais avec une moindre dyna- générale et produits surgelés 7,3 mique des grands formats commerciaux. Commerce hors magasin 7,1 En ce qui concerne le commerce spécialisé 6,3 (+ 46 000 emplois), les boulangeries sont majoritaires en nombre de points de vente et Autres ventes au détail2 2,0 1,5 connaissent une évolution significative de l’em- ploi (+ 19 000). Le dynamisme de l’alimentation Magasins non alimentaires 1,4 spécialisés1 1,2 ■ 2012 spécialisée s’explique aussi par une segmenta- ■ 2017 tion du marché et par l’ouverture de points de Grands magasins et autres non 0,2 alimentaires non spécialisés 0,1 vente aux activités diverses : épiceries fines, magasins bio, commerces de fruits et légumes, cavistes... Les enseignes de l’alimentation bio 0 10 20 30 40 50 60 70 (Biocoop, Bio c’Bon, La Vie claire..) connaissent 1. Pharmacies et commerce d’articles médicaux et orthopédiques une croissance exponentielle (+ 22 % de points 2. Ventes au détail du commerce de gros, de divers prestataires de services et ventes directes des producteurs
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