Les idées communistes et marxistes dans la France d'aujourd'hui - Fondation Gabriel Péri
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AGIR POUR UN FUTUR MEILLEUR Les idées communistes et marxistes dans la France d’aujourd’hui Étude Viavoice pour la Fondation Gabriel Péri Janvier 2018 Viavoice Paris. Études conseil stratégie 9 rue Huysmans, 75 006 Paris. + 33 (0)1 40 54 13 90 www.institut-viavoice.com Aurélien Preud’homme, Stewart Chau 1
Sommaire et modalités de réalisation 3. Le communisme et le marxisme 4. Synthèse des enseignements 6. L’image générale du communisme et du marxisme 7. L’état d’esprit vis-à-vis du communisme et du marxisme 8. Les perceptions détaillées sur le communisme et le marxisme 9. La pertinence actuelle des idées communistes et marxistes 10. Les mots rattachés au communisme 11. Focus sur les différences d’âge 12. Focus sur les différences de milieu social 13. Les enjeux et attentes politiques générales 14. Les enjeux prioritaires dans la France d’aujourd’hui 15. Les mesures attendues 16. Les biens communs 17. Synthèse des enseignements 18. La perception spontanée des « biens communs » 19. L’identification des « biens communs » 20. La signification politique et économique des « biens communs » Sondage réalisé en ligne du 25 au 30 octobre 2017 auprès d’un échantillon de 1502 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Représentativité par la méthode des quotas, appliquée aux critères suivants : sexe, âge, profession, région et catégorie d’agglomération. 2
Le communisme et le marxisme 3
Synthèse des enseignements (1/2) Communisme et marxisme : Des idées perçues comme « dépassées »… et pourtant portées par les nouvelles générations Et si les idées communistes et marxistes retrouvaient une nouvelle jeunesse ? Peu crédible il y a encore quelques années, cette hypothèse apparaît en tout cas confortée par certaines évolutions notoires au sein de l’opinion publique : alors que la chute du mur de Berlin puis celle de l’URSS avaient représenté pour beaucoup la fin des idéaux communistes, voire la « fin de l’Histoire »* par la « victoire » du libéralisme économique occidental sur le modèle soviétique, certaines analyses ou idées d’essences communistes ou marxistes reviennent progressivement sur le devant de la scène. Deux phénomènes en particulier attirent l’attention. Le premier est lié au retour d’un sentiment de « lutte des classes » au sein de la société, à la faveur de la crise sociale et de la montée des inégalités. Le second est un clivage générationnel marqué dans les opinions et imaginaires liés au communisme, qui est perçu plus favorablement par les jeunes générations, moins marquées par le souvenir de la guerre froide et des régimes autoritaires qui ont revendiqués l’idéal communiste dans la seconde moitié du XXe siècle. Les idées communistes et marxistes : d’une image surannée à un retour progressif ? Certes l’idée selon laquelle les idées communistes et marxistes seraient « dépassées » est partagé par 62 % de la population française. Dans la même idée, 42 % de l’opinion publique pense également qu’il est toujours « mal vu de se dire communiste » aujourd’hui, contre 33 % d’un avis contraire et 25 % sans opinion. Enfin « la pensée de Karl Marx » n’est perçue positivement que par 17 % des Français, contre 57 % de la population qui la perçoit négativement, et 26 % sans opinion. Pour autant, derrière ces visions se cache un clivage générationnel important et non dénué de sens : alors que les personnes âgées de plus de 65 ans – qui avaient au moins 37 ans au moment de la chute du mur de Berlin – sont seulement 14 % à avoir une opinion positive de l’auteur du Capital et du Manifeste du Parti communiste, ce taux monte à 26 % auprès des 18-24 ans et 21 % auprès des 25-34 ans, générations qui n’ont pas connu directement la guerre froide et des régimes communistes d’Europe de l’Est. L’idée selon laquelle le mot communisme fait « ancien, dépassé » est également marqué sur le plan générationnel : 72 % des plus de 65 ans partagent cette idée, mais ce taux décroît avec l’âge : 66 % dans la génération ayant 50 à 64 ans, 56 % auprès des 35-49 ans et des 25-34 ans, et seulement 50 % des 18-24 ans. Si ces opinions devaient continuer à évoluer selon la même tendance dans les années à venir, il y a donc fort à parier que le communisme apparaîtra de moins en moins « dépassé »… à l’avenir. (*) The End of History and the Last Man, Francis Fukuyama, 1992 4
Synthèse des enseignements (2/2) Un clivage social toujours marqué dans les rapports au communisme et au capitalisme Au-delà du clivage générationnel, un clivage social existe également dans les imaginaires liés au « communisme » comme au « capitalisme » et au « libéralisme » : si ce clivage était régulièrement souligné durant les « Trente glorieuses », compte tenu d’une certaine conscience de classe et de la présence forte du Parti communiste dans la vie ouvrière, il peut paraître moins évident aujourd’hui compte tenu de l’éloignement progressif des catégories populaires de la gauche et de ses idées, du moins sur plan électoral. Notre étude montre pourtant que ce clivage social est toujours bien présent, et continue à structurer le rapport au communisme et au capitalisme : - Alors que 70 % des catégories aisées (CSP+) considèrent que le communisme fait « ancien » et « dépassé », cette opinion n’est partagée que par 52 % des catégories populaires, employés et ouvriers ; - De même, si parmi les catégories aisées 44 % des répondants considèrent qu’il est toujours « mal vu de se dire communiste aujourd’hui », cette opinion n’est partagée que par 36 % des répondants au sein des milieux populaires ; - Et le même constat peut être fait vis-à-vis du « capitalisme » – perçu positivement par 31 % des catégories aisées contre à peine 15 % des catégories populaires – ou encore du « libéralisme économique » (34 % contre 22 %), accréditant l’idée selon laquelle la perception du système économique reste fortement conditionnée socialement. En dépit de ces clivages marqués et de ces tendances, les principales idées communistes restent toutefois minoritaires, notamment lorsqu’elles nécessitent une part d’espoir et d’idéal, au sein d’une société à bien des égards « désenchantée » : ainsi, alors que 38 % des Français (et 57 % des sympathisants de gauche) sont d’accord pour dire que la pensée de Karl Marx reste utile pour comprendre le fonctionnement du capitalisme aujourd’hui, ils ne sont plus que 18 % (et 32 % à gauche) à voir dans les idées communistes et marxistes « une alternative crédible » au système économique actuel. Le retour de la lutte des classes ? Une idée essentielle de l’analyse marxiste et communiste est toutefois déjà majoritaire dans l’opinion : celle de la lutte des classes. Pour les trois quarts des Français, il existe toujours des classes sociales dans la société (76 %) et pour une majorité le concept de « lutte des classes » reste d’actualité pour décrire les rapports sociaux actuels (56 %). Un concept qui a déjà fait un retour remarqué sur le plan médiatico-politique, à la faveur de la montée des inégalités, des scandales financiers successifs (Panama ou Paradise papers) et des revenus croissants des plus grandes fortunes. Remettant ironiquement au goût du jour une phrase pourtant écrite au milieu du XIXe siècle : « La production du capitalisme engendre, avec l’inexorabilité d’une loi de la nature, sa propre négation ». Après tout, l’Histoire n’est peut-être pas tout à fait finie. Stewart Chau, Consultant Aurélien Preud’homme, Directeur des études politiques 5
L’image générale du communisme et du marxisme De manière générale, avez-vous une opinion… ? Très positive Plutôt positive Plutôt négative Très négative Non réponse Sous-total Positive Sous-total Symp. de Positive gauche 3% Du libéralisme (économique) 29% 30% 17% 21% 32 % 24 % 3% Des intellectuels et artistes 27% 28% 21% 21% 30 % 60 % communistes : écrivains, peintres, etc. 2% Du capitalisme 23% 32% 24% 19% 25 % 14 % 3% De l'idée communiste 16% 30% 32% 19% 19 % 46 % 2% Des valeurs communistes 17% 31% 31% 19% 19 % 49 % 3% Du Front de gauche 14% 30% 35% 18% 17 % 43 % 2% De la pensée de Karl Marx 15% 31% 26% 26% 17 % 34 % 2% Des communistes 12% 33% 34% 19% 14 % 36 % 2% Du Parti communiste 11% 33% 36% 18% 13 % 33 % 2% Du communisme 10% 33% 36% 19% 12 % 29 % 1% Du marxisme 11% 30% 33% 25% 12 % 25 % 6
L’état d’esprit vis-à-vis du communisme et du marxisme Êtes-vous plutôt d’accord ou plutôt pas d’accord avec les affirmations suivantes ? Plutôt d'accord Plutôt pas d'accord Non réponse Le mot "communisme" fait ancien, dépassé 62% 20% 18% Le mot "marxisme" fait ancien, dépassé 62% 18% 20% La régimes totalitaires qui ont revendiqué le communisme ou le marxisme n'ont rien à voir 44% 24% 32% avec la pensée communiste ou marxiste initiale Il est mal vu de se dire marxiste aujourd'hui 43% 24% 33% Il est mal vu de se dire communiste aujourd'hui 42% 33% 25% Je suis gêné par le mot "communisme" 33% 44% 23% % « D’accord » Sympathisants de gauche Le mot "communisme" fait ancien, dépassé 59 Le mot "marxisme" fait ancien, dépassé 65 La régimes totalitaires qui ont revendiqué le communisme ou le marxisme n'ont rien à voir 61 avec la pensée communiste ou marxiste initiale Il est mal vu de se dire marxiste aujourd'hui 49 Il est mal vu de se dire communiste aujourd'hui 45 Je suis gêné par le mot "communisme" 25 7
Les perceptions détaillées sur le communisme et le marxisme Êtes-vous plutôt d’accord ou plutôt pas d’accord avec les affirmations suivantes ? « D’accord » Plutôt d'accord Plutôt pas d'accord Non réponse Sympathisants de gauche Il existe toujours des classes sociales dans la 76% 11% 13% 87 % société actuelle La "lutte des classes" est toujours d'actualité 56% 26% 18% 71 % pour décrire les rapports sociaux actuels Karl Marx a été l'un des intellectuels les plus 40% 27% 33% 57 % influents à l'échelle de l'Histoire La pensée de Karl Marx reste utile pour comprendre le fonctionnement du 38% 27% 35% 57 % capitalisme aujourd'hui Le capitalisme sera remplacé un jour par un 37% 33% 30% 48 % système économique plus juste Les idées communistes et marxistes sont toujours utiles au XXIe siècle pour dénoncer 36% 36% 28% 62 % les excès du capitalisme La pensée de Karl Marx reste utile pour 35% 31% 34% 53 % comprendre le monde d'aujourd'hui Idéalement, il faudrait remplacer le capitalisme par un système économique où 32% 42% 26% 50 % la majeure partie des richesses appartiendrait à la collectivité Les idées communistes et marxistes représentent toujours une alternative 18% 53% 29% 32 % crédible au système économique actuel 8
La pertinence actuelle des idées communistes et marxistes Diriez-vous que dans le monde actuel… ? Les idées communistes Les idées marxistes Sous-total « Les idées communistes demeurent pertinentes ou devraient être adaptées » 35 % 41 % 40 % Sous-total « Les idées marxistes demeurent pertinentes ou devraient être adaptées » 31 % 29 % 24 % 18 % 16 % 14 % 12 % 3% 3% Demeurent plus Devraient être en Devraient être N'ont plus aucune Non réponse pertinentes que partie adaptées profondement pertinence jamais, telles adaptées qu'elles sont Sympathisants de gauche Sous-total « Les idées communistes demeurent pertinentes ou devraient être adaptées » 65 Demeurent pertinentes 6 Devraient être en partie adaptées 33 Devraient être profondément adaptées 26 N’ont plus aucune pertinence 22 9
Les mots rattachés au communisme Parmi les mots suivants, quels sont ceux qui correspondent le mieux à l’image que vous vous faites du communisme, en France aujourd’hui ? * Anticapitalisme 42% Révolution 26% Mouvement social 24% Nationalisation 20% Marx 20% Biens communs 18% Lutte contre l'exploitation 18% Collectif 18% Défense des droits des salariés 15% Redistribution 15% Solidarité 13% Social 11% Services publics 10% Proche du peuple 10% Partage 9% Lutte contre les discriminations 9% Egalité 8% Etat 7% Progrès social 5% Emancipation sociale 3% Liberté 3% Paix dans le monde 3% Environnement 2% Non réponse 21% Focus sur les évocations prioritaires des sympathisants de gauche Anticapitalisme 46% Lutte contre l'exploitation 28% Révolution 24% Mouvement social 24% Défense des droits des salariés 24% Collectif 23% Solidarité 23% (*) Cinq réponses possibles, total supérieur à 100 % 10
Focus sur les différences d’âge : des nouvelles générations plus favorables au communisme et au marxisme Le mot « communisme » Le mot « marxisme » fait ancien, dépassé (% « Oui ») fait ancien, dépassé (% « Oui ») 18-24 ans 50% 18-24 ans 56% 25-34 ans 56% 25-34 ans 55% 35-49 ans 56% 35-49 ans 58% 50-64 ans 66% 50-64 ans 66% 65 ans et plus 72% 65 ans et plus 70% Opinions sur la « pensée de Karl Marx » « Les idées communistes n’ont (% opinions positives par âge) plus aucune pertinence » (% « Oui ») 18-24 ans 26% 18-24 ans 28% 25-34 ans 21% 25-34 ans 26% 35-49 ans 16% 35-49 ans 38% 50-64 ans 13% 50-64 ans 44% 65 ans et plus 14% 65 ans et plus 57% 11
Focus sur les différences de milieu social : Des opinions conditionnées socialement ? Le mot « communisme » Le mot « marxisme » fait ancien, dépassé (% « Oui ») fait ancien, dépassé (% « Oui ») Employés, ouvriers 52% Employés, ouvriers 54% Chefs d'entreprises, Chefs d'entreprises, cadres, professions 70% cadres, professions 68% intermédiaires intermédiaires Opinions comparées sur le « Il est mal vu de se dire communiste libéralisme et le capitalisme aujourd’hui » (% « Oui ») (% opinions positives) Employés, ouvriers Chefs d'entreprises, cadres, professions intermédiaires Employés, ouvriers 36% 34% 31% 22% 15% Chefs d'entreprises, cadres, professions 44% intermédiaires Capitalisme Libéralisme (économique) 12
Les enjeux et attentes politiques générales 13
Les enjeux prioritaires dans la France d’aujourd’hui Selon vous, quels sont les enjeux dont il faudrait s’occuper en priorité dans la France d’aujourd’hui ? * L'emploi 61% Le pouvoir d'achat 47% Le système de santé et de soins 39% La sécurité des biens et des personnes 37% L'enseignement, la formation 33% L'environnement 33% La réduction des inégalités 31% La revalorisation des retraites 30% La croissance économique 25% Le logement 23% La qualité de l'alimentation 18% La régulation du système financier 17% Les excès de la mondialisation 16% Le fonctionnement de la démocratie 11% La construction européenne 11% L'accès à la culture 5% Focus sur les priorités des sympathisants de gauche L'emploi 60% La réduction des inégalités 47% L'environnement 46% Le pouvoir d'achat 41% Le système de santé et de soins 39% (*) Cinq réponses possibles, total supérieur à 100 % 14
Les mesures attendues Pour chacune des propositions suivantes, diriez-vous que vous y êtes… ? Très favorable Plutôt favorable Plutôt opposé Très opposé Non réponse Sous-total Favorable Valoriser davantage les filières industrielles 1% 39% 49% 4% 7% 88 % françaises 2% Lutter davantage contre l’évasion fiscale et les 53% 34% 5% 6% 87 % paradis fiscaux 3% Recruter des fonctionnaires dans la police et la 29% 50% 10% 8% 79 % gendarmerie Aller vers une VIe république obligeant les élus à 5% 39% 38% 9% 9% 77 % prendre en compte l’avis des citoyens Recruter des fonctionnaires dans la santé et 5% 31% 44% 12% 8% 75 % l’éducation Taxer davantage qu'aujourd'hui les plus grandes fortunes 37% 30% 16% 8% 9% 67 % Accentuer la progressivité de l'impôt (des riches vers les moins riches) 27% 39% 15% 6% 13% 66 % Porter le SMIC à 1 700 euros net par mois 27% 35% 19% 9% 10% 62 % Mettre en place une politique économique plus protectionniste, taxer les produits importés 19% 42% 22% 6% 11% 61 % Une réforme du code du travail renforçant les droits des salariés 23% 38% 20% 7% 12% 61 % Nationaliser les entreprises des secteurs de l'énergie, de l'eau, de la santé 19% 38% 20% 8% 15% 57 % Rétablir la primauté du code du travail sur les accords d’entreprise et de branche 16% 39% 18% 7% 20% 55 % Augmenter la budget de la culture 10% 39% 27% 8% 16% 49 % Nationaliser les banques et créer un pôle bancaire public 14% 30% 25% 12% 19% 44 % Sortir des traités européen de libre-échange 14% 25% 27% 17% 17% 39 % Créer un "revenu universel" avec une allocation de 600€ pour tous 13% 23% 26% 26% 12% 36 % Instaurer les 32 heures de travail hebdomadaire 13% 18% 29% 30% 10% 31 % 15
Les biens communs 16
Synthèse des enseignements Les biens communs : une expérience citoyenne ? Dans un contexte de grandes transformations, la place des idées communistes et marxistes dans la France d’aujourd’hui n’est pas sans enseignements. Elle est, en effet, révélatrice d’une réelle volonté de changement, de rupture, dans un système économique le plus souvent perçu comme injuste, car attribuant une grande partie des richesses communes à des capitaux privés. Parmi les mots rattachés spontanément au communisme, les « biens communs » arrivent ainsi parmi les premières réponses citées. Or si ce concept de « biens communs » apparaît relativement nouveau dans le champ des idées politiques, notamment auprès du grand public, notre étude montre paradoxalement une compréhension forte de cette idée et de sa signification concrète auprès des Français. Des biens communs à la fois matériels, immatériels, et des idéaux Interrogés sur la notion de bien communs, les Français en ont une définition plutôt claire, et complexe. Pour le grand public, les biens communs sont ainsi prioritairement un ensemble de biens, de services et d’espaces naturels qui appartiennent ou devraient appartenir à la collectivité dans son ensemble. Mais c’est aussi les biens culturels, le patrimoine, c’est-à-dire le patrimoine matériel ou immatériel dans son ensemble. Les Français évoquent aussi spontanément les différents services publics tels que l’éducation, la santé, les transports, les énergies, l’environnement, la qualité de l’air, le sol, la nature. Enfin, au-delà de l’aspect matériel ou immatériel, les biens communs sont également pour beaucoup un véritable état d’esprit, qui met en avant des valeurs telles que le partage, la solidarité ou encore le vivre-ensemble. Qualifier un « bien » de « commun » n’est pas que philosophique : cela a aussi une signification économique et politique selon une majorité de personnes interrogées Au-delà de l’identification des « biens communs », le grand public semble avoir aussi des idées sur la signification de ce concept. Autrement dit, une fois qu’une majorité de gens s’accordent pour dire que tel objet, tel service, telle ressource sont des « biens communs », quelle traduction cela doit-il avoir sur le plan économique, social, voire politique ? Or, pour une large majorité d’entre eux, l’ensemble des « biens communs » doivent être accessibles à tous au minimum, mais aussi être la propriété exclusive de la collectivité, et enfin être exploités ou gérés par des entreprises publiques. Une vision selon laquelle seule la puissance publique, en tant que « collectivité », est légitime pour assurer la gestion et garantir l’accès à ces biens communs, qu’il s’agisse des espaces naturels, de l’eau potable, des transports et autres services publics. Une opinion particulièrement importante à l’heure où les délégations de services publics, ou les privatisations, tendent à se multiplier tant au niveau national que local. Stewart Chau, Consultant Aurélien Preud’homme, Directeur des études politiques 17
La perception spontanée des « biens communs » Si l’on vous parle de « biens communs », quels sont tous les mots qui vous viennent à l’esprit, spontanément ? (Question ouverte, réponses spontanées) Des biens, des services et des espaces qui appartiennent ou devraient appartenir à la collectivité, un patrimoine (matériel ou immatériel) national « La langue française », « Les musées, les bibliothèques », « La culture » 33 % « Les monuments historiques, la culture culinaire », « Le patrimoine français » « L’eau, le sol, la nature », « L’environnement », « La qualité de l’air, le développement durable » « La santé, l’éducation, les transports », « les infrastructures routières, la santé » « Les énergies », « Les services publics régaliens », « L’administration », « Les biens publics » Un état d’esprit avant tout : le partage, la solidarité et la mise en commun « Partage des biens et des richesses », « Partage et redistribution, égalité et solidarité » 25 % « Une meilleure répartition des biens », « L’égalité, la redistribution et le vivre-ensemble » « Un logement pour tout le monde », « Un idéal de solidarité, d’altruisme », « Une « utopie », un égalitarisme allant à l’encontre des libertés individuelles « Moins de liberté d’entreprendre », « N’encourage pas les gens à travailler sérieusement » 6% « Travailler pour les autres, y compris ceux qui ne mériteraient pas » « Uniformisation », « Déresponsabilisation » Une politique économique : nationalisations, collectivisme… 4% « Nationalisations », « Anticapitalisme », « Mise en commun des moyens de production » « Fin de la propriété », « Tout appartient à tout le monde ». 18
L’identification des « biens communs » Pour chacune des propositions suivantes, diriez-vous qu’il s’agit selon vous de « biens communs » ? Oui Non Non réponse Les espaces naturels : forêts, plages, 78% 12% 10% montagnes Les mers, les océans et leurs richesses 75% 15% 10% Le patrimoine architectural et culturel 74% 17% 9% L'école, l'éducation 72% 18% 10% Les sources d’eau douce 72% 17% 11% Les transports collectifs 65% 24% 11% Le système de santé 64% 25% 11% Les ressources naturelles comme les 59% 28% 13% minerais, le pétrole, le gaz… La monnaie (euro, dollar…) 45% 40% 15% 19
La signification politique et économique des « biens communs » Dire qu’un bien, un service ou une ressource naturelle est un « bien commun », cela signifie concrètement pour vous que ces biens communs… ? Oui, systématiquement Oui, mais pas systématiquement Non, en aucun cas Non réponse Sous-total « Oui » 86 % 4% … devraient être accessibles à tout un chacun 50% 36% 10% Sous-total « Oui » 75 % … devraient être la propriété exclusive de la collectivité, et non appartenir à des 35% 40% 12% 13% particuliers ou des entreprises privées Sous-total « Oui » 74 % ... devraient être exploités ou gérés uniquement par une entreprise publique 29% 45% 11% 15% appartenant à la collectivité % « Oui, systématiquement » Sympathisants de gauche … devraient être accessibles à tout un chacun 63 % … devraient être la propriété exclusive de la collectivité, et non appartenir à des particuliers ou 49 % des entreprises privées … devraient être exploités ou gérés uniquement par 41 % une entreprise publique appartenant à la collectivité 20
« La réalité ne pardonne pas qu’on la méprise. » Joris-Karl Huysmans Études conseil et stratégie pour l’avenir des entreprises et des institutions Paris - Londres - Bruxelles - Casablanca © Andrew Bret Wallis - Getty Les récentes études d’opinion Viavoice réalisées pour HEC, Idinvest Partners, Harmonie Mutuelle, Libération, Le Monde, Le Figaro, Les Échos et France Inter sont consultables sur www.institut-viavoice.com 9, rue Huysmans, 75 006 Paris. + 33 (0)1 40 54 13 90. Viavoice est une SAS indépendante. 21
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