Les Manifestations Psychiatriques de la DFT - JM DOREY Séminaire 4 Jeudi 19 novembre 2020
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Critères de Raskovsky 2011 DFT-c possible : Au moins 3 critères parmi • DFT-c possible : Au moins 3 critères parmi : A: Désinhibition comportementale B: Apathie C: Perte de l’empathie D: Comportements persévératifs E: Hyperoralité F: Bilan neuropsy évocateur : déficit exécutif avec respect relatif de la mémoire DFT-c probable : DFT-c possible + A et B • DFT-c probable : DFT-c possible + A et B A: Déclin fonctionnel significatif B: Imagerie évocatrice (IRM ou PET) DFT-c certaine : DFT-c probable + A ou B • DFT-c certaine : DFT-c probable + A ou B A : Preuve histologique (biopsie / autopsie) B : Mutation génétique pathogène
SNP prévalence au stade débutant SNP > 50 % 25 - 50 % < 25 % Troubles affectifs et Désinhibition Comportements émotionnels ritualisés- Stéréotypies Inertie Alimentation / hyperoralité Logopénie 41 % Le ber, 2006
SNP SNP: Evolution après 4 années d’évolution Répartition des patients en fonction de leur profil comportemental Début de la maladie -Désinhibés 18% -Apathique 25% -Mixtes 57% Après 4 ans d’évolution - Aggravation des SNP - Mixte ou apathique: 100% Pas de différence neuropsychologique entre les groupes Le ber, 2006
CC 1 Ancien instituteur, sans atcd psychiatrique 61 ans: EDM mélancolique avec symptômes délirant (ruine, incurabilité) au moment du passage à la retraite. Traitement médicamenteux + sismothérapie Bonne efficacité 63 et 69 ans: 2 autres épisodes EDM , traités par sismothérapie, avec récupération partielle (disparition des idées délirantes) et persistance de symptômes résiduels (apathie et perte d’autonomie) 69 ans: adressé en HDJ psychiatrique pour dépression chronique résistante. Clinophilie sévère au domicile. Apathie/ réduction du langage spontané et de la pensée. Stéréotypies gestuelles et alimentaires. Persévération idéique pseudo délirantes: persuadée qu’il va être embarqué de nuit par des ambulancier. Indifférence émotionnelle. BNP: MMS =27/30. T5M = 10/10 et 17/20. Diagnostic retenu: DFT Probable
DFT un diagnostic difficile DFT confondue avec PPP PPP confondue avec DFT Woolley, 2011 Shinagawa, 2016 Etude rétrospective sur dossier (n= 252) Etude rétrospective sur dossier Plus grand risque de diagnostic Sur 247 sujets adressés dans un centre psychiatrique initial: mémoire expert avec un diagnostic de DFT 50 % des DFT Vs 25 % des MA Diagnostic corrigés chez 60% des sujets 1-10 ans avant correction du diagnostic - 25 % autre diagnostic de TNC Retard diagnostic moyen 5 à 6 ans - 5 % aucun diagnostic NP - 35 % diagnostic psychiatrique Principaux diagnostics posés Principal cause d’erreur diagnostic: - Dépression 65 % - mauvaise connaissance des critères (
Risque d’erreur diagnostique augmenté chez les sujets jeunes Caractéristiques l Age de début précoce l Tableau de schizophrénie ou de trouble de l’humeur l Evolution lente l Apparition secondaire d’une sémiologie frontale correspondant aux critères diagnostics usuels de la DFT l Quelle plasticité cérébrale dans la DFT à début précoce ? Velakoulis,2009
La DFT est susceptible d’être confondue avec toutes les pathologies du DSM … DFT Psy Apathie Dépression, schizophrénie Désinhibition Manie Stéréotypies Troubles Obsessionnels Alcoolisme Conduites addictives Trouble personnalité
PPP VS DFT: importance du recueil anamnésique PPP Trouble dépressif DFT • Début « tardif » > 40 - 45 ans • Début « précoce » entre 15 et 30 ans • Atcd familiaux de TNCM • Atcd familiaux PPP • Rupture par rapport à la personnalité • Idées suicidaires / atcd TS antérieure • Récupération complète entre les épisodes • Evolution progressive et continue • Trouble cognitifs limités aux épisodes • Troubles cognitifs non réversibles • Insight variable ( dépression: bonne insight, • Symptômes neurologiques associés (chutes, troubles psychotique insight faible) dysphagies, syndrome extrapyramidal, atteinte des réfles…) • Arguments génétiques et de neuro-imagerie Evolution démentielle des PPP ? Phénocopies de DFT ? • Mauvaise réponse aux traitements psychotropes PPP à début tardif ? • Anosognosie et anosodiaphorie Galimberti, 2015; Ducharme, 2019
1 Apathie: définition Triade symptomatique du syndrome apathique Diminution des comportements dirigés vers un but: Inertie Déficit de la cognition dirigée vers un but: Vide de la pensée Déficit des émotions: Emoussement émotionnel
2 Apathie: diagnostic différentiel Triade apathique Apathie Dépression Perte d’initiative + + Vide de la pensée + - Emoussement affectif + -
Prévalence des comportements suicidaires selon le type de démences Comportements suicidaires plus fréquent dans la DFT que les autres MND Lai et al. Etude sur registre1, N= 56 296 sujets FIGURE 3. Two-year prevalence of any suicidal behavior across dementia subtypes in older patients ( ≥ 50 years) during fiscal years 2012−2013 (N = 56,296). Any suicidal behavior included any suicidal ideation and plan/attempt. Pearson’s x2 test was p < 0.001 for any suicidal behavior across dementia subtypes. Error bars indicate 95% confidence intervals. National patient care data-base National suicide prévention application network 5 4.5 4 AD= 30 578 3.5 VD= 17924 3 Prevalence (%) 2.5 MD= 3419 2 LBD= 3194 1.5 1 FTD= 1181 0.5 0 AD VD FTD LBD MD Dementia subtype Comportement suicidaire = Idées suicidaires ou planification DFT > DV > MCL > MA in FTD and AD. Using the Neuropsychiatric Inven- tory, one study found that older patients ( ≥ 50 Furthermore, we observed that the occurrence of suicidal behavior during FY 2012−2013 was highest years) with FTD had a much higher occurrence and in FTD and lowest in AD. Patients with FTD had the suicidaire ou tentative de suicide severity of anxiety symptoms than those with AD.9 highest 2-year prevalence of suicidal ideation (4%), In contrast, a different study that used the Behav- with 10% of those reporting ideation also having a ioral Pathology in Alzheimer's Disease Rating Scale suicidal plan/attempt. Those with AD had the lowest observed that older adults with FTD had a lower prevalence of suicidal behavior ( < 1%). Only a few occurrence of anxiety symptoms, including phobia prior studies have examined suicidal behavior in Importance du bilan neuropsychologique chez les âgés suicidants symptoms, than those with AD.18 Furthermore, dementia, and none to our knowledge have assessed other studies found that older adults with VD3 and it across dementia subtypes. Although some studies LBD19,20 were more likely to have depressive symp- have found a low prevalence of suicidal ideation in toms and higher occurrence of psychosis symptoms overall dementia,21−23 most are based on nonclinical than those with AD, respectively. These mixed find- assessments of various definitions of suicidal behav- ings may be due to the use of various symptom inventory measures and examination of different Lai, 2018; Armstrong, 2019; Shepard, 2019 ior in small patient samples. This limits the compari- son of suicidal ideation and the investigation of more patient samples. Because our study examined disor- serious suicidal behavior across dementia subtypes.
Désinhibition Vs Manie Arguments cliniques: Manie désinhibition Insomnie oui non Syntonie oui non Arguments anamnestiques: - Atcd personnels et familiaux de trouble de l’humeur - Si doute screening personnalité: - Echelle de tempérament - Echelle d’hypomanie de Angst
Troubles de la personnalité • Personnalité psychopathique / perverse • Risque de transgression de la loi chez 35 % des patients • Non respects code de la route / vol / agression etc.. • Urination en publique / conduite d’exhibition / réflexions à connotation sexuelle • >>désinhibition / manque d’empathie / perte des convenances sociales • Personnalité hypochondriaques • Plaintes somatique fréquentes • Jusqu’à 50 % des patients si mutation C7orf • >> persévération idéiques
Conduites addictives • Jeu pathologique • Addiction pornographique • Tabagisme compulsif • Potomanie • Ethylisme tardif parfois massif et dysposmaniaque posant la question de l’étiologie du syndrome frontal (cause ou conséquence de l’éthylisme ?) • >> conduite stéréotypées / désinhibition / hyper-oralité
1 Symptômes psychotiques • Longtemps considérés comme rares, voire incompatibles avec le diagnostic… • Chez 10 à 20% des patients toutes DFT confondues • Peuvent inaugurer la maladie constituer un tableau de trouble psychotique • Associés à un sur-risque d‘erreurs ou de retards diagnostic • Plus fréquente: • si atrophie frontale droite, thalamus, cervelet • dans les formes génétiques (jusqu’à 25% si PGRN et 50% si C9ORF 72) • Chez les sujets jeunes [Shinagawa, 2014; Lanqvist 2015; Le Ber, 2016; Lillo, 2010]
2 Symptômes psychotiques • Idées interprétatives avec thématique • de persécution ( méfiance excessive, tendance soupçonneuse, jalousie) • Érotomaniaque • Mégalomaniaque • Hypochondriaques • Fréquentes persévérations idéiques irrationnelles à tonalité pseudo- délirante, hyper-religiosité • Hallucinations multimodales • visuelles > auditives > coenesthésiques > gustatives / olfactives • Risque augmenté de DFT-SLA si symptômes psychotiques [Shinagawa, 2014; Lanqvist 2015; Le Ber, 2016; Lillo, 2010; Waldo, 2015]
Symptômes psychotiques : comparaison 3 selon le type de mutation Snowdon, 2015
Vieillissement de la maladie bipolaire Concept de démence vésanique Lebert [2008]: certaines maladies bipolaires auraient une involution cognitive frontale spécifique à suivi sur 6 ans de 13 patients bipolaires répondant aux critères de démences selon le DSM IV (1) évolution lente (perte de 0,5 points au MMS) sur 6 ans (2) altérations neuropsy spécifiques: concepts, troubles visuo-spatiaux et visuo-perceptifs (3) EDF à Apathie: 12 patients à Négligence physique: 6 patients à Indifférence affective: 3 patients à trouble du contrôle de soi: 10 patients (4) Imagerie: Atrophie + hypodébit régions frontales
Similitudes neuropsychologiques ++ entre DFT et schizophrénie chronique + Comparaison performances cognitives: [Stolwyk, 2014 a] -Population contrôle -Schizophrénie ambulatoire -Schizophrénie institutionnalisée Profil cognitif proche -DFT + Similarité neuro-cognitive DFT Vs SCH chronique: 85 % [Stolwyk, 2014 b] + Trouble du comportement MA Vs SCHZ en EHPAD [Deschamps,2008] - Score totale NPI: SCZ = MA - Symptomatologie frontale: SCZ > MA [syndrome frontal= Euphorie + Apathie + désinhibition + irritabilité ]
Existe-t-il un continuum entre troubles psychiatriques et DFT ? • Risque d’évolution démentielle augmenté dans la maladie bipolaire et la schizophrénie (mais populations très hétérogènes) • Plus d’atcds psychiatriques chez les apparentés DFT Vs MA • Nombreux « case reports » de troubles psychiatriques typiques ayant évolués vers une DFT • Mutations génétiques (PGRN et C9ORF72) retrouvées chez certains patients psychiatriques • Familles porteuses de mutations: agrégation DFT / SCHZ / TB • Quelle implication de la progranuline ? Taux sérique de PGN bas chez des population bipolaires / SCHZ Vs Contrôle, sans mutation du gène associée.
Les échelles comportementales • La FBI : frontal Behavioral Inventory • Distinguer les différentes formes de démence • Mais pas par rapport aux troubles psychiatriques • La CBI : Cambridge Behavioural Inventory • Ne permet pas non plus de faire la distinction avec troubles psychiatriques • La DAPHNE : • A démontré sa capacité de distinguer DFT-c et les troubles bipolaires Au total : -En utiliser au moins une, de manière systématique -Etablir une liste spécifique dans le futur entre DFT-c et pathologies psychiatriques
Reconnaissance des émotions faciales selon les pathologies neuro-psychiatriques REF: Dépression> AD > Schizophrénie > DFT Bediou, 2011 Bertoux, 2012; Funkiewiez et al, 2012
Echelles de cognition sociale: des outils précieux pour distinguer DFT et dépression Mini SEA (Social cognition Emotional assessment) Version réduite à 2 subtests de la SEA - REF Emotion faciale - Test des faux pas (théorie de l’esprit) Permet de distinguer DFTc débutante et modérée Vs Episode Dépressif Majeur (DFTc débutante définie par MDRS = 131-141; MMSE =27/30, BREF =15/30) Score total (/30) Egalement validée versus MA Cut off = 22 Pas de validation versus schizophrénie et Sensibilité: 94 % maladie bipolaire Spécificité: 100 % Bertoux, 2012; Funkiewiez et al, 2012
Intérêt des taches de REF morphées aux trés stades débutant ?(données non validées) Comparaison REF morphée DFT débutante Vs Contrôle - Emotions prototypiques, bonne performance: DFT = CTL (effet plafond) - morphing intermédiaire: DFT < CTL - Morphing de faible intensité, mauvaise performance: DFT = CTL (effet plancher)
Imagerie morphologique DFT PPP: Schizophrénie et MB Atrophie antérieure Littérature:*diminution +/- asymétrique volumétrie corticale surtout frontale + atrophie corticale Parfois absence d’atrophie liée à l’âge accélérée dans les formes Clinique: débutantes ou génétiques atrophie frontale et hippocampique fréquente chez les patients avec ou sans présentation démentielle + leucoariose [ * Lebert, 2008; Schuster, 2011; Pujol; 2014; Baez, 2017; ENIGMA, 2018 ]
Imagerie isotopique • Intéressante quand l’IRM morphologique est normale • Anomalies TEMP et TEP dans les DFT… Homme, 57 ans, ingénieur, trouble bipolaire • …mais aussi dans 40% des Décompensation dépressive résistante Réponse partielle à 2 cure de sismothérapie PPP ! Apathie + plainte mnésique > 1 an IRM morphologique normale TEMP hypométabolisme (-5d) région antérieure. PL normale. Génétique RA. Virage maniaque, puis retour à un fonctionnement normal
Dosage Nf-L pathologies psychiatriques vs DLFT génétiques Fourier et al, 2019 & 2020
Vignette 1 Patiente 61 ans. Trouble schizothymique. Première décompensation + TS à 38 ans. Modification comportementale d’installation très progressive. Apathie ++, syndrome de Diogène. Gloutonnerie. Tabagisme massif MMS = 25/30. BREF 6/18. DAPHNE 5/6. Dosage progranuline dans le LCR abaissée à 1,9 (norme >2.1 ng/mL) Dosage chaîne légère de neurofilaments Nf-L dans le LCR : 14453 pg/mL. Mutation autosomique dominante du gène GRN sur le chromosome 17
Vignette 2 • Homme 62 ans • Schizophrénie paranoïde + poly- toxicomanie sevrée. • Plusieurs hospitalisation pour décompensations délirantes • Modification de la symptomatologie: désinhibition sexuelle, agression d’une passante, délire de persécution désorienté; oubli, troubles de l’attention • MMSE = 19/30; BREF : 10/18; T5M: 9/10 et 17/20; DAPHNE 5/6; REF altérée Protéine Tau totale (153 ng/L) protéine Tau phosphorylée (28ng/L) et peptide Ab42 (1005ng/L) normaux non en faveur d’une maladie d’Alzheimer dysexécutive et/ou comportementale. Dosage progranuline dans le LCR normale Dosage chaîne légère de neurofilaments Nf-L dans le LCR : 1396 pg/mL.
Gossink, J neurol Neurosurg psychiatry, 2016
Phénocopie de DFT ? Quid du Syndrome d’Asperger vieillissant ? • -1- Altération Altération sévère sévère desdes interactions interactions sociales sociales • sur le plan du contact visuel, de l'expression faciale et du langage non verbal • difficultés à développer des relations amicales • peu de réciprocité émotionnelle • peu d'empathie • -2-Champs Champsd'intérêt d'intérêtinhabituels, inhabituels, stéréotypés stéréotypés et etcirconscrits circonscrits • routines et rituels • comportements et mouvements stéréotypés • intérêt envers certaines particularités des objets (couleur, texture) • -3-Dysrégulation Dysrégulationde delalavie vie émotionnelle émotionnelle
1 CONCLUSIONS Les liens possibles entre DFT et PPP Mode d’entrée psychiatrique dans la maladie Evolution d’un pathologie psychiatrique vers une DFT Continuum ou pathologies distinctes ? Intrication entre symptômes psychiatriques et neurologiques Lagarde et Sarazin, 2017
2 CONCLUSIONS • Similitudes cliniques et chevauchements phénotypiques entre pathologies psychiatriques et DFT • Diagnostic différentiel difficile au stade débutant de la DFT mais parfois aussi à des stades plus plus avancés • Grille de lecture différente selon le regard psychiatrique ou neurologique • Collaboration neurologues / gériatres / psychiatres à développer ou renforcer
3 CONCLUSIONS • Si présentation psychiatrique, savoir penser à une DFT même chez un sujet jeune surtout en cas de résistance au traitement • Une réponse au traitement psychotrope n’exclut pas le diagnostic • Pas plus qu’une évolution lente des symptômes • Chez les patients complexes: importance de l’examen clinique précis sans a priori: savoir garder un regard neuf ! • Possible facteurs de risques génétiques croisés entre certaines formes de pathologie psychiatrique et DFT
4 CONCLUSIONS • Importance du diagnostic différentiel pour - Informer le patient et les proches sur la maladie - Anticiper l’avenir - Eviter les traitements iatrogènes - Diagnostic neurologique moins stigmatisant que le diagnostic psychiatrique - Faciliter le parcours de soins - Rechercher des formes génétiques
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