TROUBLES NÉVROTIQUES Dr BLAISE Emilie Praticien hospitalier Service de psychiatrie-addictologie CHU DIJON - IFSI DIJON
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TROUBLES NÉVROTIQUES Dr BLAISE Emilie Praticien hospitalier Service de psychiatrie-addictologie CHU DIJON
PLAN Historique Définition Etiologie Névrose d’angoisse: attaque de panique, trouble panique, anxiété généralisée Névrose phobique: phobie spécifique, phobie sociale Névrose obsessionnelle: personnalité obsessionnelle, TOC Névrose hystérique: personnalité histrionique, troubles somatoformes Etat de stress post-traumatique, état de stress aigu Conclusion
HISTORIQUE Terme utilisé pour la 1ère fois par un médecin écossais William Cullen en 1769 pour désigner une altération du système nerveux allant de l’épilepsie à l’hystérie sans lésion localisée Dérivé du grec « neuron » qui signifie nerf et du grec « ose » qui signifie anomalie
HISTORIQUE Introduit en France par Philippe Pinel: médecin psychiatre à l’hôpital Bicêtre qui édite en 1809 un Traité médico- philosophique sur l’aliénation mentale Evolution du concept: affection organique à affection psychogène
HISTORIQUE Au XIXème siècle, FREUD et ses disciples participent au développement du terme de névrose Ces dernières années, aux côtés des modèles psychanalytiques, ont émergé d’autres modèles théoriques A ce jour, le concept de névrose a disparu des classifications internationales de psychiatrie Malgré cela, le concept de névrose apporte un éclairage sur la genèse des troubles
DEFINITION: MODÈLE PSYCHANALYTIQUE Mode d’organisation d’un conflit psychique qui entraîne une souffrance psychique et/ou des symptômes révélant l’expression symbolique d’un conflit prenant racine dans l’histoire infantile du sujet et réactualisé dans l’après coup Compromis entre pulsion et interdit (ex: cas Dora de Freud: surprend coït parental enfant, développement d’une dyspnée d’allure hystérique à l’âge adulte) Se distingue de la psychose par plusieurs points: • Conscience des troubles • Pas de perte du sens de la réalité • Pas de confusion entre réalité interne et externe
DEFINITION: MODÈLE PHARMACOLOGIQUE Souffrance psychique provient de l’anxiété générée par un stress Stress: processus physiologique développé par l’organisme en réaction à des évènements internes ou externes afin de mettre en place une réponse adaptée à une situation Modulation du système hypothalamo-hypophyso- surrénalien et du système nerveux sympathique
DEFINITION: MODÈLE COGNITIVO- COMPORTEMENTAL Conditionnement à un type de réponse Ex: phobie apprise et renforcée au cours de la vie Névrose: formation réactionnel à un comportement inversé, réaction aux difficultés extérieurs Inconvénient: peu de prise en compte de l’aspect individuel du sujet
ETIOLOGIES Origine multifactorielle Facteurs de vulnérabilité individuelle (environnement familial, traumatismes, personnalité pathologique) Facteurs déclenchants qui favorisent l’entrée dans la maladie (traumatisme physique ou psychique, stress chronique) Facteurs d’entretien qui s’opposent à la guérison (anxiété anticipatoire, fausses croyances, bénéfices secondaires)
NEVROSE D’ANGOISSE: ATTAQUE DE PANIQUE, TROUBLE PANIQUE ET ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE ATTAQUE DE PANIQUE: • Très fréquent • Début brutal • Durée: 10 à 30 min • Angoisse avec symptomatologie somatique (tachycardie, tachypnée=>hypocapnie, céphalée, vertiges, tremblements, sueurs…), psychique (peur intense) et psychosensorielle (perceptions sensorielles modifiées, diminution de la vigilance)
Fin marquée par une impression de fatigue et de soulagement
NEVROSE D’ANGOISSE: ATTAQUE DE PANIQUE, TROUBLE PANIQUE ET ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE TROUBLE PANIQUE: • Prévalence: 1 à 3 % en pop générale, prédominance féminine, sujets jeunes • Répétition d’attaques de panique suivie de la crainte persistante pendant au moins 1 mois d’avoir une autre attaque de panique
Associée ou non à une agoraphobie: anxiété liée au fait de se trouver dans des endroits ou des situations d’où il pourrait être difficile de s’échapper (ex: foule, bus, ascenseur..)
NEVROSE D’ANGOISSE: ATTAQUE DE PANIQUE, TROUBLE PANIQUE ET ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE ANXIETE GENERALISEE: • Prévalence: 5 % de la pop générale, prédominance féminine • Anxiété et soucis excessifs durant au moins 6 mois concernant un certain nombre d’évènements ou d’activités
Symptômes: agitation, fatigabilité, difficultés de concentration, irritabilité, tension musculaire, perturbation du sommeil
NEVROSE D’ANGOISSE: CAS CLINIQUE Mme M., 30 ans, agent d’accueil dans le tourisme, consulte son médecin généraliste pour des troubles évoluant depuis 2 ans. Elle explique avoir des ruminations permanentes sur son travail, ne supporte plus les réflexions faites par les touristes et a des troubles de l’endormissement. Elle a de plus en plus de mal à aller sur son lieu de travail et ressent le besoin de consommer de l’alcool tous les soirs pour se détendre. Diagnostic?
NEVROSE PHOBIQUE: PHOBIE SPÉCIFIQUE, PHOBIE SOCIALE PHOBIE SPECIFIQUE: • Prévalence: 10 % de la pop générale, prédominance féminine • Peur d’objets ou de situations objectivement visibles et circonscrits, irraisonnée et incontrôlable • Exposition au stimulus phobogène provoque presque invariablement une réponse anxieuse immédiate
Conduite d’évitement Type: animal, environnement, sang, situationnel, autre Exemples: aquaphobie, émetophobie, glossophobie, ereutophobie, cynophobie…
NEVROSE PHOBIQUE: PHOBIE SPÉCIFIQUE, PHOBIE SOCIALE PHOBIE SOCIALE: • Prévalence: 5 à 10 % de la pop générale, prédominance féminine • Peur de situations sociales dans lesquelles un sentiment de gêne peut survenir • Le sujet craint d’agir de façon embarrassante ou humiliante sous le regard et le jugement d’autrui • Conduite d’évitement
NEVROSE PHOBIQUE: CAS CLINIQUE Mme B., 28 ans, suivie en consultation psychiatrique pour un trouble dépressif récurrent, vous demande des conseils car elle n’arrive pas à prendre la parole en public sans rougir et cela depuis l’adolescence. Diagnostic?
NEVROSE OBSESSIONNELLE: PERSONNALITÉ OBSESSIONNELLE, TOC PERSONNALITE OBSESSIONELLE: • Prévalence: 1 à 7 % de la pop générale, prédominance masculine • Mode général de préoccupation par l’ordre, le perfectionnisme et le contrôle mental et interpersonnel, aux dépend d’une souplesse, d’une ouverture et de l’efficacité • Symptômes: préoccupations par les détails, les règles, les inventaires, l’organisation ou les plans, perfectionnisme, dévotion excessive pour le travail et la productivité, scrupulosité, réticence à déléguer
NEVROSE OBSESSIONNELLE: PERSONNALITÉ OBSESSIONNELLE, TOC TROUBLE OBSESSIONEL-COMPULSIF: • Prévalence: 1 à 2 % de la pop générale, sex ratio 1 • Existence soit d’obsessions soit de compulsions ou les deux à l’origine d’un sentiment marqué de détresse, d’une perte de temps considérable ou qui interfèrent avec les activités habituelles • Pathologique quand perte d’au moins 1 h par jour ou souffrance significative
Obsessions: idées, pensées, impulsions ou représentations persistantes qui sont vécues comme intrusive et inappropriées (ex: être contaminé en serrant la main) Compulsions: comportements répétitifs (ex: se laver les mains) ou actes mentaux (ex: compter) dont le but est de prévenir ou de réduire l’anxiété ou la souffrance
NEVROSE OBSESSIONNELLE: CAS CLINIQUE Mr C., 40 ans, hospitalisé dans le service de psychiatrie se lave jusqu'à 10 fois/jour. Il nous explique avoir toujours la crainte d’être contaminé par des bactéries. Il refuse d’ailleurs de nous serrer la main lorsque nous allons le voir dans sa chambre. Diagnostic?
NEVROSE HYSTERIQUE: PERSONNALITÉ HISTRIONIQUE, TROUBLES SOMATOFORMES En 400 avant J.C., Hippocrate estime que l’hystérie est due à une migration de l’utérus à travers le corps jusqu’au cerveau (grec hystera = utérus) Au XIXème siècle cette théorie est remise en question par les psychanalystes et décèle une origine psychique inconsciente au symptôme hystérique Actuellement, la conation négative de l’hystérie a amené les classifications de psychiatrie a utiliser d’autres termes
NEVROSE HYSTERIQUE: PERSONNALITÉ HISTRIONIQUE, TROUBLES SOMATOFORMES PERSONNALITE HISTRIONIQUE: • Prévalence: 2 à 3 % de la pop générale, sex ratio 1 • Sujet mal à l’aise dans les situations où il n’est pas au centre de l’attention • Comportement de séduction inadapté, expression émotionnelle superficielle, quête affective • Dramatisation, théâtralisme • Suggestibilité: facilement influencé par autrui • Considère que ses relations sont plus intimes qu’elles ne le sont en réalité
NEVROSE HYSTERIQUE: PERSONNALITÉ HISTRIONIQUE, TROUBLES SOMATOFORMES TROUBLES SOMATOFORMES: • Prévalence: 5 à 10 % de la population générale • Présence de symptômes physiques faisant évoquer une affection médicale mais qui ne peut être expliqué • Les symptômes physiques ne sont pas volontaires • Trouble somatisation: polysymptomatique, persistant plusieurs années • Trouble de conversion: déficits inexpliqués touchant la motricité ou les fonctions sensorielles, symptôme d’allure neurologique • Trouble douloureux: douleur au centre du tableau clinique • Hypocondrie: préoccupation sur la crainte ou l’idée d’être malade • Dysmorphophobie: préoccupation concernant un défaut imaginaire ou bien amplifié de l’apparence physique
NEVROSE HYSTERIQUE: CAS CLINIQUE Mme R., est hospitalisée en neurologie pour une paralysie des membres inférieures, brutales, après une altercation avec une collègue de travail. Le bilan est normal. Elle est alors transférée en psychiatrie et la paralysie régresse en 3 mois. Diagnostic?
ETAT DE STRESS POST-TRAUMATIQUE Prévalence: variable selon la pop, environ 1 %, prédominance féminine, 50 % des victimes de viol développent un ESPT Survient suite à l’exposition à un facteur de stress traumatisant constituant une menace de mort ou de blessure sévère et entrainant une peur intense avec un sentiment d’impuissance Symptômes: souvenirs répétitifs et envahissants de l’évènement, rêves répétitifs, reviviscences: impression de « comme si » l’évènement allait se reproduire, sentiment de détresse lors de l’exposition à des indices évoquant l’évènement Conduites d’évitement Temps de latence variable suite au traumatisme Durée: supérieure à 1 mois
ETAT DE STRESS POST-TRAUMATIQUE un “avant” et un “après”: changement de la relation: à soi-même: insécurité, culpabilité ou honte, perte d'estime, impuissance, vide aux autres: repli affectif, irritabilité, méfiance, parfois conduites agressives; incompréhension (après qqs semaines, la sollicitude de l'entourage diminue) au monde: perte de sécurité de base, irruption du réel de la mort; perte d'espoir, impression d'avenir bouché réaménagements positifs possibles (résilience)
ETAT DE STRESS AÏGU Survient dans les 4 semaines suivant l’exposition à un facteur de stress traumatisant constituant une menace de mort ou de blessure sévère et entrainant une peur intense avec un sentiment d’impuissance Symptômes: sentiment de torpeur, de détachement, réduction de la conscience de l’environnement, impression de déréalisation, amnésie dissociative (impossibilité de se souvenir d’un aspect important du traumatisme), pas de reviviscences Perturbations durent un minimum de 2 jours et un maximum de 4 semaines Ttt: interventions CUMP, repérage, débriefing, ne previent pas l’apparition d’un ESPT
NEVROSE TRAUMATIQUE: CAS CLINIQUE Mme V., est vue en consultation de psychiatrie pour des cauchemars récurrents, depuis environ 2 ans, en lien avec un accident de voiture où elle était conductrice et qui a conduit à des séquelles motrices chez sa sœur passagère du véhicule. Elle nous explique avoir l’impression de revivre la scène avec un sentiment de peur intense. Diagnostic?
TÉMOIGNAGE J’ai 28 ans. Le 13 novembre 2015, j’étais à Paris dans un bar de la rue de la Fontaine-au-Roi, dans laquelle les terroristes de Daech ont fait cinq morts par fusillade. Le patron de notre bar a fermé les rideaux, des soldats se sont postés devant la porte et nous avons attendu des heures, avec les sirènes en fond sonore. Je n’ai pas ressenti de réelle panique ; j’étais avec mes amis, j’avais peur mais je me sentais protégée. C’était surréaliste, on ne réalisait pas ce qui était en train de se passer dehors. L’une des clientes a appris devant nous, au téléphone, que sa mère avait été touchée par une balle. Nous avions vraiment du mal à comprendre ce que nous étions en train de vivre. Je n’ai pas voulu abréger mon séjour à Paris, je ne voulais pas laisser les gens avec qui j’avais vécu ça. Je suis restée. Le dimanche, avec un ami déjà présent le vendredi soir, nous avons décidé de sortir. On ne voulait pas avoir peur. On voulait reprendre le cours de nos vies et avancer comme tout le monde. Nous nous sommes installés dans un bar, rue Oberkampf. Tout se passait bien, la musique était très forte et particulièrement kitsch. Nous discutions de notre ancienne et douloureuse rupture, les choses étaient enfin dites. Jusqu’à ce que deux personnes en scooter balancent des pétards sur notre terrasse. La panique a pris tout le monde, en une demi-seconde. Les vitres ont été brisées, les verres et les tables renversés, les gens hurlaient. On n’entendait plus la musique. Nous avons rampé parmi les débris de verre, nous avons vu le patron du bar s’enfuir devant nous. Nous étions seuls dans une panique absolue. Les gens se sont précipités dans la cave, mon ami m’a hurlé que si nous descendions, nous n’aurions aucune issue, qu’on allait « crever là ». Je me suis vue mourir. Littéralement. Nous sommes partis en courant, sans nous arrêter, sans nos affaires. En débardeur, gelée, je pleurais en courant. Je m’accrochais à mon ami de toutes mes forces. J’étais terrorisée. C’était une fausse alerte, une blague dangereuse et vicieuse, mais une fausse alerte. Je suis rentrée chez moi, à Nantes, le lendemain. Dans les semaines qui ont suivi, je ne me suis pas sentie différente. Fatiguée, je dormais mal mais je n’ai pas fait le lien. On m’a prescrit des anxiolytiques pour la nuit, et j’ai doublé mon temps de sommeil habituel sans me poser de questions. De cinq à six heures par nuit depuis des années, je suis passée à plus de dix heures. J’ai tenté d’arrêter les cachets avant de dormir, ce qui a entraîné de violents cauchemars et bien des heures à fixer le plafond en pleurant en silence. Moi qui étais une lève-tôt dynamique dès le saut du lit, il me fallait une heure pour commencer à sortir de sous les draps. Fin décembre, je suis devenue l’ombre de moi-même. Extrêmement agressive, à fleur de peau, exténuée malgré des nuits de dix à douze heures, j’ai consulté ma généraliste. Je n’avais pas peur de me faire du mal mais je me sentais parfaitement capable de blesser quelqu’un. Elle m’a diagnostiquée faite immédiatement prendre en charge par le centre de victimologie de Nantes. Après un très long examen et de nombreuses questions, un psychiatre a diagnostiqué un état de stress post-traumatique. Je suis épuisée…
CONCLUSION « Dans la névrose, un fragment de la réalité est évité sur le mode de la fuite; dans la psychose, il est reconstruit » FREUD MERCI DE VOTRE ATTENTION
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