LES PLANÈTES - Une publication de la Société d'astronomie du Planétarium de Montréal SAPM - Société d'astronomie du ...

La page est créée Elodie Jacob
 
CONTINUER À LIRE
LES PLANÈTES - Une publication de la Société d'astronomie du Planétarium de Montréal SAPM - Société d'astronomie du ...
Une publication de la Société d’astronomie du Planétarium de Montréal • SAPM  Automne 2021 — volume 32 , numéro 3

                                                                                  LES PLANÈTES

                                                                    NAINES
LES PLANÈTES - Une publication de la Société d'astronomie du Planétarium de Montréal SAPM - Société d'astronomie du ...
Sommaire

   3   Mot du président

                                                                                                      Page couverture : Pluton / Crédit : NASA
   4   Équipe de production
   5   Espace des membres
   8   Événements astronomiques
  11   Sur le web
                                                                 Accueil des
       Pour y voir clair                                      nouveaux membres
  12
       Qu’est-ce qui distingue une planète                  La pandémie a beaucoup affecté
       d’une étoile ?                                        nos abonnements ; cependant,
                                                             la réouverture du Planétarium
  15   À la Une                                              pendant la semaine de relâche
       Les planètes naines : des mondes de glace            scolaire nous a permis d’obtenir
                                                                 de nouveaux membres.
       aux confins du Système solaire
                                                         La Société d’astronomie du Planétarium
       Le privé à la conquête de l’espace                    de Montréal (SAPM) est heureuse
  18                                                       d’accueillir 94 nouveaux membres
       Blue Origin
                                                         depuis le 5 avril dernier. La provenance
                                                           de ces nouveaux membres est assez
       Histoire                                             diversifiée : Montréal, Repentigny,
  21                                                           Brossard, Granby, Kingston,
       Trois journées mémorables
                                                             Sainte‑Anne‑des‑Plaines, Laval,
                                                         Saint‑Laurent, Saint‑Jean‑sur‑Richelieu,
       Jeune astronome
  24                                                      LaSalle, Ottawa, Verdun, Boucherville,
       La planète numéro neuf                                   Chambly, Austin, Blainville,
                                                                Terrebonne, Elgin, Joliette,
                                                             Saint‑Césaire, Sainte‑Catherine
                                                                  et Ville de Mont‑Royal.
  26   Le Petit Planétaire
                                                               Merci à tous ceux qui sont
  27   Une constellation et ses trésors                         restés fidèles à la SAPM
                                                                 en ces temps difficiles.
  30   Ciel profond
                                                              N’hésitez pas à consulter notre
  33   Jouons avec les planètes naines                       site web et nos réseaux sociaux
                                                            (Facebook et Twitter) pour obtenir
                                                            plus d’informations sur l’actualité
  34   Variations sur un même thème                             astronomique, nos ateliers
                                                                  ainsi que nos activités.

                                                                  Bienvenue à la SAPM !

                                                         L’icône SAPM contient des liens.
                                                         N’hésitez pas à cliquer dessus
                                                         pour découvrir plus d’informations.
       Les textes n’engagent que leurs auteurs.

                            Hyperespace • Automne 2021                                            2
LES PLANÈTES - Une publication de la Société d'astronomie du Planétarium de Montréal SAPM - Société d'astronomie du ...
Mot du président

                Observations
                et formations
                SITES D’OBSERVATIONS                                      Découverte du ciel de nuit et Comment photo­
                L’été dernier, l’allègement des mesures sanitaires        graphier des paysages célestes (parties 2 et 3).
                nous a permis d’utiliser nos nouveaux sites               Enfin, une nouvelle formation en plusieurs volets
                d’observations. Le site à Elgin (Rosette 3.5) a été
                                                                          qui est en lien avec le projet DOMe devrait aussi être
                particulièrement populaire en raison de la qualité
                                                                          disponible. Cette dernière traitera des météorites :
                de son ciel. Malheureusement, ce dernier ne sera
                                                                          comment les reconnaître et en identifier les différents
                pas disponible pendant la saison hivernale, d’où
                                                                          types ainsi que s’initier aux procédures de recherche
                l’importance d’en avoir un autre comme celui de
                                                                          de météorites sur le terrain.
                Hemmingford pour nous accueillir.
                                                                          Toutes les mises à jour relativement à la tenue de
                Toutes les informations concernant ces sites              ces évènements en présentiel seront aussi commu­
                sont disponibles dans la section Espace                   niquées dans cet onglet.
                membre de notre site web.
                                                                          CONFÉRENCES À LA SAPM
                FORMATIONS                                                Nous aurons encore une fois plusieurs sujets très
                Nous avons ajouté l’onglet Formations à la section        variés pour nos conférences, dont le télescope James
                Espace membre. Dans ce dernier, nous vous offrons         Webb, Carl Sagan, l’histoire de la météorite Campo
                des capsules de formation sous forme de capsules          Del Cielo, la matière sombre et le projet DOMe.
                vidéos. D’ailleurs, trois d’entre elles sont actuel­
                                                                          Bon automne 2021 !
                lement disponibles soit : Choisir un télescope,
                S’orienter dans le ciel et Comment photographier
                des paysages célestes (partie 1).
                                                                          Alain Vézina
                Si les mesures sanitaires le permettent, des formations   Président
                en présentiel sont prévues cet automne ; il s’agit de     Société d’astronomie du Planétarium de Montréal
 Crédit photo : Greg Rakozy

Sommaire                                                 Hyperespace • Automne 2021                                                 3
LES PLANÈTES - Une publication de la Société d'astronomie du Planétarium de Montréal SAPM - Société d'astronomie du ...
Équipe de production

  L’espace pour tous ?
  Depuis peu, l’espace n’est plus seulement à la portée des astronautes,
  mais est maintenant accessible à une poignée de gens immensément
  riches... toutefois, cela risque de changer.

  En lisant les derniers développements sur les entreprises privées à la
  conquête de l’espace, je suis inquiète. Je crains qu’elles multiplient les
  aller-retours sans prendre les précautions nécessaires pour préserver
  cet endroit merveilleux qui nous fait rêver et qui appartient à tout le
  monde et à personne à la fois.                                                Équipe de production
  C’est extraordinaire que des scientifiques repoussent les limites de nos
  connaissances en scrutant l’Univers avec des instruments de plus en           Rédactrice en chef
  plus performants et en l’explorant pour mieux comprendre d’où l’on            Isabelle Léveillée
  vient. Mais il faut y faire attention à l’Univers, et quand je vois comment
  certains exploitent la Terre, je ne suis pas rassurée de voir des hommes      Assistante à la rédaction
  d’affaires s’approprier cet espace.                                           Johanne Prud’homme

  En somme, j’aimerais que le Petit Prince ne se fasse jamais embêter par       Réviseure
  des touristes et qu’il puisse demeurer tranquille sur son inaccessible        Geneviève Girard
  planète...
                                                                                Réviseur scientifique
  Bonne lecture !                                                               et recherchiste
                                                                                Jean-François Guay
  Isabelle Léveillée
  Rédactrice en chef                                                            Conception visuelle
                                                                                Kanoca infographie

                                                                                Pour joindre la rédaction :
                                                                                Isabelle Léveillée
                                                                                isabelle.hyperespace@sapm.qc.ca

                                                                                Mission SAPM et
                                                                                conseil d’administration

                                                                                Pour joindre la SAPM

Sommaire                                  Hyperespace • Automne 2021                                              4
LES PLANÈTES - Une publication de la Société d'astronomie du Planétarium de Montréal SAPM - Société d'astronomie du ...
Espace des membres

  Souvenirs d’été

                                                                                                   Crédit photo : Alain Vézina
                                             Soirée d'observations au site Rosette 3.5 (Elgin).

                                                                                                   Crédit photo : Isabelle Harvey

                              Lac Écho, le 13 août dernier, où l'on voit le croissant de lune,
                              mais aussi Vénus, près des arbres. Elle se voyait à l'œil nu, mais
                              quoi de mieux qu'une bonne paire de jumelles pour la repérer !
                              Sur la photo, mon frère François (Montréal), Denis Bergeron
                              (Outaouais) et André Nadeau (Québec).

Sommaire      Hyperespace • Automne 2021                                                              5
LES PLANÈTES - Une publication de la Société d'astronomie du Planétarium de Montréal SAPM - Société d'astronomie du ...
Espace des membres

                                                                                                 Crédit photo : Jean-François Guay
                              Éclipse annulaire du 10 juin prise de Chisasibi à la Baie James.

                                                                                                 Crédit photo : Alain Vézina

                                 Éclipse du 10 juin 2021 vue à travers un télescope solaire.

Sommaire      Hyperespace • Automne 2021                                                             6
LES PLANÈTES - Une publication de la Société d'astronomie du Planétarium de Montréal SAPM - Société d'astronomie du ...
Espace des membres

  Les suggestions de lecture                                                                           d’Isabelle Harvey

  The New Solar System
  par Beatty, Collins Petersen, et Chaikin, 1999
  Intégrant les dernières connaissances de l’époque sur le Système solaire, ce livre comprend
  les découvertes sur les astéroïdes, les comètes, le Soleil et nos planètes voisines. Comprenant
  plusieurs tableaux avec les dernières caractéristiques des planètes, leurs systèmes de lune et
  d'anneaux, les comètes, les astéroïdes, les météorites et les missions spatiales interplanétaires,
  ce livre inclut aussi les descriptions des collisions dans le Système solaire, les résultats
  scientifiques complets de la mission de Galilée sur Jupiter et ses lunes, et la mission Mars
  Pathfinder. (Code : A0038)

                        Le Système solaire
                        par Braccesi, Caprara et Hack, 2001
                        Du Soleil aux régions extrêmes du Système solaire, partez à la découverte des planètes,
                        satellites naturels, comètes et autres corps célestes. Des planètes internes - Mercure, Vénus,
                        la Terre et Mars - la perspective s'élargit pour atteindre les « colosses » du Système solaire -
                        les planètes géantes Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune - et finalement arriver au minuscule
                        Pluton. Ce livre offre l'occasion d'étudier aussi les comètes, astéroïdes et météorites, afin de
                        brosser un portrait complet du Système solaire à la lumière des dernières théories sur ses
                        origines et son évolution. (Code : F0093)

  Asteroid Rendezvous: NEAR Shoemaker's Adventures at Eros
  par Jim Bell et Jacqueline Mitton, 2002
  Le Near Earth Asteroid Rendezvous (NEAR) a été la première mission à orbiter et à atterrir sur
  un astéroïde. Ce livre décrit la mission depuis les études de concept initiales, en passant par
  la phase de développement, le lancement, les opérations de croisière, le survol de l'astéroïde
  Mathilde, la panne du moteur principal, le sauvetage et la récupération du vaisseau spatial,
  l'observation et, enfin, la tentative audacieuse de faire atterrir le vaisseau spatial sur Eros à
  la fin de la mission. (Code : A0131)

                        Projet d'observation – Les planètes
                        par Claude Duplessis, 2010
                        Avec ce livre, l'auteur souhaite faire découvrir aux observateurs du ciel tous les plaisirs
                        que nous offrent les planètes du Système solaire. Le contenu communique et explique les
                        conditions atmosphériques qui influencent la qualité des observations. Les instruments
                        d'optique et leurs accessoires sont également abordés pour vous guider vers la réussite de
                        leur découverte. Les sept planètes, de Mercure à Neptune, sont abordées en fournissant
                        quelques informations d'ordre général. S'ajoutent des suggestions de projets d'observation
                        s'adressant tant au débutant qu'à l'observateur averti, tout en passant par les divers diamètres
                        d'ouverture des instruments, du 60 mm au 400 mm. (Code : F0237)

  Les codes indiquent la référence du livre à la bibliothèque du Planétarium de Montréal.
                                                                                Montréal

                                                                                   Pour découvrir d’autres suggestions d’Isabelle,
                                                                                   suivez ce lien vers la bibliothèque de la SAPM.

Sommaire                                           Hyperespace • Automne 2021                                                        7
LES PLANÈTES - Une publication de la Société d'astronomie du Planétarium de Montréal SAPM - Société d'astronomie du ...
Événements astronomiques                                                               par Marc Jobin

  Éclipse partielle de Lune
  Une éclipse partielle de Lune aura lieu dans la nuit                     DEUX OCCULTATIONS, UN DÉFI DE TAILLE
  du 18 au 19 novembre et le phénomène sera
  visible en entier depuis l’Amérique du Nord. Cette                       Dans sa course mensuelle autour de la Terre, la Lune
  éclipse a ceci de particulier qu’elle pourrait être                      passe assez fréquemment devant des étoiles. La
  qualifiée de « presque totale », car la Lune plongera                    plupart sont plutôt faibles, mais il arrive à l’occasion
  très profondément dans le cône d’ombre de la Terre.                      qu’une étoile raisonnablement brillante soit impliquée.
  Au moment du maximum, vers 4h03 (heure de l’Est)                         Les occultations d’objets du Système solaire sont
  le matin du 19, 97,4 % du diamètre de la Lune sera                       très rares, mais peuvent être franchement specta­
  couvert par l’ombre de notre planète. Résultat : avec                    culaires. Dans un cas comme dans l’autre, il nous
  seulement une très mince bordure encore éclairée                         fait plaisir de vous les signaler lorsque l’occasion se
  par la lumière solaire directe, la Lune devrait prendre                  présente. Deux occultations méritent ainsi notre
  la teinte rougeâtre caractéristique des éclipses                         attention au cours des prochaines semaines.
  lunaires totales, au moins pendant les quelques                          La première a lieu le 3 novembre en après-midi,
  minutes les plus proches de la mi-éclipse. Les phases                    alors que nous pourrons assister à une rare
  partielles, pendant lesquelles on voit l’ombre circulaire                occultation de Mercure (toutes les données qui
  de notre planète se profiler sur la Lune, débutent vers                  suivent sont valides pour Montréal) : l’immersion de
  2h18 et prennent fin à 5h47, pour une durée de                           la planète aura lieu à 15h35.1m derrière le limbe
  3 h 28 min 23 s. À Montréal, à l’heure du maximum                        éclairé du très mince croissant lunaire, à seulement
  de l’éclipse, la Lune se trouvera à 29 degrés de                         15,2° à la droite du Soleil, et seulement 15,3°
  hauteur vers l’ouest, sous les Pléiades et les Hyades.                   au-dessus de l’horizon (azimut 240,3°). Le petit
  La prochaine éclipse totale de Lune visible en entier                    disque de Mercure (diamètre 5,5", magnitude –0,8)
  depuis le Québec aura lieu dans la nuit du 15 au                         prendra une quinzaine de secondes à disparaître
  16 mai 2022.                                                             complètement derrière la Lune, qui elle-même sera
                                                                           probablement invisible. Un peu moins d’une heure
                                                                           plus tard, à 16h 32min 9s, Mercure émergera en
  La Lune passe dans la pénombre, puis dans l’ombre de la Terre
  dans la nuit du 18 au 19 novembre. Au maximum de cette éclipse
                                                                           une quinzaine de secondes du côté sombre de la
  partielle, il ne reste qu’une petite fraction du disque lunaire qui      Lune, à seulement 14,6° du Soleil et à peine 6,1° de
  n’est pas plongée dans l’ombre.                                          hauteur (azimut 251,5°).

                                                                        O MB RE
                                                              P ÉN

                                                                                                                                 d’après des données de F. Espenak/NASA GSFC ; images de la Lune : NASA SVS
                                                                                                                                 Crédit illustration Diagramme : Marc Jobin/Planétarium Rio Tinto Alcan,
                                                                    BR
                                                                  OM E

                              7h03
                                             5h47
                                                               4h03
                                                                               2h18
                                                                                           1h02

Sommaire                                            Hyperespace • Automne 2021                                                                                                8
LES PLANÈTES - Une publication de la Société d'astronomie du Planétarium de Montréal SAPM - Société d'astronomie du ...
Événements astronomiques

  Il s’agit indéniablement d’une observation extrême­
                                                                                                                       Occultation de Mercure
  ment difficile à réaliser : le phénomène se déroule de
                                                                                                                 le 3 novembre 2021 en après-midi
  jour, bas dans le ciel, et très près de l’éblouissant
  Soleil, qu’il faudrait idéalement cacher derrière un
  édifice.

  Considérez cette proposition comme un défi ! Un
  télescope muni d’une monture Go-To bien calibrée
  sera un atout. Il va sans dire que la réussite de
  cette observation requiert un ciel d’une limpidité
  absolue, ce qui est loin d’être acquis en cette saison
  au Québec…

         La Lune, très fin croissant noyé dans le ciel bleu à moins
        de 15 degrés du Soleil, cache la planète Mercure pendant
           un peu moins d’une heure au cours de l’après-midi du
                          3 novembre. Observation difficile en vue.
                                                                                                         Trajectoire apparente de la planète derrière la Lune,
           Crédit illustration : Diagramme : Marc Jobin/Planétarium Rio Tinto Alcan ;
                                                                                                                           vue de Montréal
                                                        image de la Lune : NASA SVS

  L’autre occultation que nous vous proposons d’observer est beaucoup plus facile d’accès. Le soir du
  23 décembre, la Lune gibbeuse décroissante (–78 %) occulte Êta Leonis, une étoile de magnitude +3,5 dans la
  constellation du Lion ; c’est celle située immédiatement au-dessus de Régulus dans l’astérisme de la faucille.
  À Montréal, la disparition a lieu à 21h 53min 54s derrière le bord éclairé de la Lune (hauteur 12° sur l’horizon
  est) ; l’étoile réapparaît à 22h 56min 55s au bord sombre de notre satellite (hauteur 23°, toujours à l’est).

                                                                     Cette fois, la principale difficulté est de trouver un site d’observation
                                                                         offrant une vue dégagée vers l’est. Il vous faudra au minimum
                                                                            une lunette offrant un grossissement d’au moins 50X pour
                                                                               bien distinguer l’étoile à proximité de la surface brillante
                                                                                 de la Lune.

                                                                                             Lors d’occultations précédentes, on a pu observer que
                                                                                              la disparition et la réapparition se font « en paliers » :
                                                                                               Êta Leonis est en effet une étoile double rapprochée,
                                                                                                dont la composante secondaire de magnitude +4
                                                                                                est séparée de seulement 0,1" de la composante
                                                                                                 principale. Il n’est toutefois pas clair à ce jour si
                                                                                                 Êta Leonis est un véritable système binaire ou
                                                                                                 simplement un alignement fortuit de deux étoiles
                                                                                                 séparées.

                                                                                                 Occultation d'Êta Leoni par la Lune gibbeuse la nuit du
                                                                                                23 au 24 décembre 2021. Trajectoire apparente de l'étoile
                                                                                               derrière la Lune, vue de Montréal. Seul bémol, la Lune sera plutôt
                                                                                              basse en direction est.

                                                                                          Crédit illustration : Diagramme : Marc Jobin/Planétarium Rio Tinto Alcan ;
                                                                                        image de la Lune : NASA SVS

Sommaire                                                       Hyperespace • Automne 2021                                                                              9
LES PLANÈTES - Une publication de la Société d'astronomie du Planétarium de Montréal SAPM - Société d'astronomie du ...
Événements astronomiques

  OUVREZ L’ŒIL POUR LES GÉMINIDES…
  ET LES QUADRANTIDES !
  Les pluies de météores du fameux trio de choc
  automnal Orionides-Léonides-Géminides seront
  toutes fortement affectées par la présence
  dérangeante de la Lune — sauf pour la dernière
  partie de la nuit du 13 au 14 décembre, entre
  3 heures et l’aube, où les Géminides auront le
  champ libre après le coucher de la Lune. C’est
  parfait ainsi, puisque le radiant des Géminides sera
  alors à son plus haut dans le ciel, juste au moment
  où la pluie atteint son maximum. Sous un ciel bien
  noir et limpide, vous pourriez compter plus de
  60 météores à l’heure !

  Et dans la foulée, que diriez-vous d’accorder aussi
  une toute petite chance aux Quadrantides ? En
  principe, cette pluie est aussi l’une des plus fortes
  de l’année (ZHR ~ 120), et pourtant elle reste mal
  étudiée. Pas étonnant, puisque deux facteurs jouent
  contre elle : non seulement la météo capricieuse du
  début janvier en complique l’observation, mais son
  niveau d’activité maximale prend la forme d’un pic
  étroit qui ne dure qu’environ six heures.

  La pluie des Quadrantides produit des météores
  brillants, dont la vélocité de 41 kilomètres par
  seconde est près de la moyenne pour ce type
  d’objets. Son radiant est situé dans la partie nord
  du Bouvier, près de la frontière avec le Dragon ;
  il est circumpolaire sous nos latitudes, mais ne
  gagne une élévation intéressante au nord-est qu’en
  seconde moitié de nuit.

  Le maximum des Quadrantides est attendu le
  3 janvier 2022 vers 15h40, heure de l’Est : c’est
  en plein jour au Québec, et compte tenu de la courte
  durée du pic de la pluie, le niveau d’activité sera
  probablement bas au cours de la nuit qui précèdera
  (du 2 au 3 janvier) et de celle qui suit (du 3 au 4).
  Dommage, puisque ce sera la nouvelle lune, et avec
  elle la promesse d’une nuit bien noire; pour cette
  année, au Québec, il serait étonnant de compter
  plus de cinq à dix Quadrantides à l’heure.

  En fait, ce sont les régions d’Asie centrale qui seront
                                                                             Crédit illustration : m wrona - Unsplash

  aux premières loges pour assister au spectacle des
  Quadrantides 2022, avec des taux réels avoisinant
  les 25 météores à l’heure en fin de nuit.

Sommaire                                   Hyperespace • Automne 2021   10
Sur le web                           par Patrick Horlaville

                                          Ingestion de filaments de poussière pour                                 Première lumière observée depuis l’arrière
                                          trou noir gourmand !                                                     d’un trou noir.
                                          C’est la première fois que l’on rapporte une observation de ce style :   L’équipe de Dan Wilkins, de l’Université de Stanford, a rapporté avoir
                                          des astronomes de l’Institut d’astrophysique des Canaries (IAC) ont      observé des signaux rayons X provenant d’une partie improbable
                                          assisté, à l’aide d’Hubble notamment, à l’accrétion de filaments de      du trou noir supermassif de la galaxie 1 Zwicky 1 : son derrière !
                                          poussière longs de plusieurs centaines d’années-lumière par un trou      Venant corroborer une prédiction einsteinienne, cette découverte
                                          noir supermassif.                                                        permet de mieux comprendre les environs de trous noirs.

                                          Source : Futura Sciences                                                 Source : Stanford News

                                                                                                                                                                                        Crédits image : Dan Wilkins
Crédits image : ESO
Crédits image : ESO/L. Calçada/N. Risinger - ESO

                                                                                                                                                                                        Crédits image : NASA/Bill Anders

                                          Une exoplanète… a disparu !                                              La Lune regorge d’eau.
                                          Alpha Centauri Bb, l’exoplanète la plus proche du Système solaire,       Récente découverte de la NASA à la suite d’une de leurs missions
                                          n’est plus. Une nouvelle étude clame que l’existence de cette voisine    lunaires : le sol lunaire contiendrait un milliard de tonnes de glace
                                          ne tiendrait pas, en partie dû au manque de données. Xavier              d’eau, bien plus que prévu. Des perspectives d’une exploitation
                                          Dumusque, à l’origine de cette découverte, reconnaît finalement          sont déjà en considération, d’ici l’horizon de la fin du siècle.
                                          lui-même que la planète n’existe « probablement » pas.

                                          Source : National Geographic                                             Source : National Geographic

Sommaire                                                                                     Hyperespace • Automne 2021                                                                 11
Pour y voir clair

  Qu’est-ce qui distingue
  une planète d’une étoile ?
     Bernard Marcheterre
     Professeur de physique au Cégep de l’Assomption depuis le début des années 80, il a participé à l’adaptation de différentes
     collections de manuels de physique au Collégial et travaille activement, chez Pearson-ERPI, à ce que seront les manuels
     de science de demain.

  La question est très souvent posée par un enfant                                 qui s’accentue avec la chute vers le centre. Ainsi,
  qui, s’émerveillant devant le ciel nocturne, se tourne                           une fraction de la matière ne rejoint jamais la boule
  vers maman ou papa et veut savoir. Évidemment, elle                              de gaz qui devient l’étoile et s’accumule sous la
  est légitime : comme elles nous apparaissent toutes                              forme d’un disque autour de l’étoile. Le contenu du
  sous forme de points blancs lumineux, pourquoi                                   disque tourne autour de l’étoile et la force gravita­
  leur donner des noms différents ?                                                tionnelle mise sur chaque parcelle agit comme
                                                                                   la corde tendue attachée à cette balle que l’on fait
  Pour l’astrophysicien moderne, la réponse est simple :
                                                                                   tourner.
  elle découle de la façon dont l’une et l’autre sont
  nées. Une étoile se forme à partir de l’effondrement                             Au gré de collisions et d’agrégations sans fin, les
  gravitationnel d’un immense nuage de gaz et pous­                                planètes se forment à partir de la poussière et
  sières interstellaires. La matière est « attirée » vers le                       restent en orbite autour de l’étoile. D’un diamètre
  centre et l’augmentation phénoménale de la pression
                                                                                   qui correspond à une fraction de celle de l’étoile,
  conjuguée à la libération d’énergie associée à cet
                                                                                   chacune des planètes qui voit le jour est chaude,
  effondrement enclenche la fusion nucléaire ; la boule
                                                                                   au départ, mais ne devient jamais une source de
  de gaz « s’allume » et devient une étoile. Notre étoile,
                                                                                   lumière visible. Voilà donc une première différence
  le Soleil, est née il y a 4,6 milliards d’années d’un
  tel processus.                                                                   entre une étoile et chacune de ses planètes : l’étoile
                                                                                   crée sa propre lumière visible, les planètes, quant à
  Mais, dans le nuage initial de poussière qui va                                  elles, ne peuvent que réfléchir celle qui provient de
  s’effondrer, il y a une rotation, faible au départ,                              l’étoile autour de laquelle elles gravitent.

   Nébuleuse d’Orion.

   Crédit photo : NASA, ESA, M. Robberto (Space Telescope Science Institute/ESA)
   and the Hubble Space Telescope Orion Treasury Project Team

Sommaire                                                        Hyperespace • Automne 2021                                              12
Pour y voir clair

  Deuxième différence importante, les planètes sont
  la plupart du temps plus lumineuses que les étoiles.
  Durant la nuit, c’est-à-dire durant cette portion
  de la rotation de la Terre où une fraction de sa
  surface n’est plus face au Soleil, ce dernier continue
  d’éclairer ces planètes. C’est pourquoi, au gré de la
  rotation de chacune d’entre elles, on peut les voir,
  tenant compagnie aux étoiles. D’ailleurs, en ville, là
  où les lampadaires font compétition au ciel, il s’agit
  souvent des seuls objets célestes que l’on peut
  repérer.

  Mais, nos théories modernes sur la formation des
  étoiles et des planètes n’ont pas toujours existé.
                                                            Projection depuis la Terre (en bleu)
  Comment, alors, les anciens faisaient-ils la distinc­     des mouvements de la planète extérieure
  tion entre ces deux types de corps célestes ?             (en rouge) sur la sphère des étoiles fixes (Wikipédia).

  Pour y répondre, servons-nous de la pièce où vous         Crédit photo : Wikimedia Commons

  êtes en ce moment, à lire cet article. Si vous promenez
  votre regard en vous déplaçant légèrement, vous              À l’échelle galactique, les planètes sont collées
  constaterez que les objets qui sont les plus loin de         sur nous, comme cette tasse, qui est sur votre
  vous restent à la même place les uns par rapport             table. C’est pourquoi, et les anciens ont été les
  aux autres alors que ce qui est à proximité se               premiers à le remarquer, leur position change par
  déplace par rapport à ces objets plus lointains. En          rapport au fond étoilé. Ces astres errants étaient
  réalité, aucun de ces objets ne bouge et pourtant,           donc différents des autres points lumineux, d’où
  cette lampe qui est juste devant vous n’est plus au          leur nom : le mot planète vient du latin « planeta »,
  même endroit par rapport au mur. On appelle ce               qui signifie justement « astre errant ». La parallaxe
  phénomène « la parallaxe ». Il entraîne un déplace­          des planètes vient du mouvement de la Terre et,
  ment relatif de certains objets par rapport à d’autres,      dans une certaine mesure, de celui de la planète
  la cause étant uniquement liée au mouvement de               elle-même. D’un soir à l’autre, chacune des cinq
  celui qui observe.                                           planètes visibles à l’œil nu n’est jamais au même
                                                               endroit par rapport aux étoiles « immobiles ».
  Toutes les étoiles sont loin de la Terre. Lorsqu’on
  regarde le ciel, d’une nuit à l’autre, la position           Finalement que direz-vous à cet enfant qui vous
  relative de chacune d’elles reste la même. Elles             questionne ? Facile ! Comme les planètes du Système
  représentent le mur, au fond de la pièce où vous             solaire sont à proximité, on les a visitées. On trouve
  vous trouvez. Évidemment, d’un soir à l’autre, au            partout des photos magnifiques de chacun de ces
  gré des différents mouvements de la Terre, on ne             voisins proches. Quant aux étoiles, elles sont trop
  voit pas toujours la même portion du ciel, mais ce           loin, on ne possède malheureusement que des
  que l’on voit est semblable à ce qu’il était.                photos de groupes…

                                                                                                                           Crédit photo : Brent Cox

Sommaire                                   Hyperespace • Automne 2021                                                 13
À la Une

  Les planètes naines :
  des mondes de glace aux confins
  du Système solaire
    André Grandchamps
    Astronome au Planétarium Rio Tinto Alcan, André a étudié en astrophysique
    à l’Université de Montréal à la fin des années 1980. Il s'est joint à l'équipe du
    Planétarium Rio Tinto Alcan en 1992. Il a développé une expertise sur les
    météorites à la suite de la chute de l'une d'elles à Saint-Robert en 1994. Il est
    maintenant conservateur de la collection de météorites du Planétarium.

  En août 2006, les astronomes de l’Union astrono­mique internationale
  (UAI) réunis en assemblée générale à Prague ont adopté une définition
  de ce qu’est une planète. Ce geste, à première vue banal, a entraîné le
  reclassement de Pluton dans une nouvelle catégorie : les planètes naines.

  Il faut dire que le débat sur le statut de Pluton faisait rage depuis
  plusieurs années. Après sa découverte, les astronomes estimaient que
  Pluton était de taille et de masse comparables à Neptune, faisant du
  corps céleste la neuvième planète du Système solaire.

  Les observations antérieures ont montré que les caractéristiques
  physiques de la planète avaient nettement été surestimées. La
  découverte dans les années 1990 d’une ceinture d’objets célestes
  au-delà de Neptune, la ceinture de Kuiper, a remis en question le statut
  de Pluton. Le débat s’est intensifié au début des années 2000 avec la
  découverte d’Éris, qui est même plus massive que Pluton. Voulant éviter
  que le Système solaire se retrouve dans quelques années avec des
  centaines de planètes, les astronomes ont dû définir de façon précise
  ce qu’est une planète.

  C’EST QUOI, UNE PLANÈTE ?
  Dans la définition adoptée en 2006, une planète est un corps en orbite
  autour du Soleil dont la gravité et les forces internes lui confèrent une
  forme quasi sphérique et qui a dégagé les autres corps sur son orbite.

  C’est cette dernière condition qui exclut Pluton de la famille des
  planètes. Les planètes sont assez massives pour dégager les corps
  circulant sur leur orbite, soit en les expulsant, et les accrétant ou en les
  satellisant autour d’elles. Les astres comme Pluton ne sont pas assez
  massifs pour pouvoir « faire le ménage » sur leur orbite.

  LA DÉFINITION D’UNE PLANÈTE NAINE
  Pluton étant de taille intermédiaire entre les planètes et les astéroïdes,
  les astronomes ont donc créé la catégorie des planètes naines.

  Une planète naine est un corps en orbite autour du Soleil dont la gravité
  et les forces internes lui confèrent une forme quasi sphérique qui n’a
  pas dégagé les autres corps sur son orbite et qui n’est pas un satellite
  de planète.

Sommaire                                      Hyperespace • Automne 2021                14
À la Une

  En adoptant cette définition, Pluton et Éris ont         CÉRÈS
  immédiatement été classées comme planètes                Cérès est la seule planète naine à se trouver dans
  naines. Mais Cérès, le plus gros astéroïde de la         les régions internes du Système solaire. Avec un
  ceinture principale, réunissant toutes les conditions,   diamètre de 950 km, Cérès est le plus gros objet de
  a aussi été classé dans cette catégorie.                 la ceinture principale d’astéroïde.
  On a ainsi créé, en 2008, une sous-catégorie de          La sonde spatiale Dawn a exploré en détail cette
  planète naine, les plutoïdes. En plus d’être une         planète naine entre 2015 et 2018. On y a découvert
  planète naine, ces corps doivent orbiter au-delà de      une surface criblée de cratères dont plusieurs
  la planète Neptune. Cérès est la seule planète naine     montrent des taches blanches. Il s’agit de dépôt de
  à ne pas faire partie de cette catégorie.                carbonate de sodium. On y a aussi trouvé de
  En plus de la définition officielle, une contrainte      grandes quantités d’eau, que ce soit en surface aux
  supplémentaire a été ajoutée aux membres du              pôles ou à un mètre de profondeur à l’Équateur.
  comité de l’UAI chargé de l’homologation des             L’eau représente d’ailleurs 10 % de la masse de
  planètes naines. Les corps doivent avoir une             Cérès. Des traces d’ammoniac ont aussi été
  magnitude absolue H inférieure à 1 (magnitude            détectées. Cela suggère qu’il y aurait un océan
  estimée à une unité astronomique). Cette contrainte      liquide sous la surface de la planète naine.
  fait en sorte que les corps considérés auront un         Par ailleurs, des molécules organiques ont été
  diamètre supérieur à 800 km.                             détectées aux alentours du cratère Erneute.
  SURVOL DES PLANÈTES NAINES                               Selon plusieurs astronomes, Cérès se serait formé
  L’Union astronomique internationale reconnaît            dans la ceinture de Kuiper au-delà de Neptune et
  actuellement cinq planètes naines dans le Système        aurait été éjecté plus près du Soleil lors de la
  solaire, soit Cérès, Pluton, Éris, Hauméa et             migration des planètes géantes aux premiers âges
  Makémaké.                                                du Système solaire.

   Cérès.
   Crédit photo : NASA

Sommaire                                  Hyperespace • Automne 2021                                         15
À la Une

                      PLUTON                                                                              HAUMÉA
                      En 2015, la sonde New Horizons a survolé Pluton,                                    Cette planète naine a une forme ellipsoïdale, un peu
                      nous dévoilant un monde glacé d’une grande beauté                                   comme un ballon de football, dont le grand axe fait
                      et d’une diversité étonnante.                                                       près de 2300 km. Elle est dotée d’une rotation très
                                                                                                          rapide de moins de 4h, ce qui explique sa forme.
                      Pluton, dont le diamètre fait 2376 km, est composé                                  Ces caractéristiques seraient dues à une collision
                      de 65 % de roche et de 35 % de glace. Les glaces                                    majeure qui aurait engendré une famille d’objets
                      sont principalement composées d’azote, ainsi que                                    reliée à Hauméa dans la ceinture de Kuiper. Hauméa
                      de monoxyde de carbone, de méthane et d’eau.                                        possède deux satellites naturels et probablement
                                                                                                          un mince anneau.
                      On y trouve des terrains anciens criblés de cratères
                      recouverts de composés carbonés formés à partir
                      du méthane nommé tholins donnant une couleur
                      rougeâtre. La partie orientale du cœur est au
                      contraire beaucoup plus jeune. Il s’agit d’un énorme
                      glacier de 1000 km de large et de 4 km d’épaisseur.

                      On y trouve aussi des montagnes de glace atteignant
                      jusqu’à 3,5 km d’altitude, ainsi que des cryovolcans
                      crachant de la glace d’azote et une mince atmos­
                      phère. Ce petit monde surprenant a une géologie
                      toujours active malgré une température moyenne
                      de -225 °C.

                      ÉRIS
                      Cette planète naine est la plus éloignée du Soleil
                      bouclant une orbite en 557 ans. Elle possède un
                      satellite qui nous a permis d’évaluer que sa masse
                      est 27 % plus grande que celle de Pluton.

                      La spectroscopie a montré que la surface d’Éris est
                      grise, résultat de méthane condensé qui recouvre
                      le sol. La planète naine réfléchit ainsi 96 % de la
                      lumière du Soleil.
                                                                             Crédit illustration : NASA

                                                                                                           Hauméa.

                                                                                                          MAKÉMAKÉ
                                                                                                          D’un diamètre de 1430 km, la surface de Makémaké
                                                                                                          est majoritairement composée de glace de méthane
                                                                                                          et d’éthane et de couleur rougeâtre dû à la présence
                                                                                                          de tholins.

                                                                                                          L’exploration des régions externes du Système
                                                                                                          solaire ne fait que commencer. Le lancement du
Crédit photo : NASA

                                                                                                          télescope spatial James Webb et l’inauguration de
                                                                                                          futurs grands télescopes terrestres au cours des
                                                                                                          prochaines années permettront assurément de
                       Éris | Dysnomia.
                                                                                                          découvrir d’autres planètes naines.

Sommaire                                                     Hyperespace • Automne 2021                                                                      16
Le privé à la conquête de l’espace

  Blue Origin
       Alain Vézina
       Président de la Société d’astronomie du Planétarium de
       Montréal (SAPM).

  NEW SHEPARD                                                    Wally Funk, une octogénaire, a fait partie d’un
  Depuis quelques années, trois milliardaires se                 programme appelé Mercury 13. Dans les années
  font la lutte pour le touriste spatial : Elon Musk             1960 et s’était soumise aux mêmes tests que les
  avec SpaceX, Richard Branson avec Virgin Galatic               astronomes masculins qui avaient été sélectionnés
  et Jeff Bezos avec Blue Origin. Concentrons-                   pour le programme.
  nous aujourd’hui sur Blue Origin, compagnie du
  fondateur d’Amazon, Jeff Bezos.                                  La ligne de Kármán est la frontière reconnue
                                                                   internationalement entre l’atmosphère terrestre
  Blue Origin a été fondée en 2000 et compte                       et l’espace.
  aujourd’hui plus de 3500 employés. Cette entreprise
  est en compétition avec SpaceX pour la conquête
  de la Lune, celle-ci étant pilotée par Elon Musk,              Le 20 juillet dernier, à 75 km d’altitude, la
  président et directeur général de Tesla Motors.                capsule Blue Origin s’est séparée de la fusée pour
  La fusée de M. Bezos se nomme New Shepard en                   ensuite atteindre une altitude de 107 km ce qui
  l’honneur de Alan Shepard, qui a été le premier                est au-dessus de la ligne de Kármán. Cette ligne
  américain à réussir un vol dans l’espace avec la               est la limite reconnue internationalement entre
  capsule Mercury (Freedom 7).                                   l’atmosphère terrestre et l’espace.

  Le 20 juillet dernier (cette date vous rappelle quelque
  chose ?) Jeff Bezos, son frère, Wally Funk, 82 ans,
  et un Néerlandais de 18 ans, Olivier Daemen, qui
  a remporté une enchère en déboursant 28 millions
  de dollars, ont participé au voyage vers la Lune.
  Oliver Daemen a remplacé le vainqueur initial des
  enchères organisées en ligne à la mi-juillet, qui
  a payé son billet 28 millions de dollars, mais a
  finalement décidé de passer son tour.

                                                                                                        New Shepard.
                                                                                                        Crédit : Blue Origin

L’équipage du premier vol de Blue Origin :
Mark Bezos, Jeff Bezos, Wally Funk, Olivier Daemen.
Crédit : Blue Origin

Sommaire                                          Hyperespace • Automne 2021                                                   17
Le privé à la conquête de l’espace

  Richard Branson, avec son vaisseau Virgin Galactic,        est allé beaucoup plus loin qu’eux et pendant plus
  avait atteint 86 km le 11 juillet dernier. Les passagers   longtemps dans l’espace.
  ont pu, pendant quelques instants, s’amuser à
  flotter en apesanteur et observer la courbure de la        NEW GLENN
  Terre. Puis, la capsule a entamé une chute libre           Actuellement, la société de Jeff Bezos développe
  pour le retour sur Terre ; trois gros parachutes et        aussi un lanceur lourd, le New Glenn, en référence à
  des rétrofusées ont permis à la capsule de se poser        Jon Glenn pour le marché des satellites commerciaux,
  doucement (11km/h) dans un désert du Texas.                militaires et de l’exploration de la Lune. Il existera
  Ce qui est particulier, c’est qu’Olivier a été le plus     deux versions de ce lanceur lourd ; le premier, un
  jeune et Wally la plus vieille personne à réaliser cet     lanceur de deux étages de 82,3 mètres de hauteur
  exploit. Tout ce beau voyage pour un coût de 28            et le second, une fusée à trois étages d’une hauteur
  millions par personne aura duré environ 11 minutes.        de 95,4 mètres destinée à la conquête de la Lune.
  La capsule était entièrement automatisée, donc             Déjà, la société Eutelsat gère l’une des plus grandes
  personne à l’intérieur n’a eu à intervenir durant le       flottes de satellites couvrant en grande partie
  vol. Le propulseur est revenu de manière autonome          l’Europe pour des services de téléphonie, d’Internet,
  lui aussi vers une aire d’atterrissage près du site de     maritime, aviation et télécommunications.
  lancement.                                                 Pour l’instant, il y a beaucoup d’embuches pour
  Avant d’en arriver à cette ultime destination, il          ce projet. Un contrat lucratif de trois milliards
  y a eu près de 15 vols consécutifs sans humains            de dollars du Pentagone repousse au quatrième
  à bord. Pour ce premier vol suborbital, la société a       trimestre de 2022 le premier vol de ce lanceur. Il
  développé le moteur-fusée BE-3, d’une poussée de           y a aussi le développement du moteur-fusée BE-4
  49 tonnes.                                                 qui est aussi une étape cruciale pour ce projet.
                                                             Le premier étage du lanceur New Glenn doit être
  Il ne faut pas oublier que ces milliardaires ont beau      équipé de sept moteurs BE-4 et le deuxième étage,
  se bomber le torse, il y a 60 ans, Youri Gagarine          d’un seul moteur BE-4.

  Un vol suborbital est la trajectoire d'un engin
  spatial se déplaçant à une vitesse inférieure à la
  vitesse requise pour qu'il se maintienne en orbite.
  Pour réaliser un vol suborbital, l'engin spatial doit
  atteindre une altitude de plus de 100 kilomètres,
  représentant la ligne de Kármán qui correspond
  aussi à la fin de l’atmosphère terrestre et
  au début de l’espace.

  Un vol orbital est un vol spatial où l'engin est
  placé en orbite autour d'un astre, ce qui signifie
  qu'il décrit une trajectoire circulaire autour de
  celui-ci sous l'effet de la gravitation. (Wikipédia)

                                                                                                  Lanceur New Glenn.
                                                                                                  Crédit : Blue Origin

Sommaire                                      Hyperespace • Automne 2021                                                 18
Le privé à la conquête de l’espace

  BLUE MOON                                                        conçue pour livrer des charges utiles à la surface
  La société développe aussi un véhicule capable                   lunaire. L’autre version est pour ramener les
  de poser des hommes sur la surface lunaire.                      Américains sur la Lune. Ce dernier est relativement
  Malheureusement pour Jeff Bezos, la NASA a                       plus grand que ceux des missions Apollo. En
  dernièrement privilégié son concurrent SpaceX et                 plus, il possède un énorme réservoir de carburant
  son énorme vaisseau StarShip. D’ailleurs, celui-ci               sphérique en son milieu et ses patins d’alunissage
  conteste le choix de la NASA et a déposé une plainte             sont également beaucoup plus petits que ceux du
  pour dénoncer les conditions de l’appel d’offres.                module lunaire d’Apollo. En effet, dans les années
                                                                   1960, on craignait que le sol lunaire ne soit mou
  Il y a deux versions de l’alunisseur (Cargo, Humain).            et que le véhicule spatial s’enfonce dans le sol;
  La version Cargo, comme son nom l’indique, est                   maintenant on sait qu’il est plus solide.

                                                                   C’est aussi un vaisseau entièrement robotisé et
                                           Blue Moon.
                                           Crédits : Blue Origin
                                                                   autonome. Il pourrait déposer simultanément
                                                                   jusqu’à quatre gros rovers sur la Lune. L’alunisseur
                                                                   utilisera les nouveaux moteurs BE-7. Ceux-ci seront
                                                                   propulsés par une combinaison d’hydrogène liquide
                                                                   et d’oxygène liquide comme ceux d’Apollo.

                                                                   Bien que l'alunisseur Blue Moon soit conçu pour
                                                                   effectuer des allers simples vers la Lune, la variante
                                                                   allongée avec son étage d'ascension pourrait per­
                                                                   mettre des aller-retours pour les astronautes. Une
                                                                   fois que les astronautes ont quitté la surface, ils
                                                                   pourraient, hypothétiquement, retourner à la station
                                                                   spatiale lunaire Gateway qui orbiterait autour de la
                                                                   Lune. (Hyperespace été 2021, page 15)

  Alunisseur lunaire Blue Moon.
  Crédit : Blue Origin

Sommaire                                 Hyperespace • Automne 2021                                                     19
Histoire

                             Trois journées mémorables
                               Pierre Lacombe
                               Astrophysicien, ex-directeur du Planétarium de Montréal ayant un grand
                               intérêt pour l’histoire de l’astronomie et des météorites. Ses travaux de
                               recherche l’ont amené à réaliser des observations à l’aide des plus grands
                               télescopes du monde.

                             Que s’est-il passé lors de ces trois journées mémorables ? Ces dates soulignent-elles trois grandes batailles
                             célèbres, trois catastrophes naturelles ? Non ! Elles sont associées plutôt à l’histoire de l’astronomie et marquent,
                             pour chaque occasion, la découverte d’une nouvelle planète dans notre Système solaire : Uranus en 1781, Neptune
                             en 1846 et Pluton en 1930. Bien que Pluton soit aujourd’hui classé comme planète naine, elle est demeurée la
                             neuvième planète du système solaire de février 1930 jusqu’au mois d’août 2006.

                             13 MARS 1781 : URANUS
                                                    Dans le cadre de l’observation systématique du ciel étoilé
                                                    avec son télescope, William Herschel (1738-1822) découvre
                                                    un objet d’apparence cométaire à la frontière des constellations
Crédit : National Portrait

                                                    du Taureau et des Gémeaux le soir du 13 mars 1781.
Gallery/Wikipédia

                                                    Son mouvement apparent régulier permet aux astronomes de calculer
                                                    son orbite et de conclure qu’une nouvelle planète du Système solaire
                                                    a été repérée. La découverte d’Uranus, père de Saturne dans la
                             Portrait de William
                                                    mythologie grecque, double la dimension du Système solaire et crée un
                             Herschel, astronome,   grand impact sur la carrière de Herschel qui devient alors l’astronome
                             en 1785 par Lemuel     personnel du roi George III d’Angleterre.
                             Francis Abbott
                             (1760‑1803).

                             23 SEPTEMBRE 1846 : NEPTUNE
                             En cherchant dans les anciennes observations du ciel, les
                             astronomes trouvent que la planète Uranus a été détectée
                             plus d’une vingtaine de fois entre 1690 et 1771. Cela
                             devrait permettre de raffiner les caractéristiques de l’orbite
                             d’Uranus. On constate cependant qu’Uranus ne suit pas
                             l’orbite prévue !

                             Le problème de concilier toutes les observations est difficile
                             et ce n’est qu’en 1840 que l’on s’y attaque sérieusement,
                                                                                                                                                      Crédit : Wikipédia

                             convaincu qu’une autre planète au-delà d’Uranus
                                                                                                Comparaison
                             perturbe son mouvement autour du Soleil. Deux brillants            des dimensions
                             mathématiciens, Urbain Le Verrier (1811-1877) en France            de la Terre par
                             et John C. Adams (1819-1892) en Angleterre présentent              rapport à Neptune.
                             leurs résultats en 1845.

                             Grâce aux informations fournies par Le Verrier sur la soi-disant planète perturbatrice, l’astronome Johann Galle
                             (1812-1910) de l’Observatoire de Berlin trouve effectivement l’objet céleste près de la position prédite. La
                             nouvelle planète, appelée Neptune, dieu de la mer dans la mythologie romaine, devient ainsi, le 22 septembre
                             1846, la 8e planète du Système solaire.

                Sommaire                                               Hyperespace • Automne 2021                                                20
Histoire

  18 FÉVRIER 1930 : PLUTON                              fré­quente les écoles rurales et termine ses études
  Au début du 20e siècle, deux astronomes se            secondaires en 1925. Tout au long de son
  distinguent pour leurs prédictions entourant une      adolescence, le jeune Clyde travaille à la ferme avec
  planète au-delà de Neptune : Percival Lowell (1855-   les autres membres de sa famille.
  1916) et William H. Pickering (1858-1938). Les
                                                        Il se passionne pour la mécanique et s’intéresse à
  recherches photographiques débutent en 1905…
                                                        l’astronomie grâce à un oncle qui possède un petit
  sans succès.
                                                        télescope (75 mm de diamètre). Il construit
  En janvier 1929, un jeune astronome                   d’excellents télescopes, dont l’un, en 1928, lui
  de 23 ans du Kansas arrive à                          permet d’obtenir de magnifiques dessins de Jupiter
  l’Observatoire Lowell à Flagstaff en                  et de Mars. Désirant travailler dans un observatoire
  Arizona. Clyde William Tombaugh                       et tentant sa chance, Clyde envoie ses dessins à
  (1906-1997) reprend la recherche                      l’Observa­toire Lowell en Arizona.
  de la planète inconnue.
                                                        À sa grande surprise, le directeur Vesto M. Slipher
  Clyde Tombaugh est né le                              (1875-1969) lui offre un emploi pour reprendre la
  4 février 1906 dans une ferme                         recherche photographique de la planète X de Lowell.
  de l’Illinois aux États-Unis. Il                      Clyde Tombaugh arrive à Flagstaff le 14 janvier 1929.

  Clyde W. Tombaugh
  au côté de son télescope
  construit « maison »
  de 22,9 cm de diamètre
  (9 pouces) à l’été 1928.
  Crédit : Domaine public

                                                                                                               Crédits : Wikipédia
                                                                                           L’astrographe Lawrence
                                                                                          Lowell d’un diamètre de
                                                                                         33 cm (13 pouces, f/5,3)
                                                                                             avec le porte‑plaques
                                                                                       utilisé par Tombaugh pour
                                                                                           la découverte de Pluton
                                                                                              (Lowell Observatory/
                                                                                                       Wikipédia)).

Sommaire                                 Hyperespace • Automne 2021                                                              21
Histoire

  Au cours des mois qui suivent, Clyde développe les                        photographique du ciel. Grâce à sa notoriété, il
  procédures de recherche au télescope et d’analyse                         obtient une bourse d’études et complète en 1939
  des plaques photographiques au microscope.                                une maîtrise en astronomie à l’Université du Kansas.
  Patience et minutie lui permettent, le 18 février 1930,
  de repérer sur deux plaques de la région de l’étoile                      Malheureusement, la Seconde Guerre mondiale
  Delta des Gémeaux, la fameuse planète X. La                               met fin à la recherche de nouvelles planètes à
  découverte de la planète est annoncée officiellement                      l’Observatoire Lowell et Clyde Tombaugh est recruté
  le 13 mars 1930. Son nom : Pluton, en l’honneur du                        pour enseigner la navigation aux futurs marins de
  dieu grec des mondes souterrains.                                         l’armée américaine.

  L’annonce de la découverte de la planète Pluton                           Il poursuit ensuite, comme employé civil, une
  soulève un grand enthousiasme auprès des astro­                           carrière d’astronome et d’opticien à la base militaire
  nomes et du public. Mais très tôt, les problèmes                          de White Sands au Nouveau-Mexique et devient,
  s’accumulent : les éléments orbitaux sont étranges                        en 1955, professeur de géologie et d’astronomie
  et la masse de la nouvelle planète semble peu élevée.                     à l’Université du Nouveau-Mexique à Las Cruces.
  Pluton n’est finalement pas la planète X recherchée.                      Son intérêt pour la vulgarisation des sciences auprès
                                                                            du public se poursuivra au-delà de sa retraite
  Avec la possibilité que d’autres petites planètes                         officielle en 1973. Clyde Tombaugh décède en 1997,
  existent, Clyde Tombaugh reprend la recherche                             à l’âge de 90 ans.

                                                                                                                                      Crédits : NASA

  Les planètes et planètes naines du Système solaire ; les dimensions respectives
  des planètes sont à l’échelle, mais pas leur distance au Soleil.

Sommaire                                           Hyperespace • Automne 2021                                                    22
Vous pouvez aussi lire