Les représentations planes de la Terre - GÉODÉSIE - CNIG

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Les représentations planes de la Terre - GÉODÉSIE - CNIG
GÉODÉSIE

     Les représentations planes de la Terre
       Françoise DUQUENNE

    Depuis l’antiquité on sait que la Terre est ronde ou                                         Les déformations
                                                                      MOTS-CLÉS                  Toute projection d’un ellipsoïde sur un
    presque. Cependant il s’avère depuis toujours très pratique
                                                                  Représentations planes,        plan induit des déformations. On peut
    d’en faire une représentation plane, que ce soit sur
                                                                  module linéaire,               prendre comme image un ballon de
    du papier ou de nos jours sur un écran d’ordinateur. On       altération linéaire,           baudruche que l’on essaie d’aplatir sur
    appelle très souvent ces représentations planes de la Terre conforme, équivalente,           une table et que l’on va étirer pour arri-
    des “projections cartographiques”, terminologie associée      cylindrique, conique,          ver au résultat, alors on déforme mais
    à “carte”, voire à “plan cartésien”. Remarquons ici qu’elles indicatrice de Tissot           pas de la même façon partout. Autre
    ne sont pas toutes des projections au sens mathématique                                      analogie la peau d’une orange que l’on
    et géométrique du terme. Il existe de nombreuses représentations planes                      veut aplatir sur la table, et qui va se
                                                                                                 déchirer jusqu’à ce que les morceaux
    et nous nous proposons ici, non pas d’en faire un inventaire mais de présenter
                                                                                                 puissent être aplatis avec des déforma-
    leurs caractéristiques, de voir comment on peut les classer et comment on les choisit        tions très petites et non déchirantes.
    selon leur utilisation.                                                                      Pour représenter la Terre entière, donc
                                                                                                 à des échelles très petites, on va plutôt
    Qu’est-ce                                       Un point de laTerre qui est sur la surface
                                                                                                 procéder comme pour le ballon de
    qu’une représentation                           topographique est repéré par ses coor-
                                                                                                 baudruche, tandis que pour les grandes
    plane de la Terre                               données géographiques : longitude (λ),
                                                                                                 ou moyennes échelles (ex. : 1/5 000,
                                                    latitude (φ) et hauteur (h).
                                                                                                 1/25 000, etc.) on va découper laTerre en
    On choisit tout d’abord une forme               La première étape consiste à projeter le
                                                                                                 zones, correspondant à un continent, un
    géométrique approchée de la Terre               point sur l’ellipsoïde en un point Mo qui
                                                                                                 pays, à des zones plus petites délimitées
    débarrassée de ses reliefs. Lorsque             a les mêmes longitude et latitude que
                                                                                                 par des méridiens et des parallèles. Pour
    l’on veut faire une représentation              le point M.
                                                                                                 chacune de ces zones, on définira une
    à très petite échelle (par exemple              La deuxième étape est une transforma-
                                                                                                 projection et ses paramètres qui feront
    1/100 000 000) on choisit une sphère,           tion de l’ellipsoïde en plan, en réalisant
                                                                                                 le moins de déformation.
    tandis que pour les cartes à moyennes           une application qui à toutes coordon-
                                                                                                 Les longueurs sont toujours altérées
    et grandes échelles on utilise un ellip-        nées (λ, j) du point fait correspondre
                                                                                                 car la sphère ou l’ellipsoïde ne sont
    soïde de révolution. Leurs dimensions           des coordonnées du plan cartésien
                                                                                                 pas développables sur un plan et pour
    proches de 6 400 km pour le rayon d’une         (x,y). L’application réciproque existe. En
                                                                                                 quantifier cette déformation on intro-
    sphère et un aplatissement proche de            général l’expression mathématique est
                                                                                                 duit le module linéaire :
    1/300 pour un ellipsoïde, diffèrent             de la forme
    de plusieurs centaines de mètres.
                                                                                                 Avec ds élément de longueur infinité-
    Historiquement quelques sphères
                                                                                                 simal sur l’ellipsoïde et dS l’élément
    (sphère de Picard : R=6371598 m) et de          Remarque : le plus souvent, mais pas
                                                                                                 correspondant sur le plan.
    nombreux ellipsoïdes (Clarke, Hayford,          systématiquement, l’axe x est dirigé
    Bessel, Krakovski…) ont été utilisés. La        vers l’Est et y vers le Nord et les coor-
                                                                                                                       Figure 2. Abscisse
    tendance actuelle est de choisir quelle         données (x,y) se notent aussi (E,N) pour
                                                                                                                       curviligne
    que soit l’échelle de la carte l’ellipsoïde     easting et northing.
                                                                                                                       sur l’ellipsoïde
    WGS84 ou ce qui est équivalent à mieux          Ces fonctions peuvent être très compli-
    que le millimètre l’ellipsoïde internatio-      quées mais aussi très simples comme
    nal GRS80.                                      par exemple la représentation plate
                                                    carrée (Figure 4) qui était déjà utilisée
                                                    par Eratosthène (273-192 av. J.-C.) bien
                                                    que la latitude et longitude n’étaient pas
                                                    utilisées à cette époque.
                                                               où a est le rayon de la sphère
                                                               représentant la Terre

    Figure 1. Principe d’une représentation plane

36 Revue XYZ • N° 156 – 3e trimestre 2018
Les représentations planes de la Terre - GÉODÉSIE - CNIG
Les représentations pour lesquelles          Ainsi on voit que pour la projection
                                             m1 m2 = 1 en tout point sont dites équi-     “plate carrée”(Figure 4), sur l’équateur
                                             valentes. Elles conservent les surfaces      l’indicatrice de Tissot est un cercle, puis
                                             car la surface de l’ellipse pm1 m2 = p est   en se déplaçant vers les pôles l’indi-
                                             égale à la surface du cercle de rayon 1.     catrice de Tissot s’aplatit et s’élargit, il
                                             Les représentations qui ne sont ni           y a une dilatation des zones polaires.
                                             conformes, ni équivalentes sont dites        Cette projection n’est ni conforme, ni
                                             aphylactiques.                               équivalente. Les images des parallèles
Figure 3. Abscisse curviligne sur le plan
                                                                                          étant à égale distance on dit qu’elle est
                                             Les figures 4, 5, 6 et 7 montrent des
                                                                                          équidistante. La projection Mercator est
                                             exemples de projections pour lesquelles
                                                                                          un exemple de projection conforme.
                                             on voit les images des méridiens et de
                                                                                          L’indicatrice de Tissot est un cercle quel
                                             parallèles et au croisement on a figuré
                                                                                          que soit le lieu, et ce cercle devient
                                             les indicatrices de Tissot.
                                                                                          de plus en plus grand quand on se
                                                                                          rapproche des pôles. La déformation
                                                                                          des longueurs est la même dans toutes
                                                                                          les directions en un lieu donné mais
                                                                                          son amplitude augmente avec la lati-
                                                                                          tude. Pour la projection de Mollweide
                                                                                          (Figure 6) l’indicatrice de Tissot est une
                                                                                          ellipse dont le grand axe est dirigé selon
                                              Figure 4. Plate carrée : cylindrique        l’image du méridien. L’ellipse s’aplatit
                                             équidistante                                 en s‘approchant des pôles mais garde
                                                                                          une aire constante. Cette projection
                                                                                          est équivalente. Aucune représenta-
                                                                                          tion plane de l’ellipsoïde n’est à la fois
                                                                                          conforme et équivalente. Par contre on
Le module linéaire                                                                        peut comme dans le cas de la projec-
                                                                                          tion de Winkel-Tripel faire en sorte que
est donc une fonction de (λ, j) qui                                                       les déformations soient minimisées, ici
dépend de la position du point et de la                                                   l’indicatrice est presque un cercle dont
direction dans laquelle on regarde la                                                     l’aire varie peu.
déformation.
En un point de coordonnées (λ, j) varie                                                   Image du canevas
entre deux valeurs : m1 < m < m2 La valeur
maximale m2 peut être infinie ∞.                                                          Les méridiens et les parallèles qui sur
On appelle altération linéaire la quantité                                                la sphère ou sur l’ellipsoïde sont des
e = m -1 exprimée souvent en mètres par                                                   cercles ou des ellipses peuvent être
                                             Figure 5. Mercator : cylindrique conforme
kilomètres.                                                                               transformés par la représentation en
On appelle isomètre une courbe telle                                                      toutes sortes de courbes. Il est habi-
qu’en tout point m = constante. Si m = 1                                                  tuel de procéder à une classification
elle est dite automécoïque.                                                               des représentations planes selon ces
Pour visualiser les déformations                                                          courbes de la manière suivante :
on utilise l’indicatrice de Tissot. On
                                                                                          Les représentations cylindriques : les
trace sur l’ellipsoïde un petit cercle
                                                                                          images des parallèles sont des droites
de rayon 1 (l’unité importe peu), la
                                                                                          parallèles et celles des méridiens des
transformée de ce cercle par la repré-
                                             Figure 6. Mollweide : méri-cylindrique       droites parallèles perpendiculaires aux
sentation plane est toujours une ellipse
                                                                                          premières (Figure 4, 5, 9).
de demi-grand axe m2 et de demi-petit                                                                                                    q
axe m1, c’est l’indicatrice de Tissot. Les
représentations pour lesquelles m1 = m2
en tout point sont dites conformes, l’in-
dicatrice de Tissot est un cercle. Elles
ont deux intérêts, le premier c’est que
l’altération linéaire en un point est la
même dans toutes les directions, et le                                                                               Figure 8.
deuxième les angles sont conservés                                                                                   représentation
                                             Figure 7. Winkel-Tripel
dans la transformation.                                                                                              cylindrique [5]

                                                                                            Revue XYZ • N° 156 – 3e trimestre 2018 37
Les représentations planes de la Terre - GÉODÉSIE - CNIG
GÉODÉSIE

    Par analogie, c’est comme si on enve-                                                   
q   loppait la sphère par un cylindre que
    l’on dépliait ensuite, mais attention la
    transformation n’est pas en général une
    projection géométrique.

                                                 Figure 13. Conique équivalente
    Figure 9. Cylindrique équivalente            Les projections méri-coniques (ou
                                                 pseudo-conique) : les images des           Figure 16. Polyconique
    Les projections méri-cylindriques (ou        parallèles sont des arcs de cercles
    pseudo-cylindriques) : les images des        concentriques, celles des méridiens        L’aspect
    parallèles sont des droites parallèles,      sont des courbes quelconques passant
    celles des méridiens sont des courbes        par l’image du pôle.                       Pour illustrer l’aspect, prenons
    (arc de cercle, arc de sinus (Figure 10),                                               l’exemple des projections cylin-
                                                 Les projections azimutales (cas parti-
    arc d’ellipse (Figure 6), etc.)                                                         driques. On dit que la projection est
                                                 culier de conique) : les images des
                                                                                            directe lorsque l’axe du cylindre est
                                                 parallèles sont des cercles concen-
                                                                                            confondu avec l’axe des pôles, elle
                                                 triques, celles des méridiens sont des
                                                                                            est oblique lorsque l’axe du cylindre
                                                 droites concourantes au centre des arcs
                                                                                            est incliné selon une direction qu’on
                                                 de cercles qui est aussi l’image du pôle
                                                                                            appelle axe des pseudo-pôles, et
                                                 (nord ou sud) (Figure 15).
                                                                                            transverse lorsque l’axe du cylindre
                                                                                            est dans l’équateur. On associe à l’axe
    Figure 10. Sanson : méri-cylindrique                                                    des pseudo-pôles un pseudo-cane-
    sinusoïdale                                                                             vas, composé de pseudo-parallèles
                                                                                            et pseudo-méridiens. On applique au
    Les projections coniques : les images
                                                                                            pseudo-canevas la classification vue
    des parallèles sont des arcs de cercles
                                                                                            précédemment, par exemple pour
    concentriques, celles des méridiens
                                                                                            une projection cylindrique oblique les
    sont des droites concourantes au centre
                                                                                            pseudo-méridiens et pseudo-parallèles
    des arcs de cercles qui est aussi l’image
                                                                                            seront des droites perpendiculaires
    du pôle (nord ou sud) (Figures 12, 13).
                                                                                            les unes aux autres, ce qui n’est pas
    Par analogie, c’est comme si on enve-
                                                                                            le cas pour les méridiens et parallèles.
    loppait la sphère par un cône que l’on       Figure 14. Représentation azimutale [5]
                                                                                            Mathématiquement on applique les
    dépliait ensuite, mais attention la trans-
                                                                                            mêmes fonctions mais en utilisant les
    formation n’est pas en général une
                                                                                            pseudo-longitudes et pseudo-latitudes
    projection géométrique.
                                                                                            (coordonnées Cassini-Soldner). On
                                                                                            peut aussi appliquer l’aspect oblique
                    Figure 11. Représentation                                               aux représentations coniques et azimu-
                    conique [5]                                                             tales.

                                                 Figure 15. Azimutale équivalente
    Figure 12. Conique
                                                 Les projections poly-coniques : les
    conforme
                                                 images des parallèles sont des arcs
                                                                                            Figure 17. Aspect direct et oblique
                                                 de cercles non concentriques, dont le
                                                 centre est situé sur une droite, image     On distingue aussi les représentations
                                                 du méridien origine, et les images des     sécantes et tangentes : en reprenant
                                                 autres méridiens sont des courbes quel-    l’analogie, dans le premier cas le cône
                                                 conques (Figure 16)                        ou le cylindre coupe la sphère, et dans

38 Revue XYZ • N° 156 – 3e trimestre 2018
Les représentations planes de la Terre - GÉODÉSIE - CNIG
Figure 18. Aspect sécant et tangent
l’autre cas il est tangent. Ce que l’on
peut exprimer dans le premier cas, il
existe deux isomètres automécoïques
(m = 1) et dans le deuxième il n’y en a
qu’une.

Le nom des
représentations planes
Certaines représentations peuvent             Figure 20. Le Monde 2008 – projection cylindrique équivalente (Peters)
être nommées à l’aide de leurs carac-
                                              Quelles projections pour                       l’importance des pays en superficie et
téristiques, comme par exemple la
                                                                                             sont très utiles pour des cartes théma-
projection conique conforme, mais             quelles applications ?
                                                                                             tiques : par exemple si on représente
souvent elles portent le nom de leur
                                              n Cartes du monde (Atlas)                      le nombre d’habitants d’un pays par
inventeur, Lambert pour la même
                                              Les cartes du monde que l’on trouve            un cercle dont le rayon dépend de la
projection. On peut citer les noms
                                              dans les Atlas peuvent être choisies           population, pour avoir une impression
fréquemment rencontrés : Aïtoff,
                                              selon divers critères. L’esthétique en est     de densité réaliste, il faut conserver le
Albers, Bonne, Cassini, Eckert, Gauss,
                                              un, la projection de Molweide (Figure 6)       rapport des superficies des pays. En
Gall, Guillaume Postel, Hammer, Hatt,
                                              par exemple est souvent choisie, car sa        général le haut de la carte est vers le nord,
Goode, Krüger, Laborde, Lorgna,
                                              forme rappelle celle de la Terre, tandis       mais il existe des cartes ayant le sud en
Lambert, Mercator, Miller, Mollweide,
                                              que celle de Sanson (Figure 10) est plus       haut. De même le méridien central n’est
Peeters, Sanson, Soldner, Wagner,
                                              originale. Les projections équivalentes        pas toujours le méridien de Greenwich.
Winkel. Il est évidemment plus pratique
                                              sont très utilisées, car elles respectent      La carte du monde (Figure 14) est centrée
d’utiliser la première méthode de dési-                                                                                                      q
gnation d’une projection, d’autant que
plusieurs noms peuvent représenter la
même projection, comme par exemple
la représentation cylindrique équidis-
tante qui s’appelle Cassini ou Soldner
selon le pays. Par ailleurs un même
nom peut être utilisé pour des projec-
tions différentes, comme Lambert pour
les projections coniques conforme et
équivalente. Certaines projections sont
obtenues par une perspective géomé-
trique sur un plan, un cône ou un
cylindre tangent à la sphère, et selon
le point de vue qui peut être le centre
de la sphère, un pôle, l’infini, elles sont
appelées gnomoniques, stéréogra-
phiques, ou orthographiques.

Figure 19. Projections gnomonique,
stéréographique, orthographique.              Figure 21. Carte du pôle nord (1880) : projection azimutale

                                                                                               Revue XYZ • N° 156 – 3e trimestre 2018 39
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GÉODÉSIE

                                                                                                  parallèles,
                                                                                                             le trajet à cap constant (loxo-
                                                                                                  dromie) entre deux lieux est représenté
                                                                                                  par une droite. Par contre le trajet le
                                                                                                  plus court (orthodromie) est une courbe
                                                                                                  dont la courbure peut être grande. La
                                                                                                  figure 24 montre les deux trajets entre
                                                                                                  Berlin et Tokyo. Cet exemple illustre
                                                                                                  bien le fait qu’une ligne droite sur une
                                                                                                  carte n’est pas forcément le chemin le
                                                                                                  plus court. La projection de Mercator
                                                                                                  déforme malheureusement beaucoup
                                                                                                  les zones polaires, son utilisation est
                                                                                                  limitée entre les latitudes – 60° et + 60°.
                                                                                                  Une autre projection est souvent utili-
                                                                                                  sée pour figurer les trajets des avions
                                                                                                  de ligne, c’est la projection azimutale
                                                                                                  oblique. En effet les avions en principe
                                                                                                  suivent le chemin le plus court (géodé-
                                                                                                  sique) et donc des arcs de grands
                                                                                                  cercles sur une sphère. Pour figurer
                                                                                                  tous les vols à partir d’un aéroport,
                                                                                                  on peut utiliser une projection oblique
                                                                                                  de pseudo-pôle le lieu de départ.
                                                                                                  Dans cette projection tous les cercles
                                                                                                  passant par le pseudo-pôle sont des
                                                                                                  droites donc tous les trajets à partir de
     Figure 22. Carte de l’Antarctique (1972) projection azimutale oblique (Lorgna)
                                                                                                  cet aéroport sont des droites. Si de plus
                                                                                                  on choisit la projection équidistante,
    sur le méridien de longitude 150° et est        de combiner ces deux types de projec-
q   orientée le sud en haut.                        tions (Figure 23).
                                                                                                  alors la longueur de chaque trajet est
                                                                                                  conservée.
    Les projections cylindriques repré-
    sentent bien les zones équatoriales, ou         n Les cartes pour la navigation
    de latitudes moyennes, mais les zones           La navigation a toujours été un objec-
    polaires sont soit très dilatées, soit très     tif majeur des cartes et l’on doit les
    écrasées. Par contre les projections            premières cartes à des grands naviga-
    azimutales représentent bien les zones          teurs. La projection de Mercator, utilisée
    polaires (Figure 15, 21). L’aspect oblique      depuis le XVIe siècle est la préférée
    est aussi souvent utilisé (Figure 22). Il est   des navigateurs. Elle est conforme, et
    donc fréquent pour une carte du monde           comme les méridiens sont des droites

                                                                                                  Figure 24. Projection de Mercator : trajets
                                                                                                  loxodromique et orthodromique

                                                                                                  n Les cartes topographiques
                                                                                                  Les cartes topographiques sont des
                                                                                                  cartes à moyenne ou à grande échelle.
                                                                                                  La projection est appliquée à une zone
                                                                                                  qui correspond par exemple à un
                                                                                                  pays, ou même le pays est découpé
                                                                                                  en zones selon des parallèles ou
                                                                                                  des méridiens afin de représenter
                                                                                                  les détails topographiques avec le
                                                                                                  moins de déformations possibles. On
                                                                                                  utilise alors la même projection mais
                                                                                                  avec des paramètres différents. Les
                                                                                                  techniques de levés topographiques
                                                                                                  consistent en particulier à mesurer des
    Figure 23. Carte du pacifique combinant deux projections : une azimutale et une cylindrique   angles et des distances, les projections

40 Revue XYZ • N° 156 – 3e trimestre 2018
Les représentations planes de la Terre - GÉODÉSIE - CNIG
utilisées sont conformes, ce qui permet         – En toute rigueur, S est donné par           tion m1m2 est considéré comme égal
de conserver les angles mais aussi les             l’intégrale curviligne :                    à l’angle entre l’ellipse méridienne
longueurs étant déformées de la même                                                           vers le nord et la ligne géodésique.
façon dans toutes les directions, il est                                                       En projection conforme, l’azimut est
facile de corriger les distances mesu-          – Pour une distance courte (quelques          conservé, c’est l’angle entre l’image
rées pour les reporter sur la carte. Les           centaines de mètres), m peut être           du méridien et l’image de la géodé-
projections les plus utilisées sont la             considéré comme constant :                  sique (courbe M 1M 2 sur la partie
conique conforme, les cylindriques                                                             droite de la figure).
conformes obliques ou transverses, et           – Pour des distances plus longues, il      – Pour utiliser les formules classiques
la projection stéréographique (azimu-              est nécessaire de calculer une valeur       de la géométrie plane, il faut corriger
tale conforme) oblique.                            moyenne du module linéaire :                l’azimut du petit angle entre l’image
                                                                                               de la géodésique et le segment de
Les représentations conformes possè-
                                                                                               droite M1M2. Cette correction est notée
dent des propriétés particulières qui
                                                – Pour les distances très longues             dV, on l’obtient à partir de rg, rayon
vont faciliter la réduction des oberva-
                                                   (plusieurs dizaines de kilomètres), on      de courbure de l’image de la géodé-
tions d’angles et de distances faites sur
                                                   utilise la formule des trois niveaux,       sique. Celle-ci tourne sa concavité
le terrain
                                                   qui nécessite le calcul du module           vers l’isomètre centrale, vers laquelle
– L’indicatrice de Tissot est un cercle.
                                                   linéaire aux deux extrémités et au          se trouve donc le centre de courbure
– Le module linéaire ne dépend que de
                                                   milieu de l’arc de géodésique :             C. On appelle isomorphes les courbes
   la position du point.
                                                                                               orthogonales aux isomètres, et on
– L’altération angulaire est toujours
                                                                                               note Sv leur abscisse curviligne. La
   nulle.
                                                                                               distance entre deux isomètres d’équa-
– On note m0, la valeur minimale du            – U ne transformation conforme
                                                                                               tions m = Cste et m + dm = Cste est donc
   module linéaire. En un point quel-             conserve les angles. Cependant,
                                                                                               la différentielle de l’abscisse curviligne
   conque on a m0 ≤ m ≤ ∞.                        l’image plane d’une ligne géodé-
                                                                                               sur l’isomorphe, dSv. On désigne par
– L’isomètre dont le module linéaire             sique de l’ellipsoïde n’est en général
                                                                                               i l’angle entre l’isomorphe et l’image
   vaut m0 est choisie au centre de la            pas une géodésique du plan (une
                                                                                               de la géodésique. rg est donné par la
   zone à cartographier et est nommée             droite), mais une courbe tournant
                                                                                               formule de Schols :
   isomètre centrale.                             sa concavité vers l’isomètre centrale
– On choisit m0 < 1 et donc il existe            (figure 26). Ceci entraîne qu’une                                                 (1)
   nécessairement des isomètres pour              petite correction doit être apportée
   lesquelles m = 1. Elles sont automé-           aux angles horizontaux observés           - On peut montrer que, comme rg n’est
   coïques. Au voisinage de l’isomètre            avant de les utiliser pour des calculs       pas rigoureusement constant entre
   centrale, en un point m à distance             planimétriques. Sur la partie gauche         M1 et M2, il convient de le calculer
   d de celle-ci, le module linéaire se           de la figure 26, l’azimut de la direc-       pour le point M1/3 situé sur l’image
   développe sous la forme :                                                                   de la géodésique au tiers de M1M2.
                                                                                               On a ensuite :

où p dépend un peu du point m et où
o(d2) est un infiniment petit d’ordre
supérieur à d2.
                                                                                                                                            q
- Soit s la distance séparant deux points
  m1 et m2 de l’ellipsoïde (figure 25). La
   distance correspondante en plan est
   S. Si l’arc de courbe sur l’ellipsoïde est
   une géodésique, son image plane est
   peu courbée et, sur le plan, on peut
   confondre la longueur de l’image
   de la géodésique et la longueur du
   segment M1M2.

                                                Figure 26. Transformation conforme
                                                d’une géodésique de l’ellipsoïde.

Figure. 25. Réduction d’une distance de
l’ellipsoïde au plan.

                                                                                              Revue XYZ • N° 156 – 3e trimestre 2018 41
Les représentations planes de la Terre - GÉODÉSIE - CNIG
GÉODÉSIE

    – S uivant la précision requise, la         Les cartes des figures 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8,   
q                                                                                                  ABSTRACT
      projection utilisée, la longueur des       9, 10, 11, 18, 19, 21 ont été générées
      visées et l’éloignement de l’isomètre      par les logiciels et données Mapinfo              This paper presents a general view
      centrale, il convient de contrôler si dV   et Arcgis.                                        of the representations of the Earth
      peut être négligé.                                                                           onto a plane surface. Booth the
                                                 Remerciements à Bernard Bèzes, ex
                                                                                                   mathematical characteristics of the
                                                 responsable de la cartothèque de l’IGN
    n Convergence des méridiens                                                                    projections and their geometric
                                                 qui a fourni les cartes de la collection
    Les images des méridiens peuvent être                                                          characteristics, including projected
                                                 IGN des figures 14, 15, 16, 17.
    très variées, droites parallèles, droites                                                      images of the meridians and
    sécantes, cercles, courbes quelconques.                                                        parallels, are highlighted. Then
    On choisit un méridien origine, comme        Références                                        the direct and inverse aspects
    axe des y, et en un point quelconque                                                           are explained as well as the
                                                 [1] Bugayevskiy M. Snyder J., 1995, Map
    l’image du méridien fait un angle γ avec
                                                 Projections, Taylor&Francis                       classifications by purpose of use,
    l’axe des y qu’on appelle convergence                                                          such as world atlas, navigation
                                                 [2] Duquenne F. et H., 2003, cours de
    des méridiens.                                                                                 and surveying. The notions of scale
                                                 géodésie, ESGT, CNAM. http://www.aftopo.
                                                                                                   factor, convergence of meridians and
                                                 org/FR/ouvrages-34.html
                                                                                                   reduction to the chord are explained.
                                                 [3] Duquenne F., Les projections                  The paper will be completed in
                                                 cartographiques, bulletin de liaison des          detail within the next issues by the
                                                 membres de la Société de Géographie               studies of projections mostly used in
                                                 n°18, juin 2012.                                  surveying.
                                                 [4] Reignier F. 1957, Les systèmes de
                                                 projections et leurs applications, IGN
                                                 [5] www.regard-sur-la-terre.over-blog.com

    Figure 27. Passage azimut vers gisement

    VM1M2 : gisement : angle entre l’axe des
    Y et la direction M1M2
    AzM1M2 : azimut : angle entre le méridien
    et la direction M1M2
    γ : convergence de méridiens = gise-
    ment de l’image du méridien.

    Conclusion
    Ces quelques pages ont résumé les
    façons les plus répandues de repré-
    senter la Terre sur un plan. Cependant
    il en existe de nombreuses autres et
    l’imagination n’a pas de limite. On
    peut prendre ici comme exemple la
    carte anamorphique de la SNCF qui à
    la place des distances, utilise la durée
    des trajets des trains.
    Cet article dont le but est une vue
    générale sur les représentations
    planes de la Terre sera complété ulté-
    rieurement dans la revue XYZ par
    l’étude détaillée des représentations
    planes les plus utilisées en topogra-
    phie et cartographie, en particulier
    les représentations légales françaises
    et celles spécifiées dans la directive
    européenne INSPIRE. l                        Figure 28. Carte anamorphique de la SNCF

42 Revue XYZ • N° 156 – 3e trimestre 2018
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