Les Sports universitaires - 75 ans d'histoire - Université de ...
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Les Sports universitaires 75 ans d’histoire
SOMMAIRE
1
Le mot du Recteur
3
Les Sports universitaires
Une histoire passionnante
9
Du sport pour tous les goûts
24
Demandez
le programme!
27
Un vivier de championnes
et de champions
33
Jean Brechbühl
Match de basketball féminin, au début des années L’âme des Sports
1930, en extérieur (stade de Frontenex). universitaires genevois
35
Les mémoires vivantes
Jean‑Pierre Eberlé
et Jean‑Pierre Seydoux
40
Antonio Latella
Les Sports universitaires
au 21ème siècle
43
Les camps de ski
Des aventures inoubliables
49
Une épreuve de patience
Construire des installations
sportives à Genève
54
On the road
La mobilité et les véhicules
des Sports universitaires
57
Le Tennis Club Universitaire
Illustrations:
59
1ère de couverture: Un groupe de l’UNIGE lors de l’un des premiers camps de ski à Cross universitaire
Zermatt. Jean Brechbühl accompagne ses étudiants (3ème depuis la gauche). et Course de l’Escalade
4ème de couverture: Un groupe de l’UNIGE lors du camp de ski de Zermatt, en 2012.
62
Élaboration et rédaction: Et demain?
Marc Duret, Jean-Quentin Haefliger, Antonio Latella, Audrey Lelong, Léo Tichelli
Édition: Christophe Campergue
Traitement d’images: Denis Ponté
Graphisme: Julien Jespersen
Le mot du Recteur
Équipe «Malodo». Tournoi interfacultés 2003
Par Yves Flückiger, Recteur de l’Université de Genève (Y. Flückiger est debout en blanc).
Le Service des sports fête ses 75 ans et je lui souhaite, au
nom de l’Université, un joyeux anniversaire et une très
longue vie remplie de succès! Cette publication est l’occa-
sion de lui rendre hommage. Son aventure débute en 1943
lorsque Jean Brechbühl, économiste et maître d’éducation
physique, organise avec des associations d’étudiant-e-s le
premier camp de ski à Zermatt, ouvert à l’ensemble de la
communauté universitaire.
Ce pionnier, qui nous a quittés il y a quatre ans, à l’âge
de 101 ans, dirigera seul, jusque dans les années 1960,
un Service dont les missions couvrent non seulement les
prestations sportives, mais aussi la formation académique
en la matière. Au fil des décennies, de belles personna-
lités – je pense notamment à Jean-Pierre Eberlé, Jean- de Genève (mais aussi de la HES-SO Genève et de l’IHEID)
Pierre Seydoux et Peter Holenstein, qui fut d’ailleurs un peuvent participer à plus d’une centaine d’activités chaque
joueur de tennis hors-pair, représentant même la Suisse année, dans plus de 60 disciplines sportives différentes.
en Coupe Davis de tennis – viendront tour à tour étoffer Autant d’évènements qui ponctuent le rythme de notre
l’offre, tant à l’échelle locale qu’internationale, à l’image quotidien académique, tout en renforçant les liens au
des Universiades. sein de notre communauté, car le sport universitaire est
Mais le Service des sports, c’est aussi un modèle qui s’est non seulement un complément indispensable à l’équilibre
construit autour des valeurs d’excellence, d’amitié et de de vie de tous nos étudiants, dans le cadre de leur expé-
solidarité, si précieuses pour notre institution. Autour éga- rience universitaire, mais aussi un ciment précieux qui fé-
lement de la collaboration lémanique, puisqu’à l’instar de dère les différents corps de notre institution, ainsi qu’un
ce qui s’est passé avec le regroupement de l’École de Phar- facteur d’intégration pour des étudiants venus de tous les
macie à Genève (EPGL) en 2004, les compétences en ma- horizons du monde.
tière d’enseignement et de recherche se sont aujourd’hui Finalement, je tiendrai une promesse en ne passant pas
avantageusement réunies et développées auprès de notre sous silence les merveilleux souvenirs que j’ai glanés tout
partenaire, l’Université de Lausanne. au long des tournois de football interfacultés auxquels j’ai
Sur le plan des prestations offertes, l’organisation actuelle participé, en hiver comme en été, avec un seul regret à la
remonte à 2001, date à laquelle un jeune collaborateur, An- clé: n’être jamais parvenu à remporter le titre tant convoité,
tonio Latella, est promu responsable du Service. Qu’il soit sans doute en raison des performances en demi-teinte du
ici remercié, ainsi que toute son équipe, pour la qualité du soussigné au sein de son équipe, qui s’appela tout d’abord
travail accompli. Grâce à leur engagement, étudiant-e-s, «Flemme&Co» puis, l’âge avançant, «Malodo».
enseignant-e-s, chercheurs et chercheuses de l’Université Vive le sport universitaire, vive l’Université de Genève!
1
Audrey Lelong Antonio Latella Léo Tichelli
Née en 1994, Audrey Lelong Né en 1967, responsable des Né en 1995, Léo Tichelli est étudiant
est étudiante en droit. Joueuse Sports universitaires depuis 2001, en littérature comparée et histoire
de tennis, ancienne judoka et Antonio Latella a fait des études en générale. Lui aussi joueur de tennis,
gymnaste, elle s’est illustrée dans économie et en sport entre 1988 il quitte rarement la selle de son
le tournoi universitaire national de et 1994. Joueur de bon niveau en vélo, son moyen de transport favori.
tennis en 2015, où elle a terminé à volleyball, il manie également Il pratique par ailleurs la course à
la 1ère place (équipe mixte). Dans le la raquette de badminton avec pied. Contrairement à ses acolytes
cadre des Sports universitaires, elle aisance. Son portrait, entremêlé à rédacteurs de cette brochure, il
s’est adonnée au Cardio Funk, à la l’histoire des Sports universitaires n’a que peu participé aux activités
boxe et à la condition physique. au 21ème siècle, est présenté en des Sports universitaires, à
p. 40. l’exception de quelques échanges
de badminton.
Les rédacteurs
Marc Duret Jean-Quentin Haefliger
Né en 1986, Marc Duret est Né en 1987, Jean-Quentin Haefliger
doctorant en archéologie classique. est titulaire d’un bachelor en
Après une prime enfance passée sur histoire ancienne et français
les terrains de foot, il s’oriente vers moderne. Avant tout coureur à pied,
le tennis, qu’il pratique toujours, il a participé à plusieurs marathons
tout comme la course à pied. Dans et semi-marathons, notamment lors
le cadre des Sports universitaires, des championnats universitaires de
il a fait crisser ses chaussures la discipline, à Lucerne, ainsi qu’à
sur les terrains de badminton, où plusieurs courses de l’Escalade
il s’est hissé sur la 3ème marche sous les couleurs de l’UNIGE. Il
du podium du tournoi genevois a connu son heure de gloire en
en 2015 (en double, avec Jean- badminton universitaire en 2015
Quentin Haefliger). Également à (3ème place en double). Adepte de
son palmarès, une victoire dans l’éclectisme, il s’est aussi frotté
un tournoi du TCU, au début des au cyclisme sur piste – non sans
années 2010. Il s’est aussi essayé frayeur –, au rugby à VII et à l’aviron.
à l’aviron, puis, depuis quelques Il restera dans les mémoires pour
années, au rugby à VII, où il tente avoir mystérieusement disparu,
désespérément de convaincre ses le temps d’une journée, lors d’un
partenaires de jeu de viser une camp de ski à St‑Moritz en 2009,
qualification helvétique aux Jeux et pour avoir presque saboté le bus
olympiques de Tokyo en 2020. (p. 55)…
2
Les Sports
universitaires
Une histoire passionnante
M
Créés en 1943 grâce à l’engagement alheureusement, la plupart des archives des
de Jean Brechbühl comme maître Sports universitaires ont été détruites il y a
de sport, les Sports universitaires quelques années, lors du désamiantage des
locaux où elles étaient déposées. Cela empêche d’écrire
prennent racine dans les premières
une histoire linéaire et complète, de la création officielle,
décennies du 20ème siècle. Au milieu en 1943, à aujourd’hui. Il faut tout de même tenter de re-
du siècle passé, ils se développent tracer une forme d’historique, qui se base sur des sources
peu à peu, autour d’une poignée de diverses: les articles dans la presse de l’époque, les sou-
personnes motivées et de quelques venirs personnels de ceux qui ont vécu ces années-là,
disciplines sportives, appelées à ainsi que sur quelques rares documents ayant échappé
à la destruction.
se multiplier au fil du temps.
Avant 1943, des Sports universitaires non officiels
Bien que leur création officielle date de 1943, les Sports
universitaires ont connu quelques balbutiements plusieurs
années auparavant. Le 9 novembre 1935, un article du Jour-
nal de Genève affirme par exemple que le sport universi-
taire, qui n’est pas encore institutionnel, «s’est considé-
rablement développé». Un certain Edouard Guillermet,
dans le courrier des lecteurs du même journal, le 26 janvier
1955, mentionne la fondation, en 1919-1920, d’une «So-
3
ciété sportive universitaire», alors composée uniquement dote d’une organisation plus solide pour la pratique du
d’étudiants. En 1926, on a aussi trace d’une société des sport, et surtout d’installations et d’infrastructures ad hoc.
amis du sport (Journal de Genève, 12 avril 1926), qui aurait En 1931 par exemple, on explique dans le Journal de Ge-
été soutenue financièrement par l’Université mais qui n’or- nève du 22 décembre que l’Union nationale des associa-
ganisait que quelques activités estivales, durant lesquelles tions d’étudiants a voté une résolution, dans laquelle elle
«chaque groupe était dirigé par un étudiant spécialement lance un appel pressant aux autorités, les enjoignant de:
fort dans le sport pour lequel il était désigné». Il s’agissait 1.nommer un responsable des sports dans chaque univer-
donc de structures encore très simples. sité; 2.fournir terrains et matériels nécessaires et 3.réser-
ver des heures à l’éducation physique dans le calendrier
des étudiants.
Tournoi de basketball sur herbe à Frontenex, dans les années 1930.
Ski dans les années 1930.
Ce sont justement les étudiants qui, dès les années 1920
et 1930 du siècle dernier, militent pour que l’Université se
4
L’ère Brechbühl le Journal de Genève le 20 mai 1944: «que faut-il préférer?
L’apéro ou l’heure passée au stade, en plein air, à lancer
le javelot ou à s’entraîner avec son équipe?» Dès l’année
1943-1944, les étudiants ont le choix entre ces deux formes
de sociabilisation.
Équipe universitaire de football de Jean Brechbühl à Frontenex, dans les
années 1940.
Premières traces des Sports universitaires. Journal de Genève, 14
novembre 1942.
À l’Université de Genève, il faudra donc attendre 1943 pour
que ce souhait se réalise. Jean Brechbühl, qui y donnait
déjà des cours de sport facultatifs, devient le maître de
sport officiel, salarié par l’Université, ce qui représente
une grande nouveauté. La nouvelle structure, Société Spor- Élaboration du programme des sports au sein de l’UNIGE. Journal de
Genève, 5 septembre 1944.
tive Universitaire (SSU), s’appuie sur l’association préexis-
tante, qui n’avait alors aucun rôle officiel, mais qui a dû Comme le racontent les «mémoires vivantes» (p. 35), les
faire beaucoup pour que la situation change. Comme l’écrit débuts des Sports universitaires étaient administrative-
5
ment très modestes. Seul Jean Brechbühl était alors sa-
larié; ce dernier coiffait toutes les casquettes: maître de
sport, bien sûr, mais aussi administrateur, secrétaire, etc.
L’arrivée de Jean-Pierre Eberlé pour l’épauler en 1966 a
sans doute représenté une forme de soulagement pour le
pionnier genevois. Parallèlement, la commission de sur-
veillance des Sports universitaires chapeaute les aspects
administratifs et financiers.
Outre l’organisation des premiers camps de ski (p. 43) et
des cours de sports, l’équipe de Jean Brechbühl doit, dès
les débuts, se battre pour obtenir des infrastructures adé-
quates (p. 49). Le 21 novembre 1950, un article du Journal
de Genève parle de la «grande pitié du sport à l’Université
de Genève». Il ne s’agit alors nullement de critiquer le tra-
vail des responsables, mais bel et bien les autorités, qui ne
leur donnent pas les moyens de réaliser leurs ambitions,
alors que près d’un étudiant sur cinq se rend aux activités
des Sports universitaires.
Quelques nouveautés sportives: la varappe au Salève. Journal de Genève,
19 novembre 1957.
Cela n’empêche pas pour autant les Sports universitaires
de connaître un immense succès populaire: dix ans plus
tard, la SSU est de loin le plus grand club de sport à Ge-
nève. Les activités proposées s’y multiplient, grâce no-
tamment au réseau des responsables, bien ancré dans
la société genevoise. Le sport universitaire, durant ces
premières décennies, est également davantage connu,
peut-être même davantage respecté, que de nos jours.
Quelques personnages soutiennent ainsi les Sports uni-
versitaires, à l’image de Karl Walthard, qui fait don en 1963
de 5’000 francs, dont les intérêts doivent financer un prix
annuel, destiné à un étudiant qui «ayant fait de bonnes
études, s’est distingué dans les Sports universitaires».
Les responsables ont l’occasion, à plusieurs reprises, de
présenter des rapports d’activités, tant au sein de l’Uni-
versité que dans la presse. Ils s’y félicitent alors des ré-
Championnat universitaire de cross.
6
sultats des universitaires genevois, souvent vainqueurs Les responsables successifs des
dans les compétitions locales ou nationales, voire inter- Sports universitaires
nationales (p. 27). Parallèlement, les chiffres de fréquen- 1943–1978 Jean Brechbühl
tation croissent sans cesse. En 1966 (Journal de Genève, 2 1978–1998 Jean-Pierre Eberlé
novembre 1966), on enregistre plus de 5000 inscriptions, 1998–2001 Peter Holenstein
réparties dans une vingtaine d’activités! Le tennis et le ski, 2001–… Antonio Latella
mais aussi le cross, se taillent la part du lion quand à la fré-
quentation des cours.
Les années Eberlé, Holenstein et Latella
À partir de 1978, les Sports universitaires ne sont plus sous
la responsabilité de Jean Brechbühl, qui ne disparait pas
pour autant du paysage sportif étudiant. Son successeur
est son ancien adjoint, Jean-Pierre Eberlé, qui sera suivi
de Peter Holenstein et Antonio Latella. À l’exception de
Peter Holenstein, qui ne reste que trois ans en poste, tous
les responsables des Sports universitaires ont occupé la
fonction pendant au minimum une vingtaine d’années, ce
qui a sans doute garanti une forme de continuité. Cette
dernière a accompagné des évolutions dans la pratique
du sport dans le monde étudiant, que narrent Jean-Pierre
Eberlé et Jean-Pierre Seydoux (p. 35), tout comme Antonio
Latella (p. 40).
Après l’âge d’or des camps de ski et du TCU (pp. 43 et 55),
les Sports universitaires se sont peu à peu adaptés aux
changements des demandes de la part des étudiants et,
plus généralement, à la modification de la pratique du
sport, moins orientée vers l’exploit, la victoire ou les re-
cords, mais davantage vers une forme d’équilibre et d’as-
piration à une meilleure santé. L’offre des activités évolue
alors en suivant ces changements.
7
Du sport
pour tous
les goûts
Attention à la chute!
Les sports proposés aux
étudiants entre 1943 et
A
aujourd’hui sont trop nombreux
ujourd’hui, plus d’une centaine d’activités, répar-
pour être énumérés. Il est
ties dans une soixantaine de disciplines sportives,
peuvent être pratiquées par la communauté uni-
toutefois intéressant d’observer
versitaire. Un an après la création des Sports universi- l’évolution de l’offre, à l’aide de
taires, en 1944, on ne comptait qu’une petite dizaine de quelques jalons chronologiques.
disciplines: athlétisme, football, basketball, hockey sur
terre et sur glace, escrime, ski, tennis, boxe et jiu-jitsu.
En 1978, année pour laquelle on conserve le plus ancien
programme des Sports universitaires, les étudiants pou-
vaient s’inscrire aux sports suivants: athlétisme, aïkido,
alpinisme, aviron, badminton, basketball, bowling, boxe,
Judo - jiu-jitsu déjà dans les premiers programmes!
9canoë, danse classique et de caractère, danse contempo- des premières décennies des Sports universitaires. C’est le
raine, expression corporelle, escrime, eutonie, équitation, cas du tennis, qui permettait au TCU de ne presque jamais
football, golf, gym jazz, gymnastique aux engins et trampo- désemplir, mais aussi du ski, pratiqué par des centaines
line, handball, hockey sur terre, hockey sur roulettes, judo, d’étudiants lors des camps. Le cross, fierté genevoise du-
karaté, natation, parachutisme, rugby, rythmique, squash, rant des décennies, a également drainé les foules, permet-
ski nautique, spéléologie, sports sous-marins, tennis, ten- tant à l’Université de remporter plusieurs victoires lors de
nis de table, tir, tir à l’arc, tir de chasse, tir en salle, volley- concours nationaux.
ball, yachting et yoga. Un bien riche programme! Lors des années Brechbühl, près d’un étudiant sur deux se
On remarque que certains de ces sports ont disparu des rendait à l’une ou l’autre activité sportive. Aujourd’hui, le
programmes modernes, le parachutisme par exemple, ou pourcentage d’adeptes est plus proche des 40%. Cela s’ex-
encore le tir de chasse. Ils ont été remplacés par d’autres, plique par une forme de désaffection de nombreuses dis-
comme le curling, le tchoukball ou le disc-golf. ciplines sportives, par la possibilité de faire du sport dans
Comme le montrent les coupures de presse et les photo- d’autres cadres que l’Université et, malheureusement, de
graphies d’époque, quelques sports sortaient du lot lors la sédentarisation de nombreuses personnes.
Un an après la
création des Sports
universitaires, en
1944, on ne comptait
qu’une petite dizaine
de disciplines:
athlétisme, football,
basketball, hockey
sur terre et sur glace,
escrime, ski, tennis,
boxe et jiu-jitsu.
Swiss University
Championship à
Macolin en 2007.
10Tentative de bloc au collège Émilie‑Gourd, dans les années 1980. Championnat universitaire suisse à Dorigny en 2012.
11Gymnastique en musique au
collège Madame-de-Staël.
activités des Sports universitaires. Elles se ré-
partissent dans toutes les disciplines: boxe,
yoga, course à pied, rugby, etc. La domination
numérique féminine s’explique par l’apparition
de nouvelles activités, que les femmes plébis-
citent davantage que les hommes, mais aussi
par le fait que ces derniers sont plus souvent
inscrits dans des clubs non universitaires. De-
Les femmes dans les puis les origines, les Sports universitaires ont
clairement été un domaine où l’égalité femmes-
Sports universitaires hommes a pu se développer.
Jean-Pierre Eberlé et Jean-Pierre Seydoux l’affirment:
les femmes ont toujours eu accès aux Sports universi-
taires; elles y ont toujours été nombreuses. Contrai-
rement aux clubs et autres fédérations sportives, qui
demandaient à la gent féminine de rester à l’écart
ou de faire ses preuves avant de pouvoir s’inscrire,
les Sports universitaires ne lui restreignaient pas
l’accès aux différentes activités. Cela a permis à de
nombreuses étudiantes de pratiquer le sport qu’elles
souhaitaient, dans des années où, rappelons-le,
les femmes n’avaient pas même le droit de vote en
Suisse.
Minoritaires lors des premières décennies des Sports
universitaires, les femmes représentent aujourd’hui
l’écrasante majorité des étudiants prenant part aux
Championnat universitaire suisse
à la Queue-d’Arve, en 2008. Le
double dames UNIGE victorieux.
12Le concours de cross universitaire.
Les cours de culture physique.
1314
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20
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23
Demandez
le programme!
L
Bien que l’on ne conserve e plus ancien programme conservé date de 1978. On
malheureusement presque plus aucune y remarque, entre les listes de sports et les informa-
archive des quarante-cinq premières tions pratiques destinées aux étudiants, la présence
d’une abondante publicité, sans doute nécessaire aux frais
années des Sports universitaires, il est
d’impressions desdites brochures, voire même au bon dé-
intéressant d’observer l’évolution des roulement financier des activités. Sous quelques phrases
programmes distribués aux étudiants d’accroche au ton plutôt encourageant (voir ci-contre), s’y
pour leur vanter la variété des sports dévoile un programme sportif déjà très riche: près de qua-
proposés au sein de l’Université. rante sports y sont listés. Certains, aujourd’hui disparus
des programmes, sont des témoins de leur époque, ou de
l’ambition des Sports universitaires d’alors: gymnastique
artistique (non mixte), patins à roulettes, gym jazz, expres-
sion corporelle, parachutisme ou encore spéléologie sont
au programme.
Couverture du programme du
Couverture du programme du Dès 2002-2003, le programme
semestre d’été 1986. Ivan Lendl,
semestre d’hiver 1984-1985. paraît désormais annuellement.
numéro 1 mondial d’alors, souligne
24 l’âge d’or du tennis universitaire.Dans le programme des Sports universitaires, publicités croisées Détail du programme de 1978. Les numéros
pour le livre de Jean Brechbühl et pour des boissons gazeuses... de téléphone ne sont plus valables…
Plus récemment, les couvertures des programmes se sont 2000, on préfère des images plus simples pour illustrer
ornées de belles photographies d’étudiants en action l’ambiance des sessions de sport, tant sur les couvertures
dans plusieurs disciplines. Là encore, quelques looks im- des programmes que sur celles des rapports d’activité,
probables nous plongent dans des époques pourtant pas comme la préparation d’un bateau d’aviron. Ces rapports
si lointaines. Souvent, les photographies en couverture donnent un aperçu souvent détaillé des activités spor-
ne représentent pas des étudiants locaux, mais plutôt la tives de l’année universitaire écoulée: statistiques de par-
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les jeunes grâce à des visages connus. Dans les années internes.
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À l’heure d’internet, le lourd Pongiste à l’honneur
programme papier est définitivement en 2015.
remplacé par un flyer, en 2014. 25Retour triomphal de Renée Colliard à Renée Colliard dans la Gazette de 26 Genève. Journal de Genève, 8 février 1956. Lausanne, 31 janvier 1956.
Un vivier de
championnes
et de
champions
Renée Colliard, championne olympique de
slalom à Cortina d’Ampezzo et étudiante en
pharmacie à l’Université de Genève.
Une lecture attentive
de la presse régionale
permet de retrouver
la trace de nombreux
étudiants genevois
D
Renée Colliard: championne olympique
qui ont brillé dans ifficile d’imaginer plus grand exploit sportif qu’une
diverses compétitions, victoire aux Jeux olympiques. La skieuse Renée Col-
à l’échelon cantonal, liard, après avoir remporté de nombreuses compé-
national ou même titions universitaires régionales et nationales, l’a réalisé
en 1956 à Cortina d’Ampezzo, où elle fut médaillée d’or
international. Les plus
en géant. Entre 1954 et 1956, qui est pourtant l’année de
grands champions issus sa victoire olympique, elle remporte aussi le slalom géant
du sport universitaire national universitaire. Frappant chacun «par son équilibre
sont le plus souvent et sa simplicité» (Journal de Genève, 31 janvier 1956), cette
des championnes, qui championne représente assurément le succès le plus re-
sont parfois montées tentissant d’une universitaire de Genève.
sur les plus prestigieux
des podiums.
27Isabelle Pentucci, une escrimeuse au sommet volleyball et dans plein d’autres sports, les athlètes ge-
Au début des années 1990, Isabelle Pentucci a atteint à nevois, en particulier dans les années 1950 à 1970, se
plusieurs reprises le dernier cercle des escrimeuses mon- sont souvent illustrés face à leurs homologues suisses ou
diales. Elle fut troisième aux championnats du monde par étrangers.
équipe de 1989, puis deux fois sixième en individuel (1991 Plusieurs récents lauréats du prix Walthard ont obtenu des
et 1992). Comme Renée Colliard, Isabelle Pentucci ne dé- résultats nationaux voir internationaux. Ralph Asmar a par
laisse pas les Universiades, où elle termine 3ème en 1995, exemple été champion suisse de volleyball avec Chênois,
avant de mettre fin à sa carrière en 1996. tandis qu’Oscar Vadas a été vice-champion suisse de bad-
minton, en double messieurs élite, en 2002.
Quelques messieurs en évidence Enfin, il faut également souligner la participation récente
Responsable des Sports universitaires durant les années de Romuald Hausser, étudiant en physique, à l’épreuve de
1998-2001, Peter Holenstein a également été un grand voile 470 aux Jeux olympiques de Londres en 2012, puis à
joueur de tennis. Dans les années 1970, il a même l’hon- Rio de Janeiro en 2016.
neur de figurer dans l’effectif de
l’équipe suisse de Coupe Davis, Les Sports universitaires
en double. Gérald Pfefferlé, qui a genevois, pas à la
obtenu une licence en droit, a, lui, recherche du «record»
terminé 5 en compétition indi-
ème
Lors des dernières décennies, les
viduelle à l’épée aux Jeux Olym- Universiades et, plus générale-
piques de Séoul en 1988. ment, les compétitions universi-
Morris Trachsler, joueur de hockey taires, ont pris de l’ampleur. Cela
sur glace, a été étudiant à l’UNIGE a accompagné une plus grande
également. Longtemps joueur du professionnalisation du sport.
Genève Servette, il a également Ce changement de paradigme
été membre de l’équipe nationale, explique que les champions uni-
participant notamment aux cham- versitaires genevois qui peuvent
pionnats du monde de 2013, où la accéder à ces compétitions sont
Suisse se classe alors deuxième. uniquement des sportifs d’élite.
L’Université de Genève fête ses champion‑ne‑s!
L’Université avait sans doute eu Journal de Genève, 8 janvier 1971.
Dès la création des Sports uni-
raison de lui remettre le prix Wal- versitaires de Genève, on poin-
thard en 2012! tait le fait que le but du sport à
l’université n’était pas le record à tout prix (Journal de Ge-
Les autres championnes et champions nève, 21 mai 1944). La politique générale qui a fait suite
Les athlètes ci-dessus ont eu les palmarès les plus écla- à cet esprit fondateur, malgré la participation de nom-
tants du sport universitaire genevois. Tout au long de leur breux sportifs à des compétitions universitaires, n’a pas
histoire, les Sports universitaires ont également connu de toujours visé des objectifs compétitifs précis; au contraire
nombreux succès lors de compétitions régionales, natio- des sports universitaires lausannois, par exemple, où se
nales et internationales (voir coupures de presse). En bas- sont créés des clubs qui brillent aujourd’hui dans l’élite
ketball, en football (même contre Marseille!), en boxe, en nationale, en particulier en volleyball.
28Coupures de presse au fil du temps.
2930
18 Jeudi 2
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r 1986
GENÈVE
La chroniqu
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lisez bien, Depuis 40 antisme, inem ent,
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centre spor afin de dote d'autres
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France: juste ent!,
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croirez si vous soit l'un soit l'aut com me partout
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carrière de Roger Federer,
plus grand joueur de tennis
de tous les temps, l’illustre
encore en cette année 2018:
le tennis, ça conserve! Jean
Brechbühl, fondateur des
Sports universitaires et cheville
ouvrière de ceux-ci pendant des
décennies, a en effet frappé
ses dernières balles à 92 ans,
une dizaine d’années avant de
s’éteindre, à l’âge canonique
de 101 ans. Sans lui, les Sports
universitaires ne seraient pas
ce qu’ils sont aujourd’hui.
Jean Brechbühl, joueur de tennis hors pair.
32Jean Brechbühl
L’âme des Sports
universitaires genevois
E
Un pédagogue aux talents d’organisateur
n 2013, Jean Brechbühl affirmait «n’avoir rien fait
d’exceptionnel» (Tribune de Genève, 7 mars 2013).
Cette déclaration pleine de modestie cache l’am-
pleur de ce que ce maître de sport, connu de toute la Ré-
publique genevoise, a apporté au sport universitaire et,
plus généralement, à la pédagogie sportive. Né en 1913, il
évite la mobilisation en entrant à l’Université, où il donne
quelques cours facultatifs aux étudiants. C’est en 1943
qu’il se retrouve à la tête de ce qui deviendra les Sports
universitaires, mais qui n’est alors qu’un embryon d’orga-
nisation sans secrétariat ni budget (Journal de Genève, 7
juin 1978). Très vite, en 1946, il prend également la charge
du programme de formation des maîtres de sport avec Karl
Walthard. Pendant plus de trois décennies, Jean Brechbühl
est donc l’un des personnages les plus importants du sport
genevois, aidé de ses collègues et successeurs, les deux
Jean-Pierre (Eberlé et Seydoux), puis de Peter Holenstein.
Bien qu’il ait tâté du basketball, de l’athlétisme ou encore
du hockey sur terre, son sport favori est le tennis, dans le-
33quel il brille au plus haut niveau: il a Une aura qui dépasse le cadre
à son palmarès trois titres nationaux des Sports universitaires
et des participations à des tournois Le tennis universitaire interna-
internationaux. Celles-ci lui vaudront tional a aussi profité de l’énergie
notamment d’affronter à plusieurs de Jean Brechbühl, qui organise
reprises le célèbre Fred Perry, qui se le tournoi de tennis lors des Uni-
déplace même à Genève pour une versiades, dès 1961, à Sofia. Il y
exhibition. donne aussi des conférences aux
Jean Brechbühl s’est aussi penché Jean Brechbühl au ski dans les années 1940. enseignants locaux, en parallèle
sur l’enseignement du tennis, dont des joutes universitaires.
beaucoup disent qu’il l’a révolutionné. Il est l’auteur de Comme on peut le voir sur de nombreuses photos pré-
trois livres sur le sujet (Le tennis moderne en 1948; La sentes dans cette brochure, Jean Brechbühl a non seu-
maîtrise du tennis en 1974; Contribution à la didactique lement organisé, mais aussi participé aux camps de ski
du sport en 1988) et de quelques articles dans la presse universitaires, si populaires il y a quelques décennies. Vrai-
locale. Par exemple, dans le Journal de Genève du 3 août semblablement aussi à l’aise raquette à la main que skis
1977, il s’interroge, sans dogmatisme, sur les avantages aux pieds (il fut champion romand junior de descente), il y
et les inconvénients du revers à deux mains, que l’on voit enseignait aux étudiants, débutants ou non, les rudiments
peu à peu apparaître dans l’élite du tennis mondial. En de la glisse.
1982, il défend par ailleurs le maître de sport, qui n’est Trente ans après la création des Sports universitaires, Jean
pas forcément «un copain pas très intelligent», insistant Brechbühl reçoit la médaille de l’Université, qui reconnaît
sur l’exigence des formations universitaires qu’il a contri- ainsi l’importance de ce que ce maître de sport modeste
bué à mettre en place (Journal de Genève, 8 février 1982). aura réalisé tout au long de sa carrière. Son énergie, son ef-
Aujourd’hui encore, la science du sport de Jean Brechbühl ficacité organisationnelle et ses talents de pédagogue ont
influence de nombreux enseignants, qu’ils soient gene- permis de transformer l’essai réalisé en 1943 et de péren-
vois ou d’ailleurs. niser les Sports universitaires jusqu’aujourd’hui.
Les professeurs de tennis étaient considérés comme des joueurs Médaille de l’Université de Sofia offerte
professionnels et ne pouvaient pas participer aux grands chelems. à Jean Brechbühl (avers et revers).
Jean Brechbühl affronte même la légende Fred Perry, numéro 1
mondial en 1934. Journal de Genève, 1er septembre 1948.
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