Les terrains de la comparaison

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Appel à contributions, Terrains/Théories

                      « Les terrains de la comparaison »
                                    Numéro coordonné par :
Anne-Charlotte Millepied (EHESS, Iris et Université de Genève, Institut des Études du Genre)
                  Simon Ridley (Université Paris Nanterre, Sophiapol)
           et Paolo Stuppia (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CESSP).

Date limite d’envoi des résumés : 10 septembre 2019

Présentation de la revue
Terrains/Théories est une revue pluridisciplinaire de sciences sociales à comité de lecture
articulant la conceptualisation et la recherche empirique. Elle vise à constituer un carrefour
entre sociologie, anthropologie et philosophie. Elle part du principe que la philosophie
politique – au sens large – doit aujourd'hui dépasser une approche purement conceptuelle
du politique en se rapprochant des sciences sociales, tandis qu’il devient de plus en plus
important pour ces dernières d'expliciter les choix théoriques qui peuvent orienter les
pratiques de recherche et les enquêtes de terrain.

Plus d’informations ici : https://teth.revues.org/

Présentation du numéro
Souvent présentée comme « l’essence même » de la recherche en sciences sociales, la
comparaison n’a jamais cessé d’animer les discussions académiques. Dans les mondes
francophone et anglophone, elle reste un sujet d’actualité1. Condition de la démarche
scientifique pour les uns2, méthode « impossible »3 pour les autres, la comparaison suscite des

1 En témoignent, par exemple, le manuel « Repères » de Cécile Vigour, qui se veut une synthèse (VIGOUR
Cécile, La comparaison dans les sciences sociales. Pratiques et méthodes, Paris, La Découverte, 2005) ;
un numéro de Terrains & Travaux en 2012 (DE VERDALLE Laure, VIGOUR Cécile et LE BIANIC Thomas (dir.),
Terrains et Travaux, n° 21, vol. 2 « Ce que comparer veut dire », 2012) ; le colloque de Cerisy en 2013 sur
les « Métaphysiques comparées : la philosophie à l’épreuve de l’anthropologie », ayant donné lieu à
une publication en 2017 (CHARBONNIER Pierre, SALMON Gildas et SKAFISH Peter (dir.), Comparative
Metaphysics: Ontology after Anthropology, London, Rowman & Littlefield, 2017) ; un séminaire à
l’Université de Cambridge en 2014-2015, dont le projet était de « comparer les cultures comparatives de
différentes      périodes »        (« The    History    of       Cross-Cultural       Comparatism »       :
http://www.crassh.cam.ac.uk/programmes/the-history-of-cross-cultural-comparatism) ; ou encore le
cours au Collège de France 2018-2019 de Philippe Descola, intitulé « Qu’est-ce que comparer ? »
(https://www.college-de-france.fr/site/philippe-descola/course-2018-2019.htm).
2 Pour Emile Durkheim, entre autres.

                                                                                                         1
débats d’ordre méthodologique, épistémologique, voire même politique : est-il possible de
générer une ou des théories à partir de la confrontation de terrains donnés ? L’objectif de la
comparaison est-il nomothétique ? La comparaison est-elle gage de scientificité ? Interroger
la comparaison implique d’abord un questionnement sur le programme fondateur des
disciplines de sciences sociales.

Pour la sociologie positiviste d’Émile Durkheim, comparer est le seul moyen dont on dispose
pour démontrer qu’un phénomène est la cause d’un autre. En faisant de la comparaison la
méthode nécessaire à l’administration de la preuve, Durkheim la place au fondement de la
démarche sociologique et affirme : « la sociologie comparée n’est pas une branche
particulière de la sociologie ; c’est la sociologie même, en tant qu’elle cesse d’être
purement descriptive et aspire à rendre compte des faits »4. Max Weber, quant à lui, construit
une sociologie historique comparative5 qui vise à examiner à la fois de manière diachronique
et synchronique différentes couches sociales, ouvrant la voie à l’étude sociologique de la
culture, de ses ruptures et de ses continuités. Influençant le programme de recherche des
politistes, cela s’est traduit par l’élaboration d’un certain nombre de comparaisons restées
célèbres, telles que la sociologie de la participation électorale, des systèmes partisans ou
encore des répertoires d’action collective. En science politique, la comparaison a été érigée
en outil d’analyse par excellence et a fait l’objet d’une importante standardisation, en
particulier sous la forme du « comparatisme » ou de la « méthode comparative »6 ; elle a aussi
donné naissance à la branche de la « politique comparée »7. La comparaison est également
au cœur de l’anthropologie depuis le 19e siècle, dont le projet de confronter les sociétés
humaines à travers le monde était avant tout structuré par l’opposition « eux » / « nous »
(l’Occident). Si la méthode a connu d’importantes transformations au sein de cette
discipline, des anthropologues de cabinets aux structuralistes, en passant par les
anthropologues de terrain du début du 20e siècle, ainsi que des critiques, elle a continué à
être considérée comme la « seule méthode en anthropologie »8 et à faire l’objet d’une « foi
inébranlable »9, au moins jusqu’à la fin des années 1980. En histoire, l’historiographie
s’accorde à dire que l’appel de Marc Bloch à une « histoire comparée des sociétés
européennes »10 n’a pas été suivi d’effet avant un renouvellement dans les années 1970 et
198011. Depuis, la discipline est scandée par des appels au comparatisme12.

Qu’en est-il de ces projets initiaux à l’heure de l’interdisciplinarité et de la critique
postmoderne qui a pris racine en anthropologie13 ? Peut-être plus que les autres sciences,
celle-ci a mis en place un programme réflexif pour se libérer de ses biais impérialistes et

3   CANDEA Matei, Comparison in Anthropology: The Impossible Method, Cambridge, Cambridge
University Press, 2018.
4 DURKHEIM Emile, Les règles de la méthode sociologique (1895), Paris, PUF, 1986, p. 137
5 KALBERG Stephen, La sociologie historique comparative de Max Weber, Paris, La Découverte, 2002
6 LIJPHART Arend, « Comparative Politics and the Comparative Method », The American Political Science

Review, vol. 65, n° 3, 1971, p. 682-693 ; COLLIER David, « The comparative method », in FINIFTER Ada W.
(dir.), Political Science: The State of the Discipline II, Washington DC, American Political Science
Association, 1993, p. 105-119.
7 On peut ici citer la Revue Internationale de Politique Comparée.
8 Evans-Pritchard aurait déclaré : « There’s only one method in social anthropology, the comparative

method – and that’s impossible », in NEEDHAM Rodney, « Polythetic Classification: Convergence and
Consequences », Man, vol. 10, n° 3, 1975, p. 365.
9 LEBNER Ashley, « La redescription de l’anthropologie selon Marilyn Strathern », L'Homme, vol. 218, n° 2,

2016, p. 117-149.
10 BLOCH Marc, « Pour une histoire comparée des sociétés occidentales », Revue de synthèse historique,

décembre 1928, p. 15-50.
11 KAELBLE Hartmut, « La recherche européenne en histoire sociale comparative (XIXe-XXe siècle) », Actes

de la recherche en sciences sociales. vol. 106-107, 1995, p. 67-79.
12 KOTT Sandrine et NADAU Thierry, « Pour une pratique de l'histoire sociale comparative. La France et

l'Allemagne contemporaines », Genèses, n° 17, 1994, p. 103-111 ; DÉTIENNE Marcel, Comparer
l’incomparable, Paris, Seuil, 2000.
13 CLIFFORD James et MARCUS George, Writing Culture. The Poetics and Politics of Ethnography, Berkeley,

University of California Press, 1986.

                                                                                                        2
ethnocentriques, à l’œuvre dans le « grand partage ». Transformer la théorie en pratique de
critique culturelle14 s’est traduit par la création d’un ethos du décentrement, un « art du
retournement du regard sur soi-même »15. Dans le système monde, toute ethnographie
comporte une dimension multisituée16. C’est dans ce cadre que la comparaison en tant que
posture méthodologique et analytique doit être systématiquement repensée, à l’instar de la
démarche de Matei Candea17 qui propose une critique de la comparaison frontale (qui
implique une asymétrie) et une revalorisation de la comparaison latérale, dont on peut
s’inspirer pour ouvrir des zones de métissages, des situations intermédiaires et de la réciprocité
dialogique au sein-même de l’aire occidentale18. Du côté des recherches historiques,
l’histoire croisée19 représente aussi un déplacement vis-à-vis de l’approche comparative
classique et un appel à plus de réflexivité.

Marilyn Strathern a mené une critique poussée de la comparaison, qui reproduirait la
conception occidentale de la « société » et de « l’individu » et donc un certain
ethnocentrisme scientifique. Elle propose ainsi d’élargir la comparaison en prônant une
pratique de l’analogie20. Que s’agit-il de comparer, si l’on ne comprend plus les sociétés
comme des unités homogènes21 ? Faire un pas de côté pour interroger la comparaison est
d’autant plus intéressant qu’à l’heure du « tournant global des sciences sociales »22 et d’une
fragmentation disciplinaire parfois déroutante, les unités et les objectifs de la comparaison se
trouvant déplacés. La comparaison est-elle encore l’outil par excellence de la sociologie, de
l’anthropologie ou de la science politique pour théoriser, lorsque différentes studies (cultural
studies, études des sciences et des techniques, études de genre, etc.) font de la
comparaison interdisciplinaire elle-même un projet scientifique ? Comment prendre acte des
nombreuses critiques adressées à cette méthode ? Comment imaginer des théories et des
pratiques plus réflexives de la comparaison ?

C’est donc à l’adoption d’une posture réflexive que nous invitons les contributrices et les
contributeurs à ce numéro. L’objectif n’est ici pas de s’interroger sur la singularité de la
méthode comparative mais plutôt sur la multiplicité des pratiques de la comparaison en
sciences sociales, sur ses usages implicites comme explicites, sur ses apports tout autant que
ses limites.

Plus précisément, nous souhaitons questionner les théories de la comparaison à partir de ses
pratiques, et renouer ainsi avec un questionnement classique et cher à la revue
Terrains/Théories : comment le terrain interroge-t-il la théorie ? Comment penser la
comparaison à partir des comparaisons ? Nous appelons des articles qui partent des
pratiques concrètes de recherches, quelle que soit la forme prise par le « terrain » en fonction
des ancrages disciplinaires (entretiens, ethnographie, archives, discours, corpus de textes,
corpus visuel, etc.). En effet, ce numéro se veut résolument pluridisciplinaire et

14  MARCUS George E. et FISCHER Michael M. J., Anthropology as Cultural Critique: An Experimental
Moment in the Human Sciences, Chicago, University of Chicago Press, 1986.
15 RAULIN Anne, Les traces psychiques de la domination. Essai sur Kardiner, Lormont, Le Bord de l’eau,

2016, p. 175.
16 MARCUS George E., « Ethnography In/Of the World System: The Emergence of Multisited Ethnography »,

Annual Review of Anthropology, vol. 24, 1995, p. 95-117.
17 CANDEA Matei, « De deux modalités de comparaison en anthropologie sociale », L’Homme, vol. 218,

2016, p. 183-218.
18 RAULIN Anne et ROGERS Susan Carol (dir.), Parallaxes transatlantiques. Vers une anthropologie

réciproque, Paris/New York, CNRS éditions/Berghahn Press, 2012/2015.
19 WERNER Michael, ZIMMERMANN Bénédicte, « Penser l’histoire croisée : entre empirie et réflexivité »,

Annales. Histoire, Sciences Sociales, n° 58, vol. 1, 2003, p. 7-36.
20 STRATHERN Marilyn, Partial Connections (1994), Walnut Creek, Altamira Press, 2001 ; LEBNER Ashley, « La

redescription de l’anthropologie selon Marilyn Strathern », L'Homme, vol. 218, n° 2, 2016, p. 117-149.
21 INGOLD Tim (dir.), Key Debates in Anthropology, London, Routledge, 1996.
22 CAILLÉ Alain et DUFOIX Stéphane (dir.), Le tournant global des sciences sociales, Paris, La Découverte,

2013.

                                                                                                        3
interdisciplinaire, afin de favoriser une réflexion plus générale sur ce que l’interdisciplinarité
fait à la comparaison, et inversement.

Pour penser les échelles et les terrains de la comparaison, les propositions pourront s’inspirer
des axes suivants :

Axe 1 : Historiciser et contextualiser les cultures comparatives des sciences

     •   Sciences humaines et sociales

Dans une perspective d’histoire des sciences humaines et sociales, des articles peuvent
porter sur une étude des théories et pratiques de la comparaison chez des auteur·e·s en
particulier, dans une école de pensée ou dans des contextes historiques ou géographiques
spécifiques.

     •   Sciences « dures » et sciences naturelles

La comparaison est-elle l’apanage des sciences humaines et sociales ? Comment compare-
t-on en mathématiques, en médecine, en chimie, en physique, en biologie ? Des recherches
en études des sciences et techniques seraient ici les bienvenues. Qu’on pense à l’anatomie
comparée ou au naturalisme du 19e siècle23, il serait intéressant de mettre en regard les
pratiques comparatives des sciences humaines et sociales.

Axe 2 : Pratiques de la comparaison

Nous invitons des articles partant de recherches empiriques en cours ou terminées et opérant
un retour réflexif sur la méthode de la comparaison en acte. Les différentes étapes de la
recherche peuvent être interrogées : dans sa conception ; sur le terrain ; pendant l’analyse ;
pendant l’écriture.

     •   Enquête

La comparaison était-elle pensée dès le début ? Comment construit-on une recherche
comparative ? Implique-t-elle des méthodes d’enquêtes spécifiques, des manières
particulières de mener des entretiens ou de réaliser des observations ethnographiques par
exemple ?

     •   Analyse

Nous souhaitons attirer l’attention sur les dimensions plus banales de la comparaison et sur sa
présence continue dans les opérations de connaissances en sciences sociales. C’est aussi sur
cette « comparaison constante » à tous les niveaux de l’analyse que l’on peut s’interroger. En
élaborant la grounded theory, Barney Glaser et Anselm Strauss fondent ainsi la légitimité des
méthodes qualitatives et leur capacité à générer de la théorie sur la comparaison continue
des données récoltées24. On pourra aussi questionner les apports différenciés des méthodes
qualitatives et quantitatives à la pratique de la comparaison.

     •   Ecriture

On peut également postuler que la comparaison pose des enjeux d’écriture, qui sont
souvent le parent pauvre de la réflexion méthodologique, comme le pointent déjà Émilie

23 Hocquet Thierry, « Logique de la comparaison et physique de la génération chez Buffon », Dix-
huitième siècle, vol. 39, n° 1, 2007, p. 595-612.
24 GLASER Barney et STRAUSS Anselm, The discovery of grounded theory. Strategies for qualitative research,

Chicago, Aldine, 1967 (trad. chapitre 2 : « La production de la théorie à partir des données », Enquête,
n° 1, 1995).

                                                                                                        4
Courtin, Bleuwenn Lechaux, Élise Roullaud et Marianne Woollven dans l’introduction à un
numéro de la Revue internationale de politique comparée consacré à l’écriture de la
comparaison25.

     •   Unités de comparaison

Est-ce qu’il s’agit de la même méthode quand on compare des individus, des familles, des
services d’hôpitaux, des religions, des Etats ou des aires culturelles ? Dans quelle mesure la
taille et le nombre des unités de la comparaison influent-ils sur la méthode de recherche et
d’analyse ? Comment agencer ensemble plusieurs perspectives comparatives, par exemple
lorsque l’on mène une comparaison à la fois diachronique et synchronique26 ?

Axe 3 : Enjeux épistémologiques de la comparaison

     •   Entrelacements

La comparaison peut-elle avoir tendance à isoler, singulariser les unités d’analyse, et par là
même à empêcher d’étudier les articulations, les intersections, les imbrications des
phénomènes étudiés ? Peut-on adapter la méthode comparative à une approche
intersectionnelle des rapports sociaux ? On peut ici se référer aux travaux pionniers de
Colette Guillaumin27 sur l’analyse conjointe des rapports sociaux de race et de sexe. Si elle ne
le thématise pas directement ainsi, sa démarche se situe davantage du côté de l’analogie
que de la comparaison28.

     •   Les critiques des épistémologies féministes

Il semble essentiel dans ce numéro de s’interroger sur les objectifs et prétentions de la
comparaison. Les épistémologies critiques, notamment féministes29, ont particulièrement
réfléchi aux conditions de production de la connaissance qui questionnent le caractère situé
des points de vue scientifiques et critiquent les prétentions à une objectivité neutre portées
par la science positiviste. C’est à cette dernière qu’a souvent été rattachée la méthode
comparative dans sa dimension systématique et standardisée, mais elle a aussi été repensée,
par exemple en sciences politiques, pour en faire une pratique critique30. On peut aussi
imaginer une pratique de la comparaison orientée vers l’élargissement des points de vue et
la prise en compte de perspectives minoritaires ou jugées moins légitimes, en accord avec le
projet politique des épistémologies féministes et intersectionnelles.

     •   L’émergence transversale des studies

Issues du monde anglo-américain, les différentes studies, dans le domaine du genre, des
médias, du (post)colonial, etc., se diffusent de plus en plus dans les universités et les réseaux
académiques mondiaux. Le succès de ces projets, le plus souvent appuyés par une
comparaison entre disciplines plus ou moins éloignées, peut-il être explicité ? Quelles
transformations épistémologiques et méthodologiques entrainent-ils ? Il s’agit moins de
discuter les apports de la pluridisciplinarité elle-même que de comprendre comment cette

25 COURTIN Émilie, LECHAUX Bleuwenn, ROULLAUD Élise et WOOLLVEN Marianne, « Démêler les fils du récit
comparatif », Revue internationale de politique comparée, vol. 19, n° 1, 2012, p. 7-17 ;
26 RIDLEY Simon, Les sens de la liberté d’expression : socio-anthropologie comparative des campus de

Berkeley et de Nanterre, thèse en sociologie sous la direction d’Anne Raulin, Université Paris Nanterre,
2019.
27 GUILLAUMIN Colette, Sexe, race et pratique du pouvoir. L’idée de nature, Paris, Côté-Femme, 1992.
28 NAUDIER Delphine et SORIANO Éric, « Colette Guillaumin. La race, le sexe et les vertus de l'analogie »,

Cahiers du Genre, vol. 48, n° 1, 2010, p. 193-214.
29 HARDING Sandra, « Rethinking Standpoint Epistemology: What is “Strong Objectivity”? », in ALCOFF Linda

et POTTER Elizabeth (dir.), Feminist Epistemologies, New York, Routledge, 1993, p. 49-82.
30 SPIERINGS Niels, « Introduction: Gender and Comparative Methods », Politics & Gender, n° 12, 2016, p. 1-

5.

                                                                                                         5
démarche, appliquée à des domaines spécifiques, remet en question un certain nombre de
cloisonnements comparatifs traditionnels.

Les contributions à cet axe gagneraient à être élaborées à partir de recherches empiriques.
Si elles sont ici divisées en deux axes, nous envisageons la méthodologie et l’épistémologie
comme imbriquées.

Le dossier est coordonné par Anne-Charlotte Millepied (doctorante en sociologie à
l’EHESS/Iris et à l’Université de Genève/Institut des Etudes Genre), Simon Ridley (docteur en
sociologie, Université Paris Nanterre, Sophiapol) et Paolo Stuppia (docteur en science
politique, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CESSP).

Bibliographie :

BLOCH Marc, « Pour une histoire comparée des sociétés occidentales », Revue de synthèse
historique, décembre 1928, p. 15-50.

CAILLÉ Alain et DUFOIX Stéphane (dir.), Le tournant global des sciences sociales, Paris, La
Découverte, 2013.

CANDEA Matei, « De deux modalités de comparaison en anthropologie sociale », L’Homme,
vol. 218, 2016, p. 183-218.

CANDEA Matei, Comparison in Anthropology: The Impossible Method, Cambridge, Cambridge
University Press, 2018.

CHARBONNIER Pierre, SALMON Gildas et SKAFISH Peter (dir.), Comparative Metaphysics: Ontology
after Anthropology, London, Rowman & Littlefield, 2017.

CLIFFORD James et MARCUS George, Writing Culture. The Poetics and Politics of Ethnography,
Berkeley, University of California Press, 1986.

COLLIER David, « The comparative method », in FINIFTER Ada W. (dir.), Political Science: The
State of the Discipline II, Washington DC, American Political Science Association, 1993, p. 105-
119.

COURTIN Émilie, LECHAUX Bleuwenn, ROULLAUD Élise et WOOLLVEN Marianne, « Démêler les fils du
récit comparatif », Revue internationale de politique comparée, vol. 19, n° 1, 2012, p. 7-17.

DÉTIENNE Marcel, Comparer l’incomparable, Paris, Seuil, 2000.

DE VERDALLE Laure, VIGOUR Cécile et LE BIANIC Thomas (dir.), Terrains et Travaux, n° 21, vol. 2
« Ce que comparer veut dire », 2012.

DURKHEIM Emile, Les règles de la méthode sociologique (1895), Paris, PUF, 1986.

GLASER Barney et STRAUSS Anselm, The discovery of grounded theory. Strategies for qualitative
research, Chicago, Aldine, 1967 (traduction du chapitre 2 : « La production de la théorie à
partir des données », Enquête, n° 1, 1995).

GUILLAUMIN Colette, Sexe, race et pratique du pouvoir. L’idée de nature, Paris, Côté-Femme,
1992.

                                                                                              6
HARDING Sandra, « Rethinking Standpoint Epistemology: What is “Strong Objectivity”? », in
ALCOFF Linda et POTTER Elizabeth (dir.), Feminist Epistemologies, New York, Routledge, 1993, p.
49-82.

Hocquet Thierry, « Logique de la comparaison et physique de la génération chez Buffon »,
Dix-huitième siècle, vol. 39, n° 1, 2007, p. 595-612.

INGOLD Tim (dir.), Key Debates in Anthropology, London, Routledge, 1996.

KAELBLE Hartmut, « La recherche européenne en histoire sociale comparative (XIXe-XXe
siècle) », Actes de la recherche en sciences sociales. vol. 106-107, 1995, p. 67-79.

KALBERG Stephen, La sociologie historique comparative de Max Weber, Paris, La Découverte,
2002.

KOTT Sandrine et NADAU Thierry, « Pour une pratique de l'histoire sociale comparative. La
France et l'Allemagne contemporaines », Genèses, n° 17, 1994, p. 103-111.

LEBNER Ashley, « La redescription de l’anthropologie selon Marilyn Strathern », L'Homme, vol.
218, no. 2, 2016, p. 117-149.

LIJPHART Arend, « Comparative Politics and the Comparative Method », The American Political
Science Review, vol. 65, no. 3, 1971, p. 682-693.

MARCUS George E., « Ethnography In/Of the World System: The Emergence of Multisited
Ethnography », Annual Review of Anthropology, vol. 24, 1995, p. 95-117.

MARCUS George E. et FISCHER Michael M. J., Anthropology as Cultural Critique: An Experimental
Moment in the Human Sciences, Chicago, University of Chicago Press, 1986.

NAUDIER Delphine et SORIANO Éric, « Colette Guillaumin. La race, le sexe et les vertus de
l'analogie », Cahiers du Genre, vol. 48, no. 1, 2010, p. 193-214.

NEEDHAM Rodney, « Polythetic Classification: Convergence and Consequences », Man, vol. 10,
n° 3, 1975, p. 349-369.

RAULIN Anne, Les traces psychiques de la domination. Essai sur Kardiner, Lormont, Le Bord de
l’eau, 2016.

RAULIN Anne et ROGERS Susan Carol (dir.), Parallaxes transatlantiques. Vers une anthropologie
réciproque, Paris/New York, CNRS éditions/Berghahn Press, 2012/2015.

RIDLEY Simon, Les sens de la liberté d’expression : socio-anthropologie comparative des
campus de Berkeley et de Nanterre, thèse en sociologie sous la direction d’Anne Raulin,
Université Paris Nanterre, 2019.

SPIERINGS Niels, « Introduction: Gender and Comparative Methods », Politics & Gender, n° 12,
2016, p. 1-5.

STRATHERN Marilyn, Partial Connections (1994), Walnut Creek, Altamira Press, 2001.

VIGOUR Cécile, La comparaison dans les sciences sociales. Pratiques et méthodes, Paris, La
Découverte, 2005.

WERNER Michael, ZIMMERMANN Bénédicte, « Penser l’histoire croisée : entre empirie et
réflexivité », Annales. Histoire, Sciences Sociales, n° 58, vol. 1, 2003, p. 7-36.

                                                                                             7
Modalités de soumission

La date limite de réception des propositions d’article est fixée au 10 septembre 2019. Elles
doivent être adressées aux coordinateurs du numéro : Anne-Charlotte Millepied
(annecharlotte.millepied@yahoo.fr), Simon Ridley (simon.ridley@hotmail.fr) et Paolo
Stuppia (paolo.stuppia@yahoo.fr).

Les propositions devront comporter :
    • un titre ;
    • un résumé d’environ 5000 signes ;
    • les informations sur le ou les auteurs : nom, affiliation institutionnelle, fonction, adresse
       professionnelle, numéro de téléphone et courriel.

Le comité de rédaction sélectionnera les propositions et en informera les auteurs au plus tard
le 15 octobre 2019. Il est demandé aux auteurs de bien vouloir respecter les consignes
éditoriales de la revue : https://teth.revues.org/501

Les articles attendus sont d’un format de 45 000 à 60 000 signes (espaces, notes et
bibliographie incluses) et devront être remis au plus tard le 29 février 2020 pour une
publication du numéro en septembre 2020.

Les articles seront évalués en double-aveugle.

Pour    toute     information complémentaire,           veuillez   contacter      le   secrétariat
d’édition : antoine.dauphragne@parisnanterre.fr

                                                                                                 8
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