EcoPanorama Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale - La Banque Postale

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EcoPanorama Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale - La Banque Postale
Mars 2020

     EcoPanorama
      Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale

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SOMMAIRE

    Vue d’ensemble ............................................................................................................. (p.3)

   Epidémie de coronavirus .............................................................................................. (p.5)
   Grandes tendances mondiales .................................................................................... (p.6)
   Pétrole et autres matières premières ......................................................................... .(p.8)

    Conjoncture économique
   Etats-Unis..................................................................................................................... (p.10)
   Chine ............................................................................................................................ (p.14)
   Japon ............................................................................................................................ (p.16)
   Pays émergents ........................................................................................................... (p.18)
   Zone euro ..................................................................................................................... (p.20)
   Royaume-Uni ............................................................................................................... (p.24)
   France .......................................................................................................................... (p.26)

    Marchés financiers
   Marchés boursiers ...................................................................................................... (p.28)
   Taux d’intérêt ............................................................................................................... (p.30)
   Marchés des changes ................................................................................................. (p.32)
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VUE d’ENSEMBLE

                L’épidémie de coronavirus : un « cygne noir »
                       pour la croissance mondiale ?

Les premiers indicateurs disponibles suggèrent que l’économie chinoise s’est arrêtée en février suite au
développement de l’épidémie de coronavirus. Pour l’instant, les indicateurs de climat des affaires (disponibles
jusqu’en février) n’ont pas connu d’ajustement majeur. Si un tassement est perceptible aux Etats-Unis, surtout
dans les services, ils enregistrent même une légère amélioration depuis le début de l’année en Europe. Mais les
semaines à venir vont être marquées par un freinage des exportations vers la Chine et des perturbations dans les
chaînes d’approvisionnement. Le Japon, dont l’économie est déjà très fragile, risque notamment de pâtir des
difficultés de l’économie chinoise, ce qui pourrait le conduire à la récession. Par ailleurs, les développements de
l’épidémie hors de Chine risquent de freiner la croissance dans les pays concernés, avec une ampleur qu’il
est difficile d’évaluer aujourd’hui. Tout dépendra de l’importance de l’épidémie et de sa durée et surtout des mesures
sanitaires qui seront mises en œuvre pour limiter sa propagation.
Les politiques économiques vont être mises à contribution pour atténuer le freinage de l’activité. Plusieurs
banques centrales, dont la Fed qui a pris les observateurs par surprise, ont baissé leur taux directeur.
D’autres vont aussi opter pour une politique monétaire plus accommodante. Sous pression, la BCE a adopté de
nouvelles mesures pour soutenir l’économie mais sans abaisser le taux de la facilité de dépôt. Outre la politique
monétaire, la politique budgétaire commence à être sollicitée d’abord pour soutenir les entreprises face à ce
choc économique puis pour constituer une force contracyclique si la demande venait à s’essouffler plus
durablement en cas de prolongement de la crise sanitaire.
Ce contexte est particulièrement anxiogène pour les investisseurs qui, après avoir fait preuve d’un
optimisme peut-être un peu excessif sur les développements de l’épidémie ont révisé brutalement leurs
positions mi-février, d’où un décrochage des marchés actions. Les taux des emprunts des Etats jugés les plus
sûrs ont été tirés ces dernières semaines vers le bas par les assouplissements observés ou à venir des politiques
monétaires et par un effet report vers les valeurs refuge. Le rendement des T-Notes américains est passé sous
0,5 %, un point bas historique. Sans surprise, l’anticipation d’une moindre demande d’énergie a affaibli le prix du
pétrole, d’autant que les pays producteurs ne se sont pas entendus pour une nouvelle réduction de l’offre. Faute
d’accord, l’Arabie saoudite a déclenché une guerre des prix.
Dans un livre publié en 2007, Nassim Nicholas Taleb a développé la théorie du cygne noir qui désigne un
événement imprévisible (avec une très faible probabilité d’occurrence) mais qui a une portée très
importante. L’épidémie de Coronavirus s’en approche. Ses conséquences économiques sont encore très
difficiles à évaluer mais la trajectoire de l’économie mondiale s’en trouve affectée, au moins à court terme.

                                                            -3-
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Développement de l’épidémie de coronavirus (milliers de cas)

Courbe orange : nombre de cas en Chine
Courbe jaune : nombre de cas hors Chine
Courbe verte : personnes guéries
Source : Université Johns Hopkins

                           Source : Banque mondiale

                                         Poids de la Chine dans les exportations (%)

                                                                     2003         2018

                                                                (épidémie SRAS)

                                         France                       1,4         4,2

                                       Allemagne                      2,8         7,1

                                          Italie                      1,5         2,8

                                       Etats-Unis                     3,9         7,2

                                          Japon                      12,2         19,5

                                    Source : IHS, calculs LBP

                                                                        -4-
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EPIDEMIE DE CORONAVIRUS

Alors que la croissance mondiale donnait des signes de stabilisation, l’épidémie de coronavirus va
avoir à court terme un effet forcément négatif, dont l’ampleur reste toutefois incertaine. Cela
dépendra notamment des mesures sanitaires et de la réponse des politiques économiques.
L’épidémie de coronavirus est apparue fin décembre à                La réponse des politiques économiques
Wuhan en Chine. Le nombre de cas a crû de manière
                                                                    Dans un contexte inédit, les politiques économiques
exponentielle, se concentrant dans la province du Hubei,
                                                                    vont être mises à contribution pour tenter de limiter
avant d’amorcer une décélération récemment (selon les
                                                                    les effets de l’épidémie sur l’activité. La Fed a déjà
données chinoises). De nombreux autres pays sont
                                                                    baissé son taux directeur de 50 points de base le 3 mars,
désormais touchés, notamment en Asie et en Europe. Si
                                                                    prenant les observateurs par surprise. L’idée n’est sans
l’évaluation de l’impact économique paraît à ce jour très
                                                                    doute pas de relancer le crédit comme lors des points bas
difficile (dans ses dernières prévisions, l’OCDE a révisé
                                                                    des cycles économiques traditionnels mais plutôt de
à la baisse ses perspectives pour la croissance mondiale
                                                                    fournir suffisamment de liquidités pour éviter un grippage
de 0,5 point par rapport à novembre, à 2,4 %), quelques
                                                                    du système financier. En assouplissant sa politique
points de repères sur les impacts déjà observables et à
                                                                    monétaire de manière préventive, la Fed recherche aussi
venir peuvent être avancés.
                                                                    à stabiliser les marchés financiers et éviter une
Des conséquences économiques déjà importantes en                    détérioration du patrimoine financier des ménages qui en
Chine, à venir ailleurs                                             retour freinerait leur consommation et                leurs
                                                                    investissements immobiliers. D’autres banques centrales
Les premiers indicateurs disponibles depuis le début
                                                                    vont forcément agir comme la Fed (certaines l’ont déjà
de l’épidémie en Chine montrent que l’activité a
                                                                    fait). Comme en 2008, la BCE a semblé moins réactive
connu un net recul en février. Cela n’est pas étonnant
                                                                    que la Fed, peut-être aussi parce que les marges de
compte tenu des mesures sanitaires mises en place pour
                                                                    manœuvre étaient plus limitées. Lors du Conseil des
limiter la propagation de l’épidémie (contingentement
                                                                    gouverneurs du 12 mars elle a annoncé de nouvelles
d’une partie de la population, prolongation des vacances
                                                                    mesures (cf. Zone euro) mais sans abaisser le taux de la
du Nouvel An chinois). L’économie chinoise s’est pour un
                                                                    facilité de dépôt, un de ses taux directeurs déjà négatif.
temps pétrifiée. Les ventes de voitures ont ainsi
                                                                    Cela n’ pas été suffisant pour stabiliser les marchés
baissé de 18,7 % sur un an en janvier avant de reculer
                                                                    financiers.
de 80 % en février. Les indices PMI se sont aussi par
ailleurs effondrés en février (cf. Chine). Selon des                A côté de la politique monétaire, les premiers signes
informations parcellaires, l’activité semble lentement              d’une activation de la politique budgétaire sont apparus
reprendre mais en étant encore très éloigné d’un retour             (sous la forme d’aides aux PME, par exemple en Chine).
la normale.                                                         Le soutien budgétaire pourrait prendre deux formes.
                                                                    A court terme, il s’agit surtout de permettre aux
En dehors de la Chine, les indicateurs économiques
                                                                    entreprises d’absorber le choc sur l’activité en
pour le mois de février ne montrent pas encore
                                                                    facilitant les crédits de trésorerie accordés par les
d’impact majeur de l’épidémie. Par exemple, les
                                                                    banques (prêts bonifiés par l’Etat) ou en repoussant les
exportations coréennes, très tournées vers la Chine, en
                                                                    échéances fiscales et de paiement des cotisations
net recul en janvier, ont rebondi en février. En Europe,
                                                                    sociales. Ensuite, dans un second temps, des
les enquêtes de conjoncture ont été plutôt bonnes en
                                                                    mesures plus traditionnelles de soutien budgétaire
février. Mais il ne fraudait pas en conclure que l’épidémie
                                                                    pourraient être nécessaires si la crise sanitaire se
sera sans impact. Trois canaux de transmission peuvent
                                                                    prolongeait, par exemple à travers des baisses d’impôts.
être identifiés : i/ Un recul des exportations vers la
                                                                    En Europe, le niveau d’endettement des Etats (bien
Chine et les effets multiplicateurs induits liés aux
                                                                    plus élevé qu’en 2007 avant la crise financière)
échanges internationaux (un pays qui vend moins à la
                                                                    constitue un frein à une action coordonnée de grande
Chine importe aussi moins en provenance de ses
                                                                    ampleur même si les contraintes européennes sont
partenaires), ii/ Les perturbations sur les chaînes de
                                                                    assouplies. Aujourd’hui, les regards se tournent
valeur liées aux goulots d’étranglement générés par
                                                                    naturellement vers l’Allemagne qui a dégagé un excédent
les difficultés d’approvisionnement en provenance
                                                                    budgétaire ces dernières années. Si le gouvernement
de Chine iii/ Les mesures sanitaires mises en œuvre
                                                                    allemand a annoncé un premier soutien en direction des
pour limiter la propagation de l’épidémie localement
                                                                    entreprises, la stratégie de long terme reste la rigueur
qui sont de nature à entraver l’activité économique
                                                                    budgétaire pour faire face au déficit démographique.
(par exemple des mesures de contingentement et/ou de
limitation des déplacements).                                                                                   Alain Henriot
Certains secteurs pourraient être plus touchés que                                           Achevé de rédiger le 05/03/2020
d’autres. Les effets sont déjà visibles dans le transport
aérien et seront importants sur les flux touristiques.

                                                              -5-
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GRANDES TENDANCES MONDIALES

                                                                                                                                                          PIB mondial*
                                                                                                             10

                                                                                                              8                                                                              Var. trim. annualisée : 2,6 %
                                                                                                                                                                                             Gliss. ann. : 3,2 %
                                                                                                              6

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                                                                                                                     Dernier point: 2019T4
                                                                                                             -4

                                                                                                             -6

                                                                                                                        Variation trimestrielle du PIB au taux annuel          Glissement annuel du PIB

                                                                                                                  *Etats-Unis, Zone euro, Japon, Royaume-Uni, Chine, Brésil, Inde et Russie (70% du PIB mondial)
                                                                                                             Source : IHS, calculs LBP

                                 Indice Monde JP Morgan PMI                                                             Commerce mondial et indice PMI mondial des carnets de
  60                                                                                                                   commandes à l'exportation dans l'industrie manufacturière
                                                                                                       20                                                                                                                    70
  55
                                                                                                       15                                                                                                                    65

  50                                                                                                   10                                                                                                                    60

                                                                                                        5                                                                                                                    55
  45
                                                                                                        0                                                                                                                    50
  40                                                                                                    -5                                                                                                                   45

                                                                                                       -10                                                                                                                   40
  35
                      Synthétique           Industrie manufacturière           Services                -15                                                                                                                   35
  30                                                                                                   -20                         Commerce mondial (taux de variation sur un an, en %)                                      30
                                                                                                                                   PMI Mondial manufacturier-nouvelles commandes à l'exportation (éch. D.)
                                                                                                       -25                                                                                                                   25

       Source: IHS Markit, LBP                                                                               Source: CPB, LBP

                         Ventes mondiales de semi-conducteurs
45000000                                                                                   80
                       Milliers de $, mm3
40000000
                       Glissement annuel (D)                                               60
35000000
                                                                                           40
30000000

25000000                                                                                   20

20000000                                                                                   0

15000000
                                                                                           -20
10000000
                                                                                           -40
 5000000
                                                                       Source : SIA, LBP
        0                                                                                  -60

                                                                                                 -6-
EcoPanorama Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale - La Banque Postale
GRANDES TENDANCES MONDIALES

                         Les enquêtes d’activité plombées par la paralysie de Chine
Les enquêtes se sont nettement dégradées à l’échelle mondiale sous l’effet d’une chute drastique de
l’activité en Chine. La résilience affichée par certaines économies ne pourrait être que temporaire.
Le commerce mondial devrait en effet s’affaiblir.
Pendant l’automne, la croissance de l’activité s’est              témoigne leur appréciation toujours élevée et stable
maintenue aux Etats-Unis (+2,1 % en rythme                        des perspectives de production.
annualisé) et en Chine (+6,0 % sur un an). Elle s’est
                                                                  Dans les services, l’indice s’est également nettement
en revanche sensiblement affaiblie en zone euro
                                                                  replié en février (47,1 contre 52,7 en janvier).
(+0,2 % au taux annuel).
                                                                  La production industrielle et le commerce mondial ont
Malgré l’accalmie observée sur le front des tensions
                                                                  stagné en décembre
commerciales depuis la sortie de l’été, le
redémarrage des échanges a peiné à se concrétiser.                L’indicateur du commerce mondial de l’institut
Après plusieurs mois de redressement, les ventes                  hollandais CPB a stagné d’un mois sur l’autre en
mondiales de semi-conducteurs s’infléchissent à                   décembre. Le volume des échanges de marchandises
nouveau. Les échanges commerciaux devraient être très             se situe à son niveau de décembre 2018.
nettement pénalisés (au mieux temporairement) par les
                                                                  En décembre, la production industrielle mondiale est
effets du coronavirus.
                                                                  restée stable après avoir connu un léger redressement
Les indices d’activité plongent sous l’effet de la Chine          le mois précédent. Sa progression a atteint 0,2 % en
                                                                  glissement annuel.
En février, l’indice PMI mondial dans l’industrie
manufacturière, calculé par JP Morgan à partir des                L’inflation progresse (en raison d’effets de base) malgré
enquêtes nationales, a sévèrement reculé à 47,2                   la baisse du prix des matières premières
(contre 50,4 le mois précédent). L’activité industrielle
                                                                  L’inflation est restée stable, voire a légèrement
mondiale a enregistré sa plus forte contraction
                                                                  progressé, au mois de janvier malgré la baisse du
depuis 2009.
                                                                  prix des matières premières. Cela s’explique
L’épidémie de coronavirus a fortement affecté les                 notamment par des effets de base. Elle a atteint 2,3 %
chaînes de production mondiales et tari les échanges              aux Etats-Unis, 1,8 % au Royaume-Uni et 1,2 % en zone
commerciaux. Le niveau de production et les flux de               euro (en février). Au Japon, elle demeure très faible
nouvelles commandes sont aussi en net recul dans un               (+0,7 %).
très grand nombre de pays. Toutefois, une part
                                                                  L’inflation sous-jacente (hors alimentation et
importante du repli général est à mettre au crédit de
la Chine. Tandis que l’activité a continué de progresser          énergie) s’est maintenue à +2,3 % sur un an au mois
dans des économies qui étaient encore peu (voire pas)             de janvier aux Etats-Unis. Elle a été notamment soutenue
                                                                  par une hausse du coût des loyers. En zone euro, elle est
touchées par l’épidémie en février. Ceci pourrait changer
                                                                  ressortie à 1,2 % sur un an.
en mars avec d’une part des éléments qui suggèrent que
l’activité commence à redémarrer en Chine tandis que les                                                  Romain Sarron
nouveaux cas se multiplient en Europe et aux Etats-Unis
notamment. Les chefs d’entreprise parient pour                                            Achevé de rédiger le 06/03/2020
l’instant sur un déficit transitoire d’activité, en

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PETROLE ET AUTRES MATIERES PREMIERES

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PETROLE ET AUTRES MATIERES PREMIERES

                                          Chute du cours du baril en février
Le cours du baril de Brent a clôturé le mois de février à 50,5 $, en forte baisse par rapport à janvier.
Les craintes quant à la demande mondiale d’énergie ont entraîné une chute du prix du pétrole. Début
mars, le cours du baril s’est effondré en raison d’une guerre des prix déclenchée par Riyad.
Le cours du baril de Brent de la mer du Nord s’est                 la consommation de pétrole. Face à ces incertitudes,
établi à 50,5 $ à la fin du mois de février, en forte              l’OPEP n’a pas réussi à trouver une position commune
baisse par rapport à la fin du mois de janvier (-7,7 $).           quant à la politique d’offre à adopter. Les membres de
L’épidémie de coronavirus qui a démarré en Chine et                l’organisation n’étaient en effet pas d’accord sur la
qui s’étend dans le monde a entraîné une chute du                  stratégie à mettre en œuvre. D’un côté, l’Arabie
cours du brut. Celle-ci s’est accentuée début mars suite           Saoudite et ses alliés plaidaient pour une baisse
au déclenchement par l’Arabie Saoudite d’une guerre des            importante de la production supplémentaire qui aurait
prix sur le marché pétrolier.                                      permis selon eux d’entraîner une hausse du cours du brut.
                                                                   De l’autre côté, la Russie redoutait que cela n’affaiblisse
Chute du prix du pétrole liée à l’épidémie de coronavirus
                                                                   son économie et ne profite avant tout aux Etats-Unis, dont
L’épidémie de coronavirus Covid-19 survenue en                     la production ne cesse d’augmenter.
Chine en janvier a entraîné une chute du prix du
                                                                   Le prix du baril de Brent s’est effondré de près de
pétrole. La Chine est en effet le premier importateur
                                                                   20 % début mars suite à l’échec des négociations lors
mondial d’hydrocarbures et le deuxième consommateur
                                                                   du sommet de l’organisation qui se tenait à Vienne en fin
de pétrole du monde. Les mesures de limitation des
                                                                   de semaine dernière. L’OPEP a proposé une réduction
mouvements de personnes mises en place par les
                                                                   supplémentaire de la production, de 1,5 million de
autorités chinoises ont entraîné une chute des
                                                                   barils par jours (Mbj), supportée à hauteur de 0,5 Mbj par
transports aériens, routiers et fluviaux, entraînant une
                                                                   les pays non-OPEP. Cette coupe aurait porté la réduction
forte baisse des importations de brut. La Chine a réduit
                                                                   totale de la production à 3,6 Mbj. Moscou a refusé de
drastiquement sa demande de pétrole en janvier et février.
                                                                   participer à ce nouvel accord. En réaction, l’Arabie
Réduction de la production de l’OPEP et de ses alliés              Saoudite a déclenché une guerre des prix, en
                                                                   annonçant une hausse de sa production dès le mois
L’offre de pétrole des pays de l’OPEP est basse. La                d’avril et une baisse de ses prix de 6 à 8 $ par baril. La
production de l’OPEP s’établissait en février à                    hausse de l’offre de brut annoncée par Riyad alors
27,8 millions de barils par jour (Mbj), en baisse de 0,5 Mbj       que les perspectives de demande sont dégradées a
par rapport au mois de janvier. Il s’agit du plus bas niveau       entraîné une chute du cours du baril.
de production de l’organisation depuis au moins 2009 et
les coupes mises en œuvre lors de la crise financières.            La fin de cette alliance devrait être lourde de
Les pays de l’OPEP+ ont dépassé leurs engagements en               conséquences pour le marché pétrolier. Les pays
février, grâce notamment à l’Arabie Saoudite qui a                 producteurs devraient pâtir d’un niveau très bas du prix du
réduit sa production plus que ce que l’accord prévoit,             baril, notamment les pays pauvres. La chute du prix du
afin de soutenir le prix du pétrole. Par ailleurs, la              baril pourrait pénaliser l’industrie américaine du
production libyenne a chuté en février, à 0,16 Mbj                 pétrole de schiste mais l’effet ne serait pas immédiat sur
après 0,76 Mbj en janvier, en raison de la guerre civile qui       la production. La plupart des compagnies du secteur se
a entraîné un blocage des ports et de champs pétroliers.           sont en effet protégées contre les variations de prix. Les
                                                                   entreprises pourraient cependant rapidement faire face à
Les 14 pays de l’OPEP ainsi que 10 pays alliés (OPEP+),
                                                                   des difficultés de financement.
dont la Russie, avaient annoncé à l’issue de leur dernier
sommet en décembre, qu’ils allaient réduire leur                   Baisse du cours des matières premières industrielles
production de 1,7 million barils par jour (Mbj) à partir du
                                                                   L’indice S&P GS métaux industriels a chuté au cours
mois de janvier. L’objectif initial est de soutenir le prix du
                                                                   du mois de février sous l’effet de l’épidémie de
baril, dans un contexte d’augmentation importante de la
                                                                   coronavirus. La Chine consomme près de la moitié de
production américaine de pétrole.
                                                                   la production mondiale des principaux métaux et est
La production américaine augmente malgré la baisse du              le premier producteur d’acier et de cuivre. La mise à
nombre de foreuses en activité                                     l’arrêt de l’économie chinoise (cf. Chine) a entraîné une
                                                                   chute des cours des matières premières industrielles.
La production américaine augmente et soutient
toujours l’offre mondiale. D’après les données de l’EIA,           Baisse du prix des produits de base agricoles
elle aurait atteint un niveau record proche de 13 Mbj en
                                                                   Les prix des produits agricoles (principalement blé,
février, confortant la place des Etats-Unis comme
                                                                   maïs, soja) ont baissé en février par rapport à janvier.
1er producteur mondial d’or noir. La baisse continue du
                                                                   Le commerce des denrées agricoles reste étroitement lié
nombre de foreuses (rigs) en activité depuis le début
                                                                   aux conditions météorologiques. Les facteurs externes
de l’année n’empêche pas une hausse de la
                                                                   ont également un rôle important et l’épidémie de
production grâce aux gains de productivité.
                                                                   coronavirus pèse sur le cours des céréales.
Fin de l’alliance entre l’OPEP et la Russie
                                                                                                             Flore Deschard
La prise d’ampleur de l’épidémie au niveau mondiale
                                                                                            Achevé de rédiger le 11/03/2020
a entraîné de nouvelles craintes quant à l’évolution de

                                                                 -9-
EcoPanorama Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale - La Banque Postale
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                                    La Fed opte pour un traitement de choc
L’économie américaine a renvoyé des signaux plutôt positifs ces dernières semaines. Bien que les
répercussions de l’épidémie de coronavirus sur l’activité ne soient pas encore visibles dans les
chiffres, les autorités monétaires ont décidé d’agir de manière préventive.
La deuxième estimation de la croissance du PIB pour le        douceur du climat. Le taux de chômage est retombé à
quatrième trimestre 2019 (+2,1 % au taux annuel) a            son plus bas historique de 3,5 % (-0,1 point).
confirmé la résilience de l’économie américaine. Jusqu’à
                                                              La convalescence du secteur industriel se poursuit
peu, cela suggérait que la Fed allait maintenir inchangé le
réglage de sa politique monétaire. Ces dernières              La production industrielle s’est de nouveau repliée en
semaines, la menace que fait peser l’épidémie de              janvier (-0,3 % d’un mois sur l’autre), sous l’effet d’un net
coronavirus sur l’économie mondiale a poussé les              recul de la production énergétique en raison de la douceur
autorités monétaires américaines à opter pour un              des températures. L’activité manufacturière est quant
traitement de choc.                                           à elle restée stable, malgré les difficultés du secteur de
                                                              l’aviation civile. Hors effet Boeing, la production
La consommation privée ralentit légèrement
                                                              manufacturière a progressé de 0,3 % sur un mois. Son
Les dépenses de consommation privée ont ralenti au            niveau ressort 0,8 % en deçà de celui de janvier 2018. Les
mois de janvier. Mesurée sur un an, leur progression a        indicateurs d’activité industrielle produits par les Fed de
atteint 2,8 % en termes réels. Cette dernière a été           New-York et de Philadelphie se sont nettement redressés,
notamment freinée par la douceur du climat qui a limité la    laissant penser qu’un redressement de la dynamique
consommation d’énergie et les dépenses d’habillement.         intrinsèque du secteur manufacturier était en train de
                                                              s’opérer en lien avec la dissipation des tensions
Cela suggère que les ménages n’ont pas restreint leur
                                                              commerciales.
consommation en répercussion des craintes liées à la
propagation du coronavirus. Certes, le sujet était            Cependant, les effets du coronavirus pourraient perturber
toutefois beaucoup moins prégnant au mois de janvier          cette phase de convalescence. Les indices PMI
qu’il ne l’est devenu depuis. Toutefois, la confiance des     (enquêtes auprès des directeurs d’achats) ont
ménages est revenue à un niveau très élevé en dépit           d’ailleurs fait état d’un léger décrochage de l’activité
du fait que 20 % d’entre eux mentionnaient le coronavirus     en février aux Etats-Unis, en grande partie imputable à
comme un facteur de préoccupation, notamment en               l’épidémie de coronavirus en Chine qui a conduit à un
raison de la chute des marchés boursiers. Un tassement        affaiblissement de la demande et à un allègement des
de la confiance des ménages n’est donc pas à exclure          carnets de commande. Toutefois cela est surtout le fait
dans les prochaines semaines.                                 du secteur des services dont l’indice de référence est
                                                              passé de 53,4 en janvier à 49,4 en février. Certains
L’inflation se maintient
                                                              secteurs comme le tourisme sont particulièrement
Bien que freinée par la baisse du prix du carburant,          affectés. L’indice PMI manufacturier a beaucoup mieux
l’inflation est ressortie à 2,5 % sur un an en janvier, sa    résisté. Il est passé de 51,9 en janvier à 50,7 en février.
plus forte hausse depuis octobre 2018. Cela s’explique        L’indice ISM manufacturier a connu un effritement
notamment par un effet de base qui devrait se dissiper au     comparable (-0,8 point à 50,1) dans l’industrie. Par contre,
cours des prochains mois et ramener l’inflation vers 2 %.     son évolution dans le système non-manufacturier renvoie
Hors énergie et produits alimentaires, les prix ont           un message totalement différent de celui suggéré par
maintenu leur avance à 2,3 %, un niveau auquel ils            l’enquête PMI en raison notamment d’un redressement
progressent depuis 4 mois, soutenus par l’accélération        marqué des nouvelles commandes qui paraît difficilement
des prix des loyers et de l’habillement.                      extrapolable. D’ailleurs l’appréciation de l’activité courante
                                                              par les chefs d’entreprise a légèrement reflué par rapport
Les créations d’emploi demeurent toujours aussi fortes
                                                              au mois précédent. Elle demeure toutefois à un niveau
L’économie américaine a créé 273 000 emplois en               élevé.
février. Ce chiffre ressort sensiblement au-dessus des
                                                              Ressaut des commandes de biens d’équipement
attentes. Il est toutefois trop tôt toutefois pour
conclure à une éventuelle résistance du marché du             Les commandes en volume de biens d’équipement
travail américain au développement de l’épidémie de           hors défense et aéronautique se sont redressées d’un
coronavirus. La dynamique du mois de mars sera de ce          mois sur l’autre en janvier (+1,1 %), après leur
point de vue plus riche d’enseignements.                      tassement du mois de décembre. Leur progression sur un
                                                              an demeure timide (+0,9 %). Un ressaut d’une ampleur
Le secteur de la santé a été le plus dynamique                comparable s’est opéré sur les livraisons. Cela laisse
(+57 000 emplois). Prolongeant la tendance du mois de
                                                              supposer que le recul de l’investissement en biens
janvier, une forte contribution a également été
                                                              d’équipement au cours du dernier trimestre de
apportée par le secteur de la construction en raison
                                                              l’année2019 se serait interrompu en janvier. Ce dernier a
de températures particulièrement élevées pour la
                                                              d’ailleurs été revu à -4,4 % au taux annuel lors de la
saison. Plus généralement, tous les secteurs sensibles
                                                              2ème estimation des comptes nationaux (-2,9 %
au climat (hébergement, loisirs) ont bénéficié de la
                                                              initialement).

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Les dépenses d’investissement pourraient toutefois            a constitué un tournant pour Joe Biden. Dans la foulée,
avoir été sensiblement affectées par l’épisode de             ce dernier a par ailleurs enregistré les ralliements de
coronavirus.                                                  Pete Buttigieg et d’Amy Klobuchar notamment. Ceci
                                                              lui a permis d’aborder le Super Tuesday sur une bonne
La dynamique de l’investissement est affectée par des
                                                              dynamique. Cette date constitue traditionnellement une
mutations structurelles
                                                              étape importante de la course à l’investiture. Au cours de
L’investissement productif a sensiblement ralenti en          cette journée, les électeurs démocrates de quatorze Etats
2019, contrastant avec le rebond observé en 2017 et           ont été appelés à se prononcer pour désigner le futur
2018. Si l’évolution de l’investissement garde un caractère   adversaire de D. Trump lors de la prochaine élection
pro-cyclique, elle semble aussi affectée depuis le début      présidentielle. A l’issue du vote, l’ancien vice-président
des années 2000 par des mutations structurelles.              l’a emporté dans neuf Etats dont le Texas. Son
                                                              principal rival, B. Sanders dont le positionnement est
L’investissement productif a connu un net
                                                              plus radical, est arrivé en tête dans quatre Etats dont
redressement en 2017 et 2018 (+5,4 % par an en
                                                              la Californie qui est le principal pourvoyeur de délégués
moyenne) après deux années de quasi-stagnation. Ce            (415). E. Warren et M. Bloomberg ont été distancés. Ils
redémarrage est en partie intervenu à la faveur de la         ont d’ailleurs retiré leur candidature et le second a apporté
réforme fiscale mise en place par l’administration
                                                              son soutien à Joe Biden.
américaine (même si une partie des économies d’impôts
ont également été mobilisées pour financer des                La Fed passe à l’action
opérations de rachat d’actions). La dynamique semble
                                                              Alors qu’un mouvement était anticipé par les investisseurs
depuis s’être interrompue. L’investissement productif
                                                              à l’occasion de la prochaine réunion du comité de la Fed
a en effet connu un nouveau ralentissement en 2019
                                                              (17-18 mars), les autorités monétaires n’ont finalement
(+2,1 %). Ce coup de frein est probablement en partie lié
                                                              pas attendu cette échéance pour décider une baisse
aux tensions commerciales sino-américaines et à
                                                              de 50 points de base (pb) du taux des fonds fédéraux.
l’attentisme qu’elles ont suscité de la part des chefs
                                                              Ce dernier évolue à présent au sein d’une fourchette
d’entreprise. Par ailleurs, les marges de manœuvre
                                                              comprise entre 1,00 et 1,25 %.
octroyées aux chefs d’entreprise via la réforme fiscale
avaient peut-être engendré des dépenses anticipées.           Un tel mouvement entre deux réunions ne s’était plus
                                                              produit depuis la crise de 2008. Cette réaction soudaine
Mais les questions quant à l’éventuelle faiblesse de
                                                              de la Fed comporte certainement un caractère
l’investissement outre-Atlantique sont fondées
                                                              préventif. Les économistes de la Fed continuent d’ailleurs
davantage sur des éléments structurels et dont
                                                              de décrire l’activité comme étant robuste outre-Atlantique
l’origine   est  parfois    même     antérieure   au
                                                              mais ils s’inquiètent des risques associés à l’épidémie de
déclenchement de la crise financière de 2008-2009.
                                                              coronavirus. A l’image des baisses de taux intervenues en
En outre, ce n’est pas forcément la dynamique de              2019, les autorités monétaires américaines continuent de
l’investissement productif au regard de celle du PIB          privilégier les interventions préventives aux
qui interroge mais plutôt son évolution relativement à        traitements curatifs.
la situation financière des entreprises, qui plus est,        La banque centrale américaine a pris cette décision pour
dans un environnement de taux d’intérêt bas qui soutient      soutenir la confiance des investisseurs et des
le rendement du capital investi. Des effets sectoriels        entreprises en garantissant notamment l’accès au crédit
peuvent notamment être mis en avant pour expliquer            et au financement. In fine, l’objectif est de se prémunir
le manque de vigueur de l’investissement. Les                 contre un choc de liquidité de se prémunir contre un
secteurs les plus dynamiques et les mieux valorisés           choc de liquidité et d’éviter ainsi une crise financière qui
(high-tech, distribution) ne soutiennent pas autant           s’ajouterait au dérèglement de l’économie lié à la crise
l’investissement que le secteur manufacturier par le          sanitaire. Mais, de l’aveu même de J. Powell, une
passé.                                                        baisse de taux directeur ne sera pas d’une grande
La déformation graduelle de la structure des                  efficacité face aux problématiques de rupture des
dépenses d’investissement en faveur de leur                   chaînes d’approvisionnement.
composante immatérielle (logiciels, brevets, marques,         Cette action de la Fed voulait aussi rassurer les acteurs
labels, processus opérationnels) est un autre élément         économiques dans l’attente d’éventuelles annonces de
d’explication. Plus difficile à comptabiliser, le capital     mesures de soutien budgétaire jugées plus efficaces
immatériel permet certes des économies d’échelle qui          pour juguler les effets négatifs du choc actuel. Le
soutiennent la productivité. Il peut néanmoins également      Congrès a voté un fond d’urgence de 7,5 Md$ pour
réduire la concurrence en favorisant les pouvoirs de          lutter contre l’épidémie. Dans le même temps,
marché (marketing, marques), ce qui entraîne une              D. Trump a plaidé en faveur d’une baisse transitoire
moindre efficacité de l’allocation des ressource              d’un an de l’impôt sur le revenu. S. Mnuchin a pour sa
susceptible de peser sur l’investissement.                    part évoqué un plan d’aide pour les banques et des
                                                              investissements en infrastructures.
Primaires démocrates : vers un duel Biden-Sanders
                                                                                                         Romain Sarron
Alors qu’il avait accumulé les mauvaises performances
dans l’Iowa, le New Hampshire et le Nevada, la primaire                                 Achevé de rédiger le 06/03/2020
qu’il a confortablement remportée en Caroline du sud

                                                          -13-
CHINE

                                             Chine : croissance du PIB
     14                   (variation trimestrielle en rythme annualisé et variation sur un an, %)

     12

     10                      Variation sur un an
                                                         Variation
                                                         trimestrielle en
                                                         rythme annualisé
     8
                                                                                                       T4 2019 : 6,0 %
                                                                                                                6,1 %
     6

     4

     2

     0

 Source : IHS, LBP

                      Chine : ventes au détail en valeur et en volume
 25                            (variation sur un an, MM3, %)

 20
                                                                                                  valeur
 15
                                                                                                    déc.-19; 7,7
 10

     5
                                                                                   volume

                                                                                                                 5,3
     0
          07         08     09      10     11       12     13     14        15     16     17      18      19
          Source : NBS, LBP

                                    Chine : Indices PMI de climat des affaires

                                                                                                  Caixin services
60                                                       NBS non manuf.

55

50

45

40                                    NBS manuf.                              Caixin manuf.

35

30

25
  2009         2010        2011     2012     2013    2014       2015        2016   2017    2018        2019    2020
  Source : IHS, IHS Markit, LBP

                                                                                                                         -14-
CHINE

                        Une crise économique majeure provoquée par le coronavirus
L’épidémie de coronavirus qui touche la Chine depuis le mois de janvier a entraîné une paralysie de
l’économie. L’activité semble reprendre mais les conséquences négatives sur l’économie chinoise -
et mondiale- de la crise sanitaire pourraient être visibles à moyen terme.
Comme chaque année, en raison des festivités du Nouvel              29,6 (après 54,1 en janvier). La maladie est apparue peu
an lunaire, il n’y a que peu d’indicateurs disponibles pour         de temps avant les festivités du Nouvel An chinois, une
les mois de janvier et février, et la plupart ne seront publiés     période durant laquelle des millions de Chinois
qu’à partir de mi-mars.                                             consomment plus que d’habitude et voyagent. Le
                                                                    confinement a de plus entraîné la fermeture de nombreux
La Chine est à ce jour l’économie la plus touchée par
                                                                    restaurants, centre commerciaux ou encore cinémas.
l’épidémie de coronavirus
                                                                    L’impact final de l’épidémie sur l’économie chinoise
L’épidémie de coronavirus, a démarré en décembre dans
                                                                    devrait être important
la province de Hubei. Elle touche à ce jour près de
100 000 personnes à travers le monde et a provoqué plus             Au-delà de la seule catastrophe sanitaire que
de 3 300 décès. La Chine est le principal pays                      représente cette épidémie, les conséquences
concerné, avec plus de 80 000 cas mais le virus se                  négatives sur l’économie chinoise devraient être
propage à présent sur tous les continents                           importantes. Il est encore délicat de chiffrer avec
(cf. encadré p 4). Des mesures drastiques de mise en                précision l’impact final de l’épidémie, celle-ci n’étant pas
quarantaine ont été prises en Chine. Plus de 60 millions            terminée, mais il devrait être bien plus grand que l’impact
d’habitants ont ainsi été assignés à résidence sur                  du virus du SRAS en 2003 (un point de croissance du PIB
l’ensemble du territoire et les mouvements de                       chinois en moins sur l’année).
personnes ont été étroitement contrôlés. De
                                                                    L’économie chinoise est touchée par un choc de
nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs
                                                                    demande, la consommation des ménages pâtissant
vols en provenance et à destination de la Chine.
                                                                    de l’épidémie et des mesures mises en place pour la
Les indices de climat des affaires sont au plus bas                 contenir. Des données encore parcellaires indiquent une
                                                                    forte chute des transactions dans l’immobilier, ainsi que
Principal indicateur disponible pour le mois de février,
                                                                    des ventes dans le secteur automobile. Du côté de
l’indice de climat des affaires PMI Caixin, basé
                                                                    l’offre, de nombreuses restrictions à la circulation
principalement sur les réponses d’entreprises privées, a
                                                                    sont toujours en vigueur et la plupart des entreprises
chuté (40,3 après 51,1 en janvier) dans le secteur
                                                                    fonctionnent encore en deçà de leur capacité.
manufacturier. Cette détérioration importante de l’indice,
qui indique à présent une contraction de l’activité dans le         En dépit des améliorations sur le front sanitaire, la
secteur, est directement liée à l’épidémie de                       Chine pourrait donc mettre du temps à retrouver un
coronavirus. Les mesures mises en place par les                     niveau d’activité comparable à celui prévalant avant
autorités chinoises suite à l’extension de l’épidémie à             l’éclatement de l’épidémie. Le président Xi Jinping a
partir du mois de janvier ont entraîné la baisse, voire             insisté au cours du mois de février sur la nécessité de
l’arrêt, de la production dans de nombreuses                        relancer rapidement l’économie. Les autorités sont en
entreprises. L’indice relatif au niveau des ventes a                train de mettre en place des mesures de soutien aux
également diminué, de même que celui relatif aux                    entreprises, qui sont nombreuses à faire face à des
nouvelles commandes en lien avec les mesures de                     problèmes de trésorerie. 174 Md$ de liquidités ont été
restriction pour les livraisons et les annulations ou reports       injectées sur le marché monétaire afin de faciliter les
de commandes. En revanche, l’indice relatif aux                     crédits aux entreprises. La Banque centrale chinoise
perspectives des entrepreneurs interrogés atteint son               a baissé plusieurs taux de référence afin de réduire le
plus haut niveau depuis cinq ans. Les entreprises                   coût de financement des banques commerciales.
anticipent une reprise rapide de la production dès la levée
                                                                    La crise en Chine devrait peser sur la croissance mondiale
des restrictions liées à l’épidémie.
                                                                    L’économie mondiale est également touchée via les
Sur le même mois, l’indice officiel de climat des
                                                                    conséquences sur les chaînes de valeur mondiale
affaires PMI NBS pour le secteur manufacturier, qui se
                                                                    dont la Chine est un maillon majeur. Le pays
base surtout sur les réponses de grandes entreprises
                                                                    représente 30 % de la production industrielle mondiale et
d’Etat, affiche également une baisse très marquée, à
                                                                    15 % de l’ensemble des exportations de biens
35,7 (après 50,0 en janvier). Les deux indices PMI,
                                                                    manufacturés. La quasi-paralysie de l’économie pendant
Caixin et NBS, ont atteint en février leur plus bas
                                                                    plus d’un mois et la lente reprise devraient entraîner des
niveau (ils existent respectivement depuis avril 2004 et
                                                                    difficultés d’approvisionnement à l’échelle mondiale.
janvier 2005), y compris au plus fort de la crise financière
                                                                    Les secteurs de l’électronique, mais également de
de 2008.
                                                                    l’automobile et du textile, seraient particulièrement
Dans le secteur des services, la moitié du PIB chinois,             affectés. Par ailleurs, la baisse des voyages aura un effet
l’indice PMI Caixin se détériore de manière encore                  négatif sur le secteur du tourisme dans le monde.
plus marquée que dans le secteur manufacturier, à                                                             Flore Deschard
26,5 après 51,8 en janvier. L’indice officiel NBS chute à
                                                                                               Achevé de rédiger le 05/03/2020

                                                                  -15-
JAPON

                      Japon : croissance de la production manufacturière
                                       et enquête PMI
60      Production (MM3, var. sur 3 mois                                                   65
             en rythme annualisé)

40                                                                                         60

20                                                                                         55

 0                                                                                         50

-20                                                                                        45

-40                                                                                        40
                                       PMI manufacturier - Ech. de droite
-60
                                            (ligne continue = MM3)                         35

-80                                                                                        30
      07     08     09     10     11   12   13    14     15    16     17    18   19   20

      Source : IHS, Markit, LBP

                                                                                                -16-
JAPON

         L’épidémie de coronavirus pourrait entraîner une récession de l’économie japonaise
Le PIB japonais a chuté au 4ème trimestre 2019. Les perspectives restent dégradées pour le début de
l’année 2020. L’épidémie de coronavirus en cours pourrait peser de manière importante sur une
activité économique déjà fragile. Les indicateurs disponibles n’incitent pas à l’optimisme.
L’activité japonaise a chuté au 4ème trimestre 2019            ailleurs en baisse en février, à un niveau relativement
                                                               bas.
Le PIB japonais a chuté de 7,1 % au
4ème trimestre 2019 (variation trimestrielle annualisée)       Signe positif, le salaire moyen mensuel a augmenté
après +0,5 % au trimestre précédent. Il s’agit de la plus      sur un an en janvier (+1,5 % après une -0,2 % en
forte contraction de l’activité observée au Japon              décembre). Sa composante régulière, qui exclut les bonus
depuis six ans. Plusieurs freins ont pesé sur l’activité       et les paiements d’heures supplémentaires a augmenté
économique nippone. Le Japon a ainsi été touché par le         de 1,4 % après +0,3 % en décembre. Les salaires réels
typhon Hagibis mi-octobre, qui a entrainé d’importants         ont progressé sur un an (+0,7 %).
dégâts matériels (en plus d’un lourd bilan humain) dans
                                                               Sur le marché du travail, les tensions restent
l’est et le nord du pays. Les entreprises exportatrices
                                                               présentes mais ne s’aggravent plus. Le taux de
japonaises ont été par ailleurs particulièrement
                                                               chômage s’établissait à 2,4 % en janvier, sans sortir de la
exposées aux retombées de la guerre commerciale
                                                               fourchette de ses fluctuations mensuelles ordinaires. Le
entre la Chine et les Etats-Unis. La Chine est le premier
                                                               ratio des offres aux demandes d’emploi est par ailleurs en
partenaire commercial du Japon, et plus de la moitié de
                                                               légère baisse depuis cet été.
ses ventes à l’étranger sont à destination de l’Asie. La
demande intérieure a donc fortement baissé (-8,4 %).           Le niveau de l’inflation reste très bas
La consommation privée a chuté de 11,0 %, pénalisée
                                                               La progression des prix à la consommation a
notamment par la hausse de 2 points de la taxe sur la
                                                               légèrement baissé en janvier, à +0,6 % sur un an,
consommation (de 8 à 10 %) entrée en vigueur au
1er octobre. L’investissement des entreprises s’est            après +0,8 % en décembre. L’indicateur de prix (hors
également replié, de 14,1 %. La contribution du                produits alimentaires frais) suivi par la Banque du Japon
                                                               (BoJ) ne progresse que de 0,8 % sur un an, toujours bien
commerce extérieur à la croissance a été positive en
                                                               en deçà de l’objectif de la banque centrale (2 %).
raison d’une chute des importations (-10,1 %). Les
exportations se sont très légèrement repliées (-0,4 %).        Le début d’année 2020 pourrait être marqué par un
La situation des entreprises demeure préoccupante              nouveau recul du PIB
                                                               La crainte d’une récession pour l’économie nippone
Pour le début de l’année 2020, les indicateurs disponibles
                                                               (deux trimestres consécutifs de recul de l’activité) est
font ainsi état d’une situation économique préoccupante.
                                                               importante. En effet, l’épidémie de coronavirus devrait
Au mois de janvier, les exportations (en volume) ont
                                                               peser sur la croissance au premier trimestre 2020. La
reculé de 4,6 % par rapport au mois de décembre. Les
ventes à destination de la Chine ont notamment décliné,        seule paralysie de l’économie chinoise au cours des
                                                               dernières semaines (cf. Chine) devrait avoir un impact
ce qui est cependant habituel à cette période de l’année
                                                               négatif important sur l’industrie, le tourisme et les
en raison des festivités du Nouvel an lunaire. Les
                                                               exportations. La Chine est en effet le 1er partenaire
importations se sont également repliées (-2,9 %), signe
d’une demande intérieure dégradée. La production               commercial du Japon et plus de 50 % des exportations
manufacturière a augmenté en janvier (+0,9 % par               japonaises se font à destination de l’Asie.
rapport au mois précédent, après +1,0 % en décembre).          Face à la chute des cours boursiers sur les principales
Les entreprises japonaises devraient cependant pâtir des       places financières, le gouverneur de la BoJ a annoncé
perturbations des chaînes d’approvisionnement en raison        que l’institution ferait tout son possible pour
de l’épidémie de coronavirus. L’indice PMI de climat des       « garantir la stabilité des marchés financiers » en
affaires pour le secteur manufacturier s’est ainsi             recourant si besoin à des injections de liquidités via
établi à 47,8 en février (après 48,8 en janvier) et            des opérations de marchés et des rachats d’actifs. Le
indique une contraction de l’activité. La composante           gouvernement japonais est de son côté accusé par une
relative aux nouvelles commandes a notamment                   partie de l’opinion public d’avoir manqué de réactivité et
décliné. L’indice de climat des affaires a chuté dans le       d’avoir voulu minimiser l’épidémie afin de ne pas menacer
secteur des services, à 46,8 (après 51,0).                     l’organisation des Jeux Olypiques de Tokyo prévus cet
La consommation privée peine à repartir                        été. Le premier ministre a finalement demandé la
                                                               fermeture de toutes les écoles de l’archipel jusqu’au
Les ventes au détail ont légèrement augmenté en janvier        début du mois d’avril. Le télétravail ou le recours à des
(+0,6 %) après une quasi-stagnation en décembre.               nounous ou baby-sitters est cependant peu répandu au
Cependant, les premiers éléments relatifs à la                 Japon, entraînant d’importants problèmes d’organisation
consommation pour le mois de février (données des              qui pourraient peser sur l’activité économique.
fabricants automobiles et des grands magasins)
                                                                                                         Flore Deschard
semblent indiquer un repli de la consommation
privée. L’indice de confiance des ménages est par                                        Achevé de rédiger le 11/03/2020

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