EcoPanorama Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale - La Banque Postale
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Mars 2020 EcoPanorama Une synthèse mensuelle de la conjoncture mondiale Pour recevoir automatiquement nos publications par mail, abonnez-vous ! CLIQUEZ ICI
SOMMAIRE Vue d’ensemble ............................................................................................................. (p.3) Epidémie de coronavirus .............................................................................................. (p.5) Grandes tendances mondiales .................................................................................... (p.6) Pétrole et autres matières premières ......................................................................... .(p.8) Conjoncture économique Etats-Unis..................................................................................................................... (p.10) Chine ............................................................................................................................ (p.14) Japon ............................................................................................................................ (p.16) Pays émergents ........................................................................................................... (p.18) Zone euro ..................................................................................................................... (p.20) Royaume-Uni ............................................................................................................... (p.24) France .......................................................................................................................... (p.26) Marchés financiers Marchés boursiers ...................................................................................................... (p.28) Taux d’intérêt ............................................................................................................... (p.30) Marchés des changes ................................................................................................. (p.32)
VUE d’ENSEMBLE L’épidémie de coronavirus : un « cygne noir » pour la croissance mondiale ? Les premiers indicateurs disponibles suggèrent que l’économie chinoise s’est arrêtée en février suite au développement de l’épidémie de coronavirus. Pour l’instant, les indicateurs de climat des affaires (disponibles jusqu’en février) n’ont pas connu d’ajustement majeur. Si un tassement est perceptible aux Etats-Unis, surtout dans les services, ils enregistrent même une légère amélioration depuis le début de l’année en Europe. Mais les semaines à venir vont être marquées par un freinage des exportations vers la Chine et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Le Japon, dont l’économie est déjà très fragile, risque notamment de pâtir des difficultés de l’économie chinoise, ce qui pourrait le conduire à la récession. Par ailleurs, les développements de l’épidémie hors de Chine risquent de freiner la croissance dans les pays concernés, avec une ampleur qu’il est difficile d’évaluer aujourd’hui. Tout dépendra de l’importance de l’épidémie et de sa durée et surtout des mesures sanitaires qui seront mises en œuvre pour limiter sa propagation. Les politiques économiques vont être mises à contribution pour atténuer le freinage de l’activité. Plusieurs banques centrales, dont la Fed qui a pris les observateurs par surprise, ont baissé leur taux directeur. D’autres vont aussi opter pour une politique monétaire plus accommodante. Sous pression, la BCE a adopté de nouvelles mesures pour soutenir l’économie mais sans abaisser le taux de la facilité de dépôt. Outre la politique monétaire, la politique budgétaire commence à être sollicitée d’abord pour soutenir les entreprises face à ce choc économique puis pour constituer une force contracyclique si la demande venait à s’essouffler plus durablement en cas de prolongement de la crise sanitaire. Ce contexte est particulièrement anxiogène pour les investisseurs qui, après avoir fait preuve d’un optimisme peut-être un peu excessif sur les développements de l’épidémie ont révisé brutalement leurs positions mi-février, d’où un décrochage des marchés actions. Les taux des emprunts des Etats jugés les plus sûrs ont été tirés ces dernières semaines vers le bas par les assouplissements observés ou à venir des politiques monétaires et par un effet report vers les valeurs refuge. Le rendement des T-Notes américains est passé sous 0,5 %, un point bas historique. Sans surprise, l’anticipation d’une moindre demande d’énergie a affaibli le prix du pétrole, d’autant que les pays producteurs ne se sont pas entendus pour une nouvelle réduction de l’offre. Faute d’accord, l’Arabie saoudite a déclenché une guerre des prix. Dans un livre publié en 2007, Nassim Nicholas Taleb a développé la théorie du cygne noir qui désigne un événement imprévisible (avec une très faible probabilité d’occurrence) mais qui a une portée très importante. L’épidémie de Coronavirus s’en approche. Ses conséquences économiques sont encore très difficiles à évaluer mais la trajectoire de l’économie mondiale s’en trouve affectée, au moins à court terme. -3-
Développement de l’épidémie de coronavirus (milliers de cas) Courbe orange : nombre de cas en Chine Courbe jaune : nombre de cas hors Chine Courbe verte : personnes guéries Source : Université Johns Hopkins Source : Banque mondiale Poids de la Chine dans les exportations (%) 2003 2018 (épidémie SRAS) France 1,4 4,2 Allemagne 2,8 7,1 Italie 1,5 2,8 Etats-Unis 3,9 7,2 Japon 12,2 19,5 Source : IHS, calculs LBP -4-
EPIDEMIE DE CORONAVIRUS Alors que la croissance mondiale donnait des signes de stabilisation, l’épidémie de coronavirus va avoir à court terme un effet forcément négatif, dont l’ampleur reste toutefois incertaine. Cela dépendra notamment des mesures sanitaires et de la réponse des politiques économiques. L’épidémie de coronavirus est apparue fin décembre à La réponse des politiques économiques Wuhan en Chine. Le nombre de cas a crû de manière Dans un contexte inédit, les politiques économiques exponentielle, se concentrant dans la province du Hubei, vont être mises à contribution pour tenter de limiter avant d’amorcer une décélération récemment (selon les les effets de l’épidémie sur l’activité. La Fed a déjà données chinoises). De nombreux autres pays sont baissé son taux directeur de 50 points de base le 3 mars, désormais touchés, notamment en Asie et en Europe. Si prenant les observateurs par surprise. L’idée n’est sans l’évaluation de l’impact économique paraît à ce jour très doute pas de relancer le crédit comme lors des points bas difficile (dans ses dernières prévisions, l’OCDE a révisé des cycles économiques traditionnels mais plutôt de à la baisse ses perspectives pour la croissance mondiale fournir suffisamment de liquidités pour éviter un grippage de 0,5 point par rapport à novembre, à 2,4 %), quelques du système financier. En assouplissant sa politique points de repères sur les impacts déjà observables et à monétaire de manière préventive, la Fed recherche aussi venir peuvent être avancés. à stabiliser les marchés financiers et éviter une Des conséquences économiques déjà importantes en détérioration du patrimoine financier des ménages qui en Chine, à venir ailleurs retour freinerait leur consommation et leurs investissements immobiliers. D’autres banques centrales Les premiers indicateurs disponibles depuis le début vont forcément agir comme la Fed (certaines l’ont déjà de l’épidémie en Chine montrent que l’activité a fait). Comme en 2008, la BCE a semblé moins réactive connu un net recul en février. Cela n’est pas étonnant que la Fed, peut-être aussi parce que les marges de compte tenu des mesures sanitaires mises en place pour manœuvre étaient plus limitées. Lors du Conseil des limiter la propagation de l’épidémie (contingentement gouverneurs du 12 mars elle a annoncé de nouvelles d’une partie de la population, prolongation des vacances mesures (cf. Zone euro) mais sans abaisser le taux de la du Nouvel An chinois). L’économie chinoise s’est pour un facilité de dépôt, un de ses taux directeurs déjà négatif. temps pétrifiée. Les ventes de voitures ont ainsi Cela n’ pas été suffisant pour stabiliser les marchés baissé de 18,7 % sur un an en janvier avant de reculer financiers. de 80 % en février. Les indices PMI se sont aussi par ailleurs effondrés en février (cf. Chine). Selon des A côté de la politique monétaire, les premiers signes informations parcellaires, l’activité semble lentement d’une activation de la politique budgétaire sont apparus reprendre mais en étant encore très éloigné d’un retour (sous la forme d’aides aux PME, par exemple en Chine). la normale. Le soutien budgétaire pourrait prendre deux formes. A court terme, il s’agit surtout de permettre aux En dehors de la Chine, les indicateurs économiques entreprises d’absorber le choc sur l’activité en pour le mois de février ne montrent pas encore facilitant les crédits de trésorerie accordés par les d’impact majeur de l’épidémie. Par exemple, les banques (prêts bonifiés par l’Etat) ou en repoussant les exportations coréennes, très tournées vers la Chine, en échéances fiscales et de paiement des cotisations net recul en janvier, ont rebondi en février. En Europe, sociales. Ensuite, dans un second temps, des les enquêtes de conjoncture ont été plutôt bonnes en mesures plus traditionnelles de soutien budgétaire février. Mais il ne fraudait pas en conclure que l’épidémie pourraient être nécessaires si la crise sanitaire se sera sans impact. Trois canaux de transmission peuvent prolongeait, par exemple à travers des baisses d’impôts. être identifiés : i/ Un recul des exportations vers la En Europe, le niveau d’endettement des Etats (bien Chine et les effets multiplicateurs induits liés aux plus élevé qu’en 2007 avant la crise financière) échanges internationaux (un pays qui vend moins à la constitue un frein à une action coordonnée de grande Chine importe aussi moins en provenance de ses ampleur même si les contraintes européennes sont partenaires), ii/ Les perturbations sur les chaînes de assouplies. Aujourd’hui, les regards se tournent valeur liées aux goulots d’étranglement générés par naturellement vers l’Allemagne qui a dégagé un excédent les difficultés d’approvisionnement en provenance budgétaire ces dernières années. Si le gouvernement de Chine iii/ Les mesures sanitaires mises en œuvre allemand a annoncé un premier soutien en direction des pour limiter la propagation de l’épidémie localement entreprises, la stratégie de long terme reste la rigueur qui sont de nature à entraver l’activité économique budgétaire pour faire face au déficit démographique. (par exemple des mesures de contingentement et/ou de limitation des déplacements). Alain Henriot Certains secteurs pourraient être plus touchés que Achevé de rédiger le 05/03/2020 d’autres. Les effets sont déjà visibles dans le transport aérien et seront importants sur les flux touristiques. -5-
GRANDES TENDANCES MONDIALES PIB mondial* 10 8 Var. trim. annualisée : 2,6 % Gliss. ann. : 3,2 % 6 4 2 0 -2 Dernier point: 2019T4 -4 -6 Variation trimestrielle du PIB au taux annuel Glissement annuel du PIB *Etats-Unis, Zone euro, Japon, Royaume-Uni, Chine, Brésil, Inde et Russie (70% du PIB mondial) Source : IHS, calculs LBP Indice Monde JP Morgan PMI Commerce mondial et indice PMI mondial des carnets de 60 commandes à l'exportation dans l'industrie manufacturière 20 70 55 15 65 50 10 60 5 55 45 0 50 40 -5 45 -10 40 35 Synthétique Industrie manufacturière Services -15 35 30 -20 Commerce mondial (taux de variation sur un an, en %) 30 PMI Mondial manufacturier-nouvelles commandes à l'exportation (éch. D.) -25 25 Source: IHS Markit, LBP Source: CPB, LBP Ventes mondiales de semi-conducteurs 45000000 80 Milliers de $, mm3 40000000 Glissement annuel (D) 60 35000000 40 30000000 25000000 20 20000000 0 15000000 -20 10000000 -40 5000000 Source : SIA, LBP 0 -60 -6-
GRANDES TENDANCES MONDIALES Les enquêtes d’activité plombées par la paralysie de Chine Les enquêtes se sont nettement dégradées à l’échelle mondiale sous l’effet d’une chute drastique de l’activité en Chine. La résilience affichée par certaines économies ne pourrait être que temporaire. Le commerce mondial devrait en effet s’affaiblir. Pendant l’automne, la croissance de l’activité s’est témoigne leur appréciation toujours élevée et stable maintenue aux Etats-Unis (+2,1 % en rythme des perspectives de production. annualisé) et en Chine (+6,0 % sur un an). Elle s’est Dans les services, l’indice s’est également nettement en revanche sensiblement affaiblie en zone euro replié en février (47,1 contre 52,7 en janvier). (+0,2 % au taux annuel). La production industrielle et le commerce mondial ont Malgré l’accalmie observée sur le front des tensions stagné en décembre commerciales depuis la sortie de l’été, le redémarrage des échanges a peiné à se concrétiser. L’indicateur du commerce mondial de l’institut Après plusieurs mois de redressement, les ventes hollandais CPB a stagné d’un mois sur l’autre en mondiales de semi-conducteurs s’infléchissent à décembre. Le volume des échanges de marchandises nouveau. Les échanges commerciaux devraient être très se situe à son niveau de décembre 2018. nettement pénalisés (au mieux temporairement) par les En décembre, la production industrielle mondiale est effets du coronavirus. restée stable après avoir connu un léger redressement Les indices d’activité plongent sous l’effet de la Chine le mois précédent. Sa progression a atteint 0,2 % en glissement annuel. En février, l’indice PMI mondial dans l’industrie manufacturière, calculé par JP Morgan à partir des L’inflation progresse (en raison d’effets de base) malgré enquêtes nationales, a sévèrement reculé à 47,2 la baisse du prix des matières premières (contre 50,4 le mois précédent). L’activité industrielle L’inflation est restée stable, voire a légèrement mondiale a enregistré sa plus forte contraction progressé, au mois de janvier malgré la baisse du depuis 2009. prix des matières premières. Cela s’explique L’épidémie de coronavirus a fortement affecté les notamment par des effets de base. Elle a atteint 2,3 % chaînes de production mondiales et tari les échanges aux Etats-Unis, 1,8 % au Royaume-Uni et 1,2 % en zone commerciaux. Le niveau de production et les flux de euro (en février). Au Japon, elle demeure très faible nouvelles commandes sont aussi en net recul dans un (+0,7 %). très grand nombre de pays. Toutefois, une part L’inflation sous-jacente (hors alimentation et importante du repli général est à mettre au crédit de la Chine. Tandis que l’activité a continué de progresser énergie) s’est maintenue à +2,3 % sur un an au mois dans des économies qui étaient encore peu (voire pas) de janvier aux Etats-Unis. Elle a été notamment soutenue par une hausse du coût des loyers. En zone euro, elle est touchées par l’épidémie en février. Ceci pourrait changer ressortie à 1,2 % sur un an. en mars avec d’une part des éléments qui suggèrent que l’activité commence à redémarrer en Chine tandis que les Romain Sarron nouveaux cas se multiplient en Europe et aux Etats-Unis notamment. Les chefs d’entreprise parient pour Achevé de rédiger le 06/03/2020 l’instant sur un déficit transitoire d’activité, en -7-
PETROLE ET AUTRES MATIERES PREMIERES Chute du cours du baril en février Le cours du baril de Brent a clôturé le mois de février à 50,5 $, en forte baisse par rapport à janvier. Les craintes quant à la demande mondiale d’énergie ont entraîné une chute du prix du pétrole. Début mars, le cours du baril s’est effondré en raison d’une guerre des prix déclenchée par Riyad. Le cours du baril de Brent de la mer du Nord s’est la consommation de pétrole. Face à ces incertitudes, établi à 50,5 $ à la fin du mois de février, en forte l’OPEP n’a pas réussi à trouver une position commune baisse par rapport à la fin du mois de janvier (-7,7 $). quant à la politique d’offre à adopter. Les membres de L’épidémie de coronavirus qui a démarré en Chine et l’organisation n’étaient en effet pas d’accord sur la qui s’étend dans le monde a entraîné une chute du stratégie à mettre en œuvre. D’un côté, l’Arabie cours du brut. Celle-ci s’est accentuée début mars suite Saoudite et ses alliés plaidaient pour une baisse au déclenchement par l’Arabie Saoudite d’une guerre des importante de la production supplémentaire qui aurait prix sur le marché pétrolier. permis selon eux d’entraîner une hausse du cours du brut. De l’autre côté, la Russie redoutait que cela n’affaiblisse Chute du prix du pétrole liée à l’épidémie de coronavirus son économie et ne profite avant tout aux Etats-Unis, dont L’épidémie de coronavirus Covid-19 survenue en la production ne cesse d’augmenter. Chine en janvier a entraîné une chute du prix du Le prix du baril de Brent s’est effondré de près de pétrole. La Chine est en effet le premier importateur 20 % début mars suite à l’échec des négociations lors mondial d’hydrocarbures et le deuxième consommateur du sommet de l’organisation qui se tenait à Vienne en fin de pétrole du monde. Les mesures de limitation des de semaine dernière. L’OPEP a proposé une réduction mouvements de personnes mises en place par les supplémentaire de la production, de 1,5 million de autorités chinoises ont entraîné une chute des barils par jours (Mbj), supportée à hauteur de 0,5 Mbj par transports aériens, routiers et fluviaux, entraînant une les pays non-OPEP. Cette coupe aurait porté la réduction forte baisse des importations de brut. La Chine a réduit totale de la production à 3,6 Mbj. Moscou a refusé de drastiquement sa demande de pétrole en janvier et février. participer à ce nouvel accord. En réaction, l’Arabie Réduction de la production de l’OPEP et de ses alliés Saoudite a déclenché une guerre des prix, en annonçant une hausse de sa production dès le mois L’offre de pétrole des pays de l’OPEP est basse. La d’avril et une baisse de ses prix de 6 à 8 $ par baril. La production de l’OPEP s’établissait en février à hausse de l’offre de brut annoncée par Riyad alors 27,8 millions de barils par jour (Mbj), en baisse de 0,5 Mbj que les perspectives de demande sont dégradées a par rapport au mois de janvier. Il s’agit du plus bas niveau entraîné une chute du cours du baril. de production de l’organisation depuis au moins 2009 et les coupes mises en œuvre lors de la crise financières. La fin de cette alliance devrait être lourde de Les pays de l’OPEP+ ont dépassé leurs engagements en conséquences pour le marché pétrolier. Les pays février, grâce notamment à l’Arabie Saoudite qui a producteurs devraient pâtir d’un niveau très bas du prix du réduit sa production plus que ce que l’accord prévoit, baril, notamment les pays pauvres. La chute du prix du afin de soutenir le prix du pétrole. Par ailleurs, la baril pourrait pénaliser l’industrie américaine du production libyenne a chuté en février, à 0,16 Mbj pétrole de schiste mais l’effet ne serait pas immédiat sur après 0,76 Mbj en janvier, en raison de la guerre civile qui la production. La plupart des compagnies du secteur se a entraîné un blocage des ports et de champs pétroliers. sont en effet protégées contre les variations de prix. Les entreprises pourraient cependant rapidement faire face à Les 14 pays de l’OPEP ainsi que 10 pays alliés (OPEP+), des difficultés de financement. dont la Russie, avaient annoncé à l’issue de leur dernier sommet en décembre, qu’ils allaient réduire leur Baisse du cours des matières premières industrielles production de 1,7 million barils par jour (Mbj) à partir du L’indice S&P GS métaux industriels a chuté au cours mois de janvier. L’objectif initial est de soutenir le prix du du mois de février sous l’effet de l’épidémie de baril, dans un contexte d’augmentation importante de la coronavirus. La Chine consomme près de la moitié de production américaine de pétrole. la production mondiale des principaux métaux et est La production américaine augmente malgré la baisse du le premier producteur d’acier et de cuivre. La mise à nombre de foreuses en activité l’arrêt de l’économie chinoise (cf. Chine) a entraîné une chute des cours des matières premières industrielles. La production américaine augmente et soutient toujours l’offre mondiale. D’après les données de l’EIA, Baisse du prix des produits de base agricoles elle aurait atteint un niveau record proche de 13 Mbj en Les prix des produits agricoles (principalement blé, février, confortant la place des Etats-Unis comme maïs, soja) ont baissé en février par rapport à janvier. 1er producteur mondial d’or noir. La baisse continue du Le commerce des denrées agricoles reste étroitement lié nombre de foreuses (rigs) en activité depuis le début aux conditions météorologiques. Les facteurs externes de l’année n’empêche pas une hausse de la ont également un rôle important et l’épidémie de production grâce aux gains de productivité. coronavirus pèse sur le cours des céréales. Fin de l’alliance entre l’OPEP et la Russie Flore Deschard La prise d’ampleur de l’épidémie au niveau mondiale Achevé de rédiger le 11/03/2020 a entraîné de nouvelles craintes quant à l’évolution de -9-
ETATS-UNIS La Fed opte pour un traitement de choc L’économie américaine a renvoyé des signaux plutôt positifs ces dernières semaines. Bien que les répercussions de l’épidémie de coronavirus sur l’activité ne soient pas encore visibles dans les chiffres, les autorités monétaires ont décidé d’agir de manière préventive. La deuxième estimation de la croissance du PIB pour le douceur du climat. Le taux de chômage est retombé à quatrième trimestre 2019 (+2,1 % au taux annuel) a son plus bas historique de 3,5 % (-0,1 point). confirmé la résilience de l’économie américaine. Jusqu’à La convalescence du secteur industriel se poursuit peu, cela suggérait que la Fed allait maintenir inchangé le réglage de sa politique monétaire. Ces dernières La production industrielle s’est de nouveau repliée en semaines, la menace que fait peser l’épidémie de janvier (-0,3 % d’un mois sur l’autre), sous l’effet d’un net coronavirus sur l’économie mondiale a poussé les recul de la production énergétique en raison de la douceur autorités monétaires américaines à opter pour un des températures. L’activité manufacturière est quant traitement de choc. à elle restée stable, malgré les difficultés du secteur de l’aviation civile. Hors effet Boeing, la production La consommation privée ralentit légèrement manufacturière a progressé de 0,3 % sur un mois. Son Les dépenses de consommation privée ont ralenti au niveau ressort 0,8 % en deçà de celui de janvier 2018. Les mois de janvier. Mesurée sur un an, leur progression a indicateurs d’activité industrielle produits par les Fed de atteint 2,8 % en termes réels. Cette dernière a été New-York et de Philadelphie se sont nettement redressés, notamment freinée par la douceur du climat qui a limité la laissant penser qu’un redressement de la dynamique consommation d’énergie et les dépenses d’habillement. intrinsèque du secteur manufacturier était en train de s’opérer en lien avec la dissipation des tensions Cela suggère que les ménages n’ont pas restreint leur commerciales. consommation en répercussion des craintes liées à la propagation du coronavirus. Certes, le sujet était Cependant, les effets du coronavirus pourraient perturber toutefois beaucoup moins prégnant au mois de janvier cette phase de convalescence. Les indices PMI qu’il ne l’est devenu depuis. Toutefois, la confiance des (enquêtes auprès des directeurs d’achats) ont ménages est revenue à un niveau très élevé en dépit d’ailleurs fait état d’un léger décrochage de l’activité du fait que 20 % d’entre eux mentionnaient le coronavirus en février aux Etats-Unis, en grande partie imputable à comme un facteur de préoccupation, notamment en l’épidémie de coronavirus en Chine qui a conduit à un raison de la chute des marchés boursiers. Un tassement affaiblissement de la demande et à un allègement des de la confiance des ménages n’est donc pas à exclure carnets de commande. Toutefois cela est surtout le fait dans les prochaines semaines. du secteur des services dont l’indice de référence est passé de 53,4 en janvier à 49,4 en février. Certains L’inflation se maintient secteurs comme le tourisme sont particulièrement Bien que freinée par la baisse du prix du carburant, affectés. L’indice PMI manufacturier a beaucoup mieux l’inflation est ressortie à 2,5 % sur un an en janvier, sa résisté. Il est passé de 51,9 en janvier à 50,7 en février. plus forte hausse depuis octobre 2018. Cela s’explique L’indice ISM manufacturier a connu un effritement notamment par un effet de base qui devrait se dissiper au comparable (-0,8 point à 50,1) dans l’industrie. Par contre, cours des prochains mois et ramener l’inflation vers 2 %. son évolution dans le système non-manufacturier renvoie Hors énergie et produits alimentaires, les prix ont un message totalement différent de celui suggéré par maintenu leur avance à 2,3 %, un niveau auquel ils l’enquête PMI en raison notamment d’un redressement progressent depuis 4 mois, soutenus par l’accélération marqué des nouvelles commandes qui paraît difficilement des prix des loyers et de l’habillement. extrapolable. D’ailleurs l’appréciation de l’activité courante par les chefs d’entreprise a légèrement reflué par rapport Les créations d’emploi demeurent toujours aussi fortes au mois précédent. Elle demeure toutefois à un niveau L’économie américaine a créé 273 000 emplois en élevé. février. Ce chiffre ressort sensiblement au-dessus des Ressaut des commandes de biens d’équipement attentes. Il est toutefois trop tôt toutefois pour conclure à une éventuelle résistance du marché du Les commandes en volume de biens d’équipement travail américain au développement de l’épidémie de hors défense et aéronautique se sont redressées d’un coronavirus. La dynamique du mois de mars sera de ce mois sur l’autre en janvier (+1,1 %), après leur point de vue plus riche d’enseignements. tassement du mois de décembre. Leur progression sur un an demeure timide (+0,9 %). Un ressaut d’une ampleur Le secteur de la santé a été le plus dynamique comparable s’est opéré sur les livraisons. Cela laisse (+57 000 emplois). Prolongeant la tendance du mois de supposer que le recul de l’investissement en biens janvier, une forte contribution a également été d’équipement au cours du dernier trimestre de apportée par le secteur de la construction en raison l’année2019 se serait interrompu en janvier. Ce dernier a de températures particulièrement élevées pour la d’ailleurs été revu à -4,4 % au taux annuel lors de la saison. Plus généralement, tous les secteurs sensibles 2ème estimation des comptes nationaux (-2,9 % au climat (hébergement, loisirs) ont bénéficié de la initialement). -11-
ETATS-UNIS -12-
ETATS-UNIS Les dépenses d’investissement pourraient toutefois a constitué un tournant pour Joe Biden. Dans la foulée, avoir été sensiblement affectées par l’épisode de ce dernier a par ailleurs enregistré les ralliements de coronavirus. Pete Buttigieg et d’Amy Klobuchar notamment. Ceci lui a permis d’aborder le Super Tuesday sur une bonne La dynamique de l’investissement est affectée par des dynamique. Cette date constitue traditionnellement une mutations structurelles étape importante de la course à l’investiture. Au cours de L’investissement productif a sensiblement ralenti en cette journée, les électeurs démocrates de quatorze Etats 2019, contrastant avec le rebond observé en 2017 et ont été appelés à se prononcer pour désigner le futur 2018. Si l’évolution de l’investissement garde un caractère adversaire de D. Trump lors de la prochaine élection pro-cyclique, elle semble aussi affectée depuis le début présidentielle. A l’issue du vote, l’ancien vice-président des années 2000 par des mutations structurelles. l’a emporté dans neuf Etats dont le Texas. Son principal rival, B. Sanders dont le positionnement est L’investissement productif a connu un net plus radical, est arrivé en tête dans quatre Etats dont redressement en 2017 et 2018 (+5,4 % par an en la Californie qui est le principal pourvoyeur de délégués moyenne) après deux années de quasi-stagnation. Ce (415). E. Warren et M. Bloomberg ont été distancés. Ils redémarrage est en partie intervenu à la faveur de la ont d’ailleurs retiré leur candidature et le second a apporté réforme fiscale mise en place par l’administration son soutien à Joe Biden. américaine (même si une partie des économies d’impôts ont également été mobilisées pour financer des La Fed passe à l’action opérations de rachat d’actions). La dynamique semble Alors qu’un mouvement était anticipé par les investisseurs depuis s’être interrompue. L’investissement productif à l’occasion de la prochaine réunion du comité de la Fed a en effet connu un nouveau ralentissement en 2019 (17-18 mars), les autorités monétaires n’ont finalement (+2,1 %). Ce coup de frein est probablement en partie lié pas attendu cette échéance pour décider une baisse aux tensions commerciales sino-américaines et à de 50 points de base (pb) du taux des fonds fédéraux. l’attentisme qu’elles ont suscité de la part des chefs Ce dernier évolue à présent au sein d’une fourchette d’entreprise. Par ailleurs, les marges de manœuvre comprise entre 1,00 et 1,25 %. octroyées aux chefs d’entreprise via la réforme fiscale avaient peut-être engendré des dépenses anticipées. Un tel mouvement entre deux réunions ne s’était plus produit depuis la crise de 2008. Cette réaction soudaine Mais les questions quant à l’éventuelle faiblesse de de la Fed comporte certainement un caractère l’investissement outre-Atlantique sont fondées préventif. Les économistes de la Fed continuent d’ailleurs davantage sur des éléments structurels et dont de décrire l’activité comme étant robuste outre-Atlantique l’origine est parfois même antérieure au mais ils s’inquiètent des risques associés à l’épidémie de déclenchement de la crise financière de 2008-2009. coronavirus. A l’image des baisses de taux intervenues en En outre, ce n’est pas forcément la dynamique de 2019, les autorités monétaires américaines continuent de l’investissement productif au regard de celle du PIB privilégier les interventions préventives aux qui interroge mais plutôt son évolution relativement à traitements curatifs. la situation financière des entreprises, qui plus est, La banque centrale américaine a pris cette décision pour dans un environnement de taux d’intérêt bas qui soutient soutenir la confiance des investisseurs et des le rendement du capital investi. Des effets sectoriels entreprises en garantissant notamment l’accès au crédit peuvent notamment être mis en avant pour expliquer et au financement. In fine, l’objectif est de se prémunir le manque de vigueur de l’investissement. Les contre un choc de liquidité de se prémunir contre un secteurs les plus dynamiques et les mieux valorisés choc de liquidité et d’éviter ainsi une crise financière qui (high-tech, distribution) ne soutiennent pas autant s’ajouterait au dérèglement de l’économie lié à la crise l’investissement que le secteur manufacturier par le sanitaire. Mais, de l’aveu même de J. Powell, une passé. baisse de taux directeur ne sera pas d’une grande La déformation graduelle de la structure des efficacité face aux problématiques de rupture des dépenses d’investissement en faveur de leur chaînes d’approvisionnement. composante immatérielle (logiciels, brevets, marques, Cette action de la Fed voulait aussi rassurer les acteurs labels, processus opérationnels) est un autre élément économiques dans l’attente d’éventuelles annonces de d’explication. Plus difficile à comptabiliser, le capital mesures de soutien budgétaire jugées plus efficaces immatériel permet certes des économies d’échelle qui pour juguler les effets négatifs du choc actuel. Le soutiennent la productivité. Il peut néanmoins également Congrès a voté un fond d’urgence de 7,5 Md$ pour réduire la concurrence en favorisant les pouvoirs de lutter contre l’épidémie. Dans le même temps, marché (marketing, marques), ce qui entraîne une D. Trump a plaidé en faveur d’une baisse transitoire moindre efficacité de l’allocation des ressource d’un an de l’impôt sur le revenu. S. Mnuchin a pour sa susceptible de peser sur l’investissement. part évoqué un plan d’aide pour les banques et des investissements en infrastructures. Primaires démocrates : vers un duel Biden-Sanders Romain Sarron Alors qu’il avait accumulé les mauvaises performances dans l’Iowa, le New Hampshire et le Nevada, la primaire Achevé de rédiger le 06/03/2020 qu’il a confortablement remportée en Caroline du sud -13-
CHINE Chine : croissance du PIB 14 (variation trimestrielle en rythme annualisé et variation sur un an, %) 12 10 Variation sur un an Variation trimestrielle en rythme annualisé 8 T4 2019 : 6,0 % 6,1 % 6 4 2 0 Source : IHS, LBP Chine : ventes au détail en valeur et en volume 25 (variation sur un an, MM3, %) 20 valeur 15 déc.-19; 7,7 10 5 volume 5,3 0 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 Source : NBS, LBP Chine : Indices PMI de climat des affaires Caixin services 60 NBS non manuf. 55 50 45 40 NBS manuf. Caixin manuf. 35 30 25 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Source : IHS, IHS Markit, LBP -14-
CHINE Une crise économique majeure provoquée par le coronavirus L’épidémie de coronavirus qui touche la Chine depuis le mois de janvier a entraîné une paralysie de l’économie. L’activité semble reprendre mais les conséquences négatives sur l’économie chinoise - et mondiale- de la crise sanitaire pourraient être visibles à moyen terme. Comme chaque année, en raison des festivités du Nouvel 29,6 (après 54,1 en janvier). La maladie est apparue peu an lunaire, il n’y a que peu d’indicateurs disponibles pour de temps avant les festivités du Nouvel An chinois, une les mois de janvier et février, et la plupart ne seront publiés période durant laquelle des millions de Chinois qu’à partir de mi-mars. consomment plus que d’habitude et voyagent. Le confinement a de plus entraîné la fermeture de nombreux La Chine est à ce jour l’économie la plus touchée par restaurants, centre commerciaux ou encore cinémas. l’épidémie de coronavirus L’impact final de l’épidémie sur l’économie chinoise L’épidémie de coronavirus, a démarré en décembre dans devrait être important la province de Hubei. Elle touche à ce jour près de 100 000 personnes à travers le monde et a provoqué plus Au-delà de la seule catastrophe sanitaire que de 3 300 décès. La Chine est le principal pays représente cette épidémie, les conséquences concerné, avec plus de 80 000 cas mais le virus se négatives sur l’économie chinoise devraient être propage à présent sur tous les continents importantes. Il est encore délicat de chiffrer avec (cf. encadré p 4). Des mesures drastiques de mise en précision l’impact final de l’épidémie, celle-ci n’étant pas quarantaine ont été prises en Chine. Plus de 60 millions terminée, mais il devrait être bien plus grand que l’impact d’habitants ont ainsi été assignés à résidence sur du virus du SRAS en 2003 (un point de croissance du PIB l’ensemble du territoire et les mouvements de chinois en moins sur l’année). personnes ont été étroitement contrôlés. De L’économie chinoise est touchée par un choc de nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs demande, la consommation des ménages pâtissant vols en provenance et à destination de la Chine. de l’épidémie et des mesures mises en place pour la Les indices de climat des affaires sont au plus bas contenir. Des données encore parcellaires indiquent une forte chute des transactions dans l’immobilier, ainsi que Principal indicateur disponible pour le mois de février, des ventes dans le secteur automobile. Du côté de l’indice de climat des affaires PMI Caixin, basé l’offre, de nombreuses restrictions à la circulation principalement sur les réponses d’entreprises privées, a sont toujours en vigueur et la plupart des entreprises chuté (40,3 après 51,1 en janvier) dans le secteur fonctionnent encore en deçà de leur capacité. manufacturier. Cette détérioration importante de l’indice, qui indique à présent une contraction de l’activité dans le En dépit des améliorations sur le front sanitaire, la secteur, est directement liée à l’épidémie de Chine pourrait donc mettre du temps à retrouver un coronavirus. Les mesures mises en place par les niveau d’activité comparable à celui prévalant avant autorités chinoises suite à l’extension de l’épidémie à l’éclatement de l’épidémie. Le président Xi Jinping a partir du mois de janvier ont entraîné la baisse, voire insisté au cours du mois de février sur la nécessité de l’arrêt, de la production dans de nombreuses relancer rapidement l’économie. Les autorités sont en entreprises. L’indice relatif au niveau des ventes a train de mettre en place des mesures de soutien aux également diminué, de même que celui relatif aux entreprises, qui sont nombreuses à faire face à des nouvelles commandes en lien avec les mesures de problèmes de trésorerie. 174 Md$ de liquidités ont été restriction pour les livraisons et les annulations ou reports injectées sur le marché monétaire afin de faciliter les de commandes. En revanche, l’indice relatif aux crédits aux entreprises. La Banque centrale chinoise perspectives des entrepreneurs interrogés atteint son a baissé plusieurs taux de référence afin de réduire le plus haut niveau depuis cinq ans. Les entreprises coût de financement des banques commerciales. anticipent une reprise rapide de la production dès la levée La crise en Chine devrait peser sur la croissance mondiale des restrictions liées à l’épidémie. L’économie mondiale est également touchée via les Sur le même mois, l’indice officiel de climat des conséquences sur les chaînes de valeur mondiale affaires PMI NBS pour le secteur manufacturier, qui se dont la Chine est un maillon majeur. Le pays base surtout sur les réponses de grandes entreprises représente 30 % de la production industrielle mondiale et d’Etat, affiche également une baisse très marquée, à 15 % de l’ensemble des exportations de biens 35,7 (après 50,0 en janvier). Les deux indices PMI, manufacturés. La quasi-paralysie de l’économie pendant Caixin et NBS, ont atteint en février leur plus bas plus d’un mois et la lente reprise devraient entraîner des niveau (ils existent respectivement depuis avril 2004 et difficultés d’approvisionnement à l’échelle mondiale. janvier 2005), y compris au plus fort de la crise financière Les secteurs de l’électronique, mais également de de 2008. l’automobile et du textile, seraient particulièrement Dans le secteur des services, la moitié du PIB chinois, affectés. Par ailleurs, la baisse des voyages aura un effet l’indice PMI Caixin se détériore de manière encore négatif sur le secteur du tourisme dans le monde. plus marquée que dans le secteur manufacturier, à Flore Deschard 26,5 après 51,8 en janvier. L’indice officiel NBS chute à Achevé de rédiger le 05/03/2020 -15-
JAPON Japon : croissance de la production manufacturière et enquête PMI 60 Production (MM3, var. sur 3 mois 65 en rythme annualisé) 40 60 20 55 0 50 -20 45 -40 40 PMI manufacturier - Ech. de droite -60 (ligne continue = MM3) 35 -80 30 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 Source : IHS, Markit, LBP -16-
JAPON L’épidémie de coronavirus pourrait entraîner une récession de l’économie japonaise Le PIB japonais a chuté au 4ème trimestre 2019. Les perspectives restent dégradées pour le début de l’année 2020. L’épidémie de coronavirus en cours pourrait peser de manière importante sur une activité économique déjà fragile. Les indicateurs disponibles n’incitent pas à l’optimisme. L’activité japonaise a chuté au 4ème trimestre 2019 ailleurs en baisse en février, à un niveau relativement bas. Le PIB japonais a chuté de 7,1 % au 4ème trimestre 2019 (variation trimestrielle annualisée) Signe positif, le salaire moyen mensuel a augmenté après +0,5 % au trimestre précédent. Il s’agit de la plus sur un an en janvier (+1,5 % après une -0,2 % en forte contraction de l’activité observée au Japon décembre). Sa composante régulière, qui exclut les bonus depuis six ans. Plusieurs freins ont pesé sur l’activité et les paiements d’heures supplémentaires a augmenté économique nippone. Le Japon a ainsi été touché par le de 1,4 % après +0,3 % en décembre. Les salaires réels typhon Hagibis mi-octobre, qui a entrainé d’importants ont progressé sur un an (+0,7 %). dégâts matériels (en plus d’un lourd bilan humain) dans Sur le marché du travail, les tensions restent l’est et le nord du pays. Les entreprises exportatrices présentes mais ne s’aggravent plus. Le taux de japonaises ont été par ailleurs particulièrement chômage s’établissait à 2,4 % en janvier, sans sortir de la exposées aux retombées de la guerre commerciale fourchette de ses fluctuations mensuelles ordinaires. Le entre la Chine et les Etats-Unis. La Chine est le premier ratio des offres aux demandes d’emploi est par ailleurs en partenaire commercial du Japon, et plus de la moitié de légère baisse depuis cet été. ses ventes à l’étranger sont à destination de l’Asie. La demande intérieure a donc fortement baissé (-8,4 %). Le niveau de l’inflation reste très bas La consommation privée a chuté de 11,0 %, pénalisée La progression des prix à la consommation a notamment par la hausse de 2 points de la taxe sur la légèrement baissé en janvier, à +0,6 % sur un an, consommation (de 8 à 10 %) entrée en vigueur au 1er octobre. L’investissement des entreprises s’est après +0,8 % en décembre. L’indicateur de prix (hors également replié, de 14,1 %. La contribution du produits alimentaires frais) suivi par la Banque du Japon (BoJ) ne progresse que de 0,8 % sur un an, toujours bien commerce extérieur à la croissance a été positive en en deçà de l’objectif de la banque centrale (2 %). raison d’une chute des importations (-10,1 %). Les exportations se sont très légèrement repliées (-0,4 %). Le début d’année 2020 pourrait être marqué par un La situation des entreprises demeure préoccupante nouveau recul du PIB La crainte d’une récession pour l’économie nippone Pour le début de l’année 2020, les indicateurs disponibles (deux trimestres consécutifs de recul de l’activité) est font ainsi état d’une situation économique préoccupante. importante. En effet, l’épidémie de coronavirus devrait Au mois de janvier, les exportations (en volume) ont peser sur la croissance au premier trimestre 2020. La reculé de 4,6 % par rapport au mois de décembre. Les ventes à destination de la Chine ont notamment décliné, seule paralysie de l’économie chinoise au cours des dernières semaines (cf. Chine) devrait avoir un impact ce qui est cependant habituel à cette période de l’année négatif important sur l’industrie, le tourisme et les en raison des festivités du Nouvel an lunaire. Les exportations. La Chine est en effet le 1er partenaire importations se sont également repliées (-2,9 %), signe d’une demande intérieure dégradée. La production commercial du Japon et plus de 50 % des exportations manufacturière a augmenté en janvier (+0,9 % par japonaises se font à destination de l’Asie. rapport au mois précédent, après +1,0 % en décembre). Face à la chute des cours boursiers sur les principales Les entreprises japonaises devraient cependant pâtir des places financières, le gouverneur de la BoJ a annoncé perturbations des chaînes d’approvisionnement en raison que l’institution ferait tout son possible pour de l’épidémie de coronavirus. L’indice PMI de climat des « garantir la stabilité des marchés financiers » en affaires pour le secteur manufacturier s’est ainsi recourant si besoin à des injections de liquidités via établi à 47,8 en février (après 48,8 en janvier) et des opérations de marchés et des rachats d’actifs. Le indique une contraction de l’activité. La composante gouvernement japonais est de son côté accusé par une relative aux nouvelles commandes a notamment partie de l’opinion public d’avoir manqué de réactivité et décliné. L’indice de climat des affaires a chuté dans le d’avoir voulu minimiser l’épidémie afin de ne pas menacer secteur des services, à 46,8 (après 51,0). l’organisation des Jeux Olypiques de Tokyo prévus cet La consommation privée peine à repartir été. Le premier ministre a finalement demandé la fermeture de toutes les écoles de l’archipel jusqu’au Les ventes au détail ont légèrement augmenté en janvier début du mois d’avril. Le télétravail ou le recours à des (+0,6 %) après une quasi-stagnation en décembre. nounous ou baby-sitters est cependant peu répandu au Cependant, les premiers éléments relatifs à la Japon, entraînant d’importants problèmes d’organisation consommation pour le mois de février (données des qui pourraient peser sur l’activité économique. fabricants automobiles et des grands magasins) Flore Deschard semblent indiquer un repli de la consommation privée. L’indice de confiance des ménages est par Achevé de rédiger le 11/03/2020 -17-
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