" MA SANTÉ 2022 " CITOYENS ET TERRITOIRES - Coopération Santé

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" MA SANTÉ 2022 " CITOYENS ET TERRITOIRES - Coopération Santé
Colloque organisé par Coopération Santé
                   18 juin 2019 - Campus des Cordeliers - Paris

                          « MA SANTÉ 2022 »
                          CITOYENS ET TERRITOIRES

Avec le soutien institutionnel de : Bien Etre Assistance, LEO Pharma, Medtronic,
Pfizer, Sanofi Genzyme, ViiV Healthcare
Avec le partenariat de : ANEPF, AIDES, FFAAIR, Fédération Française des Diabétiques,
Les Généralistes-CSMF, France Psoriasis, USPO
" MA SANTÉ 2022 " CITOYENS ET TERRITOIRES - Coopération Santé
Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

    Programme

Accueil des participants et ouverture du colloque
Par Karine Lacour-Candiard, adjointe au directeur général adjoint du conseil
régional d’Ile-de-France : « La santé ne se réduit pas à l’offre de soins. »

1ère table ronde
animée par Alain Coulomb, président de Coopération Santé : Les nouveaux
horizons de la participation citoyenne
• Aurélien Beaucamp, président de l’Association Aides
• Roland Cash, économiste de la santé, projet télémédecine en dermatologie
• Albane Gaillot, députée du Val de Marne, La République en Marche
• Caroline Guillot, sociologue, Diabète LAB, Fédération Française des Diabétiques
• Christian Saout, membre du Collège de la Haute Autorité de Santé et de
   Coopération Santé
• Alexandre Von Lowis, responsable Affaires Publiques Medtronic France               © crédit photos : Trait de marque Paris

2ème table ronde
animée par Vincent Olivier, dirigeant de Recto Verso : Les territoires
• Gilles Bonnefond, président de l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’officine
   (USPO), pharmacien d’officine à Montélimar
• Dr Luc Duquesnel, président du syndicat Les Généralistes CSMF, médecin
   Généraliste à Mayenne
• Dr Céline Orhond, DG de la Plateforme Territoriale d’Appui (PTA) à Aix Marseille
• John Pinte, vice-président du Syndicat National des Infirmiers et Infirmières
   Libéraux (SNIIL)

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Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

3ème table ronde
animée par Pr Jean-François Bergmann, chef du département de
Médecine Interne (Hôpital Lariboisière) et professeur de Thérapeutique (Université
Paris Diderot) : Cas pratique d’interdisciplinarité au service du parcours de soins,
l’exemple de l’asthme sévère
• Pr Antoine Magnan, pneumologue, président de la CME du CHU de Nantes,
   président du Comité National de Coordination de la Recherche (CNCR)
• Dr Marc Zecconi, président de la CPTS Pôle de Santé du Champsaur Valgaudemar et
   représentant de l’URPS ML PACA

Conclusion - Grand témoin
Etienne Minvielle, médecin, économiste de la santé et enseignant en management

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Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

Santé et région : une vision stratégique
Premier désert médical du pays, l’Ile-de-France                                       qui ne se résument
est également en proie à des inégalités sanitaires                                    pas à la seule offre
prononcées. Si l’on se réfère au seul critère de l’es-                                de soins », confirme
pérance de vie, il existe un écart moyen de sept                                      Karine Lacour-Candiard.
ans entre les cantons les mieux et les moins bien                                     Cette vision se décline
lotis. Prérogative indirecte des conseils régionaux,                                  à travers une série
la santé n’en reste pas moins une priorité majeure                                    d’actions     “périphé-
pour les élus. « C’est une fonction vitale du ter-                                    riques”, à commencer
ritoire. C’est aussi un facteur-clé de la cohésion                                    par le renforcement
sociale », estime Karine Lacour-Candiard, adjointe                                    de la sécurité des pro-
du directeur général adjoint de la région Ile-de-                                     fessionnels. « Face à
France, qui fait office de pionnière en la matière.                                   la recrudescence des
Comme l’a souhaité l’exécutif, la santé est deve-                                     violences et des agres-
nue l’une des composantes fortes du programme            Karine Lacour-Candiard, sions, nous avons ini-
région solidaire. C’est d’ailleurs dans ce contexte      adjointe au directeur        tié un programme de
que Cédric Arcos a rejoint la région. « Le principal     général adjoint du           formation thématique
                                                         conseil régional d’Ile-
objectif est de maintenir et de soutenir l’attracti-                                  pour mieux prévenir
                                                         de-France : « La santé
vité d’une zone dont le rayonnement est mondial,         ne se réduit pas à l’offre les risques physiques
en retenant et en attirant de nouveaux talents »,        de soins. »                  et psycho-sociaux. »
                                                                                      Aménagement         des

      Une approche                                       transports associés aux lieux de soins, construc-
                                                         tion de logements pour rapprocher les soignants
  holistique de la santé                                 de leur lieu d’exercice, réflexion en cours sur des
                                                         expérimentations novatrices dans le champ de
explique-t-elle. La “politique sanitaire” du Conseil     la télémédecine : le Conseil régional a pris des
régional passe par un soutien financier, notam-          mesures concrètes.
ment via la participation au financement des mai-        Au même titre que la réinsertion dans la société
sons de santé pluriprofessionnelles. Elle a éga-         des personnes ayant été confrontées au cancer,
lement une dimension partenariale. « Notre rôle          l’éducation s’inscrit dans cette même logique
consiste à identifier et à mobiliser les nombreuses      transversale. Des choix stratégiques ont été ef-
compétences du territoire, ce qui implique de faire      fectués. « Il s’agit notamment de sensibiliser les
le lien entre les différentes parties prenantes. »       jeunes générations et leurs parents aux consé-
                                                         quences de certaines addictions ou encore au
Des actions concrètes et transversales                   manque de sommeil. » Le sport occupe aussi une
Logement, transport, éducation, sport… Tous les          place importante dans ce schéma d’intervention,
spécialistes en conviennent, les déterminants de         notamment à travers la mise en place d’infras-
la santé sont multiples. Et dans ces domaines,           tructures dédiées. « La pratique d’une activité
le Conseil régional a clairement son mot à dire.         physique régulière concourt inévitablement à la
« Nous cherchons à promouvoir une approche ho-           préservation et à l’amélioration du capital santé »,
listique de la santé, en actionnant différents leviers   ne manque-t-elle pas de rappeler.

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LEO Pharma,RCS Versailles n°572 208122 - SAS au capital de 9.000.000€

                                                                        LEO Pharma :
                                                                        faire avancer la dermatologie médicale
                                                                        Chez LEO Pharma, nous              Nous mettons les patients        Implantée en France depuis         Pour en savoir plus :
                                                                        avons pour mission d’aider         au cœur de chacune de nos        1958, la filiale est aujourd’hui
                                                                        les patients à avoir une           actions et de nos décisions      la première du Groupe avec              www.leo-pharma.fr
                                                                        peau saine.                        pour répondre au mieux à         plus de 600 collaborateurs,
                                                                                                           leurs besoins.                   un siège social et un site de           @LEOPharmaFR
                                                                        Portés par notre esprit                                             production.
                                                                                                                                                                                    LEO Pharma France
                                                                        pionnier, nous recherchons         Notre ambition est d’aider
                                                                        constamment à améliorer            125 millions de patients d’ici   LEO Pharma France est                   www.linkedin.com/
                                                                        et à repousser le champ des        2025.                            reconnue pour ses expertises            company/leo-pharma-
                                                                        possibles pour les patients.                                        en dermatologie médicale                france/
                                                                                                           LEO Pharma, dont la              et en thrombose.
                                                                        Appartenant à une                  maison mère est basée au
                                                                        Fondation, nous pouvons            Danemark, compte                                                    LEO Pharma
                                                                        adopter une vision à long          5 500 collaborateurs dans le                                        2 rue René Caudron
                                                                        terme et penser avant tout         monde, qui aident 76 millions                                       78 960 Voisins le Bretonneux
                                                                        aux besoins des patients.          de patients dans 130 pays.                                          Tél 01 30 14 40 00

                                                                        * La dermatologie au-delà de la peau
                                                                        ©LEO Pharma 2019 – 2019 / 39I – 06 / 2019
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Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

     Table ronde 1

Les nouveaux horizons de la participation
citoyenne
La philosophie générale ne souffre d’aucune contesta-           Cette approche plus transversale de la prise en charge
tion : la restructuration de l’offre sanitaire dans les ter-    est porteuse d’une autre évolution tout aussi fonda-
ritoires devra permettre d’améliorer l’accès aux soins,         mentale, celle d’une participation accrue du patient
en particulier dans les déserts médicaux. Les nouveaux          dans la gestion du périmètre sanitaire. La volonté
modes d’organisation et de financement déployés de-             politique est telle, qu’il pourrait être davantage impli-
vront favoriser la coordination des soins, en facilitant        qué dans la co-construction du parcours de soins et la
notamment les coopérations entre la ville et l’hôpital          définition des projets de santé locaux, mais aussi dans
pour limiter les pertes de chance.                              leur évaluation.

  Alain Coulomb, président de Coopération Santé : « Les patients seront le levier du changement »
  La place des usagers dans le système de santé n’est          Socio-culturelle, la mutation est aussi systémique :
  plus un simple sujet de débat. Au cours des trente           « Les associations de patients ont pris de l’ampleur.
  dernières années, la donne a considérablement                Elles sont aujourd’hui devenues un vrai contre-pou-
  changé. Pour Alain Coulomb, la mutation est d’abord          voir. » Si ces réalités fondamentales se heurtent
  individuelle. « Nous avons observé un rééquilibrage          encore aux réticences des syndicats médicaux
  progressif de la relation soignant/soigné. Mieux             et aux désidératas de l’administration centrale, le
  informés, les patients veulent mieux comprendre              gouvernement a fait du patient l’un des piliers de
  les enjeux de leurs traitements. Ils ne sont plus            la réforme du système de santé. « C’est un levier
  subordonnés à l’autorité paternaliste du médecin.            légitime, porteur d’un changement nécessaire pour
  Ils sont acteurs de leur propre maladie », estime le         rénover un appareil sanitaire vieillissant », assure
  président de Coopération Santé.                              Alain Coulomb.

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Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

La longue marche vers la démocratie                          cette approche novatrice devra cependant être systéma-
sanitaire                                                    tisée à tous les modes de prise en charge.
Quasi-absents des débats, les usagers devront néan-          Autre signe du temps, les données de santé et l’intel-
moins trouver leur place de ce nouvel écosystème.            ligence artificielle devrait faciliter cette transformation
Pour partie responsable de cette “mise à l’écart”, leurs     systémique. Tous ces “marqueurs” de l’état de santé
associations représentatives auront un rôle déterminant      de la population feront du citoyen un acteur éclairé de
à jouer, notamment en matière d’accompagnement du            la décision sanitaire. La mise à disposition de certains
changement. Elles devront surtout trouver le moyen de        outils technologiques, à l’instar du DMP, pourrait éga-
valoriser un savoir profane, aujourd’hui sous-estimé et      lement renforcer la place des usagers dans la chaîne
sous-exploité.                                               de soins.
Le constat est sans appel : le mouvement d’émancipa-
                                                              Sommaire
tion des patients s’apparente à un véritable “chemin
de croix”. Malgré les avancées plus ou moins récentes,        Christian Saout, membre du collège
les patients n’ont pas encore trouvé leur place dans les      de la HAS et de Coopération Santé                   p. 8
instances de décision, même s’ils sont parfois associés
                                                              Aurélien Beaucamp, président
à la concertation, comme ce peut être le cas dans cer-
                                                              de l’association Aides                             p. 10
taines procédures d’évaluation à la HAS. Si le malade
n’est plus le simple spectateur qu’il était, il n’est pas     Roland Cash, économiste de la santé et consultant
encore devenu le véritable acteur de sa propre maladie.       au sein du cabinet Les Asclépiades         p. 11
                                                              Caroline Guillot, sociologue et responsable du
Un nouvel espoir
                                                              Diabète LAB de la FFD 	                        p. 12
La réforme du système de santé pourrait-elle réellement
inverser la tendance ? La plupart des experts semblent        Alexandre von Lowis, responsable Affaires
le penser. Symbole de cette révolution, l’expérience pa-      Publiques Medtronic France 	                       p. 13
tient et la qualité de vie ressentie pourraient prochaine-
                                                              Albane Gaillot, députée LREM
ment devenir des critères d’évaluation des parcours de
                                                              du Val de Marne                                    p. 14
soins. Actuellement soumise au régime expérimental,

                                                                                                                         7
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Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

Evaluation : une place à prendre !
La question n’est pas nouvelle, mais elle revient                           Christian Saout, membre
régulièrement sur le devant de la scène. Depuis                             du collège de la HAS et
trente ans, le positionnement des patients dans                             de Coopération Santé :
                                                                            « La participation des
le système de santé s’est progressivement                                   usagers est évidente dans
consolidé, au gré des lois et des outils qui ont                            la recherche, moins dans
été mis à leur disposition. Un problème de taille                           l’évaluation. »
demeure pourtant : leurs associations représen-
tatives n’ont toujours pas voix au chapitre de la
décision sanitaire. « Si la participation des usa-   moins quelques raisons d’espérer : « La prise en
gers est évidente dans la recherche, elle l’est      compte de l’expérience patient pourrait prochai-
moins dans l’évaluation. Il faut bousculer les ha-   nement devenir un critère à part entière dans
bitudes. L’un des enjeux consistera notamment        les nouveaux modes de financement des soins. »
à promouvoir une approche plus qualitative, qui
intègrera davantage le ressenti des malades »,       Un débat renouvelé
préconise Christian Saout, membre du collège de      Malgré la faible dotation actuelle des incita-
la HAS et de l’association Coopération Santé. Ces    tions financières à la qualité, soit environ 300
dernières années, la mobilisation des patients       millions d’euros, l’article 51 ouvre le champ
n’a pas faibli, bien au contraire. Les Etats Géné-   des possibles. L’avènement des PROMS et des
raux du cancer, du rein, du diabète ou encore du     PREMS donne même un peu plus d’ampleur à
sida ont débouché sur des orientations promet-       ce phénomène. « Les analyses de l’expérience
teuses. A titre d’exemple, la qualité des soins      et du résultat apporteront plus de profondeur à
est aujourd’hui mieux considérée dans certaines      l’évaluation. Plus pratique et plus humaine, cette
procédures d’évaluation, en particulier dans le      philosophie doit désormais être formalisée. Elle
domaine de la néphrologie.                           devra notamment faire l’objet de recommanda-
                                                     tions méthodologiques strictes », prévient Chris-
Une intensité variable                               tian Saout.
Les initiatives sont encore timides. « Exception
faite de quelques indicateurs, nous sommes
très loin d’un financement à la qualité », estime
                                                      Des avancées timides,
Christian Saout. Certains événements récents               mais réelles
pourraient néanmoins inverser la tendance. L’ap-
préciation du résultat pourrait-elle réellement      Autre signe du temps, la révolution numérique
devenir la norme, en matière d’évaluation ?          devrait faciliter cette transformation systémique.
« Cette hypothèse est clairement évoquée dans        « Les données de santé et l’intelligence artifi-
le discours public. Elle dépasse le cadre du ren-    cielle pourraient nous permettre d’aller plus vite
forcement de la sécurité de soins ou de la lutte     et plus loin dans l’analyse », confirme-t-il. A
contre les infections nosocomiales », répond-il,     l’orée d’une réforme très attendue sur la refonte
non sans faire preuve d’une certaine prudence        des critères d’évaluation du médicament, la ré-
quant à sa déclinaison opérationnelle. Certaines     flexion prend une tournure plus concrète. Le défi
expérimentations en cours lui donnent néan-          sera collectif. Il sera aussi sociétal.

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" MA SANTÉ 2022 " CITOYENS ET TERRITOIRES - Coopération Santé
Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

                                                                                                                           À VOS CÔTÉS

                                                                                                                                                                           CONTRE
NP-FR-HVU-ADVT-190004 - Avril 2019 - © 2019 ViiV Healthcare S.A.S. ou ses concédants. Tous droits réservés.

                                                                                                                                                                           LE VIH
                                                                                                                                                                            37 MILLIONS
                                                                                                                                                                            DE RAISONS DE RÉUSSIR.

                                La personne représentée est un mannequin-photo, uniquement utilisée à des fins d’illustration.

                                                                                                              ViiV HEALTHCARE S.A.S.
                                                                                                              23, rue François Jacob, 92500 Rueil-Malmaison – Tél. : 01 39 17 69 00
                                                                                                              S.A.S. au capital de 1 640 000 € – 413 900 382 RCS Nanterre                            9
                                                                                                              Information médicale – Tél. : 01 39 17 69 69, e-mail : infomed@viivhealthcare.com
" MA SANTÉ 2022 " CITOYENS ET TERRITOIRES - Coopération Santé
Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

« Ma Santé 2022 » : une avancée majeure
pour les usagers ?
Le constat est implacable. Le mou-                                       sanitaire. Un vœu pieux, plus qu’une
vement d’émancipation des patients                                       réalité opérationnelle, qui aura tou-
s’apparente à un véritable “chemin de                                    tefois débouché sur l’octroi de plu-
croix”. Si les premiers malades du sida                                  sieurs droits fondamentaux. Dans une
font aujourd’hui office de pionniers,                                    moindre mesure, la loi Touraine (2016)
la prise de conscience des autorités                                     et la loi Buzyn (2019) comportent éga-
publiques n’aura pas été immédiate,                                      lement quelques avancées notables.
loin s’en faut. « Tout a débuté, il y a                                  Le travail des militants de la première
trente-cinq ans, dans une indifférence                                   heure, à l’instar de Christian Saout,
quasi générale. Nombre de malades                                        commencerait-il à porter ses fruits ?
                                             Aurélien Beaucamp,
étaient alors livrés à eux-mêmes, face président de l’association « Le patient possède un savoir profane,
à des médecins qui ne savaient pas tou- Aides : « Nous devrons à la fois sous-estimé et sous-exploité.
jours les soigner ni comment évoquer trouver un moyen de                 Les mentalités évoluent lentement.
leur infection. A l’origine de la démarche valoriser l’engagement C’est une lutte de chaque instant, un
                                             et l’expérience patient. »
communautaire, il y avait la volonté de                                  combat permanent », répond Aurélien
se réunir, de partager des expériences et de trou-           Beaucamp. Selon lui, le plan « Ma Santé 2022 »
ver des solutions communes. Il y avait l’envie de            pourrait néanmoins favoriser l’émergence d’une
devenir maître de notre destin », rappelle Aurélien          approche plus participative. « La qualité de vie
Beaucamp, président de l’association Aides.                  ressentie par les patients pourrait devenir l’un des
A force de travail et de persévérance, les associa-          nouveaux marqueurs de l’évaluation et du finan-
tions d’usagers se sont multipliées au fil du temps.         cement des soins », se félicite-t-il.
Elles se sont professionnalisées. Elles se sont pro-
gressivement fédérées. Elles ont aussi pris de l’am-         La lutte continue…
pleur, comme en témoigne la création de France               Pour les patients, la prochaine étape consistera
Assos Santé, qui réunit actuellement plus de 80              à s’impliquer davantage dans l’organisation des
membres. Pour autant, les patients n’ont pas encore          parcours de soins. Les défis ne manquent pas.
trouvé leur place dans les instances de décision,            Quasi-absents des débats, les usagers devront no-
même s’ils sont parfois associés à la concertation,          tamment faire entendre leur voix dans la prise en
comme ce peut être le cas dans certaines procé-              charge et le suivi des cancers. Pour partie respon-
dures d’évaluation à la HAS. Si le malade n’est plus         sable de cette “mise à l’écart”, les associations
le simple spectateur qu’il était, il n’est pas encore        devront se remettre en question. « Nous devrons
devenu le véritable acteur de sa propre maladie.             trouver un moyen de valoriser l’engagement et
                                                             l’expérience patient, mais aussi de construire des
Un savoir profane sous-estimé                                démarches plus pérennes et plus systématiques.
et sous-exploité                                             Cette mutation devra avoir une dimension col-
Durant toutes ces années, le législateur a maintes           lective et collaborative, impliquant les autorités
fois tenté de renforcer le positionnement des                sanitaires, les soignants et les usagers », explique
usagers dans le système de santé. En 2002, la                Aurélien Beaucamp. Elle devra surtout être portée
loi Kouchner posait les bases d’une démocratie               par une volonté politique forte.

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Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

Télémédecine : un acte manqué
Depuis le 15 septembre 2018, tout médecin peut                                    Roland Cash, médecin,
proposer à ses patients de réaliser une consul-                                   économiste de la
tation à distance, pour toute situation médicale                                  santé et membre du
qu’il jugera adaptée, dans les mêmes conditions                                   comité scientifique du
                                                                                  projet de télémédecine
de prise en charge qu’un colloque singulier tradi-                                en dermatologie
tionnel. Cette pratique doit notamment contribuer                                 TelePso : « Un projet de
à favoriser l’accès aux soins, en particulier dans                                télémédecine ne peut
les zones sous-dotées en professionnels de santé.                                 pas se concevoir sans les
Les objectifs sont ambitieux. Le gouvernement                                     patients. »
table sur la réalisation de 500 000 actes, dès
cette année.                                            des manques à combler. Partie prenante d’une
Malgré les espoirs suscités, le succès n’est pas        expérimentation dans le psoriasis, qui sera lan-
vraiment au rendez-vous. Six mois après son lan-        cée en fin d’année par le laboratoire LEO Pharma,
cement officiel, un peu moins de 8 000 télécon-         Roland Cash pose les enjeux de l’évaluation de
sultations avaient été remboursées par la Sécurité      cette démarche. « Qu’il s’agisse d’un simple avis
sociale. Si le rythme s’est progressivement accen-      ou d’une analyse de cas plus approfondie, le point
tué, avec plus de 700 actes par semaine depuis          de vue du patient est déterminant. La question de
la mi-février, les chiffres ne sont pour le moment      l’utilité pour le patient est une problématique cen-
                                                        trale qu’il faut aborder d’emblée », confirme-t-il.
          Une demande                                   Mieux intégrer les patients
           surestimée ?                                 Pour maximiser les chances de réussite, les
                                                        patients doivent selon lui intervenir à toutes les
pas à la hauteur des prévisions. Comme souvent,         étapes de la procédure, de sa configuration à
les causes sont multifactorielles. « Les pouvoirs       son évaluation. « L’expérience patient doit être
publics ont probablement surestimé la demande.          mieux considérée, en amont et en aval. Cette
Peut-être aurait-il également fallu solliciter davan-   donnée a une dimension subjective, mais elle est
tage les patients pour mieux cerner leurs attentes      indispensable, ne serait-ce que pour percevoir les
et leurs besoins réels », relève Roland Cash, éco-      évolutions ressenties. Elle permettrait notamment
nomiste de la santé et consultant pour un cabinet       de mieux évaluer l’intérêt et l’efficacité de la
de conseil spécialisé (Les Asclépiades).                télé-expertise. L’aspect purement médico-écono-
                                                        mique est secondaire dans ce type d’approche »,
Le défi de l’utilité                                    explique Roland Cash.
Instaurée en février dernier, la télé-expertise         Dans le champ des pathologies chroniques,
répond à cette même logique. Ici aussi, le défi         l’expertise profane sera d’autant plus détermi-
consiste à améliorer l’accès à des avis spéciali-       nante. « Le rôle des associations de patients sera
sés dans des disciplines médicales sous tension.        essentiel, notamment en matière d’accompagne-
Avec des délais de rendez-vous de plus en plus          ment et de suivi des projets de télémédecine »,
longs, la dermatologie est assez emblématique           assure-t-il.

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Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

Industrie de santé : une nouvelle
approche des soins
La place du patient dans le système de santé                                 privilégiés. Un “rapproche-
n’a cessé d’évoluer avec le temps. En marge du                               ment” qui s’avère d’autant
développement de l’internet, des forums ou des                               plus nécessaire que la com-
réseaux sociaux, les associations d’usagers auront                           plexité des solutions théra-
été l’un des principaux moteurs de la transforma-                            peutiques tend à s’accroître.
tion. « Sans négliger l’influence du législateur, les                        « L’émergence de l’intel-
patients n’ont pas attendu les actions des pouvoirs                          ligence artificielle et des
publics pour s’organiser, notamment en raison           Alexandre von        données de santé appellent
du développement des pathologies chroniques,            Lowis,               de nouveaux modes de
avec lesquelles ils doivent vivre au quotidien »,       responsable affaires collaboration, mais aussi
affirme Alexandre von Lowis, responsable affaires       publiques de         de nouvelles formations,
                                                        Medtronic France :
publiques de Medtronic France, un fabricant de          « Les patients sont notamment pour permettre
dispositifs médicaux spécialisé dans la cardiologie,    au cœur de nos       aux patients d’en tirer le
la neurologie, le diabète et la chirurgie mini-inva-    activités. »         meilleur parti. »
sive. Les industries de santé appuient naturelle-
ment cette tendance systémique. « L’innovation          Un rôle accru dans les territoires
doit avant tout répondre aux besoins des patients.      Au-delà des produits, les industriels veulent
Si nous arrivons à mieux cerner leurs attentes,         s’impliquer durablement dans la restructuration
nous pourrons orienter la recherche de nouveaux         territoriale de l’offre de soins. « Plus engagés,
produits en conséquence », confirme-t-il.               nous serons plus efficaces, en particulier dans le
                                                        champ de l’observance thérapeutique », estime
Les nouveaux visages de l’innovation                    Alexandre von Lowis. Certains obstacles devront
L’accès facilité à des informations pratiques et        toutefois être franchis. « La dimension organisa-
utiles, notamment quant à l’utilisation de cer-         tionnelle de l’innovation doit être mieux considé-
tains dispositifs, est également un enjeu critique.     rée. Mieux partagée, l’innovation doit désormais
L’émergence des nouvelles technologies semble           être mieux diffusée, ce qui sous-entend une parti-
favoriser les choses. « L’exemple du diabète est        cipation accrue des entreprises de santé au niveau
caractéristique des changements à l’œuvre. Il est       local. » Les associations de patients joueront un
aujourd’hui possible de suivre sa glycémie sur son      rôle prépondérant dans cette nouvelle donne
smartphone. C’est un moyen efficace de mieux            sanitaire. « Les retours du terrain seront essentiels
contrôler la maladie, mais aussi de redonner du         pour mieux cerner le potentiel d’un traitement. La
pouvoir aux patients, qui deviennent davantage          dimension clinique est cruciale, mais la qualité de
acteurs de leur traitement », constate Alexandre        vie et l’expérience patient doivent être mieux éva-
von Lowis.                                              luées et mieux prises en compte dans le finance-
Le rôle d’accompagnement des industriels ne se          ment des soins. Les patients et les professionnels
limitent pas aux malades chroniques. La régle-          de santé y sont favorables. Nous aussi ! » De ce
mentation limitant fortement les liens directs          point de vue, le plan « Ma Santé 2022 » ouvre le
entre les entreprises de santé et les patients,         champ des possibles. Reste désormais à traduire
les “soignants” demeurent des interlocuteurs            ces intentions dans les faits.

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Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

Expérience patient : les bienfaits
de l’approche communautaire
Innovation technique et sociétale, le Dia-                       sances, de devenir acteur de leur propre
bète LAB conçoit et réalise des études                           maladie », relève-t-elle, s’appuyant
sur la vie quotidienne des patients                              notamment sur les résultats d’une étude
diabétiques, mais aussi sur le vécu et                           thématique, récemment publiée par le
l’usage des dispositifs médicaux qui les                         Diabète LAB. Une segmentation plus fine
concernent. Imaginé par la Fédération                            des différentes catégories de malades
française des diabétiques (FFD), cet outil                       paraît donc indispensable pour bonifier
doit surtout permettre d’alimenter et                            l’expérience patient. « Cette évolution
structurer l’expérience patient, avec des                        suppose également l’adoption d’une vé-
bénéfices notables à la clef. « Contraire-                       ritable démarche qualité », ajoute-t-elle.
ment à une croyance largement répan- Caroline Guillot,
due, les patients ne savent pas toujours sociologue et           Le défi de la connaissance
ce qui est bon pour eux. L’enjeu consiste responsable du         Le défi de l’utilité et de l’engagement,
donc à leur fournir des outils pratiques Diabète LAB de la c’est aussi le défi de la connaissance.
pour utiliser durablement les dispositifs FFD : « La qualité     « Un patient concerné, c’est un patient
                                           de vie ressentie par
médicaux et les traitements dont ils les usagers pourrait bien sensibilisé et bien informé », sou-
ont besoin », explique Caroline Guillot, prochainement           ligne Caroline Guillot. De ce point de
sociologue et responsable du dispositif devenir l’un             vue, la “communauté” peut beaucoup
au sein de la FFD. Pour être profitable, des critères de         apporter. « Elle permet aux patients
l’innovation doit d’abord être ressentie l’évaluation des        d’échanger, de se comparer, de confron-
                                           parcours de soins. »
par l’usager : « L’important, c’est qu’il                        ter leurs expériences, et parfois même
prenne conscience de l’intérêt d’une solution. Il      de susciter une prise de conscience. L’approche
doit en percevoir les bénéfices, anticipés ou im-      communautaire à des vertus éducatives, pédago-
médiats. L’association doit le lui démontrer. C’est    giques et thérapeutiques. Elle peut contribuer à
notre responsabilité. »                                l’évolution des comportements. »

Adapter les messages
Si les avancées médicales autour de la patholo-
                                                                 Donner du sens
gie ont une dimension fédératrice par essence,                   à la pathologie
tous les patients ne sont pas réceptifs aux mêmes
signaux. « Il faut impérativement adapter le mes-        Nourrie par la communauté, l’expérience patient
sage à la bonne cible pour gagner en efficacité          semble enfin trouver grâce aux yeux des pouvoirs
dans la prise en charge », confirme-t-elle. Le cas       publics, comme le démontre l’article 51 de la LFSS
pratique de l’utilisation des données de santé dans      2018. Pour l’instant soumise au régime expéri-
le cadre de la télé-expertise illustre bien cette dif-   mental, la qualité de vie ressentie par les usagers
ficulté. « Certains patients sont prêts à offrir leurs   pourrait prochainement devenir l’un des critères
données, s’ils ont la garantie que leur usage sera       de l’évaluation des parcours de soins, dans le
un facteur d’amélioration de leur santé. D’autres        cadre d’une tarification à l’épisode de soins ou à
y voient un moyen d’engranger des connais-               la pathologie.

                                                                                                          13
Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

Loi de santé : plaidoyer pour un patient
acteur de sa santé
                        Responsable du projet de        large échelle, la création d’un espace numérique
                        loi relatif à l’organisation    de santé devrait « faciliter cette transition ».
                        et à la transformation du       La “démocratisation” des données de santé
                        système de santé pour le        trace sans aucun doute les perspectives les plus
                        groupe LREM, Albane Gaillot
                        a le sentiment du « devoir
                        accompli ». Selon elle,
                                                                 « Le partage
                        ce texte est la traduction            des données sera
Albane Gaillot,
députée LREM du
                        concrète d’une promesse               un enjeu majeur »
                        de campagne, celle de re-
Val de Marne :
« Les patients          placer le patient au centre     constructives. « Tous ces “marqueurs” de l’état
seront au centre de du débat, de l’associer aux         de santé de la population feront du citoyen un
la réforme du sys- réflexions, mais aussi d’en          acteur éclairé de la décision sanitaire », confirme
tème de santé. »        faire un acteur impliqué        Albane Gaillot. La notion de partage sera toutefois
dans la co-construction du parcours de soins et la      essentielle. « Le partage des données est un sujet
définition des projets de santé dans les territoires.   sensible, mais c’est une condition sine qua non
Simple évolution ou vraie révolution ? Seul l’ave-      pour enrichir l’intelligence collective, en particu-
nir le dira. Plutôt optimiste, la députée du Val de     lier dans le domaine de la santé. »
Marne émet néanmoins certaines réserves. « La
satisfaction du patient sera un critère détermi-        Un potentiel à confirmer
nant, tant en matière d’évaluation que de finan-        La question de la contribution citoyenne sera donc
cement des soins, mais nous ne pourrons pas             décisive. Publiques, privées ou personnelles, les
nous contenter de simples expérimentations. Il          sources d’approvisionnement seront multiples. Le
faudra trouver un moyen de systématiser cette           Health Data Hub aura la lourde tâche de compiler
approche à tous les modes de prise en charge »,         et de croiser toutes les données disponibles, en
prévient-elle.                                          vue de bâtir une médecine plus prédictive, plus
                                                        préventive, plus précise, plus personnalisée, mais
Le virage des données de santé                          surtout plus collaborative.
De toute évidence, la réforme du système de             Plusieurs problématiques devront cependant être
santé dépasse le strict cadre de l’organisation et      résolues, notamment en matière d’utilisation et
de la tarification des soins. La révolution numé-       d’exploitation des données. Il y a un enjeu d’inte-
rique sera assurément l’un des principaux vecteurs      ropérabilité pour simplifier l’accès à ces informa-
de ce bouleversement culturel. Pour les patients,       tions. Il ya également un enjeu d’enrichissement
le changement sera notamment fonction d’un              de la donnée pour en tirer le meilleur bénéfice.
meilleur accès à une information aujourd’hui            Il y a par ailleurs un enjeu de sécurité et de pro-
« dispersée, méconnue et peu lisible ». La mise         tection de la vie privée pour éviter les dérives
à disposition de certains outils technologiques, à      mercantiles. « Le respect de la réglementation et
l’instar du DMP, pourrait également renforcer la        l’accompagnement des acteurs seront deux défis
place des usagers dans la chaîne de soins. A plus       majeurs », insiste Albane Gaillot.

14
@ Geber86

                                                                                                                        R&D investors official European ranking (2018): EU R&D Scorecard. EU members (Except Switzerland) - 2Direction générale des douanes - Classement Le Kiosque : chiffres du commerce extérieur 2016;
                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Direction Communication France 7000026294-09/2018
                                                                                                                                      1
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Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

   Table ronde 2

A la conquête des territoires
La réforme du système de santé doit permettre d’améliorer         construit dans la durée et dans la confiance. Les profession-
la coordination des soins, en tenant mieux compte des be-         nels de santé devront donc apprendre à travailler ensemble
soins de chaque territoire. Communautés professionnelles          autour d’un objectif commun, celui d’offrir la meilleure prise
territoriales de santé, plates-formes territoriales d’appui,      en charge possible à leurs patients. En fonction des parti-
maisons de santé pluriprofessionnelles : l’émergence des          cularités d’un territoire ou de l’intérêt de santé publique,
structures d’exercice collectif devront y contribuer. Selon les   la délégation de certaines tâches pourra être envisagée,
experts, l’un des principaux enjeux consistera notamment          dans un cadre bien déterminé. Il appartiendra notamment
à éviter l’empilement des structures et la confusion des
genres.
De toute évidence, la restructuration de l’offre de soins de          Eviter l’empilement
proximité ne se fera pas sans heurts. Au-delà des modalités           des structures et la
d’organisation, la gouvernance des parcours de soins pour-
rait raviver des tensions interprofessionnelles prégnantes           confusion des genres
dans le secteur. La délégation des tâches et le partage
d’information entre les différents acteurs de la prise en         aux autorités sanitaires compétentes d’établir des proto-
charge seront des défis majeurs. La coopération entre la          coles adaptés et sécurisés qui participeront à satisfaire une
ville et l’hôpital sera tout aussi fondamentale, notamment        demande de soins non programmés, en constante aug-
pour limiter les pertes de chance des patients.                   mentation.
                                                                  Agir pour ne pas subir : telle pourrait être la devise des
Agir pour ne pas subir                                            acteurs des soins de proximité, appelés par leurs centrales
Techniques, ces évolutions seront également pratiques et          syndicales respectives à prendre leur destin en main. La
culturelles. L’expérience collective ne se décrète pas. Elle se   pluralité, la souplesse et l’adaptabilité des organisations

16
Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

seront l’une des clefs de la réussite. Un mot d’ordre émerge     fait pas l’unanimité, notamment chez les médecins libé-
assez nettement : la réalité du territoire devra être consi-     raux. Très attachés au paiement à l’acte, ils s’opposent au
dérée avant les contraintes administratives et budgétaires.      principe d’un paiement forfaitaire, qu’ils jugent inadapté à
                                                                 la réalité de la pratique médicale.
Des zones d’incertitudes                                         A plus large échelle, tous les acteurs s’inquiètent des mo-
Prometteuse, la réforme du système de santé comporte             dalités concrètes du partage des revenus, dans le cadre
toutefois plusieurs zones d’ombre. Tous les spécialistes         d’une prise en charge coordonnée.
s’accordent sur ce point, une meilleure coordination de
la prise en charge passera inévitablement par la mise à
disposition de systèmes d’information partagés. L’absence         Sommaire
d’une solution interopérable, largement diffusée, pourrait
                                                                  Gilles Bonnefond, président de l’USPO              p. 18
freiner la dynamique interprofessionnelle. Autre incertitude
notable, les professionnels de santé devront s’adapter à la       Luc Duquesnel, président du syndicat « Les Géné-
culture du résultat et de l’évaluation, à laquelle ils ne sont    ralistes-CSMF »                             p. 20
pas ou peu habitués.                                              Celine Ohrond, directrice générale de la PTA d’Aix-
Qu’il s’agisse de la tarification à l’épisode de soins ou à       Marseille                                     p. 22
la pathologie, les nouveaux modes de rémunération sou-
lèvent également de nombreuses interrogations. Privilégiée        John Pinte, vice-président du SNIIL	 p. 23
par les pouvoirs publics, l’idée d’un paiement combiné ne

                                                                                                                           17
Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

Soins non programmés : le nouvel
Eldorado de l’officine
                          Gilles Bonnefond,            pourront bénéficier plus facilement et plus rapide-
                          président de l’USPO :        ment de soins courants, sans risque majoré pour
                          « La dispensation            leur santé. La démarche présente aussi des ver-
                          protocolisée permettra       tus organisationnelles. Elle pourrait contribuer à
                          d’améliorer l’accès aux
                          soins, notamment dans        désengorger les services d’urgence et les cabinets
                          les déserts médicaux. »      médicaux », estime Gilles Bonnefond, président
                                                       de l’USPO. Il prend notamment pour exemple les
                                                       modèles suisses, écossais et québécois. « Des
Appuyé par la loi Buzyn, le mouvement de res-          protocoles simples et efficaces pourraient être
tructuration des soins dans les territoires pourrait   élaborés pour le traitement de la cystite ou de
bien profiter à la pharmacie d’officine. A comp-       l’angine, grâce à la généralisation des tests ra-
ter du 1er janvier 2020, les pharmaciens seront        pides d’orientation diagnostique. En cas de piqûre
autorisé à délivrer – sans ordonnance – des médi-      de tique, nous pourrions également prévenir la
caments habituellement prescrits pour le traite-       maladie de Lyme, avec un usage prophylactique
ment de plusieurs affections courantes, comme          d’antibiotiques tels que l’amoxicilline ou la doxy-
les cystites aiguës et certaines angines. Migraine,    cycline, comme au Canada. »
douleur dentaire, gastro-entérite, conjonctivite,
rhinite allergique, affections ORL et cutanées : la    Le défi de la coordination
profession se voit rendre bien des services à la       Une chose est sûre : le pharmacien ne posera
population.                                            pas de diagnostic. « Il proposera un accompagne-
Les modalités exactes de cette réforme restent         ment spécifique, de courte durée, à partir d’arbres
toutefois à compléter. La liste définitive des         décisionnels. Il adressera systématiquement un
produits et des pathologies visés sera prochai-        compte rendu détaillé au médecin traitant, via
nement fixée par arrêté, après avis de la HAS,         une messagerie sécurisée de santé ou un dossier
qui devra également définir des protocoles de          médical partagé », rappelle Gilles Bonnefond.
délivrance. Un décret déterminera par ailleurs le      Autre certitude, le défi de la coordination des soins
champ d’application de la mesure et ses détails        ne se limite pas à la seule dispensation protocoli-
pratiques, qu’il s’agisse de la formation préalable    sée. « Le pharmacien devra davantage participer
des pharmaciens ou des modalités d’information         à l’organisation de la sortie hospitalière, en deve-
du médecin traitant.                                   nant l’un des logisticiens du parcours de soins.
                                                       La profession devra également pouvoir procéder
Des protocoles simples et efficaces                    à des adaptations posologiques ou à des renou-
En conditionnant cette autorisation à la pratique      vellements de traitements chroniques, comme le
d’un exercice coordonné au sein des structures in-     prévoit le statut du pharmacien correspondant »,
terprofessionnelles de référence (MSP, ESP, CPTS),     souligne-t-il. Selon lui, les CPTS constituent « un
le législateur entend renforcer l’accès aux soins      cadre tout à fait approprié » pour remplir ces
non programmés pour des maux du quotidien.             nouvelles missions, à condition de « respecter les
Pour les représentants de l’officine, l’enjeu est      engagements pris », notamment en matière de
clair : « C’est un service rendu aux patients, qui     délégation de tâches.

18
Des avancées qui changent la vie des patients ®
                                                                      55
                                                                                                              ÊTRE

                                                        Pfizer soutient
                                                                                                              ENCORE
                                                                                                            PLUS UTILE

                                                       et agir sur la qualité de vie.
                                                                 dans leurs projets pour
                                                       comprendre le vécu de la maladie
                                                                 associations de patients
       PP-GIP-FRA-1482                            Pfizer, SAS au capital de 47.570 €, siège social 23-25 avenue du Docteur Lannelongue – 75014 Paris - 433 623 550 RCS Paris. Locataire-gérant de Pfizer Holding France et de Hospira France. Tous droits réservés.
Colloque organisé par Coopération Santé le 18 juin 2019

CPTS : la force de l’expérience
L’exercice collectif n’est pas qu’un                                    La clef de la réussite réside dans la
phénomène de mode. Dans certains                                        protocolisation. « Sur des sujets aussi
territoires fragilisés par une démogra-                                 complexes et transversaux que la dé-
phie médicale déclinante, c’est une                                     pendance, la précarité ou le handicap,
nécessité absolue. La Mayenne fait                                      chaque acteur doit jouer son rôle, dans
d’ailleurs office de précurseur en la                                   le respect des prérogatives de chacun.
matière. « Nous pratiquons un exer-                                     Le médecin traitement doit néanmoins
cice coordonné entre professionnels Luc Duquesnel,                      rester le chef d’orchestre du parcours. »
de santé libéraux depuis une dizaine président du syndicat              Elle réside également dans un partage
d’années, en lien direct avec les éta- « Les Généralistes-              total de l’information, via des systèmes
blissements de santé et les structures CSMF » : « La réalité            d’information interopérables, pour limi-
                                            du territoire doit
médico-sociales du département, pour être considérée                    ter les ruptures dans la chaîne de soins.
pallier une offre de soins qui s’est pro- avant les contraintes
gressivement appauvrie », confirme administratives et                   La problématique du financement
Luc Duquesnel, président du syndicat budgétaires. »                     Si les dernières évolutions réglemen-
« Les Généralistes-CSMF » et co-gérant d’une                taires tendent à favoriser les regroupements, la
maison de santé pluriprofessionnelle multi-sites,           problématique du financement demeure préoccu-
qui regroupe pas de moins de 90 professionnels              pante. « 95 % des consultations complexes des
de santé. Selon lui, le parcours de cette « CPTS            médecins généralistes sont rémunérées à hauteur
avant l’heure » démontre l’ampleur du défi qui              de vingt-cinq euros, alors qu’elles durent trente à
s’annonce. Il formule quelques recommandations              quarante-cinq minutes ! Le modèle économique
d’usage, tirées de sa propre expérience. Il invite          de la médecine générale libérale n’est plus viable,
notamment les “soignants” à prendre leur destin             poussant de nombreux confrères à opter pour un
en main : « Il faut proposer et agir pour ne pas            exercice salarié. Le principe d’un paiement forfai-
subir ! »                                                   taire doit être expérimenté, notamment dans le
                                                            cadre de la tarification à l’épisode de soins ou à
La réalité du terrain                                       la pathologie, mais il devra reposer sur la base du
Certains pré-requis doivent toutefois être respec-          volontariat. La logique du forfait n’est pas adaptée
tés. « Le calibrage du projet médical est essentiel.        à la prise en charge des pathologies aiguës »,
La réalité du terrain doit être considérée avant            estime Luc Duquesnel, qui milite aussi en faveur
les contraintes administratives et budgétaires. Il          d’une revalorisation du paiement à l’acte, véri-
ne peut pas y avoir de modèle unique, imposé                table gage de l’expertise du médecin.
par les pouvoirs publics. Les organisations doivent         Au-delà de la structure même de la rémunération
être souples et adaptables », insiste-t-il. Le temps        des médecins, la pérennité et la lisibilité des fi-
et l’habitude sont également des paramètres                 nancements publics est aujourd’hui trop aléatoire.
déterminants : « L’expérience collective ne se dé-          « Les nouvelles organisations territoriales doivent
crète pas. Elle se construit dans la durée et dans la       présenter un certain nombre de garanties pour
confiance. La délégation de tâches est possible, à          émerger et exister, ce qui n’est pas toujours le
condition de se former et de travailler ensemble,           cas. La question de l’accompagnement est essen-
dans un cadre bien déterminé. »                             tielle», rappelle-t-il.

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