Mai 2025 - Financière Banque Nationale
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VISION MAI 2025 | 2 Études financières Économie et Stratégie Analyse technique Rabi Nizami 416 869-7925 Technologie Adjoint : Roberto Rossi 416 869-6537 Bureau Montréal Dennis Mark 416 869-7427 Richard Tse 416 869-6690 Mohamed Sidibé 416 869-6436 Adjoints : Stéfane Marion 514 879-3781 Économiste et stratège en chef Banques et assurances Adjoint : Amy Li 416 507-8828 Kristian Koschany 416 507-8123 Mike Stevens 416 869-7490 Gabriel Dechaine 416 869-7442 Matthieu Arseneau 514 879-2252 Adjoints : Alex Terentiew 416 433-8053 John Shao 416 869-7938 Chef économiste adjoint Jacob Gardiner 437 518-2299 Adjoint : Marc Ferrari 416 869-8045 Kyle Dahms 514 879-3195 Pranoy Kurian 416 507-9568 Technologies propres et Économiste Pétrole et gaz développement durable Alexandra Ducharme 514 412-1865 Développement durable › Moyennes sociétés et Rupert Merer 416 869-8008 Économiste et Transition services pétroliers Adjoint : Baltej Sidhu 403 290-5627 Melissa Deane 416 864-7001 Angelo Katsoras 514 879-6458 Dan Payne 403 290-5441 Adjointe : Anh Le 403 290-5625 Analyste géopolitique Adjoints : Amy Chen 403 290-5624 Télécommunications et Daren King 514 412-2967 Distribution et Nick Stevenson 403 441-0928 médias Économiste produits de consommation Adam Shine 514 879-2302 › Grandes capitalisations Jocelyn Paquet 514 412-3693 Vishal Shreedhar 416 869-7930 Adjoints : Économiste Adjoints : Travis Wood 403 290-5102 Ahmed Abdullah 514 879-2564 Anshul Agarwala 416 869-6767 Adjoints : Bilal Khan 416 869-8047 Bureau Toronto Gabriel Chiu 416 507-9009 Jacob Swan 403 290-5445 Warren Lovely 416 869-8598 José Bitencourt Zimmermann 403 441-0933 Transport et Stratège principal, FNB et produits financiers produits industriels Taux d’intérêt et secteur public Daniel Straus 416 869-8020 Pipelines, services publics Cameron Doerksen 514 879-2579 Linda Ma 416 507-8801 et infrastructures Adjoint : Andrew Pikul 416 869-6579 Taylor Schleich 416 869-6480 Tiffany Zhang 416 869-8022 Patrick Kenny 403 290-5451 Stratège, Taux d’intérêt Adjoints : Adjoints : Ethan Currie 416 432-4056 Christies Sikubwabo 416 507-9596 Johnathan Pescod 403 355-6643 Analyste associé principal Shubo Yan 416 869-7942 Derick Or 403-290-5447 Administration Immobilier Produits industriels Greg Colman 416 869-6775 Directeur général et chef, Recherche Matt Kornack 416 507-8104 Maxim Sytchev 416 869-6517 Adjoints : Adjoints : Tanya Bouchard 416 869-7934 Nicholas Telega 416 869-8086 Kazim Naqvi 416 869-6754 Directrice générale Giuliano Thornhill 416 507-8108 Roman Pshenychnyi 416 869-7937 Publications Métaux et minerais Services financiers Vanda Bright 416 869-7141 Don DeMarco 416 869-7572 diversifiés Directrice Adjoints : Jaeme Gloyn 416 869-8042 Wayne Chau 416 869-7140 Rishika Bhatia 416 507-8185 Adjoint : Jack Cohen 416 869-7505 Associé publications Amman Patel 416 525-2168 Shane Nagle 416 869-7936 Situations spéciales Renseignements Adjoints : Zachary Evershed 514 412-0021 Giuseppe Saltarelli 514 879-5357 Sameer Keswani 416 869-8029 Adjoints : giuseppe.saltarelli@bnc.ca Adam Smiarowski 416 869-7535 Prashant Kamath 416 869-8504 Andrew Dusome 416 507-8177 Nathan Po 416 660-1740
VISION MAI 2025 | 3 Table des matières Retour à la page « Études financières » Points saillants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 L’économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Taux d’intérêt et marchée obligataire. . . . 18 Marché boursier et stratégie de portefeuille. . . . . . . . . . . . . . . . 24 Analyse technique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Analyse sectorielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 › Liste de sélections FBN. . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 › Glossaire des tableaux des analystes. . . . 41 Information réglementaire FBN, prière de consulter le site : http://www.nbcn.ca/contactus/disclosuresFr.html › Recommandations des analystes. . . . . . . . 42
VISION MAI 2025 | 4 Points saillants Retour à la page « Études financières » Économie ›E t bien que les mesures protectionnistes aient été con- › Nous prévoyons une croissance du PIB de 1,1 % seulement sidérablement amoindries ces derniers jours, elles risquent en 2025, avec une légère contraction de l’économie au MONDE (20 mai 2025) tout de même maintenir l’inflation au-dessus de l’objectif deuxième et au troisième trimestres et un taux de › La tendance la plus importante du mois dernier a sans de la banque centrale pendant un certain temps. Peut- chômage plafonnant à 7,4 % au quatrième trimestre. aucun doute été l’apaisement dans la guerre commer- être pas suffisamment pour empêcher toute baisse des ciale que mène Washington contre ses partenaires com- taux cette année, mais assez pour inciter la banque cen- Taux d’intérêt et devise merciaux. Bien que cruciale, cette accalmie ne devrait trale à faire preuve de prudence dans son approche. (16 mai 2025) pas surprendre, la plupart des économistes ayant an- › Des taux directeurs plus élevés que ce qui aurait été le cas › Pendant ses premiers mois, l’administration Trump s’en ticipé une baisse importante du droit de douane moyen autrement pourraient, quant à eux, entraîner un ralen- est prise à ses partenaires commerciaux, déployant la imposé sur les marchandises entrant aux États-Unis. tissement de la croissance au second semestre. À plus force brute des droits de douane pendant les 100 pre- › Tout en reconnaissant que toute forme d’apaisement court terme, la croissance économique devrait rester as- miers jours de la présidence. Mais, après cette envolée est clairement positive pour l’économie mondiale, l’en- sez bonne au deuxième trimestre, soutenue par une forte initiale, la Maison-Blanche est passée à la négociation. thousiasme actuel nous semble quelque peu exagéré. baisse des importations. Tout cela devrait se traduire par Un accord étriqué avec le Royaume-Uni a été suivi d’une Après tout, le taux des droits de douane moyen imposé une croissance de 1,5 % cette année et de 1,1 % en 2026. entente à plus fort impact avec la Chine, pour laquelle par Washington demeure à son plus haut niveau depuis les taux des droits de douane à trois chiffres antérieurs 1939, même après la récente diminution. Il est vrai qu’il CANADA (16 mai 2025) ont été réduits pour une durée de 90 jours. Si toute pourrait continuer de baisser à mesure que de nou- désescalade est accueillie positivement, il a toujours été ›M ême si le taux de droits de douane effectif imposé au veaux accords seront conclus, mais un retour au statu clair que les droits de douane imposés sur les produits Canada reste pour l’instant relativement bas, il n’en quo des dernières années nous semble extrêmement chinois étaient insoutenables et allaient être rabaissés. demeure pas moins que les risques d’escalade contin- improbable. Soulignons aussi que la plupart des ac- Les États-Unis restent aux prises avec un taux des droits uent d’être bien réels étant donné le caractère erratique cords signés par Washington sont assortis d’une date de douane effectif d’un peu moins de 15 %, qui continu- de l’administration américaine. Il n’est donc pas sur- d’expiration (90 jours dans la plupart des cas), ce qui era d’affecter les perspectives de croissance et les prenant que les entreprises soient paralysées par le signifie que des droits de douane plus élevés pourraient prévisions d’inflation. L’incertitude a un peu diminué – manque de visibilité. toujours être réinstaurés si les négociations visant à c’est clairement ce qui ressort des marchés boursiers –, établir un nouveau cadre commercial entre les États- › Alors que les intentions d’investissement laissaient en- mais une politique commerciale qui demeure protec- Unis et leurs principaux partenaires commerciaux de- trevoir une reprise en 2025 il y a quelques mois, la situ- tionniste ne sera pas sans conséquences. vaient aboutir à une impasse. ation a radicalement changé, de nombreux projets › La Fed est coincée dans une situation contradictoire. étant désormais suspendus. L’incertitude commence ›C es risques, associés à un environnement commercial D’une part, le contexte de droits de douane élevés également à se refléter sur le marché du travail qui don- moins favorable, devraient continuer de peser sur la présente des risques d’inflation, même si l’effet sur les ne à nouveau des signes d’affaiblissement. croissance internationale au cours des prochains mois. prix se révélait passager. D’autre part, les risques pour la Bien que limitée, l’action des banques centrales et des › Bien que la Banque du Canada ait baissé le taux di- croissance et l’emploi sont ceux d’une baisse, pour les gouvernements devrait aider à limiter les dégâts et per- recteur de 150 points de base depuis septembre, le mêmes raisons. Quelle est alors la meilleure réponse de mettre une expansion de 2,8 % cette année. La crois- taux à 5 ans est, quant à lui, demeuré inchangé avec politique monétaire dans cet environnement? Ne rien sance devrait être légèrement plus robuste l’an prochain l’augmentation des taux d’intérêt mondiaux. Cela don- faire. À mesure qu’on commencera à y voir plus clair et (2,9 %), la baisse des taux directeurs permettant une re- ne à penser que la Banque du Canada devra en faire que les nouvelles données indiqueront lesquelles des prise graduelle de l’activité économique. davantage pour stabiliser le marché de l’immobilier en variables du mandat de la Fed sont le plus affectées, les difficulté et neutraliser l’impact du choc de paiement grands argentiers seront mieux informés sur l’orientation ÉTATS-UNIS (12 mai 2025) pour de nombreux emprunteurs. à donner à la politique monétaire. Mais cette clarté pourrait bien ne pas apparaître avant que l’année soit ›D ans la dernière édition de ce mensuel économique, › Puisque le dollar est résilient, que l’inflation est générale- bien avancée. Nous pensons maintenant que la Fed at- nous affirmions que les droits de douane, à leur niveau ment sous contrôle et que les mesures de rétorsion tar- tendra plus longtemps avant de relancer le cycle de de l'époque, étaient intenables pour Washington étant ifaires sont relativement limitées, la Banque du Canada détente, et décalons le moment de la première réduc- donné l’impact prohibitif qu’ils pourraient avoir sur l’écon- devrait être en mesure d’abaisser son taux directeur à tion en 2025 de juin à octobre. Ultimement cependant, omie. Nous nous attendions donc à ce que le taux moyen 2,0 % d’ici la fin de l’année. Cela serait suffisant pour nos révisions concernent plus le moment d’une réduc- de taxe à l’importation soit graduellement abaissé à l’instant dans la mesure où le gouvernement fédéral tion que son ampleur. Dans notre prévision mise à jour, la environ 10-15 % à l'issue de négociations. En ce sens, la entend également mettre l’épaule à la roue pour limiter Fed sera forcée à opérer un rattrapage par des don- trêve annoncée entre la Chine et les États-Unis ne les dégâts économiques. nées économiques plus faibles à la fin de 2025 et au change pas nos vues.
VISION MAI 2025 | 5 Points saillants Retour à la page « Études financières » début de 2026, mais nous nous attendons toujours à ce l'importation déjà en place ont porté le taux de droits ›A près avoir initialement résisté à l'impact négatif des que son taux cible se situe à 3,25 % d’ici le milieu de 2026. de douane américain effectif à environ 7 %, le plus élevé menaces tarifaires américaines sur l'économie cana- L’allégement des taux à long terme pourrait n’être que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si Wash- dienne, le S&P/TSX a maintenant perdu la quasi-total- limité alors que la politique budgétaire s’engage sur une ington procède à une deuxième vague de taxes sur les ité de ses gains de 2025. Au moment où nous écrivons voie encore moins durable. importations étrangères, comme annoncé récemment, ces lignes, l'indice de référence canadien n'a augmenté le taux de droits de douane effectif pourrait grimper à que de 0,1 %, seuls trois secteurs (matériaux, énergie et › Alors que la Banque du Canada est restée dans l’ex- 15 %, un niveau jamais vu depuis les années 1930. services publics) restant en territoire positif. pectative en attendant d’y voir plus clair lors de sa dé- cision d’avril, des événements récents justifient la re- › Alors que Washington affirme que l'économie est bien › Ce mois-ci, nous accentuons davantage notre alloca- prise du cycle de détente en juin. La réouverture de positionnée pour résister à une guerre commerciale, en tion d'actifs défensive en augmentant nos liquidités et l’écart de production milite aussi en faveur d’une pour- citant le fait que les exportations ne représentent que en réduisant notre exposition aux actions américaines suite de la détente cette année. Notre prévision du taux 11 % du PIB, le marché boursier pourrait en dire autre- à 5 points de pourcentage en dessous de l'indice de de financement à un jour est inchangée par rapport à ment. Les ventes à l'étranger représentent 41 % des référence. L'orientation stagflationniste de la politique avril et implique une baisse des taux à 2 % d’ici la fin de revenus totaux des entreprises du S&P 500. Parmi tous économique américaine actuelle - marquée par un 2025. Alors que le plus clair de l’année sera ardu en ter- les secteurs, celui des technologies de l'information est protectionnisme agressif, un laxisme budgétaire et des mes de croissance, nous espérons qu’une reprise se le plus exposé à une guerre tarifaire potentielle et aux mesures d'immigration restrictives - fait peser des ris- manifestera vers le tournant de l’année, ce qui pourrait mesures de rétorsion de la part des partenaires com- ques importants sur les chaînes d'approvisionnement permettre à la BdC de rester sur la touche en 2026. En merciaux étrangers, avec près de 60 % de ses ventes mondiales et la rentabilité des entreprises. ce qui concerne les rendements obligataires, une réalisées à l'étranger. baisse est à anticiper sur toute la courbe. Mais l’aug- mentation des déficits (fédéraux et provinciaux) en- traînera l’émission de plus d’obligations, ce qui pourrait entraver une décrue des taux à long terme. En même Rotation sectorielle temps, nous craignons moins de fortes augmentations des coûts d’emprunt qu’aux États-Unis étant donné un Secteurs du S&P/TSX Pondération* Recommandation Variation avantage budgétaire encore substantiel. › Malgré une croissance économique terne, les menaces Énergie 17.2 Équipondérer de droits de douane, la chute des prix du pétrole et l’af- Matériaux 13.6 Équipondérer faiblissement du marché du travail, le dollar canadien a bondi de 5,4 % par rapport à l’USD en trois mois à peine. Industrie 12.2 Sous-pondérer Le huard bénéficie d’une aversion généralisée pour le dollar américain, renforcé par son émergence comme la Consommation discrétionnaire 3.2 Sous-pondérer cinquième monnaie de réserve la plus largement dé- tenue. Les spéculateurs donnent aussi au premier minis- Consommation de base 3.8 Surpondérer tre nouvellement élu, Mark Carney, le bénéfice du doute, réduisant fortement leurs positions courtes sur le CAD par Santé 0.3 Équipondérer anticipation de sa capacité de renégocier l’ACEUM et de Finance 32.1 Équipondérer relancer l’économie. Mais les marchés se sont emballés. Selon notre modèle, le dollar canadien est surévalué de Technologies de l'information 9.4 Équipondérer plus de 9 cents par rapport au dollar américain. Services de télécommunications 2.4 Surpondérer Répartition des actifs et marché boursier (31 mars 2025) Services publics 3.9 Surpondérer › Après avoir initialement fait fi de la rhétorique protec- Immobilier 1.9 Sous-pondérer tionniste agressive de Washington et la menace immi- nente de droits de douane élevés, les marchés boursi- Total 100 - ers mondiaux réagissent maintenant. Les taxes à * Au 28 mars 2025
VISION MAI 2025 | 7 L’économie Retour à la page « Études financières » Monde : Une désescalade qui laisse É.-U. : Les droits de douane moyens baissent… mais restent élevés l’économie mondiale vulnérable Taux moyen des droits sur les importations depuis le début de la présidence Trump Taux moyens des droits de douane sur les importations, données annuelles (20 mai 2025) 32 20 % % Électronique La tendance la plus importante du mois dernier a sans 28 Chine (Réciproques + escalade) 18 aucun doute été l’apaisement dans la guerre commer- 24 16 Au plus haut depuis 1939 ciale que mène Washington contre ses partenaires Pièces automobiles 14 Matthieu Arseneau commerciaux. Bien que cruciale, cette accalmie ne 20 Global 10% + Autos 12 Chef économiste adjoint devrait pas surprendre, la plupart des économistes 16 10 514 879-2252 ayant anticipé une baisse importante du droit de Canada/Mexique 8 12 douane moyen imposé sur les marchandises entrant Chine (Fentanyl) Chine (trêve de 90 jours) 6 aux États-Unis. Prenons l’exemple de notre Mensuel 8 (Fentanyl) 4 économique consacré à la plus grande économie 4 mondiale : dans le numéro d’avril, nous mentionnions Acier/Aluminium 2 que nous nous attendions à ce que le tarif moyen soit 0 2025M1 2025M2 2025M3 2025M4 2025M5 0 1925 1950 1975 2000 2025 abaissé « à environ 12-15 % dans les semaines à venir ». BNC Économie et Stratégie (données de la Tax Foundation, calculs internes) Nous ajoutions également que « une réduction du taux appliqué aux produits chinois sembl[ait] particulière- Dire que cette nouvelle a été accueillie avec enthousi- ment probable, afin de laisser le temps aux acheteurs asme par les marchés boursiers serait un euphémisme. Jocelyn Paquet américains de trouver d’autres fournisseurs ». Cette Les actions mondiales ont récupéré toutes les pertes Économiste projection n’était pas guidée par un simple optimisme, subies depuis le « jour de la libération » et se sont rap- 514 412-3693 mais par la certitude qu’au niveau où ils se situaient, les prochées du sommet historique atteint le 18 février. droits de douane deviendraient rapidement intenables Monde : La désescalade accueillie positivement par les marchés pour l’administration américaine. Tôt ou tard, leur Indice MSCI Monde impact entraînant une stagflation allait obliger Wash- 1,100 ington à faire machine arrière. Indice 1,080 C’est exactement ce qui s’est produit. La Mai- 1,060 Jour de la son-Blanche a d’abord annoncé un accord avec le 1,040 libération Royaume-Uni le 8 mai, puis un autre, plus important, 1,020 avec la Chine le 10 mai. Cette dernière entente a vu les Daren King, cfa États-Unis baisser la surtaxe qu’ils imposent sur les pro- 1,000 Économiste duits chinois de 145 % à 30 %, tandis que Pékin a réduit 980 Désescalade 514 412-2967 ses tarifs de rétorsion dans des proportions similaires, 960 Chine-É.-U. levant ainsi ce qui était en pratique un embargo com- 940 mercial entre les deux pays. Le droit de douane moyen 920 Pause de 90 jours prélevé sur les marchandises entrant sur le territoire 900 des droits de douane réciproques américain a dûment baissé pour s’établir à environ 14 880 %, soit bien moins que les près de 31 % en vigueur il y a 2024M10 2024M11 2024M12 BNC Économie et Stratégie (données de Refinitiv) 2025M1 2025M2 2025M3 2025M4 2025M5 quelques semaines à peine. Tout en reconnaissant que toute forme d’apaisement est clairement positive pour l’économie mondiale, l’en- Alexandra Ducharme thousiasme actuel nous semble quelque peu exagéré. Économiste Après tout, le taux de droit de douane moyen imposé 514 412-1865 par Washington demeure à son plus haut niveau depuis 1939, même après la récente diminution (voir le graphique ci-dessus). Il est vrai qu’il pourrait continuer à baisser à mesure que de nouveaux accords seront
VISION MAI 2025 | 8 L’économie Retour à la page « Études financières » conclus, mais un retour au statu quo des dernières Zone euro : Le devancement de commandes a dopé la croissance au T1 (1) avancés ne laissaient pas présager de reprise pro- années nous semble extrêmement improbable. Importations de biens aux États-Unis d’Irlande Croissance non annualisée du PIB chaine. L’indice de confiance spécifique au secteur des Soulignons aussi que la plupart des accords signés par et total des importations de produits pharmaceutiques aux États-Unis au T4 par pays services publié par la Commission européenne est en Washington sont assortis d’une date d’expiration (90 55 Milliards $ US IRL 3.2 effet tombé en avril à son plus bas niveau depuis 2011, jours dans la plupart des cas), ce qui signifie que des 50 ESP exclusion faite de la période pandémique. 0.6 droits de douane plus élevés pourraient toujours être 45 BEL réinstaurés si les négociations visant à établir un nou- 40 0.4 Zone euro : Dégradation de la confiance dans le secteur des services Indicateur du sentiment économique de la Commission européenne veau cadre commercial entre les États-Unis et leurs 35 EZ 0.4 principaux partenaires commerciaux devaient aboutir 30 ITA 0.3 Indice Indice 130 à une impasse. Sans parler du risque de voir imposer 25 Produits AUT 0.2 Indice d’ensemble (d) 120 des surtaxes sur des produits qui n’ont pas encore été pharmaceutiques 20 110 DEU 0.2 ciblés, notamment les produits pharmaceutiques ou les 15 NLD 0.1 25 100 films produits à l’étranger. 10 FRA 0.1 20 90 15 5 Ces risques, associés à un environnement commercial Biens en provenance d’Irlande PRT -0.5 10 80 Var. T/T (%) 0 moins favorable, devraient continuer de peser sur la 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 -1 0 1 2 3 4 5 70 croissance internationale au cours des prochains mois. BNC Économie et Stratégie (données de Refinitiv et Bloomberg) 0 60 Le ralentissement ne se reflète certes pas encore dans -5 Bien que moins spectaculaires, des hausses des expor- -10 50 les données, mais cela pourrait n’être que le produit Sous-indice des tations ont également été observées dans d’autres -15 services (g) d’un des effets pervers des droits de douane. Pour pays et segments de produits pour les mêmes raisons, -20 éviter que leurs intrants soient taxés, de nombreuses comme l’indique l’excédent commercial de la zone euro -25 entreprises américaines ont en effet devancé leurs 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 qui a atteint un nouveau record historique en mars. BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) commandes internationales, ce qui a eu pour effet de stimuler temporairement la production manufacturière Zone euro : Le devancement de commandes a dopé la croissance au T1 (2) La dynamique de croissance a été assez similaire en et les exportations dans le monde. La croissance en a Balance commerciale Chine, où la croissance du PIB a bénéficié d’une forte été artificiellement dopée dans de nombreuses régions. 40 Milliards EUR Record absolu demande extérieure au premier trimestre, mais où la Cela n’a été plus évident nulle part que dans la zone 30 demande intérieure est restée assez faible. En fait, la euro, où la croissance du premier trimestre a bénéficié 20 croissance sous-jacente reste si faible que le déflateur d’une expansion spectaculaire en Irlande (+3,2 % en du PIB est resté négatif pour un huitième trimestre 10 termes non annualisés). Cette dernière a été en grande consécutif au T1, marquant ainsi la plus longue période partie causée par une forte augmentation des expor- 0 de déflation jamais enregistrée. tations de produits pharmaceutiques vers les États- -10 Chine : La plus longue séquence de déflation enregistrée à ce jour Unis alors que les menaces brandies par la Déflateur du PIB Maison-Blanche risquaient de rendre ces produits -20 12 beaucoup plus chers à l’avenir. Et si celles-ci ont con- -30 trimestres Var. a/a (%) 10 tribué à la croissance au premier trimestre, elles ris- -40 8 quent bientôt de jouer un rôle inverse, à mesure que les Déflateur (d) 6 menaces de droits de douane se concrétiseront et -50 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 4 commenceront à plomber la demande américaine. BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) 2 9 0 Pour mieux évaluer la vigueur sous-jacente de l’écono- 8 7 -2 mie de la zone euro au premier trimestre, il était 6 préférable de se tourner vers le secteur des services, 5 4 beaucoup moins affecté par les fluctuations de la poli- 3 Nombre de trimestres consécutifs de déflation tique commerciale. Et là, les nouvelles n’étaient pas très 2 (g) encourageantes. Non seulement l’indice PMI compilé 1 0 par S&P Global signalait une stagnation dans le sec- 2000 2005 2010 2015 2020 2025 teur non manufacturier en avril, mais les indicateurs BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg)
VISION MAI 2025 | 9 L’économie Retour à la page « Études financières » Semblant à court d’idées pour sortir de ce marasme, marge de manœuvre dont disposeront les banques Monde : Les taux réels sont élevés… et pourraient le rester Rendement réel des obligations d’État de 10 ans les autorités ont bien tenté d’agir sur les leviers habitu- centrales pour baisser leurs taux directeurs et de la els, en réduisant les réserves réglementaires des ban- volonté des gouvernements de dépenser pour limiter 3.0 % ques et en abaissant les taux d’intérêt à court terme. l’impact de la guerre commerciale. 2.5 R.-U. É.-U. 2.0 Chine : La banque centrale continue d’abaisser les taux d’intérêt... Concernant les banques centrales, le principal risque Ratio de réserve de dépôts obligatoire Taux des opérations de pension sur 7 jours de la est que la persistance de l’inflation les empêche de 1.5 ZE des grandes banques Banque populaire de Chine réduire les taux d’intérêt autant que le justifierait nor- 1.0 22 % 4.4 % malement la conjoncture économique. Et même si nous 0.5 20 4.0 pensons que les grands argentiers du monde avancé 0.0 disposeront d’une certaine marge de manœuvre pour -0.5 JP 18 3.6 stimuler leur économie, nous restons préoccupés par la -1.0 16 3.2 résurgence de l’inflation mondiale signalée par le FMI -1.5 dans son dernier rapport sur les perspectives mondia- -2.0 14 2.8 les. D’autant que ce rebond est survenu avant même 12 2.4 l’imposition de droits de douane par Washington. -2.5 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 BNC Économie et Stratégie (données du FMI) 10 2.0 Monde : L’inflation augmentait déjà avant l’imposition des droits de douane 8 1.6 Indice des prix à la consommation* Bien sûr, un assouplissement monétaire pourrait toujours 6 1.2 10 Var. a/a (%) s’accompagner de mesures de relance budgétaire de la 2010 2015 2020 2025 2014 2016 2018 2020 2022 2024 9 part des gouvernements, mais là encore, la réponse pour- BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) rait être plus limitée qu’elle ne l’est habituellement. C’est 8 que les déficits budgétaires sont déjà très élevés dans de Mais ces mesures n’ont pas réussi à relancer l’activité, à Inflation d’ensemble nombreux pays. Dans les économies avancées, la situa- en juger par un nouveau ralentissement de la crois- 7 Inflation de base tion est suffisamment précaire pour qu’un assainissement sance des prêts bancaires. 6 budgétaire soit considéré comme l’option la plus probable … mais sans grand succès 5 par le FMI pour les deux prochaines années. Total des prêts consentis par les institutions financières chinoises 4 3,7 % Écon. avancées : Les dépenses publiques freineront-elles la croissance ? 36 3,5 % Solde structurel des administrations publiques en proportion du PIB potentiel Var. a/a (%) 3 34 3 32 % du PIB potentiel 2 30 2 croissance Ferine la 28 1 1 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 26 *Médiane d’un échantillon de 57 économies qui représentent 78 % du PIB mondial en parité du pouvoir d’achat pondéré 24 0 BNC Économie et Stratégie (données du FMI) la croissance Var. a/a Contribue à 22 -1 20 18 Même si les banques centrales étaient en mesure de -2 16 réduire leurs taux à court terme, comme le prévoit notre -3 14 scénario de base, une augmentation de la prime de -4 12 10 terme pourrait toujours maintenir les rendements à long -5 8 terme à un niveau supérieur à celui observé dans les -6 6 cycles précédents. Il convient d’ailleurs de noter dans ce -7 Solde 2000 2002 2004 2006 2008 BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 contexte que les rendements réels à long terme n’ont structurel -8 pas vraiment baissé depuis que les banques centrales 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026 2028 Les facteurs temporaires qui ont contribué à stimuler la ont commencé à assouplir leur politique monétaire, lim- BNC Économie et Stratégie (données du FMI) croissance en début d’année dans de nombreuses itant ainsi les retombées positives sur l’économie. Et bien que nous ne soyons pas aussi optimistes quant régions étant susceptibles de s’inverser à l’avenir, la à l’amélioration des finances publiques dans un con- croissance mondiale devrait ralentir d’ici la fin de l’an- texte de ralentissement économique, nous reconnais- née. L’ampleur de ce phénomène dépendra de la sons que toute accélération des dépenses aura
VISION MAI 2025 | 10 L’économie Retour à la page « Études financières » Le mensuel économique - Monde avancées, la situation probablement des est suffisamment précaire conséquences pour qu’un plus importantes É.-U. : Le commerce international occupe une place plus importante qu’autrefois assainissement budgétaire soit considéré comme l’option la plus que par le passé sur le marché obligataire, notamment probable par le FMI pour les deux prochaines années. Pe rs p e c ti v e s m o nd i a l e s Exportations (biens + services) en pourcentage du PIB sous la forme de taux à long terme plus élevés. Cela 14 % devrait Écon. inciter avancées les : Les gouvernements dépenses à rester lavigilants publiques freineront-elles croissancesur ? 2 02 4 2 02 5 2 02 6 13 Solde structurel des administrations publiques en proportion du PIB potentiel le plan budgétaire. Écon om ies av an cées 1.8 1.2 1.1 12 3 États-Unis 2.8 1.5 1.1 11 Ces considérations ne se limiteront pas aux économies % du PIB potentiel Zone euro 0.9 0.8 0.8 10 2 avancées, car la détérioration des finances publiques Japon 0.2 0.9 0.7 croissance Ferine la 9 1 Royaume-Uni 1.1 0.9 1.0 qui a eu lieu dans les économies émergentes depuis la 8 Canada 1.5 1.1 0.9 pandémie 0 laisse également moins de marge de 7 la croissance Var. a/a Australie 1.1 1.9 2.1 Contribue à manœuvre -1 à ces pays. Corée du Sud 2.1 1.0 1.6 6 -2 5 Écon. Émerg. : La pandémie a laissé sa marque sur les finances publiques Écon om ies ém ergen tes 4. 2 3. 9 4. 0 4 -3 Dette brute des administrations publiques en pourcentage du PIB Chine 5.0 4.4 4.2 3 -4 72 Inde 6.3 6.2 6.2 % 2 -5 Mexique 1.5 -0.4 1.0 68 1 Brésil 3.4 1.8 1.6 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 -6 64 Estimation +9,8 % Russie 4.3 1.3 1.0 BNC Économie et Stratégie (données du système Fred de St. Louis) -7 Solde du FMI, 2025 60 structurel M on d e 3. 2 2. 8 2. 9 -8 56 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026 2028 BNC Économie et Stratégie (données BNC et Consensus Economics) Compte tenu de l’incertitude, la plupart des prévision- BNC Économie et Stratégie (données du FMI) nistes se sont contentés ces dernières semaines d’énon- 52 cer une évidence, à savoir que les droits de douane Et bien que nous ne soyons pas aussi optimistes quant à l’amélioration des48 finances publiques dans un contexte Estimation de du ralentissement États-Unis : L’impact des droits de douane risquaient de ralentir la croissance aux États-Unis et de économique, 44 nous reconnaissons que toute FMI,accélération 2019 des rend les données difficiles à interpréter maintenir l’inflation à un niveau plus élevé qu’il ne le dépenses aura probablement des conséquences plus importantes que (12 mai 2025) serait autrement. Toute précision supplémentaire devrait par40 le passé sur le marché obligataire, notamment sous la forme de malheureusement attendre la publication de données taux 36 à long terme plus élevés. Cela devrait inciter les gouvernements Ayez une pensée pour les économistes qui ont tenté à rester vigilants sur le plan budgétaire. économiques quantitatives, et non plus seulement qual- d’estimer avec un quelconque degré de précision l’im- 32 itatives. Ces dernières commencent enfin à arriver, Ces 2002 2004 2006 2008 2010 considérations ne se limiteront pas aux économies avancées, car 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 pact économique potentiel des surtaxes imposées par BNC Économie et Stratégie (données du FMI) révélant les premiers effets des droits de douane et don- la détérioration des finances publiques qui a eu lieu dans les Washington à plusieurs de ses partenaires commerci- nant certaines indications sur l’évolution future de économies émergentes depuis la pandémie laisse également moins de aux depuis le 1er février, car, pour reprendre les mots de Aprèsde un marge manœuvre débutà ces d’année pays. plutôt encourageant, nous l’économie. Parmi celles-ci, le rapport sur le PIB du pre- Churchill, ils ont essayé de résoudre un rébus enveloppé nous attendons à ce que la détérioration de l’environne- mier trimestre, qui a révélé une première contraction en de mystère au sein d’une énigme. Les changements mentÉmerg. Écon. commercial : La pandémiese traduise a laissé par sa marque unfinances sur les ralentissement publiques près de trois ans, occupe une place prépondérante. Dette brute des administrations publiques en pourcentage du PIB constants de politique ont certainement contribué à important de la croissance mondiale au second semes- brouiller les cartes ici, tout comme l’absence de précé- É.-U. : Première contraction de l’économie en trois ans au T1 tre. 72 %Bien que restreinte, l’action des banques centrales et PIB réel dents historiques, qui rend la calibration de modèles des 68 gouvernements devrait aider à limiter les dégâts et beaucoup plus difficile. C’est que pratiquement aucune 8 Var. T/T (%) ann., désais. permettre 64 une expansion de 2,8 % cette année. La crois- +9,8 % Estimation donnée économique ne remonte suffisamment loin dans 7 sance devrait être légèrement plus robuste du FMI, 2025 l’an prochain 60 le temps pour permettre d’étudier d’autres épisodes où (2,9 %), la baisse des taux directeurs permettant une 6 56 les droits de douane ont augmenté autant qu’ils pour- reprise graduelle de l’activité économique. 5 52 raient le faire aujourd’hui, ce qui réduit la compréhension 48 des experts de l’impact de politiques protectionnistes 4 Estimation du FMI, 2019 sur l’économie. Et même si l’on disposait de plus d’infor- 3 44 mations sur des épisodes passés, celles-ci pourraient ne 2 40 pas s’appliquer au contexte actuel, le commerce inter- 1 36 national représentant aujourd’hui une part beaucoup 32 plus importante du PIB qu’autrefois. 0 -0,3 % 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 -1 BNC Économie et Stratégie (données du FMI) -2 Après un début d’année plutôt encourageant, nous nous attendons à 2021Q1 2021Q3 2022Q1 2022Q3 2023Q1 2023Q3 2024Q1 2024Q3 2025Q1 ce que la détérioration de l’environnement commercial se traduise par BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) un ralentissement important de la croissance mondiale au second semestre. Bien que restreinte, l’action des banques centrales et des gouvernements devrait aider à limiter les dégâts et permettre une expansion de 2,8 % cette année. La croissance devrait être légèrement
VISION MAI 2025 | 11 L’économie Retour à la page « Études financières » La volonté de nombreuses entreprises américaines de ode pandémique. Ces chiffres confirment ce que les don- trimestre, car elle constituait peut-être l’une des premières devancer leurs commandes internationales afin d’éviter nées sur les ventes de billets d’avion laissaient déjà entrevoir preuves tangibles des coupes budgétaires orchestrées à les droits de douane a certainement fait paraître la ces dernières semaines, à savoir que certains voyageurs Washington par le département de l’Efficacité gouver- croissance beaucoup plus faible qu’elle ne l’était en boudent désormais les États-Unis pour protester contre nementale (DOGE). Et à en juger par les informations réalité au cours du trimestre, les importations de biens certaines mesures mises en place par Washington. Et con- relayées par les médias qui faisaient état d’une intensifica- ayant augmenté de pas moins de 50,9 % en rythme trairement au secteur des biens, un retour rapide à la nor- tion de ces efforts au deuxième trimestre, il ne serait pas annualisé, leur plus forte hausse depuis le début de la male ne semble pas à prévoir ici, les exportations liées au surprenant que ce recul soit le premier d’une longue série. pandémie. Cela s’est traduit non seulement par un défi- voyage risquant de rester déprimées et de peser sur les Voilà donc un autre secteur de l’économie qui risque de cit commercial de marchandises record, mais aussi par secteurs dépendants du tourisme jusqu’à ce que les rela- peser sur la croissance au cours des prochains trimestres. une contribution négative de 4,84 points de pourcent- tions entre les pays d’origine des voyageurs potentiels et la É.-U. : Baisse inattendue des dépenses publiques… qu’un début? age à la croissance du PIB de la part du commerce Maison-Blanche s’améliorent. Dépenses des administrations publiques international, la plus importante jamais enregistrée. Monde : Baisse marquée des importations à prévoir au T2 10 Nombre de navires porte-conteneurs partant de la Chine à destination des États-Unis Var. T/T (%) ann., désais. É.-U : Les importations ont fortement freiné la croissance 8 84 Importations de biens Contribution du commerce international à la 80 6 croissance du PIB 76 72 60 3 4 Var. T/T (%) ann., désais. Points de pourcentage 68 50 64 2 2 60 40 1 56 0 30 52 0 48 -2 -1,4 % 20 44 10 -1 40 -4 36 0 -2 32 -6 -10 28 -3 24 -8 -20 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 20 BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) -4 -30 16 2023Q1 2023Q2 2023Q3 2023Q4 2024Q1 2024Q2 2024Q3 2024Q4 2025Q1 2025Q2 -40 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 -5 2005 2010 2015 2020 2025 BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) C’est là une opinion que partage le FMI, dont les plus BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) É.-U. : Le tourisme pâtit de la détérioration des relations commerciales récentes prévisions font état de dépenses publiques qui Exportations de services de voyages, y compris les études, des États-Unis freinent la croissance aux États-Unis au cours des deux Les importations risquant désormais de souffrir de l’im- 180 Var. 3 mois ann. (%) prochaines années. position de droits de douane élevés (et ce même après 160 les ententes avec la Chine et le Royaume-Uni), nous pré- 140 É.-U. : Selon le FMI, les dépenses publiques ralentiront la croissance Rebond après la Solde structurel de l’administration publique générale en proportion du PIB potentiel voyons que cette contribution sera presque complète- 120 pandémie 5 ment inversée au deuxième trimestre. Les indicateurs du 100 4 % du PIB potentiel trafic maritime, qui révèlent en effet une forte baisse des 80 3 expéditions à destination des États-Unis en provenance croissance Ralentit la 60 2 de la Chine, pointe certainement dans cette direction. 40 1 0 20 la croissance Var. A/A Contribue à Outre la forte augmentation des importations de biens, la 0 -1 -2 contribution négative record du commerce à la croissance -20 -3 du PIB au premier trimestre s’expliquait également par une -40 Effondrement dû à la pandémie -4 baisse des exportations de services, et plus particulière- -60 -5 Solde ment des services dits de « voyages », qui comprennent -80 -6 -7 structurel 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026 l’hébergement, les repas, les frais d’agence de voyages et BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) -8 les frais d’études payés par les visiteurs étrangers aux -9 États-Unis. Celles-ci ont chuté de pas moins de 34,5 % en La baisse des dépenses publiques (-1,4 % en glissement -10 -11 rythme annualisé au cours des trois mois terminés en mars, trimestriel annualisé), la première en près de trois ans, était 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026 2028 soit la pire performance depuis 2001 si l’on exclut la péri- un autre élément notable du rapport sur le PIB du premier BNC Économie et Stratégie (données du FMI)
VISION MAI 2025 | 12 L’économie Retour à la page « Études financières » Les exportations nettes et, dans une moindre mesure, les É.-U. : Le devancement des dépenses visible dans les données (1) sa politique monétaire. En ce qui concerne le premier Commandes de biens durables, aéronefs civils dépenses publiques étant en grande partie respons- élément, le dernier rapport sur l’emploi demeurait 50 ables du recul du PIB réel au premier trimestre, on aurait $US, milliards plutôt encourageant, les effectifs salariés non agricoles 45 pu être tenté de se focaliser sur la hausse annualisée de ayant progressé à un rythme supérieur aux prévisions 3,0 % des ventes finales aux acheteurs privés nationaux 40 en avril (+177 000) et le taux de chômage étant demeuré (mesure qui combine la consommation des ménages et 35 stable à un niveau bas. les investissements des entreprises) et de conclure que 30 Sans vouloir être rabat-joie, il est important de noter la croissance sous-jacente aux États-Unis restait solide 25 que la création d’emplois a certainement été sures- en début d’année. Mais cela ne tient pas compte du fait 20 timée dans le rapport. En effet, malgré une troisième que la guerre commerciale a très bien pu fausser les 15 baisse mensuelle consécutive en avril, le secteur public données dans ce segment également. 10 5 a bénéficié d’une anomalie méthodologique : les sala- riés ayant reçu des indemnités de licenciement ont été É.-U. : La demande privée domestique résiliente au T1 0 PIB réel et ventes finales aux acheteurs privés nationaux (consommation des ménages + investissement privé) -5 comptabilisés comme toujours à l’emploi, ce qui a 9 masqué les mises à pieds effectués par le départe- -10 8 Var. T/T (%) ann., désais. 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 ment de l’Efficacité gouvernementale (DOGE). BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) 7 É.-U. : L’emploi public surévalué dans le rapport d’avril 6 Ventes finales aux acheteurs privés La situation était similaire du côté de la consommation, Emploi de l’administration fédérale 5 nationaux les ménages s’étant apparemment rués sur des auto- 3,160 Milliers 4 mobiles avant que celles-ci ne soient soumises à des 3,120 3 +3,0 % droits de douane. 3,080 2 1 É.-U. : Le devancement des dépenses visible dans les données (2) 3,040 0 3,000 -0,3 % Dépenses de consommation réelles Ventes de véhicules automobiles -1 PIB 2,960 -2 1.4 19 Var. M/M (%) Millions (ann., désais.) 2,920 -3 1.2 18 2,880 -4 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 1.0 2,840 BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) Plus forte 17 0.8 augmentation depuis janv. 2023 +0,7 % 2,800 16 0.6 2,760 Redoutant une hausse des prix due à l’imposition de 2,720 surtaxes, il est en effet probable que les agents 0.4 15 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 économiques aient anticipé une partie de leurs 0.2 14 BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) dépenses au premier trimestre, stimulant du même 0.0 coup la croissance de manière artificielle. La forte aug- -0.2 13 Bien que cette anomalie ne fût pas de nature à altérer mentation des commandes d’avions, qui a contribué à complètement les conclusions du rapport, d’autres signes une hausse annualisée de 13,2 % des investissements -0.4 2022 2023 2024 2025 12 2020 2021 2022 2023 2024 2025 d’un ralentissement de la demande de main-d’œuvre dans le secteur volatil des transports, semblait con- BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) étaient tout de même visibles dans l’enquête auprès des firmer cette hypothèse en ce qui concerne l’investisse- ménages. Le nombre de personnes au chômage depuis ment des entreprises. Ce comportement des entreprises et des consomma- plus de 27 semaines, par exemple, a continué d’aug- teurs soulève une question : la vigueur du premier tri- menter, tout comme la durée médiane des périodes de mestre a-t-elle été obtenue au détriment de la chômage. Ces deux indicateurs vont de pair avec l’aug- croissance future ? Autrement dit, les dépenses sup- mentation du nombre d’allocations de chômage main- plémentaires engagées en début d’année seront-elles tenues et laissent penser qu’il est de plus en plus difficile compensées par la suite ? La réponse à cette question de trouver du travail après avoir perdu un emploi. est probablement oui, mais la sévérité du contrecoup dépendra de deux facteurs : la solidité du marché du travail et la capacité de la Réserve fédérale d’assouplir
VISION MAI 2025 | 13 L’économie Retour à la page « Études financières » É.-U. : Il devient plus difficile de trouver du travail après une perte d’emploi É.-U. : Les jeunes plus touchés par la baisse de la demande de main-d’œuvre niveau trop élevé pour permettre une politique monétaire Durée médiane d’une phase de chômage Taux de chômage accommodante. D’autant que l’inflation demeure au-des- 26 12 Semaines % sus de la cible, avant même que les premiers effets des 24 11 surtaxes ne se fassent sentir, le déflateur des dépenses de 22 10 consommation de base ayant même enregistrer sa plus 20 9 importante hausse trimestrielle en un an au T1. 18 16 8 É.-U. : L’inflation de base a augmenté le plus en un an au T1 20-24 ans Déflateur des dépenses de consommation personnelles de base hormis aliments et énergie 14 7 +2,7 % 5.6 12 % % 6 5.2 10 4.8 5 4.4 8 4.0 4 25-54 ans 3.6 6 (cohorte principale) 3.2 +0,6 % 4 3 +2,8 % 2.8 7 2.4 2 2 2.0 A/A (d) 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 6 1.6 BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) BNC Économie et Stratégie (données du système Fred de St Louis) 5 1.2 0.8 4 +3,5 % Constat similaire du côté du rapport JOLTS, qui montre que Mais la faiblesse pourrait s’étendre à d’autres groupes de 3 le nombre d’offres d’emploi par chômeur a recommencé à travailleurs, à mesure que les effets des droits de douane 2 T/T (g) diminuer après un regain à la fin de l’année dernière. se feront davantage sentir sur les secteurs les plus 1 exposés. On peut penser ici aux secteurs des loisirs et de 0 É.-U. : La demande de main-d’œuvre diminue l’hôtellerie (voir les commentaires sur le tourisme ci-des- -1 Emplois à pourvoir par personne au chômage 2018Q2 2019Q1 2019Q4 2020Q3 2021Q2 2022Q1 2022Q4 2023Q3 2024Q2 2025Q1 sus) ainsi qu’au secteur manufacturier, où la demande BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) 2.2 Ratio étrangère semble en chute libre à l’heure actuelle. 2.0 Dans la dernière édition de ce mensuel économique, 1.8 É-U. : La demande étrangère en chute libre dans la fabrication nous affirmions que les droits de douane, à leur niveau de Enquête ISM sur la fabrication, sous-indice des nouvelles commandes à l’exportation 1.6 l'époque, étaient intenables pour Washington étant 66 1.4 64 Indice donné l’impact prohibitif qu’ils pourraient avoir sur l’écon- Niveau d’avant 1.2 la pandémie 62 omie. Nous nous attendions donc à ce que le taux moyen 1.0 60 de taxe à l’importation soit graduellement abaissé à 0.8 58 56 environ 10-15 % à l'issue de négociations. En ce sens, la trêve annoncée entre la Chine et les États-Unis ne change Expansion 54 0.6 52 pas nos vues. Et bien que les mesures protectionnistes 0.4 50 aient été considérablement amoindries ces derniers jours, Contraction 48 0.2 46 elles risquent tout de même maintenir l’inflation au-des- 0.0 44 sus de l’objectif de la banque centrale pendant un cer- 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026 BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) 42 tain temps. Peut-être pas suffisamment pour empêcher 40 38 toute baisse des taux cette année, mais assez pour inciter Pour l’instant, le recul de la demande de main-d’œuvre 36 la banque centrale à faire preuve de prudence dans son semble toucher davantage les jeunes, si l’on en juge par 34 approche. Des taux directeurs plus élevés que ce qui 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026 le fait que le taux de chômage des 20-24 ans a aug- BNC Économie et Stratégie (données de Bloomberg) aurait été le cas autrement pourraient, quant à eux, menté beaucoup plus que celui des travailleurs de la entraîner un ralentissement de la croissance au second cohorte principale (25-54 ans) au cours des derniers mois. Tout ralentissement du marché du travail pourrait certes semestre. À plus court terme, la croissance économique engendrer une réponse monétaire de la part de la Fed, à devrait rester assez bonne au deuxième trimestre, sou- condition que la banque centrale ait la marge de manœu- tenue par une forte baisse des importations (voir plus vre pour baisser les taux de manière substantielle. Malgré haut). Tout cela devrait se traduire par une croissance de l’accalmie des tensions entre les États-Unis et la Chine, les 1,5 % cette année et de 1,1 % en 2026. droits de douane risquent de maintenir l’inflation à un
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