Marathon : une reproduction d'espace public urbain
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Marathon : une reproduction d’espace public urbain LEI Yan « Alors que l’espace public semble se « normaliser », s’émietter, raréfiant les circonstances de sociabilité et d’échange qui permettent à l’individu de prendre part et d’agir sur son environnement, apparaissent dans le tissu urbain spatial et mental pour des durées plus ou moins longues, des vides, des espaces en transition, en attente. » --- Clara Guillaud « C’est beau qu’une ville qui court. » --- un bloggeur Penser l’espace public Véronique Mauron Chôros-EPFL Printemps 2013 1
Introduction La « société urbaine » se développe dans ses dimensions culturelles, politiques et sociales. Comme manifestation sportive et comme événement public, le marathon joue un rôle inséparable de la ville, parce que le citoyen en tant qu’« homme urbain » se réapproprie l’espace public en renouvelant le sens de la « vie urbaine ». La connaissance de la ville (planification et réappropriation), l’augmentation de l’accessibilité, l’intensité des interactions, l’extimité ou encore la réappropriation sont tous réalisés lors d’un marathon. Le choix du sujet m’apporte d’abord quelques réflexions sur le rapport entre l’événement sportif (marathon) et l’espace public urbain : Comment des évènements sportifs comme le marathon produisent l’espace public urbain ? Comment le marathon reproduit également l’espace public urbain à travers des signes tels que les gestes, le vocabulaire, la distance, la valeur, la relation? I. Histoire du marathon L’espace public s’inscrit dans le « capital urbain » 1 , matériel et immatériel. Le marathon est sans doute une particularité de la « pratique spatiale »2 de la ville, car il reproduit durablement les dynamiques, la densité, l’appropriation dans la vie urbaine et reconfigure l’organisation spatiale et sociale. Si on relit l’histoire du marathon depuis 1896 (les premiers Jeux Olympiques), on remarque que son évolution progresse au même rythme que l’évolution de la ville, on peut ainsi le considérer comme un symbole de la « société urbaine » (Henri Lefebvre). Sur les trois photos ci- dessous, l’urbanisation3 se représente différemment à la ville à travers des trajets spécifiques des marathoniens dans le cadre des temporalités : la première photo est prise à Londres en 1908 et c’est la première fois que la distance de 42,195 km fut mise en place. Le trajet depuis la terrasse du Château de Windsor jusqu’au stade de White City vise à faire plaisir la famille royale du roi Edouard VII et de la reine Alexandra ; la deuxième concerne le marathon de Boston de 1965, les marathoniens franchissent une partie de la ville de Boston ; la dernière photographie a été prise pendant le marathon de Genève de 2012 et les coureurs sont en train de traverser un pont du centre-ville. Ce faisant, l’espace public se transforme de part la densité de l’architecture, l’afflux des personnes et des véhicules, et la diversité des pratiques urbaines (ex. le marathon). En comparant les photos, je constate ainsi non seulement les pratiques sportives des marathoniens, mais aussi une reconfiguration spatialisée et contextualisée de l’histoire du développement urbain. Les « évidences urbaines » de la course, les trajets (20km et 42.2km), les participants, l’organisation sécuritaire, l’environnement témoignent de l’évolution de l’espace public dans son ensemble. Par exemple, on identifie la 1 L’ensemble des biens matériels et immatériels produits et échangés qui résultent du jeu d’un état urbain particulier, doté d’une urbanité spécifique, en un temps de son histoire. 2 « Ensemble de comportements d’un opérateur en relation avec un espace qui constitue pour lui un contexte. » (Jacques Lévy, Michel Lussault, 2003, P740) 3 « Processus de concentration de la population et des activités dans des agglomérations de caractère urbain. » (Jacques Lévy, Michel Lussault, 2003, P961) 3
1. Début du London Marathon Olympique, 1908 2 1 3 2. Coureurs du Boston Marathon, 1965 3. Le Genève Marathon, 2012 coprésence d‘une architecture plus moderne et d’une infrastructure urbaine plus dense sur la dernière photo que sur les deux autres. II. Marathon : (re)production de l’espace public A partir de l’organisation du système sociétal, la « production »4 profite de la liberté de produire des sociétés « pluralistes » (Michel Walzer). Parallèlement, l’espace urbain se produit différemment, au sens visible et invisible, par les individus, les collectifs, les hommes, les femmes, les riches, les pauvres. Il semble que l’essentiel de l’espace urbain soit la relation « produit-producteur », c’est-à-dire que la ville est construite matériellement et réajustée en fonction des rapports sociaux. La « production de l’espace » telle que définie par Henri Lefebvre est une formation procédurale des rapports sociaux, « ne désignant pas un produit quelconque, chose ou objet, mais un ensemble de relations, ce concept exigeait un approfondissement des 4 « Dimension d’une société qui correspond à la création au sein de cette société de nouvelles réalités socialement valorisées » (Jacques Lévy, Michel Lussault, 2003, P745) 4
notions de production, de produit, de leurs rapports… A sa manière productive et producteur, l’espace entre dans les rapports de production et dans les forces productives (mal ou bien organisé). » En cela, l’espace urbain produit non seulement toute la matérialité mais aussi l’ensemble de la « réalité sociale » (Emile Durkheim). Par ailleurs, la reproduction symbolise une dynamique structurale et philosophique de la société en renouvelant négativement et positivement l’ancien objet et esprit « démodé » et « inertiel ». D’après Jacques Lévy, la reproduction est le « processus de reconstitution durable des logiques fondamentales et des structures d’une société, en dépit de la succession des générations et des dynamiques du changement. »5 Si on applique ce terme à l’urbanisation, comment cela peut-il se traduire ? Par exemple, l’urbanisation de l’histoire de Paris est (re)produite par l’industrialisation, d’où la transformation de la valeur d’usage à la valeur d’échange, d’habiter la ville à l’habitat des logements. En se fondant sur l’héritage historique et les actions réelles, l’urbanisation se planifie, prolifère et se contredit. En outre, la force de reproduction est d’abord évoquée par Karl Max (1867) pour signifier la potentialité de révolutionner le système capitaliste. Aujourd’hui, son sens a évolué et son application dans le domaine du développement urbain signifie une capacité à déployer des « lieux » (Jacques Lévy) et de produire des relations intenses entre les citadins. Ce faisant, les rapports sociaux convergent vers une vie urbaine et sont renouvelés par les pratiques culturelles, artistiques et sportives au sens créatif et démocratique. 1. Espace public planifié La mise en place de dispositifs comme la signalétique, les grilles le long du parcours, la présence de contrôleurs traduit une instrumentalité institutionnelle qui reconfigure l’espace public, afin de reproduire la normalité des normes et de l’ordre public. Comme le signale Henri Lefebvre, « La spatialité se cristallise dans des situations pratiques productrices de dispositifs spatiaux agencés par les acteurs dans, par et pour leurs actions. »6 Concernant les trois photos suivantes, la première représente les trajets planifiés du marathon de Genève (20km et 42km) qui desservent la périphérie et le centre-ville de Genève ; la deuxième représente deux espaces publics distincts : celui des marathoniens, et celui consacré à la circulation des véhicules et des personnes ; la dernière concerne un contrôleur qui est en train de maintenir l’ordre. Les formes de l’espace public sont réajustées et ordonnées par les planificateurs en reproduisant un nouveau système normatif. 5 Jacques Lévy, Michel Lussault, 2003, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris : Edition BELIN, P793 6 Jacques Lévy, Michel Lussault, 2003, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris : Edition BELIN, P337 5
3 1. Trajet du Genève Marathon, 2013 1 2. l’espace séparé, le Genève Marathon, 2013 2 3. maintien de la circulation, le Genève Marathon, 2013 2. Pratiques de l’espace public Evidemment, la « pratique spatiale » se déroule au sein de l’environnement préexistant du point de vue de l’espace conçu, perçu et vécu, à savoir la relation dialectique entre les représentations de l’espace et les espaces de représentation (Henri Lefebvre). La première formule signifie l’élaboration intellectuelle du système de signes par les urbanistes, les planificateurs, les architectes. Comme il énonce, « Les représentations de l’espace, c’est-à-dire l’espace conçu, celui des savants, des planificateurs, des urbanistes, des technocrates « découpeurs » et « agenceurs », de certains artistes proches de la scientificité, identifiant le vécu et le perçu au conçu ».7 Par exemple, le marathon est organisé en tant qu’événement sportif urbain, ce qui reflète la volonté des acteurs de dynamiser la vie urbaine et d’augmenter la réputation de la ville. Le dernier consiste en l’espace des usagers et leurs symboles corporels, verbaux et non-verbaux, mentaux et sociaux. De ce fait, il s’agit de la spatialité humaine, « la dimension spatiale de ce que fait un opérateur humain » (Jacques Lévy, 2003, P742) qui applique nos savoir-faire à l’espace urbain. Par exemple, la relation concurrentielle des marathoniens, les interactions entre les habitants et la ville, l’indifférence des passants, la transgression de l’ordre des piétons. 7 Henri Lefebvre, 2000, La production de l’espace, Paris : Edition Anthropos, P48 6
1. Le champion finlandais Antti Viskari au1Boston Marathon, 1956 2 2. Le Genève Marathon, 2013 En conséquence, l’espace public est produit par l’ensemble des pratiques urbaines, car il se fonde non seulement sur les savoirs et les conceptions des professionnels de l’urbanisme, mais aussi sur l’ensemble du public qui construit les rapports sociaux (des rencontres, des discours, des activités). En outre, l’espace public est caractérisé par les lieux partagés : des trottoirs, rues, jardins, bars dans lesquels la coprésence des corps, l’intensité des déplacements, la diversité des objets sont mis en pratique. Les deux photos suivantes révèlent que des relations vivantes s’installent dans l’espace partagé par les citoyens grâce à la déplacement des marathoniens, la participation des accompagnateurs, l’intensité des signes (des gestes, des positions, du langage verbal). L’appropriation de l’espace public aujourd’hui demeure aussi accentuée qu’auparavant. III. Marathon : paramètres de l’espace public Les registres spécifiques de l’espace public tels que les normes, les valeurs et les règles normalisent les pratiques des individus. Néanmoins, il semble que ces dernières requalifient l’espace public de la manière active. Le marathon redéfinit les paramètres de l’espace public avec des variations quant à l’accessibilité, l’expression publique, l’altérité de la coprésence et des désordres produits. 1. Accessibilité « L’espace public »8 est censé être un espace partagé par tous les citoyens, du fait qu’ils se côtoient les uns les autres, sans contrainte. Cette équité d’accès pour tous, l’accessibilité, diminue la distance de soi par rapport à la circonstance et désigne un droit commun et ouvert à la ville. A ce titre, les expériences individuelles concrétisent et construisent socialement l’espace public, d’où une société « utopique » et non pas « utopiste ». C’est-à-dire que la « société urbaine » est réalisable pour que les individus parviennent au « droit à la ville » (Henri Lefebvre). Par exemple, la 8 Espace accessible à tous. De taille limitée par rapport à l’espace de référence, l’espace public a la capacité de résumer la diversité des populations et des fonctions d’une société urbaine dans son ensemble. (Jacques Lévy, Michel Lussault, 2003, P336) 7
1 1. La2 liberté de l’usage de l’espace public par les accompagnants debout sur le trottoir. 2. L’espace public divisé pour les coureurs, les accompagnants et les passants participation des marathoniens symbolise un droit essentiel d’être dans l’espace urbain. Pour y accéder, il n’y a pas de condition préalable, que ce soit au niveau du genre, de la catégorie sociale ou de l’âge. Elle reproduit des nouvelles spécificités, puisque les personnes (les coureurs, les accompagnants, les contrôleurs) s’intègrent à la dynamique de la ville et maintiennent un « consensus spatial ». Chacun s’approprie son propre espace. En revanche, cette accessibilité n’a pas lieu dans la liberté absolue. Par exemple, l’espace public du marathon de Genève est divisé par les autorités en deux dimensions, afin d’ajuster la circulation de la ville : l’un est réservé exclusivement aux marathoniens et les signes de planification sont visibles, comme les barrières, les indications, la présence des contrôleurs ; l’autre regroupe les accompagnants qui se rassemblent derrière les barrières en augmentant l’intensité de la coprésence. 2. Expression publique L’intime et l’extime possèdent une relation dialectique : l’un désigne l’intériorité de soi qui renvoie aux représentations de la réalité ; l’autre réside dans la relation étendue de l’ego à l’alter-ego. L’intimité se manifeste via les gestes, les signes, les attitudes, les mots en appliquant « l’intimisation » à l’espace public, avec l’idée qu’ « un lieu public [est] appréhendé comme essentiellement intime par les individus. »9 Ce processus consiste à bâtir ouvertement un espace privé afin de satisfaire des besoins sociaux. La ville appartient aux lieux d’intimité. D’après Georg Simmel, Richard Senett (1995), « La ville devrait être le lieu où il est possible de s’unir aux autres sans tomber dans la compulsion de l’intimité ». De plus, l’anonymat de l’espace public favorise l’expression individuelle, puisque l’identité individuelle dissimulée est censée réfuter la standardisation de la convention sociale et diminuer l’écart entre soi et l’environnement. La première photo montre un jeune homme qui exprime crânement sa relation amoureuse avec une fille nommée Lily lors du 9 Jacques Lévy, Michel Lussault, 2003, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris : Edition BELIN, P335 8
2 1. Un marathonien chinois affichant « Lily, je t’aime », Pékin marathon en 2012 2. Un marathonien chinois graffiti « à la cherche d’une fille idéale au mariage » sur son corps, Pékin marathon en 2012 marathon de Pékin de 2012. La deuxième montre un marathonien qui affiche son vœu et son contact au public, notamment aux filles célibataires, dans l’espoir de trouver une fiancée idéale. La manière de s’approprier l’espace public grâce à l’ouverture de l’extimité met en lumière la vie urbaine. De fait, la réversibilité du rôle de l’espace privé à l’espace public et la créativité individuelle dans la réappropriation représentent une évolution de la « société urbaine » (Henri Lefebvre). Par ailleurs, l’espace public est métaphorisé comme « la sphère publique » (Jürgen Habermas, 1962), à savoir l’ensemble de la structuration de la liberté d’expression. Contraire aux stratégies abstraites des dirigeants, les actions des citoyens sont « tactiques » (Michel de Certeau). Elles sont parcellaires, exploratoires et opposantes au système en s’appuyant sur la sensitivité spontanée de la réalité. Ceci dit, portant un sens critique, les individus tentent de mettre en cause les normes sociales, d’où la possibilité des « transgressions reconnues ou contestables »10. Ainsi, les opinions individuelles se manifestent de façon plus ou moins indépendantes de celles des institutions et les citoyens sont capables de réagir, autrement dit, de produire « le paradigme de l’activité tacticienne », au moment où l’expression publique n’est pas canalisée. En outre, la conscience d’avoir des vocations de la société provoque des pratiques sociales dans l’espace public, par exemple sur les deux photos ci-dessous. La première concerne un rappel à la société chinoise visant à aider les enfants des quartiers pauvres en apportant une paire de chaussures sportives ; l’autre est de sensibiliser le public à la protection des rhinocéros de notre planète lors du marathon de Londres en 2012. 10 Les transgressions autorisées par le gouvernement en ne pas dépassant la marge des normes sociales, ou le contraire. 9
1. Deux marathoniens appellent la société chinoise de sensibiliser le problème des enfants pauvres, Pékin marathon en 2012 2 2. Un « rhinocéros » est en train de courir lors du London Marathon en 2012 Aussi se présentent des signes de conceptualisation de l’espace public. Le corps, les gestes, les vocabulaires, les décorations, les contacts se composent d’une diversité de formes, qui sont « entièrement visuelles (pensée, concertée et maniée par la vue) » (Roland Barthes). Grâce aux interactions, les signes réduisent la distance entre le soi et l’environnement. « Codes will be seen as part of a practical relationship, as part of an interaction between “subjects” and their space and surroundings. » (Henri Lefebvre, 2000, P18) Par exemple, notre corps se développe dans sa spatialité en exprimant notre rapport à l’environnement, in situ et in vitro, parce que le soi est incrusté dans et pour l’espace. « C’est à partir du corps que se perçoit et que se vit l’espace, et qu’il se produit » (Henri Lefebvre, P190). La spatialité du corps des marathoniens se traduit non seulement par le déplacement, la distance, le rythme, la répétition, mais aussi par l’objet et le concept utilisé par le corps comme le dessin, le mot, l’habillement. En définitive, par les signes s’instituent la « sphère publique ». 3. Altérité de la coprésence et désordre « L’altérité » 11 se caractérise par l’hétérogénéité de « l’individu-sujet » inscrit géographiquement en lieux, c’est-à-dire que les acteurs sociaux agissent dans l’espace en se réappropriant différemment leur propre lieu. En même temps, leurs actions variées peuvent s’inscrire simultanément dans le même espace, d’où la coprésence. De fait, la coprésence se caractérise par « le rassemblement et l’agrégation en un même lieu de réalités sociales distinctes » (Jacques Lévy, 2003, P211). Ainsi, la coprésence dans l’espace public produit l’altérité et la distance, puisque la diversité d’objets distants (matériels, corps, signes) se confronte fortement en « temps réel ». Les interactions sont faibles entre les acteurs coprésents. Par exemple, sur les photos suivantes, au delà de l’espace des marathoniens, d’autres activités spatiales continuent à exister et à se développer en même temps : soit des travailleurs sont en train de faire le déménagement devant le bâtiment ; soit un passant franchit la rue hors du trottoir ; 11 Caractéristique de ce qui est autre, de ce qui est extérieur à un « soi », à une réalité de référence : individu et par extension, groupe, société, chose, lieu. (Jacques Lévy, Michel Lussault, 2003, P58) 10
3 12 1. Tommy Leonard se précipite dans la rue lors qu’un équipe de déménagement travaille, le Boston Marathon, 1956 2. Un nettoyeur passe par les coureurs lors du London Marathon, 1981 soit un nettoyeur marche3.tout seul près Un passant deslamarathoniens. traverse Lors d’un marathon, la rue lors du Genève diversité dans la coprésence renvoie Marathon à la spatialité en « pluralisme en 2012 » avec des espaces coexistants. Sans tenir compte de l’imposition du pouvoir des organisateurs, cette coprésence consiste à reproduire une « micro-liberté », informelle et réelle cependant, en appartenant ou non à l’espace évènementiel. Contraire à l’ordre, le désordre ou le chaos est causé soit par des éléments hétéroclites internes, soit par une perturbation externe de l’ordre existant. Les désordres urbains dans l’espace public comme la violence, la visibilité de la pauvreté ou la surpopulation sont foisonnants et compliqués. Aussi le marathon risque de créer du désordre par sa spatialité. Par exemple, l’épuisement physique des marathoniens en abandonnant la course, la transgression de l’ordre en traversant la piste des coureurs, l’environnement saturé par les déchets à l’issue du marathon. Sans pour autant que les planificateurs produisent l’idéologie urbaine, les individus procèdent au contraire les pratiques sociales négatives. 11
4. L’anecdote antique du nom « marathon » : Phidippidès, un 46 5 messager grec qui aurait couru de Marathon à Athènes pour annoncer la victoire contre les Perses à l’issue de la bataille de Marathon lors de la première guerre Médique en -490. Arrivé à bout de souffle sur l’Aréopage, il y serait mort après avoir délivré son message. 5. Un marathonien plus âgé abandonne la course lors du Paris Marathon en 2009 6. Le désordre des déchets lors du Paris Marathon en 2009 12 Conclusion L’espace public est instrumentalisé par les acteurs afin de produire un système de « valeur d’échange » : la norme capitaliste, l’ordre spatial, la réputation de la ville, production marchande. En même temps, du point de vue des individus, les pratiques sociales dynamisent fondamentalement l’espace public urbain, car ils sont les protagonistes réels de la scène urbaine. L’exemple du marathon articule les deux aspects, institutionnels et civils, qui renvoient à un nouveau mode de la production de l’espace : l’espace humain de la ville. Aujourd’hui, les marathons se déroulent dans des villes mondiales comme New-York, Boston, Londres, Tokyo, Pékin, etc. Ils s’intègrent non seulement dans la « vie urbaine » locale, mais mobilisent également un même esprit urbain et universel : le marathon appartient au Monde ; la ville appartient aux citoyens. Cependant, dans la société individualisée, l’implication de l’action politique étatique se renforce. A ce titre, on perçoit que la dialectique entre l’œuvre et le produit persiste et que la liberté et la créativité semblent se dégrader dans l’espace public urbain. Pour cela, Henri Lefebvre annonce la révolution urbaine dans la vie quotidienne : sportive, culturelle, artistique et politique. 12 http://fr.wikipedia.org/wiki/Marathon_(sport) 12
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