MEILLEURS ALLIES - Comédie Claude Volter
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MEILLEURS ALLIES Texte Hervé Bentégeat Mise en scène Jean-Claude Idée Avec Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent d’Olce, Denis Berner REVUE DE PRESSE 2017 LES 3 SOLEILS - AVIGNON OFF JUILLET THEATRE PETIT MONTPARNASSE 7 SEPTEMBRE > 31 DECEMBRE Service de presse Isabelle Muraour | Emily Jokiel 01 43 73 08 88 www.zef-bureau.fr
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• DANSEJAZZ/MUSIQUESCLASSIQUE/OPÉRAAVIGNON EN SCÈNESHORS-SÉRIES THÉÂTRE - CRITIQUE Meilleurs alliés LE PETIT MONTPARNASSE / DE HERVÉ BENTÉGEAT / MES JEAN-CLAUDE IDÉE De Gaulle et Churchill s’affrontent alors que les troupes alliées s’apprêtent à débarquer en Normandie. Meilleurs alliésraconte l’opposition tranchée entre ces deux personnalités de l’Histoire. Adeptes de l’innovation théâtrale, passez votre chemin. Du point de vue de la mise en scène et du jeu, Meilleurs alliés relève d’un style naturaliste le plus traditionnel qui soit, sans doute à l’excès, avec imitation du réel en ligne de mire. De Gaulle habillé dans son mythique costume de général et Churchill en petit rondouillard vous attendent dans le wagon de commandement anglais la veille du débarquement. Dehors, le ciel noir envoie des bourrasques de vent et des nuages prêts à crever défilent dans le ciel tandis que les mouettes criaillent sur fond de plages anglaises. De temps à autre, un avion passe. De Gaulle est mécontent de n’être pas associé aux préparatifs du débarquement et s’inquiète des projets de mise sous tutelle de l’administration de la France conçus par les Américains. Churchill cherche, lui, à ce que de Gaulle prononce une allocution destinée à mobiliser les français de l’intérieur dans le sillage des troupes alliées. Dans ce conflit, chacun a ses armes
et ses arguments, et Meilleurs alliés métamorphose rapidement la confrontation autour des enjeux politiques en l’opposition de deux personnalités opposées que l’Histoire réunit. Un dialogue qui redessine l’Histoire Dans un deuxième temps, les ambassadeurs respectifs jouent les intermédiaires et le face à face tourne au côte-à-côte, chacun dans son bureau ne communiquant plus avec l’autre que via son émissaire. Le spectacle trouve alors son rythme de croisière. De Gaulle en grand « dindon » mélancolique, pétri de valeurs et de vanité, inflexible à en devenir raide, Churchill tout en rondeurs, bon vivant cynique et rigolard, ont des personnalités que tout oppose sauf le goût du pouvoir et de la politique. Leur dialogue redessine l’Histoire et notamment le fait que la France ne peut définitivement pas être considérée comme actrice majeure de la victoire finale. Dans la foulée il égratigne gentiment de Gaulle pour une certaine forme de mépris du peuple – et des femmes – mais aussi les Français que leur futur Président ne ménage pas dans ses propos. Tout cela n’est pas bien neuf et le plaisir des spectateurs consiste sans doute à retrouver des dessins de personnalité déjà connus. C’est parfois drôle, la langue de de Gaulle, aussi archaïque que belle, épique que datée, fait resurgir des termes joliment désuets (« salmigondis », « zozos », etc.), le tout prononcé par un acteur qui imite à la perfection son ton et son phrasé. Dans ces coulisses fictionnelles de notre Histoire nationale, on trouve avec plaisir la restitution d’un passé parfois oublié. Eric Demey
Les Meilleurs alliés sur scène Rédigé par Pierre Durrande le 23 septembre 2017 dans Culture © Pascal Gély. L’action de cette pièce tourne autour d’un moment crucial de l’histoire contemporaine de la France, le débarquement des alliés en Normandie. Churchill convoque le général De Gaulle pour lui faire part de l’imminence de l’évènement et celui-ci est furieux : La France libre dont il est le chef du gouvernement provisoire à Londres est écartée des opérations militaires. Il s’ensuit un face-à-face dramatique, poignant et intense, entre deux fortes personnalités, très différentes l’une de l’autre, et pourtant proches, ne serait-ce par leur implication personnelle totale dans leurs engagements réciproques envers leurs patries respectives, L’Angleterre et la France. Ce cadre autorise Hervé Bentégeat à nous faire participer, avec une proximité étonnante, au débat haut en couleur de ces deux personnages et à nous livrer, à travers leur duel, au fil d’une plume incisive un regard comparatif sur la noble vocation du Politique et l’état pitoyable de ses mœurs. Il y a comme une sorte de nostalgie qui court implicitement dans la sève de ce dialogue quand on mesure le degré de déchéance du débat politique aujourd’hui. Par exemple, lorsqu’il met dans la bouche du général De Gaulle ces tirades : « La politique, la grande, c’est toujours un amour déçu… J’aime le peuple de France, pas ceux qui le représentent. Les politicards, les petits chefs de partis, ces bateleurs qui n’ont pas la queue d’une idée, qui ne sont à l’aise que dans la guéguerre des clans, le marigot des petites phrases, la carambouille… Tout ce qu’ils veulent, c’est revenir à leurs petites combines, celles où l’on se distribue les places, celles qui ont conduit la France au précipice ! Ce n’est pas la démocratie qu’ils aiment, ces pygmées, c’est la démocrassouille, où ils se tiennent tous par la barbichette ! ». Autre temps, autres mœurs ! Que de correspondances cependant ! Si vous ajoutez à cela le jeu éblouissant et brillant dans l’imitation de ces deux grands acteurs que sont Pascal Racan et Michel de Warzée, vous êtes assurés de passer une excellente et instructive soirée. Petit Montparnasse, 31, rue de la Gaité, Paris XIVe. Du mardi au samedi à 21 h, matinée samedi à 16 h. Réservation : 01 43 22 77 74.
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Confrontation entre Churchill et de Gaulle Dans le off, on peut aussi découvrir de bonnes créations. Par exemple Meilleurs alliés d'Hervé Bentegeat, dans une mise en scène de Jean-Claude Idée qui a également conçu le décor, les lumières, les costumes. Il s'agit de la confrontation de Winston Churchill et du général de Gaulle, juste avant le débarquement et un peu au-delà. Un excellent montage vidéo d'Olivier Louis Camille passe en continue, comme un paysage que l'on verrait par les grandes baies du quartier général du Britannique. Deux comédiens très connus en Belgique, leur pays, incarnent, en les évoquant sans exagérer l'imitation. Michel de Warzée est un Churchill expansif et provocateur, Pascal Racan, un de Gaulle raide et imbu de lui- même. L'auteur injecte des notations intimes et convoque deux autres personnages, comme des confidents de tragédie, Anthony Eden, Laurent d'Olce et Viénot, Denis Berner. C'est très bien écrit, en formules percutantes et justes. Un très bon moment repris au Petit Montparnasse, à Paris, à partir du 7 septembre, nous en reparlerons plus longuement. (3 Soleils, 18h40, durée: 1h20).
OFF/ Avignon: Ah, général, vous voilà ! GÉRALD ROSSI LUNDI, 17 JUILLET, 2017 Pascal Racan, impressionnant dans l’habit du Général DR Trois jours en juin 1944, pour un face à face vibrant entre De Gaulle et Churchill. Avec deux auteurs remarquable d’efficacité historique, Michel Warzée et Pascal Racan. C’est une fameuse tranche d’histoire que résume l’auteur Hervé Bentégeat, « fasciné » par Charles de Gaulle, représentant de « la France Libre » et Winston Churchill, premier ministre Britannique. Le décor, notamment les projections, est efficace et tempère la monotonie d’un huis clos. Tout se passe du 5 au 7 juin 1944, à la veille du débarquement. « C’est terrifiant et drôle, terriblement humain » ajoute Jean-Claude Idée, le metteur en scène qui a su utiliser la malice d’acteurs manifestement heureux d’endosser ces lourds costumes. Cette séquence d’histoire réelle, même si filtrée par l’écriture théâtrale, n’écarte pas les velléités des américains pour mettre la main sur l’administration française, face à un Général, qui tout en dénonçant les propos lui prêtant des intentions autoritaires et même d’avantage, défend l’idée d’une France et d’une Europe Indépendantes. Tout en s’affirmant comme un politique rusé et réactionnaire, réfutant par exemple la proposition de l’entrée de l’entrée de femmes dans le gouvernement provisoire, se moquant alors de la création « d’un sous secrétariat d’état au tricot ». Vieille époque. Outre Laurent d’Olce et Denis Berner, avec des seconds rôles efficaces, Michel Warzée et Pascal Racan son bluffants. Le premier est un Churchill plus que crédible, et le second un général saisissant, tant l’apparence est réussie, mais aussi l’intonation vocale. Laquelle, sur toute la durée, donne au personnage les accents d’une vérité surprenante. « Meilleurs alliés ». Théâtre 3 Soleils, rue Buffon. Tél:. 04 90 88 27 33
Accueil > Meilleurs alliés d’Hervé Bentégeat Critiques / Théâtre Meilleurs alliés d’Hervé Bentégeat par Gilles Costaz Churchill-De Gaulle, le bras de fer Trois jours en Angleterre, mais trois jours essentiels pour l’histoire du monde. Du 5 au 7 juin 1944, Churchill, premier ministre de son pays, reçoit De Gaulle, le chef de la France libre dont les Anglo-Américains acceptent du bout des lèvres la légitimité. Roosevelt préférait le général Giraud et Churchill n’aime pas beaucoup ce grand officier raide comme un piquet. D’ailleurs, dans l’esprit des alliés, les jeux sont faits : le débarquement va avoir lieu sans la participation de la France clandestine et sans que les instances de la résistance soient associés à la stratégie. De Gaulle est rouge de colère, Churchill rouge d’alcoolisme. L’affrontement dans les vapeurs de whisky et la fumée des cigares va être tendu. Le bras de fer va mettre en jeu d’imprévus rapports de force. Les entrée discrètes d’Anthony Eden et du conseiller français Viénot ajoutent au débat les points de vue plus subtils des diplomates car, courroucé, Churchill enverrait bien De Gaulle dans une geôle de la tour de Londres pour ne plus l’avoir dans les pattes…
La pièce d’Hervé Bentégeat commence exactement comme Le Souper de Jean-Claude Brisville : deux grands personnages se retrouvent dans un huis clos et passent peu à peu de la courtoisie au pugilat. Bentégeat se coule dans le modèle de ces pièces historiques où l’on réinvente théâtralement ce qui n’a pas laissé de trace. Parti de façon un peu chansonnière, le texte évolue vers une vision plus profonde du passé et plus politique. Il flotte un peu, change de ton mais il est toujours écrit d’une plume judicieuse. La mise en scène de Jean- Claude Idée s’amuse beaucoup à souligner la cocasserie de relations où la petitesse concurrence la grandeur. On ne sait pas pourquoi il fait parler Churchill avec un accent britannique et Eden sans accent. Mais cela n’a pas beaucoup d’importance. Les acteurs principaux jouent dans le relief : Michel de Warzée est un Churchill joyeusement pervers et ivrogne, fort plaisant. Pascal Racan compose De Gaulle à la manière dont on fait bien des caricaturistes, mais avec un brin d’humanité et de tristesse qui rehausse le personnage. Leurs partenaires, Laurent d’Olce et Denis Berner, jouent au contraire le retrait et donnent à la comédie l’arrière-plan, le feutré qu’elle n’aurait pas si elle n’avait été interprétée que dans le grossissement burlesque. La vidéo projetée sur le décor est étonnante (les actualités de l’époque surgissent au gré d’effets spéciaux). Le spectacle vient de Bruxelles : ce n’est pas de l’humour belge, mais il est dans la bonne distance avec laquelle nos voisins savent parler de ce qui concerne la France. Meilleurs Alliés d’Hervé Bentégeat, mise en scène, décor, costumes et lumières de Jean- Claude Idée, vidéo et son d’Olivier Louis Camille, avec Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent d’Olce et Denis Berner. Petit Montparnasse, tél. : 01 43 22 77 74. Photo Pascal Gély.
MEILLEURS ALLIES Je dois bien le reconnaître, je me suis surpris moi-même à aller voir ce spectacle. Pourtant grand amateur d’Histoire et tout particulièrement de celle de la seconde guerre mondiale, il m’a fallu entendre les premiers échos positifs en provenance du Festival d’Avignon avant que de me rendre rue de la Gaîté, assister à la représentation de ce qui s’est avéré une bien belle surprise. D’abord un peu gêné aux entournures par l’accent à couper à la hache du comédien incarnant Churchill autant que par la truculence trop immédiate du personnage, on finit bien vite par se délecter de ce combat de coqs. Car c’est bien d’un combat de mâles pas toujours honnêtes avec eux-mêmes dont il s’agit. Le metteur en scène et l’auteur, dans leur note d’intention, font logiquement référence à cette relation d’amour-haine qui s’instaura entre ces deux géants, l’un d’un optimisme farouche, l’autre à la vision sombre et fataliste de l’avenir de leurs nations. Deux géants, mais deux hommes, deux humains avant tout. Ils tergiversent, jouent parfois la veuve effarouchée pour ne pas céder trop vite aux avances d’un adversaire qu’ils n’ont d’autre choix que d’accepter comme un allié. Les rebuffades et acrobaties Churchill et de Gaulle laissent le spectateur pantois, se demandant où était réellement l’ennemi dans ce carnage du milieu de siècle. Une mise en scène portant des comédiens quasi shakespeariens, plongés dans un comique de situation que l’on n’attend pas en de pareilles circonstances. Les précieuses ridicules trônent sur leurs épaules comme de mauvais génies.
Cette pièce regorge d’éléments désuets. Mais ne vous y trompez pas. Désuétude ne signifie pas ringardise. Se juxtapose souvent à la désuétude un charme nostalgique qui ne manque ni au décor -permettant d’abord un affrontement direct puis des entrechats par diplomates interposés-, ni aux comédiens investis dans leurs incarnations historiques jusqu’à en provoquer le trouble chez celui qui les observe. Ce qui ne figurait pas dans la note d’intention et constitue pourtant l’intérêt majeur d’une telle création artistique, tient au côté prophétique que ces leaders politiques et guerriers manifestaient alors, presque malgré eux diront certains. Pas totalement car ce serait leur ôter une compréhension bien réelle de ce qui se jouait en 1944, bien au-delà des frontières européennes et attendait le Monde, de la guerre froide au consumérisme. Ne dit-on pas que pour lire l’avenir, il faut d’abord bien comprendre le passé… au risque de ne pas (bien) s’occuper du présent, diront les plus pragmatiques.
Le pitch : Le 4 juin 1944, Churchill convoque de Gaulle à Londres pour lui faire part de l'imminence du débarquement des troupes alliées en Normandie. De Gaulle est furieux : la France libre est écartée de la plus grosse opération militaire de tous les temps, qui aura lieu sur les côtes de France. La rencontre se passe très mal. Au point que Churchill envisage d'enfermer de Gaulle quelque part en Angleterre. Un face-à-face orageux entre deux monstres de l'Histoire, qui éprouvent l'un pour l'autre un mélange d'estime et d'agacement, de fascination et d'exaspération. Meilleurs alliés Auteur : Hervé Bentégeat Mise en scène : Jean-Claude Idée Avec : Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent d'Olce, Denis Berner Crédits photos : Pascal Gély Théâtre du Petit Montparnasse 31 rue de la Gaïté - 75014 Paris
Holybuzz Culture & Spiritualité Aller au contenu Théâtre : « Meilleurs alliés », d’Hervé Bentégeat au théâtr du Petit Montparnasse, à Paris. Caractériels géniaux. « Meilleurs alliés » est une pièce très bien jouée et instructive. Très bien jouée car on croit aux deux personnages dès leur arrivée sur le plateau. Instructive car elle soulève à l’occasion d’un point d’histoire – la façon dont Churchill voulait faire lire à De Gaulle un message déjà rédigé à la radio dans la suite immédiate de celui du général Eisenhower et comment il menaça de repartir à Alger si ses exigences n’étaient pas satisfaites* – les relations d’estime exaspérées qu’entretenaient les deux hommes. Les comédiens ont travaillé la ressemblance physique, y compris des intonations, et pourtant jamais on ne tombe dans la caricature. L’ambiance de suspense et de chantage politique permanent y est pour quelque chose. De la même façon, le réalisme du décor qui va jusqu’à projeter, avec le son, des vols de mouettes ou de Spitfire à travers les vitres de l’abri de Portsmouth où se trouvent les deux hommes renforce la crédibilité du propos sans créer d’exagération. Il devient vite évident que si la pièce suit le déroulé de ces 72 heures durant lesquelles de Gaulle arracha un peu plus son indépendance, les propos qui sont mis dans la bouche des protagonistes, s’ils sont indiscutablement d’eux, ont dû être prononcés dans des circonstances variées. On y retrouve les emportements de Churchill et le sens de la formule de de Gaulle. Et on sent bien comment le Premier ministre voit dans le chef du gouvernement provisoire une diva intransigeante tandis que ce dernier considère celui-là comme un buveur arrogant. Au surplus artiste et Anglais ! De ce fait, la pièce ne manque pas d’humour. Le public, nombreux car la pièce a déjà eu du succès à Avignon, rit régulièrement. Comment ne pas le faire quand on entend « l’amour est un spasme bref et aussi violent qu’un tir de mitraillette suivi d’un long malentendu » (De Gaulle) ou « le jour où commence la sénilité, c’est quand on oublie de fermer sa braguette et quand elle finit, c’est quand on oublie de l’ouvrir » (Churchill). Car il arrive aux deux hommes de s’offrir une récréation entre leurs affrontements pour le pouvoir en France**. Durant lesquelles aucun sujet n’est tabou : « la guerre, c’est affreux, mais la paix, quel ennui ! » (Churchill). L’auteur de la pièce, par une habileté supplémentaire, a su dessiner la personnalité des protagonistes en leur empruntant leurs propres mots d’esprit. Ainsi, pour de Gaulle : « le seul révolutionnaire en France, c’est moi », « la droite idéalise le passé et la gauche l’avenir, ce qui fait que personne ne s’occupe du présent », « je n’estime que ceux qui me résistent, malheureusement, je ne les supporte pas », et enfin « la politique, c’est toujours un grand amour déçu ». Mais il serait injuste d’oublier les souffre-douleur et psy de ces deux caractériels : Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères anglais et Viénot, ambassadeur à Londres du gouvernement provisoire de la République française. Ces derniers sont parfaitement campés. Pour eux aussi, on a joué la ressemblance.
On note par ailleurs que leur jeu, à l’inverse de celui de leurs négriers, est celui de complices qui tentent – et finiront par réussir – de raisonner leurs chefs respectifs sans pratiquer d’opposition directe. Au contraire, il s’agit pour eux de faire comprendre à des ego surdimensionnés qu’ils pourraient accéder à une dimension encore supérieure en faisant quelques concessions, toujours présentées comme indispensables et allant dans les intérêts poursuivis par leurs mentors. Leur jeu est donc de se faire insignifiants tout en étant présents et de manifester la patience nécessaire jusque dans les moments d’urgence. De ce point de vue, si on les remarque peu, c’est justement en raison de la maîtrise exceptionnelle qu’ils ont de leurs rôles. À ce titre, on peut dire que leur talent est équivalent à celui des personnages principaux. Pierre FRANÇOIS « Meilleurs alliés », d’Hervé Bentégeat. Avec Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent d’Olce, Denis Bernier. Mise en scène : Jean-Claude Idée. Du mardi au samedi à 21 heures, matinée le samedi à 16 heures au théâtre du Petit Montparnasse, tél. 01 43 22 77 74, métro Edgard Quinet,www.theatremontparnasse.com *Le message d’Eisenhower annonçant le débarquement fut diffusé le 6 juin à 13 h 30 et celui que le général de Gaulle avait préparé le fut à 18 heures, ce dernier ayant eu l’appui du ministre des Affaires étrangères anglais. ** Churchill étant en l’occurrence le porte parole des Américains.
Chantiers de culture Churchill et de Gaulle, un face-à- face historique Dans « Meilleurs alliés » au Petit Montparnasse, Jean-Claude Idée met en scène la rencontre de Churchill et de Gaulle à Londres, à la veille du débarquement des troupes alliées en Normandie. Un face-à-face houleux entre deux monstres de l’histoire, royalement interprétés. Le 4 juin 1944, Winston Churchill, Premier ministre britannique, convoque Charles de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République française, dans un wagon aménagé en bureau de commandement, près de Portsmouth. L’heure est grave, le débarquement des troupes alliées en Normandie est imminent. Le grand Charles est furax de ne pas avoir été associé aux opérations, ni d’avoir été prévenu plus tôt. Et maintenant, voilà que Churchill lui demande de prononcer un discours à la BBC après tout le monde, même après la grande- duchesse Charlotte de Luxembourg – « Et pourquoi pas le sultan de Zanzibar, pendant que vous y êtes ! », tonne-t-il. Le face-à-face va être houleux. Si les deux hommes se connaissent bien et s’estiment, ils s’exaspèrent mutuellement. On les voit s’affronter sur la place que prennent les États-Unis, sur le rôle que la France doit tenir dans la libération, sur la force de la résistance… Churchill, petit et trapu, s’agite en se servant moult rasades de vieux rhum quand de Gaulle, grand et maigre, reste calme en tirant sur ses cigarettes.
Au-delà de leurs différends, ils se livrent. Churchill lui confiant que l’alcool l’aide « à chasser un vieux découragement qui menace toujours », de Gaulle méditant sur l’amour : « Un spasme de quelques secondes, aussi bref et violent qu’un coup de mitraillette, suivi d’un long malentendu… ». On rit de leurs réparties, l’un comme l’autre ne manquent pas d’humour. On les sent un brin désabusé, après quatre ans de guerre. Quant à l’avenir, difficile de savoir de quoi il sera fait. En attendant, ils devisent sur leur pays respectif. « Les Anglais aiment le roi, mais sont démocrates, les Français tuent le leur, mais sont monarchistes », déclare Churchill qui ne comprend pas la différence entre la droite et la gauche françaises. Et de Gaulle de lui répondre que « la droite idéalise le passé, et la gauche, l’avenir… Ce qui fait que personne ne s’occupe du présent ! ». Les images d’archives défilent en fond de scène du Petit Montparnasse, Pascal Racan incarne un de Gaulle plus vrai que nature, tant dans la stature que dans la voix quand Michel de Warzée campe un Churchill bougon à souhait. Nous voilà aux premières loges de l’histoire en train de s’écrire, le texte d’Hervé Bentégeat nous la fait revivre au plus près des deux hommes. Après leur rencontre, on suit les tractations en coulisses. Entrent alors en scène Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères du gouvernement Churchill et Pierre Viénot, ambassadeur de la France libres à Londres. « La bataille de France a commencé. Il n’y a plus, dans la nation, dans l’Empire, dans les armées, qu’une seule et même volonté, qu’une seule et même espérance (…) ». Scène finale : Churchill écoute le discours de de Gaulle à la BBC et lève son verre pour lui porter un toast. Une image nous les montrera douze ans plus tard, une nouvelle fois réunis quand de Gaulle, revenu au pouvoir, décore Churchill comme compagnon de la Libération. Et l’on ne peut s’empêcher d’être émus devant deux hommes politiques d’une telle stature. Amélie Meffre
De Gaulle et Churchill, alliés malgré eux Critiques - Théâtre Meilleurs alliés D' Hervé Bentégeat Churchill et De Gaulle se rencontrent dans un train spécial à Portsmouth le 6 juin 1944, à la veille du débarquement. Le face-à-face est houleux comme Mise en scène Jean-Claude la mer en fond de scène et cocasse comme leurs deux silhouettes à la Laurel Idée et Hardy. Avec Pascal Racan, Michel De Warzee, Laurent D'Olce,Denis Bernier Jusqu'au 30 novembre 2017 Du mardi au samedi à 21 h et le samedi à 16 h Tarifs : de 10€ à 32€ Durée 1h 20 Théâtre Petit Montparnasse 31, rue de la Gaîté 75014 Paris Le premier ministre anglais a convoqué le chef de la France Libre pour lui annoncer M° Edgar Quinet ou Gaité l'éminence de l'opération militaire préparée depuis longtemps. Churchill est gros, blagueur, bon vivant, fumeur de cigares et enchainant whisky sur whisky. Son www.theatremotparnasse.com interlocuteur est l'inverse, grand et sec, sobre, peu extraverti et guère disposé aux épanchements relâchés. Sans surprises, De Gaulle exprime sa satisfaction quant à l'entrée, "enfin" dit-il, des Américains dans la guerre. Mais à peine l'essentiel est-il énoncé que Churchill demande aussitôt à son invité de préparer une allocution pour la BBC. Elle serait diffusée après celle d'Eisenhower et celles de plusieurs chefs d'Etats européens. L'entretien commence à se gâter... De Gaulle, perspicace, se montre rétif et exige toute liberté de parole ainsi qu'une maîtrise du moment de passage sur les ondes. Il faut l'intervention de deux diplomates habiles pour caler tous les détails. De Gaulle, malgré les emportements de Churchill, se montre inflexible, refusant catégoriquement toute hégémonie américaine sur l'Hexagone. Il connait les intentions de mainmise de Roosevelt sur l'administration française, et, malgré l'intervention des troupes sur la côte normande, il demeure lucide sur ce qui suivra. Son sang-froid lui permet de garder le cap sur la souveraineté nationale qui est sa priorité. Les deux hommes hauts en couleurs s'affrontent verbalement avec ruse et intelligence. Le dialogue d'Hervé Bentégeat est incisif et juste historiquement, truffé de petites phrases célèbres et composé alertement avec la volonté de maintenir l'enjeu historique tout en l'assaisonnant d'humour, quitte à opter pour la caricature. Les comédiens belges Pascal Racan et Michel de Warzée sont impeccables Ils ont adopté les comportements de leurs personnages illustres, leurs mimiques, leurs intonations et leurs gestes. La mise en scène colle à la pièce, fluide et propre, dans un ensemble conventionnel. Le tout permet d'assister à un face-à-face historique dont on connait par avance le déroulement et le résultat, mais qui permet de passer un moment tourné vers la détente malgré le sujet, drôle parfois et instructif pour le jeune public. Emilie Darlier-Bournat
Comédie dramatique de Hervé Bentégeat, mise en scène de Jean- Claude Idée, avec Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent D’Olce et Denis Berner. "Meilleurs Alliés", le premier - et très réussi - opus dramatique de Hervé Bentégeat, journaliste et écrivain qui a notamment publié un excellent essai sur la gauche française ("Le Roman de la gauche"), s'inscrit dans le genre du théâtre de conversation et le registre de la fiction historique reposant sur un fait réel qui, de "Le Souper" de Jean-Claude Brisville à "Diplomatie" de Cyril Gely, connaît un beau succès tant critique que public. En l'espèce, le face-à-face intervient lors de l'entrevue du 4 juin 1944 au cours de laquelle Charles de Gaulle, président du Comité français de Libération nationale qui vient tout juste de s'autoproclamer "Gouvernement provisoire de la République française", répond à l'invitation de Winston Churchill, Premier ministre du Royaume-Uni, qui l'informe de de l’imminence de la mise en oeuvre de l’"Opération Overlord" concernant le débarquement des troupes américaines et anglaises en Normandie. Vexé de ce qu'il considère comme une convocation d'"un châtelain qui sonne son maître d’hôtel", et furieux de ne pas avoir été associé à ce projet, source d'une rancoeur tenace qu'il exprimera, après la fin de la Seconde guerre mondiale, par son refus de participer aux commémorations officielles du débarquement, De Gaulle refuse de céder aux injonctions américaines relayées par Churchill. Et comme les deux hommes, chantres d'un antagonisme atavique nourris par quatre siècles de rivalités nationales, s'estiment mais ne se supportent pas, Churchill considérant De Gaulle, qu'il surnomme "le grand dindon" et "la diva", comme un arrogant, ambitieux vaniteux, prétentieux et ingrat et De Gaulle voyant en Churchill un archétype anglais, un retors, doublé d'un ivrogne, "un vieux forban" dépourvu de sens moral que la pratique de la bassesse et des coups tordus amusent et le traite avec mépris de "vassal de l'Amérique", l'entretien vire à l'affrontement. A partir de documents d'archives et des mémoires des intéressés, Hervé Bentégeat a procédé à une pertinente analyse des caractères et des enjeux pour construire une partition à la dramaturgie efficace et néanmoins divertissante car nourrie de mots d'auteur soutenus par le goût réel des protagonistes pour les formules, voire des bons mots, aussi lapidaires qu'assassines. Ainsi campe-t-il ces personnages historiques dont l'antagonisme, qui commence dès la physionomie entre un Churchill tout en rondeur à la bonhommie pateline face à De Gaulle "Vielle France" raide comme un passe-lacet, semble d'autant plus irréductible qu'il concerne tant l'individu - avec des tempéraments opposés d'un pessimiste actif et d'un optimiste dépressif comme l'indique l'auteur dans sa note d'intention - que l'homme politique avec de réelles divergences d'opinion. De plus, la confrontation, l'un des fondamentaux du théâtre, s'avère également dynamisée par leurs deux points communs essentiels : ce sont deux hommes de pouvoir et d'ambition en quête de gloire qui pratiquent la politique dont chacun sait qu'il s'agit d'un art du mensonge et un jeu de dupes et qui ont la même conscience que ce temps de guerre leur permet de s'écrire un destin. Construite de manière chronologique, la situation est solidement tramée avec une jubilatoire joute oratoire à fleurets non mouchetés qui se poursuit par diplomates interposés tout en ciblant les convictions personnelles concernant la guerre, la politique, les politiciens de "la democrassouille" dixit De Gaulle, les Français champions du "café du commerce", la démocratie, la géopolitique, la future suprématie américaine et l'Europe dont la résonance est d'une contemporanéité patente. Sans se perdre en effets inutiles, la mise en scène de Jean-Claude Idée soutient efficacement le texte aux dialogues affutés, tout comme les comédiens. Aux côtés de Laurent d'Olce et Denis Berner, parfaits dans le rôle des plénipotentiaires modérateurs, deux comédiens belges, dont la taille et la corpulence favorisent l'incarnation réaliste, dispensent une prestation émérite en évitant la tentation - et l'écueil - de la caricature. Michel de Warzée, au savoureux accent anglo-saxon mâtiné avec celui du plat pays, et Pascal Racan, aux stupéfiantes intonations gaulliennes, campent avec brio le drôle et paradoxal duo que forment un Churchill truculent, tout en rondeur à la bonhommie pateline et bon vivant à la continentale et l'ascétique De Gaulle, raide comme un passe-lacet, qui évoque un insulaire puritain pince-sans-rire. Un challenge accompli et un régal de théâtre. Martine Piazzon
Rivaux fieffés Par Michel VOITURIER Publié le 21 juillet 2017 De Gaulle et Churchill, face à face, à la veille du débarquement en 1944 sur les plages de Normandie. L’opposition est nette : chacun a son ambition, chacun pense à sa nation. Le 4 juin 44, Churchill convoque De Gaulle pour lui annoncer l’imminence d’un débarquement auquel la France est dissociée. C’est un affrontement où Bentégeat résume ce qui sépare radicalement les deux hommes mais laisse apparaître aussi ce qui est susceptible de les réunir. Il y aura donc durant les jours qui précèdent la grande opération destinée à abattre le pouvoir nazi un chassé-croisé entre les deux dirigeants pour arriver à satisfaire leurs ambitions et garder un certain équilibre entre les alliés. Chacun défend une conception particulière de la démocratie. Chacun est une personnalité forte. L’un est tout de rigueur et d’ascétisme ; l’autre bon vivant amateur d’alcool et plutôt pragmatique. Ces incompatibilités éclatent. Notamment dans la foi que l’un place dans une Europe future et l’autre dans une hégémonie anglo-saxonne. Elles renvoient alternativement dos à dos ou gueule à gueule les alliés appariés malgré eux. Quand on connaît la verve caustique du Grand Charles et les jugements corrosifs du ventripotent Winston, on sait que ce ne sera pas triste. L’un comme l’autre ont le sens des formules définitives, lapidaires, cinglantes, caustiques, impitoyables. Cette joute oratoire est en effet réjouissante comme le sont certains mots d’auteur. Il est vrai qu’il s’agit ici d’un théâtre très traditionnel (au point que le metteur en scène s’est senti obligé à un moment de faire apparaître sur l’écran vidéo les mentions bureau de De Gaulle en jardin et de Churchill en cour comme si le public n’était pas assez futé pour se rendre compte que le plateau est divisé en deux). Rien de neuf mais une efficacité certaine.
Un réalisme étudié Le décor est réaliste. La projection filmée qui tient lieu de fond de scène montre bien ce qui se passe aux alentours. Les comédiens sont typés à prendre un minimum de ressemblance physique avec les personnages qu’ils incarnent avec brio. Pascal Racan est parvenu à prendre une part des intonations du sauveur de la France, sans tomber dans le caricatural d’un Henri Tisot qui fut son imitateur ; Michel de Warzée a trouvé un accent qui n’est pas exactement celui qu’on prête aux Anglais mais s’en approche. Il ressort de ce débat que, lorsque le sort du monde doit se décider, quelles que soient les idéologies, ce sont finalement les principes de la realpolitik qui prennent le dessus. Que les ambitions politiques gouvernent davantage les citoyens que les grands principes républicains ou monarchistes. Que derrière la façade connue des dirigeants se vivent aussi des drames et des considérations humains qui donnent l’impression qu’ils ne sont pas différents du commun des mortels. On quitte la salle avec l’impression d’être entré dans l’intimité des grands de ce monde, qu’ils sont devenus des familiers, qu’on a assisté à un épisode capital de ce qui a constitué le monde tel qu’il devenu aujourd’hui, qu’on a participé aux débuts d’une érosion lente de la démocratie parlementaire. Avignon - Avignon Off Du 07/07/2017 au 30/07/2017 à 18h40Tremplin8, Ter rue Cornue 84000 AvignonTéléphone : 04 90 85 05 00.Réserver Paris Du 07/09/2017 au 21/10/2017Théâtre du Petit Montparnasse31, rue de la Gaîté Téléphone : 01 43 22 77 74. Meilleurs alliés de Hervé Bentégeat Théâtre Mise en scène : Jean-Claude Idée Avec : Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent d'Olice, Denis Berner Décor, costumes : Jean-Claude Idée Son, vidéo: Olivier Louis Camille Durée : 1h20Photo : © Bernard d'Oultremont Production: Comédie Claude Volter, Petit Montparnasse
PRESTAPLUME L'accord parfait du sens et des mots “Meilleurs alliés”, duel magistral au sommet de l’Histoire 03/12/2017 Nathalie GendreauActivités littéraires, Théâtre & Co
Avec “Meilleurs alliés”, c’est une page d’un épisode déterminant de l’Histoire de France qui se tourne et se retourne au Théâtre du Petit Montparnasse, où deux monstres sacrés s’affrontent dans un dernier combat patriotique. Le 4 juin 1945, à Londres, Winston Churchill annonce à Charles de Gaulle le débarquement des Alliés sur les plages de Normandie prévu le surlendemain, mais sans la France. L’auteur Hervé Bentégeat imagine cette rencontre où se dispute une joute oratoire hors norme qui use de l’humour caustique et des escarmouches de l’esprit avec la même dextérité. Il a trempé sa plume dans la mythologie des deux personnages pour leur redonner vie et les opposer de façon magistrale. Pascal Racan et Michel de Warzée ne se contentent pas de se glisser dans leur uniforme, ils projettent une autorité légitime et naturelle. L’impression est telle que ce rendez-vous semble se jouer pour la première fois, et seulement pour soi. Lors de cet entretien surréaliste au sommet de l’Histoire, qui consigne la France à un rôle d’observateur, Churchill demande à De Gaulle de faire une allocution à la radio pour mobiliser les forces françaises combattantes derrière les Alliés. Dans son uniforme de la France outragée, le général porte sa dignité imposante face à un Churchill tout en rondeur et humour “so British”. Bien entendu, le Général refuse de prononcer son discours à la remorque des Alliés. Il parlera en premier, ou pas du tout ! Et il entend entrer dans Paris en triomphateur. C’est l’avenir de la France qui est en jeu. Si De Gaulle capitule devant les Alliés, c’est la patrie qu’il livrerait aux mains des États-Unis ! Il le sait, et le combat de toute sa virulence. L’affrontement entre les deux grands hommes s’intensifie au fil de la discussion, alternant attaques et feintes. Ils écrivent l’histoire de leur nom et l’empreignent de leur forte personnalité, ils évoquent leur amour de la patrie, l’animosité réciproque historique des deux pays et leurs divergences. Ils marchent en équilibriste sur ce fil de la discorde, entre exaspération et fascination. S’ils ne s’aiment pas, ils s’estiment malgré tout, mais feignent de l’ignorer. Pourtant, dans leur algarade percutante, c’est toute l’admiration réciproque qui transparaît avec éclat. L’auteur Hervé Bentégeat et le metteur en scène Jean-Claude Idée ont ajusté leur art à la mesure des deux géants du verbe et de l’action pour que les Meilleurs alliés captivent du début à la fin. Les dialogues frappent fort et juste, mettant en lumière les antagonismes, les doutes et les certitudes. Après un face à face en première partie, c’est côte à côte que les personnages poursuivent leurs dialogues, par ambassadeurs interposés, afin de trouver une solution. Les trois jours, durant lesquels le destin de la France se joue, sont astucieusement évoqués par différents paysages projetés en fond de scène. Entre ciels tourmentés, vrombissements d’avions de guerre et cri de mouettes, le metteur en scène donne de l’intensité aux événements. Les deux acteurs Michel de Warzée et Pascal Racan, évoluant dans les volutes de cigarette et de cigare, en plus de ressembler étrangement à leur double, incarnent leur force et leur ambivalence, une certaine pudeur dans l’estime. Quelque part, des âmes bienveillantes doivent veiller pour que l’état de grâce se renouvelle ainsi, chaque lever de rideau ! Nathalie Gendreau Deux photos ©Pascal Gély
R42, culture gourmande ! Meilleurs alliés 24/09/2017R42culturegourmande J’aime l’Histoire. Cette pièce ne pouvait que m’attirer d’autant qu’elle relate les évènements qui ont provoqué la naissance prématurée de ma mère le 7 Juin 1944. Dans le wagon qui sert de QG à Churchill près de Portsmouth, Winston Churchill a convoqué le Général De Gaulle pour lui annoncer que le débarquement est imminent en Normandie, la première étape de l’opération Overlord est lancée. De Gaulle est furieux, les Forces françaises ne seront pas de l’opération et il a sensation d’être manipulé par les américains et les anglais. Le face à face est tendu mais les dés sont jetés, il faut y aller. Ces deux là ont le même objectif, même si leur façon de voir les choses sont diamétralement opposées. Ils sont brillament assistés, coté français par l’ambassadeur de France et coté anglais par la ministre des affaires étrangères. Crédit : Pascal Gély Les deux comédiens principaux sont parfaits, on y reconnait un Charles De Gaulle digne et strict, un petit Churchill légèrement bedonnant à l’accent anglais so charming et leur deux diplomates sont tout aussi talentueux.
La mise en scène de Jean-Claude Idée est efficace et permet d’appréhender la chronologie des évènements de façon claire. Les décors sont jolis Les échanges entre ces deux grands hommes sont savoureux et signés par Hervé Bentégeat Le plaisir que j’ai eu à assister à ces joutes verbales et ces manipulations entre chefs de guerre était bien réel. Crédit : Pascal Gély Pour le plaisir, voici quelques citations : Churchill : « les rois, ça ne sert à rien comme Dieu, mais c’est difficile de leur dire non » De Gaulle : « Je n’estime que ceux qui me résistent, mais malheureusement je ne les supporte pas » De Gaulle : « La France, c’est 40 millions de présidents »
x L'Art-vues Meilleurs Alliés Nous sommes le 4 juin 1944, Churchill s’entretient avec De Gaulle pour l’informer du débarquement imminent des troupes alliées en Normandie. Le général est furibard, il se sent tenu à l’écart de la bataille de France et ne décolère pas. Les deux hommes s’affrontent, sans concession l’un et l’autre, on s’emporte, on se met au défi, on se menace, les murs tremblent. Deux bêtes politiques se font face. De Gaulle entend rester maître chez lui pour décider du sort de son pays, alors que l’Anglais ne voit en lui qu’un simple pion, plutôt gênant, sur le grand échiquier de la stratégie anglo- américaine. On est dans les coulisses de l’histoire qu’éclaire le texte d’Hervé Bentégeat, émaillé de petites phrases qui sont autant de perles. Churchill à De Gaulle : “Les Français veulent des héros, mais ils ne jurent que par l’égalité”. De Gaulle : “Je n’estime que ceux qui résistent mais malheureusement, je ne les supporte pas”. C’est comme ça tout au long d’un spectacle où les répliques les plus brillantes volent d’un camp à l’autre comme une balle de ping-pong. La mise en scène sobre, sur fond de carte d’état-major, est au service du jeu des comédiens qui vaut à lui seul le débarquement du public. Pascal Racan campe un De Gaulle plus vrai que nature, muré derrière un orgueil aristocratique, incarnant une haute idée de la France et de lui-même, Michel de Warzée est un Churchill intraitable aux coups de gueule et aux coups à boire impressionnants. Une belle performance d’acteurs au service d’un texte intelligent qui nous dévoile quelques pans de la petite histoire dans la grande. Au 3 Soleils à 18h40 jusqu’au 30 juillet. Tél : 04 90 88 27 33
Théâtre > nouveautés < festival actu Meilleurs alliés le 15/09/2017 au théâtre du Petit Montparnasse, 31 rue de la Gaîté 75014 Paris (du mardi au samedi à 21h et matinée samedi à 16h) Mise en scène de Jean-Claude Idée avec Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent d’Olce et Denis Berner écrit par Hervé Bentégeat Nous sommes le 5 Juin 1944 : Venant d’Alger, De Gaulle est arrivé à Londres et apprend par Churchill l’éminence du débarquement dont il ignorait tout. Ni les américains ni les anglais n’avaient tenu à l’associer à leur projet. L’entrevue entre les 2 hommes se passe très mal : De Gaulle est furieux d’avoir été mis à l’écart et, à travers lui, la France libre. Devant son intransigeance, le ton monte et Churchill est prêt à la garder prisonnier à Londres pour l’empêcher de se mêler du débarquement. Toute la pièce repose sur cet affrontement, et c’est à la fois passionnant et pathétique car nous revivons sous nos yeux une grande page de notre Histoire. ET, en même temps, c’est plein de drôlerie grâce aux comédiens qui incarnent ces 2 immenses personnages. Pascal Racan est De Gaulle : non seulement, il en a la stature mais a su en plus retrouver sa voix et sa diction bien connue, repérable entre toutes, ainsi que sa gestuelle. C’est du grand art : bravo l’artiste ! Même compliment pour Michel de Warzée qui est un Churchill très convaincant. Il nous fait parfaitement ressentir son exaspération face à la morgue, la rigueur et le refus de De Gaulle de s’incliner devant les dictats américains du général en chef du débarquement, Eisenhower, et surtout de s’adresser au peuple français à la BBC après lui et non avant. Ce duel finirait par être un peu monotone si le dialogue n’était pas parsemé de bons mots, de réflexions authentiques dont nous gardons le souvenir (comme celle de Churchill : « la plus grande croix que j’ai eu à porter dans ma vie a été celle de la croix de Lorraine »). Il est évident que pour la jeune génération, ce spectacle apportera qu’un chapitre d’histoire à se rappeler ou à découvrir, mais pour les parents, un conseil : courez au Petit Montparnasse, vous ne le regretterez pas ! LB
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