MEILLEURS ALLIES - Comédie Claude Volter

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MEILLEURS ALLIES - Comédie Claude Volter
MEILLEURS ALLIES

                      Texte Hervé Bentégeat

                  Mise en scène Jean-Claude Idée

 Avec Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent d’Olce, Denis Berner

                    REVUE DE PRESSE 2017

           LES 3 SOLEILS - AVIGNON OFF JUILLET
THEATRE PETIT MONTPARNASSE 7 SEPTEMBRE > 31 DECEMBRE

                         Service de presse

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                                   THÉÂTRE - CRITIQUE

                               Meilleurs alliés

            LE PETIT MONTPARNASSE / DE HERVÉ
            BENTÉGEAT / MES JEAN-CLAUDE IDÉE
 De Gaulle et Churchill s’affrontent alors que les troupes alliées s’apprêtent à débarquer en
Normandie. Meilleurs alliésraconte l’opposition tranchée entre ces deux personnalités de
l’Histoire.
Adeptes de l’innovation théâtrale, passez votre chemin. Du point de vue de la mise en scène
et du jeu, Meilleurs alliés relève d’un style naturaliste le plus traditionnel qui soit, sans doute
à l’excès, avec imitation du réel en ligne de mire. De Gaulle habillé dans son mythique
costume de général et Churchill en petit rondouillard vous attendent dans le wagon de
commandement anglais la veille du débarquement. Dehors, le ciel noir envoie des
bourrasques de vent et des nuages prêts à crever défilent dans le ciel tandis que les
mouettes criaillent sur fond de plages anglaises. De temps à autre, un avion passe. De Gaulle
est mécontent de n’être pas associé aux préparatifs du débarquement et s’inquiète des
projets de mise sous tutelle de l’administration de la France conçus par les Américains.
Churchill cherche, lui, à ce que de Gaulle prononce une allocution destinée à mobiliser les
français de l’intérieur dans le sillage des troupes alliées. Dans ce conflit, chacun a ses armes
et ses arguments, et Meilleurs alliés métamorphose rapidement la confrontation autour des
enjeux politiques en l’opposition de deux personnalités opposées que l’Histoire réunit.

Un dialogue qui redessine l’Histoire

Dans un deuxième temps, les ambassadeurs respectifs jouent les intermédiaires et le face à
face tourne au côte-à-côte, chacun dans son bureau ne communiquant plus avec l’autre que
via son émissaire. Le spectacle trouve alors son rythme de croisière. De Gaulle en
grand « dindon » mélancolique, pétri de valeurs et de vanité, inflexible à en devenir raide,
Churchill tout en rondeurs, bon vivant cynique et rigolard, ont des personnalités que tout
oppose sauf le goût du pouvoir et de la politique. Leur dialogue redessine l’Histoire et
notamment le fait que la France ne peut définitivement pas être considérée comme actrice
majeure de la victoire finale. Dans la foulée il égratigne gentiment de Gaulle pour une
certaine forme de mépris du peuple – et des femmes – mais aussi les Français que leur futur
Président ne ménage pas dans ses propos. Tout cela n’est pas bien neuf et le plaisir des
spectateurs consiste sans doute à retrouver des dessins de personnalité déjà connus. C’est
parfois drôle, la langue de de Gaulle, aussi archaïque que belle, épique que datée, fait
resurgir des termes joliment désuets (« salmigondis », « zozos », etc.), le tout prononcé par
un acteur qui imite à la perfection son ton et son phrasé. Dans ces coulisses fictionnelles de
notre Histoire nationale, on trouve avec plaisir la restitution d’un passé parfois oublié.

                                                                                     Eric Demey
Les Meilleurs alliés sur scène
Rédigé par Pierre Durrande le 23 septembre 2017 dans Culture

© Pascal Gély.

L’action de cette pièce tourne autour d’un moment crucial de l’histoire contemporaine de
la France, le débarquement des alliés en Normandie. Churchill convoque le général De Gaulle
pour lui faire part de l’imminence de l’évènement et celui-ci est furieux : La France libre dont
il est le chef du gouvernement provisoire à Londres est écartée des opérations militaires. Il
s’ensuit un face-à-face dramatique, poignant et intense, entre deux fortes personnalités, très
différentes l’une de l’autre, et pourtant proches, ne serait-ce par leur implication personnelle
totale dans leurs engagements réciproques envers leurs patries respectives, L’Angleterre et la
France.
Ce cadre autorise Hervé Bentégeat à nous faire participer, avec une proximité étonnante, au
débat haut en couleur de ces deux personnages et à nous livrer, à travers leur duel, au fil d’une
plume incisive un regard comparatif sur la noble vocation du Politique et l’état pitoyable de
ses mœurs. Il y a comme une sorte de nostalgie qui court implicitement dans la sève de ce
dialogue quand on mesure le degré de déchéance du débat politique aujourd’hui. Par
exemple, lorsqu’il met dans la bouche du général De Gaulle ces tirades : « La politique, la
grande, c’est toujours un amour déçu… J’aime le peuple de France, pas ceux qui le
représentent. Les politicards, les petits chefs de partis, ces bateleurs qui n’ont pas la queue
d’une idée, qui ne sont à l’aise que dans la guéguerre des clans, le marigot des petites phrases,
la carambouille… Tout ce qu’ils veulent, c’est revenir à leurs petites combines, celles où l’on se
distribue les places, celles qui ont conduit la France au précipice ! Ce n’est pas la démocratie
qu’ils aiment, ces pygmées, c’est la démocrassouille, où ils se tiennent tous par la
barbichette ! ».
Autre temps, autres mœurs ! Que de correspondances cependant ! Si vous ajoutez à cela le
jeu éblouissant et brillant dans l’imitation de ces deux grands acteurs que sont Pascal Racan
et Michel de Warzée, vous êtes assurés de passer une excellente et instructive soirée.

Petit Montparnasse, 31, rue de la Gaité, Paris XIVe. Du mardi au samedi à 21 h, matinée samedi
à 16 h. Réservation : 01 43 22 77 74.
WEB
Confrontation entre Churchill et de Gaulle

Dans le off, on peut aussi découvrir de bonnes créations. Par exemple Meilleurs
alliés d'Hervé Bentegeat, dans une mise en scène de Jean-Claude Idée qui a également
conçu le décor, les lumières, les costumes. Il s'agit de la confrontation de Winston Churchill
et du général de Gaulle, juste avant le débarquement et un peu au-delà. Un excellent
montage vidéo d'Olivier Louis Camille passe en continue, comme un paysage que l'on verrait
par les grandes baies du quartier général du Britannique. Deux comédiens très connus en
Belgique, leur pays, incarnent, en les évoquant sans exagérer l'imitation. Michel de Warzée
est un Churchill expansif et provocateur, Pascal Racan, un de Gaulle raide et imbu de lui-
même. L'auteur injecte des notations intimes et convoque deux autres personnages, comme
des confidents de tragédie, Anthony Eden, Laurent d'Olce et Viénot, Denis Berner. C'est très
bien écrit, en formules percutantes et justes.

Un très bon moment repris au Petit Montparnasse, à Paris, à partir du 7 septembre, nous en
reparlerons plus longuement. (3 Soleils, 18h40, durée: 1h20).
OFF/ Avignon: Ah, général, vous voilà !
GÉRALD ROSSI

LUNDI, 17 JUILLET, 2017

Pascal Racan, impressionnant dans l’habit du Général
DR

Trois jours en juin 1944, pour un face à face vibrant entre De Gaulle et Churchill. Avec deux
auteurs remarquable d’efficacité historique, Michel Warzée et Pascal Racan.
C’est une fameuse tranche d’histoire que résume l’auteur Hervé Bentégeat, « fasciné » par
Charles de Gaulle, représentant de « la France Libre » et Winston Churchill, premier ministre
Britannique. Le décor, notamment les projections, est efficace et tempère la monotonie d’un
huis clos. Tout se passe du 5 au 7 juin 1944, à la veille du débarquement. « C’est terrifiant et
drôle, terriblement humain » ajoute Jean-Claude Idée, le metteur en scène qui a su utiliser la
malice d’acteurs manifestement heureux d’endosser ces lourds costumes.

Cette séquence d’histoire réelle, même si filtrée par l’écriture théâtrale, n’écarte pas les
velléités des américains pour mettre la main sur l’administration française, face à un Général,
qui tout en dénonçant les propos lui prêtant des intentions autoritaires et même d’avantage,
défend l’idée d’une France et d’une Europe Indépendantes. Tout en s’affirmant comme un
politique rusé et réactionnaire, réfutant par exemple la proposition de l’entrée de l’entrée de
femmes dans le gouvernement provisoire, se moquant alors de la création « d’un sous
secrétariat d’état au tricot ». Vieille époque.

Outre Laurent d’Olce et Denis Berner, avec des seconds rôles efficaces, Michel Warzée et
Pascal Racan son bluffants. Le premier est un Churchill plus que crédible, et le second un
général saisissant, tant l’apparence est réussie, mais aussi l’intonation vocale. Laquelle, sur
toute la durée, donne au personnage les accents d’une vérité surprenante.

« Meilleurs alliés ». Théâtre 3 Soleils, rue Buffon. Tél:. 04 90 88 27 33
Accueil > Meilleurs alliés d’Hervé Bentégeat

Critiques / Théâtre

Meilleurs alliés d’Hervé Bentégeat
par Gilles Costaz

Churchill-De Gaulle, le bras de fer

Trois jours en Angleterre, mais trois jours essentiels pour l’histoire du monde. Du 5 au 7 juin
1944, Churchill, premier ministre de son pays, reçoit De Gaulle, le chef de la France libre
dont les Anglo-Américains acceptent du bout des lèvres la légitimité. Roosevelt préférait le
général Giraud et Churchill n’aime pas beaucoup ce grand officier raide comme un piquet.
D’ailleurs, dans l’esprit des alliés, les jeux sont faits : le débarquement va avoir lieu sans la
participation de la France clandestine et sans que les instances de la résistance soient
associés à la stratégie. De Gaulle est rouge de colère, Churchill rouge d’alcoolisme.
L’affrontement dans les vapeurs de whisky et la fumée des cigares va être tendu. Le bras de
fer va mettre en jeu d’imprévus rapports de force. Les entrée discrètes d’Anthony Eden et du
conseiller français Viénot ajoutent au débat les points de vue plus subtils des diplomates car,
courroucé, Churchill enverrait bien De Gaulle dans une geôle de la tour de Londres pour ne
plus l’avoir dans les pattes…
La pièce d’Hervé Bentégeat commence exactement comme Le Souper de Jean-Claude
Brisville : deux grands personnages se retrouvent dans un huis clos et passent peu à peu de
la courtoisie au pugilat. Bentégeat se coule dans le modèle de ces pièces historiques où l’on
réinvente théâtralement ce qui n’a pas laissé de trace. Parti de façon un peu chansonnière,
le texte évolue vers une vision plus profonde du passé et plus politique. Il flotte un peu,
change de ton mais il est toujours écrit d’une plume judicieuse. La mise en scène de Jean-
Claude Idée s’amuse beaucoup à souligner la cocasserie de relations où la petitesse
concurrence la grandeur. On ne sait pas pourquoi il fait parler Churchill avec un accent
britannique et Eden sans accent. Mais cela n’a pas beaucoup d’importance. Les acteurs
principaux jouent dans le relief : Michel de Warzée est un Churchill joyeusement pervers et
ivrogne, fort plaisant. Pascal Racan compose De Gaulle à la manière dont on fait bien des
caricaturistes, mais avec un brin d’humanité et de tristesse qui rehausse le personnage.
Leurs partenaires, Laurent d’Olce et Denis Berner, jouent au contraire le retrait et donnent à
la comédie l’arrière-plan, le feutré qu’elle n’aurait pas si elle n’avait été interprétée que dans
le grossissement burlesque. La vidéo projetée sur le décor est étonnante (les actualités de
l’époque surgissent au gré d’effets spéciaux). Le spectacle vient de Bruxelles : ce n’est pas de
l’humour belge, mais il est dans la bonne distance avec laquelle nos voisins savent parler de
ce qui concerne la France.

Meilleurs Alliés d’Hervé Bentégeat, mise en scène, décor, costumes et lumières de Jean-
Claude Idée, vidéo et son d’Olivier Louis Camille, avec Pascal Racan, Michel de Warzée,
Laurent d’Olce et Denis Berner.

Petit Montparnasse, tél. : 01 43 22 77 74.

Photo Pascal Gély.
MEILLEURS ALLIES
Je dois bien le reconnaître, je me suis surpris moi-même à aller voir ce spectacle. Pourtant grand
amateur d’Histoire et tout particulièrement de celle de la seconde guerre mondiale, il m’a fallu entendre
les premiers échos positifs en provenance du Festival d’Avignon avant que de me rendre rue de la Gaîté,
assister à la représentation de ce qui s’est avéré une bien belle surprise. D’abord un peu gêné aux
entournures par l’accent à couper à la hache du comédien incarnant Churchill autant que par la
truculence trop immédiate du personnage, on finit bien vite par se délecter de ce combat de coqs. Car
c’est bien d’un combat de mâles pas toujours honnêtes avec eux-mêmes dont il s’agit. Le metteur en
scène et l’auteur, dans leur note d’intention, font logiquement référence à cette relation d’amour-haine
qui s’instaura entre ces deux géants, l’un d’un optimisme farouche, l’autre à la vision sombre et fataliste
de l’avenir de leurs nations.

Deux géants, mais deux hommes, deux humains avant tout. Ils tergiversent, jouent parfois la
veuve effarouchée pour ne pas céder trop vite aux avances d’un adversaire qu’ils n’ont d’autre
choix que d’accepter comme un allié. Les rebuffades et acrobaties Churchill et de Gaulle
laissent le spectateur pantois, se demandant où était réellement l’ennemi dans ce carnage du
milieu de siècle. Une mise en scène portant des comédiens quasi shakespeariens, plongés dans
un comique de situation que l’on n’attend pas en de pareilles circonstances. Les précieuses
ridicules trônent sur leurs épaules comme de mauvais génies.
Cette pièce regorge d’éléments désuets. Mais ne vous y trompez pas. Désuétude ne signifie
pas ringardise. Se juxtapose souvent à la désuétude un charme nostalgique qui ne manque ni
au décor -permettant d’abord un affrontement direct puis des entrechats par diplomates
interposés-, ni aux comédiens investis dans leurs incarnations historiques jusqu’à en
provoquer le trouble chez celui qui les observe. Ce qui ne figurait pas dans la note d’intention
et constitue pourtant l’intérêt majeur d’une telle création artistique, tient au côté prophétique
que ces leaders politiques et guerriers manifestaient alors, presque malgré eux diront certains.
Pas totalement car ce serait leur ôter une compréhension bien réelle de ce qui se jouait en
1944, bien au-delà des frontières européennes et attendait le Monde, de la guerre froide au
consumérisme. Ne dit-on pas que pour lire l’avenir, il faut d’abord bien comprendre le passé…
au risque de ne pas (bien) s’occuper du présent, diront les plus pragmatiques.
Le pitch :

Le 4 juin 1944, Churchill convoque de Gaulle à Londres pour lui faire part de l'imminence du
débarquement des troupes alliées en Normandie.

De Gaulle est furieux : la France libre est écartée de la plus grosse opération militaire de tous
les temps, qui aura lieu sur les côtes de France.

La rencontre se passe très mal. Au point que Churchill envisage d'enfermer de Gaulle quelque
part en Angleterre. Un face-à-face orageux entre deux monstres de l'Histoire, qui éprouvent
l'un pour l'autre un mélange d'estime et d'agacement, de fascination et d'exaspération.

Meilleurs alliés
Auteur : Hervé Bentégeat
Mise en scène : Jean-Claude Idée
Avec : Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent d'Olce, Denis Berner
Crédits photos : Pascal Gély
Théâtre du Petit Montparnasse 31 rue de la Gaïté - 75014 Paris
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Théâtre : « Meilleurs alliés », d’Hervé Bentégeat au théâtr
du Petit Montparnasse, à Paris.

Caractériels géniaux.
« Meilleurs alliés » est une pièce très bien jouée et instructive. Très bien jouée car on croit
aux deux personnages dès leur arrivée sur le plateau. Instructive car elle soulève à l’occasion
d’un point d’histoire – la façon dont Churchill voulait faire lire à De Gaulle un message déjà
rédigé à la radio dans la suite immédiate de celui du général Eisenhower et comment il
menaça de repartir à Alger si ses exigences n’étaient pas satisfaites* – les relations d’estime
exaspérées qu’entretenaient les deux hommes.

Les comédiens ont travaillé la ressemblance physique, y compris des intonations, et pourtant
jamais on ne tombe dans la caricature. L’ambiance de suspense et de chantage politique
permanent y est pour quelque chose.
De la même façon, le réalisme du décor qui va jusqu’à projeter, avec le son, des vols de
mouettes ou de Spitfire à travers les vitres de l’abri de Portsmouth où se trouvent les deux
hommes renforce la crédibilité du propos sans créer d’exagération.

Il devient vite évident que si la pièce suit le déroulé de ces 72 heures durant lesquelles de
Gaulle arracha un peu plus son indépendance, les propos qui sont mis dans la bouche des
protagonistes, s’ils sont indiscutablement d’eux, ont dû être prononcés dans des
circonstances variées. On y retrouve les emportements de Churchill et le sens de la formule
de de Gaulle. Et on sent bien comment le Premier ministre voit dans le chef du
gouvernement provisoire une diva intransigeante tandis que ce dernier considère celui-là
comme un buveur arrogant. Au surplus artiste et Anglais !

De ce fait, la pièce ne manque pas d’humour. Le public, nombreux car la pièce a déjà eu du
succès à Avignon, rit régulièrement. Comment ne pas le faire quand on entend « l’amour est
un spasme bref et aussi violent qu’un tir de mitraillette suivi d’un long malentendu » (De
Gaulle) ou « le jour où commence la sénilité, c’est quand on oublie de fermer sa braguette et
quand elle finit, c’est quand on oublie de l’ouvrir » (Churchill). Car il arrive aux deux hommes
de s’offrir une récréation entre leurs affrontements pour le pouvoir en France**. Durant
lesquelles aucun sujet n’est tabou : « la guerre, c’est affreux, mais la paix, quel ennui ! »
(Churchill).

L’auteur de la pièce, par une habileté supplémentaire, a su dessiner la personnalité des
protagonistes en leur empruntant leurs propres mots d’esprit. Ainsi, pour de Gaulle : « le
seul révolutionnaire en France, c’est moi », « la droite idéalise le passé et la gauche l’avenir,
ce qui fait que personne ne s’occupe du présent », « je n’estime que ceux qui me résistent,
malheureusement, je ne les supporte pas », et enfin « la politique, c’est toujours un grand
amour déçu ».

Mais il serait injuste d’oublier les souffre-douleur et psy de ces deux caractériels : Anthony
Eden, ministre des Affaires étrangères anglais et Viénot, ambassadeur à Londres du
gouvernement provisoire de la République française. Ces derniers sont parfaitement
campés. Pour eux aussi, on a joué la ressemblance.
On note par ailleurs que leur jeu, à l’inverse de celui de leurs négriers, est celui de complices
qui tentent – et finiront par réussir – de raisonner leurs chefs respectifs sans pratiquer
d’opposition directe. Au contraire, il s’agit pour eux de faire comprendre à des ego
surdimensionnés qu’ils pourraient accéder à une dimension encore supérieure en faisant
quelques concessions, toujours présentées comme indispensables et allant dans les intérêts
poursuivis par leurs mentors. Leur jeu est donc de se faire insignifiants tout en étant
présents et de manifester la patience nécessaire jusque dans les moments d’urgence. De ce
point de vue, si on les remarque peu, c’est justement en raison de la maîtrise exceptionnelle
qu’ils ont de leurs rôles. À ce titre, on peut dire que leur talent est équivalent à celui des
personnages principaux.

                                                                                Pierre FRANÇOIS

« Meilleurs alliés », d’Hervé Bentégeat. Avec Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent
d’Olce, Denis Bernier. Mise en scène : Jean-Claude Idée. Du mardi au samedi à 21 heures,
matinée le samedi à 16 heures au théâtre du Petit Montparnasse, tél. 01 43 22 77 74, métro
Edgard Quinet,www.theatremontparnasse.com
*Le message d’Eisenhower annonçant le débarquement fut diffusé le 6 juin à 13 h 30 et celui
que le général de Gaulle avait préparé le fut à 18 heures, ce dernier ayant eu l’appui du
ministre des Affaires étrangères anglais.
** Churchill étant en l’occurrence le porte parole des Américains.
Chantiers de culture

Churchill et de Gaulle, un face-à-
face historique
Dans « Meilleurs alliés » au Petit Montparnasse, Jean-Claude Idée met en scène la
rencontre de Churchill et de Gaulle à Londres, à la veille du débarquement des troupes
alliées en Normandie. Un face-à-face houleux entre deux monstres de l’histoire, royalement
interprétés.

Le 4 juin 1944, Winston Churchill, Premier ministre britannique, convoque Charles de Gaulle,
chef du Gouvernement provisoire de la République française, dans un wagon aménagé en
bureau de commandement, près de Portsmouth. L’heure est grave, le débarquement des
troupes alliées en Normandie est imminent. Le grand Charles est furax de ne pas avoir été
associé aux opérations, ni d’avoir été prévenu plus tôt. Et maintenant, voilà que Churchill lui
demande de prononcer un discours à la BBC après tout le monde, même après la grande-
duchesse Charlotte de Luxembourg – « Et pourquoi pas le sultan de Zanzibar, pendant que
vous y êtes ! », tonne-t-il.
Le face-à-face va être houleux. Si les deux hommes se connaissent bien et s’estiment, ils
s’exaspèrent mutuellement. On les voit s’affronter sur la place que prennent les États-Unis,
sur le rôle que la France doit tenir

dans la libération, sur la force de la résistance… Churchill, petit et trapu, s’agite en se servant
moult rasades de vieux rhum quand de Gaulle, grand et maigre, reste calme en tirant sur ses
cigarettes.
Au-delà de leurs différends, ils se livrent. Churchill lui confiant que l’alcool l’aide « à chasser
un vieux découragement qui menace toujours », de Gaulle méditant sur l’amour : « Un
spasme de quelques secondes, aussi bref et violent qu’un coup de mitraillette, suivi d’un
long malentendu… ». On rit de leurs réparties, l’un comme l’autre ne manquent pas
d’humour. On les sent un brin désabusé, après quatre ans de guerre. Quant à l’avenir,
difficile de savoir de quoi il sera fait. En attendant, ils devisent sur leur pays respectif. « Les
Anglais aiment le roi, mais sont démocrates, les Français tuent le leur, mais sont
monarchistes », déclare Churchill qui ne comprend pas la différence entre la droite et la
gauche françaises. Et de Gaulle de lui répondre que « la droite idéalise le passé, et la gauche,
l’avenir… Ce qui fait que personne ne s’occupe du présent ! ». Les images d’archives défilent
en fond de scène du Petit Montparnasse, Pascal Racan incarne un de Gaulle plus vrai que
nature, tant dans la stature que dans la voix quand Michel de Warzée campe un Churchill
bougon à souhait. Nous voilà aux premières loges de l’histoire en train de s’écrire, le texte
d’Hervé Bentégeat nous la fait revivre au plus près des deux hommes. Après leur
rencontre, on suit les tractations en coulisses. Entrent alors en scène Anthony Eden, ministre
des Affaires étrangères du gouvernement Churchill et Pierre Viénot, ambassadeur de la
France libres à Londres.
« La bataille de France a commencé. Il n’y a plus, dans la nation, dans l’Empire, dans les
armées, qu’une seule et même volonté, qu’une seule et même espérance (…) ». Scène
finale : Churchill écoute le discours de de Gaulle à la BBC et lève son verre pour lui porter
un toast. Une image nous les montrera douze ans plus tard, une nouvelle fois réunis quand
de Gaulle, revenu au pouvoir, décore Churchill comme compagnon de la Libération. Et l’on
ne peut s’empêcher d’être émus devant deux hommes politiques d’une telle stature.

Amélie Meffre
De Gaulle et Churchill, alliés malgré eux
Critiques - Théâtre

Meilleurs alliés

D' Hervé Bentégeat             Churchill et De Gaulle se rencontrent dans un train spécial à Portsmouth le
                               6 juin 1944, à la veille du débarquement. Le face-à-face est houleux comme
Mise en scène Jean-Claude      la mer en fond de scène et cocasse comme leurs deux silhouettes à la Laurel
Idée                           et Hardy.
Avec Pascal Racan, Michel
De Warzee, Laurent
D'Olce,Denis Bernier

Jusqu'au 30 novembre 2017

Du mardi au samedi à 21 h et
le samedi à 16 h

Tarifs : de 10€ à 32€

Durée 1h 20

Théâtre Petit Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris                    Le premier ministre anglais a convoqué le chef de la France Libre pour lui annoncer
M° Edgar Quinet ou Gaité       l'éminence de l'opération militaire préparée depuis longtemps. Churchill est gros,
                               blagueur, bon vivant, fumeur de cigares et enchainant whisky sur whisky. Son
www.theatremotparnasse.com     interlocuteur est l'inverse, grand et sec, sobre, peu extraverti et guère disposé aux
                               épanchements relâchés. Sans surprises, De Gaulle exprime sa satisfaction quant
                               à l'entrée, "enfin" dit-il, des Américains dans la guerre. Mais à peine l'essentiel
                               est-il énoncé que Churchill demande aussitôt à son invité de préparer une
                               allocution pour la BBC. Elle serait diffusée après celle d'Eisenhower et celles de
                               plusieurs chefs d'Etats européens. L'entretien commence à se gâter... De Gaulle,
                               perspicace, se montre rétif et exige toute liberté de parole ainsi qu'une maîtrise du
                               moment de passage sur les ondes. Il faut l'intervention de deux diplomates habiles
                               pour caler tous les détails. De Gaulle, malgré les emportements de Churchill, se
                               montre inflexible, refusant catégoriquement toute hégémonie américaine sur
                               l'Hexagone. Il connait les intentions de mainmise de Roosevelt sur l'administration
                               française, et, malgré l'intervention des troupes sur la côte normande, il demeure
                               lucide sur ce qui suivra. Son sang-froid lui permet de garder le cap sur la
                               souveraineté nationale qui est sa priorité.

                               Les deux hommes hauts en couleurs s'affrontent verbalement avec ruse et
                               intelligence. Le dialogue d'Hervé Bentégeat est incisif et juste historiquement, truffé
                               de petites phrases célèbres et composé alertement avec la volonté de maintenir
                               l'enjeu historique tout en l'assaisonnant d'humour, quitte à opter pour la caricature.
                               Les comédiens belges Pascal Racan et Michel de Warzée sont impeccables Ils
                               ont adopté les comportements de leurs personnages illustres, leurs mimiques,
                               leurs intonations et leurs gestes. La mise en scène colle à la pièce, fluide et propre,
                               dans un ensemble conventionnel. Le tout permet d'assister à un face-à-face
                               historique dont on connait par avance le déroulement et le résultat, mais qui permet
                               de passer un moment tourné vers la détente malgré le sujet, drôle parfois et
                               instructif pour le jeune public.

                               Emilie Darlier-Bournat
Comédie dramatique de Hervé Bentégeat, mise en scène de Jean- Claude Idée, avec Pascal Racan, Michel
de Warzée, Laurent D’Olce et Denis Berner.

"Meilleurs Alliés", le premier - et très réussi - opus dramatique de Hervé Bentégeat, journaliste et
écrivain qui a notamment publié un excellent essai sur la gauche française ("Le Roman de la
gauche"), s'inscrit dans le genre du théâtre de conversation et le registre de la fiction historique
reposant sur un fait réel qui, de "Le Souper" de Jean-Claude Brisville à "Diplomatie" de Cyril Gely,
connaît un beau succès tant critique que public.
En l'espèce, le face-à-face intervient lors de l'entrevue du 4 juin 1944 au cours de laquelle Charles de
Gaulle, président du Comité français de Libération nationale qui vient tout juste de s'autoproclamer
"Gouvernement provisoire de la République française", répond à l'invitation de Winston Churchill,
Premier ministre du Royaume-Uni, qui l'informe de de l’imminence de la mise en oeuvre de
l’"Opération Overlord" concernant le débarquement des troupes américaines et anglaises en
Normandie.
Vexé de ce qu'il considère comme une convocation d'"un châtelain qui sonne son maître d’hôtel", et
furieux de ne pas avoir été associé à ce projet, source d'une rancoeur tenace qu'il exprimera, après
la fin de la Seconde guerre mondiale, par son refus de participer aux commémorations officielles du
débarquement, De Gaulle refuse de céder aux injonctions américaines relayées par Churchill.
Et comme les deux hommes, chantres d'un antagonisme atavique nourris par quatre siècles de
rivalités nationales, s'estiment mais ne se supportent pas, Churchill considérant De Gaulle, qu'il
surnomme "le grand dindon" et "la diva", comme un arrogant, ambitieux vaniteux, prétentieux et
ingrat et De Gaulle voyant en Churchill un archétype anglais, un retors, doublé d'un ivrogne, "un
vieux forban" dépourvu de sens moral que la pratique de la bassesse et des coups tordus amusent
et le traite avec mépris de "vassal de l'Amérique", l'entretien vire à l'affrontement.
A partir de documents d'archives et des mémoires des intéressés, Hervé Bentégeat a procédé à une
pertinente analyse des caractères et des enjeux pour construire une partition à la dramaturgie
efficace et néanmoins divertissante car nourrie de mots d'auteur soutenus par le goût réel des
protagonistes pour les formules, voire des bons mots, aussi lapidaires qu'assassines.
Ainsi campe-t-il ces personnages historiques dont l'antagonisme, qui commence dès la physionomie
entre un Churchill tout en rondeur à la bonhommie pateline face à De Gaulle "Vielle France" raide
comme un passe-lacet, semble d'autant plus irréductible qu'il concerne tant l'individu - avec des
tempéraments opposés d'un pessimiste actif et d'un optimiste dépressif comme l'indique l'auteur
dans sa note d'intention - que l'homme politique avec de réelles divergences d'opinion.
De plus, la confrontation, l'un des fondamentaux du théâtre, s'avère également dynamisée par leurs
deux points communs essentiels : ce sont deux hommes de pouvoir et d'ambition en quête de gloire
qui pratiquent la politique dont chacun sait qu'il s'agit d'un art du mensonge et un jeu de dupes et
qui ont la même conscience que ce temps de guerre leur permet de s'écrire un destin.
Construite de manière chronologique, la situation est solidement tramée avec une jubilatoire joute
oratoire à fleurets non mouchetés qui se poursuit par diplomates interposés tout en ciblant les
convictions personnelles concernant la guerre, la politique, les politiciens de "la democrassouille"
dixit De Gaulle, les Français champions du "café du commerce", la démocratie, la géopolitique, la
future suprématie américaine et l'Europe dont la résonance est d'une contemporanéité patente.
Sans se perdre en effets inutiles, la mise en scène de Jean-Claude Idée soutient efficacement le
texte aux dialogues affutés, tout comme les comédiens.
Aux côtés de Laurent d'Olce et Denis Berner, parfaits dans le rôle des plénipotentiaires
modérateurs, deux comédiens belges, dont la taille et la corpulence favorisent l'incarnation réaliste,
dispensent une prestation émérite en évitant la tentation - et l'écueil - de la caricature.
Michel de Warzée, au savoureux accent anglo-saxon mâtiné avec celui du plat pays, et Pascal
Racan, aux stupéfiantes intonations gaulliennes, campent avec brio le drôle et paradoxal duo que
forment un Churchill truculent, tout en rondeur à la bonhommie pateline et bon vivant à la
continentale et l'ascétique De Gaulle, raide comme un passe-lacet, qui évoque un insulaire puritain
pince-sans-rire.
Un challenge accompli et un régal de théâtre.
                                                                                                Martine Piazzon
Rivaux fieffés
Par Michel VOITURIER

      Publié le 21 juillet 2017

De Gaulle et Churchill, face à face, à la veille du débarquement en 1944 sur les plages de Normandie.
L’opposition est nette : chacun a son ambition, chacun pense à sa nation.

Le 4 juin 44, Churchill convoque De Gaulle pour lui annoncer l’imminence d’un débarquement auquel la
France est dissociée. C’est un affrontement où Bentégeat résume ce qui sépare radicalement les deux
hommes mais laisse apparaître aussi ce qui est susceptible de les réunir. Il y aura donc durant les jours qui
précèdent la grande opération destinée à abattre le pouvoir nazi un chassé-croisé entre les deux
dirigeants pour arriver à satisfaire leurs ambitions et garder un certain équilibre entre les alliés.
Chacun défend une conception particulière de la démocratie. Chacun est une personnalité forte. L’un est
tout de rigueur et d’ascétisme ; l’autre bon vivant amateur d’alcool et plutôt pragmatique. Ces
incompatibilités éclatent. Notamment dans la foi que l’un place dans une Europe future et l’autre dans
une hégémonie anglo-saxonne. Elles renvoient alternativement dos à dos ou gueule à gueule les alliés
appariés malgré eux.

Quand on connaît la verve caustique du Grand Charles et les jugements corrosifs du ventripotent Winston,
on sait que ce ne sera pas triste. L’un comme l’autre ont le sens des formules définitives, lapidaires,
cinglantes, caustiques, impitoyables. Cette joute oratoire est en effet réjouissante comme le sont certains
mots d’auteur. Il est vrai qu’il s’agit ici d’un théâtre très traditionnel (au point que le metteur en scène
s’est senti obligé à un moment de faire apparaître sur l’écran vidéo les mentions bureau de De Gaulle en
jardin et de Churchill en cour comme si le public n’était pas assez futé pour se rendre compte que le
plateau est divisé en deux). Rien de neuf mais une efficacité certaine.
Un réalisme étudié

Le décor est réaliste. La projection filmée qui tient lieu de fond de scène montre bien ce qui se passe aux
alentours. Les comédiens sont typés à prendre un minimum de ressemblance physique avec les
personnages qu’ils incarnent avec brio. Pascal Racan est parvenu à prendre une part des intonations du
sauveur de la France, sans tomber dans le caricatural d’un Henri Tisot qui fut son imitateur ; Michel de
Warzée a trouvé un accent qui n’est pas exactement celui qu’on prête aux Anglais mais s’en approche.

Il ressort de ce débat que, lorsque le sort du monde doit se décider, quelles que soient les idéologies, ce
sont finalement les principes de la realpolitik qui prennent le dessus. Que les ambitions politiques
gouvernent davantage les citoyens que les grands principes républicains ou monarchistes. Que derrière
la façade connue des dirigeants se vivent aussi des drames et des considérations humains qui donnent
l’impression qu’ils ne sont pas différents du commun des mortels.

On quitte la salle avec l’impression d’être entré dans l’intimité des grands de ce monde, qu’ils sont
devenus des familiers, qu’on a assisté à un épisode capital de ce qui a constitué le monde tel qu’il devenu
aujourd’hui, qu’on a participé aux débuts d’une érosion lente de la démocratie parlementaire.

Avignon - Avignon Off Du 07/07/2017 au 30/07/2017 à 18h40Tremplin8, Ter rue Cornue 84000 AvignonTéléphone :
04 90 85 05 00.Réserver Paris Du 07/09/2017 au 21/10/2017Théâtre du Petit Montparnasse31, rue de la Gaîté
Téléphone : 01 43 22 77 74.

Meilleurs alliés
de Hervé Bentégeat

Théâtre

Mise en scène : Jean-Claude Idée

Avec : Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent d'Olice, Denis Berner
Décor, costumes : Jean-Claude Idée
Son, vidéo: Olivier Louis Camille
Durée : 1h20Photo : © Bernard d'Oultremont

Production: Comédie Claude Volter, Petit Montparnasse
PRESTAPLUME
         L'accord parfait du sens et des mots

“Meilleurs alliés”, duel magistral au
       sommet de l’Histoire
       03/12/2017 Nathalie GendreauActivités littéraires, Théâtre & Co
Avec “Meilleurs alliés”, c’est une page d’un épisode déterminant de l’Histoire de France qui se
tourne et se retourne au Théâtre du Petit Montparnasse, où deux monstres sacrés s’affrontent
dans un dernier combat patriotique. Le 4 juin 1945, à Londres, Winston Churchill annonce à
Charles de Gaulle le débarquement des Alliés sur les plages de Normandie prévu le
surlendemain, mais sans la France. L’auteur Hervé Bentégeat imagine cette rencontre où se
dispute une joute oratoire hors norme qui use de l’humour caustique et des escarmouches de
l’esprit avec la même dextérité. Il a trempé sa plume dans la mythologie des deux personnages
pour leur redonner vie et les opposer de façon magistrale. Pascal Racan et Michel de Warzée ne
se contentent pas de se glisser dans leur uniforme, ils projettent une autorité légitime et
naturelle. L’impression est telle que ce rendez-vous semble se jouer pour la première fois, et
seulement pour soi.
Lors de cet entretien surréaliste au sommet de l’Histoire, qui consigne la France à un rôle
d’observateur, Churchill demande à De Gaulle de faire une allocution à la radio pour mobiliser
les forces françaises combattantes derrière les Alliés. Dans son uniforme de la France outragée,
le général porte sa dignité imposante face à un Churchill tout en rondeur et humour “so British”.
Bien entendu, le Général refuse de prononcer son discours à la remorque des Alliés. Il parlera en
premier, ou pas du tout ! Et il entend entrer dans Paris en triomphateur. C’est l’avenir de la
France qui est en jeu. Si De Gaulle capitule devant les Alliés, c’est la patrie qu’il livrerait aux
mains des États-Unis ! Il le sait, et le combat de toute sa virulence.

L’affrontement entre les deux grands hommes s’intensifie au fil de la discussion, alternant
attaques et feintes. Ils écrivent l’histoire de leur nom et l’empreignent de leur forte personnalité,
ils évoquent leur amour de la patrie, l’animosité réciproque historique des deux pays et leurs
divergences. Ils marchent en équilibriste sur ce fil de la discorde, entre exaspération et
fascination. S’ils ne s’aiment pas, ils s’estiment malgré tout, mais feignent de l’ignorer. Pourtant,
dans leur algarade percutante, c’est toute l’admiration réciproque qui transparaît avec éclat.
L’auteur Hervé Bentégeat et le metteur en scène Jean-Claude Idée ont ajusté leur art à la mesure
des deux géants du verbe et de l’action pour que les Meilleurs alliés captivent du début à la fin.
Les dialogues frappent fort et juste, mettant en lumière les antagonismes, les doutes et les
certitudes. Après un face à face en première partie, c’est côte à côte que les
personnages poursuivent leurs dialogues, par ambassadeurs interposés, afin de trouver une
solution. Les trois jours, durant lesquels le destin de la France se joue, sont astucieusement
évoqués par différents paysages projetés en fond de scène. Entre ciels tourmentés,
vrombissements d’avions de guerre et cri de mouettes, le metteur en scène donne de l’intensité
aux événements. Les deux acteurs Michel de Warzée et Pascal Racan, évoluant dans les volutes
de cigarette et de cigare, en plus de ressembler étrangement à leur double, incarnent leur force
et leur ambivalence, une certaine pudeur dans l’estime. Quelque part, des âmes bienveillantes
doivent veiller pour que l’état de grâce se renouvelle ainsi, chaque lever de rideau !
Nathalie Gendreau
Deux photos ©Pascal Gély
R42, culture gourmande !

                                  Meilleurs alliés
                                 24/09/2017R42culturegourmande

J’aime l’Histoire. Cette pièce ne pouvait que m’attirer d’autant qu’elle relate les évènements
qui ont provoqué la naissance prématurée de ma mère le 7 Juin 1944.

Dans le wagon qui sert de QG à Churchill près de Portsmouth, Winston Churchill a convoqué
le Général De Gaulle pour lui annoncer que le débarquement est imminent en Normandie, la
première étape de l’opération Overlord est lancée. De Gaulle est furieux, les Forces françaises
ne seront pas de l’opération et il a sensation d’être manipulé par les américains et les anglais.
Le face à face est tendu mais les dés sont jetés, il faut y aller. Ces deux là ont le même objectif,
même si leur façon de voir les choses sont diamétralement opposées. Ils sont
brillament assistés, coté français par l’ambassadeur de France et coté anglais par la ministre
des affaires étrangères.

                                       Crédit : Pascal Gély

Les deux comédiens principaux sont parfaits, on y reconnait un Charles De Gaulle digne et
strict, un petit Churchill légèrement bedonnant à l’accent anglais so charming et leur deux
diplomates sont tout aussi talentueux.
La mise en scène de Jean-Claude Idée est efficace et permet d’appréhender la chronologie des
évènements de façon claire. Les décors sont jolis

Les échanges entre ces deux grands hommes sont savoureux et signés par Hervé Bentégeat

Le plaisir que j’ai eu à assister à ces joutes verbales et ces manipulations entre chefs de guerre
était bien réel.

                                        Crédit : Pascal Gély

Pour le plaisir, voici quelques citations :

Churchill : « les rois, ça ne sert à rien comme Dieu, mais c’est difficile de leur dire non »

De Gaulle : « Je n’estime que ceux qui me résistent, mais malheureusement je ne les supporte
pas »

De Gaulle : « La France, c’est 40 millions de présidents »
x                                                                              L'Art-vues

                                      Meilleurs Alliés
Nous sommes le 4 juin 1944, Churchill s’entretient avec De Gaulle pour l’informer du
débarquement imminent des troupes alliées en Normandie. Le général est furibard, il se sent
tenu à l’écart de la bataille de France et ne décolère pas. Les deux hommes s’affrontent, sans
concession l’un et l’autre, on s’emporte, on se met au défi, on se menace, les murs
tremblent. Deux bêtes politiques se font face. De Gaulle entend rester maître chez lui pour
décider du sort de son pays, alors que l’Anglais ne
voit en lui qu’un simple pion, plutôt gênant, sur le grand échiquier de la stratégie anglo-
américaine.
On est dans les coulisses de l’histoire qu’éclaire le texte d’Hervé Bentégeat, émaillé de
petites phrases qui sont autant de perles. Churchill à De Gaulle : “Les Français veulent des
héros, mais ils ne
jurent que par l’égalité”. De Gaulle : “Je n’estime que ceux qui résistent mais
malheureusement, je ne les supporte pas”. C’est comme ça tout au long d’un spectacle où
les répliques les plus brillantes volent
d’un camp à l’autre comme une balle de ping-pong. La mise en scène sobre, sur fond de
carte d’état-major, est au service du jeu des comédiens qui vaut à lui seul le débarquement
du public. Pascal Racan
campe un De Gaulle plus vrai que nature, muré derrière un orgueil aristocratique, incarnant
une haute idée de la France et de lui-même, Michel de Warzée est un Churchill intraitable
aux coups de gueule et aux coups à boire impressionnants. Une belle performance d’acteurs
au service d’un texte intelligent qui nous dévoile quelques pans de la petite histoire dans la
grande.
Au 3 Soleils à 18h40 jusqu’au 30 juillet. Tél : 04 90 88 27 33
Théâtre > nouveautés < festival actu

             Meilleurs alliés

   le 15/09/2017 au théâtre du Petit Montparnasse, 31 rue de la Gaîté 75014 Paris (du
   mardi au samedi à 21h et matinée samedi à 16h)

   Mise en scène de Jean-Claude Idée avec Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent
   d’Olce et Denis Berner écrit par Hervé Bentégeat

   Nous sommes le 5 Juin 1944 : Venant d’Alger, De Gaulle est arrivé à Londres et
   apprend par Churchill l’éminence du débarquement dont il ignorait tout. Ni les
   américains ni les anglais n’avaient tenu à l’associer à leur projet. L’entrevue entre les 2
   hommes se passe très mal : De Gaulle est furieux d’avoir été mis à l’écart et, à travers
   lui, la France libre. Devant son intransigeance, le ton monte et Churchill est prêt à la
   garder prisonnier à Londres pour l’empêcher de se mêler du débarquement.
   Toute la pièce repose sur cet affrontement, et c’est à la fois passionnant et pathétique
   car nous revivons sous nos yeux une grande page de notre Histoire. ET, en même
   temps, c’est plein de drôlerie grâce aux comédiens qui incarnent ces 2 immenses
   personnages. Pascal Racan est De Gaulle : non seulement, il en a la stature mais a su en
   plus retrouver sa voix et sa diction bien connue, repérable entre toutes, ainsi que sa
   gestuelle. C’est du grand art : bravo l’artiste ! Même compliment pour Michel de
   Warzée qui est un Churchill très convaincant. Il nous fait parfaitement ressentir son
   exaspération face à la morgue, la rigueur et le refus de De Gaulle de s’incliner devant
   les dictats américains du général en chef du débarquement, Eisenhower, et surtout de
   s’adresser au peuple français à la BBC après lui et non avant.
   Ce duel finirait par être un peu monotone si le dialogue n’était pas parsemé de bons
   mots, de réflexions authentiques dont nous gardons le souvenir (comme celle de
   Churchill : « la plus grande croix que j’ai eu à porter dans ma vie a été celle de la croix
   de Lorraine »). Il est évident que pour la jeune génération, ce spectacle apportera
   qu’un chapitre d’histoire à se rappeler ou à découvrir, mais pour les parents, un conseil
   : courez au Petit Montparnasse, vous ne le regretterez pas !

   LB
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