Michael Delisle RIEN DANS LE CIEL - Numilog
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Les Éditions du Boréal 4447, rue Saint-Denis Montréal (Québec) h2j 2l2 www.editionsboreal.qc.ca
Rien dans le ciel
du même auteur poésie L’Extase neutre, NBJ, 1985. Mélancolie, NBJ, 1985. Fontainebleau, Les Herbes rouges, 1987. Chose vocale, Les Herbes rouges, 1990; coll. «Territoires», 2019. Long Glissement, Leméac, 1996. Prière à blanc, Éditions du Noroît, 2009. Gisements, Éditions du Noroît, 2019. romans et nouvelles Drame privé, Les Herbes rouges, 1989; coll. «Territoires», 2019; P.O.L., 1990. Helen avec un secret et autres nouvelles, Leméac, 1995; BQ, 2009. Le Désarroi du matelot, Leméac, 1998; BQ, 2002. Dée, Leméac, 2002; BQ, 2007. Le Sort de Fille, Leméac, 2005. Tiroir no 24, Boréal, 2010; coll. «Boréal compact», 2018. Le Feu de mon père, Boréal, 2014; coll. «Boréal compact», 2016. Le Palais de la fatigue, Boréal, 2017.
Michael Delisle Rien dans le ciel nouvelles Boréal
© Les Éditions du Boréal 2021 Dépôt légal: 1er trimestre 2021 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Diffusion au Canada: Dimedia Diffusion et distribution en Europe: Interforum Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et de Bibliothèque et Archives Canada Titre: Rien dans le ciel / Michael Delisle. Noms: Delisle, Michael, 1959- auteur. Description: Nouvelles. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20200094122 | Canadiana (livre numérique) 20200094130 | ISBN 9782764626535 | ISBN 9782764636534 (PDF) | ISBN 9782764646533 (EPUB) Classification: LCC PS8557.E4455 R54 2021 | CDD C843/.54—dc23
Pour Rafael
Moloch-Baal 9
10
Dans un quartier de Montréal, près d’un grand parc, il y a une tour d’habitation de dix-sept étages qui détonne par sa dimension. Du dernier étage, la perspective permet d’imaginer le toit des mai- sons comme des cubes dans un jeu de miniatures avec ses autos, ses camions, ses figurines de poli- cier, de laitier ou de boulanger qui s’animent dans des scénarios de jour de marché, de retour d’école ou de visite dominicale. Et la nuit, sur la grande artère qui mène à la montagne, les phares des voi- tures et les feux de circulation rouges et verts donnent l’impression que c’est le temps des fêtes, même l’été. Jean-Pierre a soixante-quatre ans. Son appar- tement est peu meublé: une chambre étroite et une grande pièce qui a l’air de l’arrière-boutique d’une librairie d’occasion où on aurait stocké des invendus d’albums au dos craquelé. La collection est importante. Tout Blake et Mortimer. Achille Talon. Philémon. Rubrique-à-brac. Et, toujours à portée de main, l’intégrale des aventures d’Alix, le Gaulois blond, ami des Romains. Les magazines 11
Pilote, Spirou et Tintin s’effritent, les agrafes ont rouillé et il arrive qu’un feuillet oxydé glisse quand on les ouvre. Au fil des ans, l’odeur de moisi et de papier bruni est devenue réconfor- tante pour le retraité. Dans Le Tombeau étrusque, une image avait troublé Jean-Pierre quand il avait dix ans. Les des- sins montraient Carthage, une colonie phéni- cienne. On y voyait un Minotaure d’airain haut comme un gratte-ciel. Le monstre était creux, et des flammes sortaient de sa gueule ouverte vers le ciel. Dans les mains de la divinité cornue, on déposait un garçon bien vivant ligoté dans un drap noir. Un mécanisme de chaînes actionnait les bras et balançait l’enfant dans la fournaise. Ces offrandes à Moloch-Baal étaient destinées à sau- ver la ville du siège romain. La vignette précisait que les garçons en rang devant le four crématoire étaient au nombre de quatre cents. Jean-Pierre se rappelle la terreur que l’image lui avait inspirée. Une terreur d’autant plus troublante que le sacri- fice des innocents n’avait pas été empêché in extremis par Alix, le héros. Cette fois-là, il n’y avait pas eu de sauveur. Hissé sur une caisse de bois, les mains sur la balustrade de son balcon, Jean-Pierre se penche au-dessus du vide et murmure: 12
— Je n’ouvrirai pas. Je n’ouvrirai pas. Per- sonne ne peut m’obliger à ouvrir. Horonczyk, l’intendant de l’immeuble, a arrêté de sonner, mais Jean-Pierre pressent qu’il rappliquera en après-midi, cette fois avec son double de clé. Le ventre contre la balustrade, il lève la jambe droite pour tenter de poser son mollet sur le bord, mais le mouvement est douloureux depuis sa sciatique de l’an dernier, et ça tire trop fort à l’in- térieur de la cuisse. Il repose le pied sur la caisse de bois. Il se trouve gras. Même pas assez en forme pour plonger dans le vide. Plutôt que de sauter, il serait plus faisable d’écraser son gros ventre sur la rampe et de basculer d’un bon élan. Il aurait dû boire. S’il était saoul, ce serait déjà fait. Il serait déjà sur le trottoir, les os brisés et la cervelle à l’air. L’État aurait un vieillard de moins à nourrir. Et Horonczyk serait content. Le mois dernier, il est venu inspecter les lieux avec un Libanais élégant. L’édifice venait d’être vendu à «des intérêts torontois». Les deux hommes ont examiné les portes d’armoires, la cuisinette, les plinthes crasseuses de la salle de bain. Puis le plancher. Dans la pièce où s’empilent les albums, le 13
vernis de la parqueterie a été râpé par l’usure. La mosaïque d’érable s’est effritée au point d’avoir l’air d’un feutre gras. Des années de crasse, de poussière, de neige fondue et de calcium ont formé une tache grise au centre, créant l’effet d’un tapis rond. Intrigué, le nouveau propriétaire a pincé le pli de son pantalon et s’est accroupi pour gratter la surface, cherchant à reconnaître la nature du matériau. Il s’est relevé, dégoûté, puis il est sorti sans dire un mot, en se frottant les doigts. Horonczyk est resté pour s’entretenir avec Jean-Pierre: — M’a être clair, Jean-Pierre. Le gars que tu viens de voir (il a levé le pouce au-dessus de son épaule) représente la compagnie qui a acheté le building. Du monde de Toronto. Ils vont rénover haut de gamme. Le marbre pour l’entrée est déjà dans la cour. Le loyer va augmenter. Beaucoup. À ta place, je commencerais à faire mes boîtes. Ramasse tes Astérix, pis cherche-toé un demi- sous-sol. Now. Ému, Jean-Pierre a explosé: — C’est pas Astérix, c’est Alix! L’intendant s’est figé comme s’il ne savait plus à qui il avait affaire. Il a regardé les piles en mur- murant que ça sentait le «yable» quand on ren- 14
trait dans l’appartement et, revenu de son malaise, il a ajouté sur un ton compatissant: — Commence tes boîtes, Jean-Pierre. Jean-Pierre n’a rien répondu. Hier, quand on est revenu sonner, il a cessé de bouger pour faire croire qu’il était absent. Horonczyk frappait du plat de la main, appelait son nom. Quand il a senti que l’intendant était parti, il est resté assis sur une chaise à se dandiner jusqu’à l’épuisement. Il a dormi par terre, en boule. De peine et de misère, il s’essaie de nouveau et arrive à monter sur la balustrade de son balcon. Mais dès qu’il a les deux pieds sur le rebord, les bras en croix comme pour s’apprêter à plonger, il vacille, panique et tombe à la renverse sur le béton du balcon. Il sent son crâne craquer. La peau s’est sûre- ment fendue. Ça commence à picoter. Ça doit saigner. Il reste étalé sur le dos. Il est bien comme ça, les yeux fermés. Le soleil se couche. On sonne de nouveau. C’est Horonczyk. Jean-Pierre ne bouge pas. Il devrait être en train de faire ses boîtes, c’est ce qu’on vient véri- fier. 15
Il garde les yeux fermés et revoit la ville en bas, la ville organisée en cases nettes. Chaque maison est un cube détouré de lignes claires, et la circula- tion des petites autos est fluide. L’intendant sonne toujours. Puis on entend la clé qui s’insère et débarre la porte. Jean-Pierre pense: Si je me lève, c’est sûr que je meurs. 16
Table des matières Moloch-Baal 9 Nuit sans lune 17 Notre-Dame de la Vie intérieure 47 Chauffeur un été 63 Je suis parent avec cet homme 79 Le mort qui patine 97 Témoignage 111 Encore plus l’Asie 119 135
136
Crédits et remerciements Les Éditions du Boréal remercient le Conseil des arts du Canada ainsi que le gouvernement du Canada pour leur soutien financier. Les Éditions du Boréal sont inscrites au Programme d’aide aux entreprises du livre et de l’édition spécialisée de la SODEC et bénéficient du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du gouvernement du Québec. Photographie de la couverture: Maxime Caron (Unsplash)
extrait du catalogue Abu Bakr al Rabeeah et Winnie Yeung Margaret Atwood Ces bombes qui fleurissent la nuit Cibles mouvantes Gil Adamson L’Odyssée de Pénélope À l’aide, Jacques Cousteau Edem Awumey La Veuve Explication de la nuit Emmanuel Aquin Mina parmi les ombres Désincarnations Les Pieds sales Icare Rose déluge Incarnations Gary Barwin Réincarnations Le Yiddish à l’usage des pirates Denys Arcand Carl Bergeron L’Âge des ténèbres Voir le monde avec un chapeau Le Déclin de l’Empire américain Nadine Bismuth Les gens adorent les guerres Êtes-vous mariée à un psychopathe? Les Invasions barbares Les gens fidèles ne font pas les nouvelles Jésus de Montréal Scrapbook Gilles Archambault Un lien familial À peine un petit air de jazz Neil Bissoondath À voix basse À l’aube de lendemains précaires Les Choses d’un jour Arracher les montagnes Combien de temps encore? Cartes postales de l’enfer Comme une panthère noire La Clameur des ténèbres Courir à sa perte Tous ces mondes en elle De l’autre côté du pont Un baume pour le cœur De si douces dérives Marie-Claire Blais Doux dément Augustino et le chœur de la destruction Enfances lointaines Aux Jardins des Acacias En toute reconnaissance Dans la foudre et la lumière La Fleur aux dents Des chants pour Angel La Fuite immobile Le Festin au crépuscule Lorsque le cœur est sombre Le Jeune Homme sans avenir Les Maladresses du cœur Mai au bal des prédateurs Nous étions jeunes encore Naissance de Rebecca à l’ère L’Obsédante Obèse et autres agressions des tourments L’Ombre légère Noces à midi au-dessus de l’abîme Parlons de moi Petites Cendres ou la capture Les Pins parasols Soifs Qui de nous deux? Une réunion près de la mer Les Rives prochaines Une saison dans la vie d’Emmanuel Stupeurs et autres écrits Le Tendre Matin Virginie Blanchette-Doucet Tu écouteras ta mémoire 117 Nord Tu ne me dis jamais que je suis belle Gérard Bouchard Un après-midi de septembre Mistouk Un homme plein d’enfance Pikauba Un promeneur en novembre Uashat La Vie à trois Geneviève Boudreau Le Voyageur distrait La Vie au-dehors
Claudine Bourbonnais Gil Courtemanche Métis Beach Je ne veux pas mourir seul Guillaume Bourque Le Monde, le lézard et moi Jérôme Borromée Un dimanche à la piscine à Kigali Jacques Brault Une belle mort Agonie Michael Crummey Pierre Breton Du ventre de la baleine Sous le radar France Daigle Le zouave qui aimait les vélocipèdes Petites difficultés d’existence Colette Brossoit Pour sûr Ne regrette pas ce qui se dérobe Un fin passage Chrystine Brouillet Francine D’Amour Rouge secret Écrire comme un chat Zone grise Pour de vrai, pour de faux Melissa Bull Presque rien Éclipse électrique Le Retour d’Afrique Natalee Caple Michael Delisle Il était une fois Calamity Jane Le Feu de mon père André Carpentier Le Palais de la fatigue Dylanne et moi Tiroir No 24 Extraits de cafés Louise Desjardins Gésu Retard Cœurs braisés Mendiant de l’infini La Fille de la famille Moments de parcs Le Fils du Che Ruelles, jours ouvrables L’Idole Nicolas Charette Rapide-Danseur Chambres noires So long Jour de chance Cherie Dimaline Jean-François Chassay Rougarou L’Angle mort Fred Dompierre Laisse Presque 39 ans, bientôt 100 Sous pression David Dorais et Marie-Ève Mathieu Les Taches solaires Plus loin Virginie Chaloux-Gendron Christiane Duchesne Fais de beaux rêves L’Homme des silences Ying Chen L’Île au piano Blessures Mensonges Le Champ dans la mer Mourir par curiosité Espèces Rima Elkouri Immobile Manam Le Mangeur Danny Émond Querelle d’un squelette avec son double Le Repaire des solitudes La rive est loin Un enfant à ma porte Gloria Escomel Les Eaux de la mémoire Émilie Choquet Pièges Un espace entre les mains Ook Chung Michel Faber Contes butô La Rose pourpre et le Lys L’Expérience interdite Stéphanie Filion La Trilogie coréenne Grand fauchage intérieur Paige Cooper Richard Ford Zolitude Canada
Jonathan Franzen Parlez-moi d’amour Les Corrections Un dé en bois de chêne Freedom Wells Purity Renaud Jean Katia Gagnon Rénovation Histoires d’ogres Retraite Rang de la Croix Emmanuel Kattan La Réparation Le Portrait de la reine Madeleine Gagnon Les Lignes de désir Depuis toujours Nous seuls Robert Gagnon Jack Kerouac La Mère morte La vie est d’hommage Lise Gauvin Thomas King Fugitives Une brève histoire des Indiens au Canada Susan Glickman Nicole Krauss Les Aventures étranges et surprenantes La Grande Maison d’Esther Brandeau, moussaillon Bïa Krieger Douglas Glover Les Révolutions de Marina Le Pas de l’ourse Marie-Sissi Labrèche Seize sortes de désir Amour et autres violences Catherine Eve Groleau Borderline Johnny La Brèche Agnès Gruda La Lune dans un HLM Mourir, mais pas trop Dany Laferrière Onze petites trahisons Autoportrait de Paris avec chat Joanna Gruda L’Art presque perdu de ne rien faire L’enfant qui savait parler la langue des chiens Chronique de la dérive douce Ghayas Hachem L’Énigme du retour Play Boys Je suis un écrivain japonais Brigitte Haentjens L’exil vaut le voyage Un jour je te dirai tout Pays sans chapeau Louis Hamelin Vers d’autres rives Autour d’Éva Vers le sud La Constellation du Lynx Robert Lalonde Les Crépuscules de la Yellowstone À l’état sauvage Le Joueur de flûte C’est le cœur qui meurt en dernier Sauvages Des nouvelles d’amis très chers Le Soleil des gouffres Espèces en voie de disparition Le Voyage en pot Fais ta guerre, fais ta joie Bruno Hébert Le Fou du père Alice court avec René Iotékha’ C’est pas moi, je le jure! La Liberté des savanes David Homel Le Monde sur le flanc de la truite Orages électriques Monsieur Bovary ou mourir au théâtre Michael Ignatieff Où vont les sizerins flammés en été? L’Album russe Le Petit Voleur Terre de nos aïeux Que vais-je devenir jusqu’à ce que je meure? Suzanne Jacob Le Seul Instant Amour, que veux-tu faire? Un cœur rouge dans la glace Les Aventures de Pomme Douly Un jardin entouré de murailles Fugueuses Un jour le vieux hangar sera emporté Histoires de s’entendre par la débâcle
Un poignard dans un mouchoir de soie Hélène Monette Le Vacarmeur Le Blanc des yeux Nicolas Langelier Il y a quelqu’un? Réussir son hypermodernité et sauver Là où était ici le reste de sa vie en 25 étapes faciles Où irez-vous armés de chiffres? Monique LaRue Plaisirs et Paysages kitsch Copies conformes Thérèse pour Joie et Orchestre De fil en aiguille Un jardin dans la nuit La Démarche du crabe Unless La Gloire de Cassiodore Pierre Monette L’Œil de Marquise Dernier automne Dominique Lebel Caroline Montpetit L’Entre-deux-mondes L’Enfant Rachel Leclerc Tomber du ciel Noces de sable Lisa Moore La Patience des fantômes Alligator Le Chien d’ombre Les Chambres nuptiales Ruelle Océan Février Visions volées Open Robert Lévesque Pierre Morency Récits bariolés Amouraska Tracey Lindberg Guillaume Morissette Birdie Nouvel onglet Alistair MacLeod Le Visage originel La Perte et le Fracas Alice Munro André Major Du côté de Castle Rock À quoi ça rime? Fugitives L’Esprit vagabond Rien que la vie Histoires de déserteurs Un peu, beaucoup, passionnément, La Vie provisoire à la folie, pas du tout Tristan Malavoy Pierre Nepveu Le Nid de pierres Des mondes peu habités L’Œil de Jupiter L’Hiver de Mira Christophe Gilles Marcotte Josip Novakovich Le Manuscrit Phaneuf Infidélités La Mort de Maurice Duplessis et autres Poisson d’avril nouvelles Trois morts et neuf vies Une mission difficile Grace O’Connell La Vie réelle Foudroyée Jean-Philippe Martel Chez les Sublimés Émile Ollivier Yann Martel La Brûlerie Paul en Finlande Michael Ondaatje Colin McAdam Divisadero Fall Le Fantôme d’Anil Christian Mistral Ombres sur la Tamise Léon, Coco et Mulligan La Table des autres Sylvia au bout du rouleau ivre Michèle Ouimet Vacuum L’Heure mauve Valium La Promesse Vamp Nathalie Petrowski Vautour Il restera toujours le Nebraska
Maman last call Jacques Savoie Un été à No Damn Good #Maria Alison Pick Mauricio Segura L’Enfant du jeudi Eucalyptus Daniel Poliquin Bouche-à-bouche Cherche rouquine, coupe garçonne Côte-des-Nègres L’Écureuil noir Oscar L’Historien de rien Viral L’Homme de paille Alexandre Soublière La Kermesse Amanita virosa Le Vol de l’ange Charlotte before Christ Monique Proulx Gaétan Soucy Les Aurores montréales L’Acquittement Ce qu’il reste de moi Catoblépas Champagne Music-Hall! Le cœur est un muscle involontaire La petite fille qui aimait trop les allumettes Homme invisible à la fenêtre Jeet Thayil Pascale Quiviger Narcopolis La Maison des temps rompus France Théoret Pages à brûler Les apparatchiks vont à la mer Noire Rober Racine Une belle éducation L’Atlas des films de Giotto Marie José Thériault Le Cœur de Mattingly Les Demoiselles de Numidie L’Ombre de la Terre L’Envoleur de chevaux Les Vautours de Barcelone Pierre-Yves Thiran Mordecai Richler Bal à l’abattoir L’Apprentissage de Duddy Kravitz Miriam Toews Le Cavalier de Saint-Urbain Ce qu’elles disent Joshua Drôle de tendresse Le Monde selon Barney Irma Voth Solomon Gursky Jamais je ne t’oublierai Noah Richler Pauvres petits chagrins Mon pays, c’est un roman Les Troutman volants Mathieu Rolland Su Tong Souvenir de Night Le Mythe de Meng Yvon Rivard Emmanuelle Tremblay Le Milieu du jour Je suis un thriller sentimental Le Siècle de Jeanne Lise Tremblay Les Silences du corbeau Chemin Saint-Paul Louis-Bernard Robitaille L’Habitude des bêtes Le Zoo de Berlin La Sœur de Judith Alain Roy Marie-Laurence Trépanier Le Grand Respir Saints-Damnés L’Impudeur Guillaume Vigneault Quoi mettre dans sa valise? Carnets de naufrage Simon Roy Chercher le vent Owen Hopkins, Esquire Kathleen Winter Lori Saint-Martin Annabel Les Portes closes Nord infini Pour qui je me prends Onze jours en septembre
L’Intérieur de ce livre a été imprimé sur du papier 30% postconsommation, traité sans chlore, certifié ÉcoLogo et fabriqué dans une usine fonctionnant au biogaz. mise en pages et typographie: les éditions du boréal achevé d’imprimer en janvier 2021 sur les presses de l’imprimerie gauvin à gatineau (québec).
Michael Delisle RIEN DANS LE CIEL J’ai tout mis dans des boîtes à chaussures que j’ai été por- ter dans la cour. J’ai imbibé le carton de combustible à fondue et j’ai allumé. Le feu a été long. En voyant les cou- leurs qui montaient du bûcher, mes yeux se sont embués. Ce bleu-vert qui fendait l’air, était-ce le polaroid de ma confirmation ? Quelle fête ancienne expirait de ce grésil- lement ? J’avais la gorge serrée : je tuais quelque chose. Je pleurais mes traces. N’y a-t-il pas pour chacun de nous, quand nous avons assez vécu, un moment où nous prenons conscience que la vie est finie ? Non pas que la mort est imminente, mais que la vie est finie, comme on le dit d’un ensemble Nouvelles fini. Que faire alors des objets que nous avons accumu- lés et qui seront peut-être la seule trace de notre pas- sage sur terre ? Que faire des secrets et des mensonges que nous traînons avec nous depuis l’enfance ? Que faire de nous-mêmes ? À qui nous « donner » ? La prose si personnelle de Michael Delisle fait encore une fois merveille pour sonder la profondeur de l’ins- tant en apparence le plus banal, pour illuminer ce qui se cache sous la surface lisse de la vie, pour éclairer le mystère sans jamais lui faire perdre son pouvoir de fascination.
Vous pouvez aussi lire