Comment New York est-elle devenue un modèle de ségrégation ?
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AL MAHI SOUHAILA M. DESMECHT FGS 6.C 2011-2012 Comment New York est-elle devenue un modèle de ségrégation ? Centre scolaire du Sacré-Cœur de Jette Avenue du Sacré-Cœur, 8 1090 Jette 1
Remerciements Je tiens à remercier tout particulièrement mon promoteur M. Desmecht qui m'a conseillée et aidée dans le cheminement de mon travail de fin d'étude. Je voudrais également remercier mes parents pour leur soutient et l'aide qu'ils m'ont fourni, ainsi qu'à ma tante qui m'a fait partager les photos et vidéos de son séjour à New York. 2
Table des matières Table des matières...........................................................................................................1 Introduction.....................................................................................................................3 Chapitre 1 : Notions théoriques de ségrégation ...............................................................4 1.1. Ségrégation............................................................................................................................4 1.2. Ségrégation sociale et ethnique.............................................................................................4 1.3. Ségrégation urbaine et spatiale..............................................................................................4 Chapitre 2 : New York : Une ville cosmopolite..................................................................5 2.1. New York et ses « boroughs ».................................................................................................5 2.2. Une forte immigration............................................................................................................7 2.2.1. Pourquoi autant d'immigrés ont-ils décidé de s'installer aux Etats-Unis ?.................................7 2.2.2. Quelles sont les périodes d' immigrations ?...............................................................................8 2.3. Une société de minorités........................................................................................................9 2.4. Du melting-pot au « salad bowl».........................................................................................10 2.4.1. Vers une société de métissage..................................................................................................11 2.4.2. Salad bowl et communautarisme..............................................................................................11 Chapitre 3 : Ségrégation résidentielle et revitalisation urbaine.......................................12 3.1. Périurbanisation et ghettoïsation des centres-villes.............................................................12 3.1.1. De la ville à l'urban sprawl........................................................................................................12 3.1.2. Formation des ghettos .............................................................................................................13 3.1.3. Le rôle des politiques dans cette ségrégation...........................................................................13 3.2. Politiques et expériences de déségrégation..........................................................................13 3.2.1. Politique de mixité sociale........................................................................................................14 3.2.2. Processus de gentrification.......................................................................................................15 3.2.3. Deux exemples de gentrification: Harlem et le Lower East Side...............................................15 Chapitre 4 : Ségrégation résidentielle et inégalités sociale..............................................19 4.1. La pauvreté..........................................................................................................................19 4.1.1. La pauvreté se propage en banlieue.........................................................................................19 4.1.2. Qu'en est-il de New York ?........................................................................................................20 3
4.2. Répartition Inégale des richesses.........................................................................................21 4.3. Les « indignés de Wall Street»..............................................................................................22 4.4. La mobilité sociale................................................................................................................23 4.5. Les formes d'exclusion..........................................................................................................24 4.5.1. Le logement...............................................................................................................................24 4.5.2. L'emploi précaire.......................................................................................................................25 4.5.3. L'éducation................................................................................................................................26 4.6. La violence des ghettos.........................................................................................................26 4.6.1. Délinquance juvénile ................................................................................................................26 4.6.2. Baisse de la criminalité à New York...........................................................................................27 Chapitre 5 : Les réformes de Barack Obama pour lutter contre la pauvreté.....................30 5.1. L'amélioration du système de santé.....................................................................................30 5.2. L'aide pour les propriétaires endettés...................................................................................31 5.3. L'augmentation de l'offre d'emploi.......................................................................................31 Conclusion.....................................................................................................................33 Bibliographie..................................................................................................................34 Lexique..........................................................................................................................37 Annexes 4
Introduction J'ai longuement hésité quant au choix de mon sujet de travail de fin d'études étant donné que je ne m'imaginais pas travailler à long terme sur un sujet qui ne me passionnerait pas. Le séjour de ma tante à New York City a alors été un véritable déclic. J'avais fait des recherches avant son départ sur la ville et sur les lieux à visiter, et j'ai découvert une ville riche de sa diversité ethnique et de son bouillonnement de cultures. Néanmoins, j'ai également remarqué que derrière l'image de la grosse pomme, lieu où les rêves deviennent réalité et où tout est possible, se cache une forte ségrégation. Ce fût alors l'occasion idéale pour tenter de répondre à cette question et de m'enrichir culturellement. En effet, comment New York est-elle devenue une mosaïque aux fortes disparités socio-spatiales, et marquée de si fortes inégalités de richesse. D'un point de vue historique, j'ai trouvé essentiel d'évoquer l'immigration qui est à la base même de la construction de New York, ville devenue cosmopolite. Sous l'angle géographique, j'ai tenté d'étudier le système ségrégatif américain, à savoir, comment se forment les villes américaines en évoquant bien évidemment les principes de périurbanisation et de ghettoïsation. Et surtout, comment l’État réagit-il face aux problèmes socio-économiques telles que les inégalités de richesse, la pauvreté, l'exclusion, etc... Pour réaliser ce travail de fin d'études, je me suis rendue dans de nombreuses bibliothèques afin de rassembler un maximum de livres traitant de mon sujet. Les sites internet m'ont également été très utiles, ainsi que les nombreuses revues examinées en ligne. J'ai par la même occasion visité New York City via Google street et vu quelques reportages sur la chaîne de télévision Arte. 5
Chapitre I : Notions théoriques de ségrégation 1.1. Ségrégation La notion de « ségrégation » a été employée par les sociologues dès les années 1950, pour montrer les oppositions territoriales (centre-périphérie, espace de travail/espace résidentiel) et pour mettre en évidence les inégalités urbaines (quartiers riches/pauvres). Selon le Larousse, le terme de ségrégation désigne «l'action de mettre à part quelqu'un, un groupe ». 1.2. Ségrégation sociale et ethnique Le concept de ségrégation vise avant tout à la mise à l'écart ou au contraire au regroupement forcé d'un groupe social ou ethnique. La ségrégation sociale est indissociable du niveau économique des populations concernées, de leur appartenance religieuse ou de leur origine ethnique. La forme extrême de la ségrégation est le ghetto. Cette ségrégation a pour but de constituer des secteurs socialement homogènes et différents entre eux (les «suburbs» en sont le parfait exemple). Néanmoins, une famille de couleur ayant des revenus élevés peut résider dans ces quartiers aisés, mais une mixité complète dans les suburbs ferait probablement fuir à nouveau ses résidents. La ségrégation peut aussi être volontaire, des groupes sociaux, raciaux, religieux, peuvent souhaiter se regrouper pour s'entraider et conserver des coutumes communes. Les mécanismes de la ségrégation sont évolutifs. Des quartiers huppés peuvent très vite devenir des quartiers de la classe moyenne, voire des quartiers pauvres à l'instar d'Harlem avant que sa population n'immigre vers les suburbs. Toutefois, l'effet inverse peut également se produire avec le processus de gentrification qu'adopte de plus en plus les villes Nord-Américaines. 1.3. Ségrégation urbaine et spatiale Moins connue que les autres, la ségrégation spatiale a pourtant des conséquences importantes et n'est pas indépendante des autres formes de ségrégation. Les Etats-Unis sont l'exemple d'un pays développé qui, pour des raisons historiques, possède des caractères de ségrégation résidentielle. Dans les villes américaines ségréguées comme New York, l'espace urbain est contrasté et les disparités socio-économiques entre les différents groupes de population se repèrent aisément dans les villes-centres et les suburbs. Cette forme de ségrégation est principalement liée à la mobilité résidentielle. En effet, les ménages qui recherchent une maison spacieuse avec jardin dans un quartier plus calme et sûr, auront tendance à s'installer en périphérie, dans les banlieues. A l'inverse, les classes moyennes, n'ayant pas suffisamment de moyens financier, ni de voiture, resteront dans le centre-ville principalement dans les quartiers populaires à proximité de leur travail. STEBE (J-M) : La crise des banlieue, (coll. Que sais-je?), Paris, édition Puf, 2010, 128 p. 6
Chapitre II : New York, une ville cosmopolite New York est bien connue pour sa diversité ethnique considérable. Pour comprendre pourquoi tant de nationalités différentes coexistent dans cette «Big Appel», nous allons débuter par un peu d'histoire et ainsi mettre en lumière les différentes vagues d'immigration qui ont bâti New York d'aujourd'hui. 2.1. New York et ses « boroughs » Il faut savoir que New York ne se résume pas qu'à Manhattan avec Times Square, Wall Street, l'Empire State building, etc... La ville est, en effet, compossée de 5 «arrondissements» appelés « boroughs», tous différents les uns des autres : Manhattan, le Bronx, le Queens, Brooklyn et Staten Island. Leurs diversités culturelles, religieuses et ethniques ont fait de New York l'une des villes les plus cosmopolites au monde, et c'est l'une des raisons pour laquelle, chaque année elle accueille plus d'un million d'immigrants venant des quatre coins du monde. Tous veulent vivre le rêve américain. 7
a) Manhattan On retrouve tout d'abord, Manhattan, le district le plus connu de New York et le plus riche de par son quartier des affaires. C'est l'endroit le plus célèbre qui attire énormément de touristes grâce à ces nombreux buildings, Time Square, central park, sans oublier sa grande variété de quartiers qui nous transporte à travers le monde entier. Lieu des plus gros événements, c'est tout simplement « the place to be ». b) Le Bronx Le Bronx qui compte près de 1,3 millions d'habitants est le quartier le plus au nord de New York, la population noire s'y est installée dès le XIXe siècle. Il est surtout connu comme étant le berceau du mouvement Hip Hop, principalement du rap. Deux lieux emblématiques s'y trouvent, le Yankees stadium et le Bronx zoo qui attirent énormément de gens et de touristes. Le Bronx a connu beaucoup de problèmes à l'époque. 1970 était la période la plus noire qu'il ait connu, avec une vague d'incendies perpétrée un peu partout. Ce district a toujours eu la réputation d'être dangereux, avec un taux élevé de criminalité, de violence et de drogués. Mais à l'heure d'aujourd'hui, il a beaucoup évolué, des gens y investissent de l'argent, les agents immobiliers aussi. Des familles viennent s'y installer également, ainsi que des artistes, mais le Bronx gardera toujours l'image d'un quartier métissé, rebelle et violent. c) Le Queens Le Queens est le plus grand district de la ville de New York, avec plus de 2 millions d'habitants. Il n'est pas très connu des touristes et pourtant c'est un quartier riche, riche de ses 150 nationalités différentes, et de son bouillonnement de cultures et de religions. Les communautés venant du monde entier se côtoient dans le plus grand respect. Le Queens est définitivement le plus grand melting-pot au monde. Le métro principal du district est révélateur de la richesse du Queens, surnommé « international express» Avenue Roosevelt car il voyage à travers le Queens et traverse tous ses quartiers représentant toutes les différentes communautés ; le monde entier y vit (Il offre une intégration aux nouveaux immigrés qui retrouvent leur origine). Tout en préservant leur origine, les habitants du Queens se considèrent avant tout comme américains. http://fr.wikipedia.org/wiki/Borough_(New_York_City) 8
d) Brooklyn Brooklyn est le borough le plus peuplé de New York avec 2,5 millions d'habitants, c'est un quartier résidentiel. Brooklyn était au départ un quartier majoritairement noir, mais aujourd'hui on y retrouve beaucoup de juifs, d'hispaniques, mais aussi des russes et des italiens. Prospect heights est le quartier le plus riche en termes d'institutions avec le Brooklyn museum (l'un des plus grands aux USA), la bibliothèque de Brooklyn, l'arc de triomphe, etc... pont de Brooklyn e) Staten island Staten Island est le district le plus calme avec principalement des quartiers résidentiels, loin de l'agitation de Manhattan. On y retrouve une majorité de blancs américains de souche ou des européens dont une grande majorité d'Irlandais. 2.2. Une forte immigration Pour comprendre pourquoi autant de nationalités différentes coexistent à New York, il faut remonter jusqu'au XIXe siècle avec les premières vagues d'immigration. En effet, l'immigration est la cause de ce cosmopolitisme. Au cours du temps, l'immigration fut une source majeure de la croissance de la population américaine et de l'évolution de sa culture. Aujourd'hui encore, elle est à l'origine de nombreux débats, car l'immigration a un réel impact sur les problèmes liés à la pauvreté, la criminalité, le racisme, la protection sociale, etc.... 2.2.1. Pourquoi autant d'immigrés ont-ils décidé de s'installer aux États-Unis ? Le rêve américain est le principal actif du continent. Au XIX siècle l'Amérique était considérée comme la « terre promise », un refuge pour tous les persécutés dans le monde. En effet, les États-Unis ont représenté et représente toujours la promesse d'une vie meilleure, c'était le mythe d'une Amérique démocratique, libre et où tout le monde pouvait y refaire sa vie et trouver du travail. New York a donc vu déferler des centaines de milliers d'immigrants venant du monde entier, faisant de New York City une ville cosmopolite où toutes les cultures, religions, ethnies coexistent ensemble dans le respect et la tolérance. KASPI(A), DURPAIRE(F),HARTER(H),LHERM(A) : La civilisation américaine, Paris, édition Puf, 2006,622 p. 9
2.2.2. Quelles sont les périodes d'immigration ? L'histoire de l'immigration se divise en cinq périodes distinctes, chacune correspondant à des vagues d'immigration. Celles-ci étaient le reflet de la société et de l'économie de chaque époque qu'elles contribuèrent en même temps à influencer. Entre 1840 et 1860, les États-Unis accueillent leur première grande vague d'immigrants. En Europe, la mauvaise situation économique des pays ajoutée à la pauvreté et la famine poussent des millions de gens à traverser l'Atlantique pour s'installer sur la côte Est des États-Unis. Durant cette période, la majorité d'entre eux étaient des Irlandais (aujourd'hui on compte plus d'irlandais à New York qu'en Irlande). Durant la guerre de sécession, le gouvernement américain était pour une immigration massive, surtout venant d'Europe et des pays allemands, à qui il promettait des terres pour ceux qui s'engageaient dans l'armée. En 1865, un soldat sur cinq était un immigré arrivé pendant la guerre. En 1870, eu la deuxième vague d'immigration beaucoup plus importante. Des populations venant d'Angleterre, des Pays-Bas, et de Scandinavie s'installèrent à New York, Boston ou encore en Pennsylvanie. Puis au début du XX siècle, c'était au tour des immigrants de l'Est de l'Europe principalement de l'Italie et de la Russie de débarquer sur l'Ellis Island. Des millions de juifs arrivèrent également durant cette période. Vers la fin du 19è siècle, le taux d'immigrants ayant fortement augmenté, le gouvernement décida d'adopter des lois pour régler ce problème, mais surtout pour améliorer l'insertion des immigrés au sein de la société américaine (le visa, etc...). Aujourd'hui, les immigrants proviennent principalement des pays d'Amérique latine et d'Asie. Tout le monde croyait en ce rêve américain, ces immigrés pensaient qu'une fois arrivés aux États-Unis ils n'auraient plus à subir tous les problèmes auxquelles ils étaient confrontés dans leur pays d'origine. Ils voyaient l'Amérique comme une terre de liberté et de démocratie où ils pourraient vivre en toute tranquillité et gagner suffisamment d'argent pour subvenir à leur besoins et à ceux de leur famille restée au pays. Mais une fois arrivés sur « la terre promise », c'est une toute autre Amérique qu'ils découvrirent. En effet, contrairement aux idées reçues, il y a des inégalités sociales dans ce pays. Toutefois, cela ne les empêche pas de garder espoir en la possibilité d'y faire fortune, ils savent qu'ils seront jugés pour leur travail quelle que soit leur origine et statut sociale. KASPI(A), DURPAIRE(F),HARTER(H),LHERM(A) : La civilisation américaine, Paris, édition Puf, 2006,622 p. 10
2.3. Une société de minorités a) Les hispaniques Depuis 2001, les hispaniques ont devancé la communauté afro-américain et sont devenus la minorité la plus importante à New York, voire de l'ensemble des États-Unis. La culture hispanique est très marquée dans la société comparée à celle des autres minorités. Dans certaines villes comme Miami la majorité des habitants ne parle qu'en espagnol, et peu ou pas anglais. Ils disposent de chaînes de télévision espagnoles, de journaux etc... Tout ceci constitue un frein à leur intégration, ce qui inquiète de plus en plus le gouvernement. Toutefois dans certains États, des dispositifs sont mis en place pour leur faciliter la vie comme par exemple assister à des cours bilingues dans les écoles ou encore obtenir un permis de conduire en espagnol. L'influence qu'ils ont sur la société américaine est telle que l'espagnol est devenu quasi la deuxième langue du pays. Les portoricains constituent le groupe hispanique le plus important à New York. Ceux-ci avaient immigré vers la grande pomme après la deuxième guerre mondiale. Ils ont connu des difficultés à s'insérer dans la société et dans le marché du travail. Les portoricains accumulèrent, tout comme les autres immigrants, les petits emplois précaires aux très faibles revenus. b) Les africains américains Les afro-américains ne posent plus trop de problèmes grâce à l'«affirmative action», qui a favorisé leur mobilité sociale tout en améliorant leur statut au sein de la société américaine. Aujourd'hui, il n'est pas rare de trouver des noirs à l'université, ou à des postes hauts placés. La majorité de cette communauté est de plein pied dans la société américaine et une petite minorité reste, tout de même, dans la misère. On peut dire que la situation des afro-américains a clairement évolué. Ils ont su entièrement s'intégrer, du moins pour ceux qui ne vivent plus dans les ghettos. c) Les asiatiques Un flux d'immigrés, provenant d'Asie, arrive chaque année aux Etats-Unis. En effet, Les chinois sont les principaux immigrants asiatiques à New York avec le fameux quartier de Chinatown. Les communautés asiatiques sont celles qui réussissent le mieux à l'heure d'aujourd'hui. On les considère comme étant un exemple à suivre pour les autres minorités. Ce mythe de la bonne minorité, ne fait qu'accroître l'hostilité des autres communautés à leur égard. Voici une carte ci-dessous de New York City représentant la répartition des minorités et de la population blanche dans les différents boroughs. Cette mosaïque illustre assez bien le cosmopolitisme de la mégapole. D'ailleurs, on constate que les populations afro-américaines (gris foncé) et hispaniques (beige) sont les plus importantes. KASPI(A), DURPAIRE(F),HARTER(H),LHERM(A) : La civilisation américaine, Paris, édition Puf, 2006,622 p. 11
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2.4. Du melting-pot au « salad bowl » Depuis le XIX siècle, les nombreuses vagues d'immigrations ont permis aux États-Unis d'améliorer leur situation économique et leur société. De cette diversité d'immigrés et de cultures, ils sont arrivés à la notion de melting-pot, qui consiste à mélanger différentes nationalités qui forment au final le modèle américain. Cependant, les noirs étaient exclus parce qu'à cette époque ils ne faisaient pas partie de ce mélange. Dans ce modèle de société, chaque individu qui s'installait aux États-Unis devait abandonner sa culture, sa religion, etc. pour s'assimiler totalement à la société américaine et adhérer au modèle anglo-saxon : WASP (white anglo-saxon protestant). Mais au cours des années 60, ce modèle qui était plus un idéal qu'une réalité, a volé en éclat puisque à défaut d'une « waspification », les étrangers sont devenus des américains à trait d'union ( Italo-américain, Afro-américain, etc...) qui conservaient une part de leur culture d'origine. Ainsi, les États-Unis entre dans le multiculturalisme. Le melting-pot fait place au « Salad bowl », où il n'est plus question d'assimilation mais de mélange de toutes sortes de populations extrêmement diverses qui coexistent ensemble sans se fondre dans un même moule. Chaque minorité ayant le droit de garder sa propre identité. Un modèle qui privilégie la liberté et le respect des différences. Il n'y a plus d'intégration individuelle, mais par communauté, tous les nouveaux immigrants peuvent ainsi retrouver leurs pairs et garder de ce fait, des liens assez forts avec leurs origines. LEMARCHAND (P) : Atlas des Etats-Unis : les paradoxes de la puissance, édition Atlande, 1997, 287 p. DEMOTTE (A) : La civilisation américaine, (coll. Principes), édition studyrama , 2006, 156 p. 2.4.1. Vers une société de métissage Avant la fin du XXe siècle, il était inconcevable que les Asiatiques épousent les « non Asiatiques », ou que les Latinos se marient avec des « non-Latinos », de même pour les noirs, etc. Mais avec cette nouvelle notion de « salad bowl », les ethnies immigrées aux Etats-Unis ont fusionné. Le concept de race « cosmique » (c'est-à-dire universelle), s'est largement rependu chez les américains. Les mariages mixtes progressent, les mentalités évoluent, favorisant une société de « métissage ». Cependant, le rythme du métissage est moins soutenu chez les Hispaniques et les noirs, forts attachés à leur communauté. 2.4.2. «Salad bowl» et communautarisme Aux Etats-unis, la société est fondée sur le principe de l'auto-organisation : une communauté laissée à elle-même est supposée s'organiser spontanément sans attendre que des autorités supérieures le fassent à sa place. Cela s'explique par la diversité des districts de New York, où chaque quartier est le reflet d'une population et de sa culture (ex : little italy, chinatow,etc..). Mais cette pratique est soupçonnée d'encourager la communautarisme de l'Amérique. Certains quartiers de villes ressemblent aujourd'hui à de véritables enclaves communautaires. Un nouveau problème se pose, celui de l'intégration des minorités ethniques au sein de la société américaine. 13
KASPI(A), DURPAIRE(F),HARTER(H),LHERM(A) : La civilisation américaine, Paris, édition Puf, 2006,622 p. SORMAN (G) : Made in USA ; regards sur la civilisation américaine, Paris, édition Fayard, 2004, 300 p. Chapitre III : Ségrégation résidentielle et revitalisation urbaine La cause principale de la ségrégation et de la création d'enclaves ethniques est due à la formation des villes, et à sa constitution qui favorisent davantage la ségrégation urbaine à l'égard des minorités et des pauvres, au sein même de New York. Ce chapitre va ainsi mettre en lumière comment certains boroughs sont devenus des hyperghettos dangereux et quelles difficultés ont rencontré ses habitants. Entre les inégalités sociales, le chômage, le climat de violence, etc… la vie de ces exclus est difficile, et c'est ce que nous allons essayer de comprendre. 3.1. Périurbanisation et ghettoïsation des centres-villes Dans le précédent point, nous avons constaté que la diversité de la population à New York était le résultat de sa forte immigration et de sa politique favorisant le multiculturalisme. Comment ces minorités, arrivées sur le territoire new yorkais, se sont-elles organisées ? Pourquoi les Noirs se sont-ils retrouvés dans les ghettos ? Dans ce point, nous nous attarderons tout d'abord à cerner les formes et les processus de mise à distance et de séparation physique. Nous essayerons aussi de comprendre le phénomène de périurbanisation et de ghettoïsation aux États-Unis : Comment se sont formées les banlieues et les ghettos? Qui sont les principaux acteurs ? Mais aussi qui sont les victimes ? 14
3.1.1. De la ville à l'urban sprawl L'histoire de la ségrégation urbaine aux États-Unis est à la base même du développement des villes et est indissociable de la constitution des banlieues. A la fin du XIXe siècle, la population appartenant principalement à la classe aisée, quitta le centre-ville pour échapper à la croissance urbaine, à la population noire et au flux massif d'immigrants hispaniques qui venaient s'y installer. C'est le début de la création d'une banlieue idéale avec ses maisons individuelles et ses jardins qui valorisent la sécurité et la vie privée. Une vie plus paisible pour ces nouveaux habitants, loin des nuisances du monde du travail et des dangers de la grande ville. On observe également, en ville, une augmentation des « gated communities » qui sont des ensembles d'habitations privées et sécurisées. Un privilège pour les classes aisées qui ont toujours mis en avant leur volonté de se tenir à l'écart de la population pauvre (ex : Tuxedo Park à Manhattan, NY). Cependant, depuis plusieurs années, les suburbs se sont ouverts aux minorités ethniques. Les populations Afro-américaines, Hispaniques, et Asiatiques connaissent elles aussi une suburbanisation. GHORRA-GOBIN (C) : De la ville à l'urban spraw l : La question métropolitaine aux Etats -Unis, in Cercles 13, 2005, pp.123-138. 3.1.2. Formation des ghettos Ce phénomène de périurbanisation, appelé également « Urban sprawl », n'est pas une aubaine pour les habitants délaissés dans les centres-villes. En effet, en désertant le cœur de la ville pour s'installer en périphérie, les couches aisées, ont laissé derrière elles une population principalement étrangère, pauvre et peu qualifiée. Cela a donc entraîné la dévalorisation de l'immobilier au centre-ville : les prix des loyers ont chuté, les propriétaires des immeubles ont cessé d'entretenir les habitations et la qualité des services publics (les écoles, les hôpitaux, etc...) s'est détériorée. Au fil du temps, les nouveaux immigrants s'y sont donc installés contribuant à la formation de véritables ghettos-ethniques. Ces minorités, connaissant toutes les mêmes difficultés socio-économiques, sont les premières touchées par le chômage et la pauvreté, contrairement à la population blanche. Ceci s'explique par l'exclusion du monde du travail de ces populations à cause de la ségrégation résidentielle et de leur manque de qualifications. Ils ont également un mode de vie différent qui les isole de plus en plus de la société (gangs, dépendances des aides sociales, etc..). D'ailleurs une nouvelle classe sociale va se créer, celle de « l'underclass » qui rassemble les minorités pauvres et les marginaux. Toutefois, le facteur économique n'est pas le seul à jouer un rôle dans ce processus ségrégatif, le racisme et les stéréotypes participent aussi à la formation de ghettos. Le Bronx représente le mieux cette ségrégation résidentielle. Il fût un temps où il rassemblait la classe moyenne mais depuis, il a connu également une transformation. Aujourd'hui, il est le borough où l'on compte le plus d'hyperghettos, combinant misère et criminalité. 15
3.1.3. Le rôle des politiques dans cette ségrégation Les politiques accentuent ce processus de ségrégation en encourageant les couches moyennes et supérieures blanches à posséder des maisons individuelles dans ces banlieues et inversement en créant des logements pour les pauvres dans des quartiers déshérités. En favorisant les riches et en rejetant les pauvres, ils renforcent le creuset qu'il y a entre d'une part la population dite blanche, qui gagne bien sa vie et d' autre part, toutes les minorités qui vivent pour la plupart dans des conditions précaires et dans la pauvreté. 3.2. Politiques et expériences de déségrégation Pour résoudre ce problème de ségrégation socio-spatiale, les municipalités et les services de l'urbanisme ont dû stopper la construction de logements sociaux dans les quartiers défavorisés et adopter une politique de déségrégation. Dans ce deuxième point nous allons nous intéresser aux différentes expériences qui ont été mises en œuvre pour diminuer le phénomène de ségrégation. BACQUE( M-H) et Fol(S) : La ségrégation et politiques de mixité sociale aux États-Unis, in Informations sociales, n°125, pp. 82-93. 3.2.1. Politique de mixité sociale L'une des premières solutions apportées, en vue de lutter contre la ségrégation et aider les habitants des quartiers plus défavorisés, a été la politique de mixité sociale. Durant plusieurs années, de nombreuses expériences ont été exercées un peu partout aux États-Unis, la plus connue reste l'expérience de Gautreaux à Chicago. C'est celle-ci qui va nous intéresser, pour comprendre d'une part qu'est-ce que la mixité sociale et d'autres part si elle est efficace. Tout d'abord, la mixité sociale se manifeste par des quartiers hétérogènes, composés d'individus de niveau de vie, d'origine, et de catégories socioprofessionnelles variées. L'expérience de Gautreaux a contribué au déménagement de nombreuses familles vivant dans les ghettos, vers les quartiers aisés de la banlieue. Ainsi, ils obtenaient la chance de quitter la misère dans laquelle ils vivaient pour refaire leur vie dans un milieu plus favorable. Ils pouvaient enfin trouver de l'emploi, offrir à leurs enfants la possibilité de suivre une bonne éducation et vivre dans de meilleures conditions. Du moins c'est ce que cette expérience devait apporter aux familles choisies. Il s’agissait aussi de donner le droit à la mobilité et au choix de résidence à des ménages qui avaient subi le préjudice de la ségrégation. Lorsque les familles arrivaient dans leurs nouveaux quartiers, elles étaient perdues, le cadre de vie des classes aisées était totalement différent du leur. Certains étaient même confrontés au racisme des habitants qui n'étaient pas favorable à leur réhabilitation. Le choc était trop brutal pour ces familles pauvres, leur intégration était dès lors difficile. Au niveau scolaire, les jeunes ont beaucoup de difficultés à s’insérer dans leur nouvelle école. A la discrimination que subissent certains enfants, s'ajoute leur faible niveau de 16
connaissances. Les adultes, quant à eux, trouvent du travail mais leur salaire ne décuple pas pour autant. Leur manque d'expérience et de qualifications restent un handicap. D'un point de vue positif, les familles se sentent naturellement plus en sécurité chez elles, mais doivent faire face à de nombreux obstacles. La mixité sociale a permis une ascension sociale qu'à une petite minorité, nombreux sont ceux qui ont préféré revenir dans leur ghettos parce que leur famille leur manquait ou tout simplement parce qu'ils voulaient retrouver les liens sociaux et la solidarité qui régnaient dans leurs quartiers. La politique de mixité sociale est importante, elle a des avantages puisqu'elle permet de meilleures conditions de vie à ceux qui veulent quitter leur milieu. Cependant, elle peut aussi favoriser des attitudes de mépris et de rejet des communautés ethniques. CHARMES (E) : Pour une approche critique de la mixité sociale, http://www.laviedesidees.fr/Pour-une-approche-critique-de-la.html 3.2.2. Processus de gentrification Un autre processus de déségrégation est adopté depuis quelques années ; il s'agit de la « gentrification » : tendance à l'embourgeoisement d'un quartier populaire (définition du Larousse 2012). Le but de cette gentrification est d'attirer les classes moyennes vers le centre-ville. On crée de nouveaux logements, on démolit les plus délabrés, les immeubles et les institutions sont rénovées. Les politiques de logement construisent de plus en plus de gated communities. Tout ceci pour rendre les centres plus attractifs et redynamiser par la même occasion leur économie. En effet, les nouveaux résidents vont augmenter le niveau de vie des centres-villes et faire pression sur les pouvoirs publics pour améliorer les quartiers par différents moyens : améliorer la sécurité, chasser les personnes sans domiciles fixe, construire des habitats modernes à la place des anciens logements, etc... Cette gentrification va par conséquent augmenter les loyers, et les populations les plus démunies n'ont d'autre choix que de fuir leur quartier pour aller s'installer ailleurs, généralement dans des zones industrielles. La gentrification est le meilleur moyen pour améliorer les centres-villes et leur économie, mais celle-ci ne prend pas en considération les habitants qui y vivent depuis plusieurs générations, et qui du jour au lendemain, se voient forcés de quitter les lieux. 3.2.3. Deux exemples de gentrification : Harlem et Lower East Side Harlem 17
La gentrification est devenue une politique très populaire à New York. Harlem est le premier ghetto-noir à connaître une profonde transformation, depuis plusieurs années. Harlem a bel et bien évolué, il a su se détacher de sa réputation de quartier dangereux pour devenir un endroit prisé par les agences immobilières et les riches qui désirent s'y installer. L'architecture unique d'Harlem, ses grandes maisons, mais aussi son histoire et son incroyable culture, attirent de nouveaux arrivants. Manhattan est devenue surpeuplée, il n'y a plus de place où bâtir de nouveaux logements. Harlem est alors l'endroit idéal pour les promoteurs immobiliers, il se situe à proximité du centre donc pas loin du lieu de travail, et dispose d'un très bon réseau de communication qui facilite les trajets entre Harlem et Manhattan. De plus, la hausse de l'immobilier au centre-ville pousse la classe moyenne vers ce quartier mythique, et renforce cette gentrification. Cependant, Harlem connaît de gros problèmes liés à son développement. Une rivalité persiste entre les acteurs de la gentrification et les afro-américains qui y vivent depuis plusieurs générations. Les premiers veulent redynamiser l'économie et réintégrer Harlem au sein de Manhattan tandis que la communauté Noire préfère préserver son quartier et son identité. Les enjeux ici sont importants, et cela crée beaucoup de tensions entre les deux partis. PAQUOT (T) : Ghettos de riches, Paris, édition Perrin, 2009, pp.29-52. RECOQUILLON (C) : Les enjeux de la revitalisation urbaine : Harlem, du ghetto au quartier chic, in Hérodote, n°132, La découverte, 2009. 18
Harlem avant Harlem après La gentrification a ses côtés positifs surtout d'un point de vue économique. Elle a permis à Harlem de se réintégrer dans Manhattan et les tensions raciales se sont considérablement atténuées avec la diversité de population qui y vit aujourd'hui. La gentrification a également renforcé la sécurité dans les quartiers et nettoyé les rues des drogués et des criminels. Cependant, elle a aussi des effets négatifs, principalement envers les habitants d'Harlem qui sont les victimes de cette gentrification. Les anciens bâtiments mais aussi les monuments historiques sont rasés pour laisser place aux nouveaux complexes, la communauté afro-américaine est en train de perdre tout son patrimoine historique et culturel. De plus, avec l'arrivée de ces nouveaux résidents, les prix ont tellement flambé qu'il est devenu impossible, pour ceux gagnant moyennement leur vie, de rester à Harlem. Les pouvoirs publics construisent des logements pour les riches, mais l’underclass ne sait plus où aller. Ces personnes se retrouvent obligées d'abandonner leurs maisons, le milieu dans lequel ils ont grandi, et de quitter New York car les prix ne sont pas plus abordables ailleurs. 125th Street Il y a ceux qui s'en vont et puis ceux qui continuent à militer pour clamer leur mécontentement. Ils veulent des logements abordables, et s'installer dans ces nouveaux immeubles vides à cause de la crise. La gentrification quant à elle continue toujours, il suffit de se promener dans la 125ème avenue, pour apercevoir le contraste qui y règne en termes d'habitats et de commerces; les petits commerçants se battent pour continuer d'exister parmi tous ces grands magasins et restaurants (American Apparel, H&m, starbucks,etc...). SINGH (S): Gentrification in Harlem, http://socyberty.com/issues/gentrification-in-harlem/ 19
On constate également un net changement dans la démographie d'Harlem, on retrouve beaucoup plus de blancs, les « barrios » (ghetto-hispanique) s'agrandissent et les noirs ne sont plus depuis quelques années la communauté la plus importante à Harlem. En somme, c'est surtout la communauté blanche qui profite de cette nouvelle ère d'harlem. Les Noirs quant à eux ont dû déserter la ville à cause de l'augmentation du coût de la vie. La gentrification n'a définitivement pas que de bons côtés. Les pouvoirs publics et privés utilisent tous les moyens possibles pour permettre le redéveloppement de ces quartiers au détriment de ses habitants. Lower East Side 20
Lower East Side se situe au Sud de Manhattan qu'on appelle le Downtown Manhattan. Le Lower East Side a connu une très forte immigration, tous les migrants déferlaient sur ce petit bout du Sud-Manhattan. La culture est donc imprégnée de son histoire et de sa diversité de populations. Mais le lower east side, n'a pas été épargné par la gentrification qui s'étend de plus en plus à New York. Après Harlem voilà qu'il subit lui aussi les conséquences de cette politique de revitalisation. Il fut une époque où le lower east side était le berceau de la communauté juive, mais au fil du temps, il a subi une transformation démographique avec les nouveaux arrivants hispaniques et chinois. Ce qui est le plus frappant aujourd'hui, ce n'est plus son nombre incalculable d'immigrés, mais l'embourgeoisement qui a commencé à prendre place. Les anciens habitats se mélangent aux nouveaux immeubles à appartements, les friperies aux grands magasins, les cafés et les restaurants qui étaient tenus par les immigrés ont laissé place au Starbucks et autres chaînes de consommation. Quant à certains bâtiments, ils ont subi de nombreuses rénovations entraînant la hausse démesurée des prix de location. Le visage du lower east side se transforme au fur et à mesure que la gentrification s'étend, sacrifiant les pauvres au passage. Globalement, la gentrification est une bonne chose pour le quartier et la ville. Non seulement elle redresse l'économie mais en plus elle permet de revitaliser des zones où les habitats étaient devenus trop insalubres et délabrés. De toute évidence, le nombre de personnes appartenant à la classe moyenne désireux de s'installer au lower east side est beaucoup plus faible que celui qui est prêt à abandonner la ville pour la banlieue. Il faudrait que la gentrification du lower east side crée un quartier plus dynamique sans pour autant le transformer en un lieu huppé avec des magasins hautes gammes, des restaurants luxeux, etc... 21
QUART (L) : Gentrifying the Lower East Side, www.americansc.org.uk/Online/gentrifying_the_lower_east_side Chapitre IV: Ségrégation résidentielle et inégalités sociales La plupart des Américains ont une vision positive de leur pays et ont le sentiment qu'il y a une égalité des chances et que chaque individu quel que soit son origine peut s'enrichir s'il persévère dans son travail. Cependant, les personnes riches correspondent qu'à une minime partie des Américains. Que deviennent les autres qui n'ont pas connu la réussite ? Existe-t-il un lien entre pauvreté et exclusion ? Ce chapitre va tenter de répondre à toutes ces questions et comprendre pourquoi la pauvreté est encore un véritable problème à New York comme pour le reste des États-Unis. 4.1. La pauvreté La pauvreté est l'un des plus gros fléaux que rencontre, à ce jour, les États-Unis. Les citoyens américains ont subi de plein fouet la crise et n'hésitent pas, dès lors, à se rassembler pour manifester leur désarroi (Occupy Wall street). Le fossé des inégalités sociales et surtout de revenus ne cesse de s'accroître, pendant que la pauvreté fait de plus en plus de victimes. Effectivement, les classes populaires sont les victimes d'un système social ultra-libéral qui contribue d'autant plus à la polarisation socio-économique. 4.1.1. La pauvreté se propage en banlieue Les dynamiques métropolitaines sont accusées de contribuer à l'accroissement de la pauvreté dans les villes-métropoles américaines. Cette dernière peut être à la fois la cause et la conséquence d'une ségrégation résidentielle, dans la mesure où la pauvreté peut aussi amplifier le 22
mécanisme de l'exclusion qui aboutit à une marginalisation. Nous avons tendance à croire que les personnes qui vivent dans les ghettos sont pauvres, et que par conséquent ces espaces isolés créent la pauvreté. Mais l'effet inverse peut également se produire car la paupérisation ajoutée à l'exclusion conduit aussi à la création de ces ghettos. Outre le fait que la pauvreté a considérablement évolué, celle-ci a subi quelques transformations du point de vue de sa localisation. Durant de nombreuses années, les centres villes étaient les plus touchés par la paupérisation de ses habitants et les ghettos étaient toujours associés à cette pauvreté. Aujourd'hui, les zones périurbaines ne sont plus épargnées par cette problématique. Les ghettos voient leur taux de pauvreté diminuer petit à petit, tandis que les zones périurbaines connaissent l'effet inverse avec la progression des minorités ethniques en proche banlieue1. Cependant, l'arrivée des néo-immigrants hispaniques et asiatiques ne donne plus naissance à des enclaves ethniques, comme les hyperghettos au Bronx, mais à des quartiers plus cosmopolites et hétérogènes. GIBAND (D) : Les pauvres ne sont plus dans les ghettos ! Reconsidérer la pauvreté dans les métropoles américaines , http://www.cafe- geo.net/article.php3?id_article=1009. Us census bureau 4.1.2. Qu'en est-il de New York ? A New York le taux de population en dessous du seuil de pauvreté a atteint les 19,1 % entre 2006 et 2010. Tous les boroughs sont touchés à l'exception de Manhattan. Le Bronx quant à lui, a connu le taux le plus élevé avec près de 28,4 % dépassant largement les 14,2 % de New York City. New York est l'une des métropoles qui cumule à la fois pauvreté et forte ségrégation résidentielle. Ce qui explique les processus de marginalisation et d'exclusion dont souffrent les foyers ayant des handicaps socio-économiques. Le tableau ci-dessous nous donne une idée plus globale de la situation de pauvreté aux États-Unis. (source : us census bureau) On peut apercevoir dans ce graphique, que le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a atteint un nombre important en 2010 avec près de 45 millions d'habitants. La pauvreté 1 Voir annexes document 4. 23
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