Mucem Le programme 2021 - Marseille Tourisme

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Mucem Le programme 2021 - Marseille Tourisme
Mucem                                                                      Communiqué de presse
                                                                           en date du 09. 10. 2020

Le programme 2021

                                                                                                          © Mucem - photo Cyrille Weiner

                Département de la communication   Responsable du département   Contact presse Mucem
www.mucem.org   1 esplanade du J4                 Julie Basquin                Muriel Filleul
                CS 10351                          +33 (0)4 84 35 14 71         +33 (0)4 84 35 14 74
                13213 Marseille Cedex 02          julie.basquin@mucem.org      +33 (0)6 37 59 29 36
                                                                               muriel.filleul@mucem.org
Mucem Le programme 2021 - Marseille Tourisme
Sommaire                                                                        2

Expositions—Mucem J4                                                           3
     Le grand Mezzé                                                             4

     Civilization—Quelle époque !                                               5

     Jeff Koons Mucem—Œuvres de la Collection Pinault                           6

     Salammbô—Passion ! Fureur ! Éléphants !—Du roman culte à l’exposition      8

     VIH/sida—L’épidémie n’est pas finie !                                      9

Expositions—Mucem fort Saint-Jean                                              10
     Déflagrations—Dessins d’enfants et violences de masse                      11

     Abécédaires : Les résistances de A à Z / Je signe donc je suis de A à Z    12

     Le désir de regarder loin13

     Histoire(s) de René L.—Hétérotopies contrariées                            14
     EUROPA, Oxalá                                                              15

Expositions—Mucem CCR (Centre de conservation et de ressources)16
     Bibliothèque bleue                                                         17

     Le désir de regarder loin                                                  18

Calendrier chronologique des expositions 2021                                  19

Programmation culturelle 2021                                                  22

Informations pratiques pour le public                                          24
Mucem Le programme 2021 - Marseille Tourisme
Expositions   3

Mucem J4
Mucem Le programme 2021 - Marseille Tourisme
Le grand Mezzé                                                                                                                        4
(exposition semi-permanente—durée : autour de 3 ans)

À partir du 9 décembre 2020                                            J4—Galerie de la Méditerranée 1

                                                                       – Commissaire : Édouard de Laubrie, chargé des collections
                                                                         et de recherche, responsable du pôle « agriculture &
                                                                         alimentation » au Mucem
                                                                       – Commissaire-adjoint : Lucas Gomez, historien d’art
                                                                       – Scénographie : Christine Ilex Beinemeier, architecte et
                                                                         scénographe
                                                                       – Partenaires : avec le soutien de Tramier, Technicoflor
                                                                       – Catalogue : coédition Mucem/Actes Sud
                                                                         (parution en février 2021 avec des images de la
Bassano (d’après), Lazare et le mauvais riche, XVIIe siècle,             présentation)
huile sur toile, d’après un tableau du XVIe siècle.
Musée de Tessé, Le Mans © Musées du Mans

La Galerie de la Méditerranée est l’espace d’exposition semi-per-      Les cuisines fonctionnent également en opposition. D’un côté
manent du Mucem. À partir du 9 décembre 2020, sa première              la cuisine traditionnelle ou « maison », nécessitant patience et
section accueille une nouvelle présentation : « Le grand Mezzé ».      savoir-faire. D’autre part, l’industrie agro-alimentaire qui libère
                                                                       le consommateur de la cuisine, réduit les temps de préparation,
Nous connaissons tous le slogan nous invitant à « manger cinq          mais provoque aussi une certaine uniformisation mondiale du
fruits et légumes par jour », mais qui sait que cette recom-           goût.
mandation s’inspire du « régime crétois » appelé aussi « diète
méditerranéenne » ? Ce concept, créé dans les années 1960              La diététique joue également un rôle important dans ce régime
par l’épidémiologiste américain Ancel Keys, a été inscrit en 2010      méditerranéen, tout comme les facteurs « culturels » tels le
par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel        sucre ou l’alcool lors de festivités, ou encore les prescriptions
immatériel de l’humanité, favorisant ainsi sa reconnaissance           alimentaires religieuses ou individuelles du fait de consomma-
et sa mondialisation.                                                  tions spécifiques ou de l’intolérance alimentaire.

L’alimentation méditerranéenne est le fruit d’une construction
                                                                       Entre l’ici et l’ailleurs : construction mondialisée et
qui s’est toujours enrichie d’apports extérieurs au cours de
                                                                       réappropriation des territoires
l’histoire. Comment définir et préserver une authenticité culi-
naire géographique et culturelle, tout en la partageant avec le
                                                                       En raison de sa géographie, la Méditerranée est depuis le
plus grand nombre ? Comment protéger un régime alimentaire
                                                                       Néolithique un creuset où denrées alimentaires et recettes
sans l’empêcher d’évoluer ? Comment rester perméable tout
                                                                       transitent ou demeurent. Peu à peu, cette circulation abou-
en restant authentique ? Telles sont les questions posées par
                                                                       tit à une mondialisation alimentaire. Mais l’exposition pro-
l’exposition « Le grand Mezzé » qui nous mène du champ à l’as-
                                                                       pose en contrepoint de prendre connaissance des initia-
siette, et des savoir-faire culinaires traditionnels de Méditerranée
                                                                       tives liées à la réappropriation des agricultures en prenant
aux chaînes de restaurants mondialisées.
                                                                       l’exemple de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.
La diète méditerranéenne est en effet aujourd’hui synonyme
                                                                       À la manière d’un grand repas aux mets et aux saveurs variés,
de deux tendances simultanées et antagonistes : d’une part sa
                                                                       l’exposition présente une sélection de 550 objets et documents
mondialisation, d’autre part la nécessaire réappropriation en
                                                                       patrimoniaux en provenance de 35 musées, parmi lesquels la
Méditerranée de sa production et de sa cuisine. L’exposition
                                                                       Cité de la céramique (Sèvres et Limoges), le Musée du Quai
nous invite à en saisir les spécificités mais aussi les évolutions,
                                                                       Branly - Jacques Chirac (Paris), le Musée d’Orsay (Paris), la
sur le temps long.
                                                                       Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg, le Musée
                                                                       de Tessé (Le Mans), le Museu Valencià d’Etnologia (Valencia,
Elle est organisée en deux parties :
                                                                       Espagne), le Museo e Bosco Real di Capodimonte (Naples,
                                                                       Italie), le Musée national d’Archéologie (Beyrouth, Liban), le
Du champ à l’assiette : quelques fondements de                         Museu Marítimo (Ílhavo, Portugal), le Slovenski etnografski
l’alimentation en Méditerranée                                         muzej (Ljubljana, Slovénie). Des pièces ethnographiques ont
                                                                       été spécialement acquises par le Mucem pour l’exposition
Deux agricultures cohabitent tout en s’opposant. D’une part,           en provenance de Géorgie, de Grèce, d’Italie, du Liban et du
une agriculture familiale et vivrière respectant l’environnement,      Portugal. Le Mucem produit en outre 13 projets audiovisuels
mais peu rémunératrice. D’autre part, une agriculture inten-           et 5 œuvres inédites de Michel Blazy, Nicolas Boulard, Laurent
sive d’exportation qui doit satisfaire la demande mondiale en          Derobert, Laurent Fiévet, Gerald de Viviès, conçues spéciale-
produits méditerranéens, mais qui fonctionne sans respect              ment pour ce parcours.
de la saisonnalité ou des conditions écologiques, avec une
exploitation humaine parfois proche de l’esclavage.

Exposition semi-permanente—Mucem J4
Mucem Le programme 2021 - Marseille Tourisme
Civilization                                                                                                                                                  5
Quelle époque !

Du 24 février au 28 juin 2021                                                                  J4

                                                                                               – 	Commissaires : William A. Ewing, commissaire d’exposition
                                                                                                  indépendant et Holly Roussell, commissaire d’exposition
                                                                                                  indépendante
                                                                                               – Scénographie : Emilie Delane et Amélie Lauret (Graepheme)
                                                                                               – Graphiste : Cécilia Génard et Alma Gromard
                                                                                               – Partenaires : avec le soutien de Interxion, de NGE, Aix-
                                                                                                 Marseille French Tech (à confirmer)
                                                                                               – Catalogue : coédition Mucem/Thames and Hudson
                                                                                               Exposition coproduite par la Foundation for the Exhibition
                                                                                               of Photography, Minneapolis/New York/Paris/Lausanne et
                                                                                               le National Museum of Modern and Contemporary Art of
                                                                                               Korea, Séoul, en collaboration avec le Mucem, Marseille
                                                                                               Le sous-titre de l’exposition : « Quelle époque ! » est inspiré
                                                                                               du titre du roman d’Anthony Trollope © Librairie Arthème
                                                                                               Fayard 2010 pour la traduction française
Olaf Otto Becker, Point 660, 2, 08/2008 67°09’04’’N, 50°01’58’’W, Altitude 360M, de la série
« Above Zero », 2008 © Olaf Otto Becker

« Civilization - Quelle époque ! » est une exposition de photogra-                             repousser l’espérance de vie humaine (tout en détruisant de
phie internationale, d’envergure monumentale, qui présente le                                  nombreuses autres espèces) et de concevoir de nouvelles
travail de plus de 100 photographes d’Asie, d’Australie, d’Europe,                             formes de vie (en engendrant des risques considérables, qui
d’Afrique et du continent américain. De jeunes talents côtoient                                menacent jusqu’à notre propre espèce). Cette civilisation est
des photographes renommés (notamment Massimo Vitali, Pieter                                    capable de créer des utopies et des dystopies, parfois même
Hugo, Lauren Greenfield, Wang Qingsong, Raphaël Dallaporta,                                    simultanément. Aujourd’hui, elle se projette dans l’espace, dans
Valérie Belin, Thomas Struth, Candida Höfer…). Près de 280                                     l’espoir de trouver une nouvelle terre d’accueil pour nos espèces.
tirages originaux sont présentés, en tant qu’œuvres autonomes
ou dans le cadre de séries.
                                                                                               Un portrait à travers la photographie
Aujourd’hui, peu d’expositions photographiques dans le monde                                   La photographie peut aussi être abordée comme une entreprise
ont pris le parti d’une vision aussi globale que « Civilization ».                             collective. Ensemble, les photographes tracent un portrait
Depuis « The Family of Man » d’Edward Steichen, il y a plus                                    multifacette de notre temps. Ils sont occupés, aux quatre coins
de 60 ans, aucune n’a abordé l’activité humaine dans un sens                                   du monde, dans chaque pays et dans chaque ville, à observer,
aussi large : logement, travail, loisir, transport, communication,                             enregistrer, interpréter—et bien sûr immortaliser—notre époque :
éducation, art, science et technologie. Le contrôle et l’ordre                                 où et comment nous vivons ; comment nous travaillons et jouons ;
opposés à la rupture et au désordre ; l’espoir contre le déses-                                comment nous déplaçons nos corps et nos biens et partageons
poir… voici quelques-uns des thèmes évoqués.                                                   nos idées ; comment nous collaborons et rivalisons ; comment
                                                                                               nous faisons l’amour et la guerre. Les photographes travaillent
                                                                                               dans les banques, les ministères, les prisons, les écoles, les
Les comportements collectifs
                                                                                               lieux de travail et dans la rue, chacun capturant l’un des fils qui
« Civilization - Quelle époque ! » s’intéresse à la civilisation, d’un                         composent l’étoffe de notre civilisation. Des commandes ont
bout à l’autre de la planète, telle qu’elle prend forme depuis le                              été réalisées, à l’occasion de l’exposition présentée au Mucem,
début du XXIe siècle, et plus particulièrement aux réalisations                                sur les sites de NGE et d’Interxion.
et comportements collectifs que dissimule bien souvent de                                      L’exposition peut ainsi être perçue comme un projet sur la
nos jours l’avènement de l’individualisme. « Civilization » ne                                 civilisation—ou sur la photographie—idéalement à travers ces
nie ni l’individualité, ni la réalité des différences culturelles, qui                         deux prismes à la fois.
sont elles-mêmes porteuses de richesse et peuvent s’opposer
aux tendances à l’homogénéisation mondiale. L’attention est
cependant portée sur ce qui est partagé collectivement, par
une large part de la population, de manière direct ou indirect
en tant qu’acteurs ou observateurs.
Cette civilisation planétaire en plein essor a utilisé et assimilé
les découvertes et inventions de nombreuses civilisations avant
nous, tout en apportant son propre lot d’innovations. L’éclosion
des sciences et des nouvelles technologies nous a permis de

Exposition temporaire—Mucem J4
Mucem Le programme 2021 - Marseille Tourisme
Jeff Koons Mucem                                                                                                                                               6
Œuvres de la Collection Pinault

Du 5 mai au 18 octobre 2021                                                                    J4

                                                                                               – Commissaires : Elena Geuna, commissaire d’exposition
                                                                                                 indépendante, Emilie Girard, conservatrice en
                                                                                                 chef du patrimoine, directrice scientifique et des
                                                                                                 collections du Mucem
                                                                                               – Scénographe : Pascal Rodriguez
                                                                                               – Partenaires : avec le soutien de la Caisse d’Epargne CEPAC,
                                                                                                 de la fondation PwC France et Afrique Francophone et
                                                                                                 d’Interxion
                                                                                               Cette exposition bénéficie du prêt exceptionnel de vingt
                                                                                               œuvres de Jeff Koons par Pinault Collection.

Jeff Koons, Lobster, 2007-2012, acier inoxydable au miroir poli et revêtement transparent de
couleur, 147 × 94 × 47,9 cm. Édition de trois et une épreuve d’artiste.
Pinault Collection © Jeff Koons

L’exposition « Jeff Koons Mucem. Œuvres de la Collection                                       Grâce au prêt exceptionnel de 20 œuvres issues de la Collection
Pinault », conçue en étroite collaboration avec l’artiste améri-                               Pinault, c’est une véritable plongée dans le travail de l’artiste,
cain, présentera à Marseille certaines de ses œuvres les plus                                  jalonnée par ses œuvres phares, sculptures (comme Balloon
célèbres, et explorera la relation entre ces œuvres et les objets                              Dog ou Lobster), et peintures (comme Backhyard, 2002, ou
du quotidien, photographies et documents de l’immense collec-                                  Dutch Couple, 2007) qui est proposée. Depuis les premières
tion du Mucem, référence dans le domaine des arts populaires.                                  œuvres de la série The New, aux pièces devenues iconiques
                                                                                               de la série Celebration en passant par les créations les plus
Artiste incontournable de la fin du XXe siècle et de ce début                                  récentes comme les séries Gazing Ball et Antiquity, l’exposition
de XXIe siècle, Jeff Koons (né en 1955 à York, Pennsylvanie,                                   retrace la carrière de l’artiste sur les 35 dernières années, de
Etats-Unis) puise son inspiration dans le quotidien, dans des                                  manière chronologique, et revient sur les thèmes iconogra-
objets banals, familiers, issus bien souvent de la culture amé-                                phiques, les associations visuelles et les modes d’expression
ricaine. En réinterprétant le concept de Readymade de Marcel                                   qui lui sont chers. Pinault Collection se réjouit de contribuer, par
Duchamp, Koons interroge l’idée même d’œuvre d’art. La variété                                 ce prêt important, à la réalisation d’une exposition d’un grand
des sujets auxquels il s’intéresse, les références continuellement                             musée national et cela la même année où elle ouvre au public
présentes à l’histoire de l’art ou au monde de la publicité ainsi                              son musée parisien de la Bourse de Commerce et présente
que le large spectre des techniques auxquelles il a recours                                    à Venise, à Punta della Dogana, une exposition de référence
ont contribué à faire entrer son travail dans notre imaginaire                                 consacrée à Bruce Nauman.
collectif, en offrant un nouveau regard sur notre relation au
quotidien et aux objets qui nous entourent. Portant un regard                                  Mais l’originalité de l’exposition tient à la rencontre des œuvres
perspicace sur son temps, il n’en est pas moins amateur et                                     de Koons avec les collections du Mucem. Chaque œuvre est
curieux des productions matérielles du passé, artistiques et                                   en effet mise en relation avec un ensemble d’objets conservés
populaires. Cet intérêt pour l’objet usuel fait de la rencontre                                par le musée pour créer une conversation tantôt formelle,
entre l’artiste et la collection du Mucem un terrain de jeu parfait.                           tantôt symbolique ou poétique, entre les pièces majeures de
                                                                                               Jeff Koons et les collections d’art populaire.

Exposition temporaire—Mucem J4
Mucem Le programme 2021 - Marseille Tourisme
Pour le Mucem, l’expérience permet une relecture inédite de ses
collections : Koons en revisite l’histoire, joue avec leur plasticité   7
et leur polysémie, retourne à l’esthétique de l’objet, leur redonne
parfois une forme de contemporanéité, en fait et défait le sens
dans un parcours libre et spontané.

Les objets choisis au sein des collections sont issus d’un long
et minutieux travail dans les réserves du Mucem. Jeff Koons
a ainsi exploré l’ensemble des fonds pour sélectionner objets
de la vie quotidienne, chefs d’œuvres d’art populaire, docu-
ments et photographies rendant hommage à la variété des
collections. Le choix final, portant sur plus de 200 pièces, a été
nourri d’échanges sur le sens des objets, leur usage, leur forme,
afin d’inviter le visiteur de cette exposition à une promenade
contemplative où le beau surgit de l’objet de peu et de sa mise
en résonnance avec le regard de l’artiste.

Servie par une scénographie originale éloignée des modes
de présentation habituelles de l’art contemporain, l’exposition
propose une manière inédite de montrer le travail de Jeff Koons,
à travers les liens tissés avec les collections du Mucem. « Jeff
Koons Mucem » débute avec New Hoover Convertible, New
Shelton Wet/Dry 10 Gallon Double decker (1981), œuvre emblé-
matique de la série The New : un aspirateur est ainsi exposé dans
une boite en plexiglass face à une des unités écologiques que
conserve le Mucem, un dispositif muséographique historique
phare de l’ancien musée des arts et traditions populaires. Le
parcours se termine avec le monumental Bluebird Planter de
la série Antiquity (2010-2016), une pièce en acier inoxydable
dont le poli miroir et le revêtement coloré translucide donnent
l’illusion que l’œuvre a été réalisée en gonflant un petit objet en
porcelaine. L’œuvre dialogue avec une série d’objets en forme
d’oiseaux, comme des appeaux, des épis de faitage et d’autres
petites pièces décoratives.

Après « Un génie sans piédestal, Picasso et les arts et tradi-
tions populaires » ou « Jean Dubuffet, un barbare en Europe »,
« Jeff Koons Mucem » s’inscrit dans la série des expositions
du musée consacrée aux passeurs, ces grands artistes qui
donnent sens aux sociétés qu’ils observent.
Mucem Le programme 2021 - Marseille Tourisme
Salammbô                                                                                                                                                     8
Passion ! Fureur ! Éléphants !—Du roman culte à l’exposition

Du 20 octobre 2021 au 7 février 2022                                                           J4

                                                                                               – Commissaire général : Sylvain Amic, conservateur en
                                                                                                 chef du patrimoine, directeur de la Réunion des Musées
                                                                                                 Métropolitains Rouen Normandie
                                                                                               – Commissaire associée : Myriame Morel-Deledalle,
                                                                                                 conservatrice en chef du patrimoine, Mucem
                                                                                               – Scénographe : (en attente)
                                                                                               – Partenaires : avec le soutien de Mutuelles du Soleil
                                                                                               Exposition coproduite par la Réunion des Musées
                                                                                               Métropolitains Rouen Normandie et le Mucem, avec le
                                                                                               concours de l’Institut national du patrimoine de Tunisie.
                                                                                               Rouen, Musée des Beaux-arts, 30 avril- 20 septembre 2021
                                                                                               Tunisie, Musée national du Bardo, printemps-été 2022

Victor Prouvé, en collaboration avec Camille Martin et René Wiener, reliure pour Salammbô de
Gustave Flaubert, 1893, mosaïque de cuirs incisés, pyrogravés, dorés et émaux cloisonnés.
Musée de l’École de Nancy © Nancy, musée de l’Ecole de Nancy, cliché Studio Image

  « C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins                                   municipales) de Marseille, les musées de Rouen, Munich et
d’Hamilcar ». La première phrase du roman de Flaubert publié                                   Berlin… Grâce à l’Institut national du Patrimoine de Tunisie, avec
en 1862, Salammbô, a été pour des générations de lecteurs                                      lequel le Mucem entretient depuis cinq ans une étroite politique
l’élément déclencheur d’une expérience unique où les émo-                                      de coopération, des prêts majeurs ont été consentis par les
tions étaient portées à leur paroxysme. L’attraction fatale entre                              musées du Bardo et de Carthage, permettant au public français
Salammbô, prêtresse de Tanit et Mathô, chef des mercenaires                                    de découvrir les trésors archéologiques de l’époque punique.
révoltés, l’opulente Carthage et ses invincibles murailles, les
éléphants incendiés et les lions crucifiés, tout dans ce roman
stupéfiant était propice à enflammer les imaginaires. Pour la
première fois une exposition s’empare de ce chef-d’œuvre de la
littérature moderne pour nous plonger au cœur d’un tourbillon
d’images et de sensations qui révèle sa portée considérable
sur les arts et les représentations, mais aussi son héritage
dans l’histoire de la Méditerranée.

Portée par la RMM (Réunion des Musées Métropolitains Rouen
Normandie) et le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe
et de la Méditerranée), l’exposition « Salammbô » sera en 2021
l’élément majeur des célébrations du bicentenaire de la nais-
sance de Gustave Flaubert (1821, Rouen - 1880, Croisset). En
convoquant littérature, peinture, sculpture, photographie, arts de
la scène, cinéma, bande dessinée et archéologie, « Salammbô »
explore l’actualité d’un ouvrage hors normes où se bousculent
les grandes préoccupations d’aujourd’hui. Déterminisme de
classe, assignation de genre, violence politique, légitimité du
pouvoir, guerre de masse, altérité et diversité, tout ce qui va
bouleverser le monde moderne se trouve en germe dans cette
fantasmagorie historique qui continue d’ébranler les sensibilités
contemporaines.

L’exposition présente 250 œuvres issues des collections publiques
et privées françaises et européennes, dont le musée du Louvre,
la Bibliothèque nationale de France, le Musée national d’art
moderne-Centre Pompidou, le musée d’Archéologie médi-
terranéenne de Marseille, le Cabinet des Médailles (Archives

Exposition temporaire—Mucem J4
Mucem Le programme 2021 - Marseille Tourisme
VIH/sida                                                                                                                                  9
L’épidémie n’est pas finie !

Du 15 décembre 2021 au 2 mai 2022                                        J4

                                                                         – Commissaire : Florent Molle, conservateur du patrimoine
                                                                         – Le commissariat de cette exposition est collaboratif.
                                                                           Il associe un comité de pilotage composé de Stéphane
                                                                           Abriol (CNRS-Cerlis), Christophe Broqua (CNRS-IMAF),
                                                                           Renaud Chantraine (IIAC), Vincent Douris (Sidaction),
                                                                           Françoise Loux (CNRS), Florent Molle (conservateur
                                                                           du patrimoine) et Sandrine Musso (AMU, CNE-Ehess),
                                                                           à un comité de suivi composé de plusieurs dizaines de
                                                                           personnes concernées à différents titres par l’épidémie
                                                                           (personnes vivant avec le VIH, associatifs, soignants,
                                                                           militants, chercheurs…).
                                                                         – Scénographe : (en attente)
                                                                         – Partenaires : avec le soutien de la MGEN et de RB
Bloc 23 du mémorial néerlandais du patchwork des noms,                     (à confirmer)
2008. Matières textiles, 380 × 380 cm. Mucem, 2018.76.1
© Mucem/Yves Inchierman

L’exposition « VIH/sida, l’épidémie n’est pas finie ! » retrace l’his-   malgré un traitement contraignant et aux nombreux effets
toire sociale et politique du sida. La lutte contre l’épidémie a         secondaires. Mais l’accès aux médicaments est très inégal
révélé des situations d’inégalité et de stigmatisation, suscitant        à l’échelle planétaire et l’ouverture des régimes de propriété
de nombreuses revendications pour l’accès aux traitements,               intellectuelle devient une revendication majeure à la fin des
aux soins, le renforcement des droits, et la visibilité des per-         années 1990.
sonnes et des groupes touchés. En proposant un regard à la
fois rétrospectif et contemporain, l’exposition se définit comme         Des années 1980 à nos jours, l’épidémie a suscité maintes
une contribution à la lutte contre le VIH/sida. Mettre le sida au        hypothèses sur son origine et de nombreux discours sur les
musée, ce n’est pas l’enterrer ; au contraire, c’est réaffirmer          moyens de sa fin. L’exposition apportera un éclairage sur ces
toute son actualité, comme le montre le titre de l’exposition qui        différents récits, nous permettant d’aborder avec recul les
reprend un slogan historique d’Act Up : l’épidémie n’est pas finie !     savoirs du passé et les compréhensions du présent.
En juillet 1981, est publié dans le New York Times le premier            L’exposition interroge finalement l’héritage de l’épidémie, ce
article de presse relatif au sida, évoquant des cas de cancer            qu’elle a révélé, les avancées qu’elle a rendu possibles, princi-
chez des hommes homosexuels. Il faut attendre 1983 pour                  palement en termes de droits, mais également les reculs et les
écarter l’hypothèse d’une maladie uniquement homosexuelle (le            stagnations. Elle propose un bilan des luttes, de leurs victoires
« cancer gay »), mais on pointe du doigt les « 4H » : Homosexuels,       comme des obstacles freinant encore les avancées qu’elles
Héroïnomanes, Hémophiles, Haïtiens. La victime est aussi l’ac-           promeuvent. En évoquant les « leçons politiques » du sida,
cusée et sa stigmatisation passe par des propositions de mise            elle ouvre sur des questions dont l’actualité est majeure, qu’il
en quarantaine, des moyens disproportionnés de protection,               s’agisse des réponses sociales aux épidémies et à la gestion
et la réprobation de catégories sociales touchées et jugées              des « crises sanitaires », ou de la manière dont d’autres affec-
responsables. Dans le même temps, la désignation de ces                  tions chroniques ont bénéficié ou non de ce bouleversement
« groupes à risques » va invisibiliser durablement d’autres situa-       des rapports de pouvoirs entre médecins et patients, dont les
tions d’exposition au virus, dont témoignent l’activisme des             luttes contre le sida ont aussi fait l’une de leur revendications.
femmes et les initiatives en faveur de la prise en compte des
enfants et adolescents. L’épidémie est un choc pour la société           L’exposition « VIH/sida, l’épidémie n’est pas finie !» offre l’occa-
comme la maladie ou la séropositivité sont des chocs pour                sion de valoriser l’exceptionnel fonds de collection du Mucem
les personnes touchées. L’exposition reviendra sur l’impact              constitué au début des années 2000 sur le thème du VIH/sida.
de cet évènement dans les trajectoires individuelles autant              Grâce à une enquête, des banderoles, tracts, affiches, revues
que collectives.                                                         associatives, brochures et matériel de prévention, objets mili-
                                                                         tants, vêtements, badges et rubans rouges, mais également des
La lutte contre le sida a pris place aux échelles à la fois locales      médicaments, photographies et œuvres d’art ont été collectés
et mondiales, et s’est attachée à de nombreux aspects de                 auprès de nombreuses associations de lutte contre le VIH/sida,
l’épidémie. Sur les plans scientifiques et médicaux, mais aussi          permettant au Mucem de constituer une collection de référence
dans la rue, pour revendiquer l’action et l’attention des pou-           à l’échelle européenne. De nombreuses photographies, des
voirs publics et refuser la stigmatisation des malades et des            œuvres d’art importantes et des prêts de particuliers viendront
communautés. La mise au point de traitements plus efficaces              dialoguer avec cette collection pour permettre aux visiteurs
à partir de 1996 marque une rupture. On voit des personnes               d’être plongés dans l’histoire sociale de la lutte contre l’épidémie.
« renaître » grâce au renforcement de leur système immunitaire
et à l’affaiblissement de la réplication virale dans l’organisme,

Exposition temporaire—Mucem J4
Mucem Le programme 2021 - Marseille Tourisme
Expositions             10

Mucem fort Saint-Jean
Déflagrations                                                                                                                                        11
Dessins d’enfants et violences de masse

Du 29 janvier au 2 mai 2021                                                             Bâtiment Georges Henri Rivière—fort Saint-Jean

                                                                                        – Commissariat :
                                                                                          Zérane S. Girardeau, commissaire, productrice et
                                                                                          directrice artistique, fondatrice de Déflagrations,
                                                                                          Association Déflagrations
                                                                                        – Avec la participation de l’artiste Enki Bilal
                                                                                        – Scénographe : Renaud Perrin
                                                                                        – Graphiste : Géraldine Fohr
                                                                                        – Partenaires : avec le soutien de Babyzen (à confirmer)
                                                                                        – Catalogue : coédition Mucem/Liénart éditions

Dessin d’un garçon de 10 ans déplacé dans un camp du secteur de Maban, Soudan du Sud,
2017. Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) Soudan du Sud
© Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR)

L’exposition « Déflagrations » est un hommage au geste de                               des droits humains. Quand les peurs et les passions funestes
création des enfants qui, après le vis-à-vis avec la mort dans les                      n’en finissent pas de ressurgir dans nos sociétés, les tracés
guerres et crimes de masse, ont repris une forme de langage,                            des enfants semblent nous éclairer, nous alerter et rappeler
celui de tracer, de dessiner, de se dessiner. Dans des camps                            ce qui nous est fondamentalement commun par-delà les diver-
de déplacés et réfugiés, des villes toujours bombardées, dans                           sités, jetant des ponts entre les pages d’histoire, les cultures
des écoles, des centres de soins, des ateliers... ils ont créé,                         et territoires.
raconté, joué, rêvé, en s’emparant de ce langage à la fois uni-
versel et infiniment personnel qu’est l’expression graphique.                           L’exposition au Mucem présente plus de 160 dessins (repro-
Tout ce que ce geste de dessiner pouvait porter de résistance                           ductions et originaux) provenant de musées, bibliothèques
- des désirs et de la vie, des récits et des clameurs - est face                        nationales et universitaires, institutions internationales (UNHCR,
à nous. Dessins de braise, ils ont le pouvoir de nous affecter,                         UNICEF), ONG, éditions, d’archives d’artistes, de psychiatres/
de nous concerner, d’interroger notre relation à la violence et                         psychologues, correspondants de guerre.
à sa figuration.
                                                                                        Invités, des artistes et écrivains accompagnent un dessin de
Les enfants ont une expérience totale des violences de masse.                           leur choix. Leurs réponses sont autant d’échos et de recon-
Sur plus d’un siècle traversé, les traces qu’ils nous laissent nous                     naissances donnés aux tracés des enfants. Enki Bilal, artiste
disent les violences et cruautés à l’œuvre sur les corps et les                         parrain du projet Déflagrations, est étroitement associé à cette
âmes. « Déflagrations » est un chemin de connaissance et de                             nouvelle création. Françoise Héritier y est présente dans une
reconnaissance des mémoires et expressions à part entière de                            séquence filmée. Elle a soutenu les recherches de Zérane
ces enfants témoins, victimes, acteurs parfois. Leurs richesse                          S. Girardeau depuis 2013, jusqu’à son décès. Son regard pas-
figurative et diversité narrative en font des sources qui parti-                        sionnant sur les dessins d’enfants a éclairé, éclaire toujours,
cipent aux mémoires plurielles des sociétés tout comme à la                             l’histoire du projet dont elle fut la marraine.
sensibilisation et parfois la documentation sur les violations

Exposition temporaire—Mucem fort Saint-Jean
Abécédaires                                                                                                                                           12
Salle des collections—fort Saint-Jean

Les résistances de A à Z                                                          Je signe donc je suis de A à Z
Du 24 février au 24 mai 2021                                                      Du 20 octobre 2021 au 18 avril 2022
                                                  Pavé de Mai 68, granit taillé                                                    Tampon-encreur,
                                                  portant une inscription en                                                       modèle Trodat printy,
                                                  noir « 25-5-1968 », Paris,                                                       Paris, entre 1989-2013,
                                                  fin du XXe siècle, 10,3                                                          matière plastique, encre
                                                  cm × 8,7 × 10,2 cm, 1,745 kg.                                                    noire, 9 × 8,7 × 3,8 cm
                                                  Mucem, inv. : 1977.62.122,                                                       - Don des Balayeuses
                                                  Don Rignaud, 1977                                                                archivistiques LGBT.
                                                  © Mucem / Marianne Kuhn                                                          Mucem, inv : 2018.75.156.
                                                                                                                                   © Mucem / Marianne Kuhn

– Commissaire : Mireille Jacotin, conservatrice du 		                             – Commissaire : Marie-Charlotte Calafat, conservatrice du
  patrimoine, responsable du pôle « Vie publique » au 		                            patrimoine, responsable du département des collections
  Mucem                                                                             et des ressources documentaires au Mucem

Attentif aux expressions modernes et contemporaines des                           La signature est au cœur de l’abécédaire « Je signe donc je
sociétés civiles d’Europe et de Méditerranée, le Mucem compte                     suis ». Écrire son nom sur un objet artisanal est la marque d’une
parmi ses collections, des œuvres qui témoignent des capacités                    revendication par son auteur de l’authenticité et de l’unicité de
de réaction et de résistance à des tendances politiques éta-                      son œuvre, loin d’une série standardisée et anonyme. Signer,
tiques ou coercitives… On a toujours besoin d’un plus petit que                   c’est signifier un statut social et artistique.
soi, dit l’adage, lorsqu’il est besoin de discuter certains actes                 Chaque lettre de l’alphabet renvoie à un métier d’art, c’est-à-dire, au
ou tentatives émanant des puissants et qui peuvent sembler                        sens de la loi, « à une activité de production, de création, de trans-
déraisonnables. Or, l’expérience des choses de la vie, la mise                    formation (…) caractérisée par la maîtrise de gestes et techniques
en doute, la manifestation physique, mais aussi l’écriture et                     en vue du travail de la matière et nécessitant un apport artistique ».
la création plastique constituent autant de réponses à des                        Le maître-mot est ainsi le talent exprimé par ces créateurs.
situations critiques et parfois insupportables, ou tout du moins,
inenvisageables pour l’avenir immédiat.                                           L’utile ici est beau et bien réalisé : une terrine, un éventail, un
                                                                                  coffre. La rue est embellie par une girouette, un dessin au pastel
Résister, c’est créer, et créer, c’est résister : c’est la philosophie de         sur un trottoir, une enseigne ou une devanture de boutique.
l’action qui prime sur le pessimisme ou la fatalité. Et finalement,               On pourrait s’y méprendre et prendre un joug de bœuf ou
ce n’est pas tant ce à quoi il faut résister qui est important ici,               une tuile vernissée pour une sculpture moderne. On constate
que les objets conçus pour résister qui sont donnés à voir et                     aussi la minutie du travail manuel d’un horloger, la patience
qui permettent de garder une trace de certaines luttes, menées                    des brodeuses travaillant durant des centaines d’heures à leur
par les uns ou les autres, sur des durées plus ou moins longues.                  ouvrage, la qualité des matériaux constituant une vielle à roue.

On pourrait identifier plusieurs types de résistances : celles à                  Le savoir-faire se distingue par la maîtrise d’un répertoire de
des principes politiques non respectueux de la diversité cultu-                   formes et de techniques anciennes ou modernes de fabrica-
relle, d’autres à des logiques économiques perçues comme                          tion, suite à l’apprentissage au sein d’un atelier, d’un corps de
néfastes et qui ont un impact sur l’environnement, d’autres qui                   métier, d’une corporation d’artisans. La diversité des matériaux
s’opposent à la liberté de croire, d’être et de penser, d’autres                  employés est ici mise à l’honneur, des matières les plus courantes
enfin qui, par la terreur, voudraient imposer leur égoïste vision                 aux plus insolites ou précieuses : cheveux, or, terre, zinc, etc…
du monde… L’ABCdaire des Résistances se propose de rap-                           Cette exposition fait sortir de l’anonymat des femmes et hommes
peler différents modes d’expression des résistances, comme                        du XVIIe siècle jusqu’à aujourd’hui : Marie Talbot, Lucien Corné,
la manifestation dans l’espace public, la création et la diffusion                Antoine Oleyant… Au-delà de leur création, elle donne aussi à
d’images nouvelles et de slogans, la création de mythes…,                         voir leurs portraits, leurs outils et leurs archives. Elle témoigne
mais surtout les différentes manières de résister à des réalités                  de leur apprentissage ainsi que de leur démarche créatrice et
tantôt ponctuelles, parfois pérennes, ou qui peuvent parfois                      innovante, certains le faisant de manière isolée, d’autres appar-
confiner à l’absurde.                                                             tenant à des lignées d’artisans ou pratiquant au sein d’ateliers.

L’inventivité des expressions de résistance est aussi riche que                   L’abécédaire « Je signe donc je suis » est un appel à regarder
les regards portés sur le monde d’aujourd’hui par sa société                      les formes et les matières à travers les productions et les
civile ; aussi, les œuvres choisies dans la collection du Mucem                   expressions artistiques les plus diverses. Les riches collec-
entendent-elles rendre compte, des modes possibles de création                    tions d’art populaire du musée sont convoquées pour valoriser
associés à des actes de résistance, depuis le milieu du XIXe                      les métiers d’art et les savoir-faire qui peuvent embellir notre
siècle, en Europe et en Méditerranée.                                             quotidien. Loin de la hiérarchie des genres, elle interroge la
                                                                                  nature de l’artiste-artisan.

Exposition temporaire—Mucem fort Saint-Jean
Le désir de regarder loin                                                                                                             13
Du 16 juin au 27 septembre 2021                                         Galerie haute des Officiers—fort Saint-Jean
		                                                                      et au Centre de conservation et de ressources (CCR)*

                                                                        – Commissaire : Emilie Girard, conservatrice en chef du
                                                                          patrimoine, directrice scientifique et des collections du
                                                                          Mucem
                                                                        – Scénographe : Association Hypereden
                                                                        – En partenariat avec le ZEF scène nationale de Marseille

Ilaria Turba, Théa Plan d’Aou, juillet 2020 © Ilaria Turba

En 2018, alors que le Merlan scène nationale et la Gare Franche,        L’exposition au Mucem, qui se déroulera simultanément dans
maison d’artistes sont en cours de rapprochement pour créer             deux lieux, dans les salles du fort Saint-Jean et au Centre de
ensemble LE ZEF – scène nationale de Marseille, Ilaria Turba,           Conservation et de Ressources (CCR), restituera ce projet
artiste plasticienne et photographe italienne est invitée à rejoindre   pluriel. Elle rassemblera des objets choisis dans les collections
sa « Bande d’artistes associés ». « Le désir de regarder loin »         du Mucem, les objets produits au cours des différents ateliers
est l’un des aboutissements de ces trois années de résidence.           menés, des photographies, dessins, traces sonores, vidéos,
Artiste plurielle, Ilaria privilégie pour ses œuvres, installations,    affiches réunies aux différentes étapes du projet. La salle du
projets in situ et communication par la photographie, la vidéo          CCR sera dédiée à la confrontation des pains du désir et d’une
et l’animation. Son travail se nourrit d’échanges et de colla-          sélection d’objets de la collection, choisis par un groupe de
borations avec d’autres artistes, artisans, professionnels ou           participants aux ateliers en raison de leur résonnance formelle
groupes de personnes, prenant souvent la forme d’ateliers ou            ou symbolique. Au fort Saint-Jean, le public sera invité à suivre
de processus créatifs collaboratifs, autour des thématiques qui         un parcours déambulatoire retraçant les différentes étapes du
lui sont chères : identité et imaginaire collectif, rapport entre       projet et à rencontrer, lors de rendez-vous, l’artiste pour continuer
le présent et la mémoire avec comme support les objets, les             à créer, avec elle, des traces de ces désirs de regarder loin.
photographies, les récits et les lieux.                                 C’est l’objet comme récit, comme trace de l’intime, qui est au
                                                                        cœur de la démarche d’Ilaria Turba : comment rendre tangibles,
Pour ce projet, Ilaria Turba a travaillé avec les habitants des         sensibles, visibles, les désirs immatériels ?
territoires du Merlan et de la Gare Franche afin de réunir une
collection de désirs, comme on collectionne des objets. Elle
a conduit des ateliers de fabrication de pains rituels (« pains
du désir »), matérialisant les désirs collectés. Elle a conçu une
« traversée des désirs », parcours piéton convivial et festif de
12 kilomètres reliant le théâtre du Merlan et la Gare Franche,
qui sera l’occasion, en juin 2021, de donner une visibilité aux
témoignages recueillis tout au long des trois ans de travail.
L’artiste a également exploré les collections du Mucem et y
a puisé, outre la riche collection de pains, une sélection de
porte-bonheurs qui ont servi à inspirer la réalisation d’autres
amulettes contemporaines, fabriquées par le groupe avec lequel
elle a travaillé et qui seront restituées lors de la « Loterie des
désirs » qui prendra place au sein de Manifesta13/Parallèles
du Sud en novembre 2020.

Exposition temporaire—Mucem fort Saint-Jean et Centre de conservation et de ressources (CCR)
Histoire(s) de René L.                                                                                                                                 14
Hétérotopies contrariées

Du 18 juin au 5 septembre 2021                                                            Bâtiment Georges Henri Rivière—fort Saint-Jean

                                                                                          – Commissaires : Philippe Artières, directeur de recherches
                                                                                            au CNRS (Iris, EHESS, Paris-Condorcet) et Béatrice
                                                                                            Didier, directrice du Point du Jour, centre d’art et éditrice
                                                                                          – Scénographe et graphiste : (en attente)

Dessin de René Leichtnam, deuxième moitié du XXe siècle © Collection particulière, D.R.

Ce sont dans ces tas de papiers « à jeter », ces strates délaissées,                      De René ne nous reste que cette quarantaine de dessins ; quel
que notre regard a buté un jour de visite de bâtiments asilaires                          texte composent-ils ?
destinés à la destruction. La grande pièce qui fut pendant un                             Une exposition pour résoudre l’énigme. Partir à la recherche
siècle un dortoir collectif d’agités est devenue le réceptacle d’un                       de René L. mais non dans les archives de l’Etat civil ou des
ensemble de cartons. Là, contre un mur de cette salle de cet hôpital                      institutions psychiatriques, mais chercher René dans l’Histoire,
psychiatrique, on a trouvé d’épais rouleaux de papiers. Déroulant                         la grande. Celle qui fait l’objet de traités, celle qui dessine les
ces feuilles, sont apparus des dizaines de dessins, les uns tracés                        villes, celle qui détermine nos existences.
seulement au crayon noir, les autres coloriés consciencieusement.                         Inventer René à partir des images, des documents, des archives,
                                                                                          des œuvres. Ne pas avoir peur d’accrochages fragiles, d’associa-
Qu’étaient ces dessins ? Le produit d’un atelier thérapeutique ?                          tions improbables. Risquer l’histoire ; suivre René L. et peut-être
Des œuvres d’art brut ? Des archives ? Des signes énigmatiques                            de trace en trace, explorer une autre mémoire de notre présent.
laissés par un individu se prénommant René—chacun des                                     On y croise le philosophe Michel Foucault, l’écrivain Georges
dessins était signé.                                                                      Perec, le psychiatre Frantz Fanon ou encore l’architecte Fernand
René Louis L. est né à Perregaux (Oran) le 16 mai 1920. Ses                               Pouillon. On y entrevoit les œuvres de Sol LeWitt, Paul Klee …
grands-parents ont quitté l’Alsace en 1870 à la suite de la
défaite et sont partis s’installer dans l’Oranais. René a passé
toute son enfance dans cette petite communauté coloniale.
Mais passée la vingtaine, il est hospitalisé de manière quasi
ininterrompue dans différents établissements en Algérie dont
l’hôpital régional d’Orléansville puis celui de Blida pour des
troubles mentaux, relevant de la catégorie de la schizophrénie.
En 1963, plus d’un an après l’Indépendance, il est rapatrié avec
plus de cent-cinquante autres malades, hommes et femmes
psychiatrisés à l’hôpital de Blida, vers l’Hôpital psychiatrique
privé du Bon-Sauveur à Picauville dans la Manche. Le certificat
d’entrée précise : « Délire chronique de structure imprécise à
thème hypocondriaque ». René L. demeure tout le reste de sa
vie à Picauville.

Exposition temporaire—Mucem fort Saint-Jean
EUROPA, Oxalá                                                                                                                                           15
Du 20 octobre 2021 au 16 janvier 2022                                                         Bâtiment Georges Henri Rivière—fort Saint-Jean

                                                                                              – Commissaires : António Pinto Ribeiro, commissaire,
                                                                                                Université de Coimbra, Katia Kameli, artiste
                                                                                                et commissaire, Aimé Mpane Enkobo, artiste et
                                                                                                commissaire
                                                                                              – Scénographe : (en attente)
                                                                                              – Coproduction : La Fondation Calouste Gulbenkian—
                                                                                                Délégation en France
                                                                                                Mucem - Musée des civilisations de l’Europe et de la
                                                                                                Méditerranée (Marseille / France)
                                                                                                Musée Royal de l’Afrique Centrale/AfricaMUSEUM
                                                                                                (Tervuren / Belgique)
                                                                                                Le Centre d’Études Sociales de l’Université de Coimbra
                                                                                                (CES) à travers son projet européen (ERC) MEMOIRS –
                                                                                                Enfants d’Empires et Post mémoires Européennes
                                                                                                (Coimbra / Portugal)
Malala Andrialavidrazana, Figures 1883, Reference Map dor Business Men, tirage pigmentaire,
110 × 163 cm, 2019 © Malala Andrialavidrazana                                                 – Itinérance : Musée Royal de l’Afrique Centrale/
                                                                                                AfricaMUSEUM (Tervuren / Belgique) : Avril—Août 2021
                                                                                                La Fondation Calouste Gulbenkian à Lisbonne :
                                                                                                Avril— Juillet 2022

L’Exposition « EUROPA, Oxalá » s’articule autour des études                                   L’Exposition « EUROPA, Oxalá » au Mucem présente environ
mémorielles et postcoloniales, deux domaines interdisciplinaires                              soixante œuvres – peintures, dessins, sculptures, films, photos,
en eux-mêmes, et offre la possibilité de découvrir un ensemble                                installations – de vingt-deux artistes Abel Abdessemed, Aimé
d’artistes et d’intellectuels européens, dont les parents sont majo-                          Mpane, Aimé Ntakiyica, Carlos Bunga, Délio Jasse, Djamel
ritairement issus des anciennes colonies des empires d’outre-mer.                             Kokene, Fayçal Baghriche, Francisco Vidal, John K. Cobra, Katia
                                                                                              Kameli, Kader Attia, Mohamed Bourouissa, Josèfa Ntjam, Malala
« EUROPA, Oxalá » a lieu dans trois pays européens – France                                   Andrialavidrazana, Márcio de Carvalho, Mónica de Miranda, Nú
(Marseille) / Belgique (Bruxelles) / Portugal (Lisbonne), et                                  Barreto, Pauliana Valente Pimentel, Pedro A. H. Paixão, Sabrina
présente non seulement une exposition d’arts visuels, mais                                    Belouaar, Sammy Baloji, Sandra Mujinga.
aussi une série de débats. L’exposition produira un catalogue
et un livre d’essais, avec des textes d’auteurs de référence.                                 « EUROPA, Oxalá » apporte une nouvelle visibilité envers un
Les œuvres exposées ont été réalisées par des « Enfants                                       univers artistique qui témoigne de la puissance créatrice de
d’empires », à savoir des artistes des deuxième et troisième                                  la diversité culturelle européenne contemporaine, ouvrant des
générations, nés et élevés dans un contexte postcolonial, et                                  voies vers un nouveau sens à la notion d’Europe.
dont la production artistique, pour la plupart réalisée en Europe,
apporte une réflexion sur l’héritage colonial, d’où le nom d’ar-
tistes de « post mémoire ». En tant que récepteurs de mémoires
transmises par les parents et grands-parents, qui sont nés
et ont vécu dans les territoires colonisés, tels que le Congo,
Angola, Guinée, Bénin, Algérie ou Madagascar, ces artistes
ont accueilli et hérité non seulement des voix, des sons, des
gestes, mais aussi des documents visuels et des souvenirs,
point de départ pour un important travail de recherche dans des
archives historiques. Leurs productions artistiques, la réflexion
qu’elles apportent dans le sens de la lutte contre le racisme, la
décolonisation des arts, la déconstruction de la pensée colo-
niale, l’apport de nouvelles réalités et la façon singulière dont
ces artistes conjuguent langages contemporains et processus
traditionnels, constituent un apport essentiel pour l’Europe
contemporaine. Le caractère novateur et transnational de leurs
œuvres a d’ailleurs profondément marqué la scène artistique
et culturelle ces deux dernières décennies.

Exposition temporaire—Mucem fort Saint-Jean
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