Murs de Fresnes Un projet transmedia sur la prison de Fresnes pendant l'occupation

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Murs de Fresnes Un projet transmedia sur la prison de Fresnes pendant l'occupation
Murs
                                                                                                                                      Dossier pédagogique

                                               de Fresnes
                                               Un projet transmedia sur la prison de Fresnes
                                               pendant l’occupation
                                               Une proposition de Judith Depaule
© [photographie de presse] / Agence Meurisse

                                                                     Mabel Octobre
                                                                     Direction artistique Judith Depaule
                                                                     Administration et production Pauline Besnard – pauline@mabeloctobre.net
                                                                     102 rue des Poissonniers —75018 Paris
                                                                     +33 9 81 98 60 61 – www.mabeloctobre.net

                                                                                                                                                1/17
                                               Dossier pédagogique                                     Mabel
                                               Murs de Fresnes                                          Octobre
                                               18 février 2019
Résidence au
Équipe                                  Production                                           Théâtre Le Prisme
                                                                                             d’Élancourt
Conception, mise en scène               Mabel Octobre
Judith Depaule                          Conventionnée par
Assistanat artistique                   DRAC Ile-de-France et la Région Ile-de-France
Matthieu Dandreau                       Avec
Jeu                                     l’aide aux projets numériques solidaires 2017 de
Raphaël Bocobza                         la Fondation Afnic, l’aide à l’écriture du Fonds
Conception visuelle                     d’Expériences Interactives de Pictanovo, l’aide
Jean-Michel Pancin                      aux projets patrimoniaux et culturels du
Coordination de projet multimédia       Ministère de la Défense, l’aide de la Scam dans
Loïc Horellou                           le cadre de la bourse Brouillon d’un rêve et du
Designer interactif                     dispositif La Culture avec la Copie Privée, l’aide
Anna Tolkacheva                         à l’action culturelle et langue française de la
Développement et interaction            DGLFLF, le programme Cité internationale des
Sébastien Courvoisier                   arts Paris 2017 de l’Institut Français, le SPIP 94
Développement 3D                        « Service Pénitentiaire et de probation du
Adrien Tison                            Val-de-Marne » dans le cadre du parcours
Développement graphique                 culturel d’insertion, l’École Régionale d’Acteurs
Studio des formes                       de Cannes et le Fonds d’Insertion pour Jeunes
Conception lumières                     Artistes Dramatiques
Bruno Pocheron                          Soutenu par
Conception sonore                       les Archives départementales du Val-de-Marne,
Julien Fezans                           la Fondation pour la Mémoire de la Déportation,
Écriture de plateau                     le Musée de la Résistance Nationale à
Geoffrey Mandon                         Champigny-sur-Marne, le Mont Valérien - Haut
Travail vocal                           lieu de la mémoire nationale, l’Ecole Supérieure
Jeanne-Sarah Deledicq, Valérie Joly     d’art de Cambrai
Travail corporel                        Résidences
Tamara Milla Vigo
Accessoires
Fanie Lumbalumba, Mehdi Yarmohammadi,
Patricia Audo
Avec la participation de
Léo Baqué, Paul Lajus, Iannis Japiot
Consultants historiques
Thomas Fontaine, Antoine Grande
Recherches et documentation
Guillaume Mulot
Production
Pauline Besnard

                                        ––Le Grand Parquet — Théâtre Paris Villette
                                          du 15 au 28 janvier 2018
                                        ––Théâtre Paul Eluard de Choisy-le-Roi
                                          du 23 avril au 5 mai 2018
                                        ––Le Prisme - Théâtre d’Élancourt
                                          du 17 septembre au 29 septembre 2018

2/17                                                              Mabel                      Dossier pédagogique
                                                                   Octobre                      Murs de Fresnes
                                                                                                   18 février 2019
Murs
de Fresnes
                      Un projet transmedia
                      Murs de Fresnes est un projet transmedia            séquence. Ce sont des univers 3D dans
                      qui part du livre d’Henri Calet, Les murs de        lesquels l’internaute interagit en cliquant sur
                      Fresnes, publié en 1945, rassem­blant les           des zones actives (supports : smartphones,
                      graffitis laissés par les détenus sur les murs      tablettes, ordinateurs).
                      des cellules de la prison de Fresnes pendant
                      l’Occupation. Haut lieu d’enfermement de la
                      Résistance, prison de la Gestapo à partir de            Une séquence VR
                      1943.                                               Une séquence au casque VR de 7 à 10 min
                                                                          est proposée au spectateur avant et après
                          Un spectacle interactif                         les représentations, ou de façon autonome
                      Le public est placé devant une cellule              (musées de la résistance, lieux de mémoire).
                      matériallisée par une boîte en tulle de             L’utilisateur est pensé comme un archéologue,
                      mêmes dimensions que la cellule originelle.         placé au milieu d’une cellule, qui essaie de
                      Tous les soirs des récits de vie d’anciens          faire parler les murs.
                      résistant.es, passée.es par Fresnes sont                  Le dispositif immersif est une expérience
                      piochés au hasard. Des séquences de                 en location based, l’utilisateur porte un casque
                      chaque récit et des actions au plateau sont         de réalité virtuelle et peut se déplacer dans un
                      déclenchées en direct par les spectateurs           espace défini pour explorer la cellule et révéler
                      via leur smartphone. Elles sont interprétées        une suite de fragments d’histoires qui se
                      par un comédien « augmenté » qui reçoit des         déploie selon une continuité narrative.
                      « commandes » via une oreillette.                   L’expérience est plus large que celle de
                      Le développement narratif du spectacle              Fresnes et emprunte aux archives des autres
                      dépend de l’interaction avec la salle.              prisons passées sous domination allemande.

                          Le site web                                         Un carnet à publier
                      Le site (http://murs-de-fresnes.fr/) se scinde      Durant la représentation, le comportement
                      en une expérience immersive et une base de          des spectateurs et le parcours du comédien
                      données informatives. Celle-ci permet de            sont archivés dans un carnet généré au fur
                      documenter l’ensemble du projet et                  et à mesure du spectacle : commandes
                      d’apporter un complément scientifique et            passées, déclenchements d’évènements et
                      pédagogique. Elle renseigne aussi bien sur          de séquences médias, texte énoncé sur
                      les actualités du spectacle et sur les ateliers     scène et déplacements du comédien sont
                      de médiation culturelle, que sur les autres         retranscrits, enrichis de documents
                      parties du projet et permet d’en prolonger          historiques et d’archives, formant une édition
                      l’expérience.                                       unique à commander sur le web à l’issue de
                                                                          chaque représentation.
                          Une expérience immersive
                      Le spectateur est invité à s’immerger de                Graphisme
                      façon intuitive dans une expérience                 Les univers de l’immersion sur le web,
                      sensorielle. Il refait le parcours d’un détenu :    l’interface d’interaction et le site web sont
                      le voyage en fourgon cellulaire depuis le           très épurés, reprenant les croquis de
                      siège de la Gestapo jusqu’à la prison,              l’architecte de la prison de Fresnes,
                      l’arrivée à la grande grille qui mène aux           Henri Poussin, passés en négatif : des traits
                      divisions, l’exploration d’une cellule chez les     blancs sur fond noir pour signifier
                      hommes ou chez les femmes. Un dernier               l’enfermement.
                      espace de réminiscence conclut la

                                                                                                                3/17
Dossier pédagogique                                            Mabel
Murs de Fresnes                                                 Octobre
18 février 2019
© Henri Calet, Les murs de Fresnes
                                                                                                                       Graffitis de Louis Jaconelli
                                                                                                                       (division II - cellule 35)

Croisements avec les                                Programme
programmes scolaires                           L’Europe, un théâtre majeur des guerres
                                               totales (1914-1945)
                                               ––3e – histoire-géo : La France défaite et
Les questionnements soulevés dans Murs            occupée. Régime de Vichy, collaboration,
de Fresnes croisent différents programmes         Résistance.
du collège et du lycée, de la troisième à la   Information, communication, citoyenneté
terminale en histoire-géographie et dans les   Enseignements pratiques interdisciplinaires en
enseignements pratiques interdisciplinaires.   lien avec l’histoire, la géographie,
                                               l’enseignement moral et civique, l’histoire des
                                               arts, les arts plastiques et l’éducation musicale
                                               ––3e : La littérature et les régimes totalitaires
                                                  (entre réalisme et métaphores).
                                               ––3e : Les deux guerres mondiales et la
                                                  littérature : poésie engagée, résistance
                                                  fabrication d’une anthologie poétique, mise
                                                  en voix et mise en scène...
                                               État et société en France de 1830 à nos jours
                                               ––1ères pro – histoire-géo : De l’État français à
                                                  la IVème République (1940- 1946)
                                               La guerre et les régimes totalitaires
                                               ––1ères S – histoire-géo : « La Seconde
                                                  Guerre mondiale ».
                                               La France et la République
                                               ––1ères STMG et ST2S – histoire-géo :
                                                  introduction à l’année 1940
                                               ––1ères ES/L– histoire-géo : « Une République,
                                                  trois Républiques »
                                               Le rapport des sociétés à leur passé
                                               ––Terminales ES, L et S – histoire-géo :
                                                  l’historien et les mémoires de la Seconde
                                                  Guerre mondiale en France
                                               Concours national de la Résistance
                                               Ouvert aux élèves de troisième, des lycées
                                               d’enseignement général et technologique,
                                               des lycées professionnels et des lycées
                                               polyvalents, publics et privés sous contrat
                                               d’association avec l’État.
                                               http://eduscol.education.fr/cid45607/concours-national-de-la-
                                               resistance-et-de-la-deportation.html
                                               https://www.reseau-canope.fr/cnrd/

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                                                             Octobre                                                                                   Murs de Fresnes
                                                                                                                                                          18 février 2019
Dates clés
                          1939                                             1943
                      23 août : pacte de non-agression germano-        26 janv. : fusion des mouvements Combat,
                      soviétique                                       Franc-Tireur et Libération en Mouvements
                      1er sept. : invasion de la Pologne (début de     Unis de la Résistance (MUR)
                      la guerre)                                       2 fév. : l’armée allemande capitule à
                                                                       Stalingrad
                          1940                                         27 mai : première réunion du Conseil
                      10 mai : invasion de la France                   National de la Résistance (CNR)
                      17 juin : Le maréchal Pétain, président du       21 juin : arrestation de Jean Moulin
                      conseil, appelle à cesser le combat              déc.: fusion des MUR avec les mouvements
                      18 juin : appel du général de Gaulle à           de la zone nord pour constituer le
                      poursuivre le combat aux cotés des alliés        Mouvement de Libération Nationale (MLN)
                      britanniques - naissance de la France libre
                      22 juin : armistice franco-allemand -                1944
                      instauration d’une ligne de démarcation qui      3 juin : Gouvernement Provisoire de la
                      divise la France en plusieurs zones              République Française (GPRF) dirigé par de
                      10 juil. : Pétain - chef d’état français         Gaulle
                      30 juil. : bataille d’Angleterre                 6 juin : débarquement en Normandie
                      24 oct. : rencontre de Montoire entre Pétain     10 juin : massacre d’Oradour-sur-Glane.
                      et Hitler - début de la collaboration            15 août : débarquement en Provence
                      11 nov. : premier acte de résistance :           18 août : libération de la prison de Fresnes
                      manifestation patriotique d’étudiants            25-26 août : libération de Paris - de Gaulle
                      parisiens (distribution de tracts et des         descend les Champs-élysées
                      premières feuilles clandestines)
                                                                           1945
                          1941                                      27 janvier : Libération par l’Armée rouge d’
                      mars : structuration du mouvement Franc-      Auschwitz, plus grand camp d’extermination
                      Tireur                                        et de concentration
                      mai-juin : création du mouvement de           4-11 fév. : conférence de Yalta
                      résistance communiste Front National          avril : libération par les Américians des
                      juin : les communistes rentrent dans la       camps d’Ohrdruf, Nordhausen, Buchenwald,
                      résistance                                    Dachau, Mauthausen et par les Britanniques
                      22 juin : invasion de l’URSS - répression     de Bergen-Belsen
                      renforcée à l’égard des militants             16 avril - 2 mai : bataille de Berlin
                      communistes par le régime vichyste et les     30 avril : libération par l’Armée rouge du
                      nazis                                         camp de Ravensbrück
                      nov. : naissance du réseau Combat (dirigé par 8 mai : capitulation allemande
                      Henri Frenay et Bertie Albrecht)              6 - 9 août : envoi de bombes atomiques sur
                      1er déc. : création du mouvement de           Hiroshima et Nagasaki
                      résistance Libération                         18 août : libération du camp de Drancy,
                      7 déc. : attaque japonaise de Pearl Harbor    utilisé comme lieu d’internement des juifs
                      - entrée en guerre des états-Unis             avant déportation
                                                                    2 sept. : capitulation japonaise
                          1942
                      janv. : application de la « Solution finale »     1948
                      28 mars : naissance des Francs-Tireurs et     6 août : loi n°48-1251 « statut définitif des
                      Partisans                                     déportés et internés résistants »
                      16 -17 juil. : rafle du Vel d’Hiv
                      4 sept. : établissement du Service de Travail
                      Obligatoire (STO) - une partie des
                      réfractaires rejoint le maquis
                      oct. : Le général Delestraint nommé à la tête
                      de l’Armée Secrète
                      8 nov. : débarquement allié en Afrique du
                      Nord
                      déc. : début de l’Organisation de Résistance
                      de l’Armée (O.R.A)
                      hiver 42/43 : bataille de Stalingrad

                                                                                                          5/17
Dossier pédagogique                                         Mabel
Murs de Fresnes                                              Octobre
18 février 2019
Le devoir de mémoire
Le devoir de mémoire est une notion qui est     traduisent le refus de la domination
apparue au lendemain de la Seconde Guerre       allemande. Cette presse clandestine permet
mondiale afin que plus jamais d’horreurs        de révéler les horreurs du nazisme, de
semblables ne se reproduisent. Mettant          stimuler les populations frileuses,
légitimement l’accent sur la Shoah,             d’encourager les sympathisants, de soutenir
l’injonction au devoir de mémoire exprime       les combattants et de développer chez la
aussi l’inquiétude de voir la mémoire           population occupée, une hostilité envers
submergée par l’oubli. Aujourd’hui élargi à     l’envahisseur nazi. Ils servent à contrecarrer
d’autres épisodes tragiques de l’Histoire, ce   la propagande du gouvernement de Vichy et
sentiment qui pousse au souvenir peut et        celle de l’occupant. Le mouvement de
doit s’appliquer aussi aux actes héroïques      résistance Franc-Tireur est né du journal du
de la Seconde Guerre mondiale, en               même titre (tiré à 165 000 exemplaires) tout
particulier la Résistance.                      comme Combat. La radio était un outil
                                                essentiel de la Résistance, une arme à part
      La Résistance                             entière. Elle transmet des consignes
La Résistance Intérieure française, appelée     d’actions à une masse d’auditeurs et envoie
en France La Résistance, désigne                aux mouvements et réseaux de résistance
l’ensemble des mouvements, opérations et        des instructions sous la forme de messages
réseaux clandestins qui, durant la Seconde      codés.
Guerre mondiale, ont poursuivi la lutte contre       Les grèves, menées en dépit de
l’Axe et ses relais collaborationnistes. Cette  la violence de la répression, sont aussi des
lutte a commencé à l’Armistice du 22 juin       actes de résistance utilisés durant
1940 et s’est achevée lors de la Libération     l’Occupation, au même titre que la non-
en 1944.                                        exécution des ordres et des circulaires dans
      À l’été 40, malgré le traumatisme de la   les administrations.
guerre et la défaite de l’armée française, un   Parallèlement, la Résistance organise aussi
petit pourcentage de femmes et d’hommes         une filière d’évasion, en particuliers pour
refusent de voir leur pays se soumettre à       les aviateurs dont l’avion a été abattu ou
l’Allemagne et se faire démanteler. Ces         pour les juifs — le réseau Comète, dirigé de
personnes sont issues de toutes les familles Belgique par Andrée de Jong. Dans le même
de pensées politiques, religieuses ou           temps, attentats et sabotages se multiplient
philosophiques. Elles vont s’engager,           dans toute l’Europe. En France, le groupe de
souvent sans moyen, dans un nouveau type Missak Manouchian réalise près de
d’affrontement : la résistance. Des étrangers 70 attentats de juillet à octobre 1943.
combattent à leurs côtés : antifascistes        Des maquis s’organisent, notamment en
italiens, antinazis allemands, républicains     montagne.
espagnols réfugiés en France, immigrés               Une résistance caritative vient
polonais et arméniens, juifs apatrides…         également en aide aux persécutés du
Tous sont volontaires, engagés dans la lutte nazisme en leur apportant secours et
clandestine, risquant à tout moment d’être      protection — les juifs, mais aussi les familles
dénoncés, arrêtés, torturés, emprisonnés,       de résistants arrêtés ou déportés. On leur
exécutés ou déportés. Souvent jeunes, voire apporte des vêtements, de l’argent ou on les
très jeunes, ils représentent une petite        aide à se cacher. Des prêtres délivrent de
minorité courageuse, qui s’est transformée à faux certificats de baptême, des filières de
la fin de l’Occupation en un mouvement de       médecins clandestins s’organisent pour les
contestation beaucoup plus vaste, entraînant juifs dissimulés et les résistants blessés…
l’adhésion de la majorité des Français.         La Résistance doit surmonter nombre de
      La Résistance, considérée comme une       divisions en interne : d’abord par
force occasionnelle, n’est pas incluse dans     la cohabitation parfois conflictuelle entre
une stratégie élaborée par les Alliés.          communistes, non communistes et
Pourtant, elle mène un combat sur tous les      anticommunistes, entre partisans du général
fronts : politique, militaire, intellectuel,    de Gaulle et antigaullistes, mais aussi à
économique et social. La Résistance part de cause de désaccords sur le plan stratégique
rien, il lui faut donc innover et trouver des   entre ceux qui préconisent le sabotage et la
formes d’actions variées : graffiti, journaux,  lutte armée et les autres qui privilégient le
tracts, renseignement, manifestations,          renseignement, la propagande et l’aide aux
sabotage, lutte armée…                          prisonniers évadés — entre une « résistance
      Les résistants se regroupent et les       organisée » et une « résistance civile ».
noyaux initiaux deviennent des mouvements            Considéré comme le discours fondateur
dont l’action se focalise sur l’information par de la Résistance, l’appel du 18 juin 1940 du
la réalisation de journaux clandestins qui      général de Gaulle depuis Londres (diffusé

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                                                           Octobre                                   Murs de Fresnes
                                                                                                        18 février 2019
par la BBC, puis repris dans la presse et par      du Conseil National de la Résistance, lieu de
                      des radios étrangères) encourage la prise          débat et de négociation permettant de
                      des armes et à ne pas cesser le combat, et         maintenir la cohérence au sein de l’Etat
                      mondialise le conflit : « […] Le dernier mot       clandestin, qui apporte son soutien au
                      est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ?   général de Gaulle. L’arrestation de Jean
                      La défaite est-elle définitive ? Non ! […] Car     Moulin, le 21 juin 1943, ne remet pas en
                      la France n’est pas seule ! Elle n’est pas         cause cette fusion.
                      seule ! Elle n’est pas seule ! […] ». Cet appel         La Résistance a participé au succès de
                      aura pour conséquence l’engagement d’un            la stratégie alliée bien que son efficacité soit
                      plus grand nombre de personnes dans la             difficilement quantifiable. Il est certain que
                      résistance.                                        sans les résistants, la libération de la France
                           à compter de cette date, le régime de la      et la défaite de l’ennemi en Europe
                      France libre est fondé, et la Résistance           occidentale auraient été plus tardive et le
                      Extérieure française mise en place. Le             nombre de pertes plus élevé. Déraillements
                      général de Gaulle incarne la France qui ne         de trains, charges explosives, autant
                      plie pas, de nombreux citoyens et soldats          d’actions qui causèrent la mort de soldats
                      évacués notamment de Dunkerque                     allemands, l’empêchement de livraisons
                      cherchent alors à le rejoindre à Londres           d’armes ou la libération de prisonniers
                      pour poursuivre le combat au sein des              transférés vers l’Allemagne. Certaines
                      Forces françaises libres (FFL), qui                actions furent spectaculaires, d’autres moins
                      comprend aussi les forces navales et               directes ou plus discrètes : mise hors service
                      aériennes libres. Ce même été 1940, de             de lignes haute tension alimentant des
                      nombreux jeunes tentent de venir à Londres         usines, sabotage des transformateurs
                      pour continuer le combat et le général de          alimentant les centrales électriques,
                      Gaulle décide de leur donner une formation         destruction de locomotives, introduction de
                      d’officier, en février 1941 naît alors l’École     limaille dans les boîtes à graisse des freins,
                      des Cadets de la France libre.                     déboulonnage des rails, sabotage des
                           En 1941, les mouvements de résistance         écluses afin de paralyser les transports
                      de la Zone Sud (Liberté, Mouvement de              fluviaux, disparition simultanée d’une pièce
                      Libération nationale et Libération-Sud)            essentielle de telle machine et du stock des
                      donne mandat à Jean Moulin, ancien préfet          pièces de rechange, sabotage des câbles
                      révoqué par Vichy en novembre 1940,                téléphoniques… En 1942, on dénombre
                      d’obtenir des moyens de Londres. Le 25             environ 60 actions de sabotages par mois,
                      octobre 1941, ce dernier rencontre le              on passe à 136 au premier semestre 1943
                      général de Gaulle, et repart avec la mission       puis 514 au second, pour arriver à
                      de rallier les mouvements et de créer une          1080 actions au début de l’année 1944.
                      armée unifiée. Coordonnant les                          L’expression « prendre le maquis »
                      mouvements de la zone sud, le 27                   apparaît à la fin de l’année 1942, quand le
                      novembre 1942, Jean Moulin réunit un               gouvernement de Vichy instaure le Service
                      comité qu’il préside avec le général               du Travail Obligatoire (STO), suscitant une
                      Delestraint (chef de l’armée secrète), Frenay      vive émotion dans la population et poussant
                      (chef du mouvement Combat), d’Astier de            la jeunesse à être réfractaire à ce service.
                      La Vigerie (chef du mouvement Libération           Certains d’entre eux (ceux ne pouvant pas
                      Sud) et Levy (chef du mouvement Franc-             se cacher ou le plus souvent par réflexe
                      Tireur). Pierre Brossolette est chargé de          patriotique) deviendront des « maquisards ».
                      créer un comité de coordination des                La Résistance s’occupe d’eux et prend en
                      mouvements de zone nord.                           charge ces jeunes qui viennent grossir ses
                           Début 1943 — évènement historique             rangs. Elle leur fournit des faux papiers, les
                      dans l’histoire de la résistance intérieure        cache, les ravitaille et les encadre. La
                      française —, les chefs des différents              Résistance se développe, gagne en
                      mouvements décident d’établir une direction        importance avec l’arrivée de ces nouveaux
                      unique et d’unir leurs forces. C’est Jean          venus, et affirme ainsi sa légitimité au sein
                      Moulin qui en prend la tête. Le 27 mai 1943,       de la population.
                      à Paris, Jean Moulin réunit 8 mouvements
                      de résistance (3 de zone sud : Combat,
                      Libération sud, Franc-Tireur ; 5 de zone
                      nord : l’Organisation civile et militaire - OCM,
                      Libération Nord, Ceux de la résistance
                      - CDLR, le Front national), 6 tendances
                      (communistes, socialistes, radicaux,
                      démocrates populaires, l’Alliance
                      démocratique, la Fédération républicaine) et
                      2 syndicats (CGT et CFTC). C’est la création

                                                                                                               7/17
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Murs de Fresnes                                                Octobre
18 février 2019
Résistance et
communication
    Le graffiti                                        Le graffiti sert aussi de moyen de
Le graffiti est probablement le geste de          communication. On mentionne ses
contestation le plus simple à réaliser et         partenaires, son réseau, ses partenaires de
vraisemblablement la première et plus             détention, on s’indigne, on écrit une dernière
ancienne forme de résistance spontanée.           fois les noms des êtres aimés. On calomnie
Durant la Seconde Guerre mondiale, sa             une dernière fois l’ennemi et celui qui vous a
pratique prend de l’ampleur, dans les villes      dénoncé. L’écriture et les mots deviennent
et les villages français les « Vive De Gaulle »   des armes, un acte de résistance. Les mots
ou les « À bas Pétain » fleurissent entre les     des uns et des autres se chevauchent et,
croix de Lorraine (symbole de la résistance)      sans se répondre directement, sont pourtant
et les « V » de la victoire. Si bien que les      tous liés. Ils racontent l’Histoire.
Allemands stipuleront sur leurs affiches :
« l’altération de la présente affiche sera            Les chants
considérée comme un acte de sabotage et           Les chants permettent la communion et
puni des peines les plus sévères ».               le partage, ils passent à travers les murs et
La France occupée utilise ce mode de              permettent aux prisonniers d’exprimer leurs
communication pour résister. Dans la rue,         émotions, de se sentir unis et de ne faire
sur les murs des villes et les affiches de        plus qu’un.
propagande allemande, on trouve les                    Chant patriotique de la Révolution
premières traces du refus de l’Occupation.        française, la Marseillaise est devenue par
     Dans les lieux d’enfermement, les            la suite l’hymne nationale de la France.
résistants enfermés continuent d’utiliser ce      L’hymne, interdit en zone occupée durant
moyen d’expression. Ils signent de leurs          l’Occupation, s’épanouira dans la France
noms ou d’un pseudonyme les murs de leurs         libre et dans la Résistance. Les otages,
cellules, laissant ici ou là une date (souvent    les prisonniers, les condamnés à mort
d’exécution), un message pour les proches         reprenaient tous en cœur la Marseillaise.
encore en vie ou un dernier élan d’espoir         Symbole de la liberté, elle tient un rôle
(« vive la France »). Ce mode de                  important. Dans certaines prisons, les
communication devient une manière pour            résistants enfermés chantent tous les jours à
ces femmes et ces hommes de poursuivre            la même heure l’hymne national ou pour
leur combat, même entre les quatre murs           exprimer leur soutien à ceux qui vont se faire
d’une cellule de prison, et de laisser des        exécutés. Malgré l’interdiction des Allemands
traces pour la postérité.                         de chanter, malgré la torture, la prison
     Peu étudiés, ces graffitis, porteurs         chante. Quand un camp de concentration
d’émotion et d’enseignement, sont autant de       sera libéré, c’est bien souvent la Marseillaise
témoignages intimes au plus proche de             que l’on entendra. C’est aussi la Marseillaise
la vie de ces détenus. Durant leur                qui ponctue les annonces en langue
incarcération, beaucoup ont éprouvé               française de la BBC.
le besoin d’écrire ou de dessiner sur les              La Résistance française trouve son
murs et le mobilier de leur lieu d’internement.   hymne dans le Chant des Partisans, écrit au
Faisant d’abord fonction de calendrier, ces       printemps 1943 par Joseph Kessel et
inscriptions font avant tout mention de soi.      Maurice Druon sur une musique composée
La solitude et l’isolement agissent               par Anna Marly en 1941. Pour les français
différemment selon les individus. Signer de       qui le découvrent, c’est une mélodie
son nom, du bout d’une cuillère aiguisée ou       synonyme d’espoir qui glorifie la Résistance.
à l’aide d’une mine récupérée
clandestinement, sur un bout de mur, pour
attester de sa présence.

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                                                             Octobre                                   Murs de Fresnes
                                                                                                          18 février 2019
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                                       2

                      Moyen de communication à l’intérieur d’une cellule                    Radio Fresnes
                      1- Bouche de chaleur ou ascenseur
                                                                                             Une radio de prison désigne, le réseau
                      communication avec les cellules d’au-dessus et d’en              de communication clandestin mis en place
                      dessous. Possibilité de se servir de la technique de
                      l’ascenseur pour faire monter ou descendre (un contenant
                                                                                       par les détenus entre eux et avec l’extérieur.
                      fixé à une ficelle) des objets d’une cellule à l’autre.          Communiquer malgré les portes, les murs,
                      2- Canalisations
                                                                                       les grilles, les gardiens et le règlement, c’est
                      communication avec la cellule mitoyenne                          résister à l’intérieur de la prison. Tous les
                      3- Cloisons
                                                                                       moyens sont bons pour activer ce réseau de
                      communication avec les cellules de gauche et de droite           résistance appelé « Radio ».
                      4- Vasistas
                                                                                             On descelle un carreau du vasistas pour
                      communication par l’extérieur avec les autres cellules et        appeler les autres à l’extérieur (bâtiment en
                      avec l’extérieur. Possibilité de recourir à la balancoire (un
                      contenant fixé à une ficelle) pour faire passer des objets
                                                                                       face, cellules plus éloignées, la campagne),
                      d’une cellule à l’autre.                                         on décloue le chambranle de la fenêtre avec
                      Autres communications possibles
                                                                                       des outils de fortune et on utilise
                      pendant les douches, les promenades, les interrogatoires ou      « la balançoire » (un contenant fixé à une
                      les procès ; lors de la livraison des repas, des visites, par
                      l’intermédiaire des colis.
                                                                                       ficelle) pour se faire passer des missives,
                                                                                       des objets ou de la nourriture ; on grimpe sur
                                                                                       l’étagère pour parler aux cellules au-dessus
                               « Les voix de Fresnes                                   et en-dessous par la bouche de chaleur et
                          traversaient les murailles,                                  utiliser « l’ascenseur » (un contenant fixé à
                                                                                       une ficelle qui passe par le tuyau de
                                couraient le long des                                  chauffage) ; on parle à la cellule mitoyenne
                            façades, donnant, grâce                                    en collant sa bouche au mur ou en parlant
                          aux derniers entrants, les                                   par les canalisations ; on frappe sur les murs
                                                                                       et le sol pour entrer en contact avec les
                              nouvelles de la guerre,                                  autres cellules.
                         réconfortant celles et ceux                                         Les détenus trouvent, selon la
                        qui étaient “au secret” dans                                   configuration des lieux d’enfermement, de
                                                                                       nombreux moyens de communication et
                              les caches humides et                                    profitent de toutes occasions pour échanger
                                 sombres des étages                                    quelques mots : durant la distribution des
                         inférieurs, rendant compte                                    repas, pendant la douche, à travers les colis
                                                                                       qu’ils recevaient, et on renvoie son linge sale
                                  des interrogatoires,                                 à sa famille (via la Croix Rouge) qui
                          passant des consignes. »                                     contiennent des messages cachés.

                                          Témoignage de
                                     Jeannette L’Herminier
                                          (archives BDIC)

                                                                                                                            9/17
Dossier pédagogique                                                         Mabel
Murs de Fresnes                                                              Octobre
18 février 2019
© ECPAD - Les amis de Franz Stock
                                                                                                       Exécution au
                                                                                                       Mont Valérien,
                                                                                                       photo du sous-officier
                                                                                                       Clemens Ruther

Le parcours d’un prisonnier
   Lieu d’enfermement                              Lieux d’exécution
Pendant l’Occupation, les lieux                Le Mont Valérien
d’enfermement sont nombreux en Île-de-         Situé à Suresnes dans le département des
France :                                       Hauts-de-Seine, forteresse militaire, c’est
––La prison de la Santé, dans laquelle sont    l’un des sites principaux d’exécution de
  détenus et fusillés des militants            résistants et d’otages en France par
  communistes. Située dans le 14e              l’armée allemande. De 1941 à 1944, 1008
  arrondissement de Paris, elle est            hommes y sont exécutés.
  actuellement en travaux et fermée jusqu’en        Les condamnés, transportés en
  2019.                                        fourgon depuis les prisons francieliennes,
––La prison du Cherche-Midi, utilisée pour     sont d’abord enfermés dans une petite
  interner des opposants politiques et des     chapelle en attendant leur tour (certains y
  résistants. Fermée définitivement en 1950,   gravent un dernier message), puis
  elle est démolie en 1966.                    escortés jusqu’à la « clairière des
––La prison de Fresnes, dernière étape pour    fusillés », située en contrebas, entourée de
  de nombreux résistants avant l’exécution     hauts talus à l’abri des regards, où se
  ou la déportation. À partir de 1943, elle    dressent cinq poteaux d’exécution. Pour
  enferme les détenus importants de la         que le lieu ne devienne pas un symbole du
  Gestapo.                                     martyre de la Résistance, les corps sont
––La prison pour femmes de la Roquette, où     disséminés anonymement dans les
  sont internées 4 000 résistantes entre       cimetières de la région parisienne.
  1940 et 1944. Fermée en 1974, elle laisse         Dès le 18 juin 1945, le général de
  place à un square.                           Gaulle vient rendre hommage aux
––Le camp de Drancy, plaque tournante des      « massacrés et fusillés ». Le 11 novembre
  déportations juives en France. Le site       1946, 15 dépouilles de combattants de la
  abrite aujourd’hui un grand ensemble         seconde guerre mondiale sont inhumées
  d’habitations.                               dans une crypte (un seizième corps sera
––Le camp de Royallieu à Compiègne, camp       ajouté en 1952). Haut-lieu de la mémoire
  de transit avant la déportation.             nationale, le mémorial de la France
––Le Fort de Romainville, réquisitionné par    combattante qui l’habite rend compte de
  les Allemands en 1940 comme un camp          cette histoire. La crypte accueille les corps
  d’internement.                               de 11 militaires (dont 2 tirailleurs d’Afrique
                                               du Nord, 2 tirailleurs d’Afrique noire et
                                               3 membres des Forces françaises libres),
                                               ainsi que 5 résistants intérieurs (dont un
                                               FFI du Vercors et un de la résistance
                                               indochinoise) :

10/17                                                    Mabel                                                                      Dossier pédagogique
                                                          Octobre                                                                      Murs de Fresnes
                                                                                                                                          18 février 2019
––1. Diasso Kal Boutie (1919-1940),                                   Le stand de tir de Balard
                        soldat au 16e régiment de tirailleurs sénégalais, tué à
                        l’ennemi le 28 mai 1940 à Fouilloy (Somme) ;
                                                                                            Situé dans le 15e arrondissement de Paris, le
                                                                                            stand de tir de Balard est initialement destiné
                      ––2. Edmond Grethen (1898-1945),
                        inspecteur en chef de la garde indochinoise, fusillé par les
                                                                                            à la Police Nationale pour les entraînement
                        Japonais le 16 mars 1945 à Thakhek, Laos ;                          de tir. Dès juin 1940, il est réquisitionné par
                      ––3. Raymond Anne (1922-1944),
                                                                                            les Allemands et devient, dans le plus grand
                        sergent FFI, dit « Filochard », tué à l’ennemi le 21 juillet        secret, un lieu de tortures et d’exécutions.
                        1944 à Vassieux-en-Vercors, Drôme ;
                                                                                            Découvert à la Libération, détruit en 1964, il
                      ––4. Maboulkede (1921-1944),                                          n’en reste aucune trace aujourd’hui.
                        soldat au 24e bataillon de marche (BM 24) de la 1re division
                        française libre (1re DFL), tué à l’ennemi le 22 août 1944 à
                                                                                                 Les témoignages relatent : des poteaux
                        La Garde (Var) ;                                                    d’exécution ; un mur recouvert d’amiante
                      ––5. Berty Albrecht (1893-1943),
                                                                                            avec des centaines de traces de mains ; des
                        résistante, torturée, s’est suicidée à la prison de Fresnes         cercueils contenant chacun plusieurs corps ;
                        en mai 1943 ;
                                                                                            des fours alimentés au gaz destinés à brûler
                      ––6. Maurice Debout (1914-1944),                                      les corps des martyrs, qui n’ont jamais été
                        prisonnier de guerre, fusillé le 13 mars 1944 à Oberhonau
                        (Bavière) pour refus d’obéissance ;
                                                                                            retrouvés, une chambre à gaz.
                                                                                                 Le premier massacre a lieu le 6 juillet
                      ––7. Pierre Ulmer (1916-1940),
                        militaire au 4e régiment de dragons portés, tué à l’ennemi
                                                                                            1942. 143 personnes y sont torturées et
                        le 24 mai 1940 pendant la campagne de France à la ferme             fusillées. Parmi les victimes, figurent
                        de Berthonval (Pas-de-Calais) ;
                                                                                            5 lycéens du lycée Buffon (Jean-Marie
                      ––8. Georges Brière (1922-1944),                                      Arthus, 17 ans - Jacques Baudry, 20 ans -
                        matelot au 1er régiment de fusiliers marins, tué à l’ennemi
                        le 25 novembre 1944 à Giromagny (Territoire de Belfort) ;
                                                                                            Pierre Benoît, 17 ans - Pierre Grelot, 19 ans
                                                                                            - Lucien Legros, 18 ans), le réseau de
                      ––9. Caveau vide, réservé au compagnon de la Libération
                        qui va s’éteindre le dernier ;
                                                                                            renseignement et d’action de Robert Beck,
                                                                                            des Francs-Tireurs et Partisans français, des
                      ––10. Alfred Touny (1886-1944),
                        résistant, fusillé en avril 1944 à Arras (Pas-de-Calais) ;
                                                                                            Franc-Tireur - Main-d’oeuvre immigrée
                                                                                            (FTP-MOI) qui ont donné leur vie pour leur
                      ––11. Jean Charrier (1920-1944),
                        soldat au 152e régiment d’infanterie, tué à l’ennemi le 26
                                                                                            patrie d’adoption, des gaullistes, des
                        décembre 1944 à Courtelevant (Territoire de Belfort) ;              résistants Nacht und Nebel non identifiés.
                      ––12. Allal Ould M’Hamed Ben Semers (1920-1944),
                        soldat au 1er régiment de tirailleurs marocains, tué à              Déportation
                        l’ennemi le 6 octobre 1944 à Briançon (Hautes-Alpes) ;
                                                                                            On estime à un peu plus de 85 000 le
                      ––13. Mohamed Amar Hedhili Ben Salem Ben Hadj (1913-1940),            nombre de résistants déportés durant la
                        soldat au 4e régiment de tirailleurs tunisiens, tué à l’ennemi le
                        16 juin 1940 à Aunay-sous-Auneau (Eure-et-Loir) ;
                                                                                            Seconde Guerre mondiale. La moitié n’en
                                                                                            reviendra jamais. À partir de 1941, l’échec
                      ––14. Henri Arnaud (1907-1944),
                        commandant la 4e escadre de chasse, tué à l’ennemi le
                                                                                            des formes traditionnelles de répression et
                        12 septembre 1944 à Roppe (Territoire de Belfort) ;                 notamment des fusillades d’otages entraîne
                      ––15. Maurice (Marius) Duport (1919-1944),
                                                                                            l’instauration systématique de la déportation.
                        sous-lieutenant au 22e bataillon de marche nord-africain            Un flux régulier de déportés est envoyé vers
                        (22e BMNA) (1re DFL), tué à l’ennemi pendant la campagne
                        d’Italie, le 14 mai 1944 à San Clemente, Italie;
                                                                                            les camps de concentration du IIIe Reich,
                                                                                            sans savoir où ils sont emmenés.
                      ––16. Antonin Mourgues (1919-1942),
                        caporal-chef au bataillon d’infanterie de marine et du
                                                                                            L’application du décret NN (Nacht und Nebel
                        Pacifique (BIMP), tué à l’ennemi le 1er novembre 1942 à El          / Nuit et brouillard) — nom de code « des
                        Mreir (Égypte), au cours de la seconde bataille d’El
                        Alamein ;
                                                                                            directives sur la poursuite pour infraction
                                                                                            contre le Reich ou les forces d’occupation »
                      ––17. Renée Lévy (1906-1943),
                        résistante, décapitée le 31 août 1943 à la prison de
                                                                                            — du 7 décembre 1941, porte à son comble
                        Cologne (Allemagne).                                                cette logique. Le décret prévoit la déportation
                                                                                            secrète sur le territoire du Reich de toute
                                                                                            personne représentant « un danger pour la
                                                                                            sécurité de l’armée allemande ». Internées
                                                                                            dans un camp de concentration, dans
                                                                                            l’attente théorique d’un jugement, les
                                                                                            victimes sont vouées à disparaître sans
                                                                                            laisser de trace.

                                                                                                                               11/17
Dossier pédagogique                                                           Mabel
Murs de Fresnes                                                                Octobre
18 février 2019
Carte postale
                                                                                                  représentant la prison
                                                                                                  de Fresnes

Prison de Fresnes
Construit de 1895 à 1898 par l’architecte        incarcérés. Pierre Laval et Robert Brasillach,
Henri Poussin, l’ensemble rompt avec une         qui y consacre un cycle de poèmes, y sont
conception traditionnelle en étoile, au profit   exécutés en 1945. Durant la guerre
de longs bâtiments placés parallèlement les      d’Algérie, ce sont de très nombreux
uns aux autres et séparés par de larges          membres du FLN, les futurs dirigeants
espaces. Il répond à la double nécessité,        algériens et des « porteurs de valise » qui y
d’une part, d’instaurer un régime cellulaire     sont enfermés. Inversement quand
permettant de soustraire le condamné à           l’indépendance de l’Algérie est proclamée,
ses codétenus, et, d’autre part, de              c’est au tour de l’OAS, de généraux et de
remplacer les vieilles prisons parisiennes       nombreux militaires français d’en peupler les
par un établissement « modèle », situé en        cellules. Depuis octobre 2014, le
dehors de la capitale. Il s’agit de nettoyer     regroupement des islamistes y est testé : les
Paris de ses « rebus » avant l’exposition        éléments « radicaux » sont rassemblés dans
universelle de 1900. Hygiénique et               la même partie de la prison afin de les
fonctionnel, le nouvel établissement fut         empêcher de recruter au sein des autres
longtemps considéré                              détenus.
comme trop luxueux.                                   Aujourd’hui, Fresnes regroupe une
     Triste miroir, la population de Fresnes a   maison d’arrêt d’hommes, le centre national
toujours suivi l’actualité française et son      d’observation (CNO), une maison d’arrêt de
histoire. Pendant la Seconde Guerre              femmes et l’établissement public de santé
Mondiale, elle est le symbole du joug            national de Fresnes (EPSNF) installé dans
allemand et de la répression vichyste.           l’ancienne infirmerie centrale. C’est, après
Beaucoup de résistants sont passés par           Fleury-Mérogis, le second établissement
Fresnes, sans en revenir, qu’ils aient été       pénitentiaire français par sa taille et le
torturés à mort, fusillés ou guillotinés,        nombre de personnes incarcérées (plus de
déportés en Allemagne ou en Pologne.             2000 pour 1700 places).
« Une sorte de gare de triage, d’où l’on
partait pour l’inconnu ». Après la Libération,
durant l’épuration, des collaborateurs y sont

12/17                                                      Mabel                                      Dossier pédagogique
                                                            Octobre                                      Murs de Fresnes
                                                                                                            18 février 2019
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                                                                               Philippe Letailleur

                      10 individus                                                        surveille. Devenu agent du Komintern, il
                                                                                          dirige un réseau secret chargé de
                      10 noms ont été retenus parmis les 40 qui                           transmettre des informations aux services
                      ont été identifiés dans le livre de Calet :                         secrets soviétiques et de détruire des sites
                                                                                          agricoles réquisitionnés par les Allemands.
                      Bertie Albrecht                                                     Arrêté par la police allemande le 2 juillet
                      Née en 1893 à Marseille, infirmière durant la                       1942, emprisonné à Fresnes et à la Santé, il
                      première guerre mondiale. Mariée à un                               est condamné pour « activité de Franc-
                      banquier hollandais qui lui donne deux                              Tireur, espionnage et aide à l’ennemi ». Il
                      enfants, elle réside en Hollande puis en                            essaie de mettre fin à ses jours en prison
                      Angleterre. Elle s’intéresse à la condition                         pour éviter de parler sous la torture, il est
                      féminine, et de retour à Paris en 1931, milite                      fusillé au Stand de Tir de Balard le 6 février
                      pour le contrôle des naissances et le droit à                       1943
                                                                                          À vous et à la vie, lettres de fusillés du Mont-Valérien
                      l’avortement. Elle vient en aide aux réfugiés                       (1940-1944), Editions Tallandier et ministère de la Défense,
                      victimes du nazisme, devient surintendante                          2010 [dernière lettre de Robert Beck à ses enfants et à ses
                                                                                          amis]
                      d’usine et entre aux établissements Fulmen                          Web : https://drive.google.com/drive/folders/0BycvH011Lic_
                      de Vierzon. Elle fait passer la ligne de                            V2Z5b3NPNjdHWlE [sur Robert Beck et le stand de tir de
                                                                                          Balard]
                      démarcation à des prisonniers évadés, crée
                      aux côtés d’Henri Frenay le Mouvement de                            Frédéric Dejongh
                      libération nationale qui devient par la suite le                    Né en 1897 à Bruxelles, il est enseignant et
                      mouvement Combat. Arrêtée en avril 1942,                            directeur d’école primaire. Pendant la guerre,
                      condamnée à 6 mois de prison, elle simule                           il s’occupe de l’intendance de la
                      la folie pour être transférée dans un asile                         dissimulation d’aviateurs en Belgique. En
                      psychiatrique d’où elle est libérée par un                          avril 1942, il vient s’occuper d’opérations de
                      commando et l’aide de son médecin et de sa                          sauvetage à Paris dans le cadre du réseau
                      fille. Arrêtée de nouveau en mai 1943, elle                         Comète, filière d’évasion et d’acheminement
                      est torturée et incarcérée à la prison de                           de militaires alliés vers l’Angleterre, fondé
                      Montluc à Lyon, puis à Fresnes, où elle se                          par sa fille Andrée. Interpellé en juin 1943
                      pend dans sa cellule. Élevée au titre de                            par la police allemande, il est emprisonné à
                      compagnon de la Résistance, elle est                                Fresnes, condamné à mort « pour
                      inhumée dans la crypte du mémorial du Mont                          intelligence avec l’ennemi » et fusillé le 28
                      Valérien.                                                           mars 1944 au Mont Valérien. Sa fille, née en
                      Albrecht Mireille, Les oubliés de l’ombre, Éditions du Rocher,
                      2007                                                                1916, est une des rares femmes chefs de
                      Albrecht Mireille, Vivre au lieu d’exister. La vie exceptionnelle
                      de Berty Albrecht, Compagnon de la Libération, Éditions du
                                                                                          réseau de résistance. Arrêtée en mars 1943,
                      Rocher, 2015 [monographie par sa fille]                             elle est également incarcérée à Fresnes puis
                      Fresnay Henri, La vie finira, Éditions Robert Laffont, 1973.
                      [mémoires du fondateur de Combat]
                                                                                          déportée à Ravensbrück et Mauthausen dont
                      Granet Marie et Michel Henri, Combat, Histoire d’un                 elle revient vivante.
                      mouvement de Résistance, PUF, 1957.                                 d’Udekem d’Acoz Marie-Pierre, Andrée De Jongh. Une vie
                      Missika Dominique, Berty Albrecht, Perrin, 2005.                    de résistante, Racine, 2016.
                      [monographie]                                                       Jouan Cécile (Suzanne Wittek-de Jongh), Comète : histoire
                      Polack Emmanuelle, Femmes en résistance, Casterman,                 d’une ligne d’évasion, Veurne, 1948.
                      2015 [bande dessinée dont une partie est consacrée à B.             Web : http://www.cometeline.org/ [le réseau Comète]
                      Albrecht]
                      « Berty Albrecht par sa fille Mireille », http://www.dailymotion.
                      com/video/x1b5l0t                                                   Robert Delattre
                      Numéros du journal Combat sur le site de la BNF : http://
                      gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34501455d/date
                                                                                          Né en 1914 à Boulogne-sur-Mer, aide-
                                                                                          chimiste, il est mobilisé pendant la guerre.
                      Robert Beck                                                         Capturé et interné, il réussit à s’évader et à
                      Né en 1897 à Arpajon, il entre au PCF en                            rejoindre Londres. Recruté par Bureau
                      1925, en est « exclu » en 1935 afin de                              central des renseignements et action de la
                      brouiller les pistes de la police qui le                            France libre, il devient opérateur radio. Il

                                                                                                                                       13/17
Dossier pédagogique                                                         Mabel
Murs de Fresnes                                                              Octobre
18 février 2019
travaille aux côtés du Colonel Remy.                   au Mont Valérien.
Parachuté en Franc, il s’occupe de récupérer
des chargements et des hommes ou de les                Philippe Letailleur
faire partir. Arrêté en mai 1942, il est               Né en 1920 à Louviers. Avec sa bande,
incarcéré à Fresnes, où il décède à la suite           il participe à plusieurs vols. Le groupe se
des tortures endurées le 13 mai 1943 à                 livre en janvier 1944 au braquage de la paie
l’infirmerie de la prison. Son frère Pierre,           des salariés de l’entreprise de téléphonie
arrêté en juin 1942, est également enfermé à           SAGEM à Argenteuil et se fait arrêter
Fresnes et meurt en déportation.                       quelques semaines plus tard pour « vol à
Remy, Mémoires d’un agent secret de la France Libre,
Editions France-Empire, 1946-1961, 3 tomes.
                                                       main armée » par la police nationale. Les
                                                       membres du groupe prétendent agir pour la
Paul Docquois                                          Résistance au nom du réseau « Libre
Né à Calais en 1916, il travaille à la                 Patrie », mais travaillent pour leur compte.
Compagnie des chemins de fer du Nord puis              Condamnés à mort pour « vol et
à la SNCF. Après l’appel du 22 juin, il rejoint        banditisme », ils sont emprisonnés à Fresnes
la lutte clandestine au sein de la résistance          et exécutés le 20 juin 1944 au Stand de tir
ferroviaire et de différents réseaux. Il diffuse       de Balard.
des journaux clandestins, renseigne,
distribue des faux-papiers, se met en lien             Annick Pizigot
avec une filière de parachutage d’armes. Il            Née en 1924 à Locminé, elle travaille dans
rentre en contact avec L’intelligence Service          l’hôtel-restaurant de ses parents. Elle devient
et Résistance-Fer. Arrêté en mars 1944 par             très jeune membre des Forces françaises
la Gestapo, condamnée deux fois à mort                 intérieures (FFI) et agent de liaison du
pour « aide à des parachutistes et                     Bureau des opérations aériennes du
intelligence avec l’ennemi », il est libéré le 18      Morbihan, pour lequel elle transmet des
août 1944 à la libération de Paris. Il tient un        messages et des armes. Arrêtée en avril
journal sur sa détention à Fresnes. Après la           1944, elle est emprisonnée à Locminé, à
guerre, il est envoyé en Allemagne au                  Vannes puis à Fresnes. Condamnée à mort,
détachement d’occupation des chemins de                sa peine est commuée aux travaux forcés,
fer français. A son retour, il devient conseiller      elle est déportée à Ravensbrück, puis à
municipal de Deuil-La Barre. Il meurt en               Mauthausen. Libérée le 24 avril 1945 par la
1991.                                                  Croix Rouge, elle meurt en Suisse le 26
                                                       novembre 1945 des suites de sa déportation.
                                                       Docteur Devau, Jour d’épreuves dans le Morbihan,
Louis Jaconelli dit Le Valeureux                       Imprimerie Kapp, 1945.
Né en 1926 à Aubervilliers, Jaconelli travaille
chez un électricien. En 1943, approché par             Huguette Prunier dite Juliette
des militants communistes, il rentre à l’âge           Née en 1913 à Paris, Huguette Prunier dit
de 17 ans chez les Francs-Tireurs et                   Juliette, sténodactylo au Secours Rouge,
Partisans, dans le groupe Paul Vaillant                s’engage dans les Francs-Tireurs et
Couturier d’Aubervilliers. Arrêté le 12 avril          Partisans français en 1940. Elle est arrêtée
1944 par la Police française, les Brigades             le 2 août 1943 par la Gestapo avec son mari
Spéciales II, il est condamné pour «                   Robert Blache, journaliste à l’Humanité et à
participation à un groupe terroriste ». Il entre       la Défense, pour « propagande communiste
le 17 avril 1944 à Fresnes. Le 14 août 1944,           ». Le couple cache un poste de TSF dans
il part de Compiègne pour Buchenwald, puis             leur pavillon à Raincy pour le compte du
Dora-Ellrich où il meurt le 3 mars 1945                réseau soviétique de l’orchestre Rouge.
durant l’acheminement d’un convoi de                   Condamnée à mort par un tribunal allemand
malades vers Mauthausen.                               le 13 janvier 1944, elle est enfermée à
                                                       Fresnes et mise au secret. Elle meurt
André Lamarre                                          exécutée le 5 août 1944 à un endroit non
Né en 1926 à Paris, mousse-mécanicien                  renseigné.
dans la marine nationale. Il s’engage en               Bourgeois Guillaume, La Véritable histoire de l’orchestre
                                                       rouge, Nouveau monde éditions, 2015.
janvier 1943 dans les FTP Alsace Lorraine.             Hany-Lefèvre Noémi, Six mois à Fresnes, Ernest
Il participe à une expropriation punitive chez         Flammarion, 1945. [témoigne de la présence de Juliette]
un boucher (qui avait dénoncé des
réfractaires au STO), à un vol de textile à la
gare d’Austerlitz et au désarmement de
gardiens d’une usine de la Compagnie des
eaux de Gentilly. Il transporte des armes,
participe à un déraillement d’un train. Arrêté
en décembre 1943 par les Brigades
spéciales, puis livré aux Allemands, il est
incarcéré à Fresnes et fusillé le 5 avril 1944

14/17                                                               Mabel                                          Dossier pédagogique
                                                                     Octobre                                          Murs de Fresnes
                                                                                                                         18 février 2019
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