QUELLE REPRISE, QUELLE RELANCE DANS LES TERRITOIRES À LA SORTIE DU CONFINEMENT ? - ANALYSES ET PROPOSITIONS DE L'ADCF
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
QUELLE REPRISE, QUELLE RELANCE DANS LES TERRITOIRES À LA SORTIE DU CONFINEMENT ? ANALYSES ET PROPOSITIONS DE L’AdCF
I - ANTICIPER LES IMPACTS ÉCONOMIQUES ET TERRITORIAUX DE LA CRISE PANDÉMIQUE POUR CIBLER LES MESURES Les incidences du Covid-19 (coronavirus SARS- Pour sa part, l’institut Xerfi s’est efforcé CoV-2) sur l’économie réelle sont encore de réaliser un premier calcul à partir d’une aujourd’hui très difficiles à déterminer avec hypothèse de confinement de 45 jours (jusqu’à précision tant elles seront liées à la durée de la fin avril). Environ 50 % du PIB français est la crise sanitaire, à l’efficacité des dispositifs de relativement abrité compte tenu du poids soutien mis en place dans un cadre national, du secteur non marchand (administrations mais aussi aux actions coordonnées de relance publiques) et de certains secteurs peu affectés au niveau mondial (FMI, G20…) et européen. (immobilier). Par ailleurs, quelques secteurs marchands qui subissent actuellement le Les incidences de moyen terme sur les marchés choc pourront néanmoins compter sur des et les systèmes bancaires… font l’objet de effets de report sur le reste de l’année, ou de multiples études et prévisions mais qui n’ont rebond possible dans la durée. Il en est ainsi de qu’une valeur très relative tant que la crise certaines filières industrielles. D’autres secteurs sanitaire durera. Ces questions doivent être en (surtout de services) sont davantage concernés partie dissociées des travaux consacrés aux par des pertes non récupérables, sans report impacts sur l’économie réelle qui commencent possible (tourisme, activités culturelles, transport, à être estimés, à partir d’une analyse du double restaurants…) qui pèsent environ 25 % du PIB. choc d’offre et de demande. Quelques effets de substitution ont lieu en ce moment (e-commerce, livraisons à domicile, On peut déjà noter deux premières études produits culturels en ligne…) mais ils ne d’impact réalisées par l’INSEE et l’OFCE sur la compenseront pas les pertes. France. L’INSEE évalue l’impact d’un mois de confinement à environ une perte de 3 points de Au total, l’économiste Olivier Passet (institut PIB. L’OFCE parvient à un chiffre légèrement plus Xerfi) a proposé un premier calcul sommaire qui faible (- 2,6 %) mais du même ordre de grandeur. conduit à un choc de – 3,5 % de PIB sur l’année, avec des marges d’incertitude liées aux impacts Une étude de la Coface1 intègre une hypothèse du commerce mondial sur le secteur productif de confinement prolongé, avec un pronostic marchand, aux déformations des prix et des de récession de 6,8 % en France, proche de coûts du crédit2. l’Allemagne, plus élevé encore en Italie ; la zone euro subissant l’un des chocs les plus forts du De toute évidence, l’intensité et la profondeur monde. des chocs sur les PIB nationaux, les défaillances d’entreprises, l’emploi, le pouvoir d’achat des Ces évaluations des instituts macro- ménages, les déficits et dettes publics… sont économiques reposent naturellement sur des encore évolutives, largement tributaires de la hypothèses de travail et ne préjugent pas de durée des confinements stricts, mais aussi du la plus ou moins grande capacité à relancer rythme des futurs dé-confinements (l’Autriche l’activité économique, notamment par les a commencé à engager son dé-confinement dispositifs de soutien des entreprises via les progressif ce 6 avril !). mesures de chômage partiel et de trésorerie. Coface anticipe par exemple des taux de Les modèles prédictifs des instituts n’ont défaillance d’entreprises beaucoup plus élevés encore qu’une valeur relative car ils reposent aux Etats-Unis qu’en Europe. Dans le même sur des modèles conçus pour d’autres temps, ses modèles prédictifs prévoient une contextes. Beaucoup de choses dépendront récession moins prononcée aux Etats-Unis, en des décisions prises sur le plan politique, du partie en raison de la plus faible part d’intrants pilotage de la gestion de crise et de l’intensité dans leurs chaines de valeur nationales. des risques sanitaires. Il est également difficile de connaître les formes que prendra la reprise 2 1 https://www.coface.fr/Actualites-Publications/Actualites/Barometre-Coface-COVID-19-vers-une-montee-soudaine-et-mondiale-des-defaillances 2 V. la vidéo, https://www.xerficanal.com/economie/emission/Olivier-Passet-Un-premier-cadrage-de-la-recession-vue-par-l-economie-reelle_3748521.html
d’activité. Les comparaisons avec les crises sous-traitance qui ont alors subi les principaux antérieures (1968, 1974, 1993-94, 2008- chocs comme l’avait montré l’étude publiée 2009…) présentent d’importantes limites par l’AdCF, réalisée par Laurent Davezies pour car cette crise pandémique du Covid-19 est l’association et l’Institut CDC pour la recherche3 sans équivalent, combinant à la fois un choc à la suite d’un groupe de travail réuni pendant d’offre et un choc de demande. On assiste un an. L’étude avait analysé à la fois les différents de surcroît à des réorganisations des modes moteurs économiques des zones d’emploi et de production qui n’existaient pas lors des évalué leur exposition aux premiers effets de la crises antérieures (notamment le télétravail, crise. les productions 3D, l’essor de l’e-commerce…). La crise peut ainsi contribuer à accélérer des Les bassins d’emploi du grand quart Nord-est recompositions de processus productifs qui et du grand bassin parisien (hors Ile-de-France), étaient latents mais à rythme modéré. Economie les bassins industrialisés de Rhône-Alpes, de circulaire, relocalisation de productions, circuits Franche-Comté et de quelques autres régions, courts, réorganisations logistiques, nouveaux avaient subi les plus fortes baisses d’emploi (cf. commerces, travail à distance, digitalisation des cartes pages 5 et 7 extraites de l’étude). entreprises… peuvent connaître un changement de dimension à l’occasion de cette crise. En dehors de ces bassins au profil spécifique, les chocs économiques avaient été plutôt bien QUELS IMPACTS DE LA CRISE SUR L’ÉCONOMIE amortis par les stabilisateurs automatiques de RÉELLE ET SUR LES TERRITOIRES FRANÇAIS ? la protection sociale et des salaires publics. L’économie « présentielle » avait été moins A court terme, le mérite des premières réponses touchée, grâce à un maintien du pouvoir d’achat françaises à la crise est d’avoir protégé du et des revenus. Nombre de territoires, orientés mieux possible les trésoreries des entreprises essentiellement sur des activités résidentielles, et leur structure productive, via le chômage touristiques, ou non-marchandes, ont été partiel. La France bénéficie par ailleurs de relativement peu affectés par la crise de 2008. mécanismes amortisseurs puissants via son Contrairement à 1993-94, l’Ile-de-France avait niveau élevé de protection sociale et le poids moins subi la crise de 2008-2009 que d’autres des services non-marchands dans l’économie territoires. Les régions méridionales, la façade réelle. Ces stabilisateurs automatiques avaient atlantique, la Corse… ont même connu des massivement joué en 2009 pour atténuer la croissances de l’emploi entre 2007 et 2008. récession. Ils vont à nouveau jouer un rôle mais ne protégeront pas toute l’économie. TIRER LES ENSEIGNEMENTS (ET TENIR COMPTE DES LIMITES) DU PLAN DE RELANCE DE 2009. Alors qu’en 1993-94 (crise liée à la guerre du Golfe, marquée par l’effondrement de l’immobilier des grandes métropoles mondiales) la récession avait affecté plus fortement l’économie francilienne et celle des grands centres urbains (immobilier de bureau….), la crise financière de 2008-2009 s’était surtout traduite par une rétraction du tissu productif des bassins manufacturiers. Ce sont en effet les bassins d’emploi les plus orientés vers les activités de 3 3 La crise et nos territoires : premiers impacts, rapport préparé par Laurent Davezies pour l’AdCF et l’Institut CDC pour la Recherche (Caisse des Dépôts), octobre 2010? https://www.adcf.org/files/ADCF-etude-crise-20101105.pdf
EVOLUTION DE L’EMPLOI SALARIÉ PRIVÉ ENTRE 2007 ET 2008 Source : AdCF-Institut CDC pour La Recherche, Laurent Davezies, 2010 Cartographie : Patrick Poncet - MapsDesigners En intégrant une année de plus (2009) pour analyser les effets différés, et en corrélant les analyses aux « moteurs » des économies locales, l’étude avait confirmé la forte exposition des bassins productifs, la récession sur l’emploi se propageant vers l’ouest industrialisé. En l’espace d’une année, entre le 2e trimestre 2008 et le 2e trimestre 2009, les bassins d’emploi manufacturiers avaient enregistré une hausse du taux de chômage allant jusqu’à +114 %. Sur la période 2e trimestre 2008-1er trimestre 2010, cette augmentation a atteint jusqu’à 170 %. 4
VARIATION DU TAUX DE CHÔMAGE ENTRE 2008 (T2) ET 2009 (T2) DANS LES ZONES D’EMPLOI FRANÇAISES Source : AdCF-Institut CDC pour La Recherche, Laurent Davezies, 2010 5 Cartographie : Patrick Poncet - MapsDesigners
CRISE COVID-19 : DES IMPACTS TERRITORIAUX TRÈS DIFFÉRENTS À ANTICIPER D’ores et déjà, il est clair que la crise actuelle de l’Institut Xerfi sur les impacts prévisibles de se traduira par des impacts dont l’intensité la crise du Covid-19 sur les différents secteurs sera géographiquement contrastée et très d’activité, et en projetant ces impacts sectoriels différente de la dernière crise. Nombre de sur les territoires, il sera possible de proposer territoires « abrités » de 2008 ne le seront pas du rapidement une cartographie des territoires les tout cette fois-ci. Si les bassins de vie dont les plus exposés à la crise. revenus proviennent massivement des transferts sociaux (pensions de retraites, allocations, Une première analyse a été conduite par le remboursements des soins…) ou d’activités cabinet OPC en lien avec l’AdCF. La carte de non-marchandes peuvent compter sur la force la page 7 fait apparaître en teinte foncée les des stabilisateurs automatiques, les territoires territoires dont les emplois du secteur marchand très tributaires du tourisme, du bâtiment et sont très exposés à la crise actuelle. On retrouve de l’économie résidentielle marchande vont les territoires les plus dépendants des activités fortement subir la crise actuelle. Les inquiétudes touristiques (Alpes, Corse, littoraux…) mais aussi qui se font jour en Corse, sur les littoraux, en nombre d’intercommunalités à socle productif montagne, en Outre-Mer… sont parfaitement industriel important. Les mesures de chômage compréhensibles. L’AdCF va de fait s’intéresser partiel et certaines aides de trésorerie vont aux effets territoriaux de la crise et à ses impacts contribuer à protéger ces emplois mais ils différenciés en fonction des moteurs de demeurent plus exposés à la crise et aux pertes développement. de chiffre d’affaire. En évaluant la crise à l’aune de ses impacts « asymétriques » sur les différents secteurs d’activités, il est également possible d’évaluer en partie ses futurs impacts territoriaux. Les analyses des tissus économiques locaux réalisées ces dernières années par l’AdCF (cf. notes économiques sur les intercommunalités ou étude sur les moteurs des agglomérations françaises) ont permis de mesurer les différences des profils productifs des territoires et de leurs portefeuilles d’activités. En utilisant les analyses de l’OFCE, 6
Même si tous les territoires seront affectés LA SOLIDITÉ DES ENTREPRISES AVANT CRISE par les difficultés du bâtiment, des travaux publics, des activités hôtelières, culturelles, Une autre clef de lecture de la crise, tout à fait évènementielles… leur dépendance complémentaire, peut partir de l’état de santé économique à ces secteurs n’est pas la même et la solidité des économies locales avant la partout. La carte fait apparaître des territoires crise. Un travail a été engagé entre l’AdCF et la ruraux également proportionnellement moins Banque de France, dont les premières cartes ont affectés en raison, sans doute, du maintien été présentées lors de la convention nationale plus important de l’activité agricole et agro- de l’association à Nice en octobre 2019, pour alimentaire. Le poids dans l’économie locale évaluer la « résilience » des économies locales des administrations publiques, des structures à partir du poids de l’emploi salarié situé dans hospitalières, des filières agro-alimentaires, des entreprises jugées fragiles (cotations 5 des quelques secteurs tertiaires marchands et 6 de la Banque de France), à l’exclusion qui ont pu maintenir leur activité (sous forme des entreprises menacées ou compromises de télétravail) … peut jouer un rôle très (cotations 7 et 8). Les critères sont la capacité stabilisateur et contra-cyclique sur l’emploi et la jugée faible ou très faible de l’entreprise à consommation. honorer ses engagements financiers à l’horizon de 3 ans. L’étude propose une analyse à l’échelle de chaque intercommunalité. Elle ne porte pas sur toutes les entreprises mais sur celles 7
auxquelles la Banque de France attribue une dans des entreprises fragiles en 2019, donc avant cotation, à savoir les entreprises disposant d’un le déclenchement de la crise. Ce sont pour la chiffre d’affaires supérieur à 750 k€. Beaucoup plupart des territoires ruraux, ou semi-ruraux, de très petites entreprises ou d’auto-entreprises fragiles, avec des concentrations fortes dans des sont donc hors périmètre, mais elles pèsent départements comme la Nièvre, l’Allier, la Marne, faiblement dans l’emploi local. l’Orne, l’Eure, le Pas-de-Calais, les Pyrénées- Orientales… La carte ci-dessous propose ainsi un indicateur de fragilité structurelle de l’économie Trésoreries fragiles, chiffres d’affaires peu marchande des intercommunalités. Certaines toniques et rentabilités faibles… caractérisent voient plus de 40 % des effectifs des entreprises les entreprises cotées 5 et 6. En termes de (de plus de 750 k€) du secteur marchand situés résilience, ces données sont donc intéressantes. PART DES EMPLOIS SALARIÉS PRIVÉS OCCUPÉS DANS LES ENTREPRISES FRAGILES (COTÉES 5 ET 6 PAR LA BANQUE DE FRANCE) À L’ÉCHELLE DES INTERCOMMUNALITÉS, EN % Si moins de 50 salariés concernés, le territoire n’est pas représenté Source : Banque de France, 2020 De même que les chocs varieront en intensité différencier les situations et demeurées ciblées, d’un territoire à un autre, ce sont donc aussi les pilotables localement au vu des situations entreprises et les secteurs d’activité qui seront particulières. Des dispositifs « aveugles » à inégalement exposés. De fait, les mesures des ces spécificités pourraient produire des effets plans de soutien actuels, comme les mesures d’aubaine peu compréhensibles et coûter très d’aide à la reprise puis à la relance, se doivent de cher aux finances publiques. 8
II - PRÉPARER LA SORTIE DE CRISE En 2009-2010, les mesures du plan de les leviers proposés en direction des territoires relance, suite à la grande récession de et du secteur public local. Des mesures plus 2008, se sont traduites par un soutien massif ciblées, moins automatiques, devraient être de la consommation des ménages qui a envisagées. Il faudra néanmoins un pilotage maintenu provisoirement l’activité. Dans son agile pour avoir un effet déclencheur rapide, et évaluation du plan de relance, la Cour des porter sur des projets d’investissement pouvant Comptes4 distinguait le rôle des stabilisateurs être engagés rapidement, sans procédures trop automatiques liés au modèle social français longues. (et particulièrement puissants), des mesures budgétaires spécifiques mises en œuvre au titre LA NÉCESSITÉ D’UNE APPROCHE TRÈS du plan. TERRITORIALISÉE DU DÉCONFINEMENT Au sujet des stabilisateurs, la Cour écrivait : « Le La nouveauté radicale de la crise du Covid-19, Fonds monétaire international – FMI – évalue portant à la fois sur des chocs d’offre et de la contribution positive de ces stabilisateurs à demande, liés pour l’essentiel à des mesures 0,6 point de PIB en 2008 et 1,9 point en 2009, de confinement, impose de repenser la reprise contre une moyenne de respectivement 0,3 progressive de l’activité, territoire par territoire point et 1,2 point dans les pays du G20. L’effet (logique de bassin de vie). Accès au travail, combiné des stabilisateurs a conduit, sur deux réorganisation des circuits de distribution, remise ans, à un avantage d’environ 1 point de PIB en en route des services publics, réouvertures France, limitant la baisse du PIB à 2,5 % en 2009 des commerces et des équipements collectifs, alors qu’elle a été de 4,2 % pour l’ensemble de reprise des chantiers de bâtiment et de travaux la zone euro et d’environ 5 % en Allemagne, en publics… vont imposer des approches très Italie et au Royaume Uni ». décentralisées, avec des analyses au cas par cas, fortement négociées (avec les salariés, les La Cour se montrait en revanche assez critique riverains, les autorités administratives…). D’ores et sur le Plan de relance lui-même, le choix des déjà de très nombreuses initiatives ont été prises leviers retenus et son pilotage. Le choix de sur le terrain pour s’adapter à la situation, trouver constituer un ministère dédié n’était pas mis des solutions adaptées, concilier continuité en cause mais elle lui reprochait de n’avoir d’activité et augmentation des protections pas animé le dispositif avec l’ensemble des sanitaires. opérateurs, collectivités, entreprises publiques. Sur les services publics essentiels, les soutiens Sur l’investissement public, elle considérait que aux personnels de santé, les actions de solidarité la mesure-phare, à savoir les remboursements en direction des populations vulnérables, la anticipés de TVA via le FCTVA, n’avait pas eu résilience des territoires a été le plus souvent de réel effet de volume, jouant davantage un remarquable, donnant lieu à des entraides et effet de trésorerie, permettant aux bénéficiaires des collaborations insoupçonnées. C’est de de réduire leur besoin de financement. La Cour toute évidence sur ces capacités qu’il faudra n’hésitait pas à évoquer un « effet d’aubaine » s’appuyer pour organiser la reprise d’activité. sans véritable effet multiplicateur sur l’investissement public dans la durée, ni sur son Il y aura même tout à gagner à pérenniser orientation stratégique. dans la durée ce « capital social » qui s’est construit à l’occasion de la gestion de la crise : En tirant les enseignements du précédent de engagements bénévoles, réseaux d’entraide, 2009-2010, il serait donc nécessaire de repenser implication des industriels, nouveaux circuits 4 http://www.assemblee-nationale.fr/13/pdf/cr-cfiab/09-10/c0910102.pdf 9
de distribution, solidarités de voisinage… Ces Les activités moins immédiatement essentielles réseaux peuvent contribuer à renforcer la (équipements culturels, sportifs…) devront cohésion sociale et représenter une forme de également être progressivement remises en création d’activités et de richesses, sous une ordre de marche, sans pour autant conduire forme non-monétaire (mais chacun connaît à des regroupements collectifs massifs. les limites du PIB au regard des critères de Certains équipements se prêteront mieux au richesses). déconfinement que d’autres (ex. courts de tennis vs terrains de rugby ; plages et bases ASSURER LA REPRISE AVANT LA RELANCE nautiques vs piscines fermées). Avant même d’engager un plan de relance Des politiques de gestion de flux, via des de l’économie, c’est à un plan national de systèmes de réservation, pourraient être reprise de l’activité qu’il va falloir s’atteler, envisagées pour un retour très progressif à afin de réduire au maximum les pertes de l’activité normale, avec des enjeux de politiques chiffre d’affaire, les difficultés de trésorerie tarifaires adaptées pour les publics prioritaires, et le coût exorbitant du chômage partiel. des créneaux réservés, des horaires conçus en Ce plan national devra être discuté avec les conséquence. organisations patronales et de salariés, les diverses fédérations professionnelles et filières AMORTIR L’EFFONDREMENT DU TOURISME ET stratégiques, mais aussi avec les différents PRÉPARER LE REBOND niveaux de collectivités. Il se confirme que l’activité ne pourra reprendre que de manière Le déconfinement s’opérant à la veille de la différenciée, ajutée à des réalités évolutives, et saison estivale, il sera essentiel de réfléchir nécessitant des coordinations fortes aussi bien à la manière de l’articuler avec les activités au niveau des chaînes de valeur ou filières pour touristiques, durement touchées au printemps. synchroniser les montées en cadence, qu’au Cet enjeu sera capital pour de nombreux sein des régions et des territoires. territoires pour lesquels il constitue un moteur économique essentiel, voire principal (le A l’échelle des agglomérations et de nos bassins tourisme porte près de 30 % du PIB en Corse de vies, des plans territoriaux de reprise de par exemple). l’activité pourraient être proposés au cours des prochains mois pour coordonner et planifier La fermeture des frontières étant amenée à se la reprise des chantiers de BTP, sécuriser les prolonger (hors dérogations), il faudra réfléchir lieux de travail (zones et parcs d’activités), leurs à une organisation adaptée en mobilisant toute dessertes, leurs équipements collectifs (cantines, la profession. Pour éviter les regroupements sur restaurants…). les mêmes lieux, des incitations pourraient être données pour lisser les pics touristiques dans De même, c’est à l’échelle locale qu’il faudra le temps en jouant sur une période estivale très sans doute planifier les réouvertures des large, du 15 juin au 15 septembre par exemple, établissements scolaires, péri-scolaires et de et en multipliant les destinations possibles. Des garde d’enfants, en lien étroit avec l’offre de plans « découvertes » pourraient être conçus transport scolaire et de structures d’accueil. pour proposer un tourisme diffus, mieux Dans les intercommunalités, les conférences réparti sur le territoire national, avec des courts de maires devraient permettre d’assurer ou longs séjours, dans un cadre régional ou des coordinations régulières et efficaces. La national. gestion des mobilités mais aussi des offres de stationnement devra être également Un volet social devra être intégré pour les coordonnée, en lien avec les activités de populations qui partent peu, et qui auront logistique et de livraison, pour assurer des flux souvent subi les formes les plus éprouvantes plus importants, mais compatibles avec les de confinement (immeubles collectifs, mesures durables de distanciation. surpeuplement des appartements…). 10
Les territoires de résidences secondaires ou de maisons de familles seront certainement Il est désormais confirmé que la reprise graduée très prisés cet été, ce qui peut constituer un des activités, adaptée aux consignes sanitaires, levier de rattrapage pour certaines destinations. aura à combiner des « publics » dé-confinés et Le roulement dans les occupations devrait des personnes plus exposées, encore soumises être facilité par les locations ou les prêts, la à des recommandations de confinement strict. performance des plateformes numériques. Un plan de reprise d’activité puis de relance Les offices de tourisme devraient être incités, dès de l’économie gagnerait à combiner, à la sortie que se préciseront la stratégie de déconfinement du confinement, à la fois un soutien fort de la et les consignes à respecter, à concevoir avec commande publique (augmentée en volume et leurs partenaires des offres territoriales adaptées réorientée en priorités), des mesures de relance (évènements, visites, systèmes de réservation…). de la consommation, si possible favorables aux L’étalement de la saison sur une longue durée, biens et services « made in France », respectant rendue possible par la non-réouverture des des standards écologiques européens classes, mais aussi le besoin d’aération des (éco-conception), et une réorganisation en familles après le confinement, peut contribuer conséquence des chaines de valeur. à limiter les impacts de la crise sur les activités touristiques, tout en les orientant sur des formes plus soutenables de tourisme (réduction du « sur- tourisme », moindres pressions sur les milieux…). III - STIMULER L’INVESTISSEMENT LOCAL ET LA COMMANDE PUBLIQUE Le plan de reprise et de relance doit contribuer à être une manière de se rassurer, mais il convient consolider le rebond de la commande publique de rappeler que le sous-investissement public qui commençait à être constaté depuis deux est une caractéristique lourde de la plupart ans, après les très fortes chutes des années 2014- des Etats membres de l’Union européenne 2017. (Scandinavie mise à part), et particulièrement de l’Allemagne qui accumule des retards Sous l’effet des coupes brutales dans les préoccupants dénoncés par ses propres milieux dotations de l’Etat aux collectivités, mais aussi économiques. des contraintes budgétaires des hôpitaux, des opérateurs de l’Etat, puis des bailleurs sociaux, En 2014-2015, redoutant les impacts des la commande publique a atteint un niveau baisses de dotations aux collectivités, l’AdCF historiquement bas en 2016. Les marchés de avait appelé à des assises nationales de travaux ont particulièrement reculé depuis l’investissement pour déterminer des priorités 2012-2013, conduisant la France a une situation stratégiques. Le document d’analyses et de critique, proche du seuil de dépréciation de propositions qu’elle avait adressé au Premier la valeur de ses actifs. Certains secteurs sont ministre comprend des suggestions qui restent marqués par d’évidents déficits d’investissement valables aujourd’hui5. (canalisations, lignes ferroviaires, ouvrages de génie civil, infrastructures routières, écoles…). Se comparer aux autres pays européens peut 5 https://www.adcf.org/articles-assises-de-l-investissement-les-analyses-et-propositions-de-l-adcf-2191 11
En réponse à ces propositions, des assises domaines. Par rapport à l’année haute de 2012 régionales de l’investissement avaient été (96 milliards d’euros de marchés attribués), les réunies à l’initiative du gouvernement Valls années 2014-2018 ont été marquées par une sous l’égide des préfets de région, mais sans baisse de 20 milliards par an, soit une réduction lendemain. De fait, la mandature 2014-2020 des cumulée de près de 100 milliards sur cinq ans. élus municipaux et intercommunaux aura été, sur la durée, marquée par une commande publique de très basses eaux, au risque d’accumuler des « dettes grises » dans un certain nombre de LA COMMANDE PUBLIQUE PUBLIÉE EN FRANCE (EN MD€) -8,8 % 96,0 92,2 87,5 78,4 77,4 77,3 76,7 72,2 -3,9 % -16,2 % -0,7% -6,0 % 7,3% 1,2 % 11,6 % 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Baromètre de la commande publique AdCF / CDC Commande publique : près de 100 milliards d’euros de marchés attribués par an L’AdCF a constitué avec la Banque des territoires un observatoire de la commande publique renseigné par la société Vecteur Plus qui recense tous les marchés publics publiés et attribués. Ce baromètre fournit des indications précises, depuis 2012, trimestre par trimestre, des volumes des marchés publics, à la fois en montants budgétaires et en nombre de lots, selon les territoires, les autorités adjudicatrices (Etat, opérateurs, collectivités, entreprises publiques locales, hôpitaux, bailleurs sociaux…), les destinations de la commande (transports, bâtiments publics, réseaux d’eau, énergie, numérique…), les natures (travaux, services, fournitures, ingénieries…). Après avoir fortement dévissé entre 2014 et 2016, notamment sous l’effet des baisses de dotations aux collectivités, la commande publique a commencé à se redresser à partir de 2017 pour revenir en 2019 à des niveaux proches de ceux de 2012-20136. 12 6 https://www.adcf.org/articles-barometre-de-la-commande-publique--les-intercommunalites-contribuent-tres-fortement-a-la-reprise-5156/
En 2019, l’AdCF et la Banque des territoires La vidéo d’Alexandre Mirlicourtois, de l’institut ont constaté une forte reprise et un retour à Xerfi, explique très bien l’impact de la crise sur un niveau proche des flux de commande des le BTP et ses effets économiques8. années hautes (2012-2013). L’un des enjeux sera d’éviter un nouvel effondrement au cours des Comme on l’a vu plus haut, le « bloc communal » prochains mois. constitue, avec ses nombreux organismes rattachés (syndicats mixtes, entreprises Les données sur la commande publique aux publiques locales, CCAS …), le principal fer de mois de mars-avril 2020 seront naturellement lance de la commande publique. En 2019, la très affectés par la crise sanitaire, mais il convient commande publique de ce dernier a représenté de tenir compte de sa superposition avec les 41 milliards d’euros soit près de 50 % de la échéances électorales du « bloc communal ». Au commande publique totale, via les communes, regard du poids déterminant de ce dernier dans les communautés et métropoles, mais aussi les la commande publique, une chute importante syndicats mixtes (transports, déchets, eau…). Par de celle-ci était prévisible en tout état de cause, ailleurs, une bonne part des 5 milliards d’€ de indépendamment de la crise. La société Vecteur commande des offices publics HLM et des 2,8 Plus compare ainsi la période actuelle, marquée milliards d’€ des entreprises publiques locales par une compression forte du nombre d’appels (SEM, SPL, SEMOP) peut être rattachée au « bloc d’offre avec la période équivalente de mars-avril communal ». 2014. La chute de moitié des appels d’offres et des marchés en mars est dans l’ordre des choses Le report des élections, au mieux à l’automne (elle aurait eu lieu sans la crise)7. voire au-delà, aura pour effet de prolonger les effets du cycle électoral, puis de la crise Mais la question qui va se poser désormais est sanitaire, et de renvoyer très loin la reprise celle du gel des chantiers et des « flux » d’appels de la commande publique. La première d’offre, des reports des dates limites pour les préoccupation sera de « purger » les retards dépôts de dossiers, la prudence sur les projets pris sur les chantiers engagés et dont la reprise futurs, les interrogations des exécutifs locaux va accaparer les capacités de production, sans prorogés à titre transitoire pour gérer les affaires permettre de rebond. courantes mais qui se sentent moins légitimes pour prendre des décisions engageant l’avenir. Il sera de fait fondamental de faire redémarrer dans les meilleurs délais, et avec toutes les Stoppés à 90 % début avril, les chantiers de précautions sanitaires requises, les chantiers construction (BTP) qui étaient déjà ouverts interrompus, reprendre l’instruction des dossiers vont progressivement accumuler les retards et suspendus (il est à noter que de nombreuses bloquer toute reprise. Ce secteur représente intercommunalités poursuivent l’instruction des à lui seul 1,5 million de salariés et approche les autorisations d’urbanisme)… afin de réduire les deux millions avec les non-salariés (314 000). Il « stocks » des chantiers et dossiers en attente pèse environ à lui seul 5 % du PIB, mais il s’insère d’ici l’été. Des efforts de rattrapage pourraient surtout dans des chaines de valeur multiples être conduits avant la période estivale (et si qui dépendent de lui. Il exerce de très forts possible pendant celle-ci). effets d’entrainement tant en amont (cabinets d’études, aménageurs, architectes, AMO…) Aussi semble-t-il utile de distinguer une relance qu’en aval (professions immobilières, activités en deux temps : de maintenance…). Le secteur de la construction • une première phase concentrée sur la a surtout un rôle essentiel dans l’entretien du reprise de l’activité et la remise en route patrimoine du pays et la valeur de ses actifs tant des circuits économiques massivement publics que privés. désorganisés. Cette phase devrait durer plusieurs mois, qui laisseront le temps 7 https://app.gotowebinar.com/unified/index.html#/webinar/5664699705394440971/attend/6667184929623969549 13 8 https://www.xerficanal.com/economie/emission/Alexandre-Mirlicourtois-SPECIAL-CRISE-le-coup-d-arret-du-BTP-et-l-impact-sur-l-economie_3748524.html
d’élaborer une stratégie plus complète ; • une deuxième phase de véritable relance, adossée à une stratégie approfondie et Un fléchage privilégié des crédits budgétaires négociée (Etat, opérateurs, collectivités, du plan de relance consacrés à l’investissement filières professionnelles…), cohérente avec public local pourrait s’opérer en direction de les grands programmes opérationnels ces programmes structurants, et réduire toute européens, les outils contractuels (contrats propension au saupoudrage. Contrairement Etat-régions…) et programmes, des exécutifs à la mesure budgétaire de 2009 (FCTVA), locaux et territoriaux renouvelés. ouverte sans aucune discrimination des projets ni conditionnalité (potentiel fiscal, impacts des POUR UN RENDEZ-VOUS STRATÉGIQUE chocs économiques, caractère prioritaire des CONSACRÉ À LA RELANCE DANS LES projets…), le volet investissement public du TERRITOIRES plan de relance devrait être ciblé sur quelques priorités fortes et visibles, en réponse aux Dans le cadre d’un vaste plan de relance, la mise enseignements de la crise sanitaire. Des pactes en place d’un « Grenelle » de la commande territoriaux de relance et de croissance publique (- celui-ci pouvant s’appeler Assises, devraient être proposés pour prendre le relais Comité stratégique, Conseil national… peu des dispositifs existants (contrats de ruralité, importe –) réunissant les principales parties contrats de villes, contrats sectoriels…). prenantes serait opportun pour bâtir ce volet territorial d’un plan de relance de l’économie. QUELQUES AXES STRATÉGIQUES À PRIVILÉGIER Un pilotage par le ministère de la cohésion Parmi les axes prioritaires de ces plans des territoires, en lien étroit avec les ministères territorialisés peuvent être évoqués les thèmes de l’Ecologie et de l’Economie, aurait tout son suivants : sens. Cette instance pourrait s’appuyer sur des instances comme la Médiation des entreprises AU TITRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE : (qui intègre l’ancienne médiation des marchés publics), la Banque des territoires… • soutiens budgétaires aux actions d’efficacité énergétique des logements Ce « Grenelle » de l’investissement public (publics, privés), des bâtiments publics et territorial aurait pour intérêt d’intervenir équipements collectifs (piscines, théâtres…) ; dans une phase préparatoire des grandes • soutiens à la résilience territoriale et aux programmations pluriannuelles 2021-2026 que adaptations aux changements climatiques sont notamment les programmes opérationnels (gestion des milieux aquatiques et européens et les contrats Etat-région. prévention des inondations, identification La déclinaison du « Green deal » annoncé au des infrastructures à risques, préservation des niveau européen n’aura de sens qu’en s’appuyant zones humides, renaturation…) ; sur une très forte territorialisation de sa mise en • investissements massifs d’entretien et œuvre. de renouvellement sur les réseaux d’eau et assainissement, traitement des micro- Ces programmations gagneront également polluants, préservation quantitative et à s’appuyer sur les nouveaux programmes et qualitative de la ressource ; contrats engagés depuis quelques mois comme • soutiens des projets d’économie circulaire ; Cœurs de villes, Territoires d’industrie, contrats • développement des filières de recyclage de transition écologique (CTE), nouveaux et de réemploi ; contrats locaux de santé portant le plan Ma • soutiens aux actions de reconquête de la santé 2022, programme d’efficacité énergétique biodiversité (et à ses fonctions sanitaires), à (SARE), les programmes de rénovation urbaine… la réduction des consommations foncières 14
(renaturation, optimisations foncières…), à la • accompagnement des grandes mutations nature en ville ; du commerce (combiner e-commerce et • conversion accélérée de nos modèles commerces de proximité, nouveaux circuits agricoles : réduction des phyto, renforcement de distribution…) ; des circuits courts via les projets alimentaires • accélération des programmes territoriaux, montée en puissance des filières d’équipement numérique du territoire (dont bio (pour faire face à la croissance de la les infrastructures de stockage), renforcement demande) ; de la sécurisation des systèmes et données, • soutien aux nouvelles formes de mobilités soutiens aux projets d’inclusion numérique du quotidien (transports collectifs, co- et de la digitalisation des organisations voiturage, développement du vélo et (entreprises, administrations, éducation…) ; des vélos à assistance électrique), au • investissements dans les compétences verdissement des flottes de véhicules, à la (formations à distance, certifications…). qualité des interconnexions (pôles gares…) ; • améliorations de nos infrastructures AU TITRE DE LA COHÉSION SOCIALE ET routières (éclairage plus sobre, enrobés TERRITORIALE : amortisseurs de bruit, perméabilisation et franchissement pour les corridors • relance de la production de logements écologiques, récupération des métaux sociaux (en chute depuis deux ans) et lourds…) ; programmes de rénovation urbaine ; • maîtrise des consommations énergétiques • structures d’accueil et d’hébergement liées à l’essor du numérique (récupération d’urgence ; énergie fatale des Data centers…) ; • adaptation de l’habitat au vieillissement et • incitations fortes à des modèles de aux enjeux de l’autonomie ; production énergétiques décentralisés • contrats locaux de santé pour conforter et (méthanisation, biomasse…), aux énergies déployer les CPTS ; renouvelables ou décarbonées (hydrogène • investissements massifs sur les hôpitaux, les vert…), aux modèles d’autoconsommation. GHT et les réseaux de soins (renforcement du plan en cours pour déployer les CPTS) ; AU TITRE DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE : • soutiens des maisons France services ; • consolidation des réseaux de services • stratégies de relocalisation d’activités à domicile (portage de repas, services industrielles (cf. « pactes de relocalisation » postaux…) ; lancés en Grand Est, mobilisation annoncée • appui au tissu associatif local pour faire de la Banque des territoires…) ; face aux urgences sociales ; • financement accéléré des projets • investissement social fort dans d’investissement des Territoires d’industrie ; l’employabilité et l’insertion économique ; • soutiens aux projets de décarbonation, • renforcement des dispositifs de sobriété et d’efficacité énergétique d’engagement civique et de solidarités (innovations techniques et sociétales) ; actives (réserves civiques et sanitaires, plans • recyclage de fonciers industriels (friches) de mobilisation…) ; et requalification des zones d’activités (pour • reconquête des centralités (Cœurs accueillir de nouveaux investissements) ; de villes, petites centralités…) et • investissements dans les compétences et encouragements de nouveaux modèles la R&D ; d’urbanisation résilients aux changements • relance de l’activité touristique orientée sur climatiques et protecteurs de la biodiversité. des offres à plus forte valeur ajoutée (plus diffus sur le territoire national en termes de destination) ; 15
Il sera nécessaire de réduire le plus possible entrés en fonction, peuvent réfléchir à leurs les effets du cycle électoral, prolongés par le premières décisions. Dans les autres communes report des élections, en autorisant des décisions et au sein des intercommunalités, un travail exceptionnelles dans la période provisoire de recensement des projets ou de décisions (notamment sur des travaux d’entretien qu’une d’investissement d’entretien courant, rapides bonne gestion impose) et en commençant à mettre en œuvre, pourrait être encouragé. à réfléchir au lancement de programmes Des recommandations pourraient être faites d’investissement territorialisés dès la fin 2020 en ce sens par l’AdCF en direction des ou début 2021, en fonction des mises en place intercommunalités de France (communautés des nouvelles équipes exécutives. de communes, communautés d’agglomération Il est à noter que 30 000 communes, plutôt et urbaines, métropoles, établissements publics rurales ou petites villes, disposent d’ores et territoriaux du Grand Paris). déjà de conseillers élus qui, sans être encore ELECTIONS MUNICIPALES ET INTERCOMMUNALES DE 2020 PART DES COMMUNES CONCERNÉES PAR LE SECOND TOUR DANS LES INTERCOMMUNALITÉS 16
IV - PRÉPARER DES PLANS DE RELOCALISATION En tout état de cause, il serait dommageable En ce sens, la crise peut servir d’accélérateur, d’engager des mesures de relance mal calibrées le plan de relance ne devant pas seulement et peu adaptées aux capacités de notre appareil retarder des mutations ou jouer sur les trésoreries de production à répondre à un stimulus sur la des entreprises en attendant le retour au demande (consommation privée et commande monde d’avant. Les mesures exceptionnelles publique). Des jeux coopératifs doivent être doivent servir à une réorganisation de nos également organisés au niveau européen modes de production et de nos modèles pour s’assurer que les plans de relance soient de développement. Il faudra aussi compter coordonnés et profitent à l’ensemble des sur une consommation intérieure beaucoup Etats-membres, afin de ne pas renouveler les plus sensible qu’il y a dix ans aux arguments divergences stratégiques des années 2010-2012. du « patriotisme économique », à l’attrait du Beaucoup d’observateurs redoutent d’ores et « made in France » mais aussi aux avantages déjà des concurrences agressives (prises des écologiques comparatifs de circuits courts. La marchés, rachats d’entreprises fragilisées…) proximité, la résilience et la sobriété des impacts provenant des économies qui seront les environnementaux doivent irriguer le plan de premières à repartir ou des groupes disposant relance pour proposer aux Français un récit de de fortes capacités financières. Des pactes de l’avenir cohérent et désirable. non-agression devraient être suggérés entre Etats membres de la zone euro. COMMENT COMBINER LE NOUVEL IMPÉRATIF INDUSTRIEL À NOTRE PLAN DE RELANCE ? Il sera important de faire profiter le plan de relance et la commande publique à de Le rebond économique va être tributaire des nombreuses filières économiques, au-delà des conditions de reprise d’activité et de la capacité à seuls secteurs de la construction. La commande synchroniser les redémarrages des capacités de publique concerne aussi de nombreuses activités production. Il faudra également la synchroniser agricoles, industrielles et de services (grandes avec les mesures de soutien de la consommation entreprises délégataires, ingénieries, cabinets envisagées pour faire face au choc de la d’architectes, professions juridiques, entreprises demande. Les premières mesures de soutien de de matériaux, constructeurs d’engins de chantier, l’économie ont, à juste titre, visé à préserver la horticulture…). Elle intègre aussi fortement les survie du tissu économique national. Mais ces filières agro-alimentaires comme le révèlent mesures ne pourront se pérenniser et éviter actuellement les impacts des fermetures de des défaillances massives que si des réponses cantines scolaires ou de restaurants administratifs. sont également apportées au « choc sur la demande », en préservant le pouvoir d’achat, en Outre ses effets d’entrainement en « volume » jouant sur la propension des entreprises (et des sur les activités économiques marchandes, la collectivités publiques cf. plus haut) à investir et commande publique peut également servir des ménages à consommer. d’accélérateur puissant de transformation sociale et territoriale. Elle peut amplifier les Les premiers plans de soutien engagés dans mutations en cours et la conversion de notre les Etats ont été différents à cet égard comme économie vers un modèle bas-carbone, le montre le graphique ci-dessous extrait d’une sobre en ressources, plus résilient au regard étude du fonds d’investissement BlackRock (le des défis du XXIe siècle. Les engagements Japon et les Etats-Unis actionnant davantage le programmatiques forts pris par les candidats aux levier fiscal pour contrer le choc de demande). élections municipales (de toutes sensibilités et Les mesures de trésorerie ou de garantie ont un tous types de territoires) laissent augurer d’un rôle « bouclier » qui n’est que temporaire, sans « verdissement » de la commande publique. donner des perspectives de sortie. Elles peuvent multiplier des entreprises « zombies », sans carnet de commandes. 17
Vous pouvez aussi lire