À NANTES, L'HÔPITAL SE RÉINVENTE - CHU de Nantes
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
N°68 // MARS / AVRIL 2017 68 Crédit : Art&BuildArchitectes Nantes Métropole Futur CHU et quartier de la santé p. 12 à 19 À NANTES, L’HÔPITAL SE RÉINVENTE Basse-Goulaine / Bouaye / Bouguenais / Brains / Carquefou / Couëron / Indre / La Chapelle-sur-Erdre / La Montagne / Le Pellerin / Les Sorinières / Mauves-sur-Loire / Nantes / Orvault / Rezé / Saint-Aignan-de-Grand-Lieu / Saint-Herblain / Saint-Jean-de-Boiseau / Saint-Léger-les-Vignes / Sainte-Luce-sur-Loire / Saint-Sébastien-sur-Loire / Sautron / Thouaré-sur-Loire / Vertou
Futur CHU et quartier de la santé N°68 // MARS / AVRIL 2017 10 ans Le futur CHU de Nantes ouvrira ses portes en 2026, dans dix ans. D’ici là, le travail est considérable. Il faut se projeter dans le futur pour anticiper l’hôpital de demain. 12 - Nantes Métropole - Mars / Avril 2017
De la page 12 à la page 19 Futur CHU et quartier de la santé A Nantes, la santé se réinvente P12 et 13 800 personnes ont planché sur le futur hôpital P14 et 15 Médecine ambulatoire et numérique, l’hôpital de demain est déjà là P16 et 17 Sur l’île de Nantes, un nouveau quartier se dessine P 18 et 19 Et si demain commençait aujourd’hui ? 2026 peut paraître un horizon lointain. Pourtant, sur l’île de Nantes, les traits du futur CHU se dessinent déjà. Un nouveau quartier, desservi par deux nouvelles lignes de tramway, va voir le jour et profondément transformer la Métropole. À NANTES, LA SANTÉ SE RÉINVENTE Les personnels et usagers participent c’est également le maître mot des équipes à l’élaboration des plans. Les du CHU. « Ça n’est pas d’emblée évident premiers bâtiments sortent de d’avoir une vision de l’évolution de la méde- cine dans les prochaines années. Il faut se terre. On anticipe déjà ce que projeter dans le futur. Au CHU, nous avons sera la médecine de demain. décidé de réfléchir collectivement, en asso- I l y a du changement sur la pointe ouest ciant tous les corps de métier de l’hôpi- de l’île de Nantes. En septembre dernier, tal et les représentants des usagers pour pelleteuses et bulldozers ont détruit penser et esquisser l’hôpital de demain », l’ancienne Fabrique à glace. Début jan- explique Philippe Sudreau, directeur géné- Le futur CHU en chiffres vier, Nantes Métropole, l’Université et ral du CHU de Nantes. La mobilisation est le CHU ont inauguré le tout nouvel insti- à la hauteur des enjeux : entre le moment 12 000 personnes tut de recherche en santé, l’IRS2 Nantes- où les architectes réalisent les plans et la Biotech. Entre ce « coup de gomme » et ce « coup de crayon », une centaine de mètres. date d’ouverture, il se sera écoulé dix ans. Le projet de réaménagement de la pointe 10,1 hectares Ce sont les premiers contours du futur ouest de l’île de Nantes prévoit aussi la quartier de la santé. « Ce nouvel institut de construction de logements. Il « pose l’île 225 000 m² recherche en santé nous positionne au cœur de Nantes comme une composante à part de la médecine du XXIe siècle », souligne Johanna Rolland, présidente du conseil de entière de la ville », précise Jean-Luc Charles, directeur de la Samoa, la société 976 millions d’euros surveillance du CHU de Nantes, maire de publique chargée de l’aménagement de l’île Nantes et présidente de la Métropole. Pour de Nantes. « La Métropole ne voulait pas 1 384 lits et places le professeur Olivier Laboux, président de d’un lieu fermé et compact, mais plutôt un l’université de Nantes, « c’est la première lieu aéré au sein duquel on puisse circuler en court séjour pierre du futur quartier hospitalo-universi- et qui s’intègre parfaitement dans l’urba- taire qui est posée. » Le bâtiment accueille à la fois des chercheurs de l’Université et nisme de l’île de Nantes », rappelle Caroline Rigaldiès, architecte, membre de l’équipe 58 salles de bloc opératoire des entreprises de biotechnologie. « Ce par- Pargade et Art and Build architectes qui a tenariat préfigure ce que sera la médecine dessiné et conçu le projet. Le véritable coup 130 000 passages de demain, décloisonnée, tournée vers l’in- d’envoi de la construction sera donné fin novation et capable d’anticiper », précise le 2018, quand le Marché d’intérêt national aux urgences président de l’Université. L’anticipation, (MIN) aura déménagé à Rezé. • Gaël Bocandé Mars / Avril 2017 - Nantes Métropole - 13
Futur CHU et quartier de la santé N°68 // MARS / AVRIL 2017 800 personnes ont planché sur le futur hôpital Son ampleur et ses enjeux. C’est ce qui rend le projet © Christiane Blanchard d’un nouveau CHU au cœur de Nantes hors du commun. Pour mieux anticiper, personnels, représentants des usagers et architectes ont travaillé ensemble sur les plans. M édecins, agents d’accueil, ment des soins intensifs. Le docteur Erwan infirmiers, services admi- Corbineau, pharmacien, a également été nistratifs, représentants « AVEC CETTE CO-CONSTRUCTION, associé à la réflexion. « Nous avons mis des usagers… La direc- NOUS METTONS TOUTES LES l’accent sur la mobilité des pharmaciens tion du CHU de Nantes a CHANCES DE NOTRE CÔTÉ AFIN dans les unités de soins pour être au plus mis en place 57 groupes techniques, regrou- DE RAMENER DANS NOS FILETS près des besoins et sur l’espace réservé à la pant plus de 800 personnes, pour travailler TOUTES LES BONNES IDÉES. » préparation des médicaments, avec comme sur « l’avant-projet sommaire » de l’hôpital. Philippe Sudreau, directeur général du CHU. fil conducteur, la sécurisation de la prise 150 réunions au total ont été organisées en charge médicamenteuse des patients ». autour des plans détaillés et modifiables présentés par les architectes. « L’enjeu est « Une plus grande place aux familles » colossal. Avec cette co-construction, nous Les usagers n’ont pas été oubliés. « Nous mettons toutes les chances de notre côté L’occasion de repartir de zéro avons souligné l’importance d’accorder une afin de ramener dans nos filets toutes les « J’ai vraiment eu l’impression d’être enten- plus grande place aux accompagnants et bonnes idées pour anticiper les évolutions due, raconte Gwenaëlle Le Bot, aide soi- aux familles et de créer une consultation et besoins à venir. C’est important pour les gnante au service ambulatoire, les archi- de médecine généraliste à l’accueil des usagers et les personnels qui travaillent tectes étaient vraiment à l’écoute ». Avec urgences», indique Gérard Allard, repré- ici : c’est leur hôpital que l’on construit », d’autres membres du personnel, Gwenaëlle sentant des usagers à la commission des souligne Philippe Sudreau, directeur géné- Le Bot a participé à l’avant-projet sommaire usagers du CHU. Autre piste explorée, celle ral du CHU. Les groupes ont été construits et préconisé, par exemple, de disposer de de la « prise en charge des soins en néo- sur le même modèle que l’organisation de toilettes dans toutes les chambres « pour natalité pour que les parents et les enfants l’hôpital avec, à chaque fois, une co-ani- limiter les déplacements des personnes per- ne soient plus séparés .» mation avec un médecin, un soignant et fusées ». Le professeur Antoine Magnan, À la fin du printemps, le CHU présen- un administratif, sans oublier les usagers. pneumologue et président de la commis- tera au grand public le fruit de cette co- « Nous avons aussi travaillé avec les repré- sion médicale du CHU a lui aussi pris part construction, avec les modifications issues sentants du personnel et la médecine du aux groupes de travail. « Cela permet de des groupes de travail. Les architectes et travail. Notre point de mire, c’est la quali- repartir de zéro, notamment sur la ques- urbanistes s’attaqueront alors aux plans té d’accueil pour les patients et leur entou- tion des soins ». Avec d’autres soignants, définitifs, qui finaliseront le projet avant rage », explique Lætitia Flender, directrice le professeur Magnan a, par exemple, sug- la demande de permis de construire. Cet en charge du pôle investissement, logis- géré de déplacer les chambres stériles de « avant-projet définitif » sera lui aussi éla- tique et nouvel hôpital. soins en hématologie en dehors du bâti- boré sur un mode participatif. • Gaël Bocandé 14 - Nantes Métropole - Mars / Avril 2017
Futur CHU et quartier de la santé « UN HÔPITAL OUVERT SUR LA VILLE » 3 questions à Caroline Rigaldiès et Éric Outtelet, architectes en charge du projet des cabinets d’architectes Jean-Philippe Pargade et Art&Build projet sera apaisant, agréable divisé notre projet en autant de héberge une ou plusieurs fonc- à parcourir, en osmose avec son parties qu’il y avait de groupes tions distinctes qui les rendent quartier. (lire page14). Chaque groupe a clairement identifiables. Ils sont Éric Outtelet : Nous avons vrai- ainsi reçu l’extrait du projet qui organisés autour d’un noyau cen- ment dû penser à un nouveau le concerne pour pouvoir en faire tral (HUB) qui contient les acti- modèle d’hôpital, avec une échelle l’analyse et nous retourner ses vités de haute technologie médi- différente. Et sur l’innovation, il remarques et ses commentaires. cale. Les circulations piétonnes © Isabelle Levy Lehmann © Christiane Blanchard a fallu concevoir un hôpital qui Ce dialogue avec les utilisateurs parcourent les espaces entre sera opérationnel dans dix ans. s’est prolongé sur une période de îlots, elles sont aménagées en C’est un gros travail d’anticipa- 6 mois. Ensuite nous avons récu- mode « pocket park » ou jardins tion, en prenant compte ce que péré tous ces extraits remaniés urbains. Des passerelles relient seront et les soins et les patients pour les rassembler dans un nou- les îlots entre eux à hauteur du de demain, notamment en ima- vel ensemble cohérent. 2e étage.• Gaël Bocandé ginant la place prépondérante Comment imagine-t-on que prendront le numérique et À quoi ressemblera le futur l’hôpital de demain ? l’ambulatoire. hôpital ? Caroline Rigaldiès : L’hôpital CR : Nous avons pensé un hôpital de demain doit être à taille La méthode de travail, ouvert sur la ville. C’était d’ail- humaine et à la pointe de l’inno- vation. Sur le bâti d’abord, il s’agit avec la participation des membres du personnel leurs une volonté de la Métropole. À l’ouest, l’entrée principale sera Quel avenir de repenser l’image massive et compacte des hôpitaux actuels. et des usagers, est-elle habituelle ? reliée aux transports en commun. Au nord, on trouvera un petit parc pour l’actuel Nous avons imaginé un hôpital dans lequel la ville pénètre en CR : C’est une pratique que nous connaissions déjà sur d’autres en face de la cour des Urgences. Des allées paysagères nord-sud site de partageant la parcelle en plu- sieurs petits îlots, reliés entre projets d’hôpitaux, mais nous n’y avions jamais été confrontés traverseront l’établissement et offriront des percées visuelles sur l’Hôtel-Dieu ? eux par des rues piétonnes, des à cette échelle. Cette expérience la Loire. Au sud, donnant sur le jardins et des places. La hauteur positive nous a permis d’appro- quai Wilson, on trouvera les uni- Une fois tous les services des bâtiments, en harmonie avec fondir l’organisation générale tés d’hospitalisation, les consul- installés sur l’île de Nantes, celle des bâtiments de logements du projet pour répondre au tations et le plateau ambulatoire. que vont devenir les voisins, tient du site exception- mieux aux impératifs médicaux Autre nouveauté: les chambres 7 hectares de l’actuel nel du futur CHU. Au cœur du d’équipes extrêmement motivées seront toutes individuelles. Hôtel-Dieu ?« Le futur CHU nouvel urbanisme de l’île, en face et engagées. EO : Le bâti du CHU se trouve n’ouvrira qu’en 2026, cela d’un grand parc métropolitain EO : Ça a été un vrai challenge fragmenté en îlots à échelle du nous laisse une dizaine et ouvert au sud sur la Loire, le pour nos équipes. Nous avons tissu urbain. Chacun des îlots d’années pour réfléchir à la question, d’autant que, même une fois vides, les bâtiments devront LE NOUVEL HÔPITAL OUVRIRA EN 2026 encore être démantelés. Cela prendra du temps », PRÉPARATION DES TERRAINS CONSTRUCTION DU FUTUR CHU explique Alain Robert, 2016/2020 2020/2026 vice-président de Nantes Métropole délégué aux grands projets urbains. 2016/2018 2018/2020 Automne 2020 2026 « Cela reste néanmoins une Démolition des hangars Démolition des bâtiments Lancement du gros œuvre Livraison de l’ensemble opportunité incroyable », portuaires et du MIN et mise à des bâtiments ajoute l’élu. Le site se déménagement du MIN disposition des terrains par retrouve au cœur du grand Nantes Métropole au CHU de Nantes projet de réaménagement des rives nord de la NE W MIN Loire et de la place de la Petite-Hollande, pour URGENCES CHU CHU lequel une consultation internationale vient d’être lancée (voir page 7). Mars / Avril 2017 - Nantes Métropole - 15
Futur CHU et quartier de la santé N°68 // MARS / AVRIL 2017 NUMÉRIQUE ET L’HÔPITAL DE Dans tous les services de l’actuel CHU, les innovations thérapeutiques se multiplient, préfigurant le futur « hôpital du XXIe siècle. » La révolution hospitalière sera technologique, mais pas seulement. Ce n’est peut-être pas la révolution la plus impressionnante, mais © Christiane Blanchard c’est une des transformations majeures de l’hôpital de demain : l’hospitalisation L’hôtel hospitalier permet d’accueillir les patients et leur famille. à la journée va se développer, les patients resteront moins souvent dormir à l’hôpital. L e patient entre le moins invasives, l’ambulatoire sont donc mieux soignés. Pour une partie réservée de l’hôpi- matin et ressort le se développe dans toutes les le CHU aussi c’est une avan- tal. Cette possibilité existe soir. C’est ce que l’on disciplines, comme en témoigne cée : il réserve ses capacités de déjà, pour un nombre réduit de appelle « la méde- la récente création d’un hôpi- prise en charge lourde à ceux 22 places, dans la « maison hos- cine ambulatoire.» tal de jour « sciatique .» « Ses qui en ont vraiment besoin. » pitalière » ouverte depuis sep- Les 25 nouvelles places créées bénéfices sont considérables, En médecine comme en chirur- tembre à l’Hôtel-Dieu. En plus cette année à l’Hôtel-Dieu pré- s’enthousiasme le docteur gie, l’ambulatoire formera, au de répondre à de vrais besoins, figurent ce que vivront 64 % des Bertrand Vabres, ophtalmo- rez-de-chaussée, le cœur du cette première structure sert patients admis demain sur l’île logiste. Pour les patients, elle futur CHU. aussi de test pour le futur. Le de Nantes : un parcours fluide, réduit le stress, les risques d’in- nouvel hôtel hospitalier aura les menant souvent sur leurs fections, les perturbations dans Un hôtel au cœur du CHU une capacité d’accueil plus deux jambes au « bloc » ou en leur vie personnelle et profes- Autre « révolution » : un hôtel importante, tout en restant à salle de consultation, ponctué sionnelle. Ce court passage à complétera le confort des taille humaine. • Olivier Constant par des passages dans des box l’hôpital est préparé à l’avance familles des patients en leur d’observation. Grâce aux nou- par l’ensemble des praticiens permettant de prendre, la veille velles techniques d’intervention qui veillent sur leur santé : ils ou le soir, une chambre dans « Des techniques moins invasives » La médecine de demain vue par le docteur Éric Bord, neurochirurgien : « La chirurgie du cerveau et du système nerveux a connu, ces dernières années, des progrès considérables. Grâce au scanner O-Arm, nous intervenons en routine sous navigation assistée par ordinateur, par exemple pour placer avec la plus grande précision des électrodes dans le cerveau de malades lourdement invalidés par le Parkinson. En chirurgie éveillée, nous testons au préalable les zones atteintes pour enlever des tumeurs cérébrales infiltrantes, jusque-là inopérables sans séquelles graves. Nous allons très prochainement lancer les premiers protocoles d’injection de cellules souches pour réparer les disques lombaires. Sous © Christiane Blanchard peu, cette opération sera réalisée sur la journée, en ambulatoire... Toutes ces techniques, moins invasives, réduisent effets secondaires, temps de récupération et perturbations sur la vie des patients. » 16 - Nantes Métropole - Mars / Avril 2017
Futur CHU et quartier de la santé MÉDECINE AMBULATOIRE : DEMAIN EST DÉJÀ LÀ © Christiane Blanchard © Christiane Blanchard Les robots restent Un « big bang » L’humanoïde Nao dans la course numérique accompagne les Qui n’a pas entendu parler de Betty et Daisy, les robots-coursiers parcourant sans Thomas Lechevallier, responsable du projet Ulysse, prévoit la dématérialisation de tous enfants autistes relâche les couloirs de l’hôpital, depuis trois les dossiers médicaux pour 2020. Déjà, en Depuis septembre, six adolescents autistes ans ? En début d’année, ils ont passé la mai 2015, 2000 des 3000 lits ont basculé suivis à l’hôpital de jour de pédopsychiatrie main à une nouvelle génération : Maïa en un jour sous prescription informatisée ont commencé à manipuler le petit robot et Scopie. Ces derniers livrent dans les pour les médicaments, les soins, l’imagerie humanoïde Nao, avec l’aide de Sophie services concernés les endoscopes désin- et la biologie. Cela a entraîné la dispari- Sakka, chercheuse à l’Institut de recherche fectés par le Centre de traitement des tion pure et simple du papier aux urgences en communication et cybernétique de endoscopes souples du CHU de Nantes et adultes dès septembre suivant, y compris Nantes. Ils prennent la suite d’un premier les reprennent après usage. Ils ouvrent pour les observations, les compte-rendus et groupe qui, en deux ans, a fait d’importants les portes, commandent les ascenseurs et la connexion des machines de réanimation progrès dans les interactions sociales. « Nao évitent les obstacles, sur quatre parcours médicale et de soins intensifs au dossier des rassure les autistes par la simplicité de préprogrammés.« Ils optimisent le travail patients, qu’elles alimentent directement, son apparence, décrypte Thierry Chaltiel, de notre centre, qui a regroupé en 2013 six sous contrôle médical. « Ce projet va révo- pédopsychiatre investi dans l’aventure. unités moins structurées, explique le pro- lutionner le rapport de l’homme à l’hôpital, Ils peuvent le programmer et, au bout de fesseur Didier Lepelletier, son responsable explique Thomas Lechevallier. Le patient, le quelques semaines, ils le font jouer dans médical. Nous leur devons une partie de médecin traitant et l’ensemble des acteurs des histoires de leur invention. Nao devient nos succès, dont la montée en flèche du taux agréés auront accès, quasi instantanément, ainsi leur porte-voix. » Mené par équipe de de conformité microbiologique des 17000 à toute l’information nécessaire. D’ici 5 à deux, ce dialogue avec la machine ne vaut actes réalisés annuellement. » Dans le futur 10 ans, une partie du suivi médical pourra toutefois que par la présence constante d’un CHU, les robots pourraient livrer, en plus, aussi s’effectuer à domicile, à l’aide d’objets soignant, qui met du sens et du cœur sur consommables et médicaments. • O.C. connectés professionnels. C’est une nouvelle ce qu’ils sont en train de vivre. Le fait que mine de données, sécurisée, qui s’ouvre pour l’expérience se déroule « hors les murs », anticiper l’offre de santé .» • O.C. dans l’espace culturel Stereolux, a, pour eux, une saveur particulière. Un nouveau mécène, Ressource Mutuelle Assistance, vient de s’y associer. • O.C. Mars / Avril 2017 - Nantes Métropole - 17
Futur CHU et quartier de la santé N°68 // MARS / AVRIL 2017 I maginez. Assis dans le tram, vous fran- SUR L’ÎLE chissez le pont Anne-de-Bretagne. À travers la vitre, la Loire, puis les Nefs, « TOUT SERA FAIT POUR QUE L’ON AIT LE MOINS POSSIBLE BESOIN DE NANTES, le Grand Éléphant qui se balade, le parc de la Prairie-aux-Ducs et son nou- vel ensemble d’immeubles, puis le CHU. D’UTILISER SA VOITURE POUR CIRCULER » UN NOUVEAU Johanna Rolland l’a annoncé en début d’année (lire pages 3-5) : deux nouvelles lignes de tramway desserviront le futur Jean-Luc Charles, directeur de la Samoa. QUARTIER SE quartier de la santé. La première reliera le quai de la Fosse au futur CHU, en emprun- ments sont également prévus au niveau du « Triangle des Marchandises », à l’angle tant le pont Anne-de-Bretagne reconfigu- du boulevard Gustave-Roch et rue des DESSINE ré, puis desservira la ZAC des Isles à Rezé. Une seconde raccordera les boulevards Marchandises. Les services pour les per- sonnes en grande précarité gérés par l’as- L’arrivée du CHU sur l’île de Nantes Martyrs-Nantais et Bénoni-Goullin pour sociation Les Eaux Vives seront rassemblés va bouleverser le paysage urbain. désenclaver la partie ouest de l’île. Un nou- en un seul et même endroit avec un restau- veau quartier qui s’étendra du boulevard rant, des logements sociaux et des entre- Autour de l’hôpital, c’est un véritable de l’Estuaire au nord jusqu’au quai Wilson prises de l’économie sociale et solidaire. quartier qui va voir le jour, avec au sud, des boulevards Gustave-Roch et « Nous prévoyons aussi la construction de un pôle étudiant, des instituts de Bénonin-Goullin à l’ouest jusqu’à la rue logements abordables et d’un restaurant recherche, des entreprises, mais aussi du Sénégal à l’est. « Nous voulons intégrer universitaire », précise Jean-Luc Charles. des logements et des commerces. le CHU au reste du quartier en faisant de Plusieurs parkings sont également prévus, l’axe des ponts un boulevard urbain, pas avec un total de 2 800 à 3 600 places, dont une frontière. On lui opposera un face-à- 1 200 places sous le CHU. « Tout sera fait face construit pour qu’il soit pris dans le pour que l’on ait le moins possible besoin tissu urbain, et raccroché à la ville », rap- d’utiliser sa voiture pour circuler », ajoute porte Jacqueline Osty, paysagiste choisie, le directeur de la Samoa. Ce futur quar- avec l’urbaniste Claire Schorter, pour pour- tier de la santé sera directement relié au suivre le projet île de Nantes. quartier de la Création, qui réunit des Un parc et des logements anciennes halles Alstom jusqu’à l’école Un grand parc verra le jour, le long du d’architecture, des acteurs du design, de 2 NOUVELLES LIGNES DE TRAMWAY quai Wilson et au moins 6 000 nouveaux la communication ou des arts. voir page 3 logements sortiront de terre. Des change- • Gaël Bocandé et en vidéo sur nantesmetropole.fr ne 1 36 000 m ² Lig surface prévue pour le pôle Î LE D E N A N T E S étudiants implanté à proximité Lig Institut du CHU ne Hôtel de recherche 2 hospitalier et en santé Bâtiments internat de (IRS) Triangle des à venir médecine 2020 marchandises Institut de cancérologie Nantes Biotech, IRS 2 6 000 logements de l’Ouest Bd Benoni-Goullin 2 800 Centre hospitalier à 3 600 Parc universitaire places de parking dont 1 200 sous Loire le CHU lui-même Deux nouvelles lignes de tramway 200 m 18 - Nantes Métropole - Mars / Avril 2017
Futur CHU et quartier de la santé Nantes Biotech : Plus de chercheurs et entreprises sous le même toit 6 000 étudiants La plupart des projets sont encore à l’état de plans, mais des bâtiments sont déjà sortis de terre et opérationnels. C’est le cas de l’institut de recherche en santé 2 (IRS2) Nantes Biotech, inauguré en janvier. Le futur quartier de la santé regroupera plus de 6 000 L e bâtiment futuriste détonne dans le nement très favorable pour travailler, confirme étudiants et 500 personnels quartier. Conçu par l’Atelier Bruno Dominique Costantini, directrice générale de la de l’Université. « L’étudiant Gaudin Architectes, il regroupe dans société, Nantes est reconnue dans le domaine de est le point de départ de un seul ensemble, sis boulevard l’immunothérapie, nous pouvons nous appuyer notre chaîne de santé. Tout Bénoni-Goullin, des chercheurs et des sur des compétences, tant au CHU qu’à l’Inserm chercheur ou médecin a entreprises spécialisés en biotechnologies qui se et construire des ponts entre chercheurs et clini- d’abord été un étudiant », partagent des laboratoires et du matériel ultra- ciens .» Ce fonctionnement « d’instituts à la nan- rappelle le professeur modernes. Pour Johanna Rolland, présidente de taise » commence depuis plusieurs années à avoir Olivier Laboux, président de Nantes Métropole, « ce projet, porté à la fois par une vraie reconnaissance internationale. En 2020, l’Université de Nantes. l’Université, le CHU de Nantes, les structures de un autre institut de recherche - l’IRS 2020 - rejoin- « La proximité entre recherches comme le CNRS ou l’Inserm et les col- dra le site. Il intégrera l’institut de formation des médecins, étudiants et lectivités territoriales, incarne l’excellence de la ambulanciers. • Gaël Bocandé chercheurs est importante filière santé.» Ici, l’image des passerelles entre car elle permet d’intégrer en chercheurs et entreprises devient concrète. « La permanence les dernières présence de laboratoires de recherche et d’entre- avancées de la médecine.» prises innovantes est un véritable atout, souligne Les écoles de sages- Olivier Laboux. femmes, d’infirmières, d’orthoptie et d’orthophonie rejoindront l’île de Nantes. « Les étudiants de la faculté « CES PASSERELLES ENTRE FORMATION, de médecine n’intégreront le SOINS ET RECHERCHE PERMETTENT nouveau campus qu’à partir D’ATTIRER LES ÉTUDIANTS MAIS AUSSI de la seconde année. La LES MEILLEURS CHERCHEURS .» première année continuera Olivier Laboux, président de l’université de Nantes. de s’effectuer sur le site actuel, qui sera réhabilité. La faculté de pharmacie rejoindra le nouveau campus Dans ce tout nouvel équipement, se sont égale- à partir de la 5e année. ment installées plusieurs entreprises de biotech- Il en sera de même pour nologie. Parmi elles, OSE Immunotherapeutics, l’oncologie, dont seuls les spécialisée dans l’activation et la régulation 2e et 3e cycles viendront sur immunitaire en immuno-oncologie, dans les l’île de Nantes », précise © Christiane Blanchard maladies auto-immunes et en transplantation. Pascale Jolliet, doyen de « En nous installant ici, nous pouvons nous la faculté de médecine. appuyer sur un socle qualitatif, notamment Les formations sanitaires dans le domaine de l’immunothérapie », explique et sociales rejoindront Maryvonne Hiance, vice-présidente du conseil également le site. d’administration. « Nous avons ici un environ- Attractivité et emploi Signe de l’attractivité de la Métropole, le CHU de Nantes était en 2016 le plus choisi par les internes en médecine. Avec plus de 1 600 essais cliniques et 1 000 publications scientifiques par an, le centre hospitalier universitaire nantais est considéré comme l’un des 10 meilleurs CHU «fort chercheur» de France. Un niveau d’exigence et d’innovation également générateur d’emplois. Aujourd’hui, les entreprises de biotechnologies représentent 1 200 emplois sur la Métropole. La recherche quant à elle, a permis de créer 20 emplois en 2016 et devrait permettre d’en générer autant en 2017. Mars / Avril 2017 - Nantes Métropole - 19
Nantes Métropole Tribunes politiques Futur CHU et quartier de la santé À Nantes, Cette filière d’excellence des biotechnolo- la santé du gies est en effet un secteur en forte crois- sance, qui soutient déjà le développement économique de notre territoire. Elle parti- Grand-Ouest ! cipe à la création, dans notre métropole, de nombreux emplois. Sa réussite, reconnue au Groupe Socialiste, Radical, Républicain et niveau international, est nécessaire pour Démocrate assurer la santé de nos concitoyen-ne-s. Prévu en 2026, le transfert du centre hos- Voilà notre conception d’une métropole pitalier universitaire constituera l’élément accessible et innovante, en mesure de socle du quartier de la santé, constituant répondre aux besoins de chacune et de un des grands projets de notre majorité chacun: habiter, travailler, entreprendre, métropolitaine. Il participera, sur l’Île de étudier, se divertir, se déplacer, et bien sûr Nantes, à la création d’un nouveau cœur se soigner, à Nantes. de la métropole. Ce nouveau CHU s’inscrira pleinement dans son siècle en proposant un S’interroger sur l’avenir de notre système service public de santé innovant, de proxi- de santé, sur sa capacité à garantir un mité, et de qualité, au plus près des besoins modèle solidaire et durable, comme un de chacune et de chacun, que l’on habite la accès aux soins de qualité pour toutes et métropole où que l’on vienne de plus loin. Il tous, est plus que jamais nécessaire. Avec ce est une autre facette de l’alliance des terri- projet, nous participons à la création de la toires, confortant notre rang de métropole santé de demain. A l’échelle métropolitaine, du grand-Ouest, au rayonnement européen. nous agissons pour que chacune, chacun, quels que soient ses revenus ou sa situa- Grâce à sa nouvelle situation, largement tion, puissent accéder aux soins. accessible par la construction de deux nou- velles lignes de tramway, le CHU dévelop- Le droit à la santé et la défense des services pera la prise en charge ambulatoire et les publics qui le garantissent au quotidien est courts séjours et proposera une offre de soin au cœur de notre projet métropolitain. Il plus performante, accessible à tous. Mais il participe de notre vision d’une cité – d’une pourra aussi développer de nouvelles pra- nation – qui place le bien être au centre de tiques médicales. Ce nouvel hôpital nous ses priorités. assurera aussi de bénéficier, sur notre ter- ritoire, de professionnels de grande qualité, www.elusgauchenm.fr L’institut de recherche en santé Nantes Biotec tout autant à l’écoute première des patients qu’au service de la recherche. Il réunira sur un même lieux, les cher- La santé, Son emplacement au cœur de la cité l’ins- crit dans le tissu social, au milieu de jar- un patrimoine cheurs, les enseignants, les professionnels dins, pour une centralité pertinente. de santé et les entreprises du secteur médi- Sa modernisation doit offrir des conditions cal. Ces entreprises spécialisées, notam- d’accueil et de travail de qualité, avec un ment dans le domaine des biotechnologies, seront accueillies au plus près des cher- à préserver nombre de lits supérieur au projet pour répondre aux besoins. cheurs, des étudiants, des médecins et des Groupe des élus écologistes et citoyens Pour son accessibilité 24h sur 24, par tous patients. Cette nouvelle offre, actuellement Assurer l’accès à une offre de soins de qua- les modes de déplacements et pour tous les expérimentée dans l’ensemble immobilier lité pour tous est un enjeu capital. Le projet usagers, même en cas de montée des eaux, IRS2/NantesBiotech, inauguré en janvier du futur CHU doit y répondre. nous défendons un plan déplacement santé de cette année, constituera un levier d’at- Son regroupement sur l’île permet de ren- performant. tractivité supplémentaire pour la filière et forcer la proximité soins/enseignement/ pour notre métropole. recherche, gage d’excellence. 22 - Nantes Métropole - Mars / Avril 2017
Nantes Métropole Tribunes politiques Une santé maire de Nantes, président de Nantes Métropole et du conseil de surveillance du d’excellence CHU est poursuivi par la maire de Nantes, présidente de la Métropole et du conseil de surveillance du CHU. pour tous L’exécutif a choisi sans concertation avec Groupe des élus communistes les élus de développer le quartier santé A la pointe de la recherche médicale, de sur l’Île de Nantes avec pour moteur le la formation universitaire, le nouveau pôle CHU. Aucune étude alternative ne nous a santé et son CHU devront allier l’excellence été soumise. Des solutions défendues par de la recherche à la proximité des soins. des universitaires comme le regroupement Une telle réussite implique que l’hôpital du CHU à Saint-Herblain et les mises en et la santé publique ne soient plus tribu- garde de scientifiques ont été rejetées par la taires des plans d’économies drastiques qui Métropole alors que médecins, géographes, se concrétisent par des milliers de suppres- urbanistes contestent la faisabilité finan- sion d’emplois. Développons un système de cière et technique du projet ainsi que sa santé intégrant les progrès de la médecine pertinence en matière de santé publique. et de la recherche qui mette le patient au En effet, le coût global du transfert du cœur de son action. Le développement de CHU annoncé en 2010 pour 300 M€ est l’ambulatoire ouvre de nouveaux besoins aujourd’hui chiffré à un milliard d’euros. en termes d’accompagnement des soins, Le transfert de l’ICO, non prévu au départ, pourquoi ne pas travailler à la réalisation ajoutera des coûts. d’une maison de santé et d’un lieu d’accueil entre les soins. Pourquoi enclaver le CHU sur l’Île de Nantes alors que ce site n’a été déclaré non inondable qu’en 2009 ? Un projet Quid des surcoûts de dépollution ? Quelle évolutivité sur 10 ha ? insuffisamment Quels accès et stationnements ? Pourquoi placer en Sud-Loire les deux services d’urgence de la Métropole - l’un © Christiane Blanchard concerté sur l’Île de Nantes, l’autre aux Nouvelles Cliniques nantaises ? Groupe Union du Centre et de la Droite Pourquoi surconcenter services et équi- inauguré en janvier 2017. L’ouverture du nouveau CHU regrou- pements sur l’Île de Nantes au risque de pant Hôtel Dieu, Hôpital Nord et Hôpital priver nos concitoyens du campus santé mère-enfant sur l’Île de Nantes au coeur du Grand-Ouest pensé dans le respect des Pour une insertion urbaine réussie, nous du quartier de la santé, initialement équilibres métropolitains ? appelons à inclure la résilience dans le prévue en 2023, n’aura lieu qu’en 2026. design de ses futurs bâtiments. Ce retard témoigne-t-il de difficultés ucd@nantesmetropole.fr Pour ne pas pénaliser les conditions de concernant la réalisation de ce projet dont travail actuelles, nous demandons des les enjeux sont l’offre de santé et le campus réponses sur la soutenabilité financière du hospitalo-universitaire du Grand-Ouest ? projet. On peut se le demander car si rapprocher Nous sollicitons plus de transparence dans recherche et entreprises comme regrouper l’avancée de ce projet majeur pour la santé les activités médicales de court séjour fait publique et pour notre territoire. sens, nous nous interrogeons sur le choix de concentrer toutes les activités hospitalo- http://www.elusecoloscitoyensnantesmetro- universitaires sur l’Île de Nantes. pole.org/ Le transfert du CHU sur l’Île de Nantes géré dans l’opacité par le précédent Mars / Avril 2017 - Nantes Métropole - 23
Vous pouvez aussi lire