La psychomotricité est-elle une discipline scientifique ? Quelques pistes de réflexion - Lirias

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A.N.A.E.,       2018; 153; 001-009    LA PSYCHOMOTRICITÉ EST-ELLE UNE DISCIPLINE SCIENTIFIQUE ? QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION

La psychomotricité est-elle
une discipline scientifique ?
Quelques pistes de réflexion
M. PROBST*, C. MAÏANO**
* Département des sciences de la rééducation, KU Leuven - Université de Leuven, Belgique.
** Département de psychoéducation et de psychologie, Université du Québec en Outaouais, Saint-Jérôme, Canada.
Correspondant : Michel Probst, KU Leuven, Departement of Rehabilitation Sciences, Herestraat 49, bus 1510,
3000 Leuven, Belgique. Email : michel.probst@kuleuven.be

         RÉSUMÉ : La psychomotricité est-elle une discipline scientifique ? Quelques pistes de
         réflexion
         La psychomotricité est une approche centrée sur la personne ayant pour objectif d’améliorer
         son bien être et de lui redonner du pouvoir en intervenant sur le psychique et la motricité. Cette
         conception de la psychomotricité est reconnue en France comme spécialité mais est-elle partagée
         au niveau international ? Dans les pays anglo-saxons, le terme « psychomotricité » est peu répandu
         mais d’autres professions (avec ou sans le terme psychomoteur) sont comparables à la psychomo-
         tricité. De nos jours, la plupart des interventions sont basées sur les résultats issus de recherches
         scientifiques. La recherche n’est pas seulement cruciale pour acquérir une identité professionnelle,
         mais aussi pour évaluer la qualité des soins. Par conséquent la recherche se concentre sur les
         effets et la qualité des interventions psychomotrices, les mécanismes sous-jacents, les éléments
         efficaces des techniques utilisées et l’intérêt des interventions pour le client, son environnement et
         les professionnels de la santé. Les cliniciens prenant des décisions sur la base des préférences du
         client, sur l’expertise du clinicien et les meilleures preuves scientifiques disponibles seront tou-
         jours avantagées. Finalement quelques pistes de réflexion concernant les interventions fondées sur
         les faits scientifiques, la collaboration avec des autres professionnels et l’importance des facteurs
         communs sont proposées.
         Mots clés : Psychomotricité – Attitude scientifique – Qualité des soins – Collaboration – Facteurs
         commun.
         SUMMARY: Is psychomotor therapy a scientific discipline? Some reflections
         Psychomotor therapy is person-centred approach to optimize wellbeing and empowering the indi-
         vidual by bringing together physical and mental aspects. Recognized in France as a specialty but
         is it the same internationally? In the Anglo-Saxon countries, the term “psychomotor therapy” is
         not so widespread, but other professions (with or without the term “psychomotor”) are compar-
         able to the French psychomotor therapy approach. Nowadays most of the intervention are based
         on findings from scientific research. Research is not only crucial for acquiring a professional
         identity, but also for assessing the quality of care. Consequently, the research focus on the qual-
         ity of psychomotor interventions, the underlying working mechanisms and the effectivity of the
         interventions. Clinicians making decisions based on client preferences, their expertise and the
         best available scientific evidence will always deliver good care. Finally, some reflections about
         the practice of evidence-based interventions, the collaboration with other professionals and the
         importance of the common factors are proposed.
         Key words: Psychomotricity – Scientific attitude – Care quality – Collaboration – Common factors.
         RESUMEN: XXXXs
         xxxxx.
         Palabras clave: XXXXXX.

         Pour citer cet article : PROBST, M. & MAÏANO, C. (2018). La psychomotricité est-elle une discipline scientifique ?
         Quelques pistes de réflexion. A.N.A.E., 153, 000-000.

                                                     A.N.A.E. N° 153 – MAI 2018                                               1
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M. PROBST, C. MAÏANO

                   2                      A.N.A.E. N° 153 – MAI 2018
© copyright Anae
LA PSYCHOMOTRICITÉ EST-ELLE UNE DISCIPLINE SCIENTIFIQUE ? QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION

À
        la lecture du titre on peut soupçonner une certaine          généralement le terme thérapie (psychomotor therapy) ou
        résistance et un doute des auteurs vis à vis de la           physiothérapie (psychomotor physiotherapy) à celui de
        psychomotricité en tant que discipline scientifique.         psychomotricité.
Toutefois, il n’existe pas de réponse simple et unique
à cette question. Cet article a pour objectif de clarifier           On retrouve également les idées de la psychomotricité
certains éléments de confusion et de proposer quelques               dans la méthodologie de Sherborne, Basic Body Awareness
pistes de réflexions visant à promouvoir la psychomotricité          Methodology, la kinésithérapie pédiatrique et la kiné-
comme discipline scientifique.                                       sithérapie en santé mentale.

    DÉFINITION DE LA PSYCHOMOTRICITÉ                                 Du point de vue historique, on peut conclure que ces
                                                                     différentes approches ont été influencées par les mêmes
                                                                     théories, même s’il y a différentes applications, comme
Le Larousse 1 définit la psychomotricité comme                       par exemple la danse (voir Laban, Dalcroze, Espanak,
l’« ensemble des fonctions motrices considérées sous                 et autres), la relaxation (voir Schultz et Jacobson), la
l’angle de leurs relations avec le psychisme ». Toutefois,           psychanalyse (voir Freud, Fenichel, Frenci, Groddeck,
il n’existe pas une seule et même définition de la psycho-           Reich et autres), la philosophie et la phénoménologie
motricité, ce qui ne facilite pas le développement d’une             (voir Heidegger, Husserl, Sarte, Merleau Ponty, Buyten-
identité propre. Cela s’explique par le fait que la psy-             dijk et autres), la gymnastique suédoise (Per Hendrik
chomotricité s’appuie sur plusieurs disciplines comme la             Ling, Jahn), l’activité physique, la perception du corps
médecine (par exemple, la psychiatrie ou la neurologie),             (l’image du corps, le vécu corporel ; Gindler, Selver) et
la psychothérapie (par exemple, la psychanalyse ou les               les thérapies à médiation corporelle.
thérapies systémiques), la philosophie, la pédagogie,
la psychologie génétique, la kinésiologie… qui ne
                                                                     La psychanalyse, qui forme une des bases de la psycho-
partagent pas toujours une même vision.
                                                                     motricité en France est aujourd’hui controversée dans
                                                                     plusieurs pays, parce que sa théorie n’a pas suffisamment
En France et dans plusieurs pays romans, la psy-                     été confirmée empiriquement. Cela ne veut pas dire que
chomotricité est reconnue comme une spécialité. Elle                 la psychanalyse n’a aucun sens ou signification, mais
s’intéresse à l’être humain en intégrant le psychisme (les           que l’absence de recherche empirique en complique la
émotions, l’imagination, la cognition) et la motricité (les          reconnaissance.
mouvements, le tonus, la posture) en vue de s’adapter
à son environnement. Toutefois, cette conception de                  En résumé, du fait que la psychomotricité s’appuie sur
la psychomotricité est-elle partagée au niveau interna-              différentes disciplines qui ne partagent pas toujours
tional ?                                                             une même vision, il n’existe pas une seule et même
                                                                     définition. Par ailleurs, le terme n’existe pas ou est peu
                                                                     répandu dans la langue anglaise et l’utilisation hétéro-
Dans plusieurs pays européens (la France, l’Allemagne,
                                                                     gène qui en est faite selon les pays ne facilite pas non
la Suisse, etc.), on distingue deux types de psychomo-
                                                                     plus le développement d’une identité propre. Il n’est
tricité : la thérapie psychomotrice qui s’oriente vers
                                                                     pas évident pour la psychomotricité de trouver sa propre
la santé publique et l’éducation psychomotrice qui est
                                                                     identité puisqu’elle est issue d’origines variées, de déve-
reliée à la pédagogie, l’éducation et au développement.
                                                                     loppements historiques différents, et de l’influence de
Toutefois, dans les pays anglo-saxons, le terme « psycho-
                                                                     théories diverses qui ne partagent pas toujours une même
motricité » n’existe pas ou est peu répandu. On ne peut
                                                                     vision.
pas, pour autant, dire que dans ces pays la psychomotri-
cité n’existe pas. Partant de la prémisse théorique d’une
vision holistique de l’homme et de l’influence mutuelle                                     LA SCIENCE
du mouvement, de l’émotion et de la cognition diffé-
rents pays ont développé des pratiques comparables à la              Le terme science qui vient du latin scientia est défini
psychomotricité (avec ou sans utilisation de ce terme).              dans le Larousse2 comme un « ensemble cohérent de
                                                                     connaissances relatives à certaines catégories de phéno-
Dans la littérature internationale, le terme « psychomo-             mènes obéissant à des lois par les méthodes expérimen-
tricité » est également utilisé par d’autres professions             tales ». Plus spécifiquement, le terme science se réfère
comme, par exemple, l’ergothérapie, la logopédie ou                  à la connaissance relative à un sujet d’étude particulier
l’orthophonie et la kinésithérapie. Par ailleurs, le terme           acquis à partir d’une recherche, d’observations ou par
« psychomotricité » est employé différemment en                      la pratique. La psychomotricité appartient au domaine
Norvège (Ekerholt & Bergland, 2004), en Belgique                     des sciences humaines. Mais peut-on vraiment parler
(Flandre ; Probst & Vandevliet, 2003) et aux Pays-Bas                d’une science de la psychomotricité ? La réponse à cette
(Probst & Bosscher, 2001). Dans ces pays, on associe                 question est purement de nature académique. Les

1http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/psychomotricit%C3%    2  http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/science/71467?q=
A9/64859?q=psychomotricit%C3%A9#64132                                science#70678

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M. PROBST, C. MAÏANO

                   personnes qui bénéficient de la psychomotricité n’obtien-       Les kinésithérapeutes en santé mentale jouent un rôle clé
                   dront pas de gain dans la réponse à cette question. Ce          dans l’équipe interdisciplinaire. La kinésithérapie dans la
                   qui est important à retenir c’est que la psychomotricité        santé mentale est fondée sur les preuves scientifiques et cli-
                   évolue, qu’elle satisfait aux demandes scientifiques inter-     niques disponibles » (voir André-Vert et al., 2015 ; Probst
                   nationales, que les psychomotriciens ont développé une          et al., 2015 ; Probst & Skjaerven, 2017).
                   attitude scientifique et que la psychomotricité répond aux
                   exigences de qualité des soins de santé.
                                                                                   Les psychomotriciens devraient collaborer avec les
                                                                                   autres professionnels qui s’intéressent au corps et au
                   Les psychomotriciens ne sont pas les seuls profession-
                                                                                   mouvement. Cette collaboration ne nuira pas à leur
                   nels à travailler sur le corps et le mouvement. Ainsi, dans
                                                                                   développement, bien au contraire. Elle ouvrira plus de
                   cette quête d’une identité propre, les psychomotriciens
                                                                                   portes qu’elle n’en fermera. Elle permettra de créer des
                   peuvent parfois donner l’impression de se sentir menacés
                                                                                   opportunités de changements et d’apprentissage de nou-
                   par d’autres groupes de professionnels (par exemple, les
                                                                                   velles manières de faire. Dans une société en évolution
                   psychologues ou les kinésithérapeutes aussi appelé phy-
                                                                                   constante et rapide, il est préférable, pour des disciplines
                   siothérapeutes dans d’autres pays). Toutefois, les raisons
                                                                                   en développement et avec des ressources humaines et
                   de ce sentiment de menace ne sont pas claires.
                                                                                   financières limitées, de mutualiser leurs énergies et de
                                                                                   rechercher des points de ressemblances.
                   Au cours des 20 dernières années, la psychothérapie et
                   la kinésithérapie se sont davantage intéressées au corps
                   et au mouvement et leurs pratiques dans ce domaine              Aujourd’hui, le psychomotricien travaille dans une pra-
                   ont énormément évoluées, entre autres en raison du              tique clinique et il doit se familiariser avec une attitude
                   développement des neurosciences. Concernant la psy-             scientifique. Cela signifie qu’il doit : développer ses com-
                   chothérapie, de nouvelles pratiques comme la psycho-            pétences adaptatives, ses habilités à penser hors du cadre et à
                   thérapie psychocorporelle, la thérapie psychocorporelle         sortir de sa zone de confort ; accepter l’apprentissage
                   et relationnelle, la psychothérapie corporelle intégrative      à vie ; et éviter l’isolement. Avec l’apprentissage et la
                   sont apparues et elles sont devenues assez populaires.          formation tout au long de la vie, les psychomotriciens
                   En ce qui concerne la kinésithérapie cela a conduit à des       sont invités à : élargir leur point de vue ; prendre du
                   spécialisations au niveau national et international comme       temps pour lire des articles et des ouvrages spécialisés
                   la kinésithérapie pédiatrique qui s’intéresse au dévelop-       en lien avec le travail clinique ; assister régulièrement à
                   pement moteur des enfants et la kinésithérapie en santé         des journées d’études et des congrès ; et contribuer à la
                   mentale qui s’intéresse aux personnes avec une santé            recherche scientifique.
                   mentale labile ou avec des problèmes psychiatriques.
                   Toutefois, bien que ces professions s’intéressent au corps
                   et au mouvement, il existe des différences avec la psy-                             LA RECHERCHE
                   chomotricité, mais il y a aussi beaucoup de similitudes
                   et de ressemblances. Afin de démontrer ces similitudes,          La recherche est nécessaire dans le développement
                   nous allons nous appuyer sur la définition internationale        des traitements ou des thérapies et elle fait partie de
                   de la kinésithérapie en santé mentale proposée par Probst        la science. La recherche attribue de la valeur à une
                   et al. (2015, 2017) : « La kinésithérapie en santé mentale       intervention en recueillant des informations fiables et
                   est définie comme une spécialité au sein de la kinésithéra-      valides de manière systématique et en effectuant des
                   pie. Elle est réalisée dans différents contextes de la santé     comparaisons. Cela permet de prendre des décisions
                   et de la santé mentale y compris en psychiatrie.                 plus éclairées ou de comprendre les mécanismes de
                   La kinésithérapie en santé mentale est centrée sur la per-       causalité ou les principes généraux (Øvretveit, 1998).
                   sonne et elle est destinée aux enfants, adolescents, adultes     La recherche comprend plusieurs niveaux. Le premier
                   et personnes âgées ayant des problèmes de santé mentale          niveau concerne une description claire de l’intervention,
                   bénins, modérés, graves, aigus et chroniques, et dans diffé-     c’est-à-dire une explication du problème, le fondement
                   rents contextes : soins de santé primaires ou spécialisés, en    de cette intervention, les objectifs et les interventions. Si
                   hospitalisation ou en ambulatoire. Les kinésithérapeutes         ces informations sont disponibles, cette intervention peut
                   ayant une spécialisation en santé mentale contribuent à          potentiellement être considérée comme efficace. Le deu-
                   la promotion de la santé, aux actions de prévention de la        xième niveau concerne la « théorie de l’intervention » ou
                   santé, aux traitements et à la réadaptation individuelle ou      les arguments théoriques sur la base de preuves circons-
                   en groupe.                                                       tancielles indiquant qu’il est plausible que l’intervention
                   Les kinésithérapeutes en santé mentale créent une relation       fonctionne. Si c’est le cas, l’intervention peut être consi-
                   thérapeutique afin de fournir une évaluation et des services     dérée comme prometteuse. Si les effets sont démontrés,
                   spécifiquement adaptés à la complexité de la santé mentale       le troisième niveau est atteint. Finalement, le quatrième
                   au sein d’un environnement favorable en appliquant un            niveau de preuve concerne l’efficacité de l’intervention.
                   modèle biopsychosocial. La finalité de la kinésithérapie         Une intervention peut être considérée comme efficace si
                   dans la santé mentale est d’optimiser le bien-être et l’auto-    la recherche expérimentale (en particulier les essais
                   nomie de l’individu par la promotion, la sensibilisation au      randomisés contrôlés) prouve que le résultat est unique-
                   mouvement corporel dans tous ses aspects en réunissant           ment attribuable à l’intervention et non pas à d’autres
                   les éléments physiques et mentaux.                               influences.

                   4                                                   A.N.A.E. N° 153 – MAI 2018
© copyright Anae
LA PSYCHOMOTRICITÉ EST-ELLE UNE DISCIPLINE SCIENTIFIQUE ? QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION

La littérature internationale et les données bibliogra-                     le terme psychomotor therapy, 15 pour psychomotor
phiques se réfèrent à la pyramide scientifique pour                         physiotherapy, 5 pour psychomotricité et 15 pour
évaluer les recherches scientifiques (voir figure 1). La                    psychomotricity. Pour les termes thérapie psychomo-
pyramide scientifique comprend, d’une part, les écrits                      trice ou éducation psychomotrice, aucun article n’a été
scientifiques visant à synthétiser les résultats, et d’autre                trouvé. Cette analyse quantitative des écrits scientifiques
part, les études empiriques. Les écrits scientifiques visant                nous révèle, aujourd’hui, que dans le domaine de la
à synthétiser les résultats (les méta-analyses et les recen-                psychomotricité il y a peu de recherches et qu’il est par
sions systématiques des écrits) constituent le plus haut                    conséquent difficile pour le moment de conclure que la
niveau de preuve, et les études empiriques (essais contrô-                  psychomotricité est une discipline scientifique en tant
lés ou randomisés-contrôlés ; études de cohortes ou de                      que telle.
suivis ; études de cas ; études transversales ou études
croisées ; rapports d’observation, etc.) représentent un
niveau de preuve plus faible.                                               L’analyse qualitative des résultats obtenus via les bases
                                                                            de données Web of Science et PubMed, confirme tout
                                                                            d’abord que le terme psychomoteur a plusieurs sens et
Figure 1. La pyramide scientifique pour évaluer les recherches scienti-
fiques.                                                                     qu’il est employé dans des domaines divers avec une
                                                                            signification bien différente de celle utilisée en France.
                                                                            Par ailleurs, le nombre de publications recensées dans
                                                                            les bases de données confirme un intérêt limité des
                            Méta-analyses et recensions sytématiques        recherches internationales pour la psychomotricité. Une
                                           des écrits                       des solutions pourrait-être, par exemple, d’homogénéiser
                                                                            la terminologie utilisée entre les différents domaines ;
                                                                            mais est-ce vraiment réaliste ?
                            Essais contrôlés ou randomisés-contrôlés

                                                                            Pour répondre aux conditions internationales concernant
                                                                            la qualité des interventions, la psychomotricité doit s’en-
                          Études de cohortes ou de suivis rétrospectives    gager à faire plus de recherches afin de démontrer qu’elle
                                        ou prospectives
                                                                            est bien une discipline scientifique en tant que telle, et
                                                                            que les interventions qu’elle propose peuvent être recon-
                             Études de cas ; études transversales, ou       nues comme valides et efficaces.
                               croisées ; rapports d’observation ;
                                   avis/consensus d'experts...
                                                                            Le terme recherche est associé à des méthodes statis-
                                                                            tiques souvent complexes et évoque hélas souvent un
                                                                            cauchemar pour les cliniciens. Il existe une certaine aver-
                                                                            sion chez les cliniciens pour la recherche. Cette aversion
Une analyse superficielle de la recherche internationale
                                                                            est une réaction naturelle et humaine, bien souvent reliée
concernant la thérapie/éducation psychomotrice a été
                                                                            à son niveau de formation et à sa personnalité. Tel que
réalisée à partir des bases de données bibliographiques
                                                                            présenté dans l’encadré 1, il existe entre autres quatre
Web of Science et PubMed. Elle permet d’illustrer les
                                                                            types de personnalités chez le clinicien par rapport à la
défis de la recherche en psychomotricité. Web of Science
                                                                            recherche.
est une base de données internationale permettant d’ef-
fectuer des recherches bibliographiques dans le domaine
                                                                            Encadré 1. Les personnalités et la recherche.
des sciences humaines et de la santé à partir de mots-
clés. Elle permet également de générer des indicateurs
                                                                               « J’ai assez d’expérience. Je n’ai pas besoin de recherches dans ma
bibliométriques (analyse statistique des publications).                        pratique. » (la personnalité de l’expert)
Les résultats de cette recherche bibliographique, effec-                       « Je ne peux pas l’utiliser. Cela ne me concerne pas. » (la person-
tuée le 1er février 2018, a permis d’identifier 4 216                          nalité bornée).
références pour le terme psychomotor, 32 pour le terme                         « Je ne comprends pas la recherche. Ou, je ne suis pas assez formé
psychomotor therapy, 29 pour le terme psychomotricity, 6                       pour comprendre la recherche. » (la personnalité honnête).
                                                                               « Je pense que la recherche est écrite pour les chercheurs. » (la
pour le terme psychomotor physiotherapy, 3 pour le terme                       personnalité cynique)
psychomotricité et 0 pour les termes thérapie psychomo-                        « J’essaie d’intégrer les données de recherche dans ma pratique. »
trice et éducation psychomotrice.                                              (la personnalité ouverte)

PubMed, la version gratuite de MEDLINE, est une                             Néanmoins, la recherche est nécessaire pour acquérir une
base de données bibliographiques en sciences biomédi-                       identité professionnelle et pour être reconnue comme
cales. En employant le thésaurus de référence (Medical                      une discipline scientifique, c’est-à-dire du point de vue
subject headings ou MeSH, psychomotor) comme filtre de                      du client, des professionnels de la santé et des autorités/
recherche aucune référence n’a été proposée. Par contre,                    décideurs.
lorsque l’on effectue une recherche à partir de tous
les termes (all terms), la base de données répertorie                       Du point de vue du client, la recherche est nécessaire
80 107 références pour le terme psychomotor, 45 pour                        pour rendre l’intervention transparente, non seulement

                                                            A.N.A.E. N° 153 – MAI 2018                                                               5
                                                                                                                                                         © copyright Anae
M. PROBST, C. MAÏANO

                   pour le client et le clinicien mais aussi pour son envi-           Encadré 2. Définir les objectifs par l’emploi de SMART/SMARTER
                   ronnement, pour la prise de décision et pour donner une            acronyme (Doran, 1981).
                   rétroaction adéquate pendant l’intervention.
                                                                                        Spécifique : les objectifs spécifiques doivent être simples à
                   Du point de vue du professionnel de la santé la recherche
                                                                                        comprendre, clairs et précis, et en lien avec le ou les besoins de la
                   peut être utilisée comme un instrument thérapeutique                 personne qui demande de l’aide.
                   pour : optimiser l’intervention ; informer les collègues             Mesurable : les objectifs doivent être mesurables. Plus spécifique-
                   et les autres professionnels ; soutenir le rôle de la psy-           ment le niveau de départ (le seuil) et le niveau à atteindre.
                   chomotricité et développer son identité ; visualiser les             Atteignable : les objectifs doivent être acceptables, raisonnables ou
                   changements qui peuvent survenir au cours du processus               appropriés. Ce critère est important pour l’adhésion à l’intervention.
                                                                                        Réaliste : les objectifs doivent être réalistes, accessibles et naturel-
                   thérapeutique ; et le plaisir intellectuel.                          lement réalisables. La personne doit être en mesure de les atteindre.
                                                                                        Temporellement défini : les objectifs sont délimités dans le temps.
                                                                                        Évaluer : une évaluation constante des objectifs est essentielle pour
                   Du point de vue des autorités/décideurs, la recherche                les atteindre.
                   permet d’identifier la rentabilité et la pertinence des              Réajuster : après l’évaluation, une adaptation ou un réajustement
                   soins offerts. La psychomotricité doit prouver scientifi-            des objectifs est nécessaire.
                   quement les fondements de ses interventions et démon-
                   trer son apport significatif pour la personne qui demande
                   de l’aide.
                   Par suite les grandes lignes de la recherche seront axées sur     En santé, l’évaluation de la qualité des services est deve-
                   les effets et la qualité des interventions psychomotrices, les    nue un enjeu important. Il existe beaucoup de moyens
                   mécanismes sous-jacents, les éléments efficaces des tech-         différents permettant d’évaluer la qualité des services.
                   niques utilisées et l’intérêt des interventions pour le client,   L’un des plus reconnus et utilisé concerne celui de la
                   son environnement et les professionnels de la santé.              qualité des soins de santé (« Health Care Quality »)
                                                                                     proposé par l’Institut de médecine américain (2001).
                                                                                     Cette évaluation de la qualité des services comprend six
                   La recherche a directement et indirectement une influence         domaines (traduction libre, p. 5-6).
                   sur la qualité de l’intervention psychomotrice. En géné-          « - Sécurité : éviter de nuire aux patients grâce aux soins
                   ral, pour répondre à des qualités minimales, la recherche         destinés à les aider.
                   doit satisfaire à plusieurs critères : 1) le but ou les objec-    - Productivité : fournir des services fondés sur des connais-
                   tifs doivent clairement être définis et si possible utiliser      sances scientifiques à tous ceux qui pourraient en béné-
                   des concepts communs ; 2) la procédure de l’intervention          ficier et s’abstenir de fournir des services à ceux qui ne
                   est énumérée pour maintenir la continuité ; 3) l’interven-        sont pas susceptibles d’en bénéficier (en évitant la sous-
                   tion est soigneusement planifiée et elle doit mener à des         utilisation et la mauvaise utilisation).
                   résultats objectifs ; 4) les limites de l’intervention sont       - Centré sur le patient : offrir des soins respectueux et adap-
                   rapportées ; 5) les données sont analysées à partir de            tés aux préférences, aux besoins et aux valeurs du patient,
                   méthodes d’analyse appropriées ; 6) la validité et la fia-        et garantissant que les valeurs des patients guident toutes
                   bilité des données colligées est soigneusement vérifiée ;         les décisions cliniques.
                   et 7) les conclusions sont limitées à ce qui été évalué.          - À temps : réduire le temps d’attente et parfois les délais
                                                                                     préjudiciables tant pour ceux qui les reçoivent que pour
                                                                                     ceux qui soignent.
                   Cette liste peut faire peur et dissuader de nombreux              - Efficace : éviter le gaspillage, y compris le gaspillage
                   cliniciens, mais cette peur n’est pas fondée. La structure        d’équipements, de fournitures, d’idées et d’énergie.
                   d’une intervention est conforme aux conditions susmen-            - Équitable : fournir des soins qui ne varient pas en qua-
                   tionnées et contient toujours les éléments suivants : des         lité en raison de caractéristiques personnelles telles que le
                   objectifs clairs et pertinents qui répondent à la demande         sexe, l’origine ethnique, l’emplacement géographique et le
                   d’aide ; une planification claire étape par étape sur la          statut socioéconomique. »
                   démarche à suivre ; une attention suffisante aux pièges
                   possibles ; une évaluation réalisée à partir de méthodes
                   présélectionnées ; et un réajustement des objectifs fixés.        Lors de l’évaluation de la qualité des services, l’impor-
                                                                                     tance accordée à chacun de ces domaines n’est pas la
                                                                                     même. Généralement, l’emphase est presque exclusive-
                   Une des ressources qui peut aider le psychomotricien              ment mise sur la productivité et la sécurité tandis que très
                   à être le plus concret possible pour la personne qui              peu d’attention est mise sur l’efficacité.
                   recherche l’aide et son environnement est le SMART/
                   SMARTER (voir l’encadré 2). Il s’agit d’un acronyme
                   venant du domaine du marketing permettant de définir              L’utilisation d’interventions fondées sur des faits
                   des objectifs à partir de sept éléments à respecter (voir         (« evidence based » ; Sackett et al., 1996, 2000) est deve-
                   l’encadré 2).                                                     nue la norme dans les soins de santé. Naturellement, il
                                                                                     y a le pour et le contre. Toutefois, cette approche doit se
                                                                                     porter garante de la qualité des soins et exclure les inter-
                                                                                     ventions douteuses. En effet, il existe une multiplicité
                                                                                     d’interventions, avec ou sans fondements théoriques ou
                                                                                     scientifiques, qui ont été reprises sans discernement par

                   6                                                     A.N.A.E. N° 153 – MAI 2018
© copyright Anae
LA PSYCHOMOTRICITÉ EST-ELLE UNE DISCIPLINE SCIENTIFIQUE ? QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION

les cliniciens. Les collègues qui emploient ces interven-         interne renvoie à des considérations qui restent limitées
tions peuvent nuire au développement de la psychomo-              et restreintes au groupe de collègues pour lequel une
tricité et de la profession.                                      subjectivité incorporée (in build subjectivity) est créée.
                                                                  En psychologie, on parle de l’effet de halo ou de biais
                                                                  cognitif ou de jugement. C’est une perception sélective
D’une part, cette approche scientifique fondée sur les            d’informations qui vont dans le sens de ce que l’on
faits est importante pour le futur (Saterfield et al., 2009).     cherche à confirmer. Autrement dit, cela consiste à seule-
Comment la psychomotricité pourrait-elle devenir plus             ment voir ce que l’on veut bien voir. Le défi est que ce ne
fondée sur les faits ? D’autre part, il ne faut pas trop          sont pas ses propres collègues qu’il faut convaincre, mais
se focaliser sur ce type de recherche. Il faut aussi être         bien les autres professionnels. L’évaluation par ses pairs
capable de relativiser certains faits. En effet, les résultats    est rassurante car tout le monde connaît tout le monde.
fondés sur les faits ne sont pas toujours appropriés et           Toutefois, cette évaluation comporte le désavantage
applicables tels quels dans la pratique. Ce n’est pas parce       de rendre parfois aveugle le clinicien quant aux points
qu’on ne peut pas montrer l’effet d’une intervention              faibles de ses interventions. En effet, ce qui est évident
donnée qu’il n’y a pas du tout d’effet (Altman, 1995).            pour nous ne l’est pas nécessairement pour les « autres
De plus, ce type d’approche peut-être plus pertinente             » ou pour les personnes extérieures à notre domaine
pour les administrateurs que pour les consommateurs               comme par exemple les politiciens, les directions et
(Nicholls, 2018).                                                 autres professionnels de santé.
Même lorsqu’on est submergé de données scientifiques,
les préjugés émotionnels déterminent presque toujours le
choix. Rarement, une décision est prise sur base de résul-        La réflexion externe renvoie aux personnes qui sont
tats d’études scientifiques. En tant que clinicien, il faut       totalement extérieures au domaine et qui ne craignent
utiliser son bon sens et prendre des décisions basées sur         pas de critiquer une autre approche. Une solution serait
les préférences du client, son expérience et les meilleures       de partager le contenu avec d’autres disciplines afin
preuves scientifiques. Les cliniciens prenant des décisions       d’être confronté et critiqué, mais aussi de recevoir d’une
sur la base de ces trois facteurs seront toujours avantagés       manière constructive des remarques et des idées qui
(Haynes et al., 2002).                                            donneront la possibilité de mieux étayer l’intervention.
                                                                  Dans le prolongement de ce raisonnement, les idées des
                                                                  sciences sociales et humaines semblent indispensables
L’IMPORTANCE DES FACTEURS COMMUNS                                 pour la psychomotricité. Toutefois, la collaboration avec
                                                                  d’autres disciplines est une condition sine qua non pour
Le modèle des facteurs communs (Lambert & Barley,                 développer sa profession ; éviter l’isolement ; construire un
2001 ; Wampold, 2001) est de plus en plus pris en                 cadre de qualité au sein d’une équipe pluri-, inter- ou trans-
compte dans la psychothérapie (Horvat et al., 2011) et            disciplinaire et pour rechercher la meilleure intervention
la physiothérapie (Miciak et al., 2012 ; Brunner, 2018).
Il vise à mettre en évidence les variables responsables           Les psychomotriciens ont-ils des arguments objectifs
du changement thérapeutique. Le modèle des facteurs               pour prétendre que la conscience des sens, du corps et
communs prévoit que les interventions psychologiques              du mouvement sont leurs propres moyens d’interven-
générales (par exemple, l’alliance client-clinicien, les          tion ? Ces notions ont, dans l’histoire du monde occi-
structures thérapeutiques, l’alliance du thérapeute avec          dental, intéressé beaucoup de penseurs, qu’ils soient
la théorie...) déterminent pour 30 % l’efficacité de la           philosophes, médecins, physiciens, mathématiciens, his-
psychothérapie. Les procédures thérapeutiques spéci-              toriens, psychologues ou sociologues. Les psychomo-
fiques expliquent pour seulement 15 % l’effet total de            triciens sont incontestablement une des options parmi
la psychothérapie. Les autres 55 % sont déterminés par            d’autres pour offrir de l’aide à la personne ayant des
les influences extra-thérapeutiques (40 % : rémission             troubles psychomoteurs. Le champ conceptuel de la
spontanée, support social, etc.) et par les attentes du           psychomotricité recouvre les notions fondamentales
client (15 % : l’effet placebo). Le modèle des facteurs           suivantes : le corps, la psyché, l’espace, le temps et la
communs peut être contesté et il doit encore être l’objet         mémoire. La question qu’il faut se poser est : qui des pro-
de recherches approfondies. Il n’y a pas d’arguments              fessionnels de la santé est à court terme le mieux placé,
pour supposer que ces résultats de la psychothérapie ne           pour offrir les meilleurs résultats positifs à la personne
seraient pas valables pour d’autres professions de santé          qui demande une aide spécifique ?
telle que la psychomotricité.

                                                                   LA FORMATION À LA PSYCHOMOTRICITÉ
             LA VISION SUR L’ESPRIT                                  ET LES GROUPES PROFESSIONNELS
              DE COLLABORATION
                                                                  Dans l’aspiration de bâtir son identité, la formation à la
Dans de petits groupes de profession de santé, on                 psychomotricité et les groupes professionnels jouent un
observe une certaine forme de corporatisme et d’auto-             rôle important. Ils doivent : 1) encourager les étudiants
satisfaction. Dans ces professions il y a peu de temps            et les professionnels en psychomotricité à clarifier les
pour des réflexions internes et externes. La réflexion            pratiques qu’ils utilisent (c’est-à-dire, les réponses aux

                                                  A.N.A.E. N° 153 – MAI 2018                                                  7
                                                                                                                                   © copyright Anae
M. PROBST, C. MAÏANO

                   questions « pour qui, quand, comment et pourquoi ? ») ;         La psychomotricité n’a pas pour premier objectif de trou-
                   2) permettre aux psychomotriciens d’apprendre les               ver une solution, elle consiste à entamer un dialogue entre
                   uns des autres, et les uns avec les autres, de comparer         le client et son corps. Elle est un diamant brut et précieux
                   les connaissances expérientielles, de les évaluer et de         dans les soins de santé. C’est pour cette raison que les psy-
                   les intégrer dans les meilleures pratiques ; 3) faire en        chomotriciens doivent développer une attitude scientifique
                   sorte que les psychomotriciens intègrent les nouvelles          pour soutenir et appuyer leur pratique.
                   connaissances dans leur processus de réflexion et de
                   développement. Les données issues de la recherche
                   peuvent être utilisées dans la pratique sans trop de dif-
                   ficultés ; 4) coopérer entre professionnels, en tant que
                   cochercheurs, ou avec les personnes ayant la même expé-
                   rience pour répondre à des problèmes similaires, et pour
                   décrire, systématiser, innover, appliquer et évaluer leur
                   pratique. Les données issues de la recherche permettront
                   de développer leur identité.
                                                                                    RÉFÉRENCES
                                          CONCLUSION                                ALTMAN, D. G. & BLAND, J.M. (1995). Absence of evidence is not
                                                                                    evidence of absence. British Medical Journal, 311, 485.

                   La psychomotricité a de l’avenir. Elle doit surtout se           ANDRE-VERT, J., PAGUESSORHAYE, D., DEMONT, A., GUE-
                                                                                    MANN, M., MAMBRIANI, A., PROBST, M. & MATTHIEU, P. (2015).
                   concentrer sur les qualités des soins et sur le client plutôt    La WCPT, son assemblée générale, ses sous-groupes, ses réseaux. Kiné-
                   que sur le clinicien ou la spécialisation. Les interventions     sithérapie, la revue, 15, 68-79.
                   doivent être clairement décrites, y compris les effets           BRUNNER, E. (2018). Common factors perspective in physiotherapy for
                   secondaires. Les avantages allégués des services doivent         chronic low back pain. Doctoral dissertation. Leuven: KU Leuven.
                   être explicitement énoncés et scientifiquement validés.          DORAN, G.T. (1981). There’s a S.M.A.R.T. way to write management’s
                   Les influences individuelles doivent être exclues empi-          goals and objectives. Management Review, AMA FORUM, 70(11), 35-36.
                   riquement. Les techniques psychomotrices sont impor-             EKERHOLT, K. & BERGLAND, A. (2004). The first encounter with
                   tantes, mais le succès de toutes les techniques dépend           Norwegian psychomotor physiotherapy. Scandinavian Journal of Public
                   du sens de l’alliance du client avec le clinicien (Frank &       Health, 32, 403-410.
                   Frank, 1991).                                                    FRANK, J.D. & FRANK, J.B. (1991). Persuasion and healing: a compa-
                                                                                    rative study of psychotherapy. Johns Hopkins University Press.
                   La principale préoccupation du clinicien est d’acquérir          HAYNES, R.B., DEVEREAU, P.J. & GUYATTT, G.H. (2002). Physi-
                   une attitude scientifique en se posant entre autres les          cians and patients choices in evidence based practice. Evidence does not
                                                                                    make decisions, people do. British Medical Journal, 324, 1, 350.
                   questions suivantes : la qualité de vie du client est-elle
                   plus satisfaisante à la suite de l’intervention ? L’inter-       HORVATH, A.O., DEL RE, A.C., FLUCKIGER, C. & SYMONDS, D.
                   vention va-t-elle augmenter le niveau et les capacités du        (2011). Alliance in individual therapy. Psychotherapy, 48(1), 9-16.
                   client ? Le client est-il prêt à poursuivre l’intervention de    INSTITUTE OF MEDICINE (2001). Crossing the quality chasm: A new
                   manière indépendante ? Le client est-il satisfait de l’in-       health system for the 21st century. Washington, DC: National Academy
                                                                                    Press.
                   tervention ? En effet, la voix de la personne qui demande
                   de l’aide occupe de plus en plus une place cruciale dans         LAMBERT, M.J. & BARLEY, D.E. (2001). Research summary on the
                                                                                    therapeutic relationship and psychotherapy outcome. Psychotherapy,
                   les soins de santé. Leurs expériences et leur satisfaction       38(4), 5.
                   à l’égard des soins gagne de l’importance. Les clients
                   satisfaits sont plus susceptibles que les autres d’obtenir       MICIAK, M., GROSS, D.P. & JOYCE, A. (2012). A review of the psy-
                                                                                    chotherapeutic ‘common factors’ model and its application in physical
                   des bénéfices de leur intervention. Leur satisfaction est        therapy. Scandinavian Journal of Caring Sciences, 26(2), 394-403.
                   un indicateur fiable de la qualité des soins offerts (Moons,
                                                                                    MOONS, P. (2018). Prems and proms in de stem van de patiënt in de
                   2018). La personne n’est pas simplement un destinataire          gezondheidszorg. Karakter, 61, 24-27.
                   des soins, elle devient coproductrice de ses soins. Voilà
                                                                                    NICHOLLS, D.A. (2018). The end of physiotherapy. London: Routlegde.
                   pourquoi certains cliniciens ont peur que leur liberté
                   thérapeutique soit compromise, mais ceci est de nouveau          ØVRETVEIT, J. (1998). Evaluating health interventions: an introduction
                                                                                    to evaluation of health treatments, services, policies, and organizational
                   une crainte infondée. C’est le devoir du clinicien de trou-      interventions. Buckingham Philadephia: Open University Press.
                   ver un équilibre entre l’avis du client, l’expérience du
                   clinicien et les résultats issus de recherches empiriques.       PROBST, M. (2017). Physiotherapy in mental health. In T. Suzuki (Ed.),
                                                                                    Clinical physical therapy (pp.179-204). Zagreb, Serbia: InTech, Open
                   Au final, c’est le psychomotricien qui prendra la décision       Access.
                   concernant l’intervention à prioriser.
                                                                                    PROBST, M. & BOSSCHER, R. (2001). Ontwikkelingen in de psychomo-
                   La satisfaction des clients est de plus en plus considé-         torische therapie. Zeist: Cure & Care publishers.
                   rée comme un domaine de recherche important. Dans le
                                                                                    PROBST, M., KNAPEN, J., POOT, G. & VANCAMPFORT, D. (2010).
                   futur, la recherche interventionnelle sera centrée sur les       Psychomotor therapy and psychiatry: what’s in a name? The Open Com-
                   caractéristiques individuelles d’un client, l’allégeance du      plementary Medicine Journal, 2, 105-113.
                   clinicien, l’alliance du clinicien et du client et sur les       PROBST, M. & SKJAERVEN, L.H. (Eds.) (2017), Physiotherapy in
                   facteurs communs.                                                mental health and psychiatry: a scientific and clinical based approach.
                                                                                    London: Elsevier.

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© copyright Anae
LA PSYCHOMOTRICITÉ EST-ELLE UNE DISCIPLINE SCIENTIFIQUE ? QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION

PROBST, M., SKJAERVEN, L., PARKER, A., GYLLENSTEN, A.,                   SACKETT, D.L., STRAUS, S.E., RICHARDSON, W.S., ROSENBERG,
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PROBST, M. & VANDEVLIET, P. (2003). La Thérapie psychomotrice            SATERFIELD, J., SPRING, B., BROWNSON, R., MULLEN, E.,
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