NOUVEAUTÉS THÉRAPEUTIQUES EN NÉPHROLOGIE : 10 ANS D'AVANCÉES - ORBI

 
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Nouveautés          thérapeutiques en
                                                     n é p h r o l o g i e : 10 a n s d ’ ava n c é e s

                                                                 Bovy C (1), Delanaye P (1, 2), Jouret F (1, 4), Krzesinski JM (1, 4)

                                          Résumé : L’insuffisance rénale chronique (IRC) altère la                     Therapeutic innovation in nephrology :
                                          qualité de vie, expose à une morbi-mortalité cardiovascu-                           10 years of progress
                                          laire majorée, et peut conduire à la dialyse chronique et/
                                          ou la transplantation rénale. Tout progrès qui freinerait le      Summary : Chronic kidney disease (CKD) impairs the qua-
                                          développement et la progression de cette IRC est le bien-         lity of life and increases the risk for cardiovascular morbi-
                                          venu. Au cours de ces dernières années, une meilleure             mortality. Intensive research is conducted in order to slow
                                          compréhension des mécanismes physiopathologiques de               down CKD development and progression. During the past
                                          certaines maladies glomérulaires a permis l’utilisation d’un      decade, a better understanding of the pathophysiological
                                          traitement plus ciblé, le rituximab, qui apporte une nouvelle     mechanisms of glomerular diseases has highlighted the
                                          option dans des situations difficiles. Des progrès ont éga-       benefits of rituximab. Progresses have also been made in
                                          lement été faits dans la compréhension des mécanismes             the understanding of the mechanisms of autosomal poly-
                                          expliquant la perte de fonction rénale chez le patient atteint    cystic kidney disease, the most frequent inherited kidney
                                          de polykystose rénale autosomique dominante, la maladie           disease. These observations led to the discovery and
                                          rénale génétique la plus fréquente. Les études cliniques          validation of tolvaptan, a blocker of the V2 receptor of the
                                          ont permis de démontrer la néphro-protection du tolvaptan,        antidiuretic hormone as an innovative treatment. Type 2
                                          un antagoniste des récepteurs V2 de l’hormone antidiu-            diabetic disease is the leading cause worldwide of end-
                                          rétique. Dans le domaine du diabète de type 2, première           stage kidney disease and dialysis. The development of new
                                          cause mondiale de prise en charge en dialyse, l’avènement         drugs, such as the gliflozins (inhibiting the sodium glucose
                                          des gliflozines (inhibiteurs de la réabsorption tubulaire         reabsorption in the proximal tubule), has contributed to an
                                          rénale de glucose et de sodium) a été une réelle révolu-          improvement in the management of the cardiovascular and
                                          tion thérapeutique pour freiner l’évolution de l’insuffisance     renal risks especially reducing congestive heart failure rate.
                                          rénale chronique et limiter le risque cardiovasculaire (sur-      Another important progress in nephrology since the begin-
                                          tout la décompensation cardiaque) de ces patients. Enfin,         ning of the new century concerns a more precise estimation
                                          une meilleure estimation de la fonction rénale a permis de        of the kidney function, which allows to better evaluate the
                                          mieux situer le patient dans sa vitesse de progression à          slope of CKD progression and test the influence of different
                                          travers les différents stades de l’IRC. Ce faisant, la ges-       therapeutic approaches aiming at correcting anemia, hyper-
                                          tion des anomalies métaboliques rencontrées au cours de           kalemia, metabolic acidosis and disturbances of calcium
                                          celle-ci, telles qu’anémie, hyperkaliémie, acidose, troubles      and phosphate. The present review summarizes all of these
                                          du métabolisme phosphocalcique, s’est améliorée. Cette            major advances in the field of CKD diagnosis and treat-
                                          revue fait état des avancées majeures dans le domaine             ment, and envisions the future of nephrology for the next
                                          du diagnostic de l’IRC et de ses traitements et envisage          decade.
                                          le futur de la néphrologie dans les 10 prochaines années.         Keywords : Chronic kidney disease - Glomerulonephri-
                                          Mots-clés : Maladie rénale chronique - Glomérulo-                 tis - Rituximab - Autosomal polykystic kidney disease
                                          néphrite - Rituximab - Polykystose rénale - Tolvaptan             - Tolvaptan - Type 2 diabetes - Gliflozins - Estimation
                                          - Estimation du débit de filtration glomérulaire - Dia-           of the glomerular filtration rate - Anemia - Hyperka-
                                          bète de type 2 - Gliflozine - Anémie - Acidose méta-              lemia - Metabolic acidosis - Calcium and phosphate
                                          bolique - Hyperkaliémie - Trouble du métabolisme                  disturbances
                                          phosphocalcique

                                                                                                           chez le patient atteint de polykystose rénale auto-
                                         Introduction                                                      somique dominante (PRAD); le recours à une
                                                                                                           nouvelle classe d’antidiabétiques oraux, les gliflo-
                                            De nombreux progrès ont été réalisés en                        zines, chez le patient diabétique à risque ou ayant
                                         néphrologie au cours de ces dernières années,                     déjà une insuffisance rénale légère à modérée; la
                                         grâce aux avancées en biologie, en immunologie                    recherche d’ une meilleure estimation de la fonc-
                                         et en génétique. Il a donc fallu faire une sélec-                 tion rénale, capitale pour le suivi des patients et
                                         tion. Nous avons retenu cinq domaines qui nous                    l’appréciation du bénéfice des mesures thérapeu-
Rev Med Liege 2020; 75 : 5-6 : 336-343

                                         semblent intéressants à partager avec le lecteur :                tiques prises; et, enfin, certaines complications
                                         le recours au rituximab en pathologie gloméru-                    de l’insuffisance rénale avec des nouveautés
                                         laire; l’usage du tolvaptan pour freiner la crois-                intéressantes pour leur traitement.
                                         sance des kystes et la perte de fonction rénale                      Parmi les avancées en pathologie gloméru-
                                                                                                           laire, la dernière décade a été marquée par une
                                                                                                           meilleure compréhension physiopathologique de
                                                                                                           différentes pathologies glomérulaires, comme
                                         (1) Service de Néphrologie-Dialyse-Transplantation,
                                                                                                           les vascularites à anticorps anti-cytoplasme de
                                         CHU Liège, Belgique.                                              neutrophiles (ANCA), la glomérulonéphrite proli-
                                         (2) Service de Néphrologie-Dialyse-Aphérèse, Hôpital              férative lupique, ou encore, la glomérulonéphrite
                                         Universitaire Caremeau, Nîmes, France.                            membraneuse. Au niveau thérapeutique, un
                                         (3) Groupe de recherche Interdisciplinaire de Géno-
                                         protéomique Appliquée (GIGA), ULiège, Belgique.                   traitement dirigé contre les lymphocytes B, le
                                         (4) Faculté de Médecine, ULiège, Belgique.                        rituximab (RTX, MabThera®), s’est avéré très

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Nouveautés thérapeutiques en néphrologie : 10 ans d’avancées

efficace dans les pathologies où des anticorps                 d’azathioprine (AZA). L’étude RAVE a comparé
circulants pathogènes ont été produits.                        l’administration intraveineuse de RTX à celle,
   Le RTX est une immunoglobuline chimé-                       orale, de CYC à 2 mg/kg/jour chez des patients
rique (humain/souris) glycosylée, avec une                     nouvellement diagnostiqués souffrant de vascu-
affinité spécifique pour la protéine transmem-                 larite à ANCA ou en rechute de celle-ci (1, 2).
branaire, CD20, exprimée par les lymphocytes                   De ces deux études, il est ressorti que le RTX
B (mais pas par les cellules souches, les cel-                 est intéressant lors de rechutes de la vascularite
lules pro-B et les plasmocytes). Ce traitement,                ou en cas de résistance ou contre-indication au
administré par voie intraveineuse, entraîne une                traitement par CYC.
déplétion des lymphocytes B à mémoire, avec,                      En ce qui concerne le traitement de mainte-
secondairement, une diminution de la produc-                   nance, un seul RCT, MAINRITSAN, a comparé
tion des anticorps et des cytokines. Il apparaît               deux injections de 500 mg de RTX à 14 jours
donc séduisant d’utiliser ce traitement dans les               d’intervalle tous les 6 mois (jusqu’à 18 mois) à
pathologies dans lesquelles un auto-anticorps                  l’AZA jusqu’au mois 22. Les rechutes ont été
est impliqué.                                                  moins fréquentes sous RTX (5 %) par rapport
                                                               à l’AZA (29 %) (p = 0,002). Il n’y avait pas de
Les   vascularites        ANCA-positives                       différence en termes d’effets secondaires (3).
   Les syndromes néphritiques associent insuf-                    Notons que la meilleure manière d’administrer
fisance rénale à progression rapide, hématurie,                ce RTX fait toujours l’objet de plusieurs études,
protéinurie et hypertension. Ils sont typiques des             lors de l’induction comme lors du traitement de
glomérulonéphrites rapidement progressives.                    maintenance.
Dans cette entité, les vascularites à ANCA, si
elles sont rares (20 cas par an par million d’habi-            Néphropathie    lupique

tants), constituent des urgences néphrologiques.                  L’atteinte rénale du lupus érythémateux sys-
Elles nécessitent un diagnostic et une prise en                témique touche environ un tiers des patients
charge rapides (biopsie rénale, bilan biologique               lupiques au moment du diagnostic et constitue
immunitaire avec les recherches d’auto-anti-                   un facteur de mauvais pronostic. Ses méca-
corps) pour éviter une perte définitive de fonc-               nismes pathogéniques sont, entre autres, liés
tion rénale, voire un décès. Elles comprennent                 à l’interaction entre anticorps, cellules inflam-
la polyangéite microscopique avec granulo-                     matoires et cytokines (4). L’étude histologique
matose (anciennement appelée «Wegener»),                       du rein est incontournable en présence de
la polyangéite microscopique et la glomérulo-                  signes biologiques d’atteinte glomérulaire. L’at-
néphrite granulomateuse éosinophilique avec                    teinte proliférative glomérulaire lupique est une
polyangéite (anciennement appelée syndrome                     urgence néphrologique.
de «Churg-Strauss»). Ces pathologies ont, habi-
                                                                  Cette analyse histologique permet de choisir
tuellement, d’autres signes d’accompagnement
                                                               le traitement et, ainsi, d’améliorer le pronostic,
que les signes rénaux, avec atteintes cutanée,
                                                               préservant les patients d’une insuffisance rénale
respiratoire, digestive et/ou musculaire. Elles
                                                               à court ou moyen terme. Les corticostéroïdes
sont dites pauci-immunes car les anticorps ne
                                                               (CS) sont toujours la base du traitement immu-
sont pas détectés dans les glomérules. Ceux-ci
                                                               nosuppresseur, mais d’autres approches ont été
présentent, histologiquement, une prolifération
                                                               testées avec succès, dont le CYC et le myco-
extra-capillaire (formation de croissants glomé-
                                                               phénolate mofétil (MMF). Ici aussi, le RTX a été
rulaires), mais pas de prolifération endo-capil-
                                                               testé, vu la pathogénie de la néphrite associée
laire, contrairement à la néphrite lupique.
                                                               au lupus avec auto-anticorps circulants.
   Les vascularites ANCA-positives bénéficient
                                                                                                                    Rev Med Liege 2020; 75 : 5-6 : 336-343

                                                                  Le seul RCT qui a analysé les effets du RTX
d’un traitement immunosuppresseur d’induc-                     sur l’atteinte rénale du lupus est l’étude LUNAR
tion, suivi d’un traitement de maintenance. Ils                (5). Cent quarante-quatre patients, tous traités
ont modifié le pronostic, mais au prix d’effets                par CS et MMF, ont été randomisés dans un
secondaires. L’avènement du RTX tend à modi-                   groupe placebo ou un groupe recevant du RTX.
fier cette approche thérapeutique.                             Dans le groupe RTX, on retrouvait 26,4 % de
  En ce qui concerne le traitement d’induction,                rémissions complètes (RC) et 30 % de réponses
deux essais randomisés et contrôlés (RCT)                      partielles (RP). Dans le groupe placebo, ces
ont démontré une efficacité similaire du RTX                   taux étaient, respectivement, de 30,6 % et 15 %.
comparé au cyclophosphamide (CYC). L’étude                     Les réponses rénales (RC+RP) étaient, respec-
RITUXVAS a évalué des patients nouvellement                    tivement, 56,9 % et 45,8 % sous RTX et sous
diagnostiqués recevant, soit du RTX avec du                    placebo. Ces différences n’atteignaient pas le
cyclophosphamide (CYC), soit du CYC suivi                      seuil de signification statistique.

                                                                                                                    337
Bovy C, et coll.

                                            L’étude RITUXILUP est, de son côté, non           nismes physiopathologiques sont de mieux en
                                         contrôlée (6). Elle incluait 50 patients présen-     mieux compris. Ce médicament est, maintenant,
                                         tant une néphrite lupique proliférative. Dans        clairement indiqué dans le traitement des vas-
                                         cette étude, les patients étaient traités par 1 g    cularites ANCA-positives et la GEM. Bien que
                                         de RTX et 500 mg de méthylprednisolone aux           son efficacité n’ait pas encore été démontrée
                                         jours 1 et 15, suivis de MMF sans CS. Les résul-     dans les autres pathologies, il pourrait être utile
                                         tats étaient très positifs à 52 semaines : 52 % de   dans le traitement de pathologies réfractaires
                                         RC et 34 % de RP.                                    aux traitements conventionnels, avec un profil
                                            Actuellement, tant les directives néphrolo-       de sécurité rassurant.
                                         giques du Kidney Disease Improving Global Out-
                                         comes (KDIGO) que celles des rhumatologues           La   p o ly k y s to s e r é n a l e
                                         européens (European League Against Rheuma-           a u to s o m i q u e d o m i n a n t e   (PRAD)
                                         tism ou EULAR) ne recommandent l’utilisation
                                         du RTX dans la néphropathie lupique qu’après
                                         échec des traitements immunosuppresseurs                La PRAD est la maladie rénale génétique la
                                         classiques.                                          plus fréquente, avec une prévalence estimée
                                                                                              à 1/1.000 naissances (10). C’est une maladie
                                         Glomérulonéphrite      membraneuse     (GEM)         génétiquement hétérogène, causée dans ~80 %
                                                                                              des cas par une mutation du gène Polycystic
                                            A côté des formes d’atteintes glomérulaires       Kidney Disease (PKD) 1 et dans ~15 % par une
                                         prolifératives avec syndrome néphritique, il y a     mutation du gène PKD2. Certains cas de PRAD
                                         des atteintes glomérulaires caractérisées par un     atypiques ont été associés à une mutation des
                                         syndrome néphrotique où les œdèmes diffus et         gènes GANAB ou DNAJB11 (11, 12). La PRAD
                                         une protéinurie très sévère dominent le tableau.     se caractérise par le développement précoce
                                         Ce syndrome est, potentiellement, lié à diverses     et bilatéral d’innombrables kystes rénaux,
                                         atteintes du podocyte du glomérule, mais c’est       induisant progressivement une augmentation
                                         l’atteinte glomérulaire extra-membraneuse qui        du volume rénal et l’altération de la fonction
                                         est la plus fréquente chez l’adulte. La compré-      rénale. Une insuffisance rénale terminale (IRT)
                                         hension de la pathogénie de cette GEM a été          est observée dans 50 % des cas dès l’âge de
                                         grandement améliorée suite à la découverte de        50 ans. Néanmoins, la sévérité clinique de la
                                         plusieurs auto-anticorps circulants. Le plus inté-   PRAD est extrêmement variable, non seulement
                                         ressant de ces auto-anticorps est dirigé contre      en inter-familial, mais également en intra-fami-
                                         le récepteur 1 de la phospholipase A2 (PLA2R)        lial. Les causes de cette variabilité phénotypique
                                         du podocyte. D’autres auto-anticorps ont ensuite     restent peu claires. Les mutations – a fortiori
                                         été identifiés, rendant le développement de cette    tronquantes – de PKD1 induisent un phénotype
                                         GEM de moins en moins mystérieux (7). Cette          plus sévère que les mutations de PKD2 (13). Le
                                         découverte a ouvert la porte au RTX dans le trai-    sexe masculin, l’apparition d’une hypertension
                                         tement de cette pathologie. Nous nous concen-        artérielle avant l’âge de 35 ans et une compli-
                                         trerons sur deux RCT publiés sur le sujet.           cation urologique précoce telle qu’une infection
                                            L’étude GEMRITUX a comparé un traitement          ou une crise de colique néphrétique, sont égale-
                                         anti-protéinurique, non-immunosuppresseur            ment des facteurs de risque de déclin rapide de
                                         comprenant des bloqueurs du système rénine           la fonction rénale (13). Pour mémoire, la PRAD
                                         angiotensine (SRA) au RTX et n’a observé             peut s’accompagner de manifestations extra-
                                         aucune différence statistique entre les deux bras    rénales telles que la présence d’anévrysmes
                                         thérapeutique (8). Par contre, l’étude MENTOR        intracérébraux, de kystes hépatiques, d’anoma-
                                         (9) ouvre réellement la voie au RTX comme trai-      lies cardiaques et de diverticulose colique.
Rev Med Liege 2020; 75 : 5-6 : 336-343

                                         tement de première ligne dans la GEM. Le RTX            En pratique clinique, le diagnostic de la
                                         a été comparé à la ciclosporine (CSA) (inhibi-       PRAD est posé sur base d’une échographie
                                         teur des calcineurines) administrée oralement.       abdominale montrant la présence de kystes
                                         Si aucune différence de réponse n’est démon-         rénaux dans un contexte familial compatible.
                                         trée à 12 mois, par contre à 24 mois, les auteurs    Ces critères ont, récemment, été affinés grâce
                                         observent 60 % de rémissions complètes dans          à la résonance magnétique nucléaire (RMN) :
                                         le groupe RTX et seulement 20 % de rémissions        la présence de 10 kystes rénaux chez un sujet
                                         partielles dans le groupe CSA, sans aucune           âgé de moins de 30 ans signe le diagnostic de
                                         rémission complète.                                  PRAD avec une sensibilité et une spécificité de
                                           Il apparaît donc que le RTX renforce l’arsenal     100 % (14). Parmi cette population polykystique,
                                         thérapeutique disponible dans le traitement des      identifier les patients à risque de progression
                                         néphropathies glomérulaires, dont les méca-          rapide vers l’IRT représente un réel défi (15) !

338
Nouveautés thérapeutiques en néphrologie : 10 ans d’avancées

      Figure 1. Volumétrie rénale par résonance magnétique. La mesure du volume rénal (droit dans le cas
             présent) peut se faire par méthode ellipsoïde (selon la mesure des 3 axes et l’équation
     [TKVe = (longeur x largeur x épaisseur) x (Pi/6)] ou selon la méthode stéréotaxique (par mesure en 3D
                                  du contour rénal). D’après Bodson et coll. (15).

Le volume rénal total (VRT), dont la technique                 antagoniste du récepteur V2 de la vasopressine.
de mesure est illustrée dans la Figure 1, est un               Sur base de données précliniques convaincantes,
excellent indicateur de l’agressivité de la mala-              l’étude TEMPO (n = 1.445 patients âgés de 18 à
die (16).                                                      50 ans avec un VRT ≥ 750 ml et un débit de fil-
   Plus précisément, la classification MAYO                    tration glomérulaire (DFG) ≥ 60 ml/min/1,73m²)
basée sur la RMN (https://www.mayo.edu/                        a été initiée (10). L’augmentation du VRT était
research/documents/pkd-center-adpkd-classifi-                  statistiquement moindre dans le groupe traité
cation) stratifie les patients en cinq classes (de             par tolvaptan par rapport au placebo, avec une
1A à 1E) selon leur VRT ajusté à l’âge et à la                 décélération significative du déclin du DFG après
taille. Les catégories ≥ 1C ont un risque accru                3 ans de suivi. Bien plus, les patients traités par
de progression rapide vers l’IRT (16).                         tolvaptan présentaient moins de complications
    Dans l’attente d’essais cliniques, les conseils            kystiques telles que douleur, infection et héma-
de prise en charge pour ralentir la perte néphro-              turie. L’étude REPRISE (n = 1.370 patients âgés
nique étaient (i) l’hyperhydratation, (ii) la cor-             de 18 à 65 ans avec un DFG ≥ 25 ml/min/1,73
rection des facteurs de risque cardiovasculaire,               m²) a confirmé les conclusions de TEMPO, avec
dont l’hypertension artérielle (fréquente) et                  un ralentissement statistiquement significatif du
(iii) l’éviction de néphrotoxiques (tels que les               déclin rénal à 12 mois (10). Selon les projec-
                                                                                                                      Rev Med Liege 2020; 75 : 5-6 : 336-343

anti-inflammatoires non stéroïdiens). Dans ce                  tions mathématiques, l’IRT serait postposée, en
contexte, plusieurs études de grande envergure                 moyenne, de 1 an par 4,9 années de traitement
ont été initialement menées dans le domaine de                 par tolvaptan. Néanmoins, ce médicament pré-
la PRAD portant sur les inhibiteurs de la voie                 sente, par son action aquarétique, des effets
mTOR, tels que le sirolimus ou l’évérolimus,                   indésirables majeurs, tels que polyurie, polla-
ou les analogues de la somatostatine, tels que                 kiurie, nycturie et soif, difficilement supportables
l’octréotide et le lanréotide, mais sans aucun                 chez plus d’un quart des patients. Une altération
succès cliniquement relevant (10).                             des tests hépatiques a été observée chez ~5 %
  Par contre, la prise en charge du patient                    des patients, ce qui rend obligatoire un contrôle
polykystique a été fondamentalement modifiée                   biologique mensuel durant les 18 premiers mois
par la démonstration de l’effet néphroprotecteur               de traitement (10). En mai 2015, l’Agence Euro-
du tolvaptan (Jinarc®) (10). Le tolvaptan est un               péenne du Médicament a autorisé la mise sur

                                                                                                                      339
Bovy C, et coll.

                                         le marché européen du tolvaptan à visée théra-         ment par une athéromasie diffuse des grosses
                                         peutique chez le patient atteint de PRAD (17).         artères (allant parfois jusqu’au développement
                                         En Belgique, les critères de remboursement du          de la sténose des artères rénales). On peut
                                         tolvaptan (Jinarc®) chez le patient polykystique       aussi découvrir, chez le patient diabétique de
                                         sont : âge entre 18 et 55 ans; VRT ≥ 750 ml;           type 2 prédisposé à des infections urinaires, une
                                         classe MAYO ≥ 1C; DFG ≥ 25 ml/min/1,73 m²;             atteinte rénale tubulo-interstitielle, avec éléva-
                                         absence d’hépatopathie. Sur la logique d’une           tion urinaire de l’alpha1 microglobuline, liée à
                                         prise en charge précoce de la PRAD (18), un            des séquelles de type pyélonéphrite chronique
                                         essai clinique international, randomisé, multicen-     avec des reins aux contours bosselés. Cette
                                         trique et en double aveugle comparant l’effet du       atteinte interstitielle se voit aussi, souvent, suite
                                         tolvaptan versus placebo est en cours chez l’en-       à la prise chronique d’anti-inflammatoires à
                                         fant atteint d’une PRAD (NCT02442674).                 visée antalgique. Dans ce type d’atteinte rénale
                                                                                                tubulo-interstitielle, avec tigette urinaire sou-
                                            En guise de perspectives pour les dix pro-
                                                                                                vent négative, une tendance à une hyperkalié-
                                         chaines années, mentionnons la découverte de
                                                                                                mie biologique est constatée précocement qui
                                         nouvelles cibles thérapeutiques potentielles dans
                                                                                                gênera le recours aux bloqueurs du SRA (20).
                                         des modèles in vitro et in vivo de la PRAD. De
                                         récentes observations suggèrent que le métabo-            A côté d’un risque d’insuffisance rénale pro-
                                         lisme cellulaire est fortement perturbé en cas de      gressive, il y a celui lié à un événement car-
                                         perte fonctionnelle des polycystines 1 et 2 (19). La   diovasculaire, dès que le DFG s’approche de
                                         glycolyse aérobie («effet Warburg») semble privi-      la barre des 60 ml/min/1,73 m², encore plus
                                         légiée, ce qui induit l’accumulation intracellulaire   présent si une albuminurie y est associée. Le
                                         de lactate. L’intérêt thérapeutique d’inhiber cette    risque de mourir précocement augmente alors
                                         voie métabolique, notamment par le 2-déoxy-            de façon exponentielle (21). Il faut donc gérer
                                         glucose ou la metformine (NCT02656017) dans            en parallèle ce double risque.
                                         la PRAD, sera l’objet d’essais cliniques. Par ail-        Les freins classiques à cette progression de
                                         leurs, l’impact d’une inhibition de la voie de syn-    la maladie rénale sont le bon contrôle du dia-
                                         thèse des glycosphingolipides par le venglustat        bète avec la diététique et la metformine en pre-
                                         (NCT03523728) est en cours d’évaluation, tout          mier lieu et une cible en hémoglobine glyquée
                                         comme le rôle anti-inflammatoire et anti-oxy-          (HbA1c) < 7 %, une cible de la pression artérielle
                                         dant de la méthyl-bardoloxone (NCT03918447).           < 130/80 mmHg et une optimisation du bilan
                                         Enfin, la thérapie génique, dont la technicité et      lipidique (statine à utiliser pour réduire le risque
                                         l’efficacité ont été démontrées dans d’autres          cardiovasculaire élevé chez un patient insuffi-
                                         maladies génétiques (notamment neuro-muscu-            sant rénal et diabétique). L’usage, en plus, d’un
                                         laires), fera peut-être un jour partie de l’arsenal    inhibiteur du SRA à posologie élevée si pas de
                                         thérapeutique de la PRAD.                              contre-indication et sans double blocage IEC-
                                                                                                ARAII, est certes utile mais, malgré cela, un
                                                                                                risque résiduel persiste.
                                         La   n é p h r o pat h i e d i a b é t i q u e
                                                                                                   L’avènement de deux nouvelles catégories
                                                                                                de médicaments antidiabétiques, les gliflo-
                                            Le diabète constitue la première cause mon-         zines ou inhibiteurs rénaux de la réabsorption
                                         diale de prise en charge en dialyse. L’atteinte        du sodium-glucose (SGLT2), ainsi que les ago-
                                         rénale peut être liée à une atteinte du glomé-         nistes des récepteurs du GLP1 (glucagon-like
                                         rule avec passages successifs par les stades           peptide-1), mais dans une moindre mesure,
                                         d’hyperfiltration glomérulaire, d’apparition de        amène un nouvel espoir dans la possibilité de
                                         microalbuminurie (non détectée à la tigette            mieux freiner l’épidémie d’insuffisance rénale
Rev Med Liege 2020; 75 : 5-6 : 336-343

                                         urinaire et donc uniquement identifiée par un          liée à la néphropathie diabétique et ses consé-
                                         dosage quantitatif, à ajuster par gramme de            quences redoutables (22). Nous ne parlerons ici
                                         créatinine urinaire), puis de macroprotéinurie         que des inhibiteurs SGLT2 car ils ont démontré
                                         (albumine alors détectée à la tigette), puis flé-      un réel avantage dans le domaine à la fois de
                                         chissement du DFG. C’est la forme classique-           la cardio-protection (surtout par le biais de la
                                         ment rencontrée dans l’évolution au long cours         réduction de la survenue de la décompensation
                                         de la néphropathie du diabète de type 1 mal            cardiaque) et de la néphroprotection (23-25). Ils
                                         équilibré. Dans le diabète de type 2, caracté-         apparaissent fort intéressants en complément
                                         risé par une insulino-résistance, des troubles         de la metformine et des inhibiteurs du SRA chez
                                         lipidiques et une hypertension artérielle asso-        les patients à haut risque cardiovasculaire et/
                                         ciés, cette évolution est moins typique avec de        ou avec néphropathie. Les effets positifs rénaux
                                         plus en plus de baisse du DFG, sans passer             comprennent la prévention du développement
                                         par les stades d’albuminurie, explicable notam-        de la macroprotéinurie (et sa diminution si déjà

340
Nouveautés thérapeutiques en néphrologie : 10 ans d’avancées

       Tableau I. Mécanismes principaux de                            Cette estimation permet d’identifier, avec plus
    néphroprotection des gliflozines (inhibiteurs                  de certitude, les patients atteints de MRC et
     de la réabsorption tubulaire proximale de                     d’agir, le plus tôt possible, pour en identifier les
              glucose et de sodium).
                                                                   causes et en minimiser les conséquences. Rap-
             Baisse de :                  Augmentation de :        pelons l’importance d’un dépistage de la MRC
 Glycémie, pression artérielle,
                                      Hématocrite et oxygénation
                                                                   pour le patient hypertendu et/ou diabétique.
 pression intra-glomérulaire, acide
                                      rénale
 urique, stress oxydant, inflam-
 mation rénale, consommation
                                      Bêta-hydroxybutyrate            L’estimation du DFG repose sur la mesure
                                      comme substrat énergétique   de la créatinine sérique et l’utilisation de la for-
 tubulaire en oxygène
                                                                   mule CKD-EPI (pour «Chronic Kidney Disease
présente), la réduction du doublement du taux                      EPIdemiology collaboration»). La mesure de
de créatinine, de la nécessité de dialyse ou                       l’albuminurie est, le plus souvent, réalisée à
encore de la survenue du décès d’origine rénale.                   partir d’un échantillon, le résultat étant rapporté
Leur administration est donc néphroprotectrice,                    à la créatinine urinaire. Ces recommandations
même si on observe, à l’initiation et ce, pendant                  n’ont plus évolué depuis 2012. Cela ne signifie
quelques semaines, une légère baisse du DFG,                       pas pour autant que des progrès n’ont pas été
à la manière de ce qui avait été noté pour les                     effectués au cours de ces dernières années.
inhibiteurs du SRA lors de leur prescription. Cet                  Tout d’abord, la mesure de la créatinine est
effet n’a pas eu de conséquence fâcheuse, au                       maintenant standardisée, en tout cas pour ce
contraire même pour des DFG aussi bas que                          qui est des méthodes enzymatiques, ce qui est
30 ml/min/1,73 m², comme observé dans l’étude                      un grand progrès. Tous les laboratoires utili-
CREDENCE chez des patients majoritairement                         sant une méthode enzymatique rendent donc,
macroprotéinuriques (26). L’essai rénal CRE-                       maintenant, le même résultat de créatinine (31).
DENCE avec la canagliflozine a été rapporté en                     D’autres biomarqueurs ont été proposés pour
détail dans un article récent de la revue (27). Le                 l’estimation du DFG, dont le principal est certai-
bénéfice des gliflozines sur le plan rénal passe                   nement la cystatine C. Ce biomarqueur est plus
par différentes voies, partiellement comprises,                    performant pour prédire le devenir cardiovascu-
dont la réduction de la pression glomérulaire                      laire du patient et, dans certaines situations, il
(phénomène hémodynamique) (Tableau I).                             est plus performant également pour estimer le
                                                                   DFG. Les formules combinant la créatinine et la
   Les effets secondaires sont des infections                      cystatine C sont les plus précises, mais le pro-
génitales mycotiques. Une méta-analyse des                         blème du surcoût de ce dernier marqueur n’est
effets favorables rénaux de ces gliflozines a
                                                                   pas entièrement réglé (32). D’autres formules
été récemment publiée, confirmant un effet de
                                                                   d’estimation basées sur la créatinine ont été
classe et encourageant leur utilisation à visée
                                                                   proposées depuis 2012, et leurs performances
de protection rénale, même pour des DFG aussi
                                                                   semblent prometteuses (33). Enfin, dans le
bas que 30 ml/min/1,73 m² (28).
                                                                   domaine de l’estimation du DFG, la métabolo-
    En Belgique, le seuil de DFG qui permet l’ac-                  mique émerge, ces dernières années, comme
cès à ces médicaments est fixé, pour l’instant, à                  une voie de recherche intéressante (34). Les
60 ml/min/1,73 m². Au vu des derniers résultats,                   estimateurs basés sur la créatinine et la cys-
ceci devrait changer, avec extension des possibi-                  tatine C restent des estimations et le recours
lités de leur prescription pour des DFG plus bas.                  à des techniques plus précises, comme la clai-
La prescription doit répondre aux critères de rem-
boursement actuels (HbA1c entre 7 et 9 % et prise
                                                                            Tableau II. Classification de la MRC
de metformine). La révolution apportée par les                                    (anomalies > 3 mois).
inhibiteurs des SGLT2 est abordée en détail dans
                                                                                                                                         Rev Med Liege 2020; 75 : 5-6 : 336-343

un autre article de ce numéro thématique (29).                               DFG                             Albuminurie (A)
                                                                        (ml/min/1,73 m²)                       (ARC, mg/g)

Nouveautés          diagnostiques et                                   G1             ≥ 90            A1           < 30     Tigette -
thérapeutiques dans la maladie                                         G2             60-89
r é n a l e c h r o n i q u e (MRC)                                                                                     30-299
                                                                      G3a             45-59           A2
                                                                                                                Tigette souvent - ou ±
                                                                      G3b             30-44
Avancées        diagnostiques
                                                                       G4             15-29           A3          ≥ 300     Tigette +
   Le diagnostic de MRC reste basé sur l’estima-                       GR             < 15
tion du DFG (en cinq stades), et sur la mesure
de la protéinurie ou de l’albuminurie (en trois                             DFG : débit de filtration glomérulaire. G : stades.
                                                                              ACR : rapport albumine/créatinine urinaires
stades) (30) (Tableau II).

                                                                                                                                         341
Bovy C, et coll.

                                         rance plasmatique de l’iohexol, est maintenant         ché de nouvelles molécules chélatrices qui ne
                                         souvent proposé. Ses indications et la stan-           contiennent pas, ou peu, de calcium, le calcium
                                         dardisation des méthodes doivent encore faire          pouvant peut-être participer à la progression
                                         l’objet de progrès (35).                               desdites calcifications. Les molécules les plus
                                                                                                utilisées, dans ce contexte, sont le sévélamer
                                         Traitement    des complications                        sous ses différentes formes (Renagel®, Ren-
                                                                                                vela®), le carbonate de lanthane (Fosrenol®), et
                                            Les complications classiques de la MRC,
                                                                                                l’oxyhydroxyde sucro-ferrique (Velphoro®) (41).
                                         y compris dans sa forme terminale, sont bien
                                         connues : anémie, hyperkaliémie, acidose méta-            Enfin, l’hyperparathyroïdie du patient dialysé
                                         bolique, hypocalcémie, hyperphosphatémie et            est une complication classique, avec des consé-
                                         hyperparathyroïdie. L’arsenal thérapeutique pour       quences néfastes, tant au niveau osseux que
                                         la prise en charge de ces complications s’est          vasculaire. Auparavant, seuls les dérivés actifs
                                         nettement développé au cours des 10 dernières          de la vitamine D (Rocaltrol® et 1-alpha-Leo®)
                                         années. Si l’érythropoïétine a révolutionné, il y      étaient disponibles dans notre pays. Bien qu’effi-
                                         a 30 ans, la prise en charge de l’anémie rénale,       caces, ces traitements pouvaient s’accompagner
                                         un nouveau traitement, oral, est maintenant à          d’une hypercalcémie et/ou d’une hyperphospha-
                                         l’étude. Les premiers résultats avec les stabi-        témie. Deux nouveaux traitements pour la prise
                                         lisateurs de HIF (pour «Hypoxemia Inducible            en charge de l’hyperparathyroïdie du patient dia-
                                         Factor») semblent intéressants, mais doivent           lysé sont disponibles. Ces molécules sont des
                                         cependant être confirmés (36). L’hyperkaliémie         activateurs du récepteur sensible au calcium,
                                         reste la complication la plus redoutée de la MRC       notamment au niveau de la glande parathyroïde.
                                         sévère. Deux nouveaux traitements concur-              Ce leurre, en activant le récepteur, va diminuer
                                         rencent, ces dernières années, le Kayexalate®.         la synthèse et la sécrétion de parathormone.
                                         Cette résine échangeuse de potassium contre            La forme per os, le cinacalcet (Mimpara®), et la
                                         du sodium ou du calcium est souvent mal tolérée        forme intraveineuse, plus récente, l’etelcalcétide
                                         au niveau digestif et n’est pas dénuée d’effets        (Parsabiv®), sont des médications très efficaces
                                         secondaires graves. Les nouveaux chélateurs            pour le contrôle de l’hyperparathyroïdie. Ces
                                         du potassium semblent mieux tolérés et com-            thérapies peuvent induire une hypocalcémie, qui
                                         prennent le patiromer (Veltassa®), disponible en       est attendue, contrôlable et peu dangereuse. On
                                         Belgique sous conditions de remboursement, et          observera aussi, fréquemment, une diminution
                                         le cyclosilicate de zirconium sodique (Lokelma®),      de la phosphorémie chez les patients traités.
                                         qui n’est pas encore sur le marché dans notre          Certaines données suggèrent, enfin, que ces
                                         pays (37). L’utilisation du patiromer est dédiée       médicaments pourraient avoir quelques béné-
                                         au patient diabétique et/ou insuffisant cardiaque      fices, non seulement sur la santé osseuse, mais
                                         avec une MRC et une hyperkaliémie. Le but est          également en termes cardiovasculaires (42).
                                         de pouvoir poursuivre le traitement par inhibiteur
                                         du SRA chez ces patients, sans les exposer à           Conclusion
                                         une hyperkaliémie sévère (38).
                                            L’acidose métabolique de la MRC a long-                Cette revue des avancées en néphrologie
                                         temps été négligée. Le traitement de cette com-        des 10 dernières années montre la diversité des
                                         plication repose principalement sur l’ingestion        progrès réalisés, ce qui offre de belles perspec-
                                         de bicarbonate de sodium. Des données pré-             tives de prise en charge à tous les stades de
                                         liminaires laissent penser que le traitement de        la maladie rénale, qu’elle soit glomérulaire ou
                                         l’acidose pourrait améliorer, non seulement le         tubulaire, et de ses complications. Espérons
                                         pH et le potassium sanguin du patient, mais            que les progrès à venir continueront à amélio-
Rev Med Liege 2020; 75 : 5-6 : 336-343

                                         également le fonctionnement musculaire ou              rer la qualité des soins apportés aux patients
                                         osseux. Certains auteurs évoquent le fait que          néphrologiques et freineront toujours mieux
                                         le traitement de l’acidose pourrait ralentir la pro-   l’épidémie d’insuffisance rénale terminale et ses
                                         gression de la MRC en elle-même (39, 40). Le           conséquences néfastes.
                                         rôle néfaste de l’hyperphosphatémie chez le
                                         patient néphrologique est bien documenté. Elle
                                         joue un rôle majeur dans le développement et           Bibliographie
                                         la progression des calcifications vasculaires du
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                                         du moins en partie, la surmortalité cardiovascu-             phosphamide in ANCA-associated renal vascularitis. N Engl J
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                                         laire extraordinaire observée chez ces patients.
                                         La révolution de la prise en charge de l’hyper-         2.   Stone JH, Merkel PA, Spiera R, et al. Rituximab versus cyclo-
                                                                                                      phosphamide for ANCA-associated vascularitis. N Engl J Med
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342
Nouveautés thérapeutiques en néphrologie : 10 ans d’avancées

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