Nouveautés Québec français - Érudit

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Nouveautés Québec français - Érudit
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Québec français

Nouveautés

Numéro 30, mai 1978

URI : https://id.erudit.org/iderudit/56600ac

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Éditeur(s)
Les Publications Québec français

ISSN
0316-2052 (imprimé)
1923-5119 (numérique)

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Citer ce document
(1978). Nouveautés. Québec français, (30), 4–10.

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                                                                Cet article est diffusé et préservé par Érudit.
                                                                Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de
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                                                                Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.
                                                                https://www.erudit.org/fr/
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fants, et 96 pages en couleurs illustrent près      critique sociale grinçante. Dans «l'autruche»,
PÉDAGOGIE                                            de 3000 mots concrets.                              une autruche rencontre le petit Poucet qui
                                                        Un guide pédagogique, La pratique d'un           meurt d'être abandonné par sa famille; elle
                                                     dictionnaire, dû à Nadine Chabaud, aidera les      le console et lui fait la morale: «Ah, Mon-
Nouveau Larousse des débutants                       enseignants à familiariser leurs élèves avec       sieur Poucet te battait, c'est inadmissible.
Larousse, 1977, 844 p. ($8.75)                       ce nouvel instrument. Ce guide constitué par       Les enfants ne battent pas leurs parents,
                                                     un poster, un jeu de 24 diapositives et un petit   pourquoi les parents battraient-ils leurs en-
Pour l'enfant qui sait lire, le dictionnaire cons-   livret permet une exploration systématique et      fants.» Dans «Les premiers ânes», les hom-
titue un instrument essentiel qui assure à son       une exploitation maximale de ce nouveau            mes, après s'être rendu compte que les ânes
utilisateur une véritable autonomieen lecture        dictionnaire. Il n'y manque qu'une note sur le     ne sont pas bons à manger, qu'ils ne savent
et lui permet d'accéder aux connaissances            fameux M. Durand, monstre omniprésent,             ni lire ni écrire, ni compter décident qu'ils
sans devoir constamment demander assis-              dont on apprend à la même page qu'il est           porteront leurs paquets: «C'est nous qui
tance à un maître ou à ses parents.                  capitaliste, qu'il a du caractère et qu'il est     sommes les rois, en avant!» Voilà donc seize
                                                                                                        récits, tous bien écrits qui offrent une multi-
   Encore faut-il que le dictionnaire n'offre pas    cardiaque'. (C.V.)
                                                                                                        tude de possibilités d'exploitation aux pro-
lui-même des résistances insurmontables au                                                              fesseurs du premier cycle du secondaire.
lecteur débutant. Nous avons probablement            Folio Junior
                                                                                                        Ces contes, offerts aux enfants, ont besoin
tous buté un jour ou l'autre sur ces définitions                                                        toutefois d'être découverts par leurs profes-
savantes qui conféraient une opacité irrémé-            Il faut féliciter la maison Gallimard de
                                                                                                        seurs. Lisons-les donc!... pour le bonheur
diable au mot qu'elles étaient censées éclai-        nous présenter une nouvelle collection qui
                                                                                                        de nos élèves. (J. R.)
rer ; ou qui, par un jeu de renvois circulaires,     regroupe des romans, des récits, des livres
ramenaient invariablement au point de dé-            d'aventures soit un panorama d'œuvres ac-
part. Il faut aussi que le dictionnaire soit léger   cessibles aux élèves du secondaire. A l'heu-       Le français au collège
et facile à manier : l'enfant qui éprouve de la      re où l'on déplore le peu de textes disponi-       Sébastien JOACHIM
difficulté à prendre en main son dictionnaire        bles pour cette clientèle, Folio Junior nous       Les Presses de l'université du Québec, 1978,
sera peu porté à le consulter. Mais cette            propose, en plus des textes spécialement           285 p.
maniabilité si nécessaire ne peut être atteinte      écrits pour les jeunes, des classiques de
que par une diminution du nombre de mots             Jules Verne, de Jack London et de Dickens.            Le professeur débutant dans l'ensei-
retenus et des exemples fournis. Et cette            Cette collection a l'avantage de se présenter      gnement du français au collégial accueillera
réduction de volume augmente proportion-             en format de poche à un prix acceptable.           ce livre avec soulagement : c'est le manuel
nellement les risques de recherches infruc-          Chaque livre est abondamment illustré afin         dans lequel il puisera idées et plans de
tueuses. À quoi bon ouvrir un dictionnaire           de faciliter aux jeunes lecteurs le passage        cours, recettes et exercices avec leur corri-
quand plusieurs expériences vous ont appris          de l'album d'images au livre sans illustration.    gé. Il saura quoi enseigner (la littérature d'a-
que les mots que vous y cherchiez ne s'y                Trois titres ont particulièrement retenu        bord) et comment l'enseigner. Il ne lui reste-
trouvaient pas!                                      notre attention: «Au pays du grand condor»         ra qu'à se présenter devant sa classe avec
  Un dictionnaire scolaire constitue donc            de Nadine Garret, « Contes pour enfants pas        enthousiasme et détermination pour attein-
toujours un difficile compromis entre la ma-         sages» de Jacques Prévert et «Le prince            dre philosophiquement les objectifs qu'il se
niabilité, la quantité de termes expliquéset la      heureux» de Oscar Wilde.                           sera fixés: passer de «l'indispensable» (le
clarté des définitions. Le Nouveau Larousse             Chaque volume présente des contes mer-          code grammatical et stylistique) au «néces-
des débutants constitue sans doute le com-           veilleux dont les personnages principaux           saire» (le travail du texte) dans le «respect
promis le plus intéressant réalisé à ce jour         sont des animaux. Ces animaux sont doués           des stratégies de composition», selon «dif-
pour les enfants de 7 à 10 ans. Les mots ne          de pouvoirs magiques dans les récits de            férents modes d'intervention en salles de
sont plus définis comme des entités. Ils sont        Nadine Garret expriment la lutte des indiens       cours» qui lui auront permis de respecter le
d'abord replacés dans un contexte, une phra-         de l'Amérique du sud contre les riches pro-        rythme et l'intérêt personnels de l'étudiant.
se simple qui permet à l'utilisateur de recon-       priétaires terriens. Dans le Lama blanc par           Le professeur chevronné — et ne le sont-
naître l'emploi exact du terme dont il recher-       exemple, un petit indien, aidé de son lama,        ils pas tous aujourd'hui ? — y verra surtout
che le sens. Cette phrase est suivie par des         fait échec aux patrons et redonne l'espéran-       matière à réflexion et sans doute à contesta-
équivalents ou des contraires qui précisent le       ce à ses frères dans leur lutte. Dans les          tion. L'auteur nous livre en des pages abon-
sens du mot. Ainsi, à politique on trouve: «n.f.     contes symbolistes de Oscar Wilde, les ani-        dantes le fruit de ses expériences, de ses
M. Durand s'intéresse à la POLITIQUE, à la           maux cette fois illustrent la puissance de         réflexions et de ses convictions. Ses juge-
manière dont le pays est gouverné.» Cette            l'amour. Un rossignol donne son sang et            ments sur les débordements idéalo-péda-
méthode, tout à fait récente en matière de           meurt afin qu'un jeune étudiant puisse offrir      gogiques des Cégeps en choqueront cer-
dictionnaire, a prouvé son efficacité depuis         une rose rouge à celle qu'il aime. Un hiron-       tains. D'autres y trouveront ce qu'ils se di-
longtemps: n'est-ce pas de cette façon que           deau, au prix de sa vie, aide un «prince           sent tout bas. Rien de très original mais un
nous avons acquis notre vocabulaire oral?            heureux» à soulager la misère de ses sujets.       ouvrage qui peut avoir sa place dans la re-
Par ailleurs, le nombre d'entrées est de 16000          Les animaux de Prévert sous le couvert de       mise en question de l'enseignement du fran-
mots, ce qui est assez étendu pour des en-           la fantaisie et de l'humour véhiculent une         çais dans les collèges. (C. B.)

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Nouveautés Québec français - Érudit
L'apprentissage précoce de la lecture                       habituels (lire: les méthodes connues). Le          dépasse par son souci plus nettement péda-
Rachel COHEN                                                concept de maturité pour l'apprentissage de         gogique. Un exercice comparant une BD
P.U.F., Paris, 1977, 239 p.                                 la lecture est directement relie à ces métho-       tirée d'un roman et le passage correspondant
                                                            des d'instruction. Il suffit de modifier l'ap-      du texte pourra inspirer bien des maîtres.
   Ce livre est un plaidoyer enthousiaste en                 proche pour renverser les conceptions éta-         (C.V.)
faveur d'un apprentissage précoce de la lec-                blies en ce domaine. C'est ce que Rachel
ture se produisant dès l'âge de 3 — 5 ans. Il               Cohen cherche à démontrer par la recher-
se compose de deux parties distinctes. Dans                 che qu'elle a entreprise.
la première partie, l'auteur veut faire connaî-                Elle présente des résultats qui tendent à        ROMANS
tre su public francophone les théories et                   montrer que certains enfants de 4 et 5 ans
expériences américaines où elle puise les                   sont parvenus à apprendre à lire dans un
fondements de sa thèse. Dans la seconde                     environnement structuré qui réunit les con-         Les Remparts de Québec
partie, elle rapporte une expérience d'ensei-               ditions définies comme adéquates. Le livre          Andrée MAILLET
gnement de la lecture à des enfants de 3 —                  présente une description soignée de l'ap-           L'Hexagone, Montréal, 1977, 235 p.
5 ans qu'elle a menée en France.                            proche pédagogique qu'a développée l'auteur
     Avec une précision qui évite habilement                dans le cadre de sa recherche.                          Ce roman raconte l'histoire d'une jeune
l'excès d'information, l'auteur rapporte les                   La méthodologie de type pré-expérimen-           fille de la haute société québécoise aspirant
résultats des principales expériences améri-                tal employée dans sa recherche ne permet            à la liberté, contrecarrée dans son légitime
caines évaluant les effets de programmes                    pas à l'auteur d'établir rigoureusement que         et précoce désir d'émancipation. Cette mer-
d'interventions structurées pour stimuler le                les apprentissages précoces constatés sont          veilleuse histoire se déroule sur les Rem-
développement intellectuel, linguistique et                 le résultat de sa méthode d'instruction. En         parts, «murailles dérisoires» de «l'une des
social d'enfants d'âge préscolaire. Suivant                 outre, la recherche ne démontre pas sans            douze plus belles villes du monde», Québec.
son interprétation, la somme de ces recher-                 équivoque que l'apprentissage précoce de            Dès les premières lignes, Arabelle avoue son
ches fait la preuve que l'enfant de 2 à 5 ans               la lecture est accessible à tout jeune enfant       escapade nocturne: «Hier, dans la nuit du
possède un potentiel d'apprentissage beau-                  placé dans un programme adéquat de sti-             vingt-six au vingt-sept juillet, je me suis pro-
coup plus grand qu'on ne l'admet générale-                  mulation. Des recherches ultérieures devront        menée toute nue dans les Plaines d'Abraham. »
ment. Plus il est jeune, plus ses chances                   en faire la démonstration. Mais ce livre pré-       Et les 16 chapitres commenceront par cet
d'apprendre sont grandes quand il est placé                 sente une conception précise de ce que peut         «Hier», leitmotiv lancinant, qui marque un
dans un environnement offrant des stimula-                  être un environnement stimulant pour l'ini-         essai de rupture avec le passé. Demain ne
tions adéquates et structurées. Ce faisant,                 tiation à la lecture qui ne vaut certes pas         sera peut-être plus semblable...
on favorise le développement de sa person-                  que pour des essais d'apprentissage préco-              Le lecteur apprendra graduellement, par
nalité tout entière et non pas le développe-                ce. C'est sans doute sa contribution la plus        d'habiles retours en arrière, les principaux
ment de ses seules fonctions intellectuelles                importante. (M. P.)                                 éléments de la vie d'Arabelle: son enfance
ou psychomotrices.                                                                                              et son adolescence ouatées, surprotégées,
                                                                                                                remplies d'interdits, de défenses, de leçons
   De l'ensemble de ces données théoriques                  Le livre et la construction de la personnalité      horripilantes de bienséance, surtout ses
et expérimentales, Rachel Cohen dégage les                  de l'enfant                                         révoltes devant ce monde étouffant, paraly-
fondements d'une remise en question de                      André MAREUIL                                       sant et stérilisant, devant ses parents (père
l'enseignement de la lecture, tant au plan                  Casterman, 1977                                     et mère), et son initiation à l'amour lors d'un
des méthodes d'instruction habituellement                                                                       séjour européen qui devait l'assagir... Son
pratiquées qu'au plan des conceptions éta-                  L'enseignement du français à l'ère des media        principal auditeur est un Américain de pas-
blies qui fixent à 6 ans l'âge optimal pour le              André MAREUIL                                       sage, un fermier de l'Idaho, spécialisé dans
début de l'initiation à la lecture.                         PUF, Coll. L'Éducateur, 1978, 157 p.                la pomme de terre, et qui refusera, dans son
   A l'âge de 3 — 5 ans, la volonté spontanée                                                                   puritanisme choqué de poursuivre l'initia-
d'apprendre à lire et le plaisir qu'y trouve                Ces deux livres de notrecollaborateur, André        tion d'Arabelle, que ses parents considèrent
l'enfant l'amènent à répondre positivement à                Mareuil, professeur à l'Université de Sher-         un peu folle et qu'ils entendent ramener à la
un environnement qui sait entretenir sa mo-                 brooke, s'adressent particulièrement aux en-        raison. Finalement, elle se donnera au pre-
tivation et qui multiplie les occasions de lire             seignants, pédagogues et bibliothécaires.           mier venu.
en situation de jeu. Si on respecte, en outre,                 Le premier constitue un plaidoyer pour les          Si la présentation des faits et des person-
la démarche naturelle de l'enfant qui procè-                livres et la lecture. Les arguments sont essen-     nages semble embarrassante et quelque peu
de du globalisme à l'analyse puis à la syn-                 tiellement d'ordre psychanalytique et mon-          déroutante au début, le reste du roman est
thèse, on réunit les conditions nécessaires                 trent le rôle important que joue le livre dans      délicieusement raconté, dans une langue
et suffisantes à la réussite de l'enfant.                   l'élaboration de la personnalité.                   admirable et souple chargée d'ironie et d'é-
   L'âge minimum de 6 ans a été fixé, à l'usa-                 Le second volume, malgré son titre diffé-        motion. Faut-il souligner le symbole de la
ge, en fonction de la capacité qu'a l'enfant                rent, recoupe le précédent dans ses chapitres       révolte impuissante d'Arabelle? Un passage
d'apprendre selon les procédés d'instruction                sur la place et le rôle de la lecture. Mais il le   comme celui-ci ne laisse aucune équivoque :

  André Mareuil                                                   l'enseignement                                               a\ndrée
                                                                     du français                                              MaAJLLET
 le livre                                                        à l'ère des media
 etlaco                                                               andré mareuil

 delenfant                                                                                                            Les Remparts
 La daaarrm do In jeunesse devant In - choc dus
 cullures • * Essai d'eiplicâition psychanalytique • I n
 livre, moyen da catharsis • La cferxMiverte da la realms
                                                                                                                       de Québec
 semelle at la • sublimation • grâce aux livras • Les
 modèles litter.lire* comme antidote a ceux daa
 •n-sdta » L'année au • pUisir du texte • • La rencontre
 dea grandes ceuvms

 Z.                                                    A

                                                                                                                             L'HEXAGONE

                                                                                                                        Mai 1978 Qjucbccfiançais 5
Nouveautés Québec français - Érudit
« N'avoir pas de pays, n'appartenir à person-        Bonheur d'occasion                                partie des réflexions de l'auteur sur son livre
ne, n'être qu'une fille et cependant avoir           Gabrielle ROY                                     et dans une deuxième partie intitulée «Dos-
tous les droits, n'ayant rien, et tous les pou-      Stanké, Montréal, 1978, 396 p.                    sier de presse» les commentaires qu'a sus-
voirs en puissance. Nue et les mains vides,          (Collection Québec 10/10) $3.95                   cités dans différents journaux la parution en
effrayée par l'inconnu, je ressemble à ma                                                              1964 de la première édition.
nation.» (G. D.)                                        Point n'est besoin de présenter Gabrielle         Nous pouvons nous réjouir de cette ex-
                                                     Roy, ni son roman Bonheur d'occasion, de-         cellente initiative des éditions Parti pris.
                                                     venu un classique de la littérature québé-                                                (M.E.)
                                                     coise, avec Menaud, maître-draveur, Trente
                                                     Arpents, Prochain Episode et quelques au-
Les confitures de coings et autres textes.           tres. Qu'il suffise de rappeler que ce roman,     THÉÂTRE
Jacques FERRON                                       le premier de l'écrivain de Saint-Boniface,
Parti pris, Montréal, 1977, 296 p.                   d'abord paru en deux volumes aux Éditions
                                                     Pascal en 1945, est acclamé par la critique       Le cœur étoile suivi de Chrysanthème
   Les Éditions Parti pris ont récemment réé-        et salué comme un événement littéraire. Il          et de Miroir de nuit.
dité plusieurs classiques de la littérature          mérite à son auteur de nombreuses distinc-        Louise MAHEUX-FORCIER
québécoise, dans la nouvelle collection Pro-         tions littéraires, dont le prix Femina (1947).    Le Cercle du Livre de France/Pierre Tissey-
jections libérantes. Le n° 3 rassemble Les           Dès cette reconnaissance, le Literary Guild       re, Montréal, 1977, 233 p.
 Confitures de coings, «version entièrement          des États-Unis le choisit comme livre du
nouvelle de La nuit» un Appendice aux                mois avec un tirage initial de 750,000, sous         L'argument du Cœur étoile de Louise
 Confitures de coings ou Le Congédiement             le titre The Tin Flute. Le roman est réédité      Maheux-Forcier pourrait se résumer ainsi:
 de Frank Archibald Campbell, La Créance et          en 1947 et en 1965, à Montréal, et à Paris en     Daniel, un enfant couvé par sa mère, aime An-
Papa Boss, en plus du Journal des Confitu-           1947. Par la suite, il a été traduit en norvé-    drée, la secrétaire de son père, malgré leur
res de coings, regroupement des principaux           gien, danois, suédois, espagnol, roumain,         différence d'âges. Il refuse de s'engager dans
articles parus dans les périodiques sur ces          slovaque et russe et a été l'objet de nom-        l'entreprise paternelle, le commerce du bois.
ouvrages.                                            breuses thèses et études. Et la fortune de ce     Seule récriture le tente. Pour le mûrir, le
   Les confitures de coings racontent une            roman dont l'action se déroule à Saint-Henri,     faire réfléchir, rien de mieux que « l'oubli par
fugue nocturne de François Ménard, «qua-             quartier défavorisé de Montréal, pendant la       l'exil ». On l'envoie donc faire sa « cure d'Eu-
dragénaire descendant vers la cinquantaine,          dernière guerre mondiale, est loin d'être ter-    rope». De retour, il apprend qu'Andrée a
l'èchevinat et la gérance d'une petite suc-          minée! (A. B.)                                    décidé de suivre son chemin à elle avec
cursale de banque en banlieue plate». La                                                               David. Espérant modifier le cours des évé-
raison de cette fugue? Un policier, Frank            Le Cassé et les autres nouvelles suivi de         nements, il accepte de travailler avec son
Archibald Campbell, lui a donné rendez-vous          Le Journal du « Cassé»                            père, installe son bureau près de celui d'An-
à la morgue de Montréal. Délaissant la chau-         Jacques RENAUD                                    drée, lui soumet un manuscrit à corriger,
de épaule de sa femme endormie — qui lui             Éditions Parti pris, Montréal, 1978, 198 p.       s'incruste... L'explosion du séchoir à bois
servira d'alibi —, il court retrouver Frank en                                                         précipite l'explication entre Daniel et An-
lui promettant de lui apporter son cadavre.             Les Éditions Parti pris ont réédité Le Cas-    drée. La mère et le fils chercheront des con-
Il lui apporte en fait un pot de confitures de       sé de Jacques Renaud. Il faut relire en parti-    solations insolites, en s'évadant momenta-
coings dont Frank mourra. La nuit se dérou-          culier la longue nouvelle du même nom qui         nément du réel. Que deviendra Daniel? Ac-
le dans une trépidante frénésie de souvenirs         ne semble pas vieillir et dont les personna-      ceptera-t-il de continuer à vivre?
vécus, entre l'arrestation jadis de François         ges «de plus en plus fictifs (p. 9)» ressem-         La représentation télévisée de la pièce
par Frank. Ce voyage au creux de la nuit             blent à de plus en plus de gens. Au fond, les     sous le titre Le Manuscrit ne rend pas plus
offre mille prétextes à méditer sur certains         choses n'ont pas tellement changé depuis          facile son interprétation. On risque alors de
aspects mythiques et politiques de la socié-         1964. Les exploités, les rejetés, les parias de   la juger selon la réalisation de Jean Faucher
té québécoise et sur le chemin parcouru par          la société sont tout aussi nombreux. Ils par-     seulement. Le thème central, pour être un
le narrateur depuis son enfance. La mort de          lent tous la même langue, une langue crue,        peu traditionnel, ne s'égare pas, en tout cas,
Frank lui permettra de récupérer son âme et          violente, à la mesure de leurs désillusions et    dans l'éternel triangle amoureux: David arri-
d'assumer pleinement son destin. A la nuit           de leurs désespoirs. Une langue déchirée,         vé, Daniel n'a plus qu'à céder la place. Puis,
complice des aveux, des amours (licites ou           défigurée, parfois d'une poésie troublante.       que penser de ce grand garçon qui, tout en
non), des basses oeuvres du monde interlo-           Le livre de Renaud est un cri discordant à la     regimbant contre un amour maternel pos-
pe se substitue finalement la nuit annoncia-         mesure de Tit-Jean, le personnage principal,
                                                                                                       sessif, se jette dans les bras d'une femme
                                                     qui aime et tue avec une semblable volupté.
trice de l'aube précurseur de la renaissance                                                           plus âgée que lui ? Enfin, le revirement de la
                                                     Un document choc aux accents de vérité.
d'une race. Un roman, un témoignage vivant                                                             situation, quand même un peu préparé, rap-
à relire. L'assemblage des textes de ce volu-          Cette nouvelle édition est augmentée de         pelle le théâtre classique.
me en fait un document inestimable pour              quatre nouvelles inédites et du Journal du           Le traitement qu'en a donné Faucher a
les amateurs de Ferron. (G. D.)                      «Cassé» qui rassemble dans une première           peut-être exagérément mis l'accent sur une

              iBM
              LES CONFITURES
              DE     COINGS
              et autres textes

                                                                                                                                        ETOILE!

                        i prolK.liO'.* HMrantM 1 '

6 Qpébec français Mai 1978
Nouveautés Québec français - Érudit
émotivité et une sensibilité à fleur de peau,                                                         Hubert Aquin romancier
que favorisait sans doute le drame intérieur       CRITIQUE                                           Françoise MACCABÉE IQBAL
des personnages. Il n'est pas aisé, en effet,                                                         Les Presses de l'université Laval, 1978,288 p.
de «faire passer» télévisuellement sembla-         Surréalisme et littérature québécoise.
bles états d'âme. L'auteur l'a senti, qui a, par   André-G. BOURASSA                                  Un an après la mort d'Hubert Aquin, une
un assemblage minutieux d'indications scé-         Éditions l'Étincelle, 1977, 375 p.                 étude critique nous convie à une relecture du
niques, tenté de diriger le jeu des acteurs et                                                        romancier. Françoise Iqbal analyse successi-
celui du réalisateur. Il convient aussi de se          Dans son essai d'histoire littéraire — et      vement Prochain épisode, Trou de mémoire,
demander si les dialogues « passent». L'écri-       même culturelle — intitulé Surréalisme et         l'Antiphonaire et Neige noire. Elle met en
ture raffinée de Louise Maheux-Forcier se          littérature québécoise, M. André-G. Bouras-        évidence la structure de ces romans, les
prête admirablement à la lecture, mais ne          sa analyse la fortune du surréalisme au            relations espace-temps, les personnages et
nuit-elle pas à la spontanéité du langage          Québec. Il identifie les créateurs, surtout        leurs relations équivoques avec l'auteur, le
théâtral? (G. D.)                                  peintres et poètes, les groupes, les anima-        langage et les grandes images mythiques
                                                   teurs de revues et de maisons d'éditions qui       d'eau et de feu qui traversent cette oeuvre.
                                                   ont adopté cet état d'esprit, il présente puis     Des liens s'établissent d'un roman à un
Joseph-Philémon Sanschagrin, ministre              évalue leurs travaux. Il indique les rapports      a u t r e et l ' e n s e m b l e s ' é c l a i r e par les
Bertrand B. LEBLANC                                qu'ont entretenus les écrivains et artistes        nombreuses lectures parallèles auxquelles a
Leméac, Montréal, 1977, 111 p.                     québécois avec leurs collègues français. Il        puisé le critique avec une érudition et une
                                                   étudie dans quelle mesure ces recherches           finesse psychologique remarquables.
   Après avoir tâté du roman avec Horace ou        ont pu préparer la révolution culturelle des          Hubert Aquin disait de la lecture qu'elle
l'art de porter la redingote (Jour, 1974) et       années 1960. Il tire ainsi de leur oubli et de     était «une célébration muette» à laquelle
Moi, Ovide Leblanc, j'ai pour mon dire (Le-        leur isolement relatifs des dizaines d'agents      participent l'écrivain et le lecteur. Avec ce
méac, 1976), Bertrand B. Leblanc signe sa          québécois du surréalisme, parvenant ainsi à        livre, cette célébration se poursuit et s'enri-
première pièce de théâtre avec Joseph-Phi-         harmoniser en quelque sorte leur action, à         chit de la mise à jour des multiples réseaux de
lémon Sanschagrin, ministre, qu'il dédie à         montrer qu!en notre pays, sans interruption,       sens que permet cette oeuvre foisonnante.
Marcel Dubé, un des principaux artisans du         s'est maintenue une tradition de progrès et        (C.V.)
théâtre d'ici. Et pour un coup d'envoi, c'est      de liberté.
une réussite. Car, même si la pièce n'a en-           Axée sur de tels objectifs et fondée sur
core intéressé aucune compagnie théâtrale          une documentation dont l'abondance ne
ni aucun metteur en scène, elle est intéres-       cède rien à l'intérêt ni à la variété, cette
sante à plus d'un point de vue.                    étude s'impose par sa nécessité et par son         ESSAIS
   D'abord par l'argument lui-même qui ra-         originalité. Pour la première fois est précisé
conte, en trois actes, un épisode de la vie        l'apport des groupes successifs de moder-          Hommage a Lionel Groulx
politique de Joseph-Philémon Sanschagrin           nistes qui ont exprimé jusqu'à nos jours dif-      sous la direction de Maurice FILION
(J. P. prononcé a l'anglaise pour les inti-        férentes modalités du surréalisme.                 Leméac, Montréal, 1978, 224 p.
mes), député de Beaumont (Gaspésie) et                Tout naturellement, t'étude trouve son
ministre (patronaux) de la Voirie dans le          centre de gravité dans le chapitre qui traite        L'heure est aux hommages. Après les Mé-
cabinet Larue. Un épisode précis qui com-          du Refus global, chapitre médian où abou-          langes offerts aux professeurs Paul Wyc-
mence avec la contestation de la population        tissent et d'où rayonnent les tentatives des       zynski et Marcel Trudel (Éditions de l'Uni-
et... des journalistes entourant la réalisation    diverses écoles surréalistes que l'auteur          versité d'Ottawa), Leméac, pour souligner le
d'une autoroute à Québec, et qui se termine        s'est appliqué à définir et à ordonner.            centenaire de naissance du chanoine Groulx,
par la chute du gouvernement et du minis-              En conclusion, l'auteur livre en ces termes    publie Hommage à Lionel Groulx. On y trou-
tre, qui perd non seulement son poste, mais        le juste résultat de ses recherches : « le sur-    ve rassemblées des études rédigées par des
aussi sa maîtresse, ses amis et même sa            réalisme a exercé une profonde influence           amis intimes, François-Albert Angers, Richard
femme qu'il croyait pourtant fidèle. Il ne         au Québec et y a même pris des connota-            Ares, Fernand Dumont, Benoît Lacroix et le
peut survivre à tant d'épreuves, même si           tions particulières». Plus encore que la ré-       regretté Guy Frégault, qui nous révèlent
«c'est bête de mourir sans jamais avoir été        vélation de la collaboration entre peintres et     certains aspects nouveaux de l'homme et de
malade, pis dans l'opposition à part de ça».       poètes, largement démontrée tout au cours          son oeuvre. (J'aurais quand même grande-
                                                   du travail, c'est, je crois, davantage celle des   ment apprécié une étude de Groulx littéra-
    La pièce intéresse encore par la peinture
                                                   spécificités de l'automatisme de l'égrégore        teur, auteur de l'Appel de la race, de Au cap.
grandeur nature d'une certaine forme de po-
                                                   Borduas par rapport aux groupes français           Blomidon et des Rapaillages).
litique qui n'a pas toujours des dessous bien
rassurants, par le portrait du héros, bour-        qui donne son prix à cet ouvrage, dont on            La deuxième partie réunit des témoigna-
geois parvenu, qui n'est pas sans rappeler         peut dire sans l'ombre d'un doute qu'il cons-      ges de personnes qui ont connu Groulx ou
certains personnages de Molière, et par la         titue une contribution indispensable à la          qui l'ont appuyé dans sa lutte pour débar-
verve et l'humour de l'auteur. A lire... surtout   connaissance du mouvement littéraire qué-          rasser les Canadiens français de « leur atti-
à l'approche des élections... (A. B.)              bécois. (J. B.)                                    tude de colonisés et de leur pauvreté intel-

                                                                   Françoise Maccabée Iqbal

                                                                   HUBERT
                                                                   AQUIN
                                                                   romancier

                                                                                         Vie
                                                                                         des
                                                                                       Lettres
                                                                                     québécoises

8 Quebec français Mai 1978
Nouveautés Québec français - Érudit
lectuelle», tels Victor Barbeau, Joseph Blain,      dienne. Une poésie qui, comme le poète              cherche dans la blancheur de la page, entre
Guy Dufresne, Jacques Genest (son méde-             errant et mendiant, se dépouille. Ce qui ne         les lignes et malgré le champ miné des mots.
cin personnel), René Lévesque, Jacques-             l'empêche pas, dans son lyrisme interlinéai-        Une poésie solidaire, qui se lit comme un
Yvan Morin, Hélène Pelletier-Baillargeon,           ro, d'éclater dans la violence du temps qui         essai dans sa prose contenue et qui se dilate
Anatole Vanier, Denis Vaugeois.                     pourrit. (A. G.)                                    souvent dans une oasis habitable du monde
   La troisième partie contient des documents                                                           crevassé. Une nouvelle maison d'édition
inédits de Groulx, poème, discours, pages           Les Forges froides                                  pour un poète qui continue de frayer sa
de journal, plan de cours... On y trouve en-        Chanel MALENFANT                                    voix. (A. G.)
core une chronologie soigneusement établie
par sa secrétaire et collaboratrice, Juliette          L'auteur des Poèmes de la mer pays fait          Vivre en ce pays ou ailleurs
Lalonde Rémillard.                                  de son deuxième recueil le lieu sacré où il         Pierre CALVÈ
  Un document unique, agréablement pré-             invente et fixe sa rêverie. Des Forges froides      L'Acadie sans frontières
senté et abondamment illustré. (A. B.)              s'élève un chant funèbre, plainte de l'an-          Edith BUTLER
                                                    goisse dévastatrice : « le temps tourne ô sup-      Les Goélettes de Charlevoix
                                                    plice de la roue». Revenu des «gouffres             Michel DESGAGNÉ
Jeanne dite «Jeanne d'Arc»                          des songes anciens», le poète s'engage en           Leméac, 1977, 135, 129 et 182 p.
Henri GUILLEMIN                                     cette vie vers les clartés de l'absolu pour y
Gallimard. Folio, 1977, 339 p. ($3.75)              trouver « le levain du premier jour du mon-            Trois beaux livres. Les deux premiers par-
                                                    de». Une poésie qui rejoint la recherche é-         ce qu'ils nous donnent les paroles de deux
Il est peu de destinées aussi belles et si          ternelle de l'homme. (Y. M.)                        chansonniers du Québec et d'Acadie. Un
tragiquement terminées que celle de Jeanne                                                              Calvé nénuphar d'Amérique et une Butler
d'Arc. Cette jeune paysanne qui à treize ans        Poèmes, 1959-1960-1961                              toujours «dépaysée» dans le Dominion of...
entendait des voix et voulait délivrer son pays     Suzanne PARADIS                                     Le dernier livre, parce qu'il est un poème
des Anglais avait à peine 17 ans quand elle         Garneau, Québec, 1978, 243 p.                       flottant comme une goélette, construite dans
délivra Orléans et fit sacrer Charles VII à                                                             la dureté et la poésie du bois d'ici, dans le
Reims. Deux ans plus tard, elle finissait sur le       La maison Garneau publie les trois pre-          génie patient des architectes marins. Tout le
bûcher.                                              miers recueils de la prolifique Suzanne Pa-        fleuve-matrice et toute la mer dans ces li-
    Entrée d'emblée dans la légende, la « gen-       radis. Ces recueils avaient été publiés à frais    vres! (A. G.)
tille Pucelle » devait par la suite être féroce-    d'auteur (Les enfants continuels, A temps le
ment attaquée par Voltaire et les Encyclopé-        bonheur) et par Clément Marchand, au Bien           L'octobre suivi de Dérives
distes. Il en est resté une image un peu            public (La chasse aux autres). Garneau de-          Le cercle de justice
trouble oscillant entre le cliché à l'eau de rose   vait bien cela à celle qui, par une oeuvre          Michel BEAULIEU
et les sarcasmes des esprits" forts». Un solide     constante, patiente et belle, a contribué à         L'Hexagone, Montréal, 1977, 78 p. et 95 p.
décapage s'imposait et Henri Guillemin a trou-      donner du prestige à la maison d'éditions de
vé là une nouvelle bataille à mener. C'est avec     Québec. Ces poèmes, en vers mesurés pleins          Deux livres des quatre que publie l'auteur
une passion complice qu'il retrace la vie de        de coupes gracieuses ou libres, font la quê-        en 1977 et qui viennent dépasser la vingtai-
Jeanne et en fait partager les enthousias-                                                              ne pour l'ensemble de son oeuvre. Cette
                                                    te de la vie, de l'amour, «du meilleur de la
mes et les périodes d'abattement. Et il réussit                                                         poésie de Beaulieu se lit aisément et en est
                                                    terre». Poésie, chant de femmes, marquée
à nous rendre magnifiquement proche et                                                                  pas moins belle parce qu'ouverte à plus de
                                                    de la blessure de ne pas durer et pour cela
réelle cette jeune fille musclée, aux cheveux                                                           lecteurs. Une poésie d'un lyrisme toujours
courts et passionnée de vivre. (C.V.)               présente à l'arbre, à l'oiseau, à l'eau. Poésie
                                                    spirituelle dans la constante recherche d'un        contenu qui est réflexion philosophique sur
                                                    chemin où avancer. Poésie comme une eau             la vie, la mort, le temps et cet entre-deux de
                                                    fraîche malgré le cimetière tout à côté. (A. G.)    soi à soi. Dans Le cercle de justice, l'auteur
                                                                                                        montre bellement, avec une humanité qui
POÉSIE                                                                                                  touche et un grand respect de l'autre, com-
                                                                                                        ment la distance peut finalement se cons-
Dedans dehors suivi de Point de repère              Fragments paniques                                  truire jour après jour entre deux quêtes
Pierre LABERGE                                      Marcel BÉLANGER                                     d'existence. A lire, pour le plaisir et la beau-
Le Noroît, Saint-Lambert, 1977, 92 p.               Les Éditions parallèles, Québec, 1978, 89 p         té. (A.G.)

   Une poésie qui interroge la condition de           Le pays précaire de la parole, cri, colère,       Mon refuge est un volcan
l'homme dans la nudité de ses os. Une poé-          tendresse, dans le vertige de vivre. Diogène        Gilbert LANGEVIN
sie qui soumet à la question ce monde ca-           et Démosthène tout à la fois, recherche et          L'Hexagone, Montréal, 1978, 89 p.
duc, vide de sens. Une poésie, comme le             parole pour soi, du dedans parcellaire, et,
poète, dépouillée, réduite à l'essentiel de la      pour les autres, dans leur vie fragmentée.           Avec son dix-neuvième recueil de poè-
recherche du signe malgré la mort quoti-            Poésie de révolte autant que du délire qui          mes, Gilbert Langevin continue de refuser

Henri Guillemin                                                                                                              te*' "/"v.a . # \ r t .
                                                                                                                                        •
Jeanne
diteJeanne d'Arc

                                                                                                                             : **•"M : * ^^  Jr2
                                                                                                                                   i
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                                                                                                          .. aaJ\ afat La»
                                                                                                       r S E ffifafiv'afi                   etrn «a

                                                                                                                   Mai 1978 Québec français 9
«1e salut des transfuges». Son refuge bout                     les pères qui prostituent leurs filles. A la       Chansons politiques du Québec
dans la quête qui (se) poursuit (dans) le                      campagne, au Québec, c'est monnaie cou-            (1765-1833), tome 1
pays. Le recueil s'enracine dans des noms                      rante. »                                           Maurice CARRIER et Monique VACHON
et prend des dimensions qui visent la même                        De telles affirmations, gratuites, trop nom-    Leméac, Montréal, 1977, 361 p.
trajectoire de la naissance à finir pendant                    breuses, lassent le lecteur et affaiblissent la
que neuf dessins de Cari Daoust vous jettent                   portée de l'ouvrage. On dirait que les au-            A la chanson folklorique et au conte, il
en pleine prison de ce monde qui vous con-                     teurs se sont laissés emporter par leur pas-       manquait la chanson politique pour témoi-
sume. La poésie, elle, de flash en flash, va                   sion et n'ont pu prendre leurs distances avec      gner de notre passé historique. Les cher-
toujours son petit bonhomme de chemin en                       leur sujet. A lire cependant. C'est un docu-       cheurs Carrier et Vachon offrent donc au
gardant le haut du pavé. (A. G.)                               ment sociologique unique sur le sujet. (A. B.)     public une somme de travail extraordinaire.
                                                                                                                  Ils délivrent de l'oubli la chanson politique
                                                                                                                  qui affirme les luttes populaires à travers ce
                                                               Les belles vieilles demeure* du Québec             que Robert-Lionel Séguin appelle, dans sa
DIVERS                                                         P. ROY WILSON                                      belle préface, «la nuit de l'occupation». Il
                                                               Cahiers du Québec/Hurtubise HMH, 1977,             faut savoir gré aux auteurs de nous avoir
                                                               124 p.                                             concrètement rappelé le goût de la liberté
Profession: prostituée
Rapport sur la prostitution au Québec                                                                             qu'avaient nos pères. (A. G.)
                                                               Un livre d'une grande utilité pédagogique
Catherine TEXIER et Marie-Odile VÉZINA                         pour savoir regarder toutes ces belles de-
Libre Expression, Montréal, 1978, 354 p.
                                                               meures qui longent le fleuve et les rivières du
                                                               Québec. Wilson a retenu quelques-unes de           Rien détonnant avec Sol
   Pendant dix semaines, deux journalistes                     ces vieilles maisons et nous initie simplement
ont vécu dans l'univers méconnu des prosti-                                                                       Marc FAVREAU
                                                               au déchiffrement du génie architectural de         Stanké, Montréal, 1978, 173 p.
tuées montréalaises. Ils nous livrent le fruit
                                                               nos pères qui ont su, en épousant le paysage,
de leur enquête dans ce rapport sur la pros-
                                                               retraduire le génie français dans des maisons         Voici réunis une vingtaine de monologues
titution à Montréal surtout, et non au Qué-
bec, comme le laisse entendre le sous-titre.                   d'ici. Des maisons belles comme des poèmes         de Sol l'étonnant, notre Sol national, passé
Un rapport donc partiel, sans prétention                       qui se livrent intimement à ceux-là seulement      maître dans l'art de déformer les mots, de
scientifique aucune, rapidement monté, mais                    qui apprennent à les regarder. Toute une           tordre la langue, de la transformer au gré de
qui jette la lumière sur l'exercice du plus                    civilisation s'avoue dans ces demeures où          sa logique. Toujours dans un but bien précis
vieux métier du monde dans la métropole,                       l'utilité, la géographie, l'architecture s'unis-   cependant: faire passer un message, attirer
sur les rapports existant entre «les filles de                 sent discrètement. Qui n'a pas rêvé de redon-      l'attention, corriger une situation, dénoncer
la gaffe» et les clients, et sur les clients eux-              ner à l'une de ces maison encore nombreuses        une injustice (la loi 22, dans « La Complainte
mêmes. Après une courte première partie                        ses lignes, ses habits et sa grâce? (A.G.)         du garnement»), gagner la sympathie du dé-
où ils exposent leur démarche, les auteurs                                                                        muni, du déshérité comme lui. Car Sol, qui
font défiler sous nos yeux un certain nombre                                                                      n'a pas de «lettres», comme il le dit, qui a
de «filles de joie», choisies au hasard d'une                                                                     du mal avec les mots, est le porte-parole du
rencontre dans un bar ou dans une salle                                                                           «pôvre», du désoeuvré, de l'abandonné, du
                                                               Oui à l'indépendance du Québec                     laissé-pour-compte, tel la poubelle, oubliée
d'un poste de police, les Barbara, Ginette,
                                                               Pierre BOURGAULT                                   sur le bord de la «cruelle», qui aime la «vi-
Diane, Danièle, Francine, Natacha, Linda,
                                                               Quinze, Montréal, 1977, 179 p.                     dangereuse» et qui risque, à tout instant de
Patricia..., qui ont en commun l'art de faire
beaucoup d'argent, rapidement (entre $35.                                                                         «se retrouver en tôle». Comme aussi ces
et $50. la passe de quinze minutes), en s'écar-                   Un petit livre fort simple qui reprend des      vieux qui sont «bien isolés» dans leur «petit
tant les cuisses jusqu'à dix fois par jour                     arguments familiers... pour les habitués de        foyer modique» où ils bercent leur «ennui-
dans les Tourist rooms de l'Est ou de l'Ouest                  la cause de l'indépendance. Dire oui à l'in-       touflé» et pensent à leurs «maux myxtères»,
pour se payer du luxe ou de la dope, mais                      dépendance, par exemple, pour avoir une            ou les habitants «d'en-dessous de la pla-
jamais une parcelle de bonheur.                                terre natale non aliénante, pour donner une        nète» qui ne «tourne pas rond», le «Fier
                                                               dernière chance au Canada (le vrai, l'an-          monde», ce monde bien différent de celui
   Un dossier intéressant certes, émouvant                     glais) d'exister par lui-même, pour sortir de      qui fait partie des «États Munis» de «L'Am-
même par ses témoignages, mais qui res-                        la névrose séculaire, pour inventer un projet      nésique du Nord»...
semble davantage à un plaidoyer en faveur de                   original de société conforme au génie qué-
la légalisation de la prostitution (et pourquoi                bécois, pour mener d'autres luttes, enfin,            Volume amusant, enrichissant, qui provo-
pas?) et qui agace parfois par les conclu-                     féministes, syndicales, économiques... Un li-      que le rire, mais un rire souvent gênant, un
sions rapides ou catégoriques des deux                         vre sobrement écrit pour les colonisés en-         rire jaune. Volume encore enrichi de nom-
journalistes, telles: «Eh oui! c'est ça, c'est                 core nombreux qui voient l'indépendance            breuses photos de Sol et de son double,
comme ça. C'est pas compliqué de com-                          du Québec comme un repliement et non               Marc Favreau, et de nombreuses illustra-
prendre pourquoi la prostitution existe, pas                   une ouverture et surtout comme une trans-          tions réalisées par sa fille, Marie-Claude.
la peine d'aller chercher bien loin: ce sont                   gression. (A. G.)                                                                          (A. B.)

              PROFESSION:
              PROSTITUE
              RAPPORT SUR LA PROSTITUTION AU QUEBEC

               CATHERINE TEXIER i MARIE-00I            (S
                                              LE VEZINAl   S

10 Quebec français Mai 1978
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