Nouvelles d'un genre dit mineur - Hans-Jürgen Greif - Érudit
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Document generated on 09/14/2021 10:38 p.m. Nuit blanche Nouvelles d’un genre dit mineur Hans-Jürgen Greif Number 71, Summer 1998 URI: https://id.erudit.org/iderudit/23183ac See table of contents Publisher(s) Nuit blanche, le magazine du livre ISSN 0823-2490 (print) 1923-3191 (digital) Explore this journal Cite this article Greif, H.-J. (1998). Nouvelles d’un genre dit mineur. Nuit blanche, (71), 38–43. Tous droits réservés © Nuit blanche, le magazine du livre, 1998 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
Nouvelles d'un genre dit La nouvelle n'est plus ce qu'elle était, on le sait. Mais qu'attendre de la nouvelle, aujourd'hui ? Par Hans J ù r g e n G r e i f Qu'elle soit le véhicule idéal des mécanismes freudiens de « condensation, déplacement, dramatisation, symbolisation », comme l'a soutenu Roland Bourneuf dans son article « La nouvelle et le rêve »1 ? F aut-il plutôt voir, dans la avantageusement indécise entre les gen- discutable, pour aboutir, à la publication fragmentation propre au genre, res. Le lecteur referme ces livres déçu : de son troisième texte littéraire, à des l'incapacité du nouvelliste d'abord méfiant devant leur minceur, nouvelles avouées. La démarche est habi- de « comprendre le monde il avait été rassuré par l'appellation tuellement inverse et le nouvelliste se fait globalement », comme le « roman » sur la couverture, mais il n'est fréquemment demander si son prochain soutient Jean-Pierre Boucher2 ? Devant la pas rassasié, veut plus, et surtout plus de livre sera « enfin un roman » ! Écrire des multiplication des formes, peut-on sous- texte ! Des « romans » d'Emmanuèle nouvelles est (hélas !) perçu comme un crire encore à une classification comme Bernheim, il sort habité d'une émotion signe de faiblesse, un manque de courage celle que propose René Godenne, un des violente. Cette écriture, d'une concision face au « genre majeur » - et rarement plus éminents chercheurs dans le do- rare, serait donc celle d'une nouvelliste, encouragé par l'éditeur qui sait que le maine : « nouvelle-histoire », l'anecdote, alors que la longueur des textes leur genre mineur ne se vend guère... « nouvelle-instant », tranche de vie, interdirait d'appartenir au genre ! Autre paradoxe : malgré la diversité « nouvelle-nouvelle », description / des univers d'une histoire à l'autre, sauf réflexion où l'écriture prime3 ? Le lecteur Un monde dans les deux dernières, Quittes et doubles rejette-t-il tout ce qui ne se mesure pas dur et méchant se distingue des textes précédents par une à l'aune des chefs-d'œuvre d'Anton cohérence marquée dans la thématique, Tchékhov, Somerset Maugham, Patricia Comme on le voit, les apparences peuvent balayant du même coup un autre préjugé Highsmith, Thomas Mann, Guy de être trompeuses. Aujourd'hui, les formes voulant que des recueils de nouvelles ne Maupassant, Gustave Flaubert ? Quel effet que prennent romans et nouvelles varient soient guère plus qu'une collection entraîne la diversité actuelle des formes ? à un degré tel que les auteurs et, de plus de textes écrits au gré de la fantaisie ou Nous sommes habitués à des défini- en plus, les éditeurs abandonnent les selon la disponibilité de l'auteur, colligés tions voulant que le roman soit un texte étiquettes ; des appellations plus neutres, ensuite, laissant aux exégètes le loisir de long, aux péripéties multiples, avec (sou- « récits », « scènes », etc., coiffent les déterminer des « phases d'évolution » de vent) de nombreux personnages dont recueils auxquels un ou quelques thèmes la pensée de l'auteur. Ici, le côté noir de l'interaction amènerait le lecteur à mieux donnent le ton. Le Quittes et doubles, l'âme prend résolument le dessus ; l'hu- comprendre leur situation et, partant, le Scènes de réciprocité de Lise Bissonnette5 mour, le plaisir, l'amour n'apparaissent monde qui est le sien. Tandis que la nou- en constitue un bon exemple. Déjà les que pour être aussitôt raillés. Les exis- velle serait (presque) toujours un texte textes Marie suivait l'été (1992) et Choses tences peuplant ces récits courts ne sont court, avec quelques personnages crues (1995) avaient délaissé la linéarité que rarement insignifiantes. Par contre, seulement, dont l'intrigue, à dévelop- du récit pour refléter un univers frac- les personnages sont toujours méchants, pement linéaire, amènerait le lecteur tionné, composite, où le narrateur n'as- illustrant de façon inquiétante la colère, rapidement au dénouement d'une situa- sume plus de fonction pédagogique, mais l'envie, le sexe, la soif du pouvoir. Pour tion d'exception. Mais alors, comment abandonne - faussement - le lecteur à son Lise Bissonnette, presque tout semble en classer les romans d'Emmanuèle sort. Ces textes ne donnent que des bribes rapport avec une question de chair : c'est Bernheim (Le cran d'arrêt, Un couple, Sa d'informations ; au lecteur de s'arranger ce qui confère au recueil sa cohérence, femme 4) qui, sur une centaine de pages pour se représenter le monde qui en est le mais provoque également un effet de environ, présentent pratiquement toutes réfèrent. Cependant, chaque chapitre lassitude, de « déjà vu » d'une nouvelle à les caractéristiques de la nouvelle définies répond aux exigences de la nouvelle tout l'autre. Ici, mépris et cruauté mènent un par René Godenne : mise en situation en les redéfinissant. Autrement dit, Lise monde malade, brûlant de fièvre, aux rapide, récit portant sur une tranche Bissonnette a pratiqué la nouvelle avant la propos (apparemment) incohérents. importante de la vie d'un personnage, lettre. Curieux phénomène d'un auteur Revient sans cesse une profonde aversion souci de la qualité de l'écriture ? Dans ses qui fait son chemin à rebours en quelque contre les prêtres d'un temps passé, les textes, tous d'une qualité exceptionnelle, sorte : Lise Bissonnette s'est fait la main injustices de Dieu (l'auteure va jusqu'à lui Emmanuèle Bernheim garde une position avec des textes dits romans, appellation nier la majuscule), les bégueules et bigots, 7 1 . N U I T B L A N C H E . 3 8
densent pas l'existence du protagoniste, mineur ne nous font pas entrer dans le lieu de l'action, ne nous laissent pas participer au drame des êtres évoqués qui placent entre eux et nous un voile les soutirant à notre regard, ou une glace rendant leurs gestes visibles, mais à peine compréhensibles. Ils aspirent à s'élever au rang de symboles dont le sens perce trop rapidement, pro- voquant l'attente de quelque événement qui puisse en déjouer la fatalité. Mais les surprises se font rares dans ce livre trop sage, malgré l'élément onirique qui appelle pourtant l'incongru, l'inattendu. Des nouvelles « classiques » ? les bondieuseries. Chez elle, les appa- d'autres, indique la volonté du narrateur Quelqu'un de ce temps-là 7 nous vient rences sont toujours trompeuses et même de faire valoir le côté « naïf » de ses d'un vieil habitué du genre, trop peu la musique se fait méchante ou idiote. propos, l'aspect « conte de fées ». Mais connu au Québec. Roger Grenier en est à Ce qui fait souvent défaut dans ces voilà : une nouvelle, ce n'est pas un conte, son huitième recueil de nouvelles (il a nouvelles, c'est moins l'effet (voulu ?) de et encore moins un conte de fées, où les également onze romans à son actif, et répétition d'êtres méchants, voire personnages n'ont pas de nom, sont typés presque autant d'essais, sans oublier vulgaires, qui n'ont aucune envie de (« le père, la mère, lafille,l'amant ») et se des « récits », genre inclassable). Les huit combattre ou de camoufler leur côté nuit, meuvent dans un espace atemporel. textes du recueil reprennent également le mais la structure narrative. Placés souvent Consultez René Godenne pour le reste thème du passé, comme Pierre Chatillon sous le signe du rêve, les textes suivent (ou Jean Bellemin-Noël, Tzvetan mais de façon bien différente. Ici, le quo- trop de pistes à la fois. Quelques excep- Todorov, Agnès Whitfield, Jacques tidien subit invariablement une fissure. tions, cependant, comme « La calliope », Cotnam, Gaétan Brulotte, Maurice S'installe alors le souvenir qui se fait « Le columbarium » et « Le témoin », où Émond, Adrien Thério...). Sans s'en tenir inconfortable, ou mordant, brisant l'élan la mécanique du texte sert la narration au aux définitions trop formalistes du genre des protagonistes, dont aucun ne peut lieu de la submerger. Ailleurs, ce qui (dont on n'a pas tenu compte volon- réclamer le statut de héros : leurs batailles semblait une économie de l'écriture se tairement, ou par indécision ?), l'impor- ne sont ni gagnées ni perdues d'avance révèle une « poésie » dont les buts restent tant réside encore, dans L'enfance est une puisqu'ils sont confrontés à eux-mêmes. aussi flous que les « résumés poétiques » île comme dans Quittes et doubles, dans le Dans la nouvelle-titre, une actrice sur le précédant les textes. thème prépondérant : le narrateur fait déclin rencontre (voilà la faille nécessaire toujours un retour en arrière, souvent à ce genre de nouvelle) un ami d'enfance Sous le s i g n e dans l'enfance, qu'il baigne dans une dont elle se souvient vaguement. Pendant de l'indécision lumière aux accents nostalgiques, comme le temps qu'ils passent ensemble, elle doit en témoignent les ouvertures des faire face à l'image de jeunefillecomme il Le rêve, ou la transgression de la frontière textes : « Le dimanche est le jour de faut qu'elle avait projetée dans son entre réalité et imaginaire, se retrouve l'ennui et cela depuis le tout début du adolescence. Entre cette image et la dans un autre recueil de nouvelles paru monde », « Chaque hiver, au plus blanc réalité, son interlocuteur a forgé un récemment au Québec. Dans L'enfance de janvier, je suis envahi par une insou- mythe qu'elle s'applique à détruire, est une île 6 de Pierre Chatillon, le tenable nostalgie du Sud », « Jean- tranche par tranche. Pendant une nuit, narrateur annonce ses intentions dès la François Papillon était un familier du elle est ainsi confrontée à sa mémoire, première nouvelle, « L'impression- rêve ». Ainsi, dans la nouvelle-titre, le terrifiante, avant de reprendre le nisme » : le protagoniste, originaire de narrateur raconte comment il a passé une quotidien d'une femme qui joue les autres Nicolet (bien des personnages du recueil partie de son enfance sur une île en pour ne pas devoir se jouer elle-même. sont de la région de Trois-Rivières, de Floride, en compagnie de son père et des La quête identitaire se poursuit dans Nicolet) découvre lors d'un voyage - le maîtresses de ce dernier. Forcé de rentrer presque tous les textes du recueil. déplacement n'est jamais innocent - la au Québec, il développe un désir d'éva- Ainsi, « Exister ? » relate l'histoire d'une Baigneuse blonde, une toile de Renoir. sion qui ne l'abandonnera jamais plus. Ce femme qui écrit la vie de personnages Comme s'il allait faire une illustration des même désir marque les autres prota- célèbres (une « négresse » ?). Un éditeur postulats de Freud quant au rêve, Pierre gonistes, qui fuient tous la réalité pour se lui demande de se mettre sur la piste de Chatillon écrit une nouvelle version de la réfugier dans un monde qu'ils peuplent Johanna Jankovska, actrice tchèque, Gradiva de Jensen, si merveilleusement de rêves, day dreamers roulant (trop) morte depuis longtemps, transformée en commentée par le psychanalyste. Chez facilement d'une existence à l'autre, sans mythe. Mais en suivant ces traces, la Pierre Chatillon, la baigneuse sort du parvenir à transmettre au lecteur l'émo- journaliste-écrivaine joue son propre sort. tableau, elle vit avec le protagoniste, elle tion qui les force à entrer dans l'irréel. Si Roger Grenier relève patiemment les rentre dans la peinture après avoir aban- les êtres de Lise Bissonnette sont décapés, traces du destin, chez Nadine comme donné son existence terrestre en se des cailloux durs qui s'entrechoquent, chez Annamaria, la protagoniste d'une noyant, en compagnie de son amant qui ceux de Pierre Chatillon ont un goût autre nouvelle (« Perdonami »), rongée - se retrouvera dans l'œuvre impres- uniforme et inoffensif. Leurs difficultés - en apparence - par le remords. Une des sionniste, caché derrière un rocher. La fin maladie, âge, amour manqué, etc. - ne plus belles idées du nouvelliste est sans du texte, comme la teneur et la fin de bien nous émeuvent guère : elles ne con- doute contenue dans un petit bijou, « La N U I T B L A N C H E
bille de glace », nouvelle dans laquelle une passionnée de la congélation fige ses larmes : c'est moins l'effet de surprise - le LA NOUVELLE QUÉBÉCOISE AU XX'SIÈCLE lecteur de nouvelles en a vu d'autres - que Thomas Gunzig 1 DE U TRADITION À L'INNOVATION la logique du récit qui séduit. Dans H v avait / l'univers de Roger Grenier, tout le monde quelque chose ' garde la mémoire du passé, même les dans le noir i bêtes, comme la vache Mariette, frappée qifon n'avait J pas vu 1 de stupeur après avoir été attaquée par un énorme boa dans son pré. Mariette se immOM souviendra, elle ne reviendra jamais Jullmr.l brouter l'herbe de ce pré-là. L'écriture de Roger Grenier, d'une élégance qui ne se dément jamais, révèle non seulement la maîtrise incontestable de l'écrivain solide, mais trahit un métier immense qui constitue un garde-fou extrêmement solide contre les dangers menaçant tout nouvelliste : les dérapages, dans leur refus, renversant du coup la le souci exagéré du détail, la lourdeur structure du monde connu. Le lecteur dans la description, les débordements, réclame plus de nuances, des peintures l'absence de relief des personnages, pour toire gigogne », à la structure extrême- plus complètes. La brièveté de la nouvelle ne nommer que ceux-là. Ces textes, d'une ment rigide (une armure, plutôt, qui ne signifie pas un réductionnisme à trempe différente de ceux d'une Annie empêche la respiration du texte). Ici, ce outrance frôlant la caricature. Comment Saumont ou d'un Jean-Loup Trassard, n'est pas l'inspiration qui fait défaut, mais sortir de ce dilemme ? par exemple, se situent, par la teneur, la le travail entre auteur et éditeur. Une nouvelle voie se dessine avec un structure narrative, l'impulsion de l'ima- très jeune auteur, Thomas Gunzig qui, en ginaire, assez proches de la grande nou- Histoires dérangées, 1993, tout juste âgé de 23 ans, publiait velle anglophone (Katherine Mansfield, dérangeantes un premier recueil, Situation instable Patricia Highsmith) : ils racontent des penchant vers le mois d'août. Dans son histoires, exceptionnelles, passionnantes, Les éditions Julliard ont fait paraître deux dernier, Thomas Gunzig étonne de brillamment. Redevables aux grands recueils de nouvelles récemment : nouveau par une langue qui réinvente le maîtres de la nouvelle du XIXe siècle, et se Histoires dérangées 9 de Pascale Roze, monde à tout moment. Ce qui semble rapprochant du modèle « classique », ces réédition d'un recueil paru en 1994 d'abord un jeu se révèle rapidement le nouvelles présentent une structure solide (Goncourt oblige) et II y avait quelque moteur même des textes : des images et sans faille, permettent différents chose dans le noir qu'on n'avait pas vu 10 d'une force inouïe, des situations cocasses niveaux de lecture et sont écrites dans une de Thomas Gunzig. Les histoires de qui ont peu à voir avec les rêves, et qui ne langue polie et travaillée à souhait. Avec Pascale Roze - à juste titre, l'auteure prétendent plus à la « vraisemblance ». Roger Grenier, le plaisir de lire est assuré. appelle ces textes « histoires », et l'éditeur, C'est le monde à l'envers, perverti, drôle Plus difficile se révèle la lecture du faute de mieux, « nouvelles » - et méchant à la fois, rempli de fantasmes, recueil Le dévoiement8 de Pierre Lexert. présentent, à quelques exceptions près, comme dans le deuxième texte, magni- Ici, c'est d'abord la langue qui fait défaut : des femmes, souvent vindicatives ou fique, « Sélection naturelle », où le prota- on se dirait en compagnie de petits revanchardes. Une vieille s'évade du lieu goniste échoue sur une île avec la plus marquis, pratiquant une langue pleine de qu'elle habite, une jeune frustrée se jolie fille du monde. Mais au lieu de vivre préciosités, utilisant un style alambiqué, bourre de chocolat, une autre, qui court les moments les plus exaltants possibles, des phrases et tournures forcées, voire l'amour impossible, apprend, après une le jeune homme, handicapé par tordues, et un vocabulaire vieillot qui se nuit merveilleuse, que son amant se fera l'explosion d'une mine qui lui a enlevé veut recherché, tant dans le récit que dans prêtre le lendemain. Une autre encore se toute possibilité de « bricoler » avec le les dialogues (personne aujourd'hui ne transforme en arbre, tellement son mari sexe opposé, assiste à la lente décompo- parle comme le font ces protagonistes). la scie. Elles sont toutes sœurs dans le sition de son rêve. Puis, au lieu de verser dans le genre de la malheur, comme cette jeune femme qui Mais cette nouvelle, est-ce encore une nouvelle classique, l'auteur, qui n'est pas met en marche une moissonneuse- nouvelle, avec ses quatre parties un mauvais conteur, raconte plutôt des batteuse pour aplatir l'amoureux qui l'a distinctes, divisées en brèves scènes histoires, ou des historiettes, gentilles, peu trahie. L'amour ne visite ces femmes que numérotées, ou s'agit-il d'un roman compromettantes, des petites peintures rarement, mais quand il le fait, il irradie, il réduit à l'os ? Ici, le texte rend non aux contours flous, à l'allure poétique (?). illumine, ainsi Katia que l'amour rend pertinente la question du genre. Par des Le lecteur attend en vain le dérapage lumineuse dans le noir. Malgré une touches superposées, d'une extraordinaire caractéristique de la nouvelle classique, thématique qui devrait leur conférer une rapidité, le narrateur (toujours à la annoncé d'ailleurs dans le titre. Au lieu de cohérence certaine, ces histoires (bien première personne du singulier) fait cela, des petites surprises qui tombent écrites, bien agencées) ne laissent guère exploser toute forme de questionnement presque toujours à plat. La meilleure plus qu'un arrière-goût amer. Ces quant au temps et à l'espace. Il ne s'agit partie du recueil se cache encore dans les cruautés sont lassantes parce que plus de croire ou de ne pas croire à ce quatre derniers textes, « Incidents de répétitives ; dans ces textes dominent le qu'il nous raconte, mais de nous laisser parcours », très brefs, beaucoup plus blanc et le noir ; les hommes restent séduire par la vitesse avec laquelle il fait incisifs que les histoires précédentes. Mais invariablement bouche bée devant des défiler sa famille, son lieu de travail, la ils n'arrivent pas à faire oublier des textes femmes qui se transforment en furies ou croisière, le naufrage, la vie sur l'île, l'image comme « La nuit d'Alençon » ou « His- en démentes si elles ne se pétrifient pas de lafilledésirée. Ici, comme ailleurs dans N U I T B L A N C H E . 4 0
le recueil, le lecteur est aspiré vers Mais les descriptions de ces scènes, ne se sentent pas observés. Des textes la mort qui n'est plus un trou noir mena- saisissantes et révoltantes, ne sont pas tristes et pleins d'espoir à la fois, inquiets çant et apeurant, mais une peau de pour autant de la littérature. Si elles sont et inquiétants, loin de la certitude de ceux banane comme la vie nous en réserve, un d'un intérêt certain, elles restent avant qui n'ont jamais senti le poids du regard accident de parcours, ni plus ni moins tout des reportages manques, et il aurait de l'autre que surprend un accent ou une drôle que d'autres. Ce recueil peint une fallu en retravailler sérieusement les façon d'écouter. danse macabre ; le cliquetis des squelettes textes. Il ne suffit pas d'une accumulation ajoute une note joyeuse et un tantinet d'horreurs, d'imbécillités, d'injustices Quelques recueils inquiétante au concert que jouent des criantes pour qu'un livre fasse sa marque. musiciens déchaînés, comme dans « La Avec Le doigt dans l'engrenage, le lecteur Deux éditeurs ont réuni dix nouvellistes, dernière intraveineuse de Jean-Pierre X. » n'arrive pas à dépasser le stade d'une avec un bonheur inégal. Dans Dix 13, Plus de récits linéaires, mais un frac- lecture au premier degré, et la distance Grasset présente des textes d'auteurs aussi tionnement du texte ; plus de marche pe- entre le sujet et le narrateur reste minime. connus que Marie NDiaye, Caroline sante décrivant le sort d'un protagoniste, Dommage : ce livre aurait pu être une Lamarche, Lydie Salvayre, Marie mais une course folle vers l'inconnu : révélation. Darrieussecq (rappelons Truismes, qui rarement la nouvelle nous aura-t-elle Inge Israël s'est établie au Canada avait remporté un succès éclatant). « C'est donné des moments de lecture aussi (Colombie-Britannique) en 1958, après dehors, c'est la nuit » (Virginie Des- rafraîchissants. un long périple sur le continent européen. pentes) donne le ton à ce recueil : Poétesse, nouvelliste, elle écrit, à l'occa- d'emblée, le lecteur est frappé non Des nouvelles sion, pour le théâtre. Ce qui frappe dans seulement par la qualité exceptionnelle d'ailleurs le recueil Le tableau rouge, c'est la variété des textes, mais par leur audace, la variété des lieux (Canada, Japon, Irlande, des formes, le côté « noir » des prota- La récolte dans le champ de la nouvelle Danemark, France, etc.) et la provenance gonistes (« Je suis le gardien du phare » d'expression française est, on le voit bien, des protagonistes : il s'agit pour la plupart d'Éric Faye, « Famille » de Lydie de qualité inégale. Qu'en est-il de la de déracinés qui tentent de s'intégrer à Salvayre, « L'Équarrissage » de Lorette nouvelle dite « allophone » ? Deux petites leur nouvel environnement, traduisant Nobécourt). Explorant bon nombre maisons d'édition nous proposent des ainsi l'expérience personnelle de l'auteur. d'écritures possibles, du mélange prose- auteurs venus d'ailleurs : Les Intouchables Les personnages sont presque toujours poésie à l'écriture linéaire, ces nouvelles publient Le doigt dans l'engrenage u , de jeunes ; ils apprennent la langue du nou- surprennent, dérangent, démentent Rachid Tridi, d'origine algérienne, et le veau pays, observent les autres, évaluent l'adage voulant que la littérature française Vermillon présente Le tableau rouge 12, ce qui les en sépare et leur propre situa- contemporaine tourne à vide. Certains d'Inge Israël, polyglotte d'ascendance tion. Parfois, quand l'écart entre pays auteurs réinventent carrément le genre en russo-polonaise, née en Allemagne. d'origine et pays d'adoption est trop brisant le récit pour le rassembler sous La couverture du recueil de Rachid violent, ils n'arrivent pas à harmoniser les une forme différente. N'étant plus Tridi nous met déjà sur une piste : dans deux pôles de leur existence (« Pépita »). redevables aux modèles classiques ils un geste de défi, une jeune femme aux La tension dans les textes est amenée peuvent être considérés comme des bras nus jette son voile devant une mos- simplement, logiquement : écart entre affranchis du genre, pavant des voies quée. L'auteur raconte en effet une série l'enfance et l'adolescence, entre le passé et nouvelles. Dans « Deux éléments », d'incidents qu'il situe à Alger, illustrant la le présent, soif de comprendre l'autre. Caroline Lamarche dit justement : « [...] vie dans un pays à la dérive. Ce sont des Dans « Le Parc de la Paix », par exemple, j'ai toujours eu pour pratique de me scènes de la vie privée, d'une violence qui une Japonaise accoste des étrangers pour débarrasser de tout de qui pouvait nous accable et nous fait demander, nous, leur parler ; sa vie tourne à vide, pour son entraver ma progression, ce qui explique Occidentaux, comment on peut vivre mari et son fils adolescent elle n'est guère que vous me voyez nue, sans ces petits dans un système où, sous le couvert plus qu'une bonne ; elle tente donc de objets hérités du passé, photos écornées, du socialisme, un socialisme dénaturé, saisir un morceau de la vie d'autrui, de grimoires ouvragés, lettres d'amour ou de mal compris et mal assimilé, l'individu personnes qu'elle ne connaît pas, et dont créance, que chaque humain normale- est humilié, bafoué dans ses droits les plus elle peut capter les témoignages au hasard. ment constitué transporte avec soi, et élémentaires, laissé pour compte, exploité dont se nourrit le feu. » Rejet radical, Ces textes constituent de beaux exem- et raillé. Où tout est réglé par une machine donc, de ce qui fait souvent l'habit du ples de l'écriture migrante. Empreints étatique corrompue et incompétente, texte, la mémoire. Ces nouvellistes tra- d'une profonde nostalgie pour le pays où la force brute règne, omniprésente, vaillent massivement à partir de ce rejet ; perdu, ils ont des accents d'inquiétude aveugle et stupide. Personne n'est de là vient la cohérence du recueil. face à un présent précaire et un avenir épargné, tout le monde est pris dans incertain (« La visite du roi »). Ce sont des Que d'autres ne choisissent pas cette l'engrenage de la violence. Un des textes tranches de vie où perce un passé dou- option, ou dans une moindre mesure, ne les plus forts présente cependant une loureux, marqué par la guerre, la fuite, signifie pas pour autant que les textes ne tranche de vie à Paris (« Harki junior et une vie difficile et dure où les soucis du devraient pas trouver une voie qui leur est la fièvre du samedi soir ») : un jeune quotidien relèguent au fond de la mé- propre. De lune à l'autre, Les dissem- harki, très typé (teint basané, cheveux moire le souvenir de l'origine. Les enfants blables u , paru chez Arion, réunit dix noirs), citoyen français, fait tout pour de ce recueil sont arrivés à maturité avant textes, de portée et de valeur inégales, et se fondre dans la foule des Français. l'âge, et rarement ils se révoltent contre dont plusieurs sont résolument tournés Peine perdue : il se fait invariablement leur sort (« La main », une des meilleures vers la mémoire du protagoniste. Sans repérer comme bicot et bougnoule, nouvelles du livre). Ils n'ont qu'un but : doute, les meilleurs sont encore de dans une ville où tout le monde semble vivre et survivre, enfermant - c'est là le Françoise Dumoulin (qui est professeure vouloir voter Le Pen. Dans une alter- thème principal du recueil, toujours en de littérature ; elle connaît le genre, cation, il perd la tête, vomit sa haine du sourdine, jamais éclatant - leur angoisse l'esthétique, les notions de réel et de racisme et crie combien il est fier d'être dans des tiroirs dont ils ont caché la clé et fiction, et le souci de surveiller son Algérien. qu'ils n'ouvrent qu'en cachette quand ils discours se fait sentir à tout moment). 71 . IIT B L A N C H E . 4 1
Malheureusement, la plupart des autres aisément que les ampoules électriques... la résolution de l'ensemble ; la morale ou auteurs ne semblent pas vouloir entre- Ce qui n'est pas le cas, comme en témoi- état final (ouvert ou fermé). Ce modèle prendre, et de manière conséquente, une gnent certains des textes présentés, à la formel varie aujourd'hui à l'infini, bien recherche approfondie, ni de la forme, ni note forcée, et manifestement écrits trop sûr, mais Michel Lord indique ce qui de la langue, ni de la relation prota- rapidement. D'autres, par contre, pour- semble caractériser la nouvelle contem- goniste-mémoire. Là encore, le travail de raient passer pour des exemples du genre, poraine : « la contamination de la fonction l'éditeur fait sérieusement défaut. La comme « Contamination » de Michèle complicative à l'univers entier du dis- majorité des textes réunis ici auraient dû Audet, où la relation personnage-narra- cours ; la prolifération de la fonction être retravaillés à fond ; dans leur forme trice reste dans les voies du possible, evaluative ; la disparition ou le voilement actuelle, ils présentent trop souvent des et « Enfants de la nuit » de Stanley Péan, des deux ou trois autres fonctions du métaphores éculées, une imagerie sans texte tout en nuances, délicatement tissé récit ; la décomposition formelle et sa vigueur, dans une structure lâche ou autour d'une femme noire en fugue qui recomposition, sous forme lacunaire. » bancale. Il se dégage de l'ensemble de ces tente de rentrer chez sa maîtresse après L'auteur donne, comme les autres colla- nouvelles (qui sont, pour la plupart, des une aventure dans un motel sordide près borateurs, d'excellentes pistes de lecture, historiettes et non pas des nouvelles) un de Schenectady. Dommage que d'autres tant théoriques que pratiques. fond de dilettantisme traduisant un textes du recueil, prometteurs (comme Malheureusement, le cadre de cet manque d'exigence de la part de l'éditeur. « Le départ » de Corinne Ouzilleau) ouvrage collectif ne permettait pas une Deux autres recueils, Quartiers divers 15 n'aient pas profité du savoir-faire de intervention sur la pratique de la nou- (Vents d'Ouest) et le 150e numéro de la Stanley Péan. velle. C'est ce qu'entreprend Gilles revue Stop 16 proposent une autre appro- Pellerin dans son essai NOMS aurions un che : écrire sur un lieu donné. Le premier Écrire des nouvelles petit genre 18. L'auteur est non seulement joue dans et autour d'un immeuble, rue nouvelliste lui-même, mais directeur Marquette à Montréal, tandis que le deu- Une nouvelle peut s'écrire rapidement, artistique d'une maison d'édition spé- xième invite à un voyage à Schenectady, mais le genre ne pardonne pas les erreurs, cialisée dans le genre. L'on se rend rapi- New York. Dans Quartiers divers, les cinq comme le roman, par exemple, où des dement compte que ce livre est incon- auteurs tentent, tant bien que mal, de passages particulièrement réussis peuvent tournable, non seulement pour les tisser une toile où sont emprisonnés les masquer les faiblesses flagrantes de cer- amateurs de nouvelles (lecteurs et auteurs destins des personnages ayant quelque tains autres. Une bonne nouvelle, surtout en herbe), mais également pour tout lien avec l'immeuble en question. Mais en pleine postmodernité, avec l'éclate- enseignant en littérature : il situe le genre l'entreprise échoue : là encore, ce sont des ment des formes et des structures, trahit face au roman (« roment », dirait Régine histoires ou des historiettes au lieu de rarement le long travail de réécriture, de Robin, en prenant ses distances), le nouvelles. (De toute évidence, « Olga, polissage, de réduction dont elle est le « grand frère » dont l'ombre reste trop princesse russe » se veut une nouvelle à la résultat. Annie Saumont passe et repasse dense. En même temps, Gilles Pellerin structure classique, avec une lente ascen- ses textes jusqu'à ce qu'elle soit « à l'os » : parle des caractéristiques changeantes, des sion et une chute brusque, mais le lecteur impossible d'en retirer un mot sous peine avenues possibles de la nouvelle, tout au sait bien que le meurtre est inévitable, et de voir s'écrouler tout l'édifice. Bien sûr, long de son livre, instrument hautement la fin ne le surprend pas. De toute ma- le nouvelliste peut choisir de ne pas suivre pédagogique s'il est utilisé à bon escient. nière, il ne faut pas confondre la chute cette voie. Alors, quels conseils donner Le succès mitigé de la nouvelle suscite des d'une nouvelle - élément assez discutable aux nouvellistes en herbe ? Sans tomber questions de politique éditoriale, comme par ailleurs et utilisé dans la nouvelle dans le paternalisme, on peut leur sug- celles du sens de la littérature quand le contemporaine plutôt comme ornement gérer de beaucoup lire avant d'écrire, et cercle des lecteurs rétrécit, non pas de fa- et non plus comme un élément de des lectures aussi variées que possible. çon inquiétante, mais résolument, dan- première importance - avec l'élément de L'important serait de cerner le genre en gereusement. Qui lit encore ? Et qui lit surprise d'un roman policier à la manière tout premier lieu. Une excellente intro- des nouvelles, en particulier ? Les d'Agatha Christie.) Là encore, le travail duction serait La nouvelle québécoise au statistiques sont éloquentes, tant celles du editorial fait défaut : réduire l'ensemble XXe siècle 17, de Michel Lord et André marché québécois que français, car en des textes d'au moins un tiers aurait gran- Carpentier, un recueil d'essais (qui France, proportionnellement, ce n'est dement profité à leur portée, ils auraient auraient pu être plus nombreux) qui guère mieux... Malgré tout, certains pu devenir plus percutants. L'impression couvrent le passage de la nouvelle éditeurs - pas beaucoup - croient encore, de « broderie », les détails trop explicites, terroiriste à la nouvelle postmoderne. et heureusement, au genre. Il faut dire les longueurs dérangent particulièrement André Carpentier, lui-même nouvelliste aussi qu'il y aura toujours le cercle des dans des textes dont la minceur du et co-fondateur de la revue XYZ, La revue mordus. propos et du thème percent à tout de la nouvelle, y ouvre une série de six L'essai de Gilles Pellerin est passion- moment, provoquant un effet d'ennui contributions traitant de quelques aspects nant, réaliste et par conséquent décou- mêlé d'irritation. essentiels de la production québécoise rageant par endroits ; l'optimisme n'y fait Par contre, plusieurs textes écrits dans le domaine du genre bref. À pourtant pas défaut. Les amateurs de autour de la ville de Schenectady sont retenir : l'article de Jean-Pierre Boucher nouvelles y trouveront une mine de d'une facture très honorable. Comme le portant sur l'œuvre d'un des meilleurs renseignements, dans le domaine de la mentionne Stanley Péan dans son nouvellistes du Québec, Albert Laberge théorie, et des recommandations de introduction, le point de départ quant au (qu'il faudrait rééditer), et des pages lecture. L'auteur ne donne pas de recette, choix de cette ville est une anecdote plutôt lumineuses écrites par Agnès Whitfield, elle n'existe pas. Mais il recommande des cocasse : à l'éternelle question posée aux sur le thème de la traduction. L'article de façons d'aborder le genre : « Il y a un écrivains « Mais d'où vous viennent vos Michel Lord, d'une remarquable clarté, se imaginaire propre à la nouvelle qui ne idées ? », Harlan Ellison aurait répondu base sur les travaux de Jean-Michel Adam, ressemble qu'à lui-même. C'est de cela qu'à Schenectady, siège de la General et présente le « modèle quinaire » de la qu'il faut parler, de ce système de Electric, il y a un service d'idées. En d'au- nouvelle : l'état premier ; sa complica- signification qui se construit peu à peu tres termes : les idées sont fournies aussi tion ; l'évaluation de cette complication ; chez chaque lecteur, système complexe N U I T B L A N C H E
fait de stratégies narratives, de carac- térisation de personnages, de sonorités, de rythme, d'allusions, de perversion de la réalité et de réfèrent ultimement absent [...]. Je m'invente en lisant. Parce que je est un autre, tous les autres, je peux enfin exister. » _*___. 1. « La nouvelle et le rêve », par Roland Bourneuf, dans Le genre de la nouvelle dans le monde francophone au tournant du XX' siècle, Actes du colloque de L'Année nouvelle à Louvain-la- Neuve, 26-28 avril 1994, sous la dir. de Vincent Engel, Phi, Luxembourg / Canevas, Frasne, / L'instant même, Québec, 1995, p. 167 ; cité dans : Nous aurions un petit genre, Publier des nouvelles, essai, par Gilles Pellerin, L'instant même, Québec, 1997, p. 148. 2. Le recueil de nouvelles, Études sur un genre littéraire dit mineur, par Jean-Pierre Boucher, Fides, Montréal, 1992 ; cité par Gilles Pellerin, op. cit., p. 145. 3. Bibliographie critique de la nouvelle de langue française (1940-1985), par René Godenne, Droz, Genève, 1989 ; cité par Gilles Pellerin, op. cit., p. 145. 4. Sa femme, par Emmanuèle Bernheim, Gallimard, Paris, 1993, Le cran d'arrêt, par Emmanuèle Bernheim, Folio, 1994 (1985) et Un couple, par Emmanuèle Bernheim, Gallimard, Paris, 1987. 5. Quittes et doubles, Scènes de réciprocité, par Lise Bissonnette, nouvelles, Boréal, Montréal, 1997. 6. L'enfance est une île, par Pierre Chatillon, nouvelles, Triptyque, Montréal, 1997. 7. Quelqu'un de ce temps-là, par Roger Grenier, nouvelles, Gallimard, Paris, 1997. 8. Le dévoiement et autres nouvelles (par endroits inconvenantes), par Pierre Lexert, Stanké, Montréal, 1997. 9. Histoires dérangées, par Pascale Roze, nouvelles, Julliard, Paris, 1997. 10. // y avait quelque chose dans le noir qu'on n'avait pas vu, par Thomas Gunzig, nouvelles, Julliard, Paris, 1997. 11. Le doigt dans l'engrenage, par Rachid Tridi, nouvelles, Les Intouchables, Montréal, 1995. 12. Le tableau rouge, par Inge Israël, nouvelles, Vermillon, Ottawa, 1997. 13. Dix, collectif: par Virginie Despentes, Lorette Nobécourt, Michel Houellebecq, Caroline Lamarche, Éric Faye, Marie NDiaye, Lydie Salvayre, Stéphane Zagdanski, Dominique Meens, Marie Darrieussecq, nouvelles, Grasset / Les Inrockup- tibles, Paris, 1997. 14. De lune à l'autre, Les dissemblables, collectif: Denys Bergeron, Raymonde Dionne, Françoise Dumoulin, Denis Gervais, Jean Grignon, Ghislaine Lavoie, Céline Lebel, Marc Lebel, Jean- Marc Ouellet, J. -R.-René Ouellet, nouvelles, Arion, Québec, 1997 15. Quartiers divers, collectif: Françoise Belle, Daniel Giguère, Andrée Laurier, Anne-Michèle Lévesque, Claude Mercier, nouvelles, « Rafales », Vents d'Ouest, Hull, 1997. 16. Stop, n° 150, collectif : André Lemelin, Linda Gorgues, Corinne Ouzilleau, Dominique François Durand, Jean Désy, Normand Forgues-Roy, Michèle Audet, Corinne Larochelle, Nathalie Olivier, Tony Tremblay, Stanley Péan, avril-mai-juin 1997, Montréal. 17. La nouvelle québécoise au XX' siècle, De la tradition à l'innovation, sous la dir. de Michel Lord et André Carpentier, Nuit blanche éditeur, Québec, 1997. 18. (Voir note 1.) N U I T B L A N C H E
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