Numéro Spécial Ouverture du tunnel de base du Loetschberg - Creloc
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N° 43 | Numéro Spécial Charnière de la politique suisse des transports 3 Interview avec l’ambassadeur de l’UE en Suisse 5 Suisse occidentale et Loetschberg de base 6 Interview avec Peter Teuscher 8 Un entretien avec Adolf Ogi 9 Communication de la NLFA 10 Transfert de thèmes au tunnel de base du Loetschberg 11 TGV Rhin–Rhone: les travaux battent leur plein 12 Signaux vers les Pyrénées 14 Ligne test pour les nouveaux tractionnaires 15 Une nouvelle voie financière pour de nouvelles 16 voies ferrées Coûts et financement 18 Controlling de la NLFA 19 Pas de construction sans autorisation 20 Interview avec Toni Eder 21 Pour traverser les Alpes en toute quiétude 22 Interview avec Pieter Zeilstra 23 Installations électriques dans le tunnel de base 24 du Loetschberg Essais de ventilation de l’arrêt d’urgence 26 European Train Control System ETCS 27 En Bref Pour ce numéro spécial, Swiss Traffic a posé à de nombreuses personnalités de la politique et de la branche des transports la question «Que signifie pour vous le 15 juin 2007?». Nous avons placé Le tunnel de base du Loetschberg – un succès de notre démocratie leurs réponses un peu partout dans le numéro. Impressum Editeur Office fédéral des transports CH-3003 Berne www.bav.admin.ch Rédacteur en chef Davide Demicheli La construction du tunnel de base du Loetsch En approuvant les deux lignes NLFA, les ci- Section Information et informatique 031 322 57 75 berg est un tour de force des ingénieurs, toyens ont fait preuve d’esprit fédéraliste et mineurs et de centaines d’autres spécialistes. pris en compte non seulement les besoins Traductions Ils ont réussi à achever dans les délais cette internationaux mais aussi régionaux. Elles re- Services linguistiques de l’OFT tâche d’une extrême complexité technique. lient les parties du pays des deux côtés des Adresse pour les commandes d’abonnements gratuits Cet ouvrage d‘art est synonyme de la mise Alpes et les solidarisent. Office fédéral des transports Section Information et informatique en œuvre systématique de notre politique La Suisse va ouvrir le trafic régulier par le CH-3003 Berne de transfert. Cette politique fait aujourd‘hui Loetschberg à la fin de 2007. www.bav.admin.ch figure d’exemple dans toute l’Europe. En Dans l’ensemble, le tunnel de base du Loetsch Conception et réalisation construisant les deux tunnels de base du berg est aussi une preuve de l’efficacité suisse, Satzart SA, Berne Loetschberg et du St-Gothard, la Suisse contri- dont nous pouvons être fiers. Photos bue notablement à l’aménagement du réseau BLS AT, Thun (p. 1/4/8/10/11/20/22/23); OFT (p. 7); ferroviaire européen. Béatrice Devènes (p. 3/9/21/23); Monika Flückiger (p. 5); Le tunnel du Loetschberg est également un Armin Schmutz (p. 15/17); Bernard Dubuis (p. 28); tour de force de la démocratie directe suisse. Jürg Suter (p.14/15); Peter Mayer (p. 21); RFF (p. 12/13); A chaque décision – NLFA, RPLP, accord sur CFF SA (p. 3/25/27), Paul Schmitt (p. 13) les transports terrestres avec l’UE, FTP – le Moritz Leuenberger Impression peuple suisse s’est exprimé clairement et avec Conseiller fédéral, Chef du Département UD Print SA, Lucerne Impression sur papier sans bois, blanchi sans chlore clairvoyance pour une politique des trans- fédéral de l‘environnement, des transports, ports durable en Suisse. de l‘énergie et de la communication Edition 24 000 exemplaires (allemand, français, italien) © OFT 2007
Ouverture du tunnel de base du loetschberg Charnière de la politique suisse des transports L’ouverture du tunnel de base du Loetsch berg fait entrer la politique suisse des transports dans une nouvelle phase im portante. Après le bond en avant qu’a été rail 2000 pour les liaisons ferroviaires dans toute la Suisse, la première bran che des NLFA équivaut à une première augmentation considérable de la capacité Max Friedli, Directeur de l’Office fédéral des transports sur l’axe international Nord-Sud. Le tunnel de base du Loetschberg et celui du CHRONIQUE Simplon constituent la première et pour la décennie à venir la seule liaison ferroviaire 1983 Le Conseil fédéral préconise la constrution d’une nouvelle plane à travers les Alpes. Grâce à l’ETCS, le transversale alpine. tunnel de 34,5 km peut être parcouru à des 1991 Adoption de l’arrêté sur le transit alpin par les Chambres fédérales. vitesses allant jusqu’à 250 km/h. Il raccourcit 1992 Votation populaire sur le référendum relatif à l’arrêté sur le transit de 20 à 30 % les temps de parcours du trafic alpin: 63,5 % de OUI. à travers les Alpes et il permet ainsi de relier 1994 BLS AlpTransit SA (fondée en 1993 en tant que filiale de BLS SA) rapidement entre eux les grands centres euro- présente à l’OFT l’avant-projet du tunnel de base du Loetschberg. péens pour le trafic des voyageurs comme 12 avril 1994 Le conseiller fédéral Ogi donne le premier coup de pioche pour la des marchandises. En ouvrant le tunnel de galerie de sondage du Kandertal. Le Conseil fédéral s’en tient à la base du Loetschberg, la Suisse acquitte une variante du Loetschberg et du St-Gothard. première partie des obligations internationa- les auxquelles elle s’est engagée par l’accord 1er novembre 1995 Le conseiller fédéral Leuenberger devient le chef du DFTCE sur le transit entre la Suisse et l’Union euro- (actuellement: DETEC) et poursuit la planification avec succès. péenne de 1992 et par l’accord sur les trans- 29 novembre 1998 Adoption du fonds FTP par le peuple. ports terrestres avec l’UE, en vigueur depuis 5 juillet 1999 Premier minage dans le tunnel de base du Loetschberg. 2002. Le tunnel de base du Loetschberg est 2002 La moitié du tunnel de base du Loetschberg est excavée. de plus la pièce maîtresse du corridor euro- péen 24 de Rotterdam à Gênes. 16 mars 2005 Les derniers matériaux d’excavation sont évacués. 6 juin 2006 Début des courses d’essai dans le tunnel de base du Loetschberg. Contribution au transfert 3 octobre 2006 Course d’essai à 230 km/h entre Rarogne et Ferden. L’augmentation des capacités de transport sur 15 juin 2007 Cérémonie d’ouverture du tunnel de base du Loetschberg l’axe Nord-Sud est aussi une étape importante de la mise en œuvre de la politique de trans- Décembre 2007 Intégration du tunnel de base du Loetschberg dans l’horaire. Réduc fert. Elle devrait permettre de transférer le tion considérable des temps de parcours vers le Valais et l’Italie. transport des marchandises transalpin de la route au rail dans l’esprit d’une politique des transports durable et par là, d’appliquer l’arti- cle constitutionnel sur la protection des Alpes. Ces immenses ouvrages d’infrastructure fer- roviaire ne peuvent cependant contribuer à l’objectif de transfert que s’ils sont – comme prévu – soutenus par des mesures d‘accom- pagnement, notamment par la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP) approuvée par le peuple.
N° 43 | Numéro Spécial Pour le Valais Enfin, le tunnel de base du Loetschberg tient PARIS FRANKFURT aussi des engagements de politique régio- nale. L’ouverture du tunnel rapproche d’un coup le Valais d’environ une heure des cen- tres de la Suisse alémanique. Simultanément, la nouvelle ligne du Loetschberg intègre le PA RIS Valais dans le concept rail 2000. Elle com- plète donc et renforce la mosaïque du sys tème ferroviaire suisse, en assurant la des- serte de base dans tout le pays et en augmentant la part des transports publics. Tunnel de base du St-Gothard Le fait que le tunnel de base du Loetschberg ait pu être réalisé dans les délais mérite la Tunnel de base du Loetschberg plus haute reconnaissance. Vu la complexité de la tâche, il est certain que la chose n’allait pas de soi! Tunnel de base du Ceneri M ILA NO Max Friedli «Pour le Tessin, il s’agit d’un premier pas important qui contribuera à délester nos routes du trafic lourd de transit.» Marco Borradori, conseiller d’Etat, TI
Ouverture du tunnel de base du loetschberg Interview avec l’ambassadeur de l’UE en Suisse, Michael Reiterer SwissTraffic: Monsieur l’ambassadeur, l’UE fête-t-elle aussi l’ouverture du tunnel de base du Loetschberg? Michael Reiterer: Le Loetschberg étant une pièce maîtresse de l’axe vital Rotterdam–Gê- nes, le tunnel est d’une immense importance pour l’Union. L’objectif de cet axe est impres- sionnant: d’ici à 2020, un gain de temps de 20 % et davantage d’exactitude ainsi qu’une augmentation de 30 % de la part de marché. L’implémentation dans le tunnel du système ERTMS/ETCS, un système de sécurité qui sera installé sur les locomotives de toute l‘Europe, est également un objectif intermédiaire. C’est ainsi que progresse l’unification paneuro- péenne, le rail devient plus concurrentiel et l’objectif convenu entre la Suisse, l’Italie, les Pays-bas et l’Allemagne de doubler le volume de transport sur le rail se rapproche. La Suisse finance les transversales alpines sans l’aide de l’UE. Est-ce que cela relativise un peu sa réputation de profiteuse? Ces investissements considérables sont en fait une contribution importante à une infrastruc ture améliorée et ils facilitent les transports entre les pays de l’UE. Cette performance est reconnue. La Suisse poursuit également ses propres intérêts: protection de la population concernée, amélioration de la qualité de l’air et raccordements aux pays voisins. Que fait l’UE pour promouvoir le trafic ferro- viaire? Le rail fait l’objet d’une redécouverte; le but est d’accroître sa compétitivité par rapport à l’avion et à la route. Il suffit de penser au programme de promotion Marco Polo, dont n’a que des possibilités de financement limi- l’objectif est d’acquérir les entrepreneurs à tées. Par exemple, l’Union prendra en charge la cause du transfert du trafic sur le rail et 10 % des coûts du tunnel ferroviaire du Bren- dont les moyens financiers viennent d’être ner, mais les pays participants doivent être augmentés. En principe, l’UE a une approche actifs d’eux-mêmes. C’est là que des diffi- intégrale: chaque moyen de transport de- cultés subsistent. Sur le plan de l’implémenta- vrait faire l’objet d’une promotion optimale tion de projets, la Suisse a beaucoup d’avance conformément à son utilité – aussi bien la sur nous. navigation intérieure que la route en tant qu’accès aux nœuds ferroviaires. Mais l’UE Interview Bettina Hahnloser
N° 43 | Numéro Spécial Suisse occidentale et Loetschberg de base Au cours des années 90, la majorité alé Concept «réseau» manique naturellement branchée sur le La deuxième raison est d’ordre politico-techni- St-Gothard n’a jamais bien compris les que. La Suisse construit les secondes trans- raisons qui poussaient les cantons ro versales ferroviaires. Or les expériences faites mands à faire bloc avec Berne et le Valais avec les premières, en plus d’un siècle, ont en faveur du tunnel de base du Loetsch démontré les avantages du système de deux berg. Trois raisons ont bétonné l’alliance axes. Lorsque l’un est hors service, l’autre occidentale «Transalp 2005» qui a conduit prend le relais. Cette complémentarité permet à l’incontestable succès d’aujourd’hui. de garantir la continuité du trafic. Elle assure La première est une réflexion stratégique à aussi une utilisation optimale du réseau exis- long terme. Si la Suisse investit massivement tant, qui peut être adapté progressivement au nord du Simplon en faveur du trafic euro- aux nouveaux tronçons. C’est le concept que péen de transit, en bonne réciprocité, l’Union nous avons appelé la «variante réseau», par européenne et l’Italie se doivent d’investir opposition à la variante «Gotthard über al- également au sud du Simplon. Il en résultera les» qui aurait mobilisé tous les moyens du- automatiquement une amélioration, garan- rant 25 ans. Par ailleurs, ce concept «réseau» tie à long terme, des liaisons voyageurs Ge- s’inscrit parfaitement dans la philosophie de nève/Lausanne et Bâle/Berne vers l’Italie. Cet Rail 2000. Le peuple a confirmé massivement objectif, la renaissance de la ligne du Sim- cette vision le 29 novembre 1998, les can- plon, est maintenant atteint. Parallèlement, tons romands avec environ 75 % de «oui». c’était aussi un moyen de vérifier l’engage- ment de l’Union en faveur du trafic ferroviaire Lutte commune transalpin. Pour le moment, cet objectif n’est Enfin la troisième raison: la solidarité de la que partiellement atteint: l’UE a investi en Suisse occidentale, au-delà de la frontière des son temps dans la gare de Domodossola II et langues. En effet, la convergence des intérêts l’Italie a mis l’équivalent d’environ 500 mil- supérieurs entre les 7 cantons (les 6 romands lions de francs en 8 ans dans diverses amé- plus Berne) et la lutte commune durant une liorations entre Milan/Novare et le Simplon. bonne douzaine d’années a créé une dyna- On est loin des sommes investies par la Suisse. mique qui n’est pas prête de s’arrêter. La Mais, d’une part, les améliorations se pour- CTSO, Conférence des Transports de la Suisse suivent et, d’autre part, notre pays s’est tou- Occidentale, qui réunit les Chefs des départe jours engagé sur le plan international beau- ments des transports des cantons et son «bras coup plus en faveur des raccordements avec armé» Ouest Rail, qui a succédé à Transalp le St-Gothard que de ceux avec le Simplon. 2005, poursuivent la lutte. Le cadre de celle-ci Ce n’est pas une critique, c’est un fait. s’élargit heureusement: l’ouverture du Loetsch «L‘utopie d‘il y a vingt ans est devenue réalité. Alors continuons à investir pour le rail et à rêver aux réalités de demain!» David Asséo, délégué aux transports, JU
Ouverture du tunnel de base du loetschberg erg de base dans les délais prévus va per- b mettre la perception de l’intégralité de la re- devance due par les camions européens en transit. Ainsi, le Loetschberg va contribuer au financement de l’achèvement du St-Gothard. Belle complémentarité! Mais il faudra aussi supprimer le handicap de la voie unique qui pénalise la rentabilité du tunnel et achever Rail 2000 selon la volonté du peuple. Michel Béguelin Conseiller aux Etats, VD, Ancien de Transalp 2005
N° 43 | Numéro Spécial Interview avec Peter Teuscher SwissTraffic: Monsieur Teuscher, quel a été Auriez-vous pensé que la phase de mise en le plus grand défi que la société BLS Alp- exploitation puisse être si complexe? Transit SA a dû relever? Nous étions conscients que la mise en ex- Peter Teuscher: Nous avons dû construire un ploitation parallèlement aux travaux restants tunnel d’un tout nouveau genre – notamment constituerait un challenge. Nous avons en en ce qui concerne la sécurité, la climatisation effet été surpris de la quantité de preuves à et l’aérodynamique. En même temps, il s’agis- fournir. sait de faire face constamment à de nouvelles revendications. Comment la collaboration avec les autorités de surveillance s’est-elle passée? Le tunnel de base du Loetschberg répondra- Notre collaboration avec l’OFT est étroite et t-il aux exigences? d’excellente qualité. Nous avons eu de la Certainement! Les capacités du Loetschberg chance avec la Délégation de surveillance de seront nécessaires. Il subsiste cependant des la NLFA (DSN), qui assure le dialogue avec le réserves quant à la qualité de l’horaire, du fait Parlement et garantit la continuité. de la voie simple. Que feriez-vous autrement aujourd’hui? D’une part, on aurait dû se consacrer davan- tage aux possibilités liées à un aménagement complet. De l’autre, il faudrait prévoir plus de temps pour la phase d’équipement et de mise en exploitation. Quelles solutions se présentent si la demande augmente? Le fait d’installer la technique ferroviaire dans le tube existant Ferden–Mitholz permettrait de réduire de 14 km la section à voie simple. Je recommande d’attaquer un avant-projet à ce sujet tant que les spécialistes sont dispo- nibles. Interview Urs Steiger Peter Teuscher (à droite), Directeur de la société BLS AT SA, discute avec Hugues Pialoux de l’ARGE SATCO. «Les Alpes restent, mais une barrière s’efface: l’accès rapide au Valais vous ouvre le cœur des Alpes!» Jean-Jacques Rey-Bellet, Conseiller d’Etat, VS
Ouverture du tunnel de base du loetschberg Un entretien avec Adolf Ogi Un lundi matin ensoleillé à Fraubrunnen, Auberge du Lion. L’ancien conseiller fédéral Adolf Ogi arrive au rendez-vous convenu. Nous nous asseyons dans la salle dite des Conseillers fédéraux. «Le 15 juin 2007 sera pour moi un jour de joie. J’ai investi beau- coup d’énergie dans ce projet.» En effet: beaucoup de gens estiment que le tunnel de base du Loetschberg est son œuvre. «J’ac- cepte ce compliment avec réserve. Car tous les hommes politiques n’ont pas le privilège de voir leur œuvre réalisée de leur vivant.» Pourquoi une NLFA? «Déjà dans les années 80, la protection du climat et de l’environne- ment étaient, en Suisse, à la pointe de l’ac- tualité.» Le sensible conseiller fédéral, ami dent beaucoup de temps. Les pays voisins ne de la nature et originaire de Kandersteg, pourront pas agir autrement.» Il se réjouit de avait déjà anticipé des années à l’avance la voir que «son travail se poursuit après le chan- protection de la région alpine et en a fait un gement à la tête du département» et que «le sujet de discussion européen. «La Suisse était train ne s’est pas arrêté». Nous quittons le do- menacée d’une avalanche de 40 tonnes en maine des transports. Adolf Ogi est conseiller provenance de l’UE. Nous avons dû agir, en spécial du Secrétaire général de l’ONU pour fonction de mon tempérament: réaliser plu- le sport au service du développement et de la tôt qu’administrer.» Adolf Ogi a déclaré que la paix. «Le sport peut faire changer les choses» politique des transports était de la plus haute déclare Adolf Ogi «J’entretiens des relations importance. Il a été soutenu dans son projet amicales avec Kofi Annan.» Pour son succes- par de nombreux spécialistes, dont une gran- seur Ban Ki-Moon, il poursuivra certainement de partie venait de l’OFT. Il a agi comme mo- son mandat pendant quelque temps. Adolf teur, comme spiritus rector dynamique. «Fais Ogi qualifie l’UEFA EURO 2008 de grande ce que tu crois, crois en ce que tu fais.» Mais chance pour la Suisse. «Par notre enthou- il a fallu beaucoup de travail de persuasion siasme, une organisation irréprochable et le pour mettre en œuvre une politique des soin des détails, nous montrerons au monde transports écologique. Ses voyages de dé- ce que nous savons faire.» Les grandes mani- couverte avec les ministres européens des festations sont d’ailleurs une chance pour les transports sont aujourd’hui encore un exem- transports d’un pays, Athènes et bientôt Pé- ple de marketing politique. «Dans l’intérêt kin en sont la preuve. «Pour les Jeux olympi- de son pays, l’homme politique doit penser ques d’été 2008, j’ai récemment vu sur place au long terme: voir loin, commander court.» que le métro s’agrandit énormément.» Pour A ses yeux, l’utilité globale du projet NLFA a terminer, nous évoquons les montagnes. toujours tenu le premier plan: «Nous vivons Lorsque Adolf Ogi, président de la Confédé- dans un pays fédéraliste aux multiples facet- ration, a prononcé l’allocution du Nouvel An tes.» L’ancien conseiller fédéral Ogi s’est en tenant un sapin devant le tunnel du Loetsch donc engagé systématiquement en faveur de berg. Comment se porte ce petit arbre? «Mal, la variante réseau, à savoir la réalisation des on lui a volé ses branches. Un nouveau sapin transversales au St-Gothard et au Loetscherg. va maintenant être planté à Kandersteg dans «Il n’y a pas que les francs et les centimes.» la rue du conseiller fédéral Adolf Ogi.» Le promoteur de la NLFA la considère comme une preuve d’excellence de la Suisse au ni- Davide Demicheli veau européen: «Les grands projets deman- Rédacteur en chef
N° 43 | Numéro Spécial Communication de la NLFA: coordination et transparence Sans communication, rien ne va. De ce pris pour des tremblements de terre. Lorsque tions politiques, tandis que la Délégation de point de vue également, les deux projets de l’eau s’infiltre dans les parois, c’est tout surveillance de la NLFA (DSN) est chargée de de la NLFA représentent un défi majeur. un tunnel de base qui est noyé. Et les presta- la surveillance suprême. Pour que tout fonc- Les mesures de communication doivent tions supplémentaires, clairement justifiées tionne correctement, il existe des règles clai- avancer avec l’évolution du projet et être et commandées par la Confédération, ser- res, écrites. Parmi celles-ci, on trouve par adaptées en permanence. Le présent ar vent à construire un puits sans fond. exemple le principe suivant: «L’OFT informe, ticle montre comment l’OFT s’acquitte de C’est pourquoi il est important que les parti- la DSN commente.» cette tâche en intégrant toutes les ins cipants au projet communiquent de manière Cette répartition a été fixée en 2001; en 2003, tances concernées. coordonnée, transparente et objective, sans elle a été examinée et précisée. Vu l’évolu- Du point de vue de la communication, la gommer leurs différents rôles: les construc- tion du grand projet et de l’environnement, NLFA vole de ses propres ailes. Ce projet du teurs établissent des rapports sur l’avance- l’OFT a procédé à une nouvelle évaluation à siècle est régulièrement à la une des jour- ment des travaux sur les axes de la NLFA au la fin de 2006/au début de 2007 en collabo- naux sans que les responsables de la com- Loetschberg et au St-Gothard, les exploitants ration avec le DETEC. Le «passage en revue de munication interviennent. Mais bien souvent (BLS et CFF) sur la mise en exploitation et la stratégie de communication de la NLFA» a de manière négative et sans rendre justice à l’exploitation proprement dite des tunnels de permis de tirer les conclusions suivantes qui un tel projet. Et à l’image de la NLFA, la com- base, l’Office fédéral des transports (OFT) sur seront mises en œuvre au cours de l’année munication prend des dimensions inusitées l’évolution du projet global, ses coûts et son 2007: pour notre pays. Ainsi, les éboulements sont financement. Le DETEC communique les ques- • La stratégie de communication de la NLFA, adaptée en 2003, a fait ses preuves. Cepen dant, lorsque l’intérêt des médias est accru, une coordination renforcée s’impose. • L’OFT reste chargé d’assurer cette coordi- nation. • Les réunions régulières renforcent la colla- boration concernant la communication sur la NLFA. «Quel épilogue après mes 17 années passées au service • Il faut également intégrer davantage les des CFF. L’ouvrage rapproche deux régions, deux pays.» exploitants (désormais aussi les CFF). Christian Kräuchi, chef de la communication Infrastructure des CFF SA Gregor Saladin Chef de la communication NLFA 10
Ouverture du tunnel de base du loetschberg Transfert de thèmes au tunnel de base du Loetschberg L’ouverture du tunnel de base du Loetsch moment du percement principal. C’est sur berg est une sorte de remise des clés du ces images que se basait jusqu’ici une grande constructeur BLS Alptransit à la Confédé partie de la communication de la NLFA en ration, qui les transmettra à l’exploitant: Suisse et à l’étranger. Le 15 et le 16 juin, le le BLS. Ce transfert change le contenu de tunnel de base du Loetschberg ouvrira offi- la communication. Les aspects techniques ciellement ses portes. Le chapitre de la com- de la construction, qui étaient jusqu’ici au munication sur la construction au Loetschberg centre de l’information, seront remplacés sera clos. par l’importance économique et écolo gique de ce nouvel axe pour l’Europe. De bons arguments Les images sont connues et populaires, les Le travail de communication n’en est pas chiffres impressionnants: des tunneliers ava- achevé pour autant. De nombreux aspects de lant 34,6 km de pierre et de roche, une dé- la NLFA et de la politique de transfert conti- clivité de l’ordre du pour-mille, les mineurs nueront d’être d’actualité. En ces temps de du sud serrent la main de ceux du nord au réchauffement planétaire, le transfert du trafic devient de plus en plus présent dans l’agenda de la perception publique. L’Europe perçoit la politique de transfert de la Suisse et la NLFA comme une sorte d’acte pionnier. La Suisse est à même de communiquer son succès en Europe moyennant des chiffres probants. La baisse du nombre de camions traversant les Alpes suisses sur la route et les tonnages crois- sants du trafic marchandises fournissent de bons arguments. Transfert des thèmes L’ouverture du tunnel de base du Loetschberg se fera dans une optique globale: le Conseiller fédéral Moritz Leuenberger conviera à une rencontre informelle du monde de la poli tique des transports à Sedrun – sur le chantier du tunnel de base du St-Gothard. Le lende- main, à Frutigen, on célébrera la remise du tunnel par BLS Alptransit au BLS, société d’ex ploitation, par l’entremise de la Confédéra- tion. Les deux jours seront entièrement placés sous le signe du puzzle complexe que repré- sente la politique de transfert: des aspects techniques comme le percement aux aspects écologiques du fascinant monde alpin en pas- «C’est un peu dire adieu à «notre» tunnel. En même sant par des sujets économiques tels que la Bourse du transit alpin. temps, je suis fière que nous ayons atteint notre but.» Monika Hochuli, chef de la communication BLS AT SA Benedicta Aregger Chef du marketing NLFA 11
N° 43 | Numéro Spécial TGV Rhin–Rhone: les travaux battent leur plein La construction du viaduc de Linotte requiert de vastes travaux préparatoires. Un calme bienfaisant règne sur les colli non autorisées n’y ont pas accès: «Un chan- nes de Franche-Comté. Pourtant, la tran tier n’est pas fait pour s’amuser», mettent quillité n’est pas omniprésente en Bour en garde les affiches et la cheffe de presse gogne. Entre Mulhouse et Dijon, la France Valérie Lépinay. construit en moins de cinq ans 140 km de C’est la première fois que Réseau Ferré de la nouvelle ligne TGV Rhin–Rhône. France (RFF) ne construit pas lui-même une La région de Franche-Comté et la Suisse ont ligne TGV. Sur les 4 milliards de francs que en commun une frontière de 230 km. Le Jura coûte la ligne TGV à travers la Franche-Comté, constitue une barrière naturelle. Dès 2011, des la Suisse paiera 110 millions. Thierry Sarrat, rames à grande vitesse sillonneront cette ré- chef de mission, est élogieux à ce propos et gion peu peuplée. Il faudra 6 h 25 (au lieu de s’inquiète en catimini du cours élevé de l’euro. 12 h 20) pour relier Mulhouse à Barcelone et En parcourant les 45 km du nouveau tronçon 4 h 05 (au lieu de 6 h 30) pour rejoindre Dijon Mattstetten–Rothrist, je réfléchis dans les di- depuis Francfort. Besançon sera à 2 heures de vers tunnels aux 28 années qui ont été né- Zurich, contre 3 ½ heures actuellement. cessaires pour passer du stade de l’idée à la Aurélie Carnel, ingénieure civile de 28 ans, est mise en service du nouveau tronçon. Mais responsable de la partie B de la nouvelle ligne restons équitables: sur la ligne trois fois plus à grande vitesse dans le secteur Est. Elle parle longue outre Jura, il n’y a qu’un seul tunnel. avec fierté de la construction des viaducs de Quenoche et de Linotte à proximité de Belfort. Ces ouvrages d’art de 420 m et de 362 m Ulrich Sieber seront terminés en 29 mois. Les personnes Membre de la Direction de l‘OFT «La fierté de voir que notre génération relève à son tour avec volontarisme le défi séculaire d’améliorer le transport au travers des Alpes.» Marc Badoux, directeur du projet m2 12
Ouverture du tunnel de base du loetschberg EN BREF Lille, Bruxelles, London Luxembourg, Bruxelles Mannheim TGV-Est Metz Paris Baudrecourt Kehl, Karlsruhe Strasbourg Chaumont Freiburg i. Br., Karlsruhe Mulhouse Belfort Basel TGV-Sud-Est Delle Dijon Auxonne Zürich Besançon Biel/Bienne Dôle Luzern Neuchâtel Bern Frasne Fribourg LGV existante Visite en Suisse d’une délégation Lausanne CEVA française du «Conseil Général des Haut Bugey (2008) Mâcon LGV Rhin–Rhône, branche est (2011) Ponts et Chaussées» Genève LGV Rhin–Rhône, branche ouest Annemasse Une délégation du Conseil Général des Bellegarde Lugano Delle–Belfort Ponts et Chaussées (CGPC) est venue ren- Double-voie conventionelle Une voie conventionelle dre visite, à Ittigen, à l’Office fédéral des Lyon LGV Rhin–Rhône, branche sud transports, le 18 avril 2007. Le CGPC re- (en planification) présente plus de 200 ans de l’Histoire de France. Il a été créé par un décret du 7 Raccordements ferroviaires franco-suisses. fructidor de l’an XII (25 août 1804) et re- groupe des ingénieurs de très haut niveau (en général diplômés à la fois de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole des Ponts et Chaussées) qui exercent pour le compte du Gouvernement français des missions d’inspection, d’évaluation, d’expertise et de réflexion dans les domaines du loge- ment, l’aménagement, de l’urbanisme, des transports, du génie civil et de la construc- tion. Cette délégation a été reçue par un co- mité de l’OFT placé sous l’autorité de M. Pierre-André MEYRAT, chef de la division Financement, qui lui a présenté, avec la participation de M. Willy Burgunder, vice- directeur de l’Office fédéral des routes, les principaux thèmes de la politique suisse des transports. Le lendemain, la délégation du CGPC a visité, à Lausanne, les chantiers du métro m2. Christian Röthlisberger Chef de projet Raccordements LGV, OFT Le viaduc de Linotte enjambe une petite vallée sur quatre pylônes. 13
N° 43 | Numéro Spécial Signaux vers les Pyrénées La situation des transports dans les Alpes n’est certes pas directement comparable avec celle des Pyrénées, mais la Nouvelle Ligne Ferroviaire à travers les Alpes (NLFA) joue un rôle de modèle pour cette région. Le tunnel de base du Loetschberg est en exploitation. Le projet de Transver sale Centrale par les Pyrénées (TCP) est à l’étude. Une nouvelle ligne de base de vrait favoriser à l‘avenir les flux de trafic marchandises sur le rail entre la péninsule ibérique et le reste de l’Europe. Le trafic à travers les Pyrénées La ligne de Canfranc dans la vallée de l’Aspe française (en haut) et en Espagne avec le train régional pour Aujourd‘hui, environ 52 % des marchandises Saragosse (en bas). transportées entre l’Espagne et la France sont acheminées par bateau, 46 % par la route et seulement 2 % par le rail. En ce qui concerne les voies terrestres, cela équivaut à une quan- tité de plus de 100 millions de tonnes de mar- chandises par an; les prévisions d’un double- ment d’ici à 2020 sont incontestées. Il manque un axe de circulation performant à travers les Pyrénées centrales. Un mémoire de diplôme de l’Université de Berne a inventorié, à l’exem- ple de la ligne de chemin de fer internationale préexistante Saragosse–Canfranc–Pau, les be- soins de transports et les options de conduite de l‘exploitation du trafic voyageurs et mar- chandises, tout en intégrant à l’étude certains paramètres majeurs du système de transports comme un tour de force du génie civil, il com EN BREF suisse. Le mémoire de diplôme conclut que porte aussi pour les Pyrénées centrales d’autres Mémoire de diplôme: «La prestation de le trafic ferroviaire sur la ligne de Canfranc principes importants de la politique suisse des service sur la ligne ferroviaire Pau–Can- peut servir de point de départ pour le grand transports: la politique de transfert de la Con franc–Saragosse. Les besoins et la possible projet de tunnel de base. Effectivement, le fédération ainsi que la mise en réseau des réalisation du service des voyageurs et mar- trafic de transit sur cet axe passe aujourd‘hui lignes de chemin de fer et de bus conformé- chandises.» de Jürg Suter sous la direction par le nouveau tunnel routier du Somport, qui ment au concept «Rail 2000» sont des élé du Pr. Hans-Rudolf Egli, Institut de géogra- a été construit sur un tracé parallèle à l’actuel ments intéressants pour cette région. Le mé- phie de l’Université de Berne. tunnel ferroviaire de faîte. La capacité des li- moire de diplôme en question constate une gnes d‘accès s’avère toutefois absolument in- demande considérable de prestations de ser- suffisante. vices ferroviaires aussi bien en trafic des voya LIEN geurs que des marchandises. Ceci est dû égale Forte demande ment à la forte croissance dans la région Complément d’informations sur le Alors que le nouveau tunnel de base du économique de Saragosse. Un horaire mixte mémoire de diplôme: www.canfranc.ch Loetschberg est généralement considéré permettrait de satisfaire au mieux les besoins 14
Ouverture du tunnel de base du loetschberg Ligne test pour les nouveaux tractionnaires à court terme sur la ligne internationale – citée dans le Livre blanc de la Commission Euro- péenne – de Canfranc. Il créerait les condi- tions optimales de réalisation de la future Transversale centrale par les Pyrénées, un projet TEN de l’UE. Conception en réseau Pour un axe de trafic ferroviaire par les Pyré- nées centrales, le trafic marchandises tient in- contestablement le rôle principal. Pourtant, la mise en réseau des tronçons ferroviaires pré existants et nouveaux constitue la solution la plus efficace pour un développement durable des transports. En effet, la nouvelle ligne de base ne devrait pas remplacer la ligne de Can- franc, mais la compléter. C’est un domaine de Une BR 185 de la nouvelle ETF Rail Traction Services achemine un train vide de Roggwil à Viège. plus où les conclusions et les principes de la politique suisse des transports servent de mo- dèle: aujourd‘hui, il n’est pas question de sup- primer la ligne de faîte du Loetschberg! La libéralisation en Europe du trafic ferroviaire attrayantes, avec un graphisme rouge et blanc, Il y a déjà cent ans environ, les constructeurs marchandises se traduit par des locomotives sont nouvelles dans son parc de véhicules. du tunnel ferroviaire du Somport avaient peintes de toutes les couleurs et par de nou- Attelées en couple, elles remorquent les pro- échangé leurs expériences avec les spécialis- veaux trains qui acheminent des conteneurs pres trains-blocs et ceux qui sont commandés tes du tunnel du Simplon. A présent, le même multicolores sur les lignes à travers les Alpes, par l’ETF belge Dillen & Le Jeune Cargo. Rail axe de circulation envoie à nouveau des si- surtout à travers le Loetschberg. Traction Services RTS – une filiale de la so- gnaux jusque dans les Pyrénées. Même le BLS, chemin de fer traditionnel, s’en ciété de location de wagons Rexwal, domici- donne à cœur joie avec des machines brunes, liée à Genève, et de RaiLogistics, entreprise Jürg Suter bleues et grises-vertes. Il loue aussi des loco- proche des milieux routiers – met en circula- Responsable du domaine de motives d’Angel Trains et utilise des locomo- tion des trains transportant de l’engrais entre l‘accès au réseau tives du type BR 185 provenant des program- le Valais et le Plateau. Avec ses locomotives mes de production transfrontaliers conclus multicourant, l’italienne Nord Cargo a, certes, avec Railion, l’entreprise partenaire. Ces véhi- déjà parcouru la ligne du Loetschberg à titre cules moteurs tractent les wagons de la chaus- d’essai, puisqu’elle charge BLS Cargo d’assu- sée roulante, les trains du trafic combiné non rer trois liaisons pour Hupac. Celles-ci relient accompagné et les trains blocs à travers la la Lombardie, d’une part, l’Allemagne et la montagne et, bientôt, à travers le tunnel de Hollande, de l’autre. Par ailleurs, Rail4Chem base. CFF Cargo fait usage de machines en Transalpin et Brunner Rail Services BRS ont traction simple ou double, à quatre ou six obtenu des autorisations d’accès au réseau essieux, dont la livrée est rouge ou bleue- pour pouvoir utiliser le tunnel de base du rouge. Loetschberg. Etant donné les nouvelles pers- Les jeunes entreprises de transport ferroviaire pectives, d’autres ETF ne devraient pas tar- (ETF) élargissent la palette. C’est le cas de der à fournir d’autres contributions en vue Crossrail, qui appartient à Babcock & Brown, du transfert du trafic, qui va se dérouler sur une entreprise australienne. En tant qu’an- cet axe d’une manière accrue. cienne filiale de Regionalverkehr Mittelland, Le trafic de transit dans la vallée de l’Aspe (F). elle possède cinq Re 4/4. Les BR 185 noires, Kurt Metz 15
N° 43 | Numéro Spécial Une nouvelle voie financière pour de nouvelles voies ferrées Quels travaux précédèrent la création du temental dirigé par le directeur de l’Office coûts, par un cofinancement de 25 % pro- fonds FTP? Quel fut le débat politique fédéral des transports et par celui de l’Ad- venant des recettes de l’impôt sur les huiles qui s’ensuivit? Acteur et témoin de ce ministration fédérale des finances (AFF), de minérales ainsi que par des avances consen- débat, l’auteur retrace ici l’histoire de la définir un projet acceptable par tous. ties par la caisse fédérale. naissance de ce fonds. Le fonds FTP sert Se fondant sur les travaux de ce groupe, le à financer les grands projets ferroviaires, Conseil fédéral approuva en juin 1996 un mes- Au Parlement notamment la NLFA. sage proposant de regrouper dans un finan- Le traitement parlementaire du message du Durant la première moitié des années no- cement spécial Rail 2000, les NLFA – redi- Conseil fédéral fut l’occasion de discussions nante, une âpre controverse sur le finance- mensionnées – le raccordement de la Suisse approfondies portant sur 3 dimensions: la ment des transversales alpines a opposé les occidentale au réseau TGV ainsi que les me- première touchait au contenu à donner au «visionnaires» et les «comptables». Réuni à sures de protection contre le bruit sur le ré- programme d’investissement en faveur de la Neuveville, le Conseil fédéral décida en seau existant. Le financement de ce paquet l’infrastructure ferroviaire, la seconde se pré février 1995 de maintenir le concept de la devait être assuré par une augmentation de occupait des sources de son financement, la construction simultanée de deux tunnels, tout l’impôt sur les huiles minérales de 10 centi- troisième enfin s’interrogeait sur la mécani- en lui donnant une base financière plus so- mes par litre, par la réaffectation de la rede- que à utiliser pour assurer la mise à disposi- lide par le recours à un financement spécial. vance poids lourds, par un recours à l’endet- tion des recettes nécessaires à la réalisation Il mandata un groupe de travail interdépar- tement à raison de 25 % au maximum des des projets. Alors que les lobbies économiques et régio- naux se déchaînaient, il devint clair que la réalisation d’un programme d’investissement aussi ambitieux devait reposer sur des règles financières et comptables solides. Dans son RPLP message, le Conseil fédéral avait suivi les pré NLFA ceptes de l’orthodoxie de la politique finan- (2/3) cière en proposant de recourir à une simple Impôt sur les affectation des recettes à travers le compte huiles minérales rail 2000 financier de la Confédération (financement (25% NLFA) Fonds FTP spécial). Cela signifie que les recettes affec- 30,5 Mia. tées et les dépenses pour le programme d’in- TVA vestissements auraient intégralement figuré (1/1000) LGV dans le compte financier de la Confédéra- tion. Sous le droit actuel, elles auraient même Avances été soumises aux caprices du frein à l’endet- mesures de lutte tement. contre le bruit Fonds ou pas fonds? Fonctionnement du fonds FTP. Les milieux économiques parlementaires cri- tiquèrent cette mécanique dans plusieurs arti- cles parus dans la NZZ des 12 et 14 septem- bre 1996. A l’exemple de ce qui se passait avec les moyens consacrés à la construction «Dès le 15 juin 2007, les liens amicaux entre des routes nationales, le premier de ces arti- cles montra les deux faiblesses principales de bernois et valaisans se rapprocheront et se resserreront l’institution du financement spécial: d’une d’une demi-heure.» part, le Parlement peut succomber à la ten- tation de couper les crédits budgétaires pour Ursula Haller, Conseillère nationale, BE améliorer le résultat financier de la Confédé ration, quand bien même ces moyens sont 16
Ouverture du tunnel de base du loetschberg promis à une tâche déterminée. De l’autre, Le fonds est né de gestion de financement à long terme et de la mise à disposition des besoins financiers, Le Parlement montra clairement sa volonté de transparence dans la conduite des projets qu’il quasi linéaire, suit une logique indépendante voir un fonds doté d’une comptabilité propre, finance. Sans lui, il faudrait «arracher» chaque de celle d’une conduite efficace des projets mais juridiquement dépendant de la Confédé- année au Parlement les crédits budgétaires qui requiert davantage ou moins de moyens ration, assurer le financement des 4 projets. Le pour réaliser les projets voulus et approuvés suivant les phases de réalisation des projets. Conseil fédéral en décembre 1997 se plia à ce par le peuple, particulièrement les années où La création d’un fonds fut donc proposée. vœu et présenta dans un message son projet l’établissement du budget rencontre des diffi- Pour satisfaire au principe légal de l’intégralité de fonds pour les grands projets ferroviaires cultés. Sans lui, une dérive vers un endette- du budget, ce fonds serait financé par des (fonds FTP). Il s’agit d’un outil financier com- ment incontrôlé ne pourrait être exclue. recettes transitant par le compte financier de plet, avec un compte d’exploitation et un Bientôt dix ans après le début de sa mise en la Confédération. Le Parlement déciderait des bilan, des attributions et des prélèvements, la œuvre, le fonds FTP est resté unique, même si prélèvements dans une procédure séparée possibilité de recourir à des avances consen- certains aspects ont été repris dans le fonds du budget général, tout en gardant sa sou- ties par la trésorerie de la Confédération – ce pour les infrastructures. Ce dernier n’atteint veraineté. que prévoyait déjà le message du Conseil fé- cependant pas le même niveau de complexité L’AFF ne pouvait accepter un tel concept. Elle déral de juillet 1996 – ainsi qu’une durée de que le fonds FTP. fut prompte à réagir, par un article publié dans vie limitée. Elément indispensable pour son la NZZ du 2 octobre 1996. Les principales cri- acceptation par les responsables de la politi- Pierre-André Meyrat tiques à l’institution de fonds y sont rappelées: que financière, une limite maximale absolue Sous-directeur de l‘OFT, perte de la vue globale des dépenses de la est fixée pour les avances qui peuvent être Chef de la division Financement Confédération, privilège accordé à certaines consenties au fonds. dépenses par rapport à d’autres, risque de La votation populaire du 29 novembre 1998 a gaspillage, risque d’atomisation du ménage légitimé le fonds FTP. Depuis lors, il a montré fédéral en cas de multiplication de tels fonds. son utilité et son efficacité comme instrument 17
N° 43 | Numéro Spécial Coûts et financement Commande de la Confédération – un crédit de 3214 millions A l’origine, il était prévu de construire le tun- nel de base du Loetschberg, long de 34,6 km, à double voie. Pour le réaliser, le Parlement a libéré un crédit de 4250 millions de francs en 1991 sans renchérissement ni intérêts inter- calaires. Le Conseil fédéral a redimensionné le projet en 1996. Le besoin de financement a été évalué à 3214 millions, sans réserves ni renchérissement ni TVA ni intérêts intercalai- res. Une réserve de 15 % a été préparée no- tamment pour les imprévus. Il était prévu de couvrir les coûts liés au renchérissement, à la TVA et aux intérêts intercalaires moyennant des extensions du crédit d’engagement en Mrd. fonction des besoins. La libération des réser- 5,3 ves et les extensions du crédit d’engagement 5,2 incombent au Conseil fédéral. TVA pour mille Libération des réserves 4,3 En raison de modifications du projet et de surcoûts dus aux adjudications et à la réali- 3,2 sation, le Conseil fédéral a dû augmenter le RPLP crédit de 1097 millions de francs. Cela a per- mis d’assurer le financement des coûts finals probables (sans renchérissement, TVA ni in- térêts intercalaires) de 4,3 milliards de francs (+34 %). 25 % Impôt sur les huiles Extensions du crédit d’engagement minérales Afin de financer le renchérissement, la TVA et les intérêts intercalaires, le crédit a été aug- Crédit Réserves Extensions Besoin de Financement menté à ce jour de 861 millions de francs. libérées de crédits financement d’engagement Besoin de financement On table sur le fait qu’en 2009, au moment du décompte final du projet, le besoin de financement effectif se chiffrera à 5,3 mil- liards de francs. Le tunnel de base aura été financé principalement par la RPLP, un pour- «Le projet de NLFA se concrétise enfin et j’apprécie de mille de la TVA et l’impôt sur les huiles mi- nérales. voir le résultat de nos investissements financiers.» Sulamtih Reimann, 24, Bärau, étudiante en psychologie Athos Nicollerat Gestionnaire des fonds, OFT 18
Ouverture du tunnel de base du loetschberg Controlling de la NLFA Le peuple et le Parlement ont approuvé le projet de NLFA lors de deux votations popu- Cadre DCN But Objectifs Champ Principes & Glossaire d’application exigences du laires et moyennant plusieurs actes normatifs projet sur le transit alpin. L’OFT est chargé de mettre en œuvre le projet. Dans ce but, il a conclu Définition du Chapitre central/Fonctions d’interface avec plusieurs constructeurs des conventions projet Modifications Gestion des Gestion des Gestion de la sur sa planification et sa réalisation. L’OFT as- Organisation réserves risques qualité sure le suivi de cette commande et en cas d’écart par rapport à la planification, il déci- Contrôle des Contrôle des Gestion des Pilotage Contrôle des de des mesures à prendre. En d’autres termes, Structures du prestations coûts finances délais intégré projet il surveille et pilote le respect des prestations et des objectifs liés aux coûts et aux délais. Adjudica- Renchéris- Comptes et tions/contrats sement rapport final Le projet de controlling Le contrôle de l’OFT a pour but de mettre à Rapports Rapports Informatique Documen- disposition les informations des différents pro- tation jets sectoriels sous forme d‘une vue d’ensem- ble, afin d‘identifier les problèmes à temps et qu’il soit possible de soutenir activement le Elaboration de la Directive sur le contrôle de la NLFA (en haut), organisation AlpTransit (en bas). processus de pilotage politique du grand projet. Dans ce contexte, les termes de «trans parence» et de «système d‘alarme précoce» DSN Parlament sont d’une importance capitale. La directive sur le controlling NLFA (DCN) Conseil fédéral constitue la base et fournit des structures consolidables ainsi que des processus stan- DETEC Experts externes dardisés. Elle définit, par exemple, les termes spécifiques (type de coûts, phases, potentiel de danger, etc.) et prescrit les méthodes à OFT Experts externes appliquer (modification, gestion des risques). DCN La DCN réglemente aussi les compétences Constructeurs Futurs exploitants des participants au projet et la collaboration entre les constructeurs et l’OFT. Planificateurs Exécutants La réalisation Les constructeurs saisissent continuellement les modifications et les compensations, ainsi L’OFT établit un rapport consolidé à l’inten- que leurs causes et leurs répercussions. Sur tion de la délégation de surveillance de la cette base, ils établissent, tous les six mois ou NLFA et il prépare les mesures de pilotage en en cas d’événement, un rapport sur l’état tenant compte de ces informations. L’OFT d’avancement des prestations, des coûts et influence également le déroulement du pro- des délais. Des prévisions sont établies pour jet en mettant à disposition les moyens finan- chaque projet partiel et les écarts par rapport ciers, en approuvant les modifications impor- aux bases de référence sont justifiés. De plus, tantes et en assurant la coordination entre les risques inhérents aux projets font l’objet les constructeurs. d’évaluations et des mesures sont préparées Benedikt Beer si nécessaire. Section Grands projets, OFT 19
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