Parasitisme : agir vite pour éviter l'impasse - Recueil des Assises Ovines du 12 octobre 2021 - Inn'ovin
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PRÉAMBULE Par Philippe Jacquiet, Professeur de Parasitologie à l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse Le thème de ces assises ovines est le parasitisme, mais de quel parasitisme parle-t-on ? Si celui de la brebis laitière est multiple, ces assises sont consacrées exclusivement à un groupe de parasites internes qu’on appelle « strongles digestifs », vers de la caillette et des intestins de nos brebis. Pourquoi accorder tant d’importance aux strongles digestifs ? Acquis uniquement au pâturage avec insidieuse pendant laquelle l’éleveur Parallèlement au phénomène de résis- l’ingestion d’herbe, dotés de grandes ne se doute de rien. Plus grave encore, tance, de plus en plus d’attention est capacités d’adaptation, ces vers para- nous rencontrons aujourd’hui des popu- prêtée maintenant à l’écotoxicité de sites sont de redoutables adversaires lations parasitaires multirésistantes, certains de nos antiparasitaires. Les car ils entraînent de la mortalité et des c’est-à-dire résistantes à plusieurs effets néfastes sur la faune non-cible, pertes de production laitière évaluées familles différentes d’antiparasi- insectes coprophages des prairies en en moyenne à un quart de la production taires. Ce phénomène, qui présente de particulier, sont attestés. Ils consti- totale de lait d’une brebis. nombreuses analogies avec la résis- tuent aujourd’hui une des contraintes tance des bactéries aux antibiotiques, ne du contrôle des strongles digestifs et Tous les systèmes d’élevage, toutes les concerne pas seulement le département leur prise en compte dans les dossiers exploitations ne sont pas soumis au des Pyrénées Atlantiques mais bien d’enregistrement augmente le coût du même risque de strongyloses diges- l’ensemble des zones d’élevage ovin de développement de nouveaux médica- tives. Ici, en Pyrénées Atlantiques, les la planète. Pour autant, la situation est ments antiparasitaires. températures douces tout au long de plus compliquée en brebis laitière qu’en l’année, la pluviométrie abondante, brebis allaitante car l’éprinomectine, la des chargements importants sur des seule molécule avec délai d’attente nul parcelles parfois utilisées toute l’année pour le lait, est très largement utilisée se conjuguent pour accroître ce risque. par les éleveurs. Le contrôle de ces parasites doit être effectif sous peine de mettre en péril la rentabilité et la durabilité de nos élevages. Les antiparasitaires, bon marché, faciles d’emploi, ont rendu bien des services en neutralisant nos adver- saires, sans toutefois les éradiquer. Mais la donne a peu à peu changé… Les grandes capacités d’adaptation des strongles digestifs ont joué à plein pour leur permettre de développer des résistances aux antiparasitaires. Des mutations spontanées surviennent continuellement dans les populations PHILIPPE JACQUIET de parasites et celles qui confèrent la École Nationale Vétérinaire de Toulouse résistance à un antiparasitaire seront sélectionnées avec le temps car elles « Il faut absolument préserver l’ef- offrent un avantage sélectif aux vers qui ficacité des molécules actuelles en les portent. Le basculement vers des rationalisant leur emploi et en leur populations de parasites entièrement adjoignant des méthodes de lutte résistantes ne se fait pas « d’un seul complémentaires ». coup », il est au contraire progressif, parfois très lent, passant par une phase 2
Alors, que faire ? Aucune nouvelle molécule antiparasi- Depuis bientôt quinze ans, l’École Natio- taire ne va être mise sur le marché dans nale Vétérinaire de Toulouse, l’INRAe, les prochaines années. Si l’une d’elles l’Institut de l’Élevage et le Centre Dépar- voit le jour, elle sera probablement chère temental pour l’élevage Ovin d’Ordiarp compte tenu des coûts de développe- sont engagés dans un programme de ment actuels et rien n’indique qu’elle sélection génétique d’animaux résis- sera utilisable chez la brebis laitière. tants à ces parasites. L’intégration de En d’autres termes, il faut absolument la résistance aux strongles digestifs préserver l’efficacité des molécules dans les schémas de sélection ROLP actuelles en rationalisant leur emploi est maintenant possible et envisageable. et en leur adjoignant des méthodes de lutte complémentaires. C’est l’objet de ces assises ovines 64. Des études en cours dans les Pyrénées Atlantiques La gestion du pâturage a pour priorité Plusieurs programmes de recherche- Enfin, il faut prévenir l’apparition des l’exploitation de la ressource fourragère développement ont été mis en place résistances ou tout au moins, les dans l’alimentation de nos animaux. récemment. Devant la multiplication des retarder le plus possible, en revisitant Mais l’herbe est également le vecteur de cas de suspicion de résistance à l’épri- complètement notre façon d’utiliser la transmission des strongles digestifs nomectine, le programme de recherche les anthelminthiques en élevage. La par l’ingestion des larves infestantes ANTHERIN, financé par l’INRAe en 2020, stratégie de traitement systématique qui s’y trouvent. Dès lors, on recherche a pour objectif d’explorer ces suspicions des animaux (on traite toutes les brebis les pratiques qui permettraient de en lien avec les vétérinaires praticiens en lactation au même moment) favorise concilier nutrition et minimisation du du département. Il permet également les vers résistants. Il faut donc laisser risque parasitaire. de réfléchir ensemble, éleveurs, vété- un refuge aux parasites sensibles pour Face aux parasites, toutes les brebis rinaires, techniciens et chercheurs aux « diluer » les parasites résistants en ne sont pas à égalité. Certaines d’entre solutions à apporter aux éleveurs en élevage. C’est l’objet du traitement elles sont résistantes car elles limitent difficulté et d’évaluer leur efficacité. Sur ciblé sélectif avec de premiers résul- l’installation, le développement et ce dernier volet, ANTHERIN sera épaulé tats d’essais réalisés dans le rayon de la survie des parasites ; d’autres au par le programme du Groupement d’in- Roquefort. contraire sont sensibles et assurent térêt économique et environnemental La région Nouvelle Aquitaine finance une contamination massive des pâtures. (GIEE), accepté en 2021. actuellement le projet Placenett qui étudie l’impact des antiparasitaires utilisés en Pyrénées Atlantiques sur la faune coprophage des prairies. L’uni- versité de Montpellier III, le laboratoire Face aux parasites, des Pyrénées et des Landes, le Centre toutes les brebis ne Ovin et l’École Nationale Vétérinaire de sont pas à égalité Toulouse sont associés dans ce projet et témoignent d’une volonté commune de s’emparer de cette question majeure. Vers une lutte intégrée contre les strongles digestifs chez la brebis laitière Ces projets, ces initiatives, cette mise en commun de toutes les compétences constituent une chance et une oppor- tunité unique pour l’élevage ovin des Pyrénées Atlantiques. À ma connais- sance, cette conjonction de moyens et de compétences est unique en France, peut-être même en Europe. Le défi est immense. Les solutions que nous imaginerons et que nous évaluerons ensemble seront utiles pour tous les éleveurs du département mais aussi pour tous les éleveurs de notre pays. 3
Par Angélique Somera, Centre Départemental de l’Élevage Ovin (64) STRONGLES : LES ÉLEVEURS DES PYRÉNÉES ATLANTIQUES ADAPTENT LEURS PRATIQUES Les résultats d’une enquête¹ réalisée auprès d’éleveurs ovins lait des Pyrénées Atlantiques témoignent d’une inquiétude face aux résistances. Des changements de pratiques sont en cours ou envisagés à court terme. Une résistance des strongles « Cette enquête, réalisée en 2019, a concerné 536 élevages adhérents au Centre Ovin des intestinaux préoccupante Pyrénées Atlantiques. La grande majorité des La résistance des strongles gastro éleveurs enquêtés est consciente des pertes intestinaux à une des familles d’an- d’efficacité des traitements chimiques. » thelminthiques, les benzimidazoles, est maintenant courante chez les ovins laitiers des Pyrénées Atlantiques selon ANGÉLIQUE SOMERA les résultats des études réalisées Centre Départemental de l’Élevage Ovin (64) ces dernières années. Les éleveurs enquêtés en 2019 sont conscients des risques de pertes d’efficacité des trai- tements chimiques et sont pessimistes De 1 à 6 traitements par an en pensant à l’avenir. D’ailleurs, 5 % En moyenne, les éleveurs réalisent 2 à 3 préparation de la nouvelle campagne des éleveurs se disent insatisfaits des périodes de traitements antiparasitaires laitière et des mises bas) et décembre/ traitements réalisés et 14 % ont observé par an. Ils sont souvent administrés janvier (pic de lactation). Parmi les une perte d’efficacité des produits de façon systématique afin d’assurer produits utilisés, les deux tiers ciblent antiparasitaires dans leur exploitation. les périodes clés de la conduite d’éle- les strongles gastro-intestinaux et 83 % De plus, 29 % des enquêtés affirment vage (notamment la lutte) ; ou selon des traitements réalisés font appel à avoir déjà rencontré des difficultés de le principe de la fuite en avant par la une seule famille de molécules : les maîtrise du parasitisme entre 2014 réalisation de traitement au change- lactones macrocycliques. et 2019. Parallèlement, bien qu’en ment de parcelle ou redescente de la Les principaux indicateurs de décision alerte face aux enjeux directs sur leur montagne. Les 3 grandes périodes de de traitement utilisés par les éleveurs troupeau, 44 % des éleveurs semblent traitement sont les suivantes : avril/mai sont les suivants : l’état général « à ignorer l’impact négatif de plusieurs de (période de mise à la lutte), septembre/ l’œil » (30 %), l’aspect des fèces (21 %), ces produits sur la faune coprophage. octobre (redescente de la montagne, la souillure de l’arrière-train (17 %) et les résultats des coproscopies (14 %). ¹ Enquête réalisée en 2019 dans le cadre du projet Paralut porté par le Centre Départemental de Seuls 12 % affirmaient en 2019 avoir l’Élevage ovin et financé par la région Nouvelle Aquitaine toujours recours aux prélèvements de crottes avant de traiter, contre 50 % qui disaient ne jamais en faire. Depuis l’enquête et la visite sanitaire réalisées par les vétérinaires autour de la gestion du parasitisme, les éleveurs semblent y avoir recours de plus en plus. Enfin, dans 23 % des cas, la dose de traitement antiparasitaire administrée est déterminée sur la base du poids moyen du lot, sous-dosant les animaux les plus lourds. Ce dernier point est un facteur favorisant le développement de la résistance des parasites. La résistance aux benzimidazoles est aujourd’hui courante dans les Pyrénées Atlantiques. 4
LA MAJORITÉ DES ÉLEVAGES RÉALISE ENTRE 1 ET 3 TRAITEMENTS PAR AN : Nombre de Le pâturage tournant traitements par brebis % des élevages et rationné est mis et par an enquêtés en œuvre sur les exploitations pour 0> 4% les brebis. 1> 13% 2> 35% 3> 30% Les éleveurs se disent prêts à utiliser des 4> 12% béliers génétiquement résistants aux strongles intestinaux contre une progression plus lente 5> 4% sur la production laitière. Source : CDEO 2020 6> 1% 7 > 0% Des agnelles mélangées aux adultes plus ou moins précocement Avant 9 mois, les agnelles de renou- vellement ont un système immunitaire encore peu adapté au contrôle des para- Des pratiques pour diminuer sites. Dans 87 % des élevages enquêtés, la pression parasitaire les agnelles sortent au pâturage avant En 2017, 52 % des élevages ont pratiqué la mise bas. L’enquête a montré que les le pâturage hivernal, contre 31 % en agnelles et les antenaises rejoignaient 2018 à cause des conditions climatiques Les éleveurs prêts à utiliser les adultes entre 4 et 36 mois d’âge, défavorables (froid et pluie). De plus, les alternatives au chimique avec 4 périodes d’âge notables : 6-10 75 % de ceux qui pratiquent le pâturage 75 % des éleveurs enquêtés sont mois ; 12 mois ; 18 mois ; 24 mois. Dans hivernal déclarent sortir les brebis conscients que les antiparasitaires la grande majorité des cas, que ce soit régulièrement (3 à 4 jours par semaine), risquent de ne plus être efficaces à chez les éleveurs transhumants ou non, voire tous les jours. Le pâturage hivernal l’avenir. C’est donc naturellement qu’ils au moins une des parcelles est utilisée présente un risque du point de vue de cherchent à se tourner vers des alter- pour le pâturage conjoint des agnelles l’infestation parasitaire, notamment en natives avec 3 grands axes : et des adultes. période d’agnelage où l’excrétion d’œufs • Les plantes à tannins : 42 % en ont déjà de strongles est augmentée. entendu parler, et 56 % des éleveurs Dans cette enquête, 63 % des élevages seraient prêts à utiliser le sainfoin, la ont au moins une parcelle pâturée par chicorée ou le plantain, des ovins et des bovins. Les bovins • Les huiles essentielles et la phytothé- n’étant pas des hôtes pour les strongles rapie : 77 % des éleveurs en ont déjà gastro-intestinaux des ovins, le pâturage entendu parler, et 61 % sont prêts à En résumé successif des deux espèces entraîne les utiliser, une rupture du cycle. • Les béliers génétiquement résistants • 83 % des traitements réalisés Enfin, le pâturage continu qui reste aux parasites internes : 55 % en ont font appel à une seule famille de majoritairement utilisé pour les agnelles déjà entendu parler, et 74 % sont prêts molécule, et en estive, constitue un facteur de à utiliser cette piste pour améliorer • 75 % des éleveurs sont conscients risque pour ces jeunes animaux dont la résistance de leur renouvellement que les antiparasitaires risquent de le système immunitaire est encore quitte à ralentir la progression de leur ne plus être efficaces à l’avenir, immature. production laitière. • 14 % des éleveurs ont constaté une résistance ou une perte d’effica- DU PÂTURAGE CONTINU POUR LES AGNELLES ET EN ESTIVE cité des antiparasitaires dans leur exploitation, Mode de pâturage Brebis sur l’exploitation Agnelles sur l’exploitation Brebis et agnelles en estive • 74 % des éleveurs sont prêts à Pâturage tournant 46 % 24 % - progresser moins vite sur le Source : CDEO 2020 Pâturage rationné 30 % 14 % - lait pour inclure la résistance au parasitisme dans les critères de Pâturage continu 20 % 62 % 97 % sélection. 5
Par Corinne VIAL-NOVELLA, Centre Départemental de l’Élevage Ovin (64) LES BONNES PRATIQUES POUR GÉRER LE PARASITISME Au pâturage, le contact des ovins avec des parasites est inévitable, mais les infestations non maîtrisées peuvent entraîner des conséquences plus ou moins graves. Bien gérer les parasites, c’est donc pouvoir développer des systèmes où leur présence en petit nombre n’affecte ni la santé ni les performances des animaux. Les ovins sont capables de développer Le même cycle parasitaire pour tous les strongles une certaine immunité vis-à-vis des Les différentes espèces d’herbivores développement au sein de la muqueuse strongles digestifs, permettant d’abou- n’hébergent pas les mêmes strongles du tube digestif. Elles échappent aux tir à un équilibre entre l’animal et les gastro-intestinaux mais les cycles réactions immunitaires de l’animal et parasites. La gestion raisonnée des parasitaires correspondant répondent à réactivent leur développement quand strongles digestifs repose donc sur un un même type de développement avec : les températures et l’hygrométrie compromis à trouver entre contamina- - une phase libre environnementale, extérieures redeviennent favorables tion, pour aboutir à l’immunisation des - une phase parasitaire chez l’hôte, au développement des larves de stade animaux, et protection des animaux, - parfois une phase d’inhibition (appelée L3 (schéma ci-dessous). Le recyclage pour préserver leurs performances et hypobiose) lorsque le climat n’est pas des strongles digestifs et donc le risque leur santé. propice à la survie des larves dans le parasitaire seront dépendants du pâtu- milieu extérieur. rage, des conditions météorologiques L’élimination des infestations Lors d’hivers froids, une partie des et de la conduite du troupeau. par des traitements antipa- larves arrête momentanément son rasitaires trop fréquents ou a LE CYCLE DES STRONGLES DIGESTIFS EN 6 ÉTAPES rémanence longue peut retar- der l’installation de l’immunité Les larves L3 sont Les strongles adultes pondent chez les jeunes, voire dégrader ingérées et se développent en adultes des œufs qui se retrouvent dans les matières fécales l’immunité des adultes. Ingestion L3, développement au stade adulte et ponte des œufs : 2 à 3 semaines Les larves L3 migrent Phase libre de Les matières fécales vers les herbes qui vont 1 à 3 semaines (avec les œufs) se retrouvent être ingérées pour que les œufs dans les prairies deviennent des larves L3 infestantes Les œufs éclosent et les larves se développent CORINNE VIAL-NOVELLA (stades L1-L2-L3) Centre Départemental de l’Élevage Ovin « Le risque parasitaire est lié à La température et la pluviométrie sont déterminantes la conduite du pâturage et des Sur la phase libre, dans les pâtures, température et de l’humidité. Cette animaux ainsi qu’aux conditions l’éclosion des œufs de strongles (entre dernière permet aussi d’assurer la météorologiques. » 5 jours et 1 mois, voire plus en hiver ou migration des larves depuis les crottes en été) et le développement des larves vers l’herbe pâturée ainsi que leur de stades L1 en L3 (de 1 à 2 semaines survie. En cas de sécheresse estivale, en été à plusieurs semaines quand les les larves présentes dans l’herbe températures sont faibles en début meurent et leur migration est stoppée. de printemps) sont dépendants de la 6
Les ovins et les bovins n’hébergent pas les mêmes espèces de strongles. Comment gérer le pâturage pour réduire la pression parasitaire ? La première étape pour évaluer ses pratiques de pâturage vis-à-vis du risque parasitaire, c’est de repérer sur son parcellaire les parcelles les plus saines (prairies nouvelle- ment implantées, fauchées ou non pâturées depuis plus de 60 jours), et les parcelles « à risque » (prairies pâturées depuis moins de 60 jours par des agnelles ou des brebis autour de l’agnelage…). À partir de là, il est possible de combiner trois stratégies : UN TEMPS CHAUD ET HUMIDE EST IDÉAL POUR LES PARASITES 1 • La prévention : Les brebis/agnelles ont accès à un pâturage Charge parasitaire PAR TEMPS CHAUD ET HUMIDE (idéal pour les parasites) faiblement contaminé (sortie tardive, utili- PIC D'INFESTATION EN JUIN sation des prairies de fauche…). PAR TEMPS FROID ET/OU SEC 2 • la fuite : PIC D'INFESTATION Les animaux quittent les pâturages qu’ils EN JUILLET/AOÛT ont contaminés et n’y retournent pas avant un temps suffisamment long ou une fauche (utilisation de pâtures différentes selon les mois, pâturage tournant…) ; En fonction de la période, de la surface, de la densité Mai Juin Juillet Août Sept. animale, du statut parasitaire des animaux (historique des traitements antérieurs) et du temps de repos des parcelles, la durée de pâturage sur une même parcelle pourra Une hauteur de pâturage aller de 3-4 jours à 2-3 semaines, ce qui supérieure à 6 cm reste compatible avec une bonne valorisa- En moyenne, 80 % des larves de para- tion de la ressource fourragère et évitera le sites se tiennent dans les 5 premiers Pour décontaminer une surpâturage. La difficulté sera de trouver un centimètres de la végétation, au plus parcelle, il faut un repos compromis entre la valorisation de l’herbe et la gestion de la pression parasitaire (et près du sol et migrent en fonction des minimum de 18 mois voire les contraintes de son exploitation). conditions climatiques et de la lumi- nosité. Plus l’herbe est sèche et la 3 ans sans animaux ; en 3 • La dilution : luminosité importante, plus les larves dessous de cette durée on a Le pâturage est utilisé en partie par des se retrouvent à la base des plantes. hôtes qui sont moins (les adultes) ou pas Inversement, dans une herbe mouillée seulement une diminution sensibles (pâturage mixte ou alterné avec et/ou avec une luminosité faible, les de la pression parasitaire. une autre espèce), complémentation. larves ont tendance à se diriger vers le haut des plantes. Afin de limiter les risques d’infestation, il est conseillé de ne pas laisser les animaux pâturer en En résumé dessous de 6-7 cm, et il peut s’avérer intéressant d’éviter ou de retarder le À éviter À favoriser pâturage des zones humides. • Le pâturage en dessous de • Alterner le pâturage avec d’autres Le niveau de contamination des 6-7 cm d’herbe, espèces (bovins, équins), parcelles par les larves infestantes • Laisser les animaux sur des • Mélanger des animaux immuns avec de strongles digestifs sera également parcelles où ils ont été affour- des animaux sensibles (limite le dépendant de la conduite au pâturage. ragés l’été, « recyclage » des strongles), À conditions climatiques équivalentes, • Prolonger la saison de pâturage • Limiter le chargement, un niveau de contamination important des jeunes, • Faire des coupes intermédiaires, sera plus rapidement atteint en cas de • Réserver toujours la même • Viser un retour tous les 2 mois avec pâturage sur une seule parcelle qu’en parcelle pour la mise à l’herbe une durée de pâturage maximale de 2 cas de rotation sur plusieurs parcelles. des jeunes. semaines sur chaque parcelle. 7
Par Léa BORDES, École Nationale Vétérinaire de Toulouse et Laurence SAGOT, Institut de l’Élevage/CIIRPO LES CONCENTRÉS DE TANINS POUR DIMINUER LE PARASITISME : DES PREMIERS RÉSULTATS PEU CONVAINCANTS Au terme des 5 premiers essais réalisés, distribuer un concentré contenant des tanins n’apparaît pas comme une solution pour limiter le recours aux anthelminthiques chimiques dans les doses et durées de distribution testées. D’autres essais sont en cours. « Nous n’avons pas observé de différence significative d’excrétion d’œufs de strongles digestifs entre les bre- AVERTISSEMENTS : bis qui consomment ou non des bouchons contenant des tanins condensés. Par contre, les brebis maigres • Cette fiche décrit les résultats des excrètent significativement plus d’œufs de strongles essais avec leurs conditions de réali- digestifs que celles qui sont en bon état. » sation : dose, durée de consommation… Ils ne préjugent en aucun cas de LÉA BORDES résultats d’études réalisées dans des En thèse à l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse conditions différentes, • La combinaison avec d’autres facteurs (génétique…) n’a pas été testée dans Les plantes à propriétés antiparasitaires : qu’est-ce que c’est ? le cadre de cette étude, Les plantes à propriétés anthelmin- riches en tanins condensés aurait un • L’analyse coprologique mesure le thiques produisent naturellement impact sur l’infestation des strongles nombre d’œufs présents dans les fèces des métabolites secondaires dont les digestifs dans le tractus digestif de pour chaque parasite. C’est une analyse « tanins condensés ». Les plantes l’animal. Les animaux consommateurs dont le résultat n’est valable qu’à fourragères riches en tanins sont, pour seraient donc moins parasités et leur les plus courantes, le sainfoin, le lotier intensité d’excrétion d’œufs de strongles l’instant du prélèvement, l’excrétion pédonculé et corniculé. On retrouve serait diminuée. L’utilisation d’aliments d’œufs varie dans le temps. aussi quelques plantes ligneuses qui concentrés contenant des tanins en sont riches, notamment le noise- condensés a été récemment testée en tier. De précédentes études tendent à site expérimental et en élevages avec montrer que l’utilisation des plantes des brebis et des agneaux. En cure pour des brebis en bergerie En 2020 et 2021, trois essais ont testé le granulé riche en tanins à hauteur un mélange commercial qui se présente de 70 g par brebis et par jour (recom- sous la forme de granulés déshydratés. mandations du fabricant) pendant 21 Il est composé de sainfoin associé à jours en complément de sa ration. Des d’autres extraits de plantes à propriété analyses coprologiques individuelles de anthelminthique. La teneur en tanins chaque brebis au début de l’essai et à condensés dans ce granulé est de 20 %. son terme ont été réalisées. Au final, il Cette étude a été réalisée au CIIRPO n’y a pas de différence significative d’in- Dans ces essais, l’excrétion en (Centre Interrégional d’Information et de tensité d’excrétion d’œufs de strongles strongles digestifs n’a pas été Recherche en Production Ovine) sur le digestifs entre les brebis ayant reçu diminuée par l’incorporation de site expérimental du Mourier et chez 2 la cure avec le complément riche en 0,9 % de tanins condensés dans éleveurs sélectionneurs en race Rouge tanins condensés et celles qui ne l’ont la ration des agneaux de l’Ouest. L’essai a comparé deux lots pas consommé (tableau 1). de brebis alimentées exclusivement en bergerie. Un des deux lots a reçu 8
TABLEAU 1. DES TAUX D’EXCRÉTION D’ŒUFS DE STRONGLES DIGESTIFS INCHANGÉS POUR LES BREBIS¹ CIIRPO, site Sélectionneur Sélectionneur SITE expérimental du Mourier Rouge de l’Ouest 1 Rouge de l’Ouest 2 Type de lot : avec ou sans concentré Sans Avec Sans Avec Sans Avec contenant des tanins condensés Taux de tanins dans la ration 0% 0,8 % 0% 0,8 % 0% 0,8 % Durée de distribution - 21 jours - 21 jours - 21 jours Nombre de brebis 29 29 23 27 26 29 En début 166 opg 166 opg 372 opg 495 opg 1 680 opg 1 679 opg 1 S tatistiques : pas de différence significative Source : ENVT/CIIRPO/GEODE 2020/21 Taux d’excrétion d’essai [0-850]2 [0-1 050]2 [0-1 350]2 [0-2 750]2 [200-3 950]2 [600-4 900]2 observée entre les lots avec et sans concentré en strongles contenant des tanins gastro intestinaux En fin 1 142 opg 754 opg 979 opg 845 opg 4 051 opg 3 818 opg 2 [minimum – maximum] d’essai [0-7 950]2 [0-4 450]2 [0-3 200]2 [0-3 300]2 [50-15 400]2 [150-14 300]2 3 Notation de 0 à 5, de très maigre à très grasse Âge moyen 3,5 ans 3,5 ans 2 ans 2 ans 1 an 1 an Résultats obtenus dans le cadre du projet Note d’état corporel3 en début d’essai 2,5 2,5 3 3 2,5 2,5 Paralut financé par la région Nouvelle Aquitaine En continu pour des agneaux à l’herbe Au cours de deux années consécutives, TABLEAU 2. LES RÉSULTATS DES COPROSCOPIES NE MONTRENT PAS DE DIFFÉRENCE deux lots d’agneaux conduits sur une POUR LES AGNEAUX À L’HERBE même parcelle séparée en deux ont été comparés au CIIRPO, sur le site ANNÉE 2018 2019 expérimental du Mourier. L’un d’entre Type de lot : avec ou sans concentré eux recevait 400 g de granulés de sain- Sans Avec Sans Avec contenant des tanins condensés foin pur tous les jours. Et le second lot Taux de tanins dans la ration 0% 0,9 % 0% 0,9 % était un lot témoin, avec un apport de Durée de distribution - 42 jours - 71 jours concentré sans tanin. Nombre d’agneaux 25 25 25 25 Au final, les niveaux d’excrétion d’œufs En début en strongles gastro-intestinaux ne sont Taux d’excrétion 190 opg 111 opg 974 opg 660 opg Source : ENVT/CIIRPO 2019 d’essai pas différents entre les deux lots tout au en strongles gastro intestinaux En fin long de la phase de pâturage (tableau 2). 620 opg 615 opg 992 opg 763 opg d’essai À la rentrée en bergerie, la complémen- tation en sainfoin a continué jusqu’à Croissance à l’herbe 226 g par jour 206 g par jour 203 g par jour 113 g par jour la commercialisation des agneaux et Résultats obtenus dans le cadre du projet Paralut financé par la région Nouvelle Aquitaine aucune différence d’excrétion n’a été enregistrée non plus. Par ailleurs, l’apport de sainfoin n’a pas amélioré les croissances des agneaux à l’herbe. Une alimentation plus riche en sainfoin ou chicorée : Sur l’excrétion en strongles gastro intestinaux, on des essais conduits dans n’observe aucun bénéfice notable de l’intégration de sainfoin dans la ration, en granulés comme en les Pyrénées Atlantiques foin. Ce résultat est peut-être lié à la trop faible « Trois modalités d’apport de tanins condensés ont été testées dans deux élevages des Pyrénées concentration en tanins de la ration. Par contre, une évolution positive de l’excrétion parasitaire a été mesurée en 2020 avec le pâturage de la Atlantiques en 2019 et 2020* : chicorée. Elle reste toutefois à confirmer avec les - l’intégration quotidienne dans la ration de sain- nombreuses expérimentations sur le sujet. Un point foin en granulés à raison de 350 g par brebis en de vigilance en matière de qualité des fromages a remplacement du foin de luzerne ; toutefois été soulevé. Le jury d’experts de dégus- - l’intégration de foin de sainfoin à 900 g brut par tation des fromages produits lors du pâturage de brebis et par jour en remplacement de la luzerne ; la chicorée les ont jugés sensiblement dégradés, - le pâturage de prairies riches en chicorée à hauteur avec le développement marqué d’un goût animal, de 700 g MS par brebis et par jour en remplacement même s’ils restaient conformes aux standards de de prairies raygrass-trèfles classiques. l’AOP Ossau-Iraty. » JEAN BEUDOU Chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantiques * Résultats obtenus dans le cadre du projet Bionachol financé par la région Nouvelle Aquitaine 9
Par Léa BORDES, Sophie JOUFFROY et Philippe JACQUIET, École Nationale Vétérinaire de Toulouse LA COPROLOGIE AU SERVICE DES ÉLEVEURS DE BREBIS LAITIÈRES : INTÉRÊTS ET MODE D’EMPLOI La coprologie est un outil puissant quand elle s’insère dans le suivi personnalisé d’un troupeau. Elle permet un pilotage précis de l’élevage, à condition d’avoir une bonne connaissance du système de pâturage et des pratiques de traitement. Qu’est-ce que la coprologie ? La coprologie est l’analyse des selles et certains animaux sont à privilégier pour visualiser et parfois dénombrer pour les prélèvements : cela peut être les œufs de parasites présents. Quand discuté avec le vétérinaire traitant. ils sont comptés, le nombre d’œufs Parmi les analyses coprologiques, est rapporté aux grammes de fèces, le comptage des œufs de strongles donc le résultat est exprimé en œufs gastro-intestinaux est particulièrement par gramme (OPG) de matière fécale. intéressant pour les élevages ovins. En Pour certains parasites (petite et grande effet, il existe une bonne corrélation douves, paramphistomes, ténia), les entre le nombre d’œufs comptés et œufs ne sont pas comptés : seule la l’infestation réelle chez l’animal. La présence ou l’absence est intéressante. coprologie est un outil fiable et valable SOPHIE JOUFFROY Pour ces parasites, certaines périodes tout au long de la vie de l’animal. En thèse à l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse « Il n’existe pas de seuils définis de faible ou forte infestation car ils sont variables selon les objectifs et les protocoles utilisés. Il faut se les constituer soi-même en fonction du contexte clinique et historique » Les matières fécales doivent être directement issues du rectum 10
Pour une coproscopie de mélange, les prélèvements doivent être individuels Du prélèvement à l’acheminement Pour une analyse coprologique, l’échan- • Pour une analyse de mélange, les En dessous de cet effectif, la variabilité tillon de matières fécales doit être prélèvements doivent être individuels : est trop importante et le risque de directement issu du rectum des animaux le vétérinaire ou le laboratoire se se tromper dans l’interprétation non et conditionné de manière individuelle chargera de faire le mélange. Les négligeable. dans un contenant propre. lots doivent être identifiés de façon Les prélèvements doivent parvenir • P our une analyse individuelle, le claire. Les contenants peuvent être rapidement au laboratoire : l’analyse numéro de chaque animal doit figurer un gant de fouille où un nœud sépare peut être réalisée au plus tard 5 jours sur le contenant, qui peut être un gant les prélèvements, ou bien des gants après prélèvement. En attendant ou un pot propre. Le mieux est une individuels regroupés ensuite par lot. d’être amenés au laboratoire, les fèces identification avec un feutre indélébile. Il existe une bonne corrélation entre doivent être conservées au frigo, mais Attention aux numéros agrafés qui une coprologie de mélange d’un lot et la ne doivent surtout pas être congelées. peuvent se détacher pendant le trans- moyenne des coprologies individuelles Tout résultat d’analyse coprologique port des échantillons et aux papiers faites sur ce même lot. Pour approcher doit être noté dans un compte rendu qui peuvent se mouiller rendant les une estimation correcte du lot, au mini- et conservé avec les autres résultats numéros illisibles ! mum 10 animaux doivent être prélevés. d’analyses de l’élevage. Pistes d’interprétation du résultat d’une coprologie Les infestations parasitaires évoluent proportion des différentes espèces cient plus que d’autres d’un traitement. dans le temps. Une coprologie est une va influencer l’excrétion des œufs car Des protocoles de traitement ciblé photographie à un instant donné d’un les femelles des différentes espèces sélectif sont à l’étude dans le cadre du processus évoluant naturellement dans pondent des quantités d’œufs diffé- projet ANTHERIN. le temps. rentes. Une femelle d’Haemonchus Différents facteurs influencent ce contortus peut pondre 10 000 œufs par phénomène : jour, contre une centaine pour les 2 autres espèces. • L es animaux répondent de façon différente au parasitisme. Dans un • Selon la pression d’infestation du lot de béliers de même âge et race, milieu : les animaux s’infestent infestés expérimentalement avec les exclusivement au pâturage, mais les mêmes doses de strongles et prélevés pressions d’infestation sont variables au même moment, on observe une d’une pâture à l’autre. Le chargement grande variabilité individuelle des et le temps de retour des animaux comptages d’œufs. Il y a des individus sur les parcelles modifient aussi la dits « résistants » qui vont excréter pression parasitaire dans le milieu. En résumé peu d’œufs et des individus dits Ces facteurs sont donc à prendre « sensibles » qui excrètent beaucoup en compte pour l’interprétation des La coprologie est : d’œufs (voir graphe page 15). résultats d’une analyse coprologique : • Un outil simple et peu coûteux, • L’âge et le statut physiologique de il n’existe pas de seuils définis de faible ou forte infestation car ils sont • Un outil de suivi du parasitisme l’animal : les jeunes animaux, les pertinent dans un élevage ovin, animaux plus âgés et les brebis autour variables selon les objectifs et les de la mise bas sont plus sensibles aux protocoles utilisés. Il est intéressant de • Utilisable tout au long de la vie strongles et excrètent plus d’œufs de les constituer en fonction du contexte de l’animal, strongles. clinique et historique, en discussion avec le vétérinaire dans le cadre d’un • Représentatif de l’infestation par • S elon les espèces de strongles les strongles à un instant donné, suivi coprologique de l’exploitation (voir présentes : chez les ovins, 3 espèces la fiche « La coprologie : un outil de • À discuter avec le vétérinaire de strongles digestifs sont patho- pilotage du parasitisme d’un cheptel »). traitant de l’exploitation, pour gènes pour l’animal : Haemonchus Ces facteurs de variation sont aussi à adapter au mieux les prélève- contortus, Teladorsagia circumcincta prendre en compte lors du traitement ments à la conduite d’élevage et et Trichostrongylus colubriformis. La d’un troupeau : certains animaux bénéfi- pour interpréter les résultats. 11
Par Léa BORDES, Sophie JOUFFROY et Philippe JACQUIET, École Nationale Vétérinaire de Toulouse LA COPROLOGIE : UN OUTIL DE PILOTAGE DU PARASITISME D’UN CHEPTEL Quand et qui prélever est une question fondamentale à se poser avant prélèvement. Elle peut être abordée avec le vétérinaire traitant de l’exploitation, qui peut aider à estimer le risque parasitaire. Chaque exploitation a une situation Quand faire une coprologie ? Pour évaluer si un traitement parasitaire différente, dépendante de nombreux facteurs (conduite des Une coprologie peut être utilisée pour est efficace évaluer le besoin de traiter un individu Une coprologie peut aussi servir à animaux et du pâturage, exposition, ou un lot. évaluer si le traitement a été efficace. humidité…) et il est intéressant d’avoir un suivi personnalisé. Elle peut être réalisée : Pour cela, une coprologie (individuelle • En individuelle : ou de mélange selon les cas) peut être - Si un ou plusieurs animaux réalisée sur l’animal ou le lot traité, présentent des symptômes pouvant dans les délais indiqués dans le tableau être liés au parasitisme (anémie, ci-dessous. diarrhée, perte d’état corporel…), Pour pouvoir interpréter le résultat, il - Lors d’introduction d’un animal dans faut une valeur d’excrétion non nulle l’élevage. pour le lot avant traitement : après • De mélange : traitement, un lot peut être à 0 œuf - En fonction des périodes clés de par gramme parce que peu infesté production : mise à la lutte, prépara- avant traitement ou bien parce que le tion des agnelages, traitement a été efficace. Il est conseillé - Au pâturage, en fonction du mode d’intégrer cette pratique à chaque trai- de vie des parasites : 1 mois minimum tement réalisé. PHILIPPE JACQUIET après la mise à l’herbe, en montée ou École Nationale Vétérinaire de Toulouse descente d’estive et régulièrement (au moins 3 semaines entre 2 coprologies) « Une coprologie ciblée permet en cas de pâturage, d’estimer le risque parasitaire : - Lors d’introduction de plusieurs c’est essentiel pour raisonner animaux dans un élevage : la résis- les traitements et donc limiter la tance à un anthelminthique peut sélection de strongles résistants ». s’acheter. DÉLAI INDICATIF Famille de molécule Molécule active Contrôle après traitement ENTRE TRAITEMENT ET COPROLOGIE DE CONTRÔLE Imidazothiazoles Lévamisole 7 – 10 jours SELON LE TRAITEMENT Albendazole ANTHELMINTHIQUE UTILISÉ Fenbendazole Benzimidazoles 10 - 14 jours Nétobimin Oxfendazole Ivermectine Avermectines Eprinomectine 14 - 17 jours Doramectine Moxidectine Moxidectine 17 - 21 jours Plus de 2 molécules testées en même temps dans l’élevage 14 jours 12
La résistance à un produit antiparasitaire « s’achète ». Une coprologie lors de l’achat d’animaux est intéressante. Quels lots constituer lors d’une coprologie de mélange ? Selon les âges : Les résultats d’une coprologie sont à - Premières lactations en un lot, interpréter avec l’aide du vétérinaire - Deuxièmes lactations en un lot, traitant, pour discuter du besoin de - Autres brebis en production en un lot, traiter, des molécules utilisables et des - Agnelles, De plus, il peut être intéressant de animaux à traiter. Pour les animaux nouvellement introduits dans un En résumé prélever les béliers en un lot. cheptel, selon les cas et les élevages, La coproscopie peut également Pour composer ces lots, il faut prélever différentes mesures peuvent être être utilisée afin de : des animaux représentatifs du lot. Ne envisagées : coprologie de contrôle des • Déterminer les périodes et les pas prélever uniquement les individus animaux, traitement avec une molécule lots à risque dans un élevage, qui manquent d’état par exemple. pour laquelle il n’y a pas encore de cas de résistance confirmée dans la • Évaluer l’efficacité d’un Selon les états corporels, afin de traitement, clientèle ou le bassin de production… déterminer si on peut attribuer les votre vétérinaire traitant est à même • Évaluer le risque d’introduction symptômes observés à la présence de de conseiller les mesures les plus d’animaux porteurs de strongles parasites : pertinentes à mettre en œuvre. résistants dans un élevage. - Un lot de brebis maigres, - Un lot de brebis en état. DEUX EXEMPLES D’UTILISATION DE COPROLOGIES Calendrier Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Déc Reproduction Lutte / IA Mise bas ÉLEVEUR TRANSHUMANT, Production Collecte du lait Tarissement Allaitement PAS DE TRAITE EN ESTIVE Brebis Pâturage Estive Pâturage +/- bâtiment Agnelles et tardives Pâturage Estive Pâturage Bâtiment Calendrier Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Déc ÉLEVEUR Reproduction Lutte / IA Mise bas TRANSHUMANT, TRAITE Production EN ESTIVE Transformation du lait Tarissement Allaitement Brebis Bâtiment Pâturage Estive Pâturage +/- bâtiment Coprologie pour contrôle Coprologie avant période clé en période de pâturage de production 13
Par Francis FIDELLE, Centre Départemental de l’Élevage Ovin (64) et Jean Michel ASTRUC, Institut de l’Élevage LA RÉSISTANCE GÉNÉTIQUE : UNE STRATÉGIE D’AVENIR La génétique s’oriente vers la mise en place d’un nouveau critère de sélection permettant de valoriser les animaux les plus résistants au parasitisme. Dans un contexte d’attentes sociétales « Il est aujourd’hui possible envers une agriculture respectueuse de d’intégrer la résistance au son environnement et de réchauffement parasitisme dans le critère de climatique avec toutes ses consé- sélection global ». quences (émergences de nouvelles maladies, alternance de périodes très chaudes et très froides, vers une dimi- nution des ressources en eau ou des FRANCIS FIDELLE disponibilités fourragères), la génétique Centre Départemental de l’Élevage Ovin (64) s’oriente vers la recherche de nouveaux critères de sélection permettant de valoriser les animaux les plus adaptés à ces nouvelles contraintes. Des résultats très encourageants Des animaux de races locales, plus Au terme de la seconde infestation expé- résilients et plus résistants, aptes rimentale, les béliers se différencient à valoriser l’ensemble du territoire très nettement selon leur intensité d’ex- en permettant aux éleveurs de vivre crétion d’œufs. Certains individus dits de leurs produits : c’est l’enjeu de la « résistants » vont excréter peu d’œufs génétique. de strongles, d’autres dits « sensibles » La résistance aux strongles digestifs excrètent beaucoup d’œufs (graphe est mesurée sur des béliers du Centre page de droite). d’Élevage, futurs béliers d’insémination animale, n’ayant jamais rencontré le De plus, la résistance génétique d’un parasite en maîtrisant les effets du bélier en Centre d’Élevage se transmet milieu : les mâles sont du même âge, à ses filles élevées à l’herbe. ils sont conduits ensemble en bergerie En race Manech Tête Rousse : exclusivement. Après une infestation - Les filles issues de pères résistants excrètent en moyenne moins d’œufs expérimentale de larves d’haemon- JEAN-MICHEL ASTRUC chus contortus, des coproscopies pour que les filles de béliers sensibles, Institut de l’Élevage mesurer le nombre d’œufs de strongles - L a proportion de filles avec des intestinaux et prises de sang pour « La résistance au parasitisme intensités d’excrétion faibles est plus évaluer le taux d’hématocrite sont est un jalon majeur vers la importante chez les filles issues de réalisées (tableau ci-dessous). génétique de demain ». béliers résistants que chez les filles issues de béliers sensibles. Pour une meilleure efficacité, la sélection est à considérer en synergie MESURES RÉALISÉES SUR LES BÉLIERS DU CENTRE D’ÉLEVAGE avec les autres leviers de gestion du parasitisme : Nombre - Le contrôle régulier des niveaux d’in- d’œufs de Taux festation des animaux les plus fragiles Jour Infestation strongles Hématocrite (jeunes, agnelage…) digestifs - L’alternance du pâturage entre les J0 3 500 L3 bovins et les ovins oui oui - La rotation du pâturage… infestation 1 d'H. contortus J + 30 - oui oui J + 45 5 000 L3 oui oui infestation 2 d'H. contortus J + 75 - oui oui 14
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