Passer du génotype au phénotype - Expliquer le polymorphisme des gènes qui contrôlent les caractères quantitatifs Prédire l'évolution : des ...
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Passer du génotype au phénotype • Expliquer le polymorphisme des gènes qui contrôlent les caractères quantitatifs • Prédire l’évolution : - des caractères quantitatifs - des fréquences des allèles
Génétique et évolution des flux métaboliques Christine Dillmann, Julie Fievet, Bruno Bost1, Frédéric Gabriel, Sébastien Lion, Luc Négroni, Gilles Curien2, Jean Labarre3, Delphine Sicard, Dominique de Vienne 1 IGM, Orsay; 2 CEA, Grenoble; 3 CEA, Saclay UMR de Génétique Végétale, INRA/UPS/CNRS/INA PG Ferme du Moulon, 91190 Gif-sur-Yvette, France dillmann@moulon.inra.fr
La cinétique enzymatique : un peu d’histoire • 1903 : Victor Henri : la formation du complexe enzyme-substrat est l’étape essentielle du mécanisme catalytique • 1913 : Michaelis & Menten proposent les équations de vitesse • 1973-1974 : Kacser & Burns et Heinrich et Rapoport proposent la théorie du contrôle métabolique
Equation de vitesse de Michaelis-Menten k+1 kcat S + E ES P k–1 Vmax S v vitesse de la réaction v = Vmax vitesse maximum S concentration en substrat Km + S Km = (k–1 + kcat) / k+1, constante de Michaelis-Menten
Equation de vitesse : cas général E Si Sj Vmax/Km Keq = [Sj]/[Si] « efficacité constante d’équilibre physiologique » (V maxi / Km i) (Si − S j / Keq) v= 1+ Si / Kmi + S j / Km j
La genèse de la théorie du contrôle métabolique Kacser 1957 « The problem is therefore the investigation of systems, i.e. components related or organised in a specific way. The properties of a system are in fact « more » than (or different from) the sum of the properties of its components »
Formalisation de la théorie du contrôle métabolique E1 E2 Ej Ej+1 En-1 En S0 S1 … Sj … Sn-1 Sn Chaîne linéaire d’enzymes michaéliennes indépendantes à l’état stationnaire : v1 = v2 = … = vj = … = vn = J Les enzymes fonctionnent loin de la saturation (V max i / Km i ) ( Si − Si +1 / K eq ) vi = ≈ (V max i / Km i ) ( Si − Si +1 / K eq ) 1 + Si / Km i + Si +1 / Kmi +1 Kacser and Burns, 1973 Heinrich and Rappoport, 1974
Formalisation de la théorie du contrôle métabolique E1 E2 Ej Ej+1 En-1 En S0 S1 … Sj … Sn-1 Sn à l’état stationnaire : v1 = v2 = … = vj = … = vn = J S S0 − n K J= 0,n 1 ∑ j =1 E n j Kacser and Burns, 1973 Heinrich and Rappoport, 1974
Formalisation de la théorie du contrôle métabolique Efficacité de l’enzyme : Vmax j Ej = K 0, j +1 = Aj Qj KM j Paramètres cinétiques de la réaction catalysée : kcat j Aj = K 0, j +1 KM j Concentration cellulaire de l’enzyme Qj
La théorie du contrôle métabolique : Relation entre enzymes et flux : enzymes indépendantes Jmax mes nz y Flux J ne e z ym 1 en Qj ou Aj ou Ej = Qj x Aj • Le flux varie de façon non linéaire avec la concentration d’une enzyme de la chaîne • Il tend asymptotiquement vers un maximum qui dépend des paramètres de toutes les enzymes
La théorie du contrôle métabolique : Le contrôle du flux : enzymes indépendantes Jmax ∂J Ei C =J Ei ∂Ei J Flux J 1 Ei = n ∑ j =1 1 Ej Qj ou Aj ou Ej = Qj x Aj • Le coefficient de contrôle mesure la variation relative du flux en réponse à une variation relative d’efficatité enzymatique. • Le contrôle qu’une enzyme exerce sur la chaîne dépend de l’ensemble des enzymes de la chaîne.
La théorie du contrôle métabolique : Le contrôle du flux : propriété de sommation 0≤C J Ej ≤1 ∑ n j =1 C J Ej =1 • Le contrôle est partagé entre toutes les enzymes de la chaîne. • La propriété de sommation est vraie également pour des systèmes branchés.
Validation expérimentale des prédictions de la théorie du contrôle métabolique : in vivo Kacser and Burns, 1981. Genetics 97:639
Validation expérimentale des prédictions de la TCM : reconstruction d’une chaîne métabolique in vitro Ces résultats ne sont pas encore publiés. Nous les diffuseront lorsque le manuscript sera so Julie Fievet et Gilles Curien
La théorie du contrôle métabolique en génétique et évolution Gènes Enzymes Flux Phénotype Caractère : flux J Gènes : enzymes allèle caractérisé par Aj paramètres cinétiques de la réaction cataclysée Qj concentration cellulaire de l’enzyme pj fréquence dans une population Paramètres non génétiques : S0 concentration en substrat initial Sn concentration en substrat final Kj,j+1 constantes d’équilibre de la réaction
La théorie du contrôle métabolique en génétique et évolution • Les flux sont reliés au phénotype et à la valeur sélective de l’individu • La théorie du contrôle métabolique fournit une relation simple entre la variation du phénotype (le flux) et la variation des paramètres génétiques des enzymes, activité et concentration.
La théorie du contrôle métabolique en génétique et évolution E1 E2 Ej Ej+1 En-1 En S0 S1 … Sj … Sn-1 Sn à l’état stationnaire : v1 = v2 = … = vj = … = vn = J Paramètres non génétiques (environnement) S S0 − n K J= 0,n 1 ∑ j =1 A Q n j j Constantes cinétiques de Ej Concentration cellulaire de Ej
Flux métaboliques et valeur sélective Dean et al, 1989 Taux croissance J Il existe une relation linéaire entre le flux de lactose et la vitesse de croissance en chémostat d’Escherichia coli
Variabilité génétique des paramètres cinétiques - Peu de données in vivo - Modérément variable Wang & Dykhuisen, 2001. Pathway of gluconate metabolism in E. coli. Evolution, 55:897.
Variabilité génétique des concentrations des enzymes IPG SDS Concentrations des enzymes de la glycolyse dans deux souches de levure fba1 40 qi CENPK 35 qi S288C 30 25 Julie Fiévet 20 15 10 5 0 I I H1 A1 PM K K1 O K1 DH K PG TP PG PY EN FB HX PF AD AP G G
Variations génétiques des quantités de protéines chez le maïs F1254 FxW W117 Additivité : ~ 80 % Dominance positive ~ 16 % Dominance négative ~ 4 %
La TCM : implications génétiques Pourquoi les mutations défavorables sont-elles récessives? Flux JAA JAa Kacser and Burns, 1981. The molecular basis of dominance Genetics 97:639 Jaa Génotype aa Aa AA Qi
“ Sélection naturelle de la neutralité sélective ” Hartl et al., 1985. Limits of adaptation: the evolution of selective neutrality. Genetics 111:655. J or w Asymétrie de Sélection Neutralité l’effet des mutations naturelle sélective Ei= Qi . Ai −δ +δ Pb : grandes valeurs de Qi ? Koehn, 1991. BJLS, 44:231
Constraints on enzyme concentration I – Total enzyme content 1- Space constraints Limited cell/organelle volume ⇒ crowding E. coli Goodsell,1992 Warner, 1999, TIBS, 24:437. - As much as 30–40% of the cytoplasmic volume is occupied by ribosomes. - The proteins represent 20% to 30% of the cell volume (120 to 300 mg.mL–1). Beyond: limitation of solubility and diffusion → aggregation or crystallization of proteins, lower diffusion of important metabolites (e.g. ATP, O2).
Constraints on enzyme concentration I – Total enzyme content 2- Energy constraints (ATP/GTP) The cost of maintaining the protein pool depends on Mr, turnover and concentration of the proteins. Proteins are expensive: 12 to 74 ATP/GTP per amino acid, ~ 5 per peptide bond (+ cost of tRNA and mRNA syntheses) → Maintaining protein pool would consume up to 45% of the ATP/GTP!
Natural selection to save ATP/GTP Cost Akashi and Gojobori, 2002. Metabolic efficiency and amino acid composition in the proteomes of Escherichia coli and Bacillus subtilis. PNAS, 99:3695
Constraints on enzyme concentration I – Total enzyme content 3- Resource constraints - Internal resources: elements of the transcription and translation machinery. Ex: ribosomes are limiting for gene expression in E. coli (Vind et al., 1993, 231:678.) - External resources (nitrogen, phosphate, etc.) are never unlimited.
Constraints on enzyme concentration I – Total enzyme content The cell must limit enzyme content allocated to a given pathway Proportion of the other enzymes n ∑Q i =1 i = Q Tot = Constant Redistribution coefficient (slope): αij = δQj /δQi =- Qj /(QTot- Qi) Proportion of enzyme k « Competition » between enzymes: concentrations are globally negatively correlated
Constraints on enzyme concentration II – Co-regulated enzymes PCA on 500 protein volumes along a maize leaf 2 1 Axe 1 : 32,6% Axe 2 : 24,9% Delphine Vincent & Michel Zivy, in prep. Physiological, positive or negative correlations
Metabolic control theory under constraint Two constraints on enzyme variation are considered, Co-regulation and/or competition Qj Q1 Independence Positive Q2 co-regulation Negative Q3 co-regulation, and/or competition Qi
Metabolic control theory under constraint Proportion of the other enzymes Co-regulation and competition Redistribution coefficient (slope): αij = δQj /δQi Can be positive or negative Proportion of enzyme k
La théorie du contrôle métabolique en présence de contraintes Quelle est la répartition optimale des concentrations des enzymes, cad la répartition qui maximise le flux ? ⇒ Lagrange’s multiplier ∂ J q*j Flux ∀ i, =0 ∀j, k, * = Ak ∂ Qi qk Aj Maximal flux Heinrich et al., 1991. Eur. J. Bioch. 201:1. ot Q T Optimal concentration Qi
La théorie du contrôle métabolique en présence de contraintes JOPT Flux J Concentration de l’enzyme j • Il existe une répartition des quantités d’enzymes qui maximise le flux • L’ensemble des points expérimentaux doivent se trouver sous la courbe rouge
Co-régulation et competition compétition Proportion des autres enzymes Proportion enzyme 2 Corégulation + compétition Proportion des autres enzymes Proportion enzyme 2 Proportion enzyme 2 •L’ensemble des points expérimentaux doivent se trouver sous la courbe rouge • A moyens (Qtot) constants, le flux maximal ne peut être atteint en présence de co-régulations
Co-régulation et competition : coefficient de réponse combiné ∂J/J J α ij qi ∑ j =1 n R = J = ∂ Qi / Qi XQTot Qi A j q 2j Coefficient de réponse combinée Enzyme trop peu abondante Enzyme en excès − ∞ ≤ R ≤ +∞ J Qj Proportion de l’enzyme i
Gabriel, Dillmann, Implications sélectives de la contrainte : Fievet, Bost, de assymétrie des coefficients de sélection Vienne, in prep Flux Jm(+) Jw Le coefficient de sélection s mesure l’avantage relatif des Jm(-) individus ayant la plus forte valeur sélective δ -δ Proportion de l’enzyme
Gabriel, Dillmann, Implications sélectives de la contrainte : Fievet, Bost, de assymétrie des coefficients de sélection Vienne, in prep Flux δ R qw J Jm(+) s+ = 1 + δ R qw J Jw s − = − δ R qw J Jm(-) La sélection est plus efficace pour éliminer une mutation défavorable que pour fixer une mutation favorable δ -δ Proportion de l’enzyme
Implications sélectives de la contrainte contre-sélection des concentrations extrêmes Flux Jm(-x) Jm(+x) La sélection est plus efficace pour diminuer la quantité d’une enzyme en excès que pour Jw augmenter la quantité d’une enzyme en déficit + 10% - 10% Proportion de l’enzyme
Implications sélectives de la contrainte Scénarios évolutifs Suppression des corégulations corégulation Proportion de l’enzyme
Conclusions • La TCM, avec ou sans contraintes, est un modèle robuste pour prédire les variations de flux (phénotype) à partir des variations des concentrations des enzymes (génotype) • Elle permet d’expliquer des phénomènes génétique connus (dominance, hétérosis) • Elle permet de proposer des scénarios évolutifs pour les enzymes et les flux • Les prédictions sont fortement dépendantes de la nature des contraintes sur les concentrations des enzymes
Questions o Quelle est l’étendue de la variation des quantités des enzymes d’une même chaîne métabolique dans les populations naturelles ? o Les enzymes d’une même chaîne métabolique sont-elles co-régulées ?
Christine Dillmann Julie Fiévet Sébastien Lion Frédéric Gabriel Gilles Curien Bruno Bost CNRS, Grenoble
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