Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice - Mercenaire

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Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice - Mercenaire
PRESENTATION

          Pauline Klein
          Ecrivain, Directrice Artistique,
          Narratrice, Consultante Mode
          & Conceptrice

          Pauline Klein est née en 1976 à Paris.
          Elle fait des études de philosophie et d’esthétique à la
          Sorbonne, avant d’entrer à la Saint Martin’s School à
          Londres.
          Elle débute sa carrière professionnelle dans le milieu de
          l’art contemporain, d’abord chez Anthony d’Offay à
          Londres, puis à New York, dans une galerie spécialisée
          dans les œuvres d’Andy Warhol. En 2001, elle revient en
          France où elle travaille à la galerie du jour auprès d’Agnès
          b., chez Sonia Rykiel avec qui elle développe les projets
          culturels de la maison, puis en tant que directrice artistique
          chez Maison Martin Margiela.

          Son premier roman : Alice Kahn est publié aux éditions
          Allia en 2010, et reçoit les Prix Fénéon et Murat, « un
          roman Français pour l’Italie ».
          En 2012, Fermer l’œil de la nuit est édité aux éditions Allia.
          En, février 2017 elle publie son troisième roman, Les
          souhaits ridicules, aux éditions Allia.
Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice - Mercenaire
ROMANS PUBLIÉS À CE JOUR

“Je mettrai de la lumière sur ce qu’elle a de beau, et de l’ombre sur ce qu’il faut cacher. Je suivrai de près le désir de William pour qu’elle devienne à
son image. Et s’il n’arrive pas à l’aimer, c’est qu’elle ne tient pas debout, c’est qu’il faudra recommencer, regarder ailleurs, dessiner une autre forme,
et tant pis pour elle, elle ne nous regardera plus, ni lui, ni moi.”
Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice - Mercenaire
TITRES ET TEXTES POUR LES COLLECTIONS DE NATACHA RAMSAY-LEVI POUR CHLOÉ
                                                                       PRINTEMPS - ETE 2018
                                                                            "A play of selves"

                                                                                        « Seules les traces font rêver » René Char

                                              Laisser filtrer l’esprit de la Maison. Marcher             sur   cette   constellation
                                              vertigineuse de formes, d’images et de souvenirs.

                                              Chaque silhouette porte en elle la condition de possibilité de la suivante,
                                              chaque femme, sa singularité. Chaque passage, sa métamorphose à venir, tissé
                                              de ce dialogue avec ce qui l’a précédé : beautés antiques, myriade de fils
                                              invisibles reliant des souvenirs comme une dentelle. Traces du beau
                                              superposées comme un collage.

                                              Une robe victorienne immaculée aux effets d’antan, muant en blouse fluide,
                                              oblitérée et brodée ; héritage du matériel devenu spirituel.

                                              Linge ancien, lin vieilli, ramifiés ans l’instant présent. Terrien et organique.

                                              Ses couleurs lui venaient d’Égypte. Déclinaisons de blancs et teintes mineures de
                                              rouge, terre cuite, rose, or et argent, couleurs nées d’orages ou de lumières
                                              lointaines.

                                              Robes picturales teintées d’ésotérisme, traces du sacré dessinant                  leur
                                              mouvement dans un imaginaire archaïque. La dimension cachée du vêtement.

                                              Lune, ventre, seins et mains, totems liés comme des amulettes découvertes dans le
                                              sable. Fusion des forces de la nature, symboles de fécondité, déesses ou femmes
                                              viragos. Récurrence du O, l’œil-lettre de Chloé, en boucle, anneau, tracé infini
                                              cousu à la place du cœur.

                                              Des robes florales attentives aux sensations du corps, jeux incessants de
                                              combinaisons libres et fluides.

                                              Le moment présent est poussé dans ses retranchements. Femme cavalière, femme
                                              musicienne, femme au seuil de ce mélange fait de hasards et d’apparitions
                                              spontanées. Python, petits chevaux brodés, cuir craquelé, brillances fluides.
                                              Couleurs brûlantes consumant la douceur.

                                              Et l’assemblage du masculin et du féminin, silhouette immuable d’un tailleur
                                              hiératique sur un déshabillé en soie incrustée de dentelle.

                                              Magie écaillée de robes muséales passées du dedans au dehors. Strates du passé
                                              rebrodées, sédiments de souvenirs aux couleurs du temps. Humble préciosité
                                              entremêlée de sequins et de dentelles métalliques.

                                              L’empreinte fragile d’un temps passé soudain réinvestit.
Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice - Mercenaire
Automne Hiver 2018

L’allure  comme    enveloppe d’une vie intérieure. Le vêtement
comme première participation au monde. Découvrir un personnage
traversé par des transformations psychiques, rendre compte de ses
introspections changeantes.    Le  costume  donne   corps   à   un
entre-monde    qui   fait   communiquer réel et imaginaire, des
représentations reliées entre elles comme      un   portrait.   Un
kaléidoscope d’images et d’apparitions qui questionne la notion de
modèle.

D’abord, l’échantillon d’une société bourgeoise, une idée du
classicisme français dont on décèle, en pointillé, les désirs
réfrénés dans l’ouverture évocatrice d’une blouse, d’un col
ouvert    comme     une    confidence.    Les   jupes    plissées  et
déconstruites d’une femme pensive dévoilent une vie intérieure
érotisée, des variations de robes-chemises en crêpe de Chine, en
soie, portent le mouvement et la fluidité d’une sensualité
dominante,      leurs     couleurs      terriennes     et     presque
indiscernables leur donnent l’intensité ambiguë d’un mouvement
perçu dans     l’ombre.  Des   apparitions   morcelées    de  chevaux
façonnent l’imaginaire de la maison. Les chemises se fondent dans des
imprimés 70 aux lignes brisées. Le long de robes aux incrustations de
dentelle, des broderies folkloriques s’agglomèrent comme un tissage
inconscient. Et sur des talons, des symboles romantiques sont forgés
comme une boîte à secrets.

Viennent la métamorphose et l’appropriation du désir comme une
force. La    puissance    émancipatrice  du   rêve,  la  périlleuse
incarnation   du   fantasme et sa persistance. Les intentions sont
décelées sous des mailles ajourées, le costume domestiqué est
entouré d’une aura de désirs restitués comme un mystère. Les
pantalons   donnent    l’illusion  d’une  rigueur   aux  penchants
nonchalants. Le tailleur protocolaire se structure autour des
codes archaïques auxquels il renvoie, sur des pulls en lurex, ou
des brassières qui détournent le regard. Au détour d’un manteau
ou d’une veste, des métalleries harnachées scellent l’allure
comme une énigme.

Émerge une femme magnétique au destin sinueux. L’envoûtement mêlé
de douceur dans le miroitement de sequins brodés sur des
robes médiévales, robes fendues et retenues par des anneaux
comme    une  promesse sans cesse renouvelée, robes tissées
d’ornements baroques, de bracelets articulés et figés sur des
manches arrondies. Des féminités, des amulettes, la lettre « C »
enchaînée en tour de cou, font éclore le culte de cette féminité
habitée.
Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice - Mercenaire
PRINTEMPS été 2019

               "Hippie modernism"

La collection printemps-été 2019 de natacha ramsay-levi
invoque le raffinement subliminal D’UN été en méditerranée.

Traversée terrienne baignée de lumières, elle est marquée
par les empreintes hippies de la contre-culture, et vibre aux
sons du souvenir de mondes utopiques, d’une énergie
solaire.

Chacune des silhouettes est inspirée de personnages
féminins libres, connectés à ce qui les entoure. Le vêtement
est un assemblage spontané de textures et de matières
anciennes, jacquard de soies, de tapisseries, imprimés
cashmere, franges, lin plissé, comme autant de surcharges
sensorielles    et   instinctives.   Les   couleurs    muent
progressivement    de   teintes   psychédéliques   –  orange
flamboyant, Terracotta, indigo, VERS DES blancs délavés ET
dégradés. Dans la lumière d’un coucher de soleil, des mains à
contre-jour dessinent un symbole de féminité sacrée.

Des ceintures paréo ou en soie torsadées s’ajustent sur des
jupes floues et des pantalons en biais évasés. Blouses
Plissées, mailles Aériennes, soies froncées évoquent
L’EMPREINTE de la main sur la matière Et Prolongent la
fluidité de l’allure.

DES BRODERIES DE galets et de COQUILLAGES ornent des robes
de cariatides comme des TROUVAILLES D’été. Amulettes et
symboles de féminité illuminent la silhouette de leur esprit
totémique.

Des sandales plates, à boucle ou nouées, côtoient des mules
aux lignes graphiques, en cuir imprimé CROCO OU jacquard. Le
sac « chloé » scellé par un fermoir « C » est décliné dans un
petit format carré, trapèze ou dans une version ceinturée. LE
« TESS », dans un Dégradé de veau velours. Pour ses dix ans,
le « MARCIE » est présenté sur le défilé dans un cuir embossé
façon croco.
Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice - Mercenaire
COLLECTION AUTOMNE HIVER 2019

           "Love, rage and commitment"

Traversée épique au sein d’une nature Impérieuse,

 la collection Chloé Automne Hiver 2019 de Natacha Ramsay-
Levi est une marche engagée dans des paysages féériques. A
travers des forêts romantiques, le long de mers légendaires,
c’est une pionnière qui habite ce voyage infini. Territoires
volatiles et aurores boréales sillonnés par un cœur
tumultueux.

Manteau    d’expédition,     veste   en    tweed   matelassée,
tailleur  d’officier    en   prince-de-Galles    jalonné    de
boutons    dorés     et    bombers    satiné réinventent   les
archétypes hivernaux d’une chef de clan. Une veste
d’amazone aristocratique régente une allure impulsive. Des
amoureux     dans     un    décor    de    nature    fantasmée
imprègnent des robes Aériennes.

Une  robe   en   toile  de  Jouy Highland     illustre une
épopée onirique. Un caban marin, une canadienne glacée
comme   une   nageoire,  une   cape   en   crêpe de laine
évoquent une chevauchée de territoires amoureux.

Une nature solennelle saturée de couleurs profondes et
délavées fait résonner des nuances de soleil d’hiver, terre
de    sienne,    blancs     d’écume    et    des     matières
ruisselantes. Une chorégraphie d’éléments teinte d’un
bleu profond un pull étale laminé, gorge les manches
d’un  chemisier   en   dentelles écumeuses     aux horizons
brodés de « C ». Face au vent hivernal, une jupe à la
sensualité volcanique est nouée dans un geste instinctif.

Des   jacquards    de   satin   imprimés   de    nymphoides
évoquent    le récif  d’un conte aquatique, des robes
d’Aphrodite marines en côte de maille lurex, des filets d’or
pourpré. Robes boudoir, robes ondulatoires en velours
dévoré,   jupe  houleuse,  lingerie  candide   et dentelles
incrustées de roses en éclosion, annoncent une féérie
nocturne.

Un sac de jour en cuir scelle l’allure comme une
enveloppe cadenassée. Des colliers-mirages, bracelets en
résine      nacrée      et       trouvailles    océaniques
convoquent les souvenirs marins d’amoureux aimantés.
Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice - Mercenaire
LIVRES EN ÉDITIONS LIMITÉES PUBLIÉS À L’OCCASION DE LA PREMIÈRE COLLECTION DE NATACHA RAMSAY-LEVI POUR
                          CHLOÉ ET ILLUSTRÉS PAR LES PHOTOS DE STEVEN MEISEL.

  CINQ HISTOIRES IMAGINÉES POUR CINQ VILLES DU MONDE PRÉSENTANT LA COLLECTION EN AVANT-PREMIÈRE.
Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice - Mercenaire
Chloé

                                                        C'est une petite foule qui ne cesse d'avancer en se constituant, un
                                                     puzzle de souvenirs et de portraits, d'identités éparses dont on ne            Et enfin, écrire sa propre histoire pour se
                                                     perçoit d'abord que la chair. De cette chair, de cette allure émane la         l'entendre dire, à la frontière ténue entre
                                                     spiritualité qui racontera leur histoire.                                      fictions et souvenirs.
                                                        Notre regard surplombe leur passage incessant, derrière elles
                                                     leurs reflets s'évaporent dans une nuée de couleurs denses muant                 Des histoires qui se transformeront en
                                                     dans des effluves troubles. Identités imaginaires et enchantées,               légendes, en mythes, le long de marches
                                                     faites d'huma­nités et de divinités, leurs silhouettes agissent comme          franchies pour segmenter la vie. Dans leur
Au DÉBUT, on est toujours loin. Loin du              une révélation. En les regardant toutes, puis tour à tour, nous                multiplicité, ces femmes passantes s'agrègent
monde et de ses représentations, loin de soi ou      mettons en lumière cette gelée transparente qui compose une                    dans des images qui se construisent hors
des autres. Puis vient ce moment éphémère et         histoire, ces fils invisibles qui nous relient tous.                           champ. À la lisière de croyances et de
précieux, où il faut faire le premier pas. Dans         Être ici. Et céder sa place à l'histoire suivante. Céder la place à l'au-   réalités. L'une d'entre elles, la plus essentielle,
ce pas, il y a déjà l'avenir de notre déploiement    delà. Pour dévoiler une féminité à venir, une féminité recouvrée, mais         dira le désir de ce rituel initiatique, elle nous
encore recroquevillé sur lui-même. C'est dans        tout de même impossible à dire. Tenter de saisir, dans la vitesse de ce        prendra la main et nous marcherons dans ses
ce mouvement, au seuil de ce qui va avoir lieu       mouvement, l'instant présent, le lieu d'où on ne parle pas.                    pas avec l'intuition profonde que le premier est
que se dessine leur avenir. Dans le trop-plein          C'est toujours ici et maintenant, sur ces chemins gravis comme              déjà presque une destination. Ne rien savoir
de l'instant présent, figées dans une image qui      des marches de pierre, que ces femmes hantées par leur propre suite            d'elle, c'est déjà la connaître.
ne leur correspond pas, elles ne sont plus tout à    se sont inventées.
fait elles-mêmes. Il leur faut ce mouvement             Faire se coïncider les pas que nous franchissons et leur destination,
érectile, cette distance à combler. Ces femmes       les regards que nous portons et l'objet de nos réflexions, traverser des
marchent. Chacune d'elles contient la possibi­lité   cadres, les fuir, y retour­ner, fouler des territoires sur lesquels d'autres
de la suivante.                                      que nous ont marqué leurs empreintes. S'inspirer de leurs pas sans taire
                                                     les impasses, les lacunes, dans le passage du réel au récit.
Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice - Mercenaire
TEXTES ET DIRECTION ARTISTIQUE POUR LA LIGNE 12, COLLECTION DE JOAILLERIE DE MMM
Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice - Mercenaire
CONCEPT DE VITRINE CHEZ COLETTE POUR LE LANCEMENT DE LA COLLECTION DE JOAILLERIE DE MMM
L’AGENCE

TEXTE PERSONNEL

C’est une agence de communication pour laquelle j’écris des textes de tendances, des notes stratégiques
pour des marques de parfums, de joaillerie, de montres… Il faut raconter la marque, parler d’aspérités,
trancher entre la « valise-amie » et « la valise-confidente », il faut raconter la femme Lancôme, mettre en
lumière ses paradoxes, et ses milles vies, tout cela est teinté d’humour bien sûr.

Nous ne sommes pas là pour parler pour ne rien dire, mais bien pour créer du sens et je me rends à
l’agence, environ deux fois par semaine, dans une constante gaieté, pour y faire des points.
À l’intérieur de ce grand cube blanc et noir trop éclairé, nous glissons, du haut de nos chaises à roulettes,
les pieds suspendus au-dessus d’un parquet peint en gris pour l’occasion.
Nous ne travaillons pas, mais dépensons une énergie sans faille pour créer une ambiance qui nous
divertisse de ce que nous faisons là, nous pointant devant le bureau des uns des autres pour nous
empêcher de faire quoi que ce soit, fabriquant des urgences impossibles à tenir, des querelles légères et
sans conséquence.

Il est de bon ton d’ironiser sur le brief des clients, d’imiter leur langage absurde, leur vocabulaire
consensuel dont nous nous posons tout de même chaque fois la question de savoir s’ils en sont dupes ou
pas : chercher l’effet waouh, être audacieux, aller plus loin, rassurer le client… tous ces termes dont je me
suis demandé chaque fois, dans la torpeur des minutes suivant les prez, d’où ils avaient émergés.
A quel moment de l’histoire, ces désirs fallacieux et sans fondement, ces mots décrochés du réel, planant
comme une mauvaise odeur dont on ne sait trop d’où elle provient ( comme on cherche qui sent comme
ça, dans le métro ), avaient été inventés pour nourrir des rendez-vous, des calls, des projets, dans un infini
va et vient.
TEXTES ET DIRECTION ARTISTIQUE POUR JEM - JEWELLERY ETHICALLY MINDED
FEUILLETON RADIOGRAPHIQUE POUR FIP

Elle est montée, et je n’ai plus entendu que le bruit de nos deux silences parallèles. Après, il y a eu l’odeur, celle d’un corps étranger, elle sentait l’animal
sauvage. Puis son regard sur ma droite. Je l’ai sentie se poser comme un insecte sur mes genoux, sur mes mains qui accrochaient le volant comme un rocher.
Elle observait ce qu’elle pouvait observer de mon corps, là où j’avais déjà aperçue le sien en entier, de loin, planté comme un panneau sur le bord de la route,
elle tenait entre ses mains un message qui m’était un peu destiné.

J’avais les yeux fixés sur le pare brise sans arriver à passer au travers. Derrière la vitre, la saleté, les éclats de boue et de poussières, des traces de temps que
les essuies glasses avaient tenter de balayer. La route devant se dessinait comme après un orage, et la radio s’est remise à marcher, pile à ce moment là.
Ce n’est pas nous qui sommes parties, c’est la route qui s’est mise à avancer, comme quand c’est le train d’à côté qui part.

« On s’arrêtera quand on s’arrêtera », j›ai dit comme ça, comme pour faire joli, et bien sur elle a sourit, parce que ce n’était pas une question, c’était une
chaine de mots sous entendus.
Elle a collé son appareil contre sa joue. Moi des photos je n’en faisais jamais j’ai dit, en jetant un œil sur son profil gauche. « Et les souvenirs ? »
Les souvenirs je m’en chargeais.
« Oui » Elle pouvait me prendre, juste le profil droit alors, avec le flou de la route qui défile derrière, je suis le seul paysage fixe du voyage.

J’ai dit que je trouvais que les images devaient rester graver sans être imprimées, qu’elle ne devaient exister que dans la mémoire, que la mémoire était une
matière. Elle a répondu que les hasards que saisissaient l’appareil photo disaient d’autres choses sur le temps et l’espace, qu’elle le mettait entre le monde
et elle, entre l’extérieur et l’intérieur, qu’elle ne supportait pas les souvenirs sans filtres, qu’elle ne supportait pas le plein air, qu’il fallait découper l’air plein
pour le documenter, et elle pointait son objectif hors de la vitre en me parlant, j’accélérais ou ralentissais, pour arranger sa lumière, flouter l’image ou la
rendre plus nette ; Et je me demandais, en regardant son dos courbé vers la fenêtre, si elle et moi nous faisions le même voyage.

      Mon champ à moi était plein de ces taches que la route avait laissées, des traces de temps, comme des brulures sur une pellicule.
      Tout ce qu’elle prenait n’existait déjà plus. Une photo est toujours celle d’une chose qui n’existe déjà plus.
      Moi ce qui me plaisait, c’était nous en train de passer sur cette route, cette fille et son œil visant, la voiture comme un vaisseau filant dans l’espace et
      le temps au point de l’empêcher d’attraper l’instant, et l’attente. Le moment présent après lequel elle court, l’instant qu’elle doit sans cesse précéder,
      pour que le hasard de l’image qui advient, une seconde avant que son doigt n’appuie, décide lui, d’être retenu ou pas.

      Je fixais la tâche en haut à gauche sur le pare brise, une tache brune et terreuse qui atténuait la lumière, je ne fixais plus que ce filtre là lorsque j’ai
      entendu sa voix « arrête toi ! » Puis je n’ai plus vue que le tronc d’un arbre en gros plan, son écorce vive, comme un reptile. Nous sommes descendues,
      la voiture fumait comme un four, et une voix, une voix dont on n’arrivait pas à dire si c’était celle d’une jeune fille ou d’un jeune homme a dit « vous
      êtes folles », « vous êtes deux folles ».
      Elle s’est approchée avec son appareil photo, et elle l’a pris. Il était là, allongé par terre, le corps étendu comme s’il faisait la sieste,les yeux mi-clos, il
      avait l’air heureux…« Ne me prend pas comme ça Ania » il a dit.
      « Je te couperait » lui a t elle répondu en souriant.

      Puis elle a tourné le visage vers moi, et j’ai aperçu, dessiné sur son profile droit, ce qu’elle tentait sans doute de cacher avec son appareil, une tache
      brune et granuleuse qui s’étendait sur sa joue, sa tempe et sa paupière comme sur un territoire occupé, une brulure, qu’elle a dévoilé en me disant, que
      oui, au fait, elle s’appelait Ania.
DIALOGUES IMAGINÉS POUR LES SACS EMBLÉMATIQUES DE JEROME DREYFUSS

PASCAL                                                                                           BOBI

             -    Tu le trouves comment Pascal, sincèrement ?                                      -   En fait, je crois que ce que j’aime c’est son côté un peu sauvage…
             -    Physiquement ?                                                                   -   Quoi à Bobi ?
             -    Oui.                                                                             -   Oui.
             -    Bien. Très bien pourquoi ?                                                       -   Il est pas du tout sauvage, tu rigoles…
             -    Moi je le trouve rouillé en ce moment.                                           -   Si… Son regard, je sais pas…
             -    Ben dis lui d’aller faire du sport.                                              -   Oui, son fameux regard de léopard ?
             -    Ok, donc tu le trouves gros.                                                     -   Oui.
             -    Mais non, c’est toi qui dit qu’il est rouillé                                    -   Oui, je vois. Tout à fait. Bobi il a un vrai regard de léopard.
             -    Enfin tu trouves qu’il devrait faire de sport…                                   -   Je sais même pas pourquoi je t’en parle, tu le connais pas.
             -    Non, mais bon. En attendant il rouille.                                          -   Peut être, mais il a pas un regard de Léopard en tout cas.
                                                                                                   -   T’es jalouse.
IGOR                                                                                               -   Voilà.

             -    Moi je le trouve sympa cet Igor…
             -    Je sais pas…                                                                   BENJAMIN
             -    Bon, après, il est spécial.
             -    Tu trouves ? Genre quoi ?                                                        -   Il est parfait Benjamin en fait.
             -    Je sais pas. Tu sais jamais trop avec lui.                                       -   Ben cool.
             -    Mais genre quoi ?                                                                -   Y ‘a juste un truc…
             -    Je sais pas… Il est ambigu je trouve.                                            -   Quoi ?
             -    Genre ?                                                                          -   Il est toujours en train de mâchouiller.
             -    Tu sens qu’il est pas fiable, qu’il dit bleu…                                    -   Ah ça c’est hyper agaçant.
             -    Et il pense autre chose…                                                         -   Comme s’il mastiquait du vent quoi… Tu vois ?
             -    Oui, voilà, exactement.                                                          -   Ah oui, c’est horrible ça.
             -    Il a un côté Patchwork en fait…                                                  -   Pas « horrible » mais bon…
                                                                                                   -   Enfin, il est pas parfait du coup…
                                                                                                   -   Si. A part ça en fait.
BENJI

         -       Benji ? Tu plaisantes, c’est un amour. Ah non c’est un amour. Ah mais vraiment. Jamais un mot plus haut que l’autre, hyper concilient.
         -       Ah ben cool… La perle rare quoi.
         -       Bon, après, je dis pas qu’il a pas des défauts ou quoi hein.
         -       Non bien sur tu dis pas.
         -       Mais à la base, c’est une crème.
DOSSIER DE PRESSE POUR L’AIR DU TEMPS DE NINA RICCI

                                           LES AILES D’UN INSTANT

                  06h01 - Ici, l’aube dévoilée dans un battement de paupière au lever du jour.

                      12h02 - Le zénith, hissé comme un oiseau au plus haut point du ciel.

                        18h27 - Là, le crépuscule, saisi au vol dans un battement d’ailes.

      C’est parce qu’il est insaisissable que l’instant est précieux. Éternel recommencement dont L’Air du
       Temps tente de capter le murmure et l’éclat. Un parfum qui, depuis sa création en 1948, n’en finit
       de saisir l’esprit de son temps, la féminité chaque fois renouvelée, vive, sensuelle et légère telle un
                                oiseau, et la liberté de l’instant éphémère, singulier.
       La lumière capturée dans un flacon. Pour la première fois dans l’histoire de L’Air du Temps, Nina
      Ricci crée une collection de trois parfums qui rendent hommage à la fragrance solaire originelle et
       invitent à la redécouvrir sous de nouveaux sillages. La blancheur de l’aube, le zénith étincelant, la
         douceur du crépuscule. Le temps de cette édition unique, le maître-parfumeur Calice Becker
        compose le lever et les dernières lueurs du jour, le photographe Thomas Lohr saisit les instants
       touchants et fugaces, et l’atelier Lemarié habille de plumes légères et entrelacées les colombes du
                                                    flacon iconique.
                                         Nouvelle ode à l’éternelle féminité.

                                               CONCLUSION
                  06h10 - L’aube dans son absolue nudité, dévoilée comme une première fois.

                12h04 - Le zénith comme une apparition, révélant l’éclat du jour à son sommet.

                         18h36 – Le crépuscule, caressant comme un battement d’ailes.

         Se poser sur des ailes qui volent la mesure au temps, et se laisser traverser par l’insaisissable.
INGRÉDIENTS

                                                                         L’Aube

Auteur de cette collection, Calice Becker est parti de la fragrance originelle de l’Air du temps pour en décliner une version unique, dont la lumière et le
  jus viennent symboliser l’aube : au cœur de ce parfum intime aux facettes ambrées comme le parfum iconique qui l’a inspiré, des notes poudrées et
féminines. Calice Becker a également réutilisé la rose blanche, cœur floral de L’Air du Temps, en la rendant légèrement épicée, grâce à l’extrait d’iris et
                                                                    aux graines d’ambrette.
         Des notes tendres qui se lient à celles, plus pétillantes, de l’ambre blanche, du patchouli, et à la luminosité des graines de poivre rose.

  Un fondu enchaîné sensuel et pétillant, qui offre une sensation plurielle, se déploie sur la peau, tel le passage de la fraîcheur de l’aube à la chaleur
                                                                     ascendante.

                                                                        Le Zénith

     L’Air du Temps est une composition révolutionnaire. Solaire et lumineuse. Un parfum mythique depuis sa naissance. Une brassée de fleurs
                                      éblouissantes et dorées évoquant le printemps éternel, l’essence de la féminité,
                                                  et l’intensité de l’éclat si particulier de la lueur zénithale.
   L’œillet frais, légèrement âpre, lui donne une note singulière, le premier de la famille des fleuris épicés dans l’histoire de la haute parfumerie. Un
                        mélange qui privilégie les essences naturelles de rose, d’iris de jasmin et de santal, qui permet à la fragrance
                                                de conserver la brillance et la luminosité qui la caractérisent.
                        Une lumière portée à son apogée, qui cerne cet instant unique comme la femme qu’elle incarne chaque fois.

                                                                     Le Crépuscule

 Pour réinterpréter cette fragrance iconique en lui donnant une teinte crépusculaire, Calice Becker s’est inspirée de fleurs à l’intensité charismatique,
                         comme celles que composent l’Air du Temps. Créant ainsi une déclinaison de l’emblématique parfum,
                                                      dans une version inspirant la tombée de la nuit.
Belle de nuit ou Mirabilis est une fleur qui s’ouvre le soir et se referme le jour. A son intensité éminemment féminine, fidèle à la fragrance originelle de
l’Air du temps, se mêle l’odeur diffuse du salicylate, évoquant l’eau d’une rivière. Des notes enveloppantes de gousse de vanille liées à la radiance de l’
                                Ylang Ylang, un des ingrédients phare de l’Air du temps, suggèrent pour cette fragrance,
                                                                l’odeur du soir et de l’humidité.
                                             Un parfum détouré comme une image, un instant photographié.
Les notes de cœur, de tête et de fond recréent sur la peau cette sensation tactile de la tombée du jour. Un parfum travaillé comme une trace mnésique,
                                             une impression sensuelle, celle du crépuscule qui ouvre les sens.
1891) empathique, dessiné               père élevait des cochons, que
              à petites phrases fortement             Luce Lemay vit sa nouvelle
VIE           métaphoriques, du plus                  existence, après être sorti de
ARDIN         miséreux, du plus solitaire,            prison. Luce a tué un bébé avec
 6 euros.
 u
              du plus abandonné de tous
              les compositeurs de musique.
              Qui toute sa vie hésita entre
                                                      sa bagnole, après un braquage.
                                                      Avec son pote Junior, il essaie
                                                      de filer droit. Mais comme il est
                                                                                                                                                            PRESSE
                                                                                                                                                                     LIVRES
ne vie »,     mélancolie et désespoir,                tombé amoureux de Charlene,
 e            protestation et renoncement.            les rednecks du coin le prennent
parcours      S’ennuya énormément. Fut sale.                                                                                                                                                         178
                                                      en grippe. Ça déraille vite, et ça
  le biais    Eut faim. Obligé de boire et            bastonne… Joe Meno, critique
cun sur       d’écrire « Trois Morceaux en            musical à « Punk Planet » et                                                                                                                                                              L’ÉTÉ DE LA VIE, par JM Coetzee
 tre          forme de poire » pour se nourrir.
nture de                                              auteur de BD, a un style direct,                                                                                                                                                          Troisième volet de son autobiographie fictive, L’Été de la vie
              N’ouvrait pas les lettres qu’on lui                                                                                                                                                                                               repose sur le postulat futé de l’autoportrait en creux, dit par
  la                                                  ironique, avec un certain goût                                                                                                                                                            les autres. Après la mort (imaginaire) de l’écrivain nobélisé
              envoyait, mais ne cessait d’en          de l’absurde. C’est très plaisant            Diego Rivera au Mexique,                                                                                                                     JM Coetzee, un universitaire va à la rencontre de tous les
 iaux qu’il   écrire. Toujours le même,               à lire, avec des rafales de                  Maïakovski (en 1925, photo)                                                                                                                  êtres qui ont compté dans la vie de l’auteur sud-africain
              « un peu con, si j’ose dire ».                                                                                                                                                                                                    pour les interroger sur leurs rapports avec le disparu. Via
                                                      violence inattendues.                        découvre l’American way of life                                                                                                              cinq témoignages tour à tour drôles et poignants, Coetzee
              Désopilant, seul compositeur            FRANÇOIS FORESTIER                           en 1925 : Detroit, où « le système                                                                                                           livre le puzzle parfois contradictoire, souvent cohérent,
              de l’histoire à l’être vraiment,                                                     fordiste rend les ouvriers                                                                                                                   forcément complexe, d’un être dans son rapport aux autres
              entre deux sanglots.                                                                                                                                                                                                              et signe un magnifique manifeste pour une identité
                                                                                                   impuissants ». Chicago et ses
              JACQUES DRILLON                                    C HRONIQUE S                      abattoirs. New York, où les
                                                                                                                                                                                                                                                plurielle, qui nous échappe constamment. Lire le premier
                                                                                                                                                                                                                                                                                    témoignage, drôlissime et
                                                                                                   quartiers pauvres sont « plus                                                                                                                                                    hyper autodépréciatif :
                                                      MA DÉCOUVERTE DE                                                                                                                                                                                                              d’après Julia, femme
                           ROM A N                    L’AMÉRIQUE
                                                                                                   sales encore qu’à Minsk ».
                                                                                                   On y croise des gens venus
                                                                                                                                                                                                                                                                                    mariée avec qui il aurait eu
                                                                                                                                                                                                                                                                                    une aventure, JM Coetzee
                                                      PAR VLADIMIR MAÏAKOVSKI,                     de partout. « Ce tableau est                                                                                                                                                     est un être à la limite de
              LES SOUHAITS RIDICULES                                                                                                                                                               ALICE KAHN, de Pauline Klein
                                                      TRADUIT DU RUSSE PAR                         énigmatique, note le poète                                                                                                                                                       l’autisme et pas un très
              PAR PAULINE KLEIN                                                                                                                                                                    C’est un premier roman bizarre qui
                                                                                                                                                                                                                                                                                    bon coup au lit. On
                                                      LAURENCE FOULON                              russe. Qui sont les Américains,                                                                 dit l’étrangeté de ne jamais être tout
              Allia, 128 p., 7 euros.                                                                                                                                                              à fait soi, à travers une narratrice qui                                         connaît peu d’écrivains qui
                          « Rouvrir, comme            Le Sonneur, 152 p., 16,50 euros.             à proprement parler, et combien                                    joue à être une autre, prend la place d’une autre, essaie                                                     auraient l’humour de se
                                                                En ce temps-là, on                                                                                                                                                                                                  présenter de cette façon.
              dans un conte, le vertige des                                                        d’entre eux le sont à cent pour                                    d’épouser à force de fringues et d’attitudes ce que serait cette
                                                                                                                                                                                                                                                                                    Editions du Seuil.
                                                      pouvait passer du Mexique                    cent ? » Ses chroniques, acides                                    autre dans les yeux du garçon qu’elle rencontre. Car ce court
              possibles. » C’est le cœur du                                                                                                                           roman évanescent commence par une méprise : la narratrice se                                                  Traduction de l’anglais par
              troisième roman de Pauline              aux Etats-Unis, « en tant que                et curieuses, sont enfin traduites                                 fait passer pour l’autre, celle qu’un garçon attend sans vraiment                                             Catherine Lauga du Plessis.
              Klein (photo), dont la distance         touriste, pour six mois, contre              en français. Et avec une belle                                     la connaître à la terrasse d’un café. Et si être une femme,
                                                      une caution de 500 dollars ».                préface de Colum McCann.                                           c’était forcément être une autre ? Cette autre que les hommes
              ironique avec la réalité fait le                                                                                                                        désirent, que la société adoube, que la mode désigne ? En
              charme irrésistible de son              Après avoir rencontré                        GRÉGOIRE LEMÉNAGER                                                 mettant en scène avec humour et poésie ces questions, via une
              écriture. La narratrice, à l’étroit                                                                                                                     héroïne à l’identité effilochée mais toujours bien campée sur
 .            dans les contraintes de l’âge
                                                                                                                                                                      ses talons vertige, Pauline Klein signe un premier texte
                                                                                                                                                                      troublant, drôle et intelligent. Editions Allia.
 lorsque      adulte – mari, enfants, carrière –                                        LE POCHE
 ui,          aspire à retrouver les territoires
me qui
 réel.
 , Marc
                                                                   L’impossible                                                                                             Et si être une FEMME, c’était forcément être une autre ?
                                                                                                                                                                         Cette autre que les hommes désirent, que la société adoube,
                                                                                                                                                                          que la MODE désigne…, se demande PAULINE KLEIN.
 leaux
ortrait
ré par
                                                                  Monsieur Mémé                                                                                       QUE FONT LES RENNES APRÈS NOËL ?, d’Olivia Rosenthal
                                                                                                                                                                      Entre l’essai et le roman, écrit tout en fragments, Que font les rennes
                                                      MÉMÉ, PAR PHILIPPE TORRETON, J’AI LU, 142 P., 6,50 EUROS.                                                       après Noël ? interroge avec autant d’humour, de légèreté que de
                                                                                                                                                                      profondeur, notre condition d’humain liée à celle des animaux.
                                                                                                                                                                      Nous aimons les animaux ? Nous voulons un chien ou un chat ? A                                          LA VIE EST BRÈVE
                                                                                                                                                                      travers notre rapport aux bêtes (qu’on tue, dresse, torture aussi…),                                    ET LE DÉSIR SANS FIN,
                                                                                                                                                                      Olivia Rosenthal raconte en miroir nos rapports inter-humains.
                                                                 Philippe Torreton adore sa grand-mère,                                                               Et si nous n’étions que les animaux de compagnie des autres, et
                                                                                                                                                                                                                                                                              de Patrick Lapeyre
                                                                                                                                                                                                                                                                              Tous les aléas de l’amour du
                                                      et il tient à le faire savoir. Il appelle sa grand-mère                                                         d’abord de nos parents ? Et si
                                                                                                                                                                      la cruauté exercée envers les
                                                                                                                                                                                                                                                                              point de vue masculin, c’est ce
                                                      « Mémé », comme si on la connaissait, et il le fait à                                                           animaux était la même qu’on
                                                                                                                                                                                                                                                                              que Patrick Lapeyre excelle à
                                                                                                                                                                                                                                                                              décrire dans son septième
                                                                                                                                                                      exerce entre nous ? Un drôle
 ON                                                   chaque phrase ou presque. Il parle de Mémé                                                                      de livre, brillant, passionnant
                                                                                                                                                                                                                                                                              roman, six ans après le succès de
 os.                                                                                                                                                                                                                                                                          L’Homme-sœur. Un homme
              perdus de sa jeunesse. Mais             (« Mémé ne connaissait pas le cours des matières                                                                et surtout, jamais moralisateur.                                                                        marié dont le couple middle-
              comment faire ? En inventant                                                                                                                            Editions Verticales.
                                                      premières ») ou s’adresse à Mémé (« Grâce à toi,                                                                                                                                                                        class s’est changé en mensonge

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   Jerry Bauer, Philippe Bretelle, J. Foley, Steve Adjadj, D.R.
              un loup, aussi dangereux                                                                                                                                                                                                                                        retrouve son ex-maîtresse,
              que tentateur, et en se glissant        mémé, je comprends les peintures rupestres »).                                                                                                                                                                          femme qui lui a échappé et que,
                                                                                                                                                                                                                                                bien entendu, il aurait aimée par-dessus tout… On n’en dira
              au besoin dans sa peau, pour            Mémé, paysanne de Normandie, est un beau                                                                                                                                                  pas plus. Lapeyre sait dire l’ennui du couple longue durée
              réveiller les instincts assoupis.       personnage, mais il le réduit, avec ce sobriquet et ce ton faussement                                                                                                                     et la douleur de la passion inassouvie en consignant les
                                                                                                                                                                                                                                                détails du quotidien et en auscultant les fluctuations
              Se leurrer pour survivre, en            rustique qui gâte sa peinture, souvent inspirée, de l’atmosphère                                                                                                                          incompréhensibles, donc angoissantes, du cœur. Un voyage
              somme.                                                                                                                                                                                                                            en voiture, un week-end à la campagne «entre couples»,
              VÉRONIQUE CASSARIN-GRAND                fermière. Et puis on finit par ne pas comprendre ce qu’on fait là.                                                                                                                        une rencontre éternellement ratée avec les parents…
                                                      Torreton pourrait presque se passer d’un lecteur. Il passe son temps                                                                                                                      A travers ces situations qu’on a tous connues, ces sensations
                                                                                                                                                                                                                                                qu’on a tous éprouvées tout en (souvent) les refoulant,
                           P OL A R                   à expliquer que son histoire est plus intéressante que celle des autres.                                                                                                                  ces compromis qu’on a dû faire contre nos rêves, Lapeyre
                                                      Des Parisiens, surtout, cibles du livre. Il ne perd aucune occasion de                                                                                                                    atteint, mine de rien, l’universel. Editions POL.

              LE BLUES DE LA HARPIE                   leur signifier son mépris, grassement. Il a surtout très envie qu’on
              PAR JOE MENO,                           sache qu’il n’en est pas un, qu’il vient du monde des blouses à fleurs
              TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR
              MORGANE SAYSANA
                                                      et du « pain mou », pas des pouffes en « Yves Saint-Lagerfeld » et de
              Agullo, 314 p., 21,50 euros.            la « dernière baguette parisienne à la mode ». Tant d’anti-vanité finit
                        C’est à La Harpie,            par avoir l’air vaniteux. DAVID CAVIGLIOLI

 09/03/2017                            PHOTO JOSSE/LEEMAGE/AFP-FINEARTIMAGES/LEEMAGE/AFP-MARIE-PAULE FAURE/EDITIONS ALLIA-PIERRE CHOUMOFF/
                                                                               ROGER VIOLLET-IBO/SIPA-EDITIONS LE PASSEUR-GIUSEPPE CACACE/AFP

                                                                                                                                         07/03/2017 11:42
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