Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice - Mercenaire
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PRESENTATION Pauline Klein Ecrivain, Directrice Artistique, Narratrice, Consultante Mode & Conceptrice Pauline Klein est née en 1976 à Paris. Elle fait des études de philosophie et d’esthétique à la Sorbonne, avant d’entrer à la Saint Martin’s School à Londres. Elle débute sa carrière professionnelle dans le milieu de l’art contemporain, d’abord chez Anthony d’Offay à Londres, puis à New York, dans une galerie spécialisée dans les œuvres d’Andy Warhol. En 2001, elle revient en France où elle travaille à la galerie du jour auprès d’Agnès b., chez Sonia Rykiel avec qui elle développe les projets culturels de la maison, puis en tant que directrice artistique chez Maison Martin Margiela. Son premier roman : Alice Kahn est publié aux éditions Allia en 2010, et reçoit les Prix Fénéon et Murat, « un roman Français pour l’Italie ». En 2012, Fermer l’œil de la nuit est édité aux éditions Allia. En, février 2017 elle publie son troisième roman, Les souhaits ridicules, aux éditions Allia.
ROMANS PUBLIÉS À CE JOUR “Je mettrai de la lumière sur ce qu’elle a de beau, et de l’ombre sur ce qu’il faut cacher. Je suivrai de près le désir de William pour qu’elle devienne à son image. Et s’il n’arrive pas à l’aimer, c’est qu’elle ne tient pas debout, c’est qu’il faudra recommencer, regarder ailleurs, dessiner une autre forme, et tant pis pour elle, elle ne nous regardera plus, ni lui, ni moi.”
TITRES ET TEXTES POUR LES COLLECTIONS DE NATACHA RAMSAY-LEVI POUR CHLOÉ PRINTEMPS - ETE 2018 "A play of selves" « Seules les traces font rêver » René Char Laisser filtrer l’esprit de la Maison. Marcher sur cette constellation vertigineuse de formes, d’images et de souvenirs. Chaque silhouette porte en elle la condition de possibilité de la suivante, chaque femme, sa singularité. Chaque passage, sa métamorphose à venir, tissé de ce dialogue avec ce qui l’a précédé : beautés antiques, myriade de fils invisibles reliant des souvenirs comme une dentelle. Traces du beau superposées comme un collage. Une robe victorienne immaculée aux effets d’antan, muant en blouse fluide, oblitérée et brodée ; héritage du matériel devenu spirituel. Linge ancien, lin vieilli, ramifiés ans l’instant présent. Terrien et organique. Ses couleurs lui venaient d’Égypte. Déclinaisons de blancs et teintes mineures de rouge, terre cuite, rose, or et argent, couleurs nées d’orages ou de lumières lointaines. Robes picturales teintées d’ésotérisme, traces du sacré dessinant leur mouvement dans un imaginaire archaïque. La dimension cachée du vêtement. Lune, ventre, seins et mains, totems liés comme des amulettes découvertes dans le sable. Fusion des forces de la nature, symboles de fécondité, déesses ou femmes viragos. Récurrence du O, l’œil-lettre de Chloé, en boucle, anneau, tracé infini cousu à la place du cœur. Des robes florales attentives aux sensations du corps, jeux incessants de combinaisons libres et fluides. Le moment présent est poussé dans ses retranchements. Femme cavalière, femme musicienne, femme au seuil de ce mélange fait de hasards et d’apparitions spontanées. Python, petits chevaux brodés, cuir craquelé, brillances fluides. Couleurs brûlantes consumant la douceur. Et l’assemblage du masculin et du féminin, silhouette immuable d’un tailleur hiératique sur un déshabillé en soie incrustée de dentelle. Magie écaillée de robes muséales passées du dedans au dehors. Strates du passé rebrodées, sédiments de souvenirs aux couleurs du temps. Humble préciosité entremêlée de sequins et de dentelles métalliques. L’empreinte fragile d’un temps passé soudain réinvestit.
Automne Hiver 2018 L’allure comme enveloppe d’une vie intérieure. Le vêtement comme première participation au monde. Découvrir un personnage traversé par des transformations psychiques, rendre compte de ses introspections changeantes. Le costume donne corps à un entre-monde qui fait communiquer réel et imaginaire, des représentations reliées entre elles comme un portrait. Un kaléidoscope d’images et d’apparitions qui questionne la notion de modèle. D’abord, l’échantillon d’une société bourgeoise, une idée du classicisme français dont on décèle, en pointillé, les désirs réfrénés dans l’ouverture évocatrice d’une blouse, d’un col ouvert comme une confidence. Les jupes plissées et déconstruites d’une femme pensive dévoilent une vie intérieure érotisée, des variations de robes-chemises en crêpe de Chine, en soie, portent le mouvement et la fluidité d’une sensualité dominante, leurs couleurs terriennes et presque indiscernables leur donnent l’intensité ambiguë d’un mouvement perçu dans l’ombre. Des apparitions morcelées de chevaux façonnent l’imaginaire de la maison. Les chemises se fondent dans des imprimés 70 aux lignes brisées. Le long de robes aux incrustations de dentelle, des broderies folkloriques s’agglomèrent comme un tissage inconscient. Et sur des talons, des symboles romantiques sont forgés comme une boîte à secrets. Viennent la métamorphose et l’appropriation du désir comme une force. La puissance émancipatrice du rêve, la périlleuse incarnation du fantasme et sa persistance. Les intentions sont décelées sous des mailles ajourées, le costume domestiqué est entouré d’une aura de désirs restitués comme un mystère. Les pantalons donnent l’illusion d’une rigueur aux penchants nonchalants. Le tailleur protocolaire se structure autour des codes archaïques auxquels il renvoie, sur des pulls en lurex, ou des brassières qui détournent le regard. Au détour d’un manteau ou d’une veste, des métalleries harnachées scellent l’allure comme une énigme. Émerge une femme magnétique au destin sinueux. L’envoûtement mêlé de douceur dans le miroitement de sequins brodés sur des robes médiévales, robes fendues et retenues par des anneaux comme une promesse sans cesse renouvelée, robes tissées d’ornements baroques, de bracelets articulés et figés sur des manches arrondies. Des féminités, des amulettes, la lettre « C » enchaînée en tour de cou, font éclore le culte de cette féminité habitée.
PRINTEMPS été 2019 "Hippie modernism" La collection printemps-été 2019 de natacha ramsay-levi invoque le raffinement subliminal D’UN été en méditerranée. Traversée terrienne baignée de lumières, elle est marquée par les empreintes hippies de la contre-culture, et vibre aux sons du souvenir de mondes utopiques, d’une énergie solaire. Chacune des silhouettes est inspirée de personnages féminins libres, connectés à ce qui les entoure. Le vêtement est un assemblage spontané de textures et de matières anciennes, jacquard de soies, de tapisseries, imprimés cashmere, franges, lin plissé, comme autant de surcharges sensorielles et instinctives. Les couleurs muent progressivement de teintes psychédéliques – orange flamboyant, Terracotta, indigo, VERS DES blancs délavés ET dégradés. Dans la lumière d’un coucher de soleil, des mains à contre-jour dessinent un symbole de féminité sacrée. Des ceintures paréo ou en soie torsadées s’ajustent sur des jupes floues et des pantalons en biais évasés. Blouses Plissées, mailles Aériennes, soies froncées évoquent L’EMPREINTE de la main sur la matière Et Prolongent la fluidité de l’allure. DES BRODERIES DE galets et de COQUILLAGES ornent des robes de cariatides comme des TROUVAILLES D’été. Amulettes et symboles de féminité illuminent la silhouette de leur esprit totémique. Des sandales plates, à boucle ou nouées, côtoient des mules aux lignes graphiques, en cuir imprimé CROCO OU jacquard. Le sac « chloé » scellé par un fermoir « C » est décliné dans un petit format carré, trapèze ou dans une version ceinturée. LE « TESS », dans un Dégradé de veau velours. Pour ses dix ans, le « MARCIE » est présenté sur le défilé dans un cuir embossé façon croco.
COLLECTION AUTOMNE HIVER 2019 "Love, rage and commitment" Traversée épique au sein d’une nature Impérieuse, la collection Chloé Automne Hiver 2019 de Natacha Ramsay- Levi est une marche engagée dans des paysages féériques. A travers des forêts romantiques, le long de mers légendaires, c’est une pionnière qui habite ce voyage infini. Territoires volatiles et aurores boréales sillonnés par un cœur tumultueux. Manteau d’expédition, veste en tweed matelassée, tailleur d’officier en prince-de-Galles jalonné de boutons dorés et bombers satiné réinventent les archétypes hivernaux d’une chef de clan. Une veste d’amazone aristocratique régente une allure impulsive. Des amoureux dans un décor de nature fantasmée imprègnent des robes Aériennes. Une robe en toile de Jouy Highland illustre une épopée onirique. Un caban marin, une canadienne glacée comme une nageoire, une cape en crêpe de laine évoquent une chevauchée de territoires amoureux. Une nature solennelle saturée de couleurs profondes et délavées fait résonner des nuances de soleil d’hiver, terre de sienne, blancs d’écume et des matières ruisselantes. Une chorégraphie d’éléments teinte d’un bleu profond un pull étale laminé, gorge les manches d’un chemisier en dentelles écumeuses aux horizons brodés de « C ». Face au vent hivernal, une jupe à la sensualité volcanique est nouée dans un geste instinctif. Des jacquards de satin imprimés de nymphoides évoquent le récif d’un conte aquatique, des robes d’Aphrodite marines en côte de maille lurex, des filets d’or pourpré. Robes boudoir, robes ondulatoires en velours dévoré, jupe houleuse, lingerie candide et dentelles incrustées de roses en éclosion, annoncent une féérie nocturne. Un sac de jour en cuir scelle l’allure comme une enveloppe cadenassée. Des colliers-mirages, bracelets en résine nacrée et trouvailles océaniques convoquent les souvenirs marins d’amoureux aimantés.
LIVRES EN ÉDITIONS LIMITÉES PUBLIÉS À L’OCCASION DE LA PREMIÈRE COLLECTION DE NATACHA RAMSAY-LEVI POUR CHLOÉ ET ILLUSTRÉS PAR LES PHOTOS DE STEVEN MEISEL. CINQ HISTOIRES IMAGINÉES POUR CINQ VILLES DU MONDE PRÉSENTANT LA COLLECTION EN AVANT-PREMIÈRE.
Chloé C'est une petite foule qui ne cesse d'avancer en se constituant, un puzzle de souvenirs et de portraits, d'identités éparses dont on ne Et enfin, écrire sa propre histoire pour se perçoit d'abord que la chair. De cette chair, de cette allure émane la l'entendre dire, à la frontière ténue entre spiritualité qui racontera leur histoire. fictions et souvenirs. Notre regard surplombe leur passage incessant, derrière elles leurs reflets s'évaporent dans une nuée de couleurs denses muant Des histoires qui se transformeront en dans des effluves troubles. Identités imaginaires et enchantées, légendes, en mythes, le long de marches faites d'humanités et de divinités, leurs silhouettes agissent comme franchies pour segmenter la vie. Dans leur Au DÉBUT, on est toujours loin. Loin du une révélation. En les regardant toutes, puis tour à tour, nous multiplicité, ces femmes passantes s'agrègent monde et de ses représentations, loin de soi ou mettons en lumière cette gelée transparente qui compose une dans des images qui se construisent hors des autres. Puis vient ce moment éphémère et histoire, ces fils invisibles qui nous relient tous. champ. À la lisière de croyances et de précieux, où il faut faire le premier pas. Dans Être ici. Et céder sa place à l'histoire suivante. Céder la place à l'au- réalités. L'une d'entre elles, la plus essentielle, ce pas, il y a déjà l'avenir de notre déploiement delà. Pour dévoiler une féminité à venir, une féminité recouvrée, mais dira le désir de ce rituel initiatique, elle nous encore recroquevillé sur lui-même. C'est dans tout de même impossible à dire. Tenter de saisir, dans la vitesse de ce prendra la main et nous marcherons dans ses ce mouvement, au seuil de ce qui va avoir lieu mouvement, l'instant présent, le lieu d'où on ne parle pas. pas avec l'intuition profonde que le premier est que se dessine leur avenir. Dans le trop-plein C'est toujours ici et maintenant, sur ces chemins gravis comme déjà presque une destination. Ne rien savoir de l'instant présent, figées dans une image qui des marches de pierre, que ces femmes hantées par leur propre suite d'elle, c'est déjà la connaître. ne leur correspond pas, elles ne sont plus tout à se sont inventées. fait elles-mêmes. Il leur faut ce mouvement Faire se coïncider les pas que nous franchissons et leur destination, érectile, cette distance à combler. Ces femmes les regards que nous portons et l'objet de nos réflexions, traverser des marchent. Chacune d'elles contient la possibilité cadres, les fuir, y retourner, fouler des territoires sur lesquels d'autres de la suivante. que nous ont marqué leurs empreintes. S'inspirer de leurs pas sans taire les impasses, les lacunes, dans le passage du réel au récit.
L’AGENCE TEXTE PERSONNEL C’est une agence de communication pour laquelle j’écris des textes de tendances, des notes stratégiques pour des marques de parfums, de joaillerie, de montres… Il faut raconter la marque, parler d’aspérités, trancher entre la « valise-amie » et « la valise-confidente », il faut raconter la femme Lancôme, mettre en lumière ses paradoxes, et ses milles vies, tout cela est teinté d’humour bien sûr. Nous ne sommes pas là pour parler pour ne rien dire, mais bien pour créer du sens et je me rends à l’agence, environ deux fois par semaine, dans une constante gaieté, pour y faire des points. À l’intérieur de ce grand cube blanc et noir trop éclairé, nous glissons, du haut de nos chaises à roulettes, les pieds suspendus au-dessus d’un parquet peint en gris pour l’occasion. Nous ne travaillons pas, mais dépensons une énergie sans faille pour créer une ambiance qui nous divertisse de ce que nous faisons là, nous pointant devant le bureau des uns des autres pour nous empêcher de faire quoi que ce soit, fabriquant des urgences impossibles à tenir, des querelles légères et sans conséquence. Il est de bon ton d’ironiser sur le brief des clients, d’imiter leur langage absurde, leur vocabulaire consensuel dont nous nous posons tout de même chaque fois la question de savoir s’ils en sont dupes ou pas : chercher l’effet waouh, être audacieux, aller plus loin, rassurer le client… tous ces termes dont je me suis demandé chaque fois, dans la torpeur des minutes suivant les prez, d’où ils avaient émergés. A quel moment de l’histoire, ces désirs fallacieux et sans fondement, ces mots décrochés du réel, planant comme une mauvaise odeur dont on ne sait trop d’où elle provient ( comme on cherche qui sent comme ça, dans le métro ), avaient été inventés pour nourrir des rendez-vous, des calls, des projets, dans un infini va et vient.
TEXTES ET DIRECTION ARTISTIQUE POUR JEM - JEWELLERY ETHICALLY MINDED
FEUILLETON RADIOGRAPHIQUE POUR FIP Elle est montée, et je n’ai plus entendu que le bruit de nos deux silences parallèles. Après, il y a eu l’odeur, celle d’un corps étranger, elle sentait l’animal sauvage. Puis son regard sur ma droite. Je l’ai sentie se poser comme un insecte sur mes genoux, sur mes mains qui accrochaient le volant comme un rocher. Elle observait ce qu’elle pouvait observer de mon corps, là où j’avais déjà aperçue le sien en entier, de loin, planté comme un panneau sur le bord de la route, elle tenait entre ses mains un message qui m’était un peu destiné. J’avais les yeux fixés sur le pare brise sans arriver à passer au travers. Derrière la vitre, la saleté, les éclats de boue et de poussières, des traces de temps que les essuies glasses avaient tenter de balayer. La route devant se dessinait comme après un orage, et la radio s’est remise à marcher, pile à ce moment là. Ce n’est pas nous qui sommes parties, c’est la route qui s’est mise à avancer, comme quand c’est le train d’à côté qui part. « On s’arrêtera quand on s’arrêtera », j›ai dit comme ça, comme pour faire joli, et bien sur elle a sourit, parce que ce n’était pas une question, c’était une chaine de mots sous entendus. Elle a collé son appareil contre sa joue. Moi des photos je n’en faisais jamais j’ai dit, en jetant un œil sur son profil gauche. « Et les souvenirs ? » Les souvenirs je m’en chargeais. « Oui » Elle pouvait me prendre, juste le profil droit alors, avec le flou de la route qui défile derrière, je suis le seul paysage fixe du voyage. J’ai dit que je trouvais que les images devaient rester graver sans être imprimées, qu’elle ne devaient exister que dans la mémoire, que la mémoire était une matière. Elle a répondu que les hasards que saisissaient l’appareil photo disaient d’autres choses sur le temps et l’espace, qu’elle le mettait entre le monde et elle, entre l’extérieur et l’intérieur, qu’elle ne supportait pas les souvenirs sans filtres, qu’elle ne supportait pas le plein air, qu’il fallait découper l’air plein pour le documenter, et elle pointait son objectif hors de la vitre en me parlant, j’accélérais ou ralentissais, pour arranger sa lumière, flouter l’image ou la rendre plus nette ; Et je me demandais, en regardant son dos courbé vers la fenêtre, si elle et moi nous faisions le même voyage. Mon champ à moi était plein de ces taches que la route avait laissées, des traces de temps, comme des brulures sur une pellicule. Tout ce qu’elle prenait n’existait déjà plus. Une photo est toujours celle d’une chose qui n’existe déjà plus. Moi ce qui me plaisait, c’était nous en train de passer sur cette route, cette fille et son œil visant, la voiture comme un vaisseau filant dans l’espace et le temps au point de l’empêcher d’attraper l’instant, et l’attente. Le moment présent après lequel elle court, l’instant qu’elle doit sans cesse précéder, pour que le hasard de l’image qui advient, une seconde avant que son doigt n’appuie, décide lui, d’être retenu ou pas. Je fixais la tâche en haut à gauche sur le pare brise, une tache brune et terreuse qui atténuait la lumière, je ne fixais plus que ce filtre là lorsque j’ai entendu sa voix « arrête toi ! » Puis je n’ai plus vue que le tronc d’un arbre en gros plan, son écorce vive, comme un reptile. Nous sommes descendues, la voiture fumait comme un four, et une voix, une voix dont on n’arrivait pas à dire si c’était celle d’une jeune fille ou d’un jeune homme a dit « vous êtes folles », « vous êtes deux folles ». Elle s’est approchée avec son appareil photo, et elle l’a pris. Il était là, allongé par terre, le corps étendu comme s’il faisait la sieste,les yeux mi-clos, il avait l’air heureux…« Ne me prend pas comme ça Ania » il a dit. « Je te couperait » lui a t elle répondu en souriant. Puis elle a tourné le visage vers moi, et j’ai aperçu, dessiné sur son profile droit, ce qu’elle tentait sans doute de cacher avec son appareil, une tache brune et granuleuse qui s’étendait sur sa joue, sa tempe et sa paupière comme sur un territoire occupé, une brulure, qu’elle a dévoilé en me disant, que oui, au fait, elle s’appelait Ania.
DIALOGUES IMAGINÉS POUR LES SACS EMBLÉMATIQUES DE JEROME DREYFUSS PASCAL BOBI - Tu le trouves comment Pascal, sincèrement ? - En fait, je crois que ce que j’aime c’est son côté un peu sauvage… - Physiquement ? - Quoi à Bobi ? - Oui. - Oui. - Bien. Très bien pourquoi ? - Il est pas du tout sauvage, tu rigoles… - Moi je le trouve rouillé en ce moment. - Si… Son regard, je sais pas… - Ben dis lui d’aller faire du sport. - Oui, son fameux regard de léopard ? - Ok, donc tu le trouves gros. - Oui. - Mais non, c’est toi qui dit qu’il est rouillé - Oui, je vois. Tout à fait. Bobi il a un vrai regard de léopard. - Enfin tu trouves qu’il devrait faire de sport… - Je sais même pas pourquoi je t’en parle, tu le connais pas. - Non, mais bon. En attendant il rouille. - Peut être, mais il a pas un regard de Léopard en tout cas. - T’es jalouse. IGOR - Voilà. - Moi je le trouve sympa cet Igor… - Je sais pas… BENJAMIN - Bon, après, il est spécial. - Tu trouves ? Genre quoi ? - Il est parfait Benjamin en fait. - Je sais pas. Tu sais jamais trop avec lui. - Ben cool. - Mais genre quoi ? - Y ‘a juste un truc… - Je sais pas… Il est ambigu je trouve. - Quoi ? - Genre ? - Il est toujours en train de mâchouiller. - Tu sens qu’il est pas fiable, qu’il dit bleu… - Ah ça c’est hyper agaçant. - Et il pense autre chose… - Comme s’il mastiquait du vent quoi… Tu vois ? - Oui, voilà, exactement. - Ah oui, c’est horrible ça. - Il a un côté Patchwork en fait… - Pas « horrible » mais bon… - Enfin, il est pas parfait du coup… - Si. A part ça en fait. BENJI - Benji ? Tu plaisantes, c’est un amour. Ah non c’est un amour. Ah mais vraiment. Jamais un mot plus haut que l’autre, hyper concilient. - Ah ben cool… La perle rare quoi. - Bon, après, je dis pas qu’il a pas des défauts ou quoi hein. - Non bien sur tu dis pas. - Mais à la base, c’est une crème.
DOSSIER DE PRESSE POUR L’AIR DU TEMPS DE NINA RICCI LES AILES D’UN INSTANT 06h01 - Ici, l’aube dévoilée dans un battement de paupière au lever du jour. 12h02 - Le zénith, hissé comme un oiseau au plus haut point du ciel. 18h27 - Là, le crépuscule, saisi au vol dans un battement d’ailes. C’est parce qu’il est insaisissable que l’instant est précieux. Éternel recommencement dont L’Air du Temps tente de capter le murmure et l’éclat. Un parfum qui, depuis sa création en 1948, n’en finit de saisir l’esprit de son temps, la féminité chaque fois renouvelée, vive, sensuelle et légère telle un oiseau, et la liberté de l’instant éphémère, singulier. La lumière capturée dans un flacon. Pour la première fois dans l’histoire de L’Air du Temps, Nina Ricci crée une collection de trois parfums qui rendent hommage à la fragrance solaire originelle et invitent à la redécouvrir sous de nouveaux sillages. La blancheur de l’aube, le zénith étincelant, la douceur du crépuscule. Le temps de cette édition unique, le maître-parfumeur Calice Becker compose le lever et les dernières lueurs du jour, le photographe Thomas Lohr saisit les instants touchants et fugaces, et l’atelier Lemarié habille de plumes légères et entrelacées les colombes du flacon iconique. Nouvelle ode à l’éternelle féminité. CONCLUSION 06h10 - L’aube dans son absolue nudité, dévoilée comme une première fois. 12h04 - Le zénith comme une apparition, révélant l’éclat du jour à son sommet. 18h36 – Le crépuscule, caressant comme un battement d’ailes. Se poser sur des ailes qui volent la mesure au temps, et se laisser traverser par l’insaisissable.
INGRÉDIENTS L’Aube Auteur de cette collection, Calice Becker est parti de la fragrance originelle de l’Air du temps pour en décliner une version unique, dont la lumière et le jus viennent symboliser l’aube : au cœur de ce parfum intime aux facettes ambrées comme le parfum iconique qui l’a inspiré, des notes poudrées et féminines. Calice Becker a également réutilisé la rose blanche, cœur floral de L’Air du Temps, en la rendant légèrement épicée, grâce à l’extrait d’iris et aux graines d’ambrette. Des notes tendres qui se lient à celles, plus pétillantes, de l’ambre blanche, du patchouli, et à la luminosité des graines de poivre rose. Un fondu enchaîné sensuel et pétillant, qui offre une sensation plurielle, se déploie sur la peau, tel le passage de la fraîcheur de l’aube à la chaleur ascendante. Le Zénith L’Air du Temps est une composition révolutionnaire. Solaire et lumineuse. Un parfum mythique depuis sa naissance. Une brassée de fleurs éblouissantes et dorées évoquant le printemps éternel, l’essence de la féminité, et l’intensité de l’éclat si particulier de la lueur zénithale. L’œillet frais, légèrement âpre, lui donne une note singulière, le premier de la famille des fleuris épicés dans l’histoire de la haute parfumerie. Un mélange qui privilégie les essences naturelles de rose, d’iris de jasmin et de santal, qui permet à la fragrance de conserver la brillance et la luminosité qui la caractérisent. Une lumière portée à son apogée, qui cerne cet instant unique comme la femme qu’elle incarne chaque fois. Le Crépuscule Pour réinterpréter cette fragrance iconique en lui donnant une teinte crépusculaire, Calice Becker s’est inspirée de fleurs à l’intensité charismatique, comme celles que composent l’Air du Temps. Créant ainsi une déclinaison de l’emblématique parfum, dans une version inspirant la tombée de la nuit. Belle de nuit ou Mirabilis est une fleur qui s’ouvre le soir et se referme le jour. A son intensité éminemment féminine, fidèle à la fragrance originelle de l’Air du temps, se mêle l’odeur diffuse du salicylate, évoquant l’eau d’une rivière. Des notes enveloppantes de gousse de vanille liées à la radiance de l’ Ylang Ylang, un des ingrédients phare de l’Air du temps, suggèrent pour cette fragrance, l’odeur du soir et de l’humidité. Un parfum détouré comme une image, un instant photographié. Les notes de cœur, de tête et de fond recréent sur la peau cette sensation tactile de la tombée du jour. Un parfum travaillé comme une trace mnésique, une impression sensuelle, celle du crépuscule qui ouvre les sens.
1891) empathique, dessiné père élevait des cochons, que à petites phrases fortement Luce Lemay vit sa nouvelle VIE métaphoriques, du plus existence, après être sorti de ARDIN miséreux, du plus solitaire, prison. Luce a tué un bébé avec 6 euros. u du plus abandonné de tous les compositeurs de musique. Qui toute sa vie hésita entre sa bagnole, après un braquage. Avec son pote Junior, il essaie de filer droit. Mais comme il est PRESSE LIVRES ne vie », mélancolie et désespoir, tombé amoureux de Charlene, e protestation et renoncement. les rednecks du coin le prennent parcours S’ennuya énormément. Fut sale. 178 en grippe. Ça déraille vite, et ça le biais Eut faim. Obligé de boire et bastonne… Joe Meno, critique cun sur d’écrire « Trois Morceaux en musical à « Punk Planet » et L’ÉTÉ DE LA VIE, par JM Coetzee tre forme de poire » pour se nourrir. nture de auteur de BD, a un style direct, Troisième volet de son autobiographie fictive, L’Été de la vie N’ouvrait pas les lettres qu’on lui repose sur le postulat futé de l’autoportrait en creux, dit par la ironique, avec un certain goût les autres. Après la mort (imaginaire) de l’écrivain nobélisé envoyait, mais ne cessait d’en de l’absurde. C’est très plaisant Diego Rivera au Mexique, JM Coetzee, un universitaire va à la rencontre de tous les iaux qu’il écrire. Toujours le même, à lire, avec des rafales de Maïakovski (en 1925, photo) êtres qui ont compté dans la vie de l’auteur sud-africain « un peu con, si j’ose dire ». pour les interroger sur leurs rapports avec le disparu. Via violence inattendues. découvre l’American way of life cinq témoignages tour à tour drôles et poignants, Coetzee Désopilant, seul compositeur FRANÇOIS FORESTIER en 1925 : Detroit, où « le système livre le puzzle parfois contradictoire, souvent cohérent, de l’histoire à l’être vraiment, fordiste rend les ouvriers forcément complexe, d’un être dans son rapport aux autres entre deux sanglots. et signe un magnifique manifeste pour une identité impuissants ». Chicago et ses JACQUES DRILLON C HRONIQUE S abattoirs. New York, où les plurielle, qui nous échappe constamment. Lire le premier témoignage, drôlissime et quartiers pauvres sont « plus hyper autodépréciatif : MA DÉCOUVERTE DE d’après Julia, femme ROM A N L’AMÉRIQUE sales encore qu’à Minsk ». On y croise des gens venus mariée avec qui il aurait eu une aventure, JM Coetzee PAR VLADIMIR MAÏAKOVSKI, de partout. « Ce tableau est est un être à la limite de LES SOUHAITS RIDICULES ALICE KAHN, de Pauline Klein TRADUIT DU RUSSE PAR énigmatique, note le poète l’autisme et pas un très PAR PAULINE KLEIN C’est un premier roman bizarre qui bon coup au lit. On LAURENCE FOULON russe. Qui sont les Américains, dit l’étrangeté de ne jamais être tout Allia, 128 p., 7 euros. à fait soi, à travers une narratrice qui connaît peu d’écrivains qui « Rouvrir, comme Le Sonneur, 152 p., 16,50 euros. à proprement parler, et combien joue à être une autre, prend la place d’une autre, essaie auraient l’humour de se En ce temps-là, on présenter de cette façon. dans un conte, le vertige des d’entre eux le sont à cent pour d’épouser à force de fringues et d’attitudes ce que serait cette Editions du Seuil. pouvait passer du Mexique cent ? » Ses chroniques, acides autre dans les yeux du garçon qu’elle rencontre. Car ce court possibles. » C’est le cœur du roman évanescent commence par une méprise : la narratrice se Traduction de l’anglais par troisième roman de Pauline aux Etats-Unis, « en tant que et curieuses, sont enfin traduites fait passer pour l’autre, celle qu’un garçon attend sans vraiment Catherine Lauga du Plessis. Klein (photo), dont la distance touriste, pour six mois, contre en français. Et avec une belle la connaître à la terrasse d’un café. Et si être une femme, une caution de 500 dollars ». préface de Colum McCann. c’était forcément être une autre ? Cette autre que les hommes ironique avec la réalité fait le désirent, que la société adoube, que la mode désigne ? En charme irrésistible de son Après avoir rencontré GRÉGOIRE LEMÉNAGER mettant en scène avec humour et poésie ces questions, via une écriture. La narratrice, à l’étroit héroïne à l’identité effilochée mais toujours bien campée sur . dans les contraintes de l’âge ses talons vertige, Pauline Klein signe un premier texte troublant, drôle et intelligent. Editions Allia. lorsque adulte – mari, enfants, carrière – LE POCHE ui, aspire à retrouver les territoires me qui réel. , Marc L’impossible Et si être une FEMME, c’était forcément être une autre ? Cette autre que les hommes désirent, que la société adoube, que la MODE désigne…, se demande PAULINE KLEIN. leaux ortrait ré par Monsieur Mémé QUE FONT LES RENNES APRÈS NOËL ?, d’Olivia Rosenthal Entre l’essai et le roman, écrit tout en fragments, Que font les rennes MÉMÉ, PAR PHILIPPE TORRETON, J’AI LU, 142 P., 6,50 EUROS. après Noël ? interroge avec autant d’humour, de légèreté que de profondeur, notre condition d’humain liée à celle des animaux. Nous aimons les animaux ? Nous voulons un chien ou un chat ? A LA VIE EST BRÈVE travers notre rapport aux bêtes (qu’on tue, dresse, torture aussi…), ET LE DÉSIR SANS FIN, Olivia Rosenthal raconte en miroir nos rapports inter-humains. Philippe Torreton adore sa grand-mère, Et si nous n’étions que les animaux de compagnie des autres, et de Patrick Lapeyre Tous les aléas de l’amour du et il tient à le faire savoir. Il appelle sa grand-mère d’abord de nos parents ? Et si la cruauté exercée envers les point de vue masculin, c’est ce « Mémé », comme si on la connaissait, et il le fait à animaux était la même qu’on que Patrick Lapeyre excelle à décrire dans son septième exerce entre nous ? Un drôle ON chaque phrase ou presque. Il parle de Mémé de livre, brillant, passionnant roman, six ans après le succès de os. L’Homme-sœur. Un homme perdus de sa jeunesse. Mais (« Mémé ne connaissait pas le cours des matières et surtout, jamais moralisateur. marié dont le couple middle- comment faire ? En inventant Editions Verticales. premières ») ou s’adresse à Mémé (« Grâce à toi, class s’est changé en mensonge Jerry Bauer, Philippe Bretelle, J. Foley, Steve Adjadj, D.R. un loup, aussi dangereux retrouve son ex-maîtresse, que tentateur, et en se glissant mémé, je comprends les peintures rupestres »). femme qui lui a échappé et que, bien entendu, il aurait aimée par-dessus tout… On n’en dira au besoin dans sa peau, pour Mémé, paysanne de Normandie, est un beau pas plus. Lapeyre sait dire l’ennui du couple longue durée réveiller les instincts assoupis. personnage, mais il le réduit, avec ce sobriquet et ce ton faussement et la douleur de la passion inassouvie en consignant les détails du quotidien et en auscultant les fluctuations Se leurrer pour survivre, en rustique qui gâte sa peinture, souvent inspirée, de l’atmosphère incompréhensibles, donc angoissantes, du cœur. Un voyage somme. en voiture, un week-end à la campagne «entre couples», VÉRONIQUE CASSARIN-GRAND fermière. Et puis on finit par ne pas comprendre ce qu’on fait là. une rencontre éternellement ratée avec les parents… Torreton pourrait presque se passer d’un lecteur. Il passe son temps A travers ces situations qu’on a tous connues, ces sensations qu’on a tous éprouvées tout en (souvent) les refoulant, P OL A R à expliquer que son histoire est plus intéressante que celle des autres. ces compromis qu’on a dû faire contre nos rêves, Lapeyre Des Parisiens, surtout, cibles du livre. Il ne perd aucune occasion de atteint, mine de rien, l’universel. Editions POL. LE BLUES DE LA HARPIE leur signifier son mépris, grassement. Il a surtout très envie qu’on PAR JOE MENO, sache qu’il n’en est pas un, qu’il vient du monde des blouses à fleurs TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR MORGANE SAYSANA et du « pain mou », pas des pouffes en « Yves Saint-Lagerfeld » et de Agullo, 314 p., 21,50 euros. la « dernière baguette parisienne à la mode ». Tant d’anti-vanité finit C’est à La Harpie, par avoir l’air vaniteux. DAVID CAVIGLIOLI 09/03/2017 PHOTO JOSSE/LEEMAGE/AFP-FINEARTIMAGES/LEEMAGE/AFP-MARIE-PAULE FAURE/EDITIONS ALLIA-PIERRE CHOUMOFF/ ROGER VIOLLET-IBO/SIPA-EDITIONS LE PASSEUR-GIUSEPPE CACACE/AFP 07/03/2017 11:42
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