Épidémiologie des Maladies Chroniques (Maladies Non Transmissibles) - TALHI.R Service de Biostatistique, Faculté de Médecine d'Oran Année ...

 
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Épidémiologie des Maladies Chroniques (Maladies Non Transmissibles) - TALHI.R Service de Biostatistique, Faculté de Médecine d'Oran Année ...
Épidémiologie des Maladies Chroniques
    (Maladies Non Transmissibles)

                            TALHI.R
    Service de Biostatistique, Faculté de Médecine d’Oran
               Année Universitaire 2020-2021
Plan du cours:
I-Introduction – Définition
II-Ampleur du problème
III-Épidémiologie Analytique
IV-Épidémiologie Synthétique
V-Stratégie de Prévention
VI-Conclusion
VII-Bibliographie
I-Introduction - Définition

La progression rapide des maladies non transmissibles constitue l’un des
principaux défis sanitaires pour le développement dans le monde.

Ce défi d’ampleur croissante menace le développement socio-économique
tout autant que la vie et la santé de millions de gens.
L’épidémiologie des maladies non transmissibles regroupe un ensemble
de maladies qui ne sont pas dues à un agent microbien. Exemple :
diabète, maladies cardiovasculaires, maladies mentales.

Ces maladies résultent d’une combinaison de facteurs endogènes (ex : les
facteurs héréditaires, carie dentaire, obésité, athérosclérose…) et de
facteurs exogènes non transmissibles;

Les facteurs exogènes peuvent être soit de nature physique (radiations
ionisantes), chimique (alcoolisme..) et sociaux - environnementaux jouant
un rôle important (accident, délinquances, obésité…).
Liste des maladies non transmissibles
1-Maladies chroniques: diabète, HTA, cancer, épilepsie, obésité….
2-M. liées au vieillissement (dégénératives): maladie CV, Alzheimer,
M.rhumatismale, cataracte..
3-Accidents et traumatismes (route, domestique, travail..)
4-M. mentales
5-M. génétiques
6-M. professionnelles
7-M. liées à l’environnement
8-Addictions au tabac, alcool, toxiques etc…
II-Ampleur du problème
Les maladies chroniques sont en grande partie responsables de la limitation
d’activité des personnes, elles représentent la cause majeure de décès
dans les pays développés.

En 1998 selon les estimations, les MNT ont contribué, à prés de 60%
(31,7 millions) des décès dans le monde dont 77% sont survenus dans des
pays en développement.

Elles ont contribué à 43% de la charge de morbidité dont 85% a été
supportée par des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire.
Les Indicateurs

Tendances séculaires :
les problèmes sanitaires majeurs et les maladies prévalentes ont évolués
depuis le début du siècle , en effet les maladies transmissibles ont cédé la
place aux maladies non transmissibles et aux maladies d’étiologie inconnue.
Mortalité :
au cours de ces dernières décennies, les maladies non transmissibles sont
devenues une des principales causes de décès.

Taux de mortalité proportionnelle = Nombre de décès attribuable à une maladie donnée au cours de l’année × 1000
                                       Nombre de décès dans la population durant la même année
Morbidité :
les MNT ont une part importante dans la morbidité.

Taux de prévalence =
 Nombre total de cas d’une maladie (anciens et nouveaux cas) dans une région donnée et
 pendant une période donnée                                                               × 100
 Population moyenne de la même région et de la même période

Taux d’incidence =
Nombre de nouveaux cas d’une maladie dans une région donnée et
pendant une période donnée                                                        × 100
Population moyenne de la même région et de la même période
Années potentielles de vie perdues:
dans les années 75 aux Etats Unis, les MNT ont provoqué 32,5 % des
années potentielles de vie perdues.

Le DALY « Disability-Adjusted Life Year » est un nouveau concept, il s’agit
d’un outil qui sert à mesurer la santé et le handicap (fardeau réel d’une
maladie donnée).
Il sert donc à mesurer les années de vie en bonne santé perdues, en raison
d’un décès prématuré ou d’une maladie.
Notion de Transition

Transition épidémiologique = les maladies changent
-les maladies transmissibles reculent et
-les maladies chroniques prennent la 1ère place.

Transition démographique = la population change
-la natalité diminue →moins d’enfants
-la durée de vie augmente →plus de gens âgés.
La transition est liée aux changements de:
-activité professionnelle
-alimentation
-activité physique
-ressources
-environnement
-habitat
-relations sociales etc….
.
Dans le monde
Figure n°1: Évolution attendue 1995 – 2020 (prospective) dans le
             monde : glissement (shift) ou transition
En Algérie

L’Algérie passe depuis le début des années 80 à ce jour par une transition
épidémiologique marquée par la réémergence de certaines maladies
transmissibles (tuberculose, MTH, zoonoses) et l’émergence des maladies
non transmissibles MNT appelées encore maladies chroniques;
à savoir (maladies cardiovasculaires, diabète, cancers…).

Cette transition épidémiologique a été précédée par une transition
démographique marquée essentiellement par une augmentation de
l’espérance de vie; 75,7 ans pour les deux sexes (ONS 2006) et un début
de vieillissement de la population.
III-Épidémiologie Analytique
              Théories étiologiques des maladies chroniques
L’action des facteurs dits étiologiques ou d’expositions dans la genèse et le
développement de la maladie chronique peut être :

Etiologie factorielle alternative :
l’action successive de plusieurs facteurs (F1, F2, F3…) d’origine
multiples entraîne au fur et à mesure des lésions tissulaires (L1, L2,
L3…) qui sont à l’origine de la maladie.
Exemple : le Cancer bronchique.
F1----------> L1
                L1+F2------------>L2
                                     L2+F3----------->maladie.
Etiologie factorielle cumulative :
l’association conjuguée de plusieurs facteurs entraîne des réactions
tissulaires multiples responsables de la maladie.

Exemple : stress, drogue et alcoolisme entraînent l’apparition de maladies
mentales.
      F1+F2+F3------------>lésions tissulaires ------------>maladie.

Le risque de l’apparition des maladies chroniques croit au fur et à mesure
avec la multiplication des facteurs de risques dont l’action est souvent
synergique.

La hiérarchisation dans l’action de ces facteurs reste souvent impossible
compte tenu des prédispositions spécifiques de chaque individu devant
telle ou telle maladie.
Les Interactions Causales dans les maladies chroniques :
Association entres maladies :
diabètes et HTA------->maladies cardiovasculaires.

Association d’un même facteur à plusieurs maladies : le facteur
alimentaire est associé au diabète ainsi qu’aux maladies
cardiovasculaires.

Association entre maladie et facteur de risque :
Dépression et alcoolisme-------->suicide.
Les études épidémiologiques concernant les maladies chroniques
conduisent à la détermination du risque, des populations à risque et des
facteurs de risque.

Notion de risque :
c’est la probabilité d’être exposé à une maladie.il peut être calculé grâce aux
mesures d’associations épidémiologiques comme le RR, OR (ou rapport de
cote), R attribuable et la FER.
Les facteurs de risques :
Ce sont tous les facteurs endogènes ou exogènes qui favorisent l’apparition
d’une maladie dont la liaison statistique est significative.
Le facteur de risque peut être d’origine diverse : physique, chimique,
génétique, constitutionnelle et autre.
Un facteur de risque précède toujours la maladie, il est manipulable et
augmente toujours la probabilité d’apparition de la maladie.
La mesure épidémiologique de l’association entre un facteur de
risque et la maladie est définie par le risque relatif (RR):
Le RR étant un rapport d’incidence de la population exposée / population
non exposée.

Exemple : l’étude Framingham, réalisée aux Etats-Unis a permis de
démontrer que chez des groupes d’individus comparables le rôle de
certains facteurs de risques (tabac, HTA, excès de poids…) dans
l’augmentation de risque des maladies coronariennes.
L’association de ces trois facteurs de risques multiplie par 3,3 le risque de
décès par les maladies coronariennes.
Population à risque :
Il s’agit d’un groupe de sujets qui sont particulièrement exposés à des
facteurs endogènes, exogènes (facteurs environnementaux ou facteurs
héréditaires) et susceptibles d’être atteints par la maladie donnée,
On identifie la population à risque par des enquêtes épidémiologiques
descriptives relatives à la morbidité ou à la mortalité due à cette maladie.

Exemple : les femmes de plus de 30 ans, multipares qui présentent des
infections génitales répétées, constituent une population à risque pour le
Cancer du col.
Les étapes chronologiques d’une maladie chronique.

L’évolution d’une maladie chronique n’est pas continue à cause des
remissions et rechutes dont la durée varie en fonction de plusieurs
paramètres.

1. la période d’incubation :
Elle est longue(les perturbations organiques morphologiques et
physiologiques des organes atteints se manifestent lentement) et s’étend de
la période d’exposition à l’apparition des signes précurseurs de la maladie.

Exemple : on estime que la période d’incubation médiane est de 36,5 ans
pour un Cancer des bronches après exposition à l’amiante, elle est de 6,8
ans pour les leucémies consécutives aux radiations nucléaires.
2.Le stade préclinique :
Est asymptomatique avec des signes précurseurs de la maladie d’où
l’efficacité du dépistage durant cette période qui peut aider à une guérison
totale.
Exemple : le dépistage du Cancer du col.
3.Le stade clinique :
Après les premières manifestations cliniques, l’évolution de la maladie est
longue et progressive.
S’il n’y a pas de guérison, elle évolue vers la chronicité entrecoupée de
périodes de rechutes et de remissions.
On observe souvent au cours de la maladie des complications comme par
exemple une extension des lésions vers d’autres organes (métastases).

4.La phase finale :
L’évolution des maladies chroniques est souvent incertaine (guérison,
séquelle à type d’handicap ou décès par complications de la maladie).
IV-Épidémiologie Synthétique

Les pathologies chroniques les plus fréquentes sont l’HTA (24,58%), le
diabète (12,33%) et l’asthme (9%) quelque soit le sexe, le milieu et la
région de résidence (INSP – enquête TAHINA 2005).
Figure n°2 : Pathologie chronique dans le ménage selon la cause

Source : INSP 2005 TAHINA
V-Stratégie de Prévention

Dans son large concept, la prévention devient tout acte destiné à éviter les
phénomènes sanitaires attendus.
Elle est assurée par l’ensemble des activités sanitaires communautaires ;
médicales, biologiques, sociales et politiques qui vise à prévenir
l’apparition de la maladie qui reste un idéal.
Toutefois, la pathologie déjà existante dans la collectivité, exige une
diversification des niveaux d’intervention sanitaire.
Il convient de distinguer trois niveaux d’intervention contre les facteurs
étiologiques des maladies.

 1-Prévention primaire (prévention, promotion) :
éviter l’exposition au risque.
Elle se situe en amont de l’apparition des maladies.
Elle fait appel à des mesures collectives ou individuelles, générales ou
spécifiques ayant pour but la promotion de la santé et la prévention des
maladies.
Elle comprend tous les actes visant à faire diminuer l’incidence d’une
maladie dans une population et donc de réduire le risque d’apparition de
nouveaux cas.
2-Prévention secondaire (dépistage, traitement) :
dépistage des états précliniques et diagnostic précoce.
Elle se situe à l’extrême début de la maladie et prend en compte le
diagnostic précoce et le traitement des premières atteintes.
Il s’agit essentiellement du dépistage des maladies qui se présentent à un
stade initial.
Elle comprend tous les actes visant à faire diminuer la prévalence d’une
maladie dans une population en réduisant l’évolution et la durée.
3-Prévention tertiaire (traitement, réadaptation) : éviter les
complications de la maladie
Elle se situe au début de la maladie et prend en compte les différents
traitements ou déjà à un stade avancé de la maladie et prend en compte
les réparations des séquelles (rééducation).
Elle comprend tous les actes visant à faire diminuer la prévalence des
incapacités ou des récidives consécutives à une maladie dans une
population.
P1: éviter l’exposition au risque
P2 : diagnostic précoce et dépistage des états pré cliniques
P3: éviter les complications de la maladie.

Exemple : pour le diabète :
P1 : éviter les mariages consanguins.
P2 : dépister les états pré diabétiques.
P3 : traiter et équilibrer le malade pour éviter les complications.
L’OMS collabore avec les états membres pour élaborer une stratégie
mondiale de lutte contre les maladies non transmissibles fondée sur
les meilleures pratiques et sur la recherche opérationnelle, dans le cadre
de leurs réformes du secteur de la santé.
Programme National intégré de Lutte contre les MNT:
Le séminaire national pour l’élaboration du programme national de lutte
intégrée contre les MNT s’est tenu du 1er au 3 avril 2003.

Plan National Cancer 2015 - 2019:
Représente une nouvelle vision stratégique de lutte contre le cancer
centrée sur le malade, dont l’objectif principal est la diminution de
la mortalité et de la morbidité du cancer.
Ce plan vise essentiellement à améliorer la survie et la qualité de vie des
malades, ainsi qu’à rassembler et organiser les moyens de lutte contre
ce fléau.
VI-Conclusion
Les interventions dans le domaine des maladies non transmissibles visent
surtout un facteur de leur étiologie multifactorielle.
Le contrôle et l’éradication des maladies non transmissibles exigent
d’avantage la participation de l’individu (réduction du poids, arrêt du
tabagisme…).

La majorité des mesures s’oppose à la nature de l’individu et fait appel à
sa discipline, sa ténacité et sa modération : régime alimentaire, exercice,
abstinence de drogues, activité physique régulière, tolérance sociale,
choix du partenaire, choix de loisirs, hygiène personnelle, etc.…
VII-Bibliographie
-Plan National Cancer 2015 – 2019.Nouvelle vision stratégique centrée sur le malade. Edition ANDS,
Octobre 2014

-Abdelouahab A, Bouziani M. Cours à l’usage des étudiants en médecine. Aspects épidémiologiques des
maladies non transmissibles. Année universitaire 2010-2011

-Ladjali M. Transition épidémiologique en Algérie : Introduction. Cours à l’usage des médecins résidents.
Année universitaire 2007 – 2008

-Institut National de Santé Publique. Transition épidémiologique et système de santé (Projet TAHINA).
Novembre 2007

-Nait Djoudi K, Belkaid R. Épidémiologie des maladies non transmissibles. Cours à l’usage des médecins
résidents. Année universitaire 2004 - 2005

-Rapport du séminaire atelier sur l’élaboration du programme national de lutte intégrée contre les maladies
non transmissibles. MSPRH, direction de la prévention. Avril 2003

-Nouvelle estimation des incapacités et charge mondiale de morbidité, Bulletin de l'OMS 2010
IFMT-Santé publ.MS.2007.
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