Point de vue des jeunes sur le projet de loi C-12 - MÉMOIRE PRÉSENTÉ AU COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DE L'ÉNERGIE, DE L'ENVIRONNEMENT ET DES ...
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2021 Point de vue des jeunes sur le projet de loi C-12 MÉMOIRE PRÉSENTÉ AU COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DE L’ÉNERGIE, DE L’ENVIRONNEMENT ET DES RESSOURCES NATURELLES CHRISTIE MCLEOD
Le 30 janvier 2021 Distingués membres du Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles, Le présent mémoire provient d’une coalition composée de jeunes et d’organismes dirigés par des jeunes qui souhaitent vous donner leur point de vue sur le projet de loi C-12, la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité (le projet de loi). Nous sommes consternés et effrayés par ce projet de loi qui, de toute évidence, ne reflète ni l’urgence de la situation ni l’esprit de responsabilité qu’elle impose. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies a établi que pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C, il faudra réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et, pour ce faire, opérer des transitions systémiques rapides et d’une portée considérable1. Le gouvernement fédéral ne semble pas avoir entendu le message puisque, même s’il a reconnu l’urgence climatique2, il tarde à se doter d’un plan rigoureux pour parer à cette urgence. Notre génération et celles qui suivront devront vivre avec les conséquences des activités polluantes qui, selon les estimations, ont déjà fait grimper la température mondiale de 1,1 °C par rapport aux niveaux préindustriels3. Ces émissions sont le résultat de décisions qui ont été prises avant que nous obtenions le droit de vote ou même avant notre naissance dans bien des cas, et qui nous ont conduits à l’urgence climatique mondiale dans laquelle nous nous retrouvons aujourd’hui. Notre génération et celles qui suivront recevront en héritage des décennies de crise climatique. C’est notre avenir qui sera façonné par les forces et les faiblesses des lois adoptées aujourd’hui en matière de responsabilité climatique. Puisque le Canada et les autres pays membres du G20 sont collectivement responsables de 80 % des GES émis annuellement sur la planète4, les actions de notre pays dicteront en partie la réussite ou l’échec de l’Accord de Paris. Pourtant, selon l’indice de rendement de la lutte contre les changements climatiques (qui classe les grands pays émetteurs en fonction des mesures prises en matière climatique), le Canada se situe au 58e rang sur 61 en 20215. 1 GIEC, « Résumé à l’intention des décideurs », publié sous la direction de V. Masson-Delmotte et coll., Réchauffement planétaire de 1,5 °C : Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels et les trajectoires associées d’émissions de gaz à effet de serre, dans le contexte du renforcement de la parade mondiale au changement climatique, du développement durable et de la lutte contre la pauvreté (Organisation mondiale de la météorologie, Genève, Suisse, 2018), p. 17. 2 Vote no 1366, Affaire émanant du gouvernement no 29 (Urgence climatique nationale), 1re session, 42e législature (motion adoptée par la Chambre des communes le 17 juin 2019). 3 2019 concludes a decade of exceptional global heat and high-impact weather (3 décembre 2019), Organisation mondiale de la météorologie, https://public.wmo.int/en/media/press-release/2019-concludes- decade-of-exceptional-global-heat-and-high-impact-weather. 4 Brown to Green: The G20 Transition Towards a Net-Zero Emissions Economy 2019, p. 11, Climate Transparency, https://www.climate-transparency.org/wp-content/uploads/2019/11/Brown-to-Green-Report- 2019.pdf. 5 Ranking, Climate Change Performance Index; https://ccpi.org/ranking/ (consulté le 4 janvier 2021). 2
Le Canada peut et doit faire mieux. Nous méritons un plan audacieux, qui reconnaît l’importance d’agir maintenant pour réduire les émissions et nous assurer un avenir meilleur. Nous présentons les recommandations suivantes à la réflexion des membres du Comité afin qu’ils proposent les amendements voulus au projet de loi C-12. I. TENIR COMPTE DES DONNÉES DE LA SCIENCE Recommandation 1 : Que l’article 6 du projet de loi soit amendé afin qu’y soit inscrite une cible pour 2030 qui permettra de tenir compte des données scientifiques sur le climat. Il faut absolument éviter que le projet de loi tienne compte uniquement des données scientifiques sur le climat qui servent des visées politiques. Le GIEC prône l’atteinte de la carboneutralité en 2050 et, parallèlement, une réduction des émissions globales de dioxyde de carbone (CO2) de 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici à 2030 si nous voulons mettre toutes les chances de notre côté de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C6. Nous recommandons d’amender l’article 6 du projet de loi afin d’y inscrire une cible pour 2030 qui tiendra compte des données scientifiques sur le climat. Il faut cesser d’attendre que les prochaines générations fassent le travail. Le GIEC nous a prévenus que si nous maintenons les politiques nationales actuelles et attendons après 2030 pour intensifier les efforts mondiaux et leur donner une plus large portée, il sera impossible d’atteindre la cible d’un réchauffement planétaire en deçà de 1,5 °C7. Nous suggérons que le projet de loi établisse une cible pour 2030 qui se situera à au moins la moitié des niveaux de 2005, conformément à la recommandation du GIEC. Le Canada doit cesser de temporiser et prendre les mesures nécessaires pour accélérer la réduction de ses émissions. Une cible ambitieuse pour 2030 l’obligerait à prendre ce virage. Recommandation 2 : Que la cible de la carboneutralité inscrite à l’article 6 du projet de loi soit assortie d’une exigence minimale de réduction des émissions nationales en deçà des niveaux de 2005. Chaque pays dispose de plusieurs solutions pour atteindre la carboneutralité. Évidemment, parce qu’il serait utopique de viser un arrêt rapide de toute forme d’émissions, bon nombre de gouvernements ont opté pour des plans climatiques nationaux axés sur des moyens naturels ou techniques d’absorption des gaz à effet de serre (AGES) afin de compenser les émissions et de recevoir des « crédits de carbone » qui leur permettent de financer des mesures parallèles de réduction. 6 GIEC, « Résumé à l’intention des décideurs », publié sous la direction de V. Masson-Delmotte et coll., Réchauffement planétaire de 1,5 °C : Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels et les trajectoires associées d’émissions de gaz à effet de serre, dans le contexte du renforcement de la parade mondiale au changement climatique, du développement durable et de la lutte contre la pauvreté (Organisation mondiale de la météorologie, Genève, Suisse, 2018), p. 20. 7 Ibid., p. 20. 3
Dans sa forme actuelle, le projet de loi ne restreint pas le recours aux mesures parallèles d’AGES pour l’atteinte de la cible de carboneutralité du Canada. Or, un recours exagéré à de telles mesures risque d’entraîner la dissuasion des efforts réels de réduction des émissions et la limitation, ou du moins le retard, des avantages indirects. Notamment, l’amélioration de la qualité de l’air peut à elle seule faire économiser 114 milliards de dollars par année aux Canadiens8. Pour cette raison, le projet de loi doit préciser le rôle réservé à ces mesures dans l’effort du Canada pour atteindre la carboneutralité. La loi suédoise sur le climat prévoit que l’État devra avoir atteint la carboneutralité au plus tard en 2045, et exige la réduction des émissions nationales de 85 % par rapport aux niveaux de 1990, ce qui signifie que les émissions pourront être compensées au maximum à 15 % à l’aide d’autres mesures9. Nous recommandons que le même ratio par rapport à la cible de carboneutralité soit appliqué dans le projet de loi C-12. Il est important pour le Canada de préciser dans le projet de loi que la réduction des émissions doit avoir préséance sur les techniques d’AGES. Les émissions liées à l’exploitation des sables bitumineux ont augmenté de 560 % depuis 199010. C’est assez ahurissant. Environnement et Changement climatique Canada prévoit que d’ici à 2030, le secteur pétrolier et gazier sera responsable de plus de 40 % des émissions admissibles selon la cible actuelle pour 203011. Cette domination par rapport au budget carbone du Canada obligera les autres secteurs à réduire leurs émissions de manière irréaliste afin de permettre l’expansion du secteur pétrolier et gazier12, et risque d’entraîner une dépendance démesurée aux techniques d’AGES pour réduire nos émissions totales. Nous n’avons plus le luxe de continuer de faire comme si de rien n’était. La croissance incessante du secteur pétrolier et gazier ne laisse présager rien de bon pour l’avenir. Le projet de loi devrait prévoir des mesures pour que ses émissions et celles de tous les secteurs les plus pollueurs n’empêchent pas le Canada d’atteindre ses cibles climatiques. Une des façons d’y parvenir est de fixer des cibles minimales de réduction des émissions, tel que le suggère la présente recommandation. II. INTÉGRER LES CONNAISSANCES AUTOCHTONES Recommandation 3 : Que l’article 8 du projet de loi soit amendé afin qu’il y soit indiqué que « le ministre tient compte des meilleures données scientifiques disponibles ainsi que 8 Santé Canada (2019), Les impacts sur la santé de la pollution de l’air au Canada, http://publications.gc.ca/site/fra/9.874082/publication.html. 9 Agence de protection environnementale de la Suède, Sweden’s Climate Act and Climate Policy Framework (26 octobre 2026), https://www.swedishepa.se/Environmental-objectives-and- cooperation/Swedish-environmental-work/Work-areas/Climate/Climate-Act-and-Climate-policy-framework-/. 10 Environnement et Changement climatique Canada (2020), Rapport national d’inventaire 1990-2018 : Sources et puits de gaz à effet de serre, p. 56 11 Environnement et Changement climatique Canada (2018), Projection des émissions de gaz à effet de serre et polluants atmosphériques, p. 10, https://www.canada.ca/fr/environnement-changement- climatique/services/changements-climatiques/emissions-gaz-effet-serre/projections-2018.html. 12 Environmental Defence & Stand.Earth (2018), Canada’s Oil & Gas Challenge: A Summary Analysis of Rising Oil and Gas Industry Emissions in Canada and Progress Towards Meeting Climate Targets, p. 12; www.stand.earth/sites/default/files/Canadas_Oil%2BGas_Challenge.pdf. 4
des connaissances autochtones contextualisées » pour fixer les cibles ainsi qu’établir les plans d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation à ces changements. Les systèmes de connaissances des peuples autochtones tirent leur origine des territoires qu’ils occupent et sur lesquels ils cohabitent depuis des temps immémoriaux, et parce qu’ils continuent d’entretenir des liens profonds avec ces territoires, ils sont des chefs de file naturels pour ce qui est de l’élaboration de mesures d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation à ceux-ci. Ces connaissances sont enrichies par leurs observations de l’environnement, y compris la manière de s’adapter aux incidences des changements climatiques. Selon ces systèmes de connaissance, l’univers des vivants, celui des non-vivants, l’ensemble de la création, ainsi que leurs interconnexions sont envisagés comme un tout, et l’accent est mis sur l’établissement de liens de respect et de réciprocité. Selon cette vision holistique, les éléments des systèmes de connaissances autochtones ne peuvent pas être analysés isolément et hors de leur contexte si on veut en saisir tout le sens. Bien que les peuples autochtones aient des langues, des cultures, des pratiques, des croyances et des régimes de gouvernance qui leur sont propres, ils partagent tous la même aspiration au respect de leur vision du monde. Ces systèmes de connaissances qui forment l’assise du mode de vie des peuples autochtones ne sont pas une mosaïque d’éléments d’information disparates dans lesquels on peut piger au hasard. Il découle de la production, de la création et de la vérification des connaissances scientifiques et autochtones des corpus distincts qui ne doivent jamais être validés l’un en fonction de l’autre. Cependant, des cadres de collaboration comme ceux de l’approche à deux perspectives et de l’espace éthique favorisent l’imbrication de divers systèmes de connaissances pour penser notre avenir collectif. Les connaissances autochtones devraient être prises en compte au même titre que les connaissances scientifiques dans l’élaboration de politiques sur le climat et de mesures d’adaptation. III. JUSTICE CLIMATIQUE Recommandation 4 : Que l’article 8 du projet de loi soit amendé afin que le ministre soit obligé à reconnaître les responsabilités de la population à l’égard des membres des prochaines générations. Comme le CO2 reste dans l’atmosphère de 300 à 1 000 ans13, notre génération et celles qui suivront n’auront pas le choix de vivre avec les conséquences des émissions actuelles et des décisions prises concernant la réduction des émissions. C’est pourquoi il faut intégrer une perspective d’équité intergénérationnelle au processus décisionnel en matière climatique. À cet escient, nous suggérons de reprendre le libellé du projet de loi C-232, Loi concernant un cadre d’action contre l’urgence climatique, parrainé par la députée Leah Gazan, de Winnipeg- 13Alan Buis, The Atmosphere: Getting a Handle on Carbon Dioxide (9 octobre 2019), NASA Global Climate Change, https://climate.nasa.gov/news/2915/the-atmosphere-getting-a-handle-on-carbon-dioxide/. 5
Centre. Il est prévu dans ce projet de loi que le ministre devra tenir compte « des responsabilités des Canadiens à l’endroit des générations futures » lors de l’élaboration du cadre d’action pour lutter contre l’urgence climatique14. Recommandation 5 : Que l’article 21 du projet de loi soit amendé afin que l’organisme consultatif réserve des sièges pour les membres des groupes démesurément touchés par les effets des changements climatiques, et notamment les jeunes, les femmes et les Autochtones. Les Canadiens ne sont pas touchés de manière égale ou équitable par les changements climatiques. Ces effets peuvent exacerber les iniquités sociales qui sont fondées sur la race, le sexe, le revenu, l’invalidité, la langue ou l’âge. Pour atténuer ces effets disproportionnés, il est essentiel que les conseils et les avis au gouvernement sur les politiques climatiques tiennent compte des points de vue des groupes touchés. Au paragraphe 20(1) du projet de loi, on prévoit la constitution d’un organisme consultatif dont la mission sera de guider le ministre vers l’atteinte de la carboneutralité d’ici à 2050. Cet organisme devra inclure les groupes qui sont et continueront d’être les plus touchés par les changements climatiques, mais le projet de loi ne comporte actuellement aucune exigence à cet égard. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a promulgué une loi sur la responsabilité à l’égard des changements climatiques, dans laquelle est prévue la constitution d’un organisme consultatif dont la moitié au moins des sièges sont réservés à des femmes, et qui doit en outre compter au moins un représentant des peuples autochtones, des administrations locales, des organismes de défense de l’environnement, des milieux universitaires, des milieux syndicaux, des personnes vivant en région rurale ou éloignée, ainsi que du milieu des affaires15. Il sera particulièrement important d’exiger que des représentants autochtones siègent à l’organisme consultatif, ainsi que la prise en compte des points de vue découlant des expériences et des réalités diverses des populations autochtones du Canada. Il faudra à tout prix éviter les amalgames boiteux qui découlent du parti-pris de la « panindigénéité ». Il sera également fondamental que la voix des jeunes soit représentée au sein de l’organisme consultatif puisque c’est notre avenir qui est en jeu. Recommandation 6 : Que l’article 8 du projet de loi soit amendé afin que le ministre établisse des cibles en matière d’émissions qui permettent au gouvernement du Canada d’apporter sa « juste contribution ». Une poignée de pays, dont le Canada, sont à la fois démesurément responsables des émissions rejetées dans notre atmosphère et mieux nantis financièrement pour faire ce qui est 14 Projet de loi C-232, Loi concernant un cadre d’action contre l’urgence climatique, 2e session, 43e législature, 2020 (première lecture le 26 février 2020). 15 Climate Change Accountability Act, SBC 2007, c 42. 6
requis pour les réduire. En 2018, le Canada a rejeté de 1,7 à 1,8 % des émissions totales dans l’atmosphère16, ce qui le plaçait au 11e rang parmi les pays les plus pollueurs17 et lui impose maintenant d’assumer une partie importante de l’effort mondial d’atténuation. Le Canada doit établir ses cibles d’émissions en ayant pour objectif de faire sa « juste contribution » dans l’effort mondial de réduction des émissions et de limitation du réchauffement climatique. C’est essentiel s’il veut jouer un rôle significatif dans la lutte contre la crise climatique et éviter de faire porter ce fardeau à d’autres États qui ont moins contribué aux changements climatiques ou qui n’ont pas les moyens de financer les mesures d’atténuation. Le Canada et d’autres grands pollueurs doivent reconnaître leur responsabilité et se donner des cibles ambitieuses à la hauteur de celle-ci pour convaincre d’autres États à s’engager de manière sérieuse dans la lutte contre la crise climatique. La loi écossaise sur les changements climatiques énonce des critères précis d’établissement des cibles, y compris un objectif de ne pas excéder le bilan juste et sûr d’émissions de l’Écosse18, qui est défini comme suit : La quantité totale d’émissions nettes de gaz à effet de serre de l’Écosse, de 2010 à 2050, conformément à la recommandation de l’instance compétente eu égard à la contribution de ce pays, suivant les principes de l’article 3 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, dans le cadre de l’effort mondial visant le maintien du réchauffement de la planète en deçà de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et, par la suite, sa limitation à 1,5 °C au-dessus de ces niveaux19. Le Canada doit s’engager à faire sa juste contribution à l’effort mondial d’atténuation des effets et donner suite à cet engagement s’il veut inspirer d’autres pays à lui emboîter le pas. IV. ACCROÎTRE LA RESPONSABILITÉ Recommandation 7 : Que l’article 10 du projet de loi soit amendé afin qu’il soit exigé que les plans de réduction des émissions du gouvernement prévoient des mesures détaillées axées sur l’atteinte de la cible sur cinq ans. Le libellé actuel de l’article 10 du projet de loi exige que le plan de réduction des émissions décrive les principales mesures et les stratégies sectorielles pertinentes envisagées pour atteindre la cible en matière de réduction des émissions. Toutefois, d’après le projet de loi, le gouvernement du Canada n’est pas obligé de préciser la quantité d’émissions qui doivent être éliminées et les diverses mesures qui seront prises en vue de l’atteinte des cibles fixées. 16 Eric Kemp-Benedict et coll., The Climate Equity Reference Calculator (2019), Climate Equity Reference Project, https://calculator.climateequityreference.org/. 17 Each Country’s Share of CO Emissions, Union of Concerned Scientists (mis à jour le 12 août 2020), 2 www.ucsusa.org/resources/each-countrys-share-co2-emissions. 18 Climate Change (Emissions Reduction Targets) (Scotland) Act 2019, art. 5, al. 2B(1)a). 19 Ibid., art. 5, paragr. 2B(2). 7
Le Canada n’a jamais atteint les nombreuses cibles de réduction qu’il s’est données au fil des années20. En fait, depuis l’établissement de sa première cible en 1992, ses émissions nationales annuelles ont augmenté d’un total net de 117 mégatonnes (soit de 16 %)21. À la fin de 2016, le gouvernement a adopté le Cadre pancanadien, dans lequel il énonce une série d’initiatives multisectorielles qui sont censées guider les efforts vers l’atteinte de la cible de réduction des émissions. Toutefois, plus de 20 %des réductions prévues sont liées à des initiatives indéterminées22. Le Cadre a été publié il y a quatre ans, mais le gouvernement ne l’a pas actualisé afin d’y préciser comment le Canada atteindra sa cible pour 2030. Nous en avons assez des beaux discours sur la lutte contre les changements climatiques et des mesures qui aboutissent à des réductions insignifiantes. Nous avons besoin d’un plan rigoureux, qui énoncera en détail les mesures qui seront mises en œuvre pour permettre au Canada d’atteindre sa cible pour 2030. Recommandation 8 : Que l’article 2 soit amendé afin que la définition de l’expression « année-jalon » inclue l’année 2025. Selon le libellé actuel du projet de loi, la première année-jalon du Canada est fixée à 2030. Au paragraphe 7(1) du projet de loi, il est prévu que le ministre doit établir une cible nationale intermédiaire pour chacune des années jalons en vue de l’atteinte de la cible prévue pour 2050. Si la première année-jalon du Canada est 2030, le ministre ne sera pas tenu de préparer un rapport d’étape (conformément au paragraphe 14(1) du projet de loi) avant 2028. Nous ne devrions pas avoir à attendre aussi longtemps pour avoir une idée des progrès réalisés par le Canada en vue de l’atteinte de sa cible. En 2028, il sera beaucoup trop tard pour commencer à faire ce qui s’impose pour atteindre la cible de réduction importante de 2030. Si l’article 2 est amendé afin qu’y soit incluse l’année-jalon 2025, le ministre devra préparer un rapport d’étape en 2023. Étant donné l’urgence à laquelle fait face la planète, cet échéancier nous apparaît beaucoup plus approprié. V. SOMMAIRE DES RECOMMANDATIONS Recommandation 1 : Que l’article 6 du projet de loi soit amendé afin qu’y soit inscrite une cible pour 2030 qui permettra de tenir compte des données scientifiques sur le climat. 20 Julia Croome et coll., A New Canadian Climate Accountability Act: Building the legal foundation to achieve net-zero emissions by 2050 (mai 2020), West Coast Environmental Law, www.wcel.org/sites/default/files/publications/a_new_canadian_climate_accountability_act_- _detailed_report_compressed.pdf. 21 Environnement et Changement climatique Canada, « Émissions de gaz à effet de serre » (modifié le 15 avril 2020), https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/indicateurs- environnementaux/emissions-gaz-effet-serre.html. 22 Andrew Gage, Are politicians really standing up for our climate with the Pan-Canadian Framework? (14 décembre 2016), West Coast Environmental Law, www.wcel.org/blog/are-politicians-really-standing-our- climate-pan-canadian-framework. 8
Recommandation 2 : Que la cible de la carboneutralité inscrite à l’article 6 du projet de loi soit assortie d’une exigence minimale de réduction des émissions nationales en deçà des niveaux de 2005. Recommandation 3 : Que l’article 8 du projet de loi soit amendé afin qu’il y soit indiqué que « le ministre tient compte des meilleures données scientifiques disponibles ainsi que des connaissances autochtones contextualisées » pour fixer les cibles et établir les plans d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation à ces changements. Recommandation 4 : Que l’article 8 du projet de loi soit amendé afin que le ministre soit obligé de reconnaître les responsabilités de la population à l’égard des membres des prochaines générations. Recommandation 5 : Que l’article 21 du projet de loi soit amendé afin que l’organisme consultatif réserve des sièges pour les membres des groupes démesurément touchés par les effets des changements climatiques, notamment les jeunes, les femmes et les Autochtones. Recommandation 6 : Que l’article 8 du projet de loi soit amendé afin que le ministre établisse des cibles en matière d’émissions qui permettent au gouvernement du Canada d’apporter sa « juste contribution ». Recommandation 7 : Que l’article 10 du projet de loi soit amendé afin qu’il soit exigé que les plans de réduction des émissions du gouvernement prévoient des mesures détaillées axées sur l’atteinte de la cible sur cinq ans. Recommandation 8 : Que l’article 2 soit amendé afin que la définition de l’expression « année- jalon » inclue l’année 2025. VI. CONCLUSION Le Canada et les autres pays qui sont les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre doivent prendre des mesures vigoureuses pour réduire leurs émissions et éviter l’aggravation du réchauffement climatique mondial. De toute évidence, la limitation de la hausse de la température à 1,5 °C sera insuffisante pour parer à tous les effets négatifs des changements climatiques, mais elle permettra à tout le moins de réduire l’ampleur et la gravité de la dévastation de notre planète23. Le GIEC des Nations Unies nous prévient qu’une hausse de 2 °C de la température mondiale exposera des centaines de millions de personnes de plus à des difficultés liées au manque d’eau, aux vagues de chaleur intense et à la baisse des rendements agricoles24. 23 GIEC, « Sustainable Development, Poverty Eradication and Reducing Inequalities », publié sous la direction de V. Masson-Delmotte et coll., Réchauffement planétaire de 1,5 °C : Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels et les trajectoires associées d’émissions de gaz à effet de serre, dans le contexte du renforcement de la parade mondiale au changement climatique, du développement durable et de la lutte contre la pauvreté (Organisation mondiale de la météorologie, Genève, Suisse, 2018), p. 445 à 447. 24 Ibid., p. 453. Cette statistique établit une comparaison avec les effets délétères d’un réchauffement 9
À notre avis, dans la forme actuelle du projet de loi C-12, le Canada ne sera pas obligé de déployer les efforts nécessaires pour contribuer à la réduction de ses émissions. Nous vous exhortons à prendre en considération nos recommandations pour renforcer le projet de loi C-12. Nous vous les soumettons au nom des jeunes Canadiens, car c’est leur avenir qui est en jeu. Nous vous prions, Mesdames et Messieurs, d’agréer nos sentiments distingués. Organismes signataires Youth Climate Lab Divest Canada Coalition Canadian Youth Alliance for Climate ActionClimate Strike Canada Leading Change Canada Global Shapers Vancouver Hub Sustainabiliteens Vancouver Our Time Vancouver Climate Justice Toronto Fossil Free – Université de Waterloo Halton Youth Collective – Halton Hills Signataires individuels Christie McLeod Stagiaire en droit, Miller Thomson LLP; conseillère en matière de politiques, Traité de non- prolifération des combustibles fossiles; fondatrice, Human Rights Hub Winnipeg George Benson Cofondateur et directeur général, Climate Migrants and Refugees Project; responsable pour l’Amérique du Nord, Climat et environnement, communauté internationale des façonneurs du Forum économique mondial planétaire limité à 1,5 °C. 10
Gareth Gransaull Directeur adjoint, Canadian Business Youth Council for Sustainable Development, et cofondateur, Climate Crisis Coalition, Université Western Calvin Yang Directeur général et chef du conseil d’administration, Canadian Youth Alliance for Climate Action, et coprésident, Climate Youths Canada Victor Tong Vice-président principal et administrateur, Canadian Youth Alliance forClimate Action Michael Yang Chargé en chef des opérations et administrateur, Canadian Youth Alliance forClimate Action Helen Watts Directrice principale, partenariats mondiaux, Student Energy, et partenaire, Just Transition Taskforce, Powering Past Coal Alliance Puninda Thind Membre du comité du climat et de l’environnement pour l’Amérique du Nord, communauté internationale des façonneurs, Forum économique mondial Shakti Ramkumar Directrice des communications et des politiques, Student Energy; Climate Action Cohort Lisa Wang Coprésidente, Harvard Undergraduate Clean Energy Group Miranda Baksh Cofondatrice et directrice générale, Community Climate Council Ahsan Syed Conseiller indépendant en matière de changements climatiques et boursier du programme Chevening pour le Canada (2019) Guy Brodsky Président du conseil d’administration, Waterloo Environment Student Endowment Fund Rachel Poon Coprésidente, Association des étudiants en droit de l’environnement, Université d’Ottawa Tyler Warnock Responsable, Global Health Advocate & Climate Change, Calgary Medical Students’ Association Jenna Phillips Fondatrice, Clear the Air, et directrice générale, Youth Action on Climate Change 11
Stephen Seccareccia Développement des affaires et gestion de projet, ZinCo Canada Inc. Alan Shapiro Formateur, École de gestion et de médias, Institut de technologie de la Colombie-Britannique Robin Pollard Membre, Jane Goodall Roots and Shoots Youth Advisory Council, et étudiante à l’Université de Victoria Jackie Ho Administratrice, Emerging Leaders for Biodiversity Sagar Memon Avocat adjoint, Osler, Hoskin and Harcourt LLP Lilian Barraclough Administratrice, Nova Scotia Public Interest Research Group Marina Melanidis Fondatrice et directrice des partenariats, Youth4Nature Foundation Samuel Taylor Climate Action Carleton (Divest Canada Coalition) Sophie Price Coordonnatrice, Climate Strike Canada, et fondatrice, Divest Canada Coalition Mymoon Bhuiyan Coordonnateur de projet, Mac Divest (OPIRG), et coordonnateur, Team Divest Canada Sarah Hines Membre, Conseil jeunesse du premier ministre Alyssa Hill Climate Crisis Coalition, Université Western Mackenzie Harris Cofondatrice, Climate Justice Guelph, et candidate à la maîtrise en sciences, Université de Guelph Luke Smith-Dwyer Coordonnateur, Mac Divest Naomi Leung Coordonnatrice, Climate Educator Reform BC, et membre de Sustainabiliteens 12
Patrick Wilkie Directeur général, COSMIC Medical; fondateur et directeur, MELT Collective Circular Economy Hub Jamie Hunter Cofondatrice, Stop Ecocide Canada, et coordonnatrice, Fridays for Future West Kootenay Hannah Wicki Climate Education Reform BC Supriya Verma Directrice, gestion de la production et relations publiques, Belnor Engineering; fondatrice, SustainabilityX™ Abby Litchfield Spécialiste, mobilisation, Network for Business Sustainability Alex Lidstone Coordonnatrice de réseau, Climate Caucus Sabrina Kon Gestionnaire de programme et cheffe, enjeux de durabilité, ChopValue Tina Ghaemmaghami Associée, Sustainalytics Tia Bankosky Coordonnatrice des finances et des événements, Sustainable Trent Lupita Widyasanti Coordonnatrice des opérations, École de gestion et de médias, Institut de technologie de la Colombie-Britannique, 3Fold Partners Rosemary Jose Administratrice, Toronto Green Community Alyssa McDonald Gestionnaire de programme, Canadian Collaboration for Sustainable Procurement, et vice- éditrice de contenu, communauté internationale des façonneurs, Forum économique mondial – Vancouver Alice Henry Gestionnaire de programme, Share Reuse Repair Initiative 13
Oumaima Nassih Communauté internationale des façonneurs, Montreal Hub Brianna Brown Cofondatrice et directrice générale, Decade Impact Liam Orme Cofondateur et coordonnateur, UBC Climate Hub Brennan Strandberg-Salmon Coordonnateur, politiques et recherche sur le climat, BCCIC Climate Change Madison Savilow Directrice des ressources humaines, Carbon Upcycling Technologies Sadie DeCoste Cofondatrice et directrice, Loss and Damage Youth Coalition Sophia Yang Fondatrice et directrice générale, Threading Change, Vancouver Hub Equity, cheffe des enjeux d’équité et d’inclusion, communauté internationale des façonneurs, Forum économique mondial Sarah Jamal Environmental Defence Grace Ma Coprésidente, University of Toronto Environmental Action Rita Steele Cheffe, enjeux climatiques, Vancouver Hub, communauté internationale des façonneurs, Forum économique mondial Caroline Merner Directrice, mobilisation, Youth4Nature Daniela Ramirez Analyste des politiques, BC Council for International Cooperation Aliya Hirji Fridays for Future Toronto Ciel Sander Présidente, Trails Society of British Columbia 14
Adeola Egbeyemi Co-Coordinator, McMaster Divest Project Karine Makhijani Malagon Directrice, projets et partenariats stratégiques, EM-ONE Energy Solutions Samantha Casey Cofondatrice et cheffe des communications, Community Climate Council Lauren Castelino Fondatrice et présidente du conseil d’administration, Pitch It Green Sophie Price Fondatrice, Divest Canada Coalition Allie Rougeot Coordonnatrice, Fridays for Future Toronto Kendall Mar Organisatrice, Fridays for Future Toronto Aminah Attar Organisatrice, Fridays for Future Toronto Maxime Lakat Fondateur et président, Canadian Business Youth Council for Sustainable Development Anita White Hibernate Green Commons Sustainability Club Marie-Gabrielle Béchard Comox Youth Climate Council Will Hatch Fondateur et trésorier, Comox Youth Climate Council Ella Oldaker Comox Youth Climate Council Nick Nesbitt Analyste des politiques, Minus Global, et avocat adjoint, droit international et durabilité, Earth Law Center Melanie Issett Adjointe de recherche, économie écologique, Ivey Business School Celia Walker Coprésidente, Groupe de travail sur les mesures d’adaptation en santé et en environnement, Fédération des étudiantes et des étudiants en médecine du Canada 15
Brighid Fry Musicienne, Moscow Apartment, Music Declares Emergency & Climate Live Anjum Sultana 30 leaders de moins de 30 ans en développement durable au Canada en 2021 Ann Chen Boursière de l’Académie Yenching Jasmine Lyn Ingénieure en environnement et activiste, Toronto Celia Walker Coprésidente (2020-2021), Groupe de travail sur les mesures d’adaptation en santé et en environnement, Fédération des étudiantes et des étudiants en médecine du Canada Mikaela Gilhooly Candidate à la maîtrise en géographie et environnement, Université Western Marium Hamid Adjointe, Enseignement coopératif et apprentissage en milieu de travail et La Table ronde des affaires + de l’enseignement supérieur Nauman Saeed Anwar Secrétaire, Connecting Environmental Professionals, Calgary Lara Azarcon Étudiante en génie de l’environnement, Institut de technologie de la Colombie-Britannique Prativa Baral Étudiante au doctorat, Université Johns Hopkins Helen Brown Libraire, Université de la Colombie-Britannique Daniel Westbroek Étudiant, Université Queen’s Andrea Otamendi Étudiante, Université Queen’s Michel Despotovic Apples & Oranges Analytics and Marketing Jocasta Marshall Baccalauréat en droit et candidate à la maîtrise en droit 16
Thejasvi Ramu Spécialiste, communications politiques stratégiques Ryan Johnson Étudiant au doctorat, Université de Waterloo Justin Collett Étudiant au diplôme d’études supérieures en direction d’entreprise durable, Institut de technologie de la Colombie-Britannique, et baccalauréat en génie géomatique, Université du Nouveau- Brunswick Nicole Garcia Étudiante au diplôme d’études supérieures en direction d’entreprise durable, Institut de technologie de la Colombie-Britannique Charlotte Wayara Candidate à la maîtrise en études environnementales, urbanisme (2021), Université York Mireta Strandberg-Salmon Étudiante au baccalauréat en environnement, Université Simon Fraser Angela Woodbury Étudiante, École de médecine Max Rady, Université du Manitoba Spencer Julien Étudiant, Faculté d’architecture et Centre de la diaspora et des études transnationales, Université de Toronto Katrina Wynne Étudiante au baccalauréat en sciences de l’environnement, Université Western Larissa Parker Étudiante en droit, Université McGill Kiemia Rezagian Annika Lee Frances Hallen Colton Kasteel Rachel Kohut Samia Islam Matthew Lam 17
Cara Mu Mateo Molinaro Victoria Miller Joy Zheng Georgia Koumantaros Shopnil Rahman Carley Langleben Ian Del Rio Jeremy Prapavessis Jessica Augurusa Prachir Pasricha Kayla Dharamshi Georgia Gopinath Halina Rachelson Judy Patterson Erick Carreras Albesa Aliu Chandra Chisholm Samia Sami Austin Tahiliani Joanne Nellas Megan Bourassa Robert Gibson 18
Lucia Eyzaguirre Joanne Nellas Nikki Mertens Suhaavi Kaur Yousap Hanna Priya Patel McKenzie Rainey Kristy McConnel Isabella Johnson Rose Kang Amber Mahon Elisabeth Hadjis Kaede Mizukoshi Alexis Holmes Bobbi Gibson Rahul Balasundaram Charlotte Lee Abeer Yusuf Ewa Lipsztajn Gary Thomas Cooke Jenny Tan Prakash Koirala Arushi Raina 19
Grace Bryson Margarita Pacis Briana Stallcup Robert Auger Vivienne Jaehn-Kreibaum Sydney Wanchulak Nicholas Valencia Caitlin Josey Skylar Kylstra Sigourney Shaw Mika Yasutake Steve Paradis Olivia Delorme Meghan Burns Karly Gunsom Natalie Welburn Meriel Fitzgerald Peter Luk Matthew Freedlander Sheri Ellenberger Theodore Lam Emma Bolden Alexander Lam Kate Meagher 20
Vivianne Lemay Cisi Zhang Lister de Vitré 21
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