La sainte alliance pédago-libérale - Snalc
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- 9 octobre 2010 - 14 euros www.snalc.fr Le MENSUEL du SYNDICAT NATIONAL N° 1328 des LYCÉES et COLLÈGES La sainte alliance pédago-libérale " Le collège unique, en raison des disparités importantes entre les établissements, de l’existence déguisée de filières et de stratégies de contournement bénéficiant aux fa- milles les mieux informées, n’a d’unique que le nom ". C’est au nom de ce constat que le Haut Conseil de l’Education, dans un rapport diffusé le premier octobre, préconise de passer à " l’école du socle commun ". La suite ne laisse planer aucun doute : aug- mentation du temps de présence dans les établissements, rattachement du collège à l’école primaire par création d’un " enseignement scolaire public du premier degré ", recrutement des professeurs par le principal, " pratiques pédagogiques pour faire réus- sir tous les élèves ", autonomie… Bref, la " tambouille " rance et recuite de la gargote pédagogiste, pour la énième fois décongelée, resservie par quelques " penseurs " per- suadés d’avoir découvert la " substantifique mœlle "… Congrès Si 95% des professeurs de collège ressentent, aux dires des messieurs du HSE, " un ma- laise ", si 75% des élèves sortent de troisième sans disposer d’un bagage suffisant pour de TOULOUSE poursuivre fructueusement des études, on est en droit de se demander comment il se pourrait faire que la " primarisation " du collège améliore la situation !! Les " experts " du HCE disent le savoir : c’est que les pays européens " qui ont maintenu un système de filières " réussissent moins bien que les autres. Après les resucées, les affirmations sans preuve !! Pas un mot sur les Pays Bas, pas un mot sur la Corée du sud, pas un mot sur la MASTERISATION : Confédération Helvétique… Non, seules comptent la Finlande, la Suède et autres pays nordiques, sans toutefois faire allusion à la forte sélection qui caractérise le passage un DVD ! d’un échelon à l’autre de ces systèmes. Depuis plus de trente ans, le SNALC et la CSEN dénoncent les méfaits du collège uni- que, du passage automatique, des méthodes pédagogiques frelatées. A peine initiée, la pseudo-réforme du lycée montre déjà ses limites en raison de la réduction des ho- raires disciplinaires, liée aux dispositifs de soutien et de remédiation. A qui la faute ? Préfet N’avions-nous pas affirmé, depuis le début, que l’afflux d’élèves incapables de suivre en seconde rendrait caduque toute refonte du lycée ? A qui fera-t-on croire qu’en dé- des études connectant définitivement le collège du lycée, on améliorera la situation ?! Mais les princes qui nous gouvernent n’ont cure de cela : seule importe, à leurs yeux, la volonté de passer pour " progressistes ", à l’aide de discours ronflants et de propos lénifiants. La sainte alliance pédago-libérale est à l’œuvre. Elle sévit depuis 1975 avec les résul- tats que l’on sait. Elle s’alimente de ses propres échecs, au détriment de nos élèves et des populations les plus fragiles de ce pays. Haby, Savary, Chatel : même combat ! Retraites Bernard KUNTZ – le 1er octobre 2010 Où en est-on ?
editorial Actualité La Quinzaine Universitaire n° 1328/9 octobre 2010 1 > La sainte alliance pédago-libérale ACTUALITE 2 > Ne l'oubliez pas ... 3 > Congrès national du SNALC pedagogie Ne l'oubliez pas ... 4 > Rentrée 2010, rapport de CALENDRIER PRÉVISIONNEL, L’IGAENR : l'aveu ! sous réserve de modifications, annulations, retards, reports... 6 > Mastérisation : Révision de notation des Agrégés dans le Supérieur (PRAG) " kaléidoscope chatoyant " ou broyeuse multiforme ? 15 octobre date limite de l’envoi des demandes de révision de notation au ministère des agrégés dans le supérieur (PRAG) 8 > Livret de compétences et socle commun OCTOBRE VIE SCOLAIRE 9/25 ............Vacances à Mayotte et à La Réunion Mi-octobre.......Elections aux conseils d’administration des établissements (avant la 12 > CSE fin de la 7ème semaine de la rentrée scolaire) 13 > Qui est donc le " préfet des 18 ............Dépôt des listes (deux noms suffisent) : au moins 10 jours avant études " ? l’élection 14 > Cahier de textes numérique > Enseigner dans le monde NOVEMBRE Début novembre Parution de la note de service relative au mouvement national à GESTION DES PERSONNELS gestion déconcentrée des personnels enseignants du second degré 15 > Hors classe des agrégés 2010 et des personnels d’éducation et d’orientation pour la rentrée scolaire 2011 > Nouvelle insulte faite Vers le 13 novembre Parution du n° 1328 de la Quinzaine Universitaire contenant un aux professeurs de la voie dossier spécial inter 2010 professionnelle par le ministère Vers le 19 novembre CAPN d’accès à la hors classe des professeurs certifiés – 29ème base 16 > Retraites 17 > Contrôle des arrêts maladie 18 > Etablissements privés TRIBUNE LIBRE APPEL à candidature 19 > Sauver l'Ecole La Commission Administrative, réunie à l’occasion du congrès de Toulouse de- vra, conformément aux statuts, procéder à l’élection d’un nouvel Administrateur A LA RENCONTRE DE ... Général. 20 > Monique Canto-Sperber Les candidatures seront reçues au siège national (SNALC, 4 rue de Trévise, Directrice de l'ENS 75009 PARIS), par courrier en recommandé avec accusé de réception, elles devront avoir été postées au plus tard le 9 novembre, le cachet de la poste faisant foi. Le Bureau National du 20 octobre désignera, conformément aux statuts, un de ses membres qui assurera la fonction par intérim. Le Président a demandé, en attendant, à Pierre FLEURY d'assurer le remplacement. La Quinzaine Universitaire SNALC - 4, rue de Trévise - 75009 PARIS SNALC Etranger – Outre-mer Tél : 01 . 47 . 70 . 00 . 55 Affectation ? Mutation ? Interrogations ? Vos correspondants www.snalc.fr Etranger : AEFE, Mission laïque, etc. : etrangeroutremer@snalc.fr - 01.47.70.00.55 Directeur De L a Publication : Albert-Jean MOUGIN Amérique, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, détachés et personnels relevant d'autres ministères : R édacteur En Chef : snalc.29base@free.fr - 06.88.39.95.48 Geneviève PEIRSMAN - Tél : 06.79.34.39.84 Frantz JOHANN vor der BRÜGGE - 06.88.39.95.48 R esponsable Publicité : François PORTZER Olivier OURMET - 01.47.70.00.55 Maquette : Guadeloupe : Sébastien FILLION - snalc.guadeloupe@orange.fr - 05.90.98.10.59 Cécile MOGAVERO Martinique : Daniel WURM - snalc-martinique@hotmail.fr Imprimé en France Mayotte : Jean-Jacques BAZIN - jjbazin@hotmail.com - 06.39.69.53.61 par l’imprimerie Compédit Beauregard s.a.(61), labellisée Imprim’Vert, certifiée PEFC Polynésie : Vahina DIVOUX - president@snalc.pf - (00.689).83.19.07 Dépôt légal 4ème trimestre 2010 CP 1010 S 05585 - ISSN 0395 -6725 Mensuel 14 € - Abt 1 an 125 €
La Quinzaine Universitaire n° 1328/9 octobre 2010 Actualité Réservation et inscription : renseignez-vous auprès de votre section académique
Pédagogie La Quinzaine Universitaire n° 1328/9 octobre 2010 Rentrée 2010, rapport de L’IGAENR : Némésis tenant la roue de la fortune, statue en marbre du IIe siècle, Villa Getty l'aveu ! Si le débat parlementaire, si le débat préparé ", du fait " des choix conjonc- Si nous entrons un peu plus dans le par la rue, sur la réforme des retraites turels et des solutions provisoires " détail, quelques morceaux choisis sou- n’avaient pas monopolisé l’opinion, et d’une " gestion (…) qui conduit à ligneront encore la convergence des gageons que la divulgation d'un privilégier les adaptations immédiates points de vue. rapport confidentiel de l’Inspection sur les investissements à moyen et long Générale de l’Administration de terme et des processus de modernisa- Les lycées ont été préservés au l’Education Nationale aurait eu un tion imparfaitement maîtrisés qui sont détriment des collèges tout autre retentissement et concentré en train de fragiliser la capacité d'ac- et des remplacements l’attention des médias. Dans notre tion des services académiques ". Rien pays la question scolaire est une des de moins. Ainsi, dans le second degré, " les ly- premières querelles nationales, nous le cées ont été préservés au détriment savons. Pour les rapporteurs : " La tension des collèges et/ou des moyens de rem- dans le second degré se manifestera placement ". " Les recteurs devaient par un recours accru à des personnels accueillir 25 000 élèves en plus avec De quoi s’agit-il ? Rien de bien extraor- non titulaires et des difficultés proba- l'équivalent de trois ou quatre mille dinaire a priori, précisément, puisqu’il bles pour assurer le remplacement des emplois en moins liés à la réforme du s’agit d’un rapport ordinaire, réalisé professeurs absents ". De même, " la recrutement ". Les recteurs " priés par chaque année sur la préparation de tension dans les services administratifs le ministre de ne pas diminuer le taux la rentrée à venir. Trois IGAENR pro- est très sous-estimée par l'administra- d'encadrement des secondes l'année posent une synthèse, datée de juillet tion centrale du ministère ". Ou en- de la réforme (…) ont réparti l'effort 2010, des analyses des correspondants core, " La réforme du recrutement des budgétaire sur plusieurs postes : les académiques de l'Inspection, analyses enseignants (…) doit faire face à des collèges, les moyens de remplace- produites dès mai-juin, date qui a son difficultés de mise en œuvre ". " Elle ment, les première et terminale de ly- importance. Ce travail, transmis au donne lieu à une foisonnante diversité cée, et très rarement les enseignants cabinet de Luc Chatel, n’avait pas vo- de dispositifs à l'initiative des aca- mis à disposition ". cation à être rendu public. L’Agence démies, se heure à une insuffisance pour l’Enseignement et la Formation en manifeste de moyens pour financer la On est surpris chaque année livrait cependant dès le dix septembre formation des nouveaux stagiaires en par la capacité des enseignants une analyse, reprise peu après dans Le plus de celle des titulaires, et rencontre à absorber de nouvelles heures Monde. L’intérêt du document est qu’il une difficulté à trouver suffisamment de supplémentaires peint avec une liberté de ton de corps formateurs universitaires et de tuteurs indépendant telle qu’on la voudrait dès la première année ". Ce n’est pas Le rapport avoue encore que les besoins voir s’exprimer partout, le panorama on le voit ici, le SNALC qui l’écrit. Il se de remplacement sont accrus par la d’un système éducatif " sous-tension ", trouve seulement rejoint dans ses pro- réforme du recrutement des enseignants dont l’avenir " n'est pas totalement pres analyses. pour compenser les absences de
La Quinzaine Universitaire n° 1328/9 octobre 2010 Pédagogie stagiaires en formation. Ce choix est ploi des heures d’accompagnement, " partiellement insincère et coûteux ". réforme des lycées professionnels qui Si la rentrée 2010 est marquée par butte contre l’inquiétude des familles une absence de suppression d'emplois devant la raréfaction des CAP, en ter- d'enseignants, c’est par le fait de la mes empreints de correction adminis- mastérisation et de la suppression trative, l’Inspection Générale confirme de 16 300 emplois de stagiaires. Conséquemment " l'augmentation de la les analyses que notre syndicat a, dès l'annonce des réformes, formulées Connaissez-vous part des heures supplémentaires dans les dotations est générale ". Le rapport quant à leurs prévisibles impasses. De même le rapport admet que, faute nos sites précise : " On atteint en moyenne un taux de 10 % des heures déléguées. d’avoir fixé des cadres réglementai- res nationaux, le Ministère a créé les internet ? On est surpris chaque année par la conditions d’une disparité extrême en- capacité des enseignants à absorber tre les académies, bien au-delà de la de nouvelles heures supplémentaires ". seule gestion des emplois de stagiai- Toutefois, " la plupart des académies res. C’est le plus grave. " On ne peut semblent cette fois atteindre un palier ". masquer que la période va être difficile www.snalc.fr De fait, " l'augmentation des heures pour les académies ", y lit-on. " Elles supplémentaires fait aujourd'hui l'objet vont devoir réduire les moyens et dimi- www.csen.fr d'un travail tout en dentelle, d'abord de nuer les coûts, faire face aux difficultés www.fgaf.org la part du ministère, qui connaît bien que connaissent une partie des élèves, les différences de comportement d'une et piloter des établissements qui se académie à l'autre (sic !), puis de la part voient reconnaître une autonomie de des services qui ajustent, établissement gestion croissante ", indique le docu- Le SNALC est membre de la par établissement, le nombre d'heures ment, dont les auteurs se demandent supplémentaires susceptibles d'être prises si leurs différentes " pratiques ", " per- par les enseignants. La réservation des mettent bien d'affronter au mieux les supports " berceaux " pour les stagiaires difficultés auxquelles le système édu- a " eu une incidence sur le volume catif est confronté et de conduire au des postes disponibles au mouvement mieux les évolutions attendues ". Or, Fédération Générale Autonome des Fonctionnaires interne (…) Des académies estiment que poursuit le rapport, " l'administration les supports pour stagiaires ont bloqué un centrale, qui établit le budget et impul- quart du mouvement intra-académique ". se des réformes nationales, n'est pas Parallèlement, il souligne aussi les organisée de façon à suivre et évaluer grandes difficultés constatées à déléguer, les politiques mises en œuvre sur le ter- dans l’urgence et l’improvisation, la rain ". C’est, à nos yeux, et la mise à formation des nouveaux lauréats des jour d’un dessein et la mise en garde concours aux corps d’inspection. sur ses immédiates conséquences. Favorable à la mastérisation, le SNALC a exigé qu’elle s’accompagne de Le projet obstiné de décentraliser l’Eco- conditions de formation pratique au le de la République est dans sa phase moins équivalentes à celle des centres de désorganisation des structures dont de formation pédagogique, précédant des esprits chagrins pourraient penser les ex-IUFM. Or, des différentes qu’elle est volontaire. Il y a plus que architectures de formation découlent de jamais urgence à proposer l’alterna- fortes disparités ; ainsi dans le cadre tive d’une autre politique pour notre commun des 216 heures consacrées Ecole. Il y a plus que jamais urgence à à la formation, selon les académies, le réinterroger le " modèle français " qui compagnonnage par le tuteur peut aller a façonné notre pays, avant qu’il n’ait de " 36 à 108 h " et les regroupements été définitivement escamoté, à force de formation théorique de " 60 à 160 de métamorphoses partielles. C'est heures ". (Cf. l'article de Béatrice autour de cette question que nous Barennes sur la mastérisation - p.6). sommes tous invités à nous rassembler nombreux à Toulouse, du 15 au 19 no- On ne peut masquer que la vembre prochain. période va être difficile pour les académies Incertitudes quant à la réforme des Albert-Jean Mougin classes de seconde, vague dans l’em- Vice-Président
Pédagogie La Quinzaine Universitaire n° 1328/9 octobre 2010 Mastérisation : " kaléidoscope chatoyant " ou broyeuse multiforme ? Dans un rapport remis au ministre en juillet 2010 et rendu public Un échantillon le plus représentatif possible ci-dessous. il y a peu, l’IGAEN (Inspection Générale de l’Administration de Pour retrouver l’ensemble du tableau : l’Education Nationale), pointe " les risques d’une diversité qui http://www.snalc.fr/utile/analyses-du-snalc/masterisation- confine à la disparité " (1) dans les diverses modalités de stage concours/ offertes par les académies aux titulaires des concours 2010. avec une remise de prix dont on se serait bien passé… Dispositifs d’accueil au mois d’août, obligation de service, or- ganisation, contenu et volume de la formation divergent forte- _________________ ment d’une académie à l’autre tant la circulaire ministérielle du (1) Synthèse sur la préparation de la rentrée scolaire 2010, p.23 25 février n’avait de " cadrage " que le nom. Rupture d’égalité pour des candidats à la titularisation placés dans des situations (2) Le décret 2010-951 du 24 août 2010, publié au JO du 26 août contrastées ? Pour les élèves qui seront les cobayes involontaires 2010 institue une indemnité dont le montant est fixé par le Recteur de dispositifs plus ou moins farfelus ? Pour les tuteurs qui devront " en fonction de l’importance des actions de suivi et d’accompa- assumer des obligations – et des émoluments (2) – variables ? gnement mises en place dans le cadre du tutorat. ". Temps de Contenu de la Modalités de Académies Accueil Organisation de la formation Volume global de formation service formation remplacement Aix- 30 août 18 h 9 jeudis filés 4 semaines formations au " analyse de situation 1 jour d’accueil+9 jours+ Etudiants M2 Marseille massées choix PAF disciplinaire " : 4 semaines+ tutorat+stages admissibles, 9 jours au choix TZR, contractuels 4 semaines formation 144 h à la charge du vacataires disciplinaire stagiaire Besançon 30,31 août 18 h 15 mercredis filés. Au moins 2 stages PAF 6 jours de formation 2 jours d'accueil+110 h Remplacement dans deux heures de cours le mercredi Composante disciplinaire, 9 jours en établissement+90 h de l’établissement ou " pour que les temps de formation disciplinaire de formation regroupements départementaux auto-remplacement s’imputent au moins partiellement interdisciplinaire et 156 à 186 h à la charge du rémunéré sur le service d’enseignement " tranversale stagiaire Clermont- 30 août A mi-temps vendredis filés 15 jours massés 1 jour d’accueil+7 jours TZR pour le Ferrand (8 h) jusqu’à la en février +15 jours+36 h tuteur mi-temps de début jusqu’aux Toussaint 66 h à la charge du d’année Ø ? congés de stagiaire Toussaint puis 16 h Montpellier 25,26, 27 18 h 11 semaines 11 jours disciplinaires 3 jours d’accueil+32 jours TZR jusqu’à la août Décharge de massées 21 jours transversaux +24 jours en établissement Toussaint, puis cours jusqu’à Ø Ø 18 h à la charge du étudiant M2 la Toussaint stagiaire Paris 30,31 août 16 h 7 mardis ou 2 semaines 12 à 18 h 7 jours+2 semaines+21 h de (13 h mercredis filés massées tutorat+15 h ? agrégés) ? 108 h à la charge du ? stagiaire Toulouse 23,24,25, 18 h 15 jeudis 10 jours de DIF 10 jours de 5 jours et demi d’accueil En début 26,27 août filés thématique + 25 jours de formation d’année Journée avec disciplinaire + tutorat " étroit et fort " en " ressources en l’Inspection le Ø 5 jours de thématique début d’année surnombre ", pour 3 septembre " transversale " 216 h à la charge du les jours de DIF stagiaire remplacements de courte durée
La Quinzaine Universitaire n° 1328/9 octobre 2010 Pédagogie Médaille d’or de remporter le prix " Spécial Ubu " : elle implantés pour affecter les 135 lauréats lourdeur du service attribué aux stagiaires : avait prévu de dégager la journée de des concours 2010 sera en principe Toulouse mercredi pour que les stagiaires suivent reconduite à l’identique les années sui- la formation en plus de leur service dans vantes (organisation qui manque pour le Dans sa lettre de cadrage (3), le Ministère les classes. Eprouvant sans doute un tar- moins de souplesse…). avait préconisé qu’1/3 de l’ORS (Obliga- dif remords, elle a enjoint dans une circu- tion Réglementaire de Service) soit consa- laire de placer au moins deux heures (et Prix de la démocratie participative cré à la formation soit 6 hX36=216 h. jusqu’à 4 h) de cours pour les stagiaires Aix-Marseille Nous avions demandé qu’en conséquen- le mercredi " pour que le temps de forma- ce, l'ORS des certifiés soit fixée à 12 heu- tion s’impute au moins partiellement sur En proposant à ses stagiaires de remplir res pour dégager 6 heures et permettre le service d’enseignement ". Autrement avant la rentrée un document d’ " auto- éventuellement de banaliser une journée dit, on organise a priori l’absence des positionnement " et en septembre et no- pour la formation (sans obligation de stagiaires dans leur classe le mercredi… vembre, deux documents de " positionne- remplacement donc). Nous avions aussi A charge pour le chef d’établissement de ment " destinés à " déterminer le degré proposé des maquettes d’organisation prévoir le remplacement (éventuellement d’accompagnement nécessaire en début (cf. QU n° 1323 p.7). par le stagiaire lui-même qui toucherait ou en cours d’année ainsi que les besoins Ce n’est pas ainsi que les académies l’ont des heures supplémentaires !). en formation de professeur stagiaire ", compris. Seulement 1/3 des académies l’académie d’Aix-Marseille affiche son am- proposent un allègement de service (au Médaille d’argent bition d’adapter sa formation aux parcours maximum 3 heures) aux stagiaires, ce qui absurdité des dispositifs de remplacement : divers des stagiaires. Heureux les titulaires correspond pour une année de 36 se- Montpellier du BAFA ou d’une expérience en entre- maines à 108 h : les 108 h restantes sont prise : peut-être pourront-ils voir reconnaî- à effectuer par les stagiaires, en plus de Les académies qui ont réussi à organiser tre leurs compétences " liées à la gestion leurs obligations de service déjà lourdes leur formation sur des " journées filées " des conflits, à la dynamique de groupe et à assumer pour une première année. dégagées dans l’emploi du temps des sta- au respect des biorythmes " et voir réduire D’autres académies ne proposent pas giaires ont moins de problèmes de rem- ainsi leur temps de formations sur ces thè- d’allègement horaire annuel mais en placement. Il peut y avoir ponctuellement mes ? De là à réclamer une formation dans début d’année, jusqu’à la Toussaint par un besoin, en cas par exemple de stage la didactique de leur discipline… exemple, un mi-temps ou un plein temps au PAF, mais cela peut être géré par des (Clermont mi-temps, Montpellier plein remplacements de courte durée au sein Difficile de dresser un tableau entièrement temps). de l’établissement. Certaines académies exhaustif et objectif de la situation tant la D’autres ne proposent pas d’allègement ont prévu aussi (Nancy-Metz ou Lille par créativité et l’initiative locale encoura- horaire mais des semaines " massées ", le exemple) d’affecter des ressources supplé- gées par le ministère semblent illimitées. cas le plus courant étant celui des acadé- mentaires en TZR en début d’année pour Les informations sont aussi parfois diffici- mies qui proposent 4 semaines massées constituer des " triplettes " stagiaire-tuteur- les à obtenir de la part de rectorats peut- soit 72 h pendant lesquelles le stagiaire TZR, ce dernier remplaçant au coup par être dépassés (l’académie de Nantes et est déchargé de cours et remplacé. Quoi coup le stagiaire ou le tuteur en un har- de Versailles remportant à cet égard la qu’il en soit, aucune académie n’offre un monieux chassé-croisé propice à n’en pas palme : malgré des demandes réitérées, allègement de service de 216 h. L’acadé- douter à la continuité pédagogique… aucun document ni aucun interlocuteur mie la plus prodigue, Montpellier, offre Le recours à des étudiants en M2 est par- n’ont pu nous renseigner…). 11 semaines " massées " soit 198 h de fois explicitement écarté (Nancy-Metz, N’hésitez pas à nous faire part de vos té- décharge de cours pour le stagiaire. Strasbourg), parfois plébiscité (Aix-Mar- moignages et remarques sur info@snalc.fr La moyenne des académies offrant en- seille, Rouen). pour que nous affinions nos analyses. viron 140 h sur les 216 h, le prix de la Mais c’est dans l’académie gagnante que Reste une question cruciale : au-delà du lourdeur de la charge imputée est bien le dispositif a été peaufiné avec un raffine- plaisir esthétique pris à contempler ce Toulouse qui met la totalité de la forma- ment admirable. Bravo à Montpellier qui " kaléidoscope chatoyant ", il faut se de- tion à la charge du stagiaire sans aucun prévoit entre Noël et les vacances d’hiver mander avec l’IGAEN " si ces pratiques allègement et avec un dispositif d’accueil un dispositif d’alternance particulièrement dans leur diversité permettent bien d’af- de 5 jours (comme Créteil). byzantin : une semaine de " tuilage " fronter au mieux les difficultés auxquels La suppression de la rédaction du mé- (autrement dit, passage de témoin entre (sic dans le texte de l’IGAEN) le système moire professionnel dont nous nous féli- les deux intervenants dans la classe), 2 éducatif est confronté et de conduire au citons, ne saurait suffire à compenser une semaines prises en charge par un étudiant mieux les évolutions attendues. " (4) Ou telle charge de travail et de responsabilité en M2, 2 semaines par le stagiaire, 2 se- encore pour le dire de manière plus bru- (beaucoup de stagiaires s’étant vu attri- maines à nouveau avec l’étudiant en M2 tale, s’il est bien raisonnable de placer buer des classes à examen…). et une semaine de tuilage-bilan. ainsi les jeunes lauréats de concours dans Besançon a manqué de peu la palme mais des situations pédagogiques et humaines a mis en place un dispositif qui lui permet Médaille de bronze trop souvent intenables… pour un blocage durable : _________________ (3) Circulaire du 25 février 2010, dispositif Besançon Béatrice Barennes d’accueil, d’accompagnement et de forma- Secrétaire national à la pédagogie tion des enseignants stagiaires des premier L’académie de Besançon a fait le choix _________________ et second degrés et des personnels d’éduca- de constituer un réseau stable d’établis- (4) Synthèse sur la préparation de la rentrée tion stagiaires. sements d’accueil : la centaine de postes scolaire 2010, p.25.
Pédagogie La Quinzaine Universitaire n° 1328/9 octobre 2010 Livret de compétences et socle commun Repères pour une laborieuse utopie … Dans la QU n°1324 (p.15), nous vous • Liberté pédagogique annoncions, via Jean-Michel Blanquer, L’attestation de maîtrise des compétences devra obligatoirement être remplie pour Directeur Général de l’Enseignement le DNB (Diplôme National du Brevet) 2011. Cependant la liberté pédagogique Scolaire, que la DGESCO (Direction de chaque professeur doit être respectée. Certains professeurs réticents n’ont pas Générale de l’Enseignement (encore) compris tous les bienfaits du socle commun. Il reviendra aux chefs d’éta- Scolaire) nous concoctait un cahier blissement et aux corps d’inspection de s’appuyer sur toutes les ressources dis- de fiches repères et un séminaire ponibles (conseil pédagogique, conseil d’enseignement, inspections, formations, d’information, relatifs à la mise professeurs volontaires) pour faire évoluer les pratiques pédagogiques et faire en place du livret personnel de en sorte que tous les professeurs appliquent rapidement et en toute liberté les compétences, en particulier au collège. consignes. Le séminaire, destiné aux responsables académiques, a eu lieu le 4 mai 2010 et les comptes-rendus ont été mis en ligne sur eduscol fin mai tout comme • Compétence - définition les 14 fiches repères. La compétence est une notion polysémique que les chercheurs s’accordent cepen- Morceaux choisis et tentative de dant à définir comme " une combinaison de connaissances (savoirs), de capaci- synthèse destinés à vous épargner tés (savoir faire), et d’attitudes (savoir être ou, mieux encore, savoir devenir dans autant que possible une lecture le cadre de la formation tout au long de la vie) ". éprouvante … • Socle commun - définition Le socle commun s’acquiert progressivement de l’école à la fin de la scolarité obligatoire. Des paliers intermédiaires sont détermi- nés dans sa maîtrise : palier 1 en fin de CE1, palier 2 en fin de CM2 et palier 3 en fin de 3ème. Le livret personnel de compétences " collecteur des réussites des élèves " est le recueil des attestations de maîtrise des connaissances et compétences du socle ; au palier 3 il se décline en 7 compétences et 26 domaines divisés en une centaine d’items. Il est transmis au lycée ou au CFA à l’issue de la 3ème, ce qui permet d’éventuelles remédiations pour les élèves qui n’auraient pas acquis toutes les compétences (de même que la transmission du livret du primaire permet aux professeurs du collège de mettre en place tous les dispositifs d’aide individualisée nécessaires). • Evaluation - notation - validation L’évaluation n’est pas incompatible avec la notation et peut même y participer (nous aurions plutôt écrit le contraire). L’éva- luation peut prendre différentes formes mais l’évaluation par compétences comporte l’avantage (contrairement à la notation chiffrée) de mettre davantage l’accent sur ce que sait l’élève, de ne pas le sanctionner mais de " l’inviter à progresser " et à s’autoévaluer en proposant éventuellement au professeur la validation de certaines compétences " dès lors qu’il pense en avoir la maîtrise ". Cette évaluation menée individuellement (ou conjointement lors d’activités transdisciplinaires comme les IDD par exemple) est à distinguer de la validation des compétences qui est une opération institutionnelle, binaire (item acquis ou non), collégiale et définitive. • Quand, comment et qui valide les compétences ? Pas trop tôt : la validation d’une compétence étant définitive, il est préféra- ble de ne pas tout valider en 6ème pour des questions évidentes de motivation … Pas trop tard non plus : l’année de 3ème étant " riche en obligations institutionnelles ", il est préférable de prendre un peu d’avance (fin de 4ème, début de 3ème). L’attestation de maîtrise du socle exige la maîtrise de toutes les compétences qui ne peuvent se compenser. En revanche, une compétence peut être validée même si tous les items ne le sont pas (mais ils doivent tous avoir fait l’objet d’une évaluation). Plusieurs disci- plines contribuant à l'acquisition d'une même compétence, et inversement une discipline participant à l'évolution de plusieurs, un travail concerté entre professeurs " permettra de s’accorder sur les attentes de chaque professeur pour le même libellé ".
La Quinzaine Universitaire n° 1328/9 octobre 2010 Pédagogie • Socle commun et DNB (Attention ! Pas évident à suivre) - la maîtrise du socle est un élément nécessaire pour l’obtention du DNB mais ne se confond pas avec lui ; - les exigences des épreuves écrites et orales du DNB, ainsi que le contrôle continu sont pour beaucoup de compétences supérieures à celles du palier 3. L’obtention du DNB entérine donc la validation de la maîtrise du socle ; la réciproque n’est pas vraie ; - un élève ne maîtrisant pas toutes les compétences du socle peut néanmoins se présenter à l’examen. Le jury, au vu de son dos- sier pourra lui accorder le diplôme et par voie de conséquence l’attestation de maîtrise du socle commun, décision souveraine qui n’entraîne pas une validation a posteriori des compétences. (Vous ne suivez plus, moi non plus …). • La " tâche complexe " Pour évaluer les compétences des élèves, il est conseillé de les mettre en situation d’accomplir " une tâche complexe ". Qu’est- ce qu’une tâche complexe ? Ce n’est pas une tâche compliquée (ce serait trop simple !) mais une situation concrète, ancrée de préférence dans le quotidien des élèves – pour mieux susciter leur curiosité – et nécessitant la mobilisation de connaissances, compétences et attitudes. • Implication de l’élève et des familles Il est nécessaire d’impliquer l’élève dans ses apprentissages et son évaluation en explicitant en toute situation les items évalués et les critères de réussite. Un point doit être fait régulièrement sur les compétences acquises. Cette méthode stimule l’élève en " le rendant acteur de ses apprentissages ". De même, la communication avec les parents sera essentielle pour " rendre l’action pédagogique transparente ". Les outils numériques pourront s’avérer précieux pour assurer ce suivi. Devant une telle sollicitude institutionnelle, on ne peut se défen- On peut comprendre que certains professeurs souhaitent qu’à dre d’une certaine confusion de ne pas se sentir entièrement terme, ces heures prévisibles de concertation soient intégrées convaincu. Or, malgré la profusion de définitions appliquées dans le service. Ce serait une maigre consolation contre le re- et de jolies formules, c’est plutôt l’accablement qui menace le noncement à notre cœur de métier : la transmission et non pas lecteur de cette laborieuse utopie. Comment la mise en œuvre les ratiocinations stériles autour de la seule évaluation. d’un document aussi clair qu’une notice mal traduite d’appareil électro-ménager et aussi beau qu’un plan quinquennal pourrait- Pour les élèves : elle entraîner la " mobilisation des équipes ", susciter la mo- ennui et démotivation tivation des élèves et " responsabiliser l’Institution ", garante d’une culture commune pour tous à l’issue de la scolarité obli- Il y a fort à craindre que le profond ennui qui suinte de telles gatoire ? orientations pédagogiques ne soit contagieux et ce, malgré les efforts des professeurs, y compris parmi les plus convaincus. Pour les professeurs : Que l’on puisse s’imaginer qu’une explicitation permanente des réunionite et ratiocinations objectifs à atteindre, des items et des critères s’avère plus moti- vante qu’une plongée dans les savoirs, les textes et la réflexion, La prise en compte de l’attestation de maîtrise des compétences donne une idée de la distance résolument prise avec la réalité. pour le DNB ne sera obligatoire qu’en 2011 mais la réunionite La définition donnée par le document de référence d’un " par- a déjà commencé à sévir dans les établissements, sans aucune cours de formation " donne d’ailleurs le ton. Sera-ce un chemin contrepartie financière bien entendu. L’ampleur des questions à de découverte, un apport de connaissances, d’apprentissage débattre est en effet vertigineuse : une année à temps complet de la réflexion et de la logique, de rencontre avec d’autres for- suffirait à peine à trancher et à établir une bonne fois quel(s) mes de pensée ? Non point. Un parcours de formation est " une professeur(s) doit(vent) évaluer quel item, ce qu’il faut écrire suite d’apprentissages et d’évaluations, ponctués de validations dans les cases, quand la décision de validation doit être prise, intermédiaires et débouchant sur une validation finale. " Voilà comment et quand expliquer le tout aux parents, à combien de quoi donner du cœur à l’ouvrage aux professeurs et motiver d’items une compétence peut être considérée comme acquise, nos élèves ! ce que recouvrent exactement des intitulés aussi précis qu’" être sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un texte ", " iden- En outre, le postulat présenté comme indiscutable, selon lequel tifier ses points forts et ses points faibles dans des situations la résolution d’une " tâche complexe " ancrée dans le quotidien variées ", " adopter des comportements favorables à sa santé et suscite davantage la curiosité des élèves qu’un cours ouvrant sur à sa sécurité " et tout à l’avenant pour une centaine d’items … un univers éventuellement encore inconnu, nous paraît hautement Bref une perspective passablement décourageante de distinguos contestable. En effet, s'il est intéressant parfois de lier les savoirs et débats aussi subtils que parfaitement inintéressants … avec des situations rencontrées au quotidien, on n’ose imaginer Suite en page 10
Pédagogie La Quinzaine Universitaire n° 1328/9 octobre 2010 10 Suite de la page combien sera fastidieuse la journée du collégien passant du minimum d’obligations de résultat. Or, il n’en est rien ; bien au calcul de son budget, à la rédaction d’une lettre au maire – pour contraire, l’échec est déjà prévu, voire organisé, par les remé- demander la généralisation du tri sélectif – via l’étude de ses diations envisagées à tous les échelons du dispositif. Si on peut résultats d’analyse médicale. Sans parler de l’éparpillement et à la rigueur admettre – même si l’on sait que cela fonctionne du caractère artificiel des savoirs ainsi laborieusement récoltés mal – qu’un élève de CM2 n’ayant pas validé absolument toutes à l’issue de ces lourdes contorsions pédagogiques … les compétences du palier 2 puisse être aidé pour combler ses lacunes au collège, on voit mal, sauf à reconnaître la vacuité Les exemples de tâches complexes données dans les fiches absolue de l’ensemble de l’édifice, comment peut être justifié le repères (p.38) ne sont pas de nature à nous rassurer. A part passage en 2nde (au-delà donc de la scolarité obligatoire) d’un l’écriture d’un conte (conception assez souple ici de la situation élève n’ayant pas obtenu la validation de toutes ses compéten- du quotidien), les deux autres propositions ne nous paraissent ces du palier 3 alors même qu’il est affirmé que l’attestation pas d’une densité exceptionnelle : 1) en tant qu’ingénieur de de compétences représente un niveau de maîtrise inférieur aux bureau d’étude (là encore conception un peu élastique du quo- capacités requises pour le DNB et a fortiori pour le passage en tidien !), écrire aux autorités pour demander la réparation de 2nde. C’est pourtant bien ce qui est prévu, les heures d’accom- la station d’épuration 2) proposer des hypothèses pertinentes pagnement personnalisé devant servir dans ce cadre à lui faire pour expliquer pourquoi M. Chipo (sic) est obligé de racheter acquérir les compétences qu’il n’aurait pas réussi à maîtriser ! chaque année plusieurs sacs de charbon de bois pour effectuer Faudra-t-il ensuite transmettre son livret à l’Université ? des barbecues. Palpitant … Quant à l’attribution du DNB, ses modalités constituent une véri- Enfin, ultime atout avancé du livret de compétences : une éva- table mascarade dévoilant à elles seules l’absurdité du système luation qui ne stigmatise pas (contrairement à la note chiffrée as- tout en tournant totalement en dérision le travail des professeurs sociée à la redoutable " constante macabre ") mais prend avant forcés de se réunir et de déployer de l’énergie pour remplir cette tout appui sur ce que l’élève sait et lui permet de s’autoévaluer. " usine à cases " tout au long de la scolarité de l’élève alors que le " jury souverain " peut à l’issue d’un simple examen du dos- A part son caractère plus abstrait, on ne voit pas vraiment en sier, accorder le Brevet et par voie de conséquence l’attestation quoi l’évaluation binaire des compétences serait moins stigma- de compétences, sans autre forme de procès. tisante (ne pas avoir une compétence, ce n’est pas drôle non plus), plus objective et plus précise qu’une note. En outre, les Bref, on ne voit pas bien en quoi l’Institution sort responsabilisée professeurs n’ont pas attendu les prescriptions de la DGESCO d’un tel dispositif. Elle apparaît plutôt entièrement décrédibilisée pour formuler des appréciations de nature à féliciter, encoura- par la distribution qu’elle organise de chiffons de papier sans si- ger, montrer les progrès à accomplir en s’appuyant sur ses er- gnification pour personne. Il risque d’être difficile de faire saisir reurs et éventuellement pointer les manques, voire admonester aux parents les nuances de ces trouvailles bureaucratiques … l’auteur de la copie à l’occasion. Ce dernier cas de figure n’est pas envisagé par la DGESCO. Dans un document conçu pour Quelques métaphores signifiantes émaillent le propos aride dif- des adolescents-robots ou des créatures abstraites entièrement fusé par la DGESCO : le livret de compétences " véritable fil acquises aux objectifs du socle, les ratés ne peuvent avoir qu’une d’Ariane de la scolarité "(1) (comme pour mieux l’assimiler à cause mécanique ou rationnelle. Les défaillances de volonté, de un labyrinthe ?) ou le professeur, nouveau Pygmalion destiné à courage, le manque d’effort ou la manifestation violente d’une donner vie aux " élèves, statues solidement campées sur leur so- liberté ne sont pas prévus. La mauvaise volonté ou la mauvaise cle, élèves sortis de leur glaise originelle " (2) (bref élèves assimi- foi n’existent pas ce qui permet de prévoir dans le cours – après lés à de la matière inerte certes plus malléable qu’un être doué la présentation des items, des objectifs et de la tâche complexe – de raison et de liberté). Ce lyrisme ne suffit pas à faire oublier du temps pour la négociation, l’élève s’autoévaluant et propo- qu’il s’applique à un objet qui en manque cruellement. En at- sant à l’occasion que le professeur lui valide tel ou tel item. tendant que les ambitions de l’Ecole retrouvent du souffle, faut-il espérer, pour reprendre une définition réfutée par M. Blanquer A ce stade, une question se pose : depuis combien de temps lors de son introduction au séminaire national sur le sujet, que le les rédacteurs de la DGESCO n’ont-ils pas vu un adolescent en socle soit " quelque avatar d’idée pédagogique un peu farfelue chair et en os ? qui avec le temps, finira bien par rejoindre les limbes d’où elle n’aurait jamais dû sortir ? " Une chose est sûre : la motivation, la capacité des élèves à se remet- tre en cause pas plus que leur estime de soi, ne sortiront grandis de Béatrice Barennes cette hypocrisie désincarnée. Secrétaire national à la pédagogie Pour l’Institution : aveuglement et décrédibilisation Dans un rapport d’avril 2010 intitulé " un socle pour consolider le collège unique ", le député Jacques Grosperrin énonce ce qu’il appelle les " six vertus du socle ". La première de ces ver- tus n’est pas mince : le socle, en instituant ce qu’un élève doit savoir à l’issue de sa scolarité obligatoire, responsabiliserait en- fin l’école en lui fixant des objectifs clairs. Une telle clarification _________________ des objectifs pourrait en effet apparaître comme redoutablement (1) fiches repères p.4 exigeante et stimulante pour l’école si elle s’accompagnait d’un (2) synthèse conclusive du séminaire national
La Quinzaine Universitaire n° 1328/9 octobre 2010 Pédagogie 11 Nous voulons Des lycées et collèges où nous puissions enseigner vraiment Des lycées et collèges où cesse la « réunionnite » stérile Des professeurs respectés et reconnus dans leurs compétences Des élèves qui ne soient plus démotivés par l’égalitarisme Des conditions de travail à la hauteur de notre niveau de formation et conformes à notre statut Une École qui mette enfin au centre du système éducatif la transmission des savoirs, la reconnaissance du mérite, de la discipline et de l’effort, pour de vraies chances de promotion sociale Défendons-nous ! Défendons l’Ecole ! Au Conseil d’Administration de l’établissement Votons et faisons voter la liste Le Conseil d’Administration : l’instance où se prennent les décisions majeures suppressions ou créations de postes et d’options, contenu du Règlement intérieur et régime des sanctions répartition des crédits d’enseignement, charge supplémentaire de travail des professeurs expérimentations bafouant la liberté pédagogique des professeurs... demandez le guide SNALC des Elections au Conseil d’Administration info@snalc.fr – www.snalc.fr
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