Prix 2020 Veiller au bien-être du personnel et mieux se coordonner pour remplir ses missions - ANFH
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LES LAURÉATS Prix 2020 Veiller au bien-être du personnel et mieux se coordonner pour remplir ses missions
Prix Anfh édition 2020 Priorité au mieux-vivre en milieu hospitalier Face aux difficultés, voire la pénibilité des conditions de travail en milieu hospitalier, la formation est un outil indispensable pour veiller au bien-être du personnel. Cette édition 2020 du prix Anfh met en exergue de belles ini- tiatives qui aident les professionnels à mieux vivre leur activité au quotidien. C’est ainsi que pour favoriser le mieux-vivre au travail, le centre hospitalier des Vallées de l’Ariège, récompensé par le Grand Prix, a initié le développe- ment de la méditation de pleine conscience pour ses agents. Un petit groupe de responsables a été formé à cet outil de gestion du stress et certains d’entre eux sont même appelés à devenir formateurs afin de proposer une pratique méditative au sein de l’hôpital. À l’EHPAD Les Châtaigniers, ce sont princi- palement à la qualité de l’accueil et à l’intégration des nouveaux agents qu’ont été consacrées différentes initiatives entre 2018 et 2019. Tandis qu’à l’autre bout de la carrière, le centre hospitalier intercommunal Villefranche-de-Rouergue veille au maintien dans l’emploi et a mis sur pied une politique volontariste en matière de reclassement pour les agents ne pouvant plus physiquement exercer leurs fonctions. Le groupement hospitalier de Bretagne Sud a quant à lui abordé une question d’actualité cruciale : celle des violences intra-familiales. Le GH a organisé une formation regroupant tous les acteurs impliqués dans cette probléma- tique, des associations aux forces de l'ordre en passant par le personnel hospitalier. Celle-ci a permis d'apprendre à repérer et à aider les victimes parmi les patients, mais aussi le personnel. Cette action, qui a rencontré un vif succès, est amenée à être reconduite. Enfin, la formation « Parcours patient en situation de handicap » entre le centre hospitalier Avranches-Granville et le centre d’accueil et de soins de Saint-James permet, grâce à la simulation, de mettre les professionnels en situation pour apprendre à mieux travailler ensemble. Derrière toutes ces actions et initiatives se dessine aussi une meilleure prise en charge… Car la logique est implacable : veiller au mieux-vivre des person- nels en milieu hospitalier, c’est aussi veiller au bien-être de leurs patients et résidents. 1
Le palmarès Édition 2020 Grand Prix Prix métiers et Prix DPC médical Centre hospitalier compétences sociales et paramédical intercommunal des Vallées et médicales Centre hospitalier de l’Ariège (Midi-Pyrénées) EHPAD Les Châtaigniers d’Avranches-Granville (Poitou-Charentes) (Basse-Normandie) « Méditation « Mettre en place « Parcours de pleine une prévention patient en situa- conscience globale durable tion de handicap à destination du de l’usure profes- entre le centre personnel pour sionnelle » hospitalier et l’amélioration Grâce à une formation pour la le CAS Saint- de la qualité de prévention de l’usure profession- James » nelle, qui a rassemblé équipe de vie au travail » direction et représentantes du Pour assurer la cohésion entre les personnel, l’EHPAD Les Châtai- équipes tout en travaillant sur les À l’initiative de deux de ses méde- gniers a pu établir un plan d’ac- compétences, le centre hospitalier cins, le centre hospitalier inter- tions sur plusieurs années. Objec- d’Avranches-Granville mise depuis communal des Vallées de l’Ariège a tif : que chaque agent trouve, et plusieurs années sur des forma- sensibilisé un premier groupe de apprécie, sa place au sein de tions pluriprofessionnelles via la cadres à la méditation de pleine l’établissement. simulation. En 2019, l’une d’elles a conscience et va former au moins été consacrée à la prise en charge deux formateurs à cette pratique. du patient en situation de handi- → p. 10 Le but ? Initier les agents du centre cap, avec une première : une mise hospitalier à cet outil de gestion du en situation associant un établisse- stress et les aider à pérenniser leur ment sanitaire et un établissement pratique. médico-social. → p. 4 → p. 16 2
Prix amélioration de la Prix management Les lauréats qualité des soins et prise et organisation du travail des éditions précédentes en charge des patients Centre hospitalier de → p. 34 Groupe hospitalier Villefranche-de-Rouergue Bretagne Sud (Bretagne) (Midi-Pyrénées) Prix Anfh : les 5 bonnes raisons de participer « Sensibilisation « La formation → p. 38 aux violences et l’implication intrafamiliales » des acteurs : Les violences intrafamiliales sont les clés du succès un sujet de préoccupation et du maintien d’actualité. Et si les personnels des urgences sont déjà sensibilisés à la dans l’emploi » problématique, le groupement hos- pitalier de Bretagne Sud a tout de Le centre hospitalier de Ville- même souhaité proposer une franche-de-Rouergue fait évoluer formation ouverte à tous ses sa politique de ressources hu- agents, soignants ou non, pour maines : la mise en retraite pour apprendre à reconnaître et aider invalidité n’est plus la seule solu- les victimes. Un succès qui ouvre tion pour les agents qui ne peuvent la porte à de nouvelles sessions. plus exercer leurs fonctions. Ceux-ci sont reclassés dès que → p. 22 possible sur des postes vacants… et la démarche est un succès. → p. 28 3
Grand Prix Centre hospitalier intercommunal des Vallées de l’Ariège Méditation de pleine conscience à destination du personnel pour l’amélioration de la qualité de vie au travail À l’initiative de deux de ses médecins, le centre hospitalier intercommunal des Vallées de l’Ariège a sensibilisé un premier groupe de cadres à la méditation de pleine conscience et va former au moins deux formateurs à cette pratique. Le but ? Initier les agents à cet outil de gestion du stress et les aider à pérenniser leur pratique. 5
Grand Prix La méditation de pleine conscience pour mieux vivre à l’hôpital Le CHI des C’est tout d’abord une histoire personnelle : que l’usage de la méditation à l’égard des soi- Vallées de Julie Jardon et Isabelle Rebeu, médecins urgen- gnants est encore peu, voire pas, développé l’Ariège en tistes au centre hospitalier intercommunal des dans les établissements de soin. Soit, pour le chiffres — Vallées de l’Ariège (CHIVA), pratiquent la médi- CHIVA, l’opportunité de devenir un hôpital 242 tation de pleine conscience (MdPC) depuis pilote sur le sujet. lits de court plusieurs années de leur côté. Et en ont consta- En parallèle de ce « benchmarking », de nom- séjour té les bienfaits sur leur gestion du stress, dans breuses réunions sont menées avec la direction — leur vie personnelle et professionnelle. « Cela de l’établissement afin de mettre sur pied une 353 lits nous permet de monter moins vite et moins fort formation dédiée à la méditation. « Au départ, en EHPAD — en pression et de redescendre plus vite, détaille c’était un peu une bouteille lancée à la mer, car 81 Isabelle Rebeu. Le but de la méditation de pleine nous ne savions pas comment une telle initiative lits de soins conscience est d’être dans l’instant et dans la allait être perçue au sein de l’établissement, se de suite & réalité, de ne pas se laisser envahir par des émo- souvient Julie Jardon. Mais nous avons eu du réadaptation tions ou des pensées parasites. » Or si cela les soutien. Le directeur des soins infirmiers a été — 37 places aide, pourquoi ne serait-ce pas bénéfique à particulièrement facilitateur, notamment, ayant d’hôpital de jour d’autres ? L’idée leur vient donc de faire profiter été lui-même été sensibilisé à la méditation par — leurs collègues de cet outil de gestion du stress. un autre biais. » 14 postes « D’autant que pendant trois ans, le service où La direction des ressources humaines ainsi que d’hémodialyse — nous exerçons a connu d’importants travaux, la directrice de la formation ou encore la com- 45 places tout en restant ouvert et en conservant son flux mission de la qualité de vie au travail accueillent d’hospitalisation de patients, explique Julie Jardon. Nous avons elles aussi favorablement la démarche. « Je ne à domicile eu l’impression que pour certaines personnes connaissais rien à la méditation mais leur dossier — déjà fragilisées, cette dose de stress supplémen- argumentaire ainsi que les rencontres avec la 28 places de SSIAD taire a été la goutte d’eau de trop… » « Il existe future formatrice m’ont convaincue, explique — en outre un absentéisme assez important au sein Christine Stervinou, directrice de la formation, 1 793 de l’hôpital, ce qui pourrait suggérer un mal-être recherche, innovation au CHIVA. L’initiative agents au travail », poursuit Isabelle Rebeu. Une réflexion murie « La méditation et construite collectivement Mais entre avoir l’idée et la mettre en pratique, de pleine conscience Page précédente la route s'avère longue. Fin 2017, un colloque permet de ne pas organisé à Toulouse sur la méditation et les se laisser envahir par Isabelle Rebeu, l’une des deux risques psycho-sociaux permet déjà aux deux médecins à l’origine de la médecins d'avancer dans leur réflexion. Elles contactent une petite dizaine de médecins et des émotions ou des formation, en séance de spécialistes, ayant soit créé des sociétés de développement de la MdPC, soit utilisé la MdPC pensées parasites. » méditation (avec un bol tibétain). à des fins thérapeutiques. Elles constatent alors Dr Isabelle Rebeu 6
s’inscrit en outre dans une logique déjà bien active au sein de l’établissement, qui vise à offrir « Pourquoi ne pas une palette d’outils pour le mieux-vivre au tra- proposer aux élèves vail : nous proposons ainsi déjà de la sophrologie, des formations à la prévention du stress ou au infirmiers de venir shiatsu… » « Quelques personnes ont exprimé tout de même Christine une demi-heure quelques réticences et il a fallu amener du ration- Stervinou directrice de la avant les évaluations nel face à certains a priori, tempère Isabelle Rebeu. Cela faisait partie des écueils que nous formation pour un temps de avions identifiés. » La méditation est en effet parfois perçue comme ésotérique ou à conno- méditation ? » tation religieuse, mais les organisatrices éta- Valérie Marette, formatrice en soins infirmiers blissent dès le départ que la laïcité du projet est totale et sans équivoque. Et pour éviter les critiques, elles optent pour la formation MBSR ni un outil pour mieux gérer le stress et les émo- (mindfulness based stress reduction), développée tions, précise Valérie Marette, formatrice en Isabelle Rebeu aux États-Unis il y a quarante ans et proposée soin infirmiers au CHIVA. J’ai également décou- médecin à l’international. « Cette formation est très stan- urgentiste vert par exemple une posture méditative qui dardisée donc facilement étudiable et les résul- soulage mes douleurs aux épaules et au dos tats des neurosciences prouvent ses bienfaits, lorsque je travaille longtemps sur l’ordinateur. » détaille Julie Jardon. Cela nous donne donc de Au-delà de cet intérêt personnel, ces premiers solides arguments scientifiques pour appuyer initiés ont surtout vocation à devenir le centre notre démarche. » d’un réseau de sensibilisation, chargé d’infor- mer les agents de l’établissement sur la médi- Créer un réseau d’initiés tation et de les inciter à s’y former. « J’ai envie Malgré tout, il faudra consacrer toute l’année de partager cette pratique avec les étudiants en Julie Jardon 2018 aux discussions pour que le projet voie le médecin soins infirmiers, illustre Valérie Marette. Pour- jour et débloquer le budget nécessaire à sa pre- urgentiste quoi ne pas proposer à ceux qui le souhaitent de mière phase. Celle-ci se déroule en octobre et venir ainsi une demi-heure avant les évaluations novembre 2019, avec la formation MBSR à la- pour un temps d’exercice afin de se détendre, quelle ont participé les Dr Rebeu et Jardon plutôt que de rester à cogiter dans leur coin et à ainsi qu’une petite dizaine de cadres et de direc- monter en pression ? » teurs de l’établissement. Huit séances hebdo- madaires de 2 h 30 et une journée complète de Travail de groupe pour rester motivés méditation plus tard, le petit groupe dispose Les Dr Rebeu et Jardon vont pousser l’initiative de solides bases… et profite des bénéfices de la Valérie Marette encore plus loin avec une deuxième phase au formation. « Elle m’a apporté de l’apaisement formatrice en projet pour devenir elles-mêmes formatrices sur le moment bien sûr, mais elle m’a aussi four- soins infirmiers en MdPC. Pour cela, une nouvelle formation 7
↑ pour apprendre à enseigner la méditation de méditation n’est pas une excuse pour un mana- Le Dr Isabelle pleine conscience aux adultes dans un cadre gement malveillant ou de mauvaises conditions Rebeu, médecin professionnel, est prévue à l’automne 2020. de travail, préviennent les deux médecins. Nous urgentiste, salle de déchocage, « Début 2021, nous serons parées pour débuter avons tiré la sonnette d’alarme sur ce point, mais service réanima- les formations aux agents, se réjouit Isabelle les clés ne sont pas dans nos mains. » L’amélio- tion. Rebeu. Et d’ailleurs, à tout le personnel ! Au ration de l’épanouissement de leurs collègues, départ, nous nous étions concentrées sur les soi- en revanche, pourrait l’être un peu. ↗ Formation à la gnants puisque ce sont ceux dont nous connais- méditation de sons le mieux les difficultés, mais les cadres et pleine conscience, directeurs nous ont rapidement demandé d’inté- séance collective. grer l’ensemble des personnels dans la démarche. » Concrètement, les médecins espèrent organiser deux voire quatre sessions d’initiation à la MdPC par an, ouvertes à tous. Une séance col- « Début 2021, lective mensuelle (ou hebdomadaire en cas de nous serons parées fort engouement) serait également proposée pour maintenir la motivation, échanger sur sa pour débuter les pratique, ses blocages… et évaluer les bénéfices de la méditation de pleine conscience pour les formations auprès de participants. « Bien sûr, il a été clairement établi dès le départ tout le personnel. » avec la direction que le développement de la Dr. Isabelle Rebeu 8
Le budget L’action en bref Public de la formation Pour le moment, des cadres Objectifs et deux médecins urgentistes. Le CHIVA dispose d’un budget → Initier les agents hospitaliers À terme, le personnel dans son formation d'environ 500 € par à la méditation de pleine ensemble. médecin et par an. Mais pour ce conscience et les aider à projet, des fonds supplémentaires pérenniser leur pratique. Programme ont été débloqués : environ 9 000 € Première phase ont été consacrés à la première → Offrir à ceux qui le souhaitent Une semaine de formation formation MBSR. Et 1 500 € un nouvel outil de gestion du à la MdPC sont budgétés en 2020 pour la stress. → 9 personnes formées deuxième formation des Dr Jardon → 8 x 2 h 30 + 8 h de formation et Rebeu. « Et puisque le prix Anfh → Améliorer la qualité de vie → 9 000 € de budget peut être employé à acheter de au travail. nouvelles formations, peut-être Deuxième phase pourrons-nous en profiter pour 30 h de formation à former quelques personnes de l’enseignement de la MdPC plus ! », espère Christine Stervinou. → 2 personnes formées → 30 h de formation prévues → 1 500 € de budget 9
Prix métiers et compétences sociales et médicales EHPAD Les Châtaigniers Mettre en place une prévention globale durable de l’usure professionnelle Grâce à une formation pour la prévention de l’usure professionnelle qui a rassemblé équipe de direction et représentantes du personnel, l’EHPAD Les Châtaigniers a pu établir un plan d’actions sur plusieurs années. L’objectif : que chaque agent trouve, et apprécie, sa place au sein de l’établissement. 11
Prix métiers et compétences sociales et médicales Une démarche globale contre l’usure professionnelle L’EHPAD « Nous avions déjà travaillé sur plusieurs problé- marge de progression : la charge de travail ; la Les Châtaigniers matiques liées à l’usure professionnelle, comme cohésion d’équipe et la cohésion entre les en chiffres — les troubles musculo-squelettiques, au cours des équipes ; les agents qui ne peuvent pas évoluer 134 dernières années, retrace Natacha Thibault, directrice-adjointe. Le CHSCT avait également dans leur carrière ; et enfin l’accueil et l’inté- gration des nouveaux professionnels. C’est sur lits sur deux niveaux abordé différents aspects du sujet mais nous avons ce dernier point que l’établissement décide en — eu envie de prendre le temps de nous questionner priorité de concentrer son action. « Nous avons 102 ensemble. » Et pour cela, l’EHPAD s’engage début une centaine d’agents et beaucoup de contrats agents 2018 dans l’action expérimentale proposée par aidés, présents pour des temps parfois courts. Or l’Anfh et Unifaf Nouvelle-Aquitaine, baptisée grâce à la formation, nous nous sommes rendus « Prévention de l’usure professionnelle ». Dis- compte que nous ne prenions pas toujours le pensée par l’Aract Nouvelle-Aquitaine et la temps de bien les accueillir ou que certaines de Carsat Centre-Ouest, celle-ci consiste, d’une nos procédures étaient maladroites », explique part, à quatre journées de formation sur l’usure Natacha Thibault. professionnelle pour mettre au point un plan d’action contre celle-ci. Et d’autre part, trois Mieux accueillir les nouveaux agents demi-journées d’accompagnement individuel Jusqu’ici par exemple, les nouveaux agents sont assurées sur site ; la formation se conclut prenaient d’abord leurs marques dans un des par deux journées de suivi à distance, en dé- secteurs de l’EHPAD rassemblant 30 résidents. cembre 2018 et en juin 2019. Puis, quelques semaines ou mois plus tard, ils changeaient de secteur. Le problème ? Leurs Un travail collectif nouveaux collègues les pensaient à ce moment- « Le gros point fort de cette formation est qu’elle là formés et opérationnels alors qu’ils n’avaient nous a permis de travailler ensemble, entre finalement vu qu’une partie de l’activité de équipe de direction et représentants du person- l’EHPAD. Pour y remédier, l’établissement a nel », souligne Fabienne Collet, cadre de santé. mis en place un système de tutorat : le nouvel Quatre employées de l’EHPAD y participent en effet : deux représentantes de syndicats, la cadre Page de santé et la directrice adjointe. « Le premier « Grâce à la formation, précédente Entre les gestes enseignement que nous avons tiré est qu’il était primordial de suivre toute la formation toutes nous nous sommes rendus compte que à effectuer et les quatre afin de mettre sur pied une commu- la difficulté psychologique nication efficace et de partager les mêmes outils, de leurs métiers, poursuit Fabienne Collet. Nous avons également nos procédures d’ac- les personnels pu bénéficier d’échanges intéressants avec les des EHPAD sont six autres établissements qui suivaient la for- cueil étaient parfois particulièrement touchés par mation avec nous. » Rapidement, l’EHPAD identifie quatre théma- maladroites… » l’usure profes sionnelle. tiques majeures sur lesquelles il dispose d’une Natacha Thibault, directrice adjointe 12
Fabienne Collet Natacha Thibault Valérie Gesnin cadre de santé directrice adjointe agent d’hôtellerie et représentante du personnel agent est accompagné pendant ses premières semaines par différents tuteurs, qui lui pré- « Mon bureau est sentent une vision globale de l’EHPAD. un lieu de passage Des grilles pour évaluer pour les agents qui ont l’intégration à l’établissement Un livret d’accueil d’une vingtaine de pages des difficultés… et pour les nouveaux agents ainsi qu’un livret de depuis 2018, j’en vois tuteur ont été créés pour encadrer la procédure et permettre un accompagnement standardisé beaucoup moins. » et efficace. Un mois, puis trois mois après son Fabienne Collet, cadre de santé arrivée, l’agent est évalué par ses tuteurs et la cadre de santé. Pour assurer l’objectivité du procédé, des grilles d’évaluation ont été élabo- 2018, j’en vois beaucoup moins, note Fabienne rées pour les différents services (soins, hôtel- Collet. C'est un des constats qui laissent penser lerie, lingerie). Mises au point en concertation que les professionnels se sentent mieux. » avec les agents, elles permettent de vérifier l’acquisition des connaissances sur l’établisse- Travailler aussi pour les étudiants ment et le matériel, des savoir-faire et des sa- Dans le même état d’esprit, un groupe de soi- voir-être. « Ces grilles sont un bon outil car elles gnants formés au tutorat, dont l’infirmière ayant nous permettent de faire le bilan avec le profes- participé à la formation de l’Arcat, a créé un sionnel, estime Valérie Gesnin, agent d’hôtel- livret d’accueil de l’élève infirmier ou aide-soi- lerie et représentante du personnel. gnant. « Nous accueillons beaucoup d’étudiants Et parfois de nous rendre compte au bout d’un et auparavant, ceux-ci étaient placés dans un mois qu’il y a des choses qu’on n’a pas pris le temps service avec un maître de stage dont ils ne par- d’expliquer car avec la pratique elles peuvent tageaient pas forcément les horaires et qui pour- nous paraître évidentes… alors qu’elles ne le sont tant était chargé de leur évaluation finale… Bref, pas forcément. On y remédie et au bout de trois le système n’était pas idéal », admet Fabienne mois, tout est acquis. » Collet. Aujourd’hui, les élèves bénéficient eux aussi du tutorat et d’un accueil soigné. Des informations plus régulières « Ils prennent contact avec moi quinze jours avant Pour compléter ce dispositif de bienvenue, la le début de leur stage, poursuit la cadre de san- direction a également repris la diffusion d’une té. Je leur remets leur livret d’accueil, leur fais lettre d’information mensuelle, depuis long- visiter l’établissement, définis leurs horaires temps disparue. Celle-ci présente notamment ainsi que leurs tuteurs. » Puis chaque semaine, les nouveaux agents et est jointe aux bulletins l’étudiant mène une auto-évaluation et les de salaire de l’ensemble du personnel. tuteurs qui l’ont suivi sur la semaine écoulée « Mon bureau est un lieu de passage pour les l’évaluent de leur côté. Ces notes sont ensuite agents qui éprouvent des difficultés… et depuis utilisées pour l’évaluation finale. 13
↑ En parallèle à ces premières grandes mesures, tion est bien présente. « En élaborant ce plan Pour veiller au différentes initiatives ont aussi été instaurées conjointement entre direction et représentants bien-être des depuis 2018 sur les autres thématiques du plan du personnel, nous nous sommes rendus compte résidents, il faut impérativement d’actions. Une option « Vis mon métier », per- que nous avions identifié les mêmes problèmes et se sentir, soi aussi, mettant à ceux qui le souhaitent de suivre durant que nous partagions les mêmes objectifs : veiller bien au travail. une journée un collègue d’un autre service, est au bien-être des résidents bien sûr, mais aussi à par exemple proposée. Des temps de pause celui des agents pour que chacun apprécie de communs ont également été aménagés pour venir au travail », conclut Fabienne Collet. favoriser la cohésion entre les équipes… jusqu’à ce que la crise sanitaire oblige à faire temporai- rement marche arrière. « Nous avons également organisé deux soirées informelles où chacun est « Nous organisons invité à amener quelque chose à grignoter afin de rassembler l’ensemble du personnel, y compris aussi des soirées infor- l’équipe de direction, pour apprendre à se melles pour apprendre connaître au-delà du travail et en-dehors des relations hiérarchiques, annonce Valérie Gesnin. à se connaître en Cela a très bien marché et nous attendons un moment plus propice pour relancer l’initiative. » dehors des relations Le plan d’actions comprend encore de nom- breuses pistes qui pourront être explorées au hiérarchiques. » cours des mois et années à venir. Et la motiva- Valérie Gesnin, représentante du personnel 14
↑ L’action en bref Public Favoriser la → 4 personnes de la direction cohésion d’équipe, échanger, Objectifs ou représentantes du personnel communiquer, → Lutter contre l’usure formées (mais l’ensemble du est primordial. professionnelle en améliorant personnel en bénéficie) la qualité de vie au travail. → 25 nouveaux agents accueillis → Améliorer l’accueil des selon la nouvelle procédure nouveaux agents et des étudiants. Programme → Favoriser la cohésion → 4 jours de formation inter-équipes. → 3 demi-journées de suivi individuel → 2 jours de suivi collectif 15
Prix DPC médical et paramédical Centre hospitalier d’Avranches-Granville Parcours patient en situation de handicap entre le centre hospitalier et le centre d'accueil et de soins Saint-James Pour assurer la cohésion entre les équipes tout en travaillant sur les compétences, le centre hospitalier mise sur des formations pluri- professionnelles par simulation. En 2019, l’une d’elles a été consacrée à la prise en charge du patient en situation de handicap, avec une première : une mise en situation sur deux établissements. 17
Prix DPC médical et paramédical La formation par simulation, efficace pour mieux se coordonner et communiquer Le GHT du Mont « Notre projet régional de santé concentre un « Les agents de Saint-James détiennent beaucoup Saint-Michel en focus particulier sur les personnes vulnérables de connaissances pratiques sur la prise en charge chiffres — et c’est une thématique importante sur notre du handicap, très complémentaires avec les 7 établissements territoire, expose Olivier Le Rouge, directeur connaissances du CHAG sur les interventions CH Avranches- et coordinateur des soins au centre hospitalier d’urgence par exemple », ajoute Claire Guérin, Granville (établis- Avranches-Granville (CHAG). Nous sommes adjointe des cadres hospitaliers, chargée de la sement support), déjà en contact avec de nombreux établissements formation continue au CHAG. CH de l’Estran à Pontorson, médico-sociaux et nous avons par exemple mis CH Saint-Hilaire en place le dispositif “Handiconsult” pour des du Harcouet, consultations de spécialistes quel que soit le han- Travailler ensemble, CH Villedieu- dicap des patients. » La sensibilisation à la prise au plus près de la réalité les-Poêles, CH de Mortain, en charge des personnes en situation de han- Cinq professionnels de Saint-James et onze CH de Saint- dicap est donc déjà bien présente. agents du CHAG se retrouvent donc les 17 et 18 James et le CCAS En parallèle, le centre hospitalier a commencé octobre 2019 afin de travailler ensemble sur la de Saint-James. en 2017 à proposer à ses agents des formations prise en charge du patient en situation de han- — par simulation : des mises en situation au sein dicap. Le premier jour, NorSims installe ses 3 171 même de l’hôpital, organisées par le centre de mannequins et ses caméras à Saint-James… et agents (1 474 simulation NorSims du CHU de Caen. La pre- action ! Premier scenario : un patient en situa- pour le CHAG et 320 pour le CH de mière portait sur la prise en charge du patient tion de handicap s’est noyé dans le bassin de Saint-James et le polytraumatisé et la seconde a été consacrée à balnéothérapie de Saint-James. Les équipes CCAS) la pédiatrie néonatale. « Ces formations ap- du SMUR du CHAG arrivent sur place. « Nous — portent infiniment plus à nos professionnels que avons travaillé les scenarii avec NorSims pour 2 300 des formations plus classiques car elles les lits (dont 746 mettent en situation réelle de soins, insiste pour le CHAG et 331 pour le CH Olivier Le Rouge. Et surtout, de pluri-profes- « Les formations par de Saint-James et le CCAS) sionnalité. » Consacrer une telle formation à la prise en charge du patient en situation de han- simulation apportent dicap s’est donc imposé comme une évidence. énormément à nos Là encore, le centre hospitalier a veillé non seulement à ce que plusieurs équipes de plu- professionnels car elles sieurs services y participent, mais il a même organisé cette formation en collaboration avec les mettent en situation Page précédente un autre établissement, lui aussi membre du réelle de soins. La formation a GHT du Mont Saint-Michel : le centre d’accueil réuni urgentistes, et de soins (CAS) de Saint-James. Et surtout, de pluri- soignants et acteurs sociaux « Le monde hospitalier et celui du médico-social ont des fonctionnements différents mais travail- professionnalité. » autour de la prise en charge ler ensemble peut justement faire gagner en Olivier Le Rouge, directeur et coordinateur multidisciplinaire. compatibilité », estime Olivier Le Rouge. des soins au CH Avranches-Granville 18
que les situations proposées correspondent vrai- ment le plus possible à celles que pourraient « La formation se rencontrer les équipes », précise Claire Guérin. fait avec beaucoup Une partie des professionnels s’affaire tandis que les autres observent. « Sur la première jour- de bienveillance, née, j’ai participé à toutes les simulations, cela a été intense, se souvient Céline Guilley, infir- Olivier personne n’a l’impres- mière à Saint-James. Mais le programme a été Le Rouge directeur sion d’être jugé. » très enrichissant ! Il nous a permis de revoir les procédures d’urgence et en particulier les infor- Virginie Balayn, aide-soignante aux urgences de Granville mations à fournir au SMUR lorsque nous appe- lons. Nous avons gagné en efficacité dans la communication. » la structure initiale du patient avec un état de base changé et de nouveaux soins… « Sur le La communication plan pratique, nous maîtrisions les gestes, mais au cœur de la simulation en revanche, nous avons progressé en termes de Les scenarii s’enchaînent mais ne se res- Claire Guérin communication, note Ysaline Verdon, infirmière semblent pas : fausse route en salle de repas chargée en pneumologie au CHAG. La mise en situation avec arrêt cardio-respiratoire ; prise en charge de la formation nous permet de voir comment on se place par de l’arrêt cardio-respiratoire par l’équipe de continue rapport aux autres, comment on interagit. On SMUR ; traumatisme crânien en salle d’activité… s’aperçoit qu’il faut bien écouter, que nous Et si certains agents peuvent être un peu stres- n'avons pas forcément la même façon de présen- sés par les caméras et les observateurs au début, ter les choses… » « La formation m’a parue extrê- tout cela est bien vite oublié dans l’action ! Après mement bénéfique, abonde sa collègue, le chaque situation, un débriefing est effectué par Dr Mirela Vornicu. Elle m’a incitée à revoir cer- le formateur et les spectateurs, et les critiques tains points, à être plus organisée pour faciliter ensuite sont constructives. « La formation se l’intervention de tout le monde. » Le Dr Franck déroule avec beaucoup de bienveillance, personne Chedeville, du service des urgences de Granville, Virginie Balayn n’a l’impression d’être jugé », résume Virginie aide-soignante a quant à lui été rassuré par la formation : « Elle Balayn, aide-soignante aux urgences de Gran- a confirmé que nous travaillons bien entre col- ville. Le deuxième jour, c’est au CHAG que lègues, que nous avons des échanges efficaces. » NorSims installe son équipement pour une nouvelle série de situations : dégradation aux Un succès… à reproduire urgences du patient qui a chuté lors d’un exer- Les professionnels partagent ainsi tous le même cice sur des barres parallèles avec le kinésithé- discours : rien de tel que la mise en situation rapeute ; convulsion du patient traumatisé pour repérer les petites erreurs et s’améliorer. crânien en service de médecine ; état de mal À cela s’ajoute le bénéfice recherché par Olivier convulsif chez ce même patient ; prise en charge Céline Guilley Le Rouge : celui de la collaboration entre mé- d’une anaphylaxie ; organisation du retour vers infirmière tiers et entre services. « Le fait de travailler avec 19
↑ le personnel de Saint-James nous a donné l’occa- L’établissement souhaite à terme réussir à ga- Traitement d’un sion de voir les moyens dont ils disposaient et de gner en autonomie sur les formations par simu- arrêt cardio-respi- nous rendre compte parfois de leurs difficultés, lation, former ses propres formateurs et dispo- ratoire ; exercice de simulation sur illustre Virginie Balayn. Il y a du matériel que ser de son propre laboratoire de simulation. mannequin. nous avons toujours sous la main tandis qu’eux « Le but serait de pouvoir proposer des formations doivent courir pour le trouver par exemple. » De avec un format plus léger et de pouvoir les repro- l’autre côté, les agents de Saint-James se sont duire plus fréquemment », espère Olivier Le fait la même réflexion : « Nous avons réalisé que Rouge. Ce qui ne serait certainement pas pour nous n’avions pas forcément tout le matériel déplaire aux professionnels de santé ! Toutes nécessaire en cas d’urgence, donc nous sommes les personnes interrogées sont unanimes : une en train de mettre en place un sac de secours avec telle formation est extrêmement enrichissante quelques médications et de quoi oxygéner les et elles n’hésiteraient pas une seconde à y par- patients », précise la médecin généraliste de ticiper de nouveau. Saint-James, Alexandra Haupais. Deux jours plus tard, « l’émotion était palpable à la fin de la formation, se rappelle Olivier Le Rouge. On sentait que ces professionnels avaient vécu ensemble des moments riches et qu’une dynamique s’était mise en place. Le transfert de connaissances s’est fait dans un sens comme dans l’autre ». Ce qui incite bien sûr le CHAG à pour- suivre dans cette voie. 20
↑ L’action en bref Public Exercice de → Personnel soignant simulation en salle de soins. Objectifs de Saint-James et du CHAG Les soignants sont → Optimiser le parcours des pa- guidés dans leurs tients en situation de handicap → 5 agents formés gestes via un casque. entre les établissements. à Saint-James → Faire découvrir le travail des → 11 agents formés équipes de chaque service et au CHAG établissement les uns aux autres. Programme → Faciliter la communication Deux jours de formation inter-professionnelle. par simulation, 9 scenarii Budget → 9 840 € de coût pédagogique → 3 000 € de frais de traitement 21
Prix amélioration de la qualité des soins et prise en charge des patients Groupe hospitalier Bretagne Sud Sensibilisation aux violences intrafamiliales Les violences intrafamiliales sont un sujet de préoccupation et d’actualité. Et si les personnels des urgences sont déjà sensibilisés à la problématique, le groupement hospitalier a tout de même souhaité proposer une formation ouverte à tous ses agents, soignants ou non, pour apprendre à reconnaître et aider les victimes. Tout un réseau d'acteurs pluriels au niveau du territoire a été sollicité. Avec à la clé un succès, qui ouvre la porte à de nouvelles sessions. 23
Prix amélioration de la qualité des soins et prise en charge des patients Sensibiliser aux violences intrafamiliales pour mieux prendre en charge Le groupement Aujourd’hui en France, une femme meurt tous lement 16 intervenants, et une quarantaine de hospitalier de les trois jours victime de son conjoint. Ce chiffre participants y assistent. « Nous avons même dû Bretagne Sud terrifiant est l’un de ceux à l’origine d’une refuser du monde par manque de places dans la en chiffres — volonté d’agir et de sensibiliser les profession- salle », regrette le cadre supérieur de santé. 4 700 nels au sein du groupe hospitalier de Bretagne agents Sud. « Ces statistiques m’ont fait réaliser que Contenu pédagogique et échanges dont sur les 4 700 agents de notre groupement hos- La journée se déroule en deux temps, débutant 3 200 pitalier, il y avait forcément des personnes vio- par une matinée d’apports théoriques sur les soignants lentées et qu’il fallait offrir à chacun les moyens violences intrafamiliales avec la définition des — de les repérer et de les aider, explique Loïc Péron, différents types de violences (physique, psy- 2 298 responsable de la formation continue au sein chologique, verbale, sexuelle), les sanctions et lits et places de l’établissement. J’ai cependant souhaité le cadre légal ainsi que la présentation des — aborder le sujet avec un prisme large, celui des ressources à disposition des victimes et de ceux 16 violences intrafamiliales, même si les violences qui veulent les aider. L’après-midi consiste en sites faites aux femmes restent le cœur du sujet. » un temps d’échanges par atelier entre les par- Et bien sûr, même si le parcours des patients ticipants et les formateurs, autour de la plainte victimes de ce type de violences est déjà bien (les démarches avant, pendant, après) et de la fléché, former le personnel à la question ne posture professionnelle (que dire, que faire face peut qu’être bénéfique. à une victime de violences intrafamiliales). « Comme il s’agissait d’une première, nous Étude du réseau et prises de contact n’avions pas de vision précise de ce que les par- Pendant six mois, le cadre supérieur de santé ticipants étaient venus chercher, détaille Sabine va donc rencontrer les acteurs impliqués dans Texier, psychiatre sur le site de Quimperlé et la prise en charge des personnes victimes de intervenante de la formation. Nous nous sommes violences intrafamiliales… et ils sont nombreux : donc mis dans une posture d’écoute pour associations, police et gendarmerie, services répondre à leurs interrogations et leur trans- de l'État et des collectivités locales, etc. « J’ai été très surpris de voir le réseau qui existe pour soutenir ces personnes et le peu de gens qui le « Le but ? Offrir à connaissent », retrace-t-il. Le GH de Bretagne Sud regroupe en outre des chacun les moyens établissements à cheval sur deux départements, le Finistère et le Morbihan, qui ont chacun leur de repérer et d’aider fonctionnement et leur réseau d’acteurs, ce qui les personnes victimes Page de violences intra multiplie le nombre d’intervenants potentiels. précédente « Au départ, j’avais d’ailleurs plus de formateurs Famille reçue dans l'unité que de participants ! », s’amuse Loïc Péron. Mais avec un peu de communication, la formation familiales. » médico-judiciaire de l'hôpital. qui a eu lieu le 2 décembre 2019 rassemble fina- Loïc Péron, responsable de la formation continue 24
Loïc Péron Delphine Bichelot Valérie Hoarau responsable de la adjointe cadre supérieure formation continue administrative de santé mettre un message primordial : il faut y penser, il faut y penser et il faut tout le temps y penser. « Il faut y penser, il Chacun peut être un lanceur d’alerte. » Les ques- faut y penser et il faut tionnements des participants tournent d’ailleurs souvent autour du repérage : quels sont les tout le temps y penser. signes de violences intrafamiliales, comment les reconnaître ? et ensuite, que faire ? et si ja- Chacun peut être mais je me trompe ? La journée permet de ré- un lanceur d’alerte. » pondre à ces questions, et même d’aller au- delà. « J’ai découvert des associations que je ne Sabine Texier, psychiatre et intervenante de la formation connaissais pas, illustre Delphine Bichelot, adjointe administrative et participante à la for- mation. Maintenant, je sais qu’on peut proposer GHBS ! » Mais les bénéfices de cette journée ne à une personne en difficulté de les contacter, je s’arrêtent pas là. « C’est une action qui permet sais qu’il existe aussi des logements d’urgence à aussi de fédérer des professionnels de santé sur disposition de ces personnes… Je me sens davan- une thématique commune et de donner du lien tage prête si jamais je me trouvais confrontée à dans le cadre de la fusion qui a donné naissance quelqu’un victime de violences. » « Une journée au groupe hospitalier en 2018 », estime Sabine comme cela nous sensibilise et nous met en alerte, Texier. Les intervenants y ont eux aussi trouvé ajoute Valérie Hoarau, cadre supérieure de leur intérêt. « J’interviens aux urgences sur le santé. J’ai appris par exemple qu’une grossesse, site de Lorient et je vois beaucoup de victimes de qu’on considère en général comme un événement violences intrafamiliales donc je suis sensibilisée heureux, peut être le déclencheur de violences à la problématique, note Laurence Villais, assis- conjugales. Ce qui peut nous donner une autre tante sociale et intervenante durant la forma- écoute sur des propos de patients ou de collègues. » tion. Mais on apprend toujours. En discutant avec les autres formateurs, j’ai par exemple Des bénéfices pour tous découvert la façon dont intervient la gendarme- La journée, intense, a été riche d’enseignements rie en milieu plus rural. Et la formation m’a pour tous et a permis d’atteindre les deux objec- aussi permis de rencontrer des interlocuteurs tifs principaux. « Le premier était d’apprendre vers qui je me tourne désormais plus facilement. » à nos collègues à repérer les victimes de violences C’est d’ailleurs cette collaboration des interve- intra-familiales, à pouvoir se dire “Mais, ces nants qui a également assuré l’intérêt de la signes-là correspondent à tel collègue ou patient”, journée, collaboration elle-même qui permet précise Loïc Péron. Le deuxième était de mettre une action efficace dans la lutte contre les vio- en lumière le réseau d’acteurs, pour dire aux lences intrafamiliales. « J’ai enfin pu voir un professionnels de santé : “vous n’êtes pas seul système bien rodé sur cette thématique, apprécie pour aider les victimes”. Certains participants Valérie Hoarau. Chapeau bas aux forces de ont d’ailleurs tout simplement découvert qu’il y l’ordre et aux associations qui communiquent, avait une assistante sociale du personnel au s’entraident et comptent les uns sur les autres ! » 25
↑ En un mot, cette formation est un succès. Logi- face à des violences envers les seniors… Salle d'attente, quement, elle sera donc reproduite. Certains « C’est une formation très intéressante, de très unité médico- professionnels se sont même déjà pré-inscrits. bonne qualité et qu’il faut reconduire. Mais il judiciaire de l’hôpital. Les organisateurs et intervenants ont quant à faudrait augmenter la mixité des intervenants, eux prévu de se retrouver pour échanger de qui étaient plus orientés Finistère sur cette pre- nouveau et programmer une deuxième session, mière, afin de répondre aux questions des per- toujours d’une journée mais avec un format sonnels du GHBS côté Morbihan », estime Lau- légèrement remanié. « Les retours sur la forma- rence Villais. « Là nous avons en quelque sorte tion ont été très positifs mais certains partici- fait la répétition générale et distribué beaucoup pants ont trouvé que les ateliers de l’après-midi d’informations, ajoute Sabine Texier. Mais peut- étaient trop courts », relate Loïc Péron. être que lors d’une deuxième journée il faudra améliorer la précision sur l’organisation Nouvelle session, nouveau format ? concrète. » La prochaine formation pourrait donc proposer Autant de pistes que Loïc Péron explore avec sur la deuxième partie de la journée des ateliers comme objectif, à terme, d’utiliser les savoirs plus thématiques, sur lesquels les participants acquis pendant ces formations pour contribuer se retrouveraient par petits groupes. Par à une procédure commune à l’ensemble du exemple : dans l’entourage personnel ou pro- GHBS. Et pouvoir prendre en charge les vic- fessionnel, comment repérer et agir devant une times de violences intrafamiliales de manière victime de violences ; à l’hôpital, comment efficace et uniformisée. repérer et agir devant une femme victime de violences ; à l’hôpital, comment repérer et agir 26
↑ L’action en bref Public Salle d’écoute et d’observation L’ensemble du personnel aménagée au sein Objectifs du GH. de l’unité médico- → Sensibiliser le personnel aux judiciaire. violences intra-familiales. Programme Une journée de formation : → Apprendre à repérer les victimes → une matinée de présentation et savoir les aider. → un après-midi d’échange en ateliers → Mettre en place une procédure uniformisée de prise en charge des 16 intervenants. victimes sur le GH. 27
Prix management et organisation du travail Centre hospitalier de Villefranche-de-Rouergue La formation et l’implication des acteurs : les clés du succès du maintien dans l’emploi Le centre hospitalier de Villefranche-de-Rouergue a fait évoluer sa politique de ressources humaines : la mise en retraite pour invalidité n’est plus la seule solution pour les agents qui ne peuvent plus exercer leurs fonctions. Ceux-ci sont reclassés dès que possible sur des postes vacants… et la démarche est un succès. 29
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