Rapport sur la mise en oeuvre de la Recommandation sur les Principes relatifs aux institutions budgétaires indépendantes 2022
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Rapport sur la mise en œuvre de la Recommandation sur les Principes relatifs aux institutions budgétaires indépendantes 2022
Ce rapport a été approuvé par le Comité des hauts responsables du budget de l'OCDE le 20 décembre 2021 et préparé pour publication par le Secrétariat de l'OCDE. Ce document, ainsi que les données et cartes qu'il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s'exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région.
Table des matières 1. Contexte ............................................................................................................................................................. 4 2. Méthodologie...................................................................................................................................................... 8 3. Processus ............................................................................................................................................................ 9 4. Diffusion ............................................................................................................................................................. 9 5. Mise en œuvre .................................................................................................................................................. 10 6. Synthèse et conclusions ................................................................................................................................... 26 7. Références ........................................................................................................................................................ 28 Appendice: Vue d’ensemble de la mise en œuvre ............................................................................................. 30 Graphiques Graphique 1.1. Champ d’application de la Recommandation 5 Graphique 1.2. Évolution du nombre d’IBI nationales au sein des Adhérents 7 Graphique 5.1. IBI créées dans le cadre de réformes plus larges 12 Graphique 5.2. Base juridique de l’établissement de l’IBI 12 Graphique 5.3. Origine des dirigeants 14 Graphique 5.4. Points forts des dispositifs de gouvernance 15 Graphique 5.5. Principales fonctions des IBI des Adhérents 16 Graphique 5.6. Personnel et fonctions analytiques des IBI des Adhérents 18 Graphique 5.7. Dispositifs de financement pluriannuel des budgets des IBI 18 Graphique 5.8. Base formelle de l’accès à l’information des IBI des Adhérents 21 Graphique 5.9. Difficultés d’accès à l’information rencontrées par les IBI dans l’UE 22 Graphique 5.10. Recours à des conseils consultatifs et à une évaluation externes 24 Encadrés Encadré 1.1. Les IBI et le cadre de l’UE pour la coordination et la surveillance des politiques budgétaires des pays de la zone euro 6 Encadré 1.2. Les IBI des Adhérents aux niveaux infranationaux de gouvernement 8 Encadré 5.1. Protection du budget du PBO du Commonwealth en Australie et de l’OBR au Royaume-Uni 19 Encadré 5.2. Établir des relations fortes avec les acteurs parlementaires - l’exemple de l’AIReF 20 Encadré 5.3. Évaluation externe 25 Encadré 5.4. Le recours par le CBO des États-Unis à des conseils consultatifs externes 26 3
1. Contexte 1. Les institutions budgétaires indépendantes (IBI) livrent une analyse des finances publiques non partisane et qui fait autorité. Reconnaissant que les IBI ont le potentiel de renforcer la discipline budgétaire, de promouvoir une plus grande transparence et une plus grande responsabilité budgétaires et d’élever la qualité du débat public sur la politique budgétaire, le Conseil a adopté la Recommandation sur les Principes relatifs aux institutions budgétaires indépendantes [OECD/LEGAL/0401] (dénommée ci-après la « Recommandation ») sur proposition du Comité de la gouvernance publique (PGC) en février 2014. 2. Élaborée à l’initiative du Réseau de responsables budgétaires des parlements et des institutions budgétaires indépendantes, rebaptisé le Groupe de travail de responsables budgétaires des parlements et des institutions budgétaires indépendantes en 2021 (ci-après dénommé le « Groupe de travail PBO »), 1 la Recommandation est l’aboutissement de deux années de discussions intenses avec le Groupe de travail PBO, son organe parent, le Comité des hauts responsables du budget (ci-après le « PBO ») 2, et le PGC. Ces discussions ont débuté en avril 2011, lorsque le Groupe de travail PBO a chargé le Secrétariat de l’OCDE de contribuer à l’élaboration d’une série de principes pour les IBI. La demande du Groupe de travail PBO a été avalisée par le SBO en juin 2011. Pour orienter les travaux d’élaboration des principes, le Secrétariat de l’OCDE a créé un Groupe de référence composé de chefs et chefs adjoints des IBI du Canada, de la Corée, des Pays-Bas, de la Suède, du Royaume-Uni et des États-Unis, ainsi que de deux anciens présidents d’IBI, à savoir celles de la Hongrie et de la Suède. Le Groupe de référence a apporté un éclairage pratique et critique au texte. 3. Une première série de principes a été présentée pour commentaires au Groupe de travail PBO en février 2012 puis au SBO en juin de la même année. Une version révisée en a été soumise en avril 2013 à la 47e réunion du PGC [GOV/PGC/M(2013)1, point 11] selon la procédure écrite, le PGC a ensuite approuvé quelques modifications mineures en mai 2013 [GOV/PGC(2013)9/REV1] Le texte a enfin été soumis pour adoption au Conseil sous la forme d'une Recommandation [C(2014)17 & C(2014)17/CORR1; C/M(2014)2, par. 16]. 4. Au fil des consultations, le projet de principes s’est enrichi de discussions menées au sein du Groupe de travail PBO et du SBO (voir par exemple (Kopits, 2011[2])) ; de travaux antérieurs de l’OCDE consacrés à la création et au fonctionnement des bureaux parlementaires du budget ; d’une enquête conduite auprès du Groupe de travail PBO ; et d’études de cas portant sur les IBI de pays Membres de l’OCDE. Le Secrétariat de l’OCDE a également tenu des consultations avec des représentants de gouvernements, du personnel d'organisations internationales, des universitaires et d’autres parties prenantes. 5. La Recommandation qui en a résulté, la première du genre, livre aux décideurs et aux IBI des orientations concrètes sur les points à prendre en compte pour la conception et la gouvernance des IBI, et synthétise les enseignements et les bonnes pratiques. Par les 22 principes énoncés dans l’Annexe, la Recommandation vise à renforcer les bonnes pratiques 1 Le Groupe de travail PBO est le premier organe intergouvernemental réunissant des IBI. Créé en 2009, il constitue pour les IBI une plateforme collaborative pour débattre de questions de fond ayant trait aux finances publiques ; partager leur expérience pratique sur les mécanismes institutionnels et les méthodes de travail ; identifier les bonnes pratiques ; et contribuer à l’élaboration de normes. 2 En mai 2021, le Conseil de l’OCDE a transformé le Groupe de travail des hauts responsables du budget en comité et a transféré la responsabilité de la Recommandation du PGC au SBO [voir C(2021)61 et C/M(2021)10, par. 104]. 4
des IBI dans neuf domaines comme l'indépendance, la neutralité politique et la transparence (Graphique 1.1). La Recommandation a également pour but d’aider les Membres et les non- Membres qui y ont adhéré (ci-après les « Adhérents ») 3 à mettre en place des conditions favorables au bon fonctionnement de leur IBI et de nature à en assurer la viabilité à long terme. Graphique 1.1. Champ d’application de la Recommandation Indépendence Appropriation et neutralité Mandat locale politique Rôle et structure définis selon Nominations indépendantes Mandat clairement défini et les besoins locaux et analyse non partisane IBI habilitée à travailler de sa propre initiative Liens avec le Accès à Ressources pouvoir législatif l’information Ressources adaptées au Redevabilité adéquate Accès à l’information mandat envers le parlement consacré par la loi Communic- Évaluation Transparence ation externe Circuits de communication Observation de la plus Existence d’un mécanisme efficaces, surtout avec les grande transparence d’évaluation externe médias 6. La Recommandation ne préconise pas aux Adhérents d’établir une IBI, ce choix incombant à chaque pays en fonction du paysage institutionnel, des besoins et des contraintes qui lui sont propres. Elle n’a pas non plus de caractère prescriptif quant aux fonctions de l’IBI, lesquelles peuvent varier d'un pays à l'autre conformément au principe d’appropriation locale. La Recommandation se contente de préconiser aux Adhérents qui ont fait le choix d’établir une IBI ou envisagent de le faire de tenir compte des Principes relatifs aux institutions budgétaires indépendantes, qui couvrent neuf domaines (Graphique 1.1). 7. La Recommandation est intervenue à un moment crucial. Avant la crise financière mondiale de 2008, seuls quelques pays étaient dotés d'une IBI, dont certains pays Membres de l’OCDE comme la Belgique (Conseil supérieur des finances depuis 1936 et Bureau fédéral du plan depuis 1959), les Pays-Bas (1945), le Danemark (1962), l’Autriche (1970) et les États-Unis (1974). C’est notamment en s'inspirant de l’expérience positive de ces institutions anciennes que plusieurs économistes et universitaires commençaient à émettre, dans les années 1990, l’idée de transposer le concept d’institutions bancaires centrales et indépendantes au domaine des finances publiques. L’envolée des déficits budgétaires dans le sillage de la crise financière de 2008-09 a relancé l’idée alors que les décideurs 3 À ce jour, la Recommandation ne comporte aucun Adhérent non-Membre. 5
cherchaient des solutions pour garantir la discipline budgétaire et rassurer le public quant à leur capacité à gérer les finances publiques avec prudence et transparence. 8. Après la crise financière, le nombre d’IBI au sein de l’OCDE a plus que triplé (Graphique 1.2). En 2014, année d’adoption de la Recommandation, six nouvelles IBI nationales entraient en fonction. La création de ces IBI avait principalement été motivée par la mise en conformité avec le « two-pack », un train de réformes adopté en 2013 qui venait compléter le cadre de l’Union européenne (UE) pour la coordination et la surveillance des politiques budgétaires des pays membres de la zone euro (Encadré 1.1). Des réformes budgétaires introduites par les parlements ont également contribué à la création d’IBI. Encadré 1.1. Les IBI et le cadre de l’UE pour la coordination et la surveillance des politiques budgétaires des pays de la zone euro Le cadre de gouvernance budgétaire de l’UE (par le biais de la Directive 2011/85 du Conseil sur les exigences applicables aux cadres budgétaires nationaux, du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, et des réformes réunies sous l’appellation de « two-pack », à savoir le Règlement (UE) nº 472/2013 et le Règlement (UE) nº 473/2013) a formalisé les exigences, pour les organes indépendants, d’évaluation du respect des règles budgétaires numériques et de production ou d’approbation de prévisions macroéconomiques indépendantes. Les IBI investies du rôle d’approbation en vertu du cadre de surveillance de l’UE doivent publier des déclarations d’approbation deux fois par an, à l’occasion d’une part de l’actualisation du programme de stabilité, d’une part de la présentation des projets de plans budgétaires dans le cadre du semestre européen. C’est en 2015 que la première IBI régionale, le Conseil budgétaire européen, a été créée. Ses fonctions sont d’évaluer la mise en œuvre des règles budgétaires de l’UE, de conseiller la Commission sur la position budgétaire appropriée pour la zone euro dans son ensemble et de coopérer avec les conseils budgétaires nationaux des États membres (Juncker et al., 2015[3]). Les cinq Membres et le secrétariat permanent du Conseil budgétaire européen contribuent à la surveillance budgétaire de la zone euro par des activités telles que la publication d’évaluations sur la précision des prévisions de la Commission européenne et la tenue d’une base de données sur la conformité des États membres de l’UE aux quatre règles fiscales du Pacte de stabilité et de croissance. L’UE a mis en place des garanties pour les organes indépendants, notamment par le biais des principes communs aux mécanismes nationaux de correction budgétaire, dont la plupart sont similaires à ceux prévus par la Recommandation de l’OCDE. La décision créant un comité budgétaire européen est également alignée sur de nombreux éléments de la Recommandation (Décision de la Commission (UE) 2015/1937). Ainsi, le comité agit en toute indépendance et ne sollicite ni ne suit aucune instruction des institutions ou organes de l’Union, des gouvernements des États membres ou d’autres entités publiques ou privées. 6
Graphique 1.2. Évolution du nombre d’IBI nationales au sein des Adhérents FIN, EST, ITA LUX, ESP, LVA AUT, AUS, PRT, SVK LTU, GRC FIN, FRA, DEU BEL (Bureau HUN, IRL, GRC fédéral du Plan) IRL, SVN GBR CHL BEL (Conseil SWE ISL Supérieur des USA KOR Finances) CAN CZE NLD DNK AUT MEX PRT 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 Source : Base de données IBI de l’OCDE (2021). 9. La majorité des Adhérents sont désormais dotés d’une IBI. 4 Il existe également plusieurs IBI au niveau infranational, au sein des Adhérents (Encadré 1.2). 10. Sans avoir demandé leur adhésion à la Recommandation, de nombreux pays non- membres utilisent toutefois la Recommandation lors de l’établissement ou de la refonte de leur IBI. C’est par exemple le cas de partenaires clés de l’OCDE comme le Brésil ou l’Afrique du Sud, ou de pays comme l’Argentine, la Bulgarie, la Géorgie, Malte, le Pérou, la Roumanie et la Serbie. À la date de rédaction du présent Rapport, la Roumanie a pour sa part demandé son adhésion à la Recommandation. 11. Dans sa Recommandation, le Conseil invite le Secrétaire général et les Adhérents à la diffuser et charge le PGC d’assurer le suivi de sa mise en œuvre et de faire rapport au Conseil dans les trois ans suivant son adoption, puis à intervalles réguliers. Ce domaine ayant connu des développements importants, avec la création de nombreuses IBI, le délai a été prolongé une première fois afin d’élaborer une nouvelle enquête et de constituer une base de données pour suivre la mise en œuvre, dans le but de fournir une analyse plus précise au Conseil. L’échéance a été de nouveau reportée lorsque le Groupe de travail des hauts responsables du budget est devenu un comité et que la responsabilité de la Recommandation a été transférée du PGC au SBO [voir C(2021)61 and C/M(2021)10, par. 104]. Le présent texte vise à répondre à la demande de rapport formulée par le Conseil. 12. La Recommandation a fait la preuve de son efficacité, notamment très récemment lors de la pandémie de Covid-19. Les Adhérents qui ont créé des IBI respectant de très près la Recommandation bénéficient d’IBI qui ont pu fournir aux parlements et aux gouvernements une analyse rapide des mesures d’urgence dont, notamment, des prévisions économiques et budgétaires et des études de scénarios ; des évaluations des hypothèses 4 Des discussions sont ainsi engagées en Nouvelle-Zélande depuis 2018. En Norvège, le Comité consultatif pour l’analyse de la politique budgétaire a récemment vu son mandat étendu à l’évaluation indépendante de la viabilité de la politique budgétaire, ce qui le rapproche des IBI européennes. 7
utilisées par les pouvoirs publics pour leurs programmes ; un suivi, une activation et une mise en œuvre des clauses de sauvegarde ; et un chiffrage des mesures d’urgence. Pour les IBI qui s’écartent de ces principes, il a été fait état de davantage de difficultés à fournir aux décideurs une analyse rapide. Pour un rapport complet sur les actions des IBI pendant la pandémie, voir (OECD, 2020[1]). Encadré 1.2. Les IBI des Adhérents aux niveaux infranationaux de gouvernement Les IBI des Adhérents situées aux niveaux infranationaux de gouvernement travaillent à leur alignement sur la Recommandation. En voici quelques exemples : • Une récente évaluation de l’OCDE a conclu que la Commission budgétaire écossaise respectait de très près la Recommandation (OECD, 2019[4]). Celle-ci joue un rôle important dans le cadre budgétaire du Royaume-Uni. En effet, elle est chargée de formuler des prévisions sur de nombreux impôts cédés à l’Écosse, les recettes affectées par le gouvernement central et les dépenses de sécurité sociale. • Le bureau parlementaire du budget (PBO) de l’État de Victoria (Australie) a pour mandat de répondre aux demandes des législateurs et des commissions, ainsi que de chiffrer les propositions législatives au cours de la session parlementaire et les propositions des partis à l’occasion des élections. Un examen réalisé par l’OCDE en 2019 a révélé que le PBO était conforme à la plupart des principes de la Recommandation. Il a toutefois mis en évidence plusieurs domaines nécessitant une amélioration, notamment l’accès à l’information et la possibilité pour le bureau de produire des rapports et des analyses de sa propre initiative (OECD, 2019[5]). • En 2021, l’Irlande du Nord (Royaume-Uni) a créé un conseil budgétaire, chargé d’évaluer le bien-fondé des hypothèses de planification officielles, la probabilité que le projet de budget respecte les contraintes d’emprunt infranationales et la viabilité à long terme des finances de l’Irlande du Nord. Le mandat du conseil budgétaire a été explicitement élaboré de manière à être conforme à la Recommandation. Il prévoit une évaluation externe indépendante dans un délai de quatre à cinq ans, portant sur « les progrès accomplis vers l’adhésion aux principes de l’OCDE et les recommandations sur la façon de se conformer davantage à ces principes » (Northern Ireland Department of Finance, 2021[6]). 2. Méthodologie 13. Le présent Rapport concerne 35 IBI nationales de 29 Adhérents, dont l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Chili, la République tchèque, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la France, l’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Islande, l’Italie, la Corée, la Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Mexique, les Pays-Bas, le Portugal, la République slovaque, la Slovénie, l’Espagne, la Suède, le Royaume-Uni et les États-Unis. 5 14. Le Rapport a principalement été élaboré à l’aide des informations contenues dans la base de données IBI 2021 de l’OCDE, constituée à partir d’enquêtes formelles et de discussions informelles portant sur les neuf rubriques de la Recommandation. La base de 5 L’Autriche, la Belgique, la Finlande, la Grèce, l’Irlande et le Portugal disposent de deux IBI. 8
données IBI de l’OCDE est mise à jour de manière systématique lors de la création ou de la refonte d’IBI, ou lorsque des pays dotés d’IBI deviennent Membres de l’OCDE et, en conséquence, Adhérents à la Recommandation. 15. Le Rapport contient également des informations tirées : • des examens d’IBI conduits par l’OCDE et dont le cadre d’évaluation est basé sur la Recommandation. Le Secrétariat de l’OCDE a ainsi examiné les IBI nationales de l’Espagne (2017), du Portugal (2018), de la Lituanie (2019), de la République slovaque (2020), du Royaume‑ Uni (2020), de l’Irlande (2021), de la Finlande (2021) et de la Lettonie (2021), ainsi que les IBI infranationales de l’État de Victoria, Australie (2019) et de l’Écosse, Royaume-Uni (2019) ; • d’études de cas de l’OCDE pour l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, la Finlande, la France, l’Irlande, l’Italie, la Corée, le Mexique, les Pays- Bas, le Portugal, la République slovaque, l’Espagne, la Suède, le Royaume-Uni, et les États-Unis (von Trapp, Lienert et Wehner, 2016[7]) ; • de notes élaborées par le Secrétariat de l’OCDE ou le personnel d’IBI, comme le récent rapport sur l’accès à l’information (OECD, 2020[8]) ; • des discussions menées dans le cadre des réunions annuelles du Groupe de travail PBO ; • de l’enquête de l’OCDE sur les pratiques et procédures budgétaires de 2018 ; • d’enquêtes réalisées par le Réseau des institutions budgétaires indépendantes de l’UE (EU IFIs) et par la Commission européenne. 3. Processus 16. La première version du projet de Rapport a été examinée lors de la réunion du Groupe de travail PBO du 5 novembre 2021. Le texte a ensuite été révisé à la lumière de deux commentaires écrits reçus, afin d’inclure deux encadrés : un sur les IBI au sein des niveau de gouvernement infranationaux des Adhérents et un second sur le Conseil budgétaire européen, une IBI régionale. Il a ensuite été soumis au SBO pour approbation. 17. Le SBO a approuvé le projet de Rapport lors de sa réunion du 20 décembre 2021 avec deux modifications concernant un exemple national. Suite à l’aprobation du SBO, le Conseil a été invité à prendre note du Rapport et à le déclassifier, en convenant de plusieurs mesures de suivi. Un lien vers le Rapport est intégré sur la page internet accessible au public consacrée à la Recommandation, dans le Recueil en ligne des instruments juridiques de l’OCDE. Le cas échéant, le Rapport sera également diffusé par le biais du SBO et de ses organes subsidiaires. 4. Diffusion 18. La diffusion de la Recommandation a été large et suffisante. La Recommandation a été diffusée par le biais du Groupe de travail PBO, du SBO, de plusieurs réseaux régionaux du SBO, et du PGC, ainsi que lors d’examens réalisés dans certains pays à titre individuel, parmi lesquels l’Argentine, la Colombie (avant qu’elle ne devienne membre de l'OCDE) et la Roumanie. 9
19. Elle a également été diffusée par l'intermédiaire de parties prenantes externes comme le Réseau des institutions budgétaires indépendantes de l’UE (EU IFIs) ; le Réseau européen des institutions budgétaires indépendantes, placé sous l’égide de la Commission européenne (EUNIFIS) ; l’Inter-Parliamentary Financial Information Network (IPFIN) du Royaume-Uni ; et l’ex-Réseau mondial des directeurs parlementaires du budget (GN-PBO) soutenu par la Banque mondiale. La Recommandation a également étayé la proposition de standards minimums pour les IBI de l’UE publiée en 2016 par le réseau EU IFIs (EU Independent Fiscal Institutions, 2016[9]). Ces standards ont été précisés dans une déclaration intitulée Network Statement on the Need to Reinforce and protect EU IFIs (« Déclaration sur la nécessité de renforcer et de protéger les IBI de l’UE ») publiée en janvier 2019 (EU Independent Fiscal Institutions, 2019[10]). 20. La Recommandation est en outre régulièrement diffusée lors des réunions annuelles du Groupe de travail PBO, qui constitue un cadre de discussion sur les enjeux et les bonnes pratiques identifiés lors de la mise en œuvre de la Recommandation. Certaines séances ont par exemple été spécifiquement consacrées à des thèmes comme la communication, le développement des données de performance pour les IBI, l’évaluation externe et le recours à des conseils consultatifs. Plus récemment, une note explicative sur l’accès à l’information a été élaborée pour évaluer les pratiques actuelles des IBI dans ce domaine et promouvoir les bonnes pratiques (OECD, 2020[8]). Il est en outre d'usage, lors des réunions du Groupe de travail PBO, que les nouvelles IBI fassent une présentation de la façon dont elles appliquent la Recommandation. 21. Les examens d’IBI par l’OCDE ont également soutenu la diffusion de la Recommandation parmi les Adhérents. Ces examens sont présentés lors de séminaires organisés dans le cadre des réunions annuelles du Groupe de travail PBO. 5. Mise en œuvre 22. Il est recommandé que les Membres qui ont choisi d’établir ou envisagent d’établir une institution budgétaire indépendante tiennent compte des Principes relatifs aux institutions budgétaires indépendantes (ci-après dénommés « les Principes ») tels que figurant en Annexe à la Recommandation, dont elle fait partie intégrante. La Recommandation est largement mise en œuvre par les Adhérents. Plusieurs Adhérents ont réformé leur IBI pour mieux s’aligner sur la Recommandation, tandis que ceux qui ont constitué leur IBI après son adoption se sont employés à appliquer la Recommandation. Lorsque les Adhérents n’ont pas à proprement parler transposé la Recommandation dans leur législation, les IBI se sont efforcées de l’appliquer dans la mesure du possible en l’intégrant à leurs règles et pratiques internes. 23. Les 22 Principes pour les IBI sont regroupés en neuf domaines : 1. Appropriation locale 5. Lien avec le pouvoir législatif 2. Indépendance et neutralité politique 6. Accès à l’information 3. Mandat 7. Transparence 4. Ressources 8. Communication 9. Évaluation externe 10
24. La section ci-après évalue la mesure dans laquelle les Adhérents mettent en œuvre chaque Principe. 5.1. Appropriation locale Principe 1.1. L’appropriation, l’engagement et le consensus à l’échelle nationale, toutes tendances politiques confondues, sont essentiels à l’efficacité et à la pérennité de toute IBI. Un pays souhaitant établir une IBI tirera certainement profit de l’étude de modèles existants et de l’expérience d’autres pays, mais il ne devrait pas reproduire ou imposer artificiellement des modèles importés d’autres pays. Les autorités régionales ou internationales peuvent assurer une protection et un soutien précieux. Principe 1.2. Le rôle et la structure d’une IBI devraient être définis à partir de l’environnement institutionnel et des besoins locaux. La structure de l’IBI devrait aussi choisie en tenant compte des contraintes de capacité, notamment dans les petits pays. Les caractéristiques fondamentales d’une IBI, dont les protections offertes, devraient être compatibles avec le cadre juridique, le régime politique et la culture du pays. Ses fonctions devraient être déterminées en fonction du cadre budgétaire du pays et des problèmes spécifiques à résoudre. 25. Au sein de l’OCDE, les IBI sont très hétérogènes. Les choix de conception opérés par les Adhérents sont fonction du cadre juridique, des procédures, des usages et des traditions du pays. Les modèles institutionnels varient donc considérablement d’un Adhérent à l’autre en ce qui concerne la taille, la gouvernance, le mandat et les ressources de l’institution. Ces modèles peuvent être classés en trois grandes catégories, bien qu’il existe des exceptions, selon que l’entité qui exerce les fonctions d’IBI est : (1) un conseil budgétaire, qui est un organe autonome composé principalement d’universitaires à temps partiel et d’un petit secrétariat permanent (2) un bureau parlementaire du budget, qui assume également des missions de recherche pour le parlement, ou (3) l'institution supérieure de contrôle des finances du pays. Ce dernier modèle est rare. Seuls trois Adhérents (la Finlande, la France et la Lituanie) ont opté pour cette forme. La Finlande renforce progressivement l’indépendance de l’équipe IBI de l’institution supérieure de contrôle des finances par rapport à la structure de gouvernance du reste de l’institution. Elle a également créé un deuxième conseil de politique économique autonome. En France, le Haut conseil des finances publiques entretient des liens étroits avec la Cour des comptes, mais la législation y relative contient plusieurs dispositions destinées à garantir une indépendance totale par rapport à la Cour. 26. Les IBI ont souvent été créées dans le cadre d’un ensemble plus large de réformes budgétaires (Graphique 5.1). Le modèle du conseil budgétaire est le plus courant parmi les IBI créées au sein des réformes de l’UE visant à assurer une surveillance indépendante, en application du « two-pack », le paquet de réformes venues compléter le pacte de croissance et de stabilité, et plus particulièrement le règlement (UE) nº 473/2013. La création de bureaux parlementaires du budget au Canada et au Portugal en 2006, en Australie en 2011, en Autriche en 2012 et en Irlande en 2017 répondait à une volonté des parlements de disposer d’une base analytique plus solide pour leur mission de gardien des derniers publics et de promouvoir une plus grande transparence budgétaire. 11
Graphique 5.1. IBI créées dans le cadre de réformes plus larges Réformes de l'UE ou autres Dans le cadre réformes motivées de réformes par l'extérieur 20% nationales plus larges 34% 26% Réformes nationales et 20% réformes motivées Hors cadre de par l'extérieur réformes plus larges Source : Base de données IBI de l’OCDE (2021). 27. La plupart des IBI des Adhérents (86 %) ont été instituées par la législation primaire (Graphique 5.2). Une petite minorité s’est vu conférer une base constitutionnelle, surtout lorsque leur création a coïncidé avec une réforme constitutionnelle plus large comme en Hongrie et en République slovaque. D’autres ont été établies sur la base des règles d'organisation internes du parlement (le Bureau parlementaire du budget autrichien par exemple) ou de la législation secondaire (comme le Conseil de politique budgétaire suédois). Graphique 5.2. Base juridique de l’établissement de l’IBI Législation primaire 86% Constitution 9% Autre 6% Source : Base de données IBI (2021). 28. La diversité des détails institutionnels retenus lors de la conception des IBI reflète le principe d’appropriation locale, les Adhérents ayant parfois opté pour des aspects sans pareils. Certains modèles se démarquent tout particulièrement, notamment ceux de : • l’Italie, dont le parlement dispose d'un très large pouvoir en matière de délibérations budgétaires et qui a créé son IBI selon le modèle du budget parlementaire, mais avec une gouvernance collégiale qui se rapproche du modèle de conseil budgétaire ; • l’Autriche, la Grèce et l’Irlande, qui disposent à la fois d’un conseil budgétaire et d’un bureau parlementaire du budget, la mise en œuvre des exigences de l’UE étant officiellement assurée par le conseil budgétaire ; 12
• la Finlande, qui a confié la fonction de suivi des règles budgétaires au Bureau national de vérification et créé en sus un Conseil de politique économique qui fournit ex ante des conseils de politique plus normatifs au gouvernement ; • en outre, les mandats des IBI de l’UE intègrent d'importants aspects spécifiques au pays. Par exemple, en Espagne, l’Autorité indépendante de responsabilité budgétaire (AIReF) dispose d'un mandat infranational large qui reflète le système décentralisé du pays. 5.2. Indépendance et neutralité politique Principe 2.1. La neutralité politique et l’indépendance sont des prérequis pour qu’une IBI soit performante. Une entité réellement non partisane n’inscrit pas ses analyses dans une perspective politique ; elle s’efforce toujours de faire preuve d’objectivité et de professionnalisme, et travaille pour tous les partis. Il est donc souhaitable que l’IBI n’exerce aucune responsabilité quant à l’élaboration des politiques normatives afin d’éviter d’être perçue comme partisane. Principe 2.2. Les dirigeants de l’IBI devraient être choisis en fonction de leur mérite et de leur compétence technique, indépendamment de toute appartenance politique. Les qualifications devraient être définies explicitement – notamment en ce qui concerne le profil professionnel et l’expérience acquise au sein de la fonction publique ou dans le monde universitaire. Les qualifications devraient porter sur des compétences avérées en économie et en finances publiques, ainsi que sur la connaissance du processus budgétaire. Principe 2.3. La durée et le nombre de mandats confiés aux dirigeants de l’IBI devraient être précisés dans la loi, de même que les critères et la procédure de révocation motivée. Les mandats des dirigeants devraient dans l’idéal être indépendants des échéances électorales. Définir une durée de mandat en décalage par rapport aux scrutins prévus peut également contribuer à l’indépendance. Principe 2.4. Le poste de responsable de l’IBI devrait être rémunéré et de préférence occupé à temps plein. Des normes rigoureuses en matière de conflit d’intérêts au regard d’autres emplois dans la fonction publique ou le secteur privé, particulièrement au sein d’institutions dont les membres du conseil sont employés à temps partiel, devraient également s’appliquer à chacun. Principe 2.5. Les dirigeants de l’IBI devraient avoir toute liberté pour recruter et révoquer des employés, conformément au droit du travail en vigueur. Principe 2.6. Les employés devraient être sélectionnés à l’issue d’un concours ouvert fondé sur le mérite et la compétence technique, indépendamment de toute appartenance politique. Les conditions d’emploi devraient être inspirées de celles de la fonction publique (ou du service parlementaire). 29. La Recommandation indique que les IBI ne devraient exercer aucune responsabilité quant à l’élaboration des politiques normatives afin d’éviter d’être perçues comme partisanes, ce qui pourrait nuire à leur réputation et à leur crédibilité en tant qu’arbitres des chiffres politiquement neutres (principe 2.1). Dans le respect de ce principe, aucune IBI n’a de responsabilité dans l’élaboration des politiques. Environ 40 % des IBI des Adhérents s'abstiennent strictement de formuler des conseils de politique à visée normative. Sur les 60 % qui le font, presque toutes limitent leurs conseils normatifs à des commentaires généraux sur les agrégats budgétaires à envisager pour assurer le respect des règles 13
budgétaires. Celles qui formulent des commentaires sur les politiques, telles que l’équipe IBI du Bureau national de vérification finlandais et le Conseil de politique budgétaire suédois, ne formulent généralement des commentaires que sur l’intérêt des politiques pour atteindre les objectifs budgétaires du gouvernement. Ainsi, elles ne remettent pas en question les choix de politique du gouvernement et se contentent de les rapporter au contexte des objectifs budgétaires qu’il s’est lui-même fixés. 30. Aux États-Unis, alors que la législation qui régit le Congressional Budget Office (CBO) ne lui interdit pas de formuler des recommandations de politique, c’est le premier directeur du CBO qui en prit la décision en opérant une distinction entre les recommandations de nature politique, dont le CBO devait « scrupuleusement s’abstenir », et celles de nature technique, qui pouvaient être fournies sur demande. Ce choix est considéré comme ayant été déterminant pour « l’influence et la crédibilité du CBO » (Joyce, 2015[11]). 31. Les dispositifs de gouvernance renforcent l’indépendance (principe 2.2). D’une manière générale, les dirigeants de l’IBI devraient être choisis en fonction de leur mérite et de leur compétence technique, indépendamment de toute appartenance politique. Pour leur gouvernance, les IBI des Adhérents font appel à des profils divers, même si la plupart des dirigeants sont issus du monde universitaire, qui est deux fois plus représenté que la seconde dominante, les banques centrales (Graphique 5.3). Graphique 5.3. Origine des dirigeants Milieux universitaires 27% Banque centrale 13% Ministère des Finances 11% Groupe de réflexion 9% Audit 9% Autre 7% Secteur privé 7% Parlement 6% Organisation internationale 4% Autre département 4% Promotion interne 3% Source : Base de données IBI de l’OCDE (2021). 32. Les nominations et désignations des dirigeants peuvent être décidées par le gouvernement, le parlement ou diverses parties prenantes. Plusieurs IBI au sein des Adhérents ont mis en place une procédure d’approbation secondaire pour s’assurer de la participation du parlement dans le processus de nomination. Ainsi, au Royaume-Uni, c’est le chancelier de l'Échiquier qui décide des nominations au Budget Responsibility Committee de l’OBR, mais il doit recueillir l’approbation du Comité du Trésor de la Chambre des communes. En Espagne, le candidat choisi par le Conseil des ministres à la présidence de l’AIReF doit se présenter devant le Comité des finances et des administrations publiques, qui est chargé d’évaluer son expérience, sa formation et ses compétences. De manière similaire, l’accord du parlement est nécessaire si le 14
gouvernement souhaite démettre les dirigeants de leurs fonctions au sein du Fiscal Advisory Council (Irlande), de l’AIReF (Espagne) et de l’OBR (Royaume-Uni). 33. Plusieurs IBI des Adhérents autorisent les étrangers à siéger au conseil, ce qui augmente le vivier de candidats compétents dans les petits pays et réduit les risques de « pensée unique ». C’est le cas du Fiscal Advisory Council irlandais, du Conseil des finances publiques portugais et du Conseil de politique budgétaire suédois. 34. Conformément au principe 2.3, dans la quasi-totalité des IBI des Adhérents, la durée et le nombre de mandats sont définis par la loi (Graphique 5.4). Le Bureau du budget de l’Assemblée nationale en Corée (NABO) fait toutefois exception à cette règle, puisqu'il est d’usage que son dirigeant démissionne tous les deux ans lors du changement de président à l’Assemblée nationale. Le mandat de la majorité des dirigeants est dissocié du cycle électoral afin d’éviter que les gouvernements placent leurs favoris pendant la durée de leur propre mandat. Au Canada, la durée des mandats au BDPB a été modifiée afin de la mettre en conformité avec la Recommandation. Dans 60 % des IBI des Adhérents, des critères clairs ont été définis pour la révocation des dirigeants. 35. Dans 89 % des IBI des Adhérents, les dirigeants sont rémunérés (principe 2.4). Les IBI conçues selon le modèle du conseil budgétaire sont plus susceptibles d’employer leurs membres à temps partiel. Certaines comprennent à la fois des membres à temps partiel et des membres à temps plein. Les IBI dont les membres sont employés à temps partiel sont plutôt celles des petits États membres de l’Union européenne, ou qui comportent un nombre important de membres représentant des institutions et intérêts divers ; c’est le cas, par exemple, du Conseil consultatif budgétaire autrichien (FISK pour « Fiskalrat »), du Conseil supérieur des Finances belge (CSF) et des Conseils économiques danois, qui emploient à temps partiel dix membres ou plus. En Suède et en Irlande, les membres du conseil sont principalement issus du monde universitaire et sont également employés à temps partiel. Pour ce qui est de la France, le poste de membre du conseil s’apparente à une fonction honorifique : ses onze membres sont employés à temps partiel et ne sont pas rémunérés. Graphique 5.4. Points forts des dispositifs de gouvernance 94% Durées des mandats 89% clairement définies Maîtrise du Direction recrutement du 63% personnel Emploi à temps plein 60% Critères de révocation des 89% dirigeants clairement Dirigeants rémunérés définis Source : Base de données IBI de l’OCDE (2021). 15
36. Les IBI des Adhérents ont, dans la majorité des cas, la maîtrise totale du processus de recrutement du personnel, qui est sélectionné à l'issue d’un concours ouvert fondé sur le mérite et la compétence technique (principes 2.5 et 2.6). Toutefois, certaines IBI ont recours à du personnel d’autres organes tels que la banque centrale, le ministère des Finances ou la cour des comptes. Dans certains cas, les règles applicables aux employés du secteur public peuvent restreindre l'indépendance administrative. En Corée, le personnel senior (au-dessus des chefs de département) est nommé et révoqué par le président de l’Assemblée nationale, tandis que les autres membres du personnel sont désignés par le directeur du NABO. 5.3. Mandat Principe 3.1. Le mandat de l’IBI, y compris la description générale des types de rapports et d’analyses qu’elle est appelée à produire, le nom des parties habilitées à demander ces rapports et analyses et, le cas échéant, les délais de publication à respecter, devrait être clairement défini dans les normes de droit supérieur. Principe 3.2. L’IBI devrait avoir la possibilité de produire, de sa propre initiative, des rapports et des analyses, sous réserve que ceux-ci entrent dans le champ de son mandat. De même, elle devrait disposer de l’autonomie nécessaire pour établir son propre programme de travail dans les limites de son mandat. Principe 3.3. L’articulation de ses missions avec le processus budgétaire devrait être clairement définie dans le mandat. Les missions classiques de l’IBI pourraient notamment (sans que cette liste soit limitative) recouvrir : l’élaboration de prévisions économiques et budgétaires (prévisions à court et moyen terme, ou scénarios à long terme) ; l’établissement de scénarios de référence (fondés sur l’hypothèse que les politiques suivies ne changent pas) ; des analyses des propositions budgétaires émanant de l’exécutif ; la surveillance du respect des règles budgétaires ou des objectifs officiels ; le chiffrage des coûts de propositions de loi importantes ; des études analytiques sur des thèmes choisis. 37. Bien que variés, les mandats des IBI des Adhérents partagent le plus souvent un ensemble de fonctions principales. Les mandats comprennent la responsabilité des prévisions macroéconomiques et budgétaires, le suivi du respect des règles fiscales, le chiffrage des coûts des politiques, l’analyse de la viabilité budgétaire à long terme, et le soutien au législateur en répondant à ses demandes (Graphique 5.5). Graphique 5.5. Principales fonctions des IBI des Adhérents Publication d'analyses de la viabilité budgétaire à long terme 25 Surveillance du respect des règles budgétaires 24 Réponses aux demandes des commissions ou des législateurs 17 Production ou approbation formelle de prévisions officielles 15 Chiffrage des propositions du gouvernement ou du parlement 11 Chiffrage des promesses électorales 5 16
Source : Base de données IBI de l’OCDE (2021). 38. Certaines législations vont jusqu’à imposer à l’IBI la production de rapports spécifiques. Leur nombre varie de un en Suède à environ 50 en Espagne (dont 11 différents types de rapports analytiques pour les administrations centrales, régionales et locales, ainsi que quatre rapports de gouvernance d’entreprise annuels). 39. Presque toutes les IBI des Adhérents sont habilitées à définir leur propre programme de travail dans les limites de leur mandat et à procéder à des analyses de leur propre initiative. Ce dernier point est un marqueur déterminant de l'indépendance opérationnelle des IBI et leur permet de procéder à des analyses spécifiques qu’elles estiment propices à éclairer le débat public. La façon dont les IBI ont analysé les répercussions économiques de la pandémie de COVID-19, le plus souvent de leur propre chef, l’illustre parfaitement (OECD, 2020[1]). 5.4. Ressources Principe 4.1. Les ressources allouées à l’IBI devraient être à la mesure de son mandat, de sorte qu’elle puisse l’exécuter avec toute la crédibilité voulue, et devraient servir à financer la rémunération de l’ensemble des effectifs et, le cas échéant, des membres du conseil. Les crédits accordés à l’IBI devraient donner lieu à publication et être traités de la même façon que les budgets d’autres organismes indépendants, notamment les organismes de contrôle des comptes publics, et ce, afin de garantir son indépendance. Accorder des financements pluriannuels à l’IBI permettrait d’affirmer encore son indépendance et de lui offrir une protection supplémentaire contre les pressions politiques. 40. Il est difficile de se prononcer de manière catégorique sur le caractère suffisant des ressources des IBI des Adhérents. Certaines IBI parviennent à faire beaucoup avec peu de moyens grâce à un ou deux membres très expérimentés qui ont intégré leurs rangs munis de modèles élaborés dans d’autres institutions. D'autres ont eu les plus grandes difficultés à recruter des spécialistes aguerris et auraient besoin d’investissements considérables pour renforcer leurs capacités. Comparer les ressources des IBI entre elles pour juger de leur adéquation n’est pas un exercice aisé, les missions figurant à leur mandat et les tâches associées étant extrêmement variables. Par exemple, les travaux de chiffrage sont particulièrement gourmands en ressources, et la plupart des IBI qui assument ce rôle sont au sommet de la distribution des ressources financières et de la dotation en personnel (Graphique 5.6). Ceci étant, parmi les IBI qui sont chargées du chiffrage, les parlements pour lesquels elles exécutent cette fonction présentent des différences importantes en ce qui concerne le nombre d’élus et le degré de contrôle du pouvoir législatif sur l’élaboration des politiques. Sans compter les écarts de salaires et de niveaux de prix qui rendent la comparaison encore plus ardue. Chez certains Adhérents, l’IBI bénéficie en outre du soutien considérable d’autres institutions dans les domaines de la gestion, des technologies de l’information et des équipements, à l'image du Conseil budgétaire de l’Estonie qui est situé dans les locaux de la banque centrale. 17
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