Recommandations de la Société européenne de cardiologie sur l'endocardite infectieuse - Réalités Cardiologiques
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
réalités Cardiologiques Revues Générales Recommandations ESC Recommandations de la Société européenne de cardiologie sur l’endocardite infectieuse Ces recommandations ont été présentées durant le congrès de l’ESC en septembre 2015, elles sont publiées dans l’European Heart Journal et sur le site de l’ESC (www.escardio.org). Les recommandations précédentes dataient de 2009. Les raisons pour lesquelles l’ESC a souhaité actualiser ses recommandations sont la publication de plusieurs grandes séries sur l’endocardite infectieuse (dont le premier essai randomisé sur le bénéfice de la chirurgie), des progrès importants en matière d’imagerie, notamment d’imagerie nucléaire, et les discordances entre les divers textes de recommandations. En outre, la nécessité d’une approche collaborative, par l’“équipe EI”, est développée dans ces nouvelles recommandations. [ Prévention – prothèse valvulaire, y compris percuta- née, ou matériel prothétique utilisé pour Les indications de l’antibioprophy- une réparation valvulaire ; laxie de l’endocardite infectieuse (EI) – antécédent d’EI ; sont inchangées par rapport à celles des – cardiopathie congénitale : toute cardio- recommandations de 2009. Les grands pathie congénitale cyanogène ; cardiopa- principes de la prévention de l’EI sont thie congénitale réparée avec matériel les suivants : prothétique, implanté par chirurgie ou – le principe de l’antibioprophylaxie de par voie percutanée, pendant 6 mois ou l’EI lors de gestes à risque d’EI chez des pendant toute la vie s’il persiste un shunt patients ayant une situation cardiaque ou une régurgitation valvulaire. prédisposante est maintenu ; – l’antibioprophylaxie de l’EI doit être L’antibioprophylaxie n’est pas recom- limitée aux patients au risque d’EI le mandée pour les autres cardiopathies ➞ F. DELAHAYE plus élevé et qui ont un geste dentaire (III, C). Service de Cardiologie, CHU, LYON. à risque ; – une bonne hygiène orale et une consul- Les mesures de prévention non spéci- Abréviations utilisées tation régulière du dentiste sont plus fiques à appliquer aux patients à risque importantes que l’antibioprophylaxie d’EI haut ou intermédiaire (toutes les CMI : Concentration minimale inhibitrice de l’EI pour réduire le risque d’EI ; autres formes d’atteinte valvulaire DEIC : Dispositif électronique intracardiaque EI : Endocardite infectieuse – les mesures d’asepsie durant la manipu- native) et, idéalement, à l’ensemble de ETT : Échocardiographie transthoracique lation d’un cathéter veineux ou un geste la population, sont les suivantes : ETO : Échocardiographie transœsophagienne invasif sont obligatoires pour réduire la – hygiène dentaire et cutanée stricte ; 18FDG : Fluorodéoxyglucose marqué au fluor 18 fréquence des EI associées aux soins. suivi par un dentiste au moins deux fois PET : Tomographie d’émission de positons (de par an pour les sujets à haut risque, et l’anglais, positron emission tomography) Les cardiopathies à haut risque d’EI, une fois par an pour les autres ; SPECT : Tomographie d’émission monophotonique (de l’anglais, single photon emission com- pour lesquelles une antibioprophylaxie – désinfection des plaies ; puted tomography) est recommandée en cas de soins à haut – éradication ou diminution des portages risque, sont les suivantes (IIa, C) : bactériens chroniques (peau, urine) ; 1
réalités Cardiologiques Revues Générales Recommandations ESC – antibiothérapie curative de tout foyer – une prophylaxie périopératoire est pliquée (insuffisance cardiaque, abcès, infectieux ; recommandée lors de l’implantation grosses végétations, complication neu- – pas d’auto-administration des antibio- d’un stimulateur cardiaque ou d’un rologique et/ou embolique) ; tiques ; défibrillateur automatique implantable – divers spécialistes doivent être pré- – asepsie stricte lors de la réalisation (I, B) ; sents sur place (l’équipe EI), dont des d’un geste à risque ; – des sources potentielles d’infection chirurgiens cardiaques, des cardiolo- – piercings et tatouages déconseillés ; doivent être éliminées au moins deux gues, des anesthésistes-réanimateurs, – limitation des cathéters de perfusion et semaines avant l’implantation d’une des infectiologues, des microbiologistes. des gestes invasifs quand c’est possible ; prothèse valvulaire, ou d’autres maté- Selon les besoins, seront également pré- préférer les cathéters périphériques aux riels intracardiaques ou intravasculaires, sents des spécialistes en maladies val- cathéters centraux, remplacer systéma- sauf en cas d’urgence (I, C) ; vulaires, en cardiopathies congénitales, tiquement les cathéters périphériques – une antibioprophylaxie périopératoire en exérèse de stimulateur cardiaque, en tous les 3-4 jours. doit être envisagée lors de l’implanta- échocardiographie et autres techniques tion d’une prothèse valvulaire (par voie d’imagerie cardiaque, des neurologues, L’antibioprophylaxie est recommandée chirurgicale ou percutanée), d’un maté- des neurochirurgiens et des neuroradio- en cas de soins dentaires lorsque ceux-ci riel intravasculaire ou d’un autre maté- logues interventionnels. concernent la gencive ou la région péria- riel étranger (IIa, C) ; picale des dents, ou encore lorsqu’il y – un traitement local systématique sans >>> Quel est le rôle de l’équipe EI ? a perforation de la muqueuse buccale recherche de Staphylococcus aureus – l’équipe doit avoir des réunions régu- (IIa, C). L’antibioprophylaxie n’est pas n’est pas recommandé (III, C). lières pour discuter des cas, prendre les recommandée pour les autres gestes décisions chirurgicales et définir le type bucco-dentaires ni pour l’échographie de suivi ; transœsophagienne (ETO). Elle n’est pas recommandée non plus pour les gestes [ L’équipe EI – l’équipe EI choisit le type, la durée et le mode de suivi du traitement antibio- effectués au niveau des systèmes respi- La présence d’une “équipe EI” est cruciale. tique, selon un protocole standardisé qui ratoire, gastro-intestinal et uro-génital, suit les recommandations actuelles ; ni pour ceux réalisés au niveau de la >>> Quand envoyer un patient à – l’équipe EI doit participer à des peau et des tissus mous, sauf s’il y a un l’équipe EI dans un centre de référence ? registres nationaux et internationaux, contexte infectieux, auquel cas il doit y – les patients qui ont une EI compliquée communiquer publiquement la morta- avoir un traitement (et non une prophy- (EI avec insuffisance cardiaque, abcès, lité et la morbidité de son centre, être laxie) antibiotique (III, C). complication embolique et/ou neurolo- impliquée dans des programmes d’amé- gique, ou sur cardiopathie congénitale) lioration de la qualité et dans des pro- En cas d’antibioprophylaxie, une seule doivent être adressés précocement et pris grammes d’éducation des patients ; dose est prise, dans les 30 à 60 mn avant en charge dans un centre de référence – le suivi doit être organisé par des le geste : disposant de la chirurgie cardiaque ; consultations du patient à une fréquence – amoxicilline ou ampicilline, 2 g per – les patients qui ont une EI non compli- dépendant de son état clinique (idéale- os ou IV (chez l’enfant : 50 mg/kg per os quée peuvent être pris en charge initiale- ment à 1, 3, 6 et 12 mois après la sortie, ou IV) ; ment dans un centre autre qu’un centre puisque la majorité des événements sur- – en cas d’allergie à la pénicilline ou à l’am- de référence, mais qui doit être en com- viennent pendant cette période). picilline : clindamycine, 600 mg per os ou munication régulière avec le centre de IV (chez l’enfant : 20 mg/kg per os ou IV). référence, et avoir des consultations avec Les recommandations d’antibioprophy- l’équipe EI. Quand c’est nécessaire, le patient doit bénéficier de consultations [ Diagnostic laxie pour la prévention d’une infection dans le centre de référence. La présentation clinique de l’EI est locale ou systémique avant intervention extrêmement variable selon le micro- chirurgicale cardiaque ou vasculaire >>> Quelles sont les caractéristiques du organisme, la présence ou non d’une sont les suivantes : centre de référence ? cardiopathie préexistante et le mode de – le dépistage préopératoire d’un por- – accès immédiat aux examens diagnos- début. Les présentations cliniques aty- tage nasal de Staphylococcus aureus tiques, dont l’ETT, l’ETO, le scanner, piques sont fréquentes chez les sujets est recommandé avant une intervention l’IRM, l’imagerie nucléaire ; âgés ou immunodéprimés. Les critères chirurgicale cardiaque programmée, de – accès immédiat à la chirurgie car- de la Duke University sont utiles pour façon à traiter les porteurs (I, A) ; diaque, notamment en cas d’EI com- la classification des EI, mais leur valeur 2
réalités Cardiologiques est limitée dans certains sous-groupes Les recommandations concernant >>> Suivi pendant le traitement (EI sur DEIC, EI sur prothèse valvulaire, l’échocardiographie dans l’EI sont les – il est recommandé de refaire l’ETT EI à hémocultures négatives) et ils ne suivantes : et/ou l’ETO dès qu’une nouvelle com- remplacent pas le jugement clinique. plication de l’EI est suspectée (souffle L’échocardiographie et les hémocultures >>> Diagnostic nouveau, embolie, fièvre persistante, sont les pierres angulaires du diagnostic – l’ETT est recommandée comme pre- insuffisance cardiaque, abcès, bloc atrio- de l’EI. mière modalité en cas de suspicion d’EI ventriculaire) (I, B) ; (I, B) ; – il est recommandé de refaire l’ETT et/ 1. Échocardiographie et autres – l’ETO est recommandée en cas de sus- ou l’ETO durant le suivi d’une EI non techniques d’imagerie picion clinique d’EI avec ETT normale compliquée, afin de détecter une nou- ou non diagnostique (I, B) ; velle complication silencieuse et de L’imagerie, en particulier l’échocar- – l’ETO est recommandée en cas de sus- surveiller la taille des végétations. Le diographie, joue un rôle clé dans le picion clinique d’EI chez les patients moment du nouvel examen et la modalité diagnostic et la prise en charge de l’EI. ayant une prothèse valvulaire ou un – ETT ou ETO – dépendent des données Elle est utile pour l’évaluation du pro- DEIC (I, B) ; initiales, du type de micro-organisme nostic, le suivi sous traitement, mais – en cas d’examen initial négatif, il est et de la réponse initiale au traitement aussi pendant et après une éventuelle recommandé de refaire l’ETT et/ou (IIa, B). intervention chirurgicale. L’ETT doit l’ETO dans les 7 à 10 jours s’il persiste être pratiquée d’abord, mais une ETO une suspicion forte d’EI (I, C) ; >>> Échocardiographie peropératoire est réalisée dans la majorité des cas d’EI – une échocardiographie doit être Elle est recommandée chez tous les suspectée ou certaine. Trois aspects à envisagée en cas de bactériémie à patients opérés pour EI (I, B). l’échocardiographie sont des critères Staphylococcus aureus (IIa, B) ; majeurs en faveur du diagnostic d’EI : – l’ETO doit être envisagée chez la >>> Après la fin du traitement les végétations, les abcès et les désinser- majorité des patients ayant une suspi- L’ETT est recommandée au moment tions de prothèse valvulaire. Les indica- cion d’EI, même en cas d’ETT positive, de la fin du traitement antibiotique, tions de l’échocardiographie en cas de sauf en cas d’EI du cœur droit isolée afin d’évaluer la morphologie et le suspicion d’EI sont présentées dans la avec une ETT de bonne qualité et des fonctionnement du cœur et des valves figure 1. données sans équivoque (IIa, C) ; (I, C). Suspicion clinique d’EI ETT Prothèse valvulaire, ETT non ETT ETT matériel intracardiaque diagnostique positive négative Suspicion clinique d’EI Forte Basse ETO* Arrêt Si l’ETO initiale est négative mais la suspicion d’EI persiste, répéter l’ETT et/ou l’ETO dans les 7-10 jours * L’ETO n’est pas obligatoire en cas d’EI du cœur droit isolée avec ETT de bonne qualité et sans équivoque. Fig. 1 : Indications de l’échocardiographie en cas de suspicion d’EI. 3
réalités Cardiologiques Revues Générales Recommandations ESC Les définitions anatomiques et écho- Chirurgie/autopsie Échocardiographie cardiographiques sont données dans le Masse intracardiaque oscillante tableau I. L’évaluation des patients qui Masse infectée attachée à une ou non, sur une valve ou une autre ont une EI n’est plus limitée à l’écho- Végétations structure endocardique ou du structure endocardique, ou sur du matériel intracardiaque implanté cardiographie et doit inclure d’autres matériel intracardiaque implanté examens d’imagerie, dont le scanner Cavité périvalvulaire avec multibarrette, l’IRM, le PET-scanner au de la nécrose et du pus, sans Zone péri-valvulaire épaissie, non Abcès 18FDG. communication avec la lumière homogène, d’aspect dense cardiovasculaire 2. Diagnostic microbiologique Cavité péri-valvulaire Zone périvalvulaire pulsatile libre Pseudo- communiquant avec la lumière d’écho, avec détection d’un flux au anévrisme Les hémocultures sont positives dans cardiovasculaire Doppler couleur environ 85 % des cas d’EI. Les EI à Interruption de la continuité du Interruption de la continuité du hémocultures négatives sont princi- Perforation tissu endocardique traversé par un tissu endocardique palement dues à une antibiothéra- flux Doppler couleur pie préalable, ce qui nécessite l’arrêt Communication vue au doppler Communication entre deux cavités de l’antibiothérapie et la répétition Fistule couleur entre deux cavités voisines voisines via une perforation des hémocultures, avec pour consé- via une perforation quences un retard du diagnostic et du Anévrisme Bombement sacculaire de tissu Poche sacculaire de tissu valvulaire traitement et une influence importante valvulaire valvulaire sur le pronostic. Les EI à hémocultures Désinsertion Régurgitation para-valvulaire, avec négatives peuvent aussi être dues à des d’une prothèse Désinsertion de la prothèse ou sans mouvement de bascule de micro-organismes à la pousse difficile valvulaire la prothèse ou à des bactéries intracellulaires. Le Tableau I : Définitions anatomiques et échocardiographiques. diagnostic repose sur les sérologies, les techniques immunologiques, les techniques de biologie moléculaire ou Critères majeurs l’histologie. Un algorithme de diagnos- l Hémocultures positives tic microbiologique est fourni dans la – présence dans deux hémocultures différentes de micro-organismes communément rencontrés dans l’EI : Streptococcus viridans, Streptococcus bovis, micro-organismes du groupe HACEK, figure 2. Staphylococcus aureus ; ou entérocoques (en l’absence de foyer primaire) ; – ou hémocultures positives de façon persistante pour des micro-organismes susceptibles 3. Critères de diagnostic d’engendrer une EI : au moins 2 hémocultures prélevées à plus de 12 heures d’intervalle ; ou 3 sur 3, ou la majorité d’au moins 4 hémocultures prélevées à plus d’une heure d’intervalle entre la première et la dernière ; Les critères de la Duke University – ou une seule hémoculture positive à Coxiella burnetii ou titre d’anticorps antiphase I IgG > 1/800. (basés sur des données cliniques, écho- l Imagerie en faveur d’une EI cardiographiques et microbiologiques) – échocardiographie montrant des signes d’EI : végétation, abcès, pseudo-anévrisme, fistule ont une performance moindre dans les intracardiaque, perforation ou anévrisme valvulaire ; ou désinsertion partielle, nouvellement apparue, d’une prothèse valvulaire ; EI sur prothèse valvulaire ou sur DEIC, – activité anormale autour du site d’implantation d’une prothèse valvulaire, détectée par un pour lesquelles l’échocardiographie PET-scanner au 18FDG (uniquement si la prothèse a été implantée depuis plus de 3 mois) ou un n’est pas concluante dans 30 % des SPECT-scanner aux leucocytes marqués ; – lésion para-valvulaire certaine au scanner cardiaque. cas. L’addition des résultats du scan- ner corps entier et cardiaque, de l’IRM Critères mineurs cérébrale, du PET-scanner au 18FDG – prédisposition : atteinte cardiaque prédisposante ou toxicomanie par voie intraveineuse ; ou du SPECT-scanner aux leucocytes – température ≥ 38 °C ; – phénomènes vasculaires (y compris ceux détectés uniquement par un examen d’imagerie) : marqués peut améliorer la détection embolie artérielle majeure, infarctus pulmonaire septique, anévrisme mycotique, hémorragie des phénomènes vasculaires silen- intracrânienne, hémorragies conjonctivales, lésions de Janeway ; – phénomènes immunologiques : glomérulonéphrite, nodosités d’Osler, taches de Roth, facteur cieux et des lésions endocardiques, et rhumatoïde ; la sensibilité des critères de la Duke – évidence microbiologique : hémoculture(s) positive(s) ne réunissant pas les critères majeurs University. Le groupe de travail pro- ci-dessus, ou évidence sérologique d’une infection en évolution due à un micro-organisme pouvant causer une EI. pose l’ajout de trois nouveaux critères de diagnostic, en caractères gras dans Tableau II : Définitions des critères de diagnostic de l’EI de la Duke University modifiés par Li et par l’ESC le tableau II. en 2015. 4
réalités Cardiologiques Suspicion d’EI Hémocultures EI à hémocultures négatives Identification par spectrométrie de masse Coxiella burnetii*, Bartonella henselae*, Bartonella quintana*, Legionella pneumophila, Brucella spp., Détermination de la résistance Mycoplasma pneumoniae, aux antibiotiques et cultures Cultures sur milieu gélosé Sérologies Aspergillus spp. sur milieu gélosé Identification microbiologique PCR sur sang* PCR spécifique* Staphylococcus aureus, Tropheryma whipplei, champignons, Escherichia coli, Streptococcus gallolyticus, Streptococcus mitis, entérocoques Spectrométrie de masse ou autre technique d’identification Anticorps antinucléaires** Antibiogramme Antibiogramme Anticorps antiphospholipides** Anticorps anti-porc** * Laboratoire de microbiologie qualifié ; ** Laboratoire d’immunologie ; PCR : polymerase chain reaction. Fig. 2 : Algorithme de diagnostic microbiologique. 4. Nouvel algorithme de diagnostic Caractéristiques du patient Micro-organismes L’algorithme de diagnostic, avec les l Patient âgé l Staphylococcus aureus modifications des critères de Duke-Li l EI sur prothèse valvulaire l Champignons l Diabète sucré l Bacilles Gram-négatifs non HACEK par le groupe de travail de l’ESC, est l Comorbidité (par exemple, fragilité, présenté dans la figure 3. Données échocardiographiques immunosuppression, maladie rénale ou pulmonaire) l Complications péri-annulaires [ Complications de l’EI Régurgitation sévère d’une valve du cœur É valuation du pronostic l gauche à l’entrée du patient l Insuffisance cardiaque l Fraction d’éjection du ventricule gauche basse l Insuffisance rénale l Hypertension pulmonaire l Accident vasculaire cérébral l Végétation de grande taille Le pronostic de l’EI est influencé par ischémique de taille plus que l Dysfonction prothétique sévère 4 grands ordres de facteurs : les caracté- modérée l Fermeture prématurée de la valve mitrale et ristiques du patient, les complications l Hémorragie cérébrale autres signes de pressions diastoliques élevées de l’EI, le micro-organisme en cause l Choc septique et les données échocardiographiques (tableau III). Tableau III : Éléments de mauvais pronostic dans l’EI. 5
réalités Cardiologiques Revues Générales Recommandations ESC nisme) sont présentées dans les Suspicion clinique d’EI tableaux IV à VII. [ Critères de la Duke University modifiés par Li rincipales complications P des EI du cœur gauche EI possible/exclue EI exclue, et leur prise en charge EI certaine mais suspicion forte suspicion faible Une intervention chirurgicale est réali- Valve Prothèse sée chez environ la moitié des patients native valvulaire durant la phase initiale, du fait de com- plications sévères. La consultation ● Répéter l’échocardiographie (ETT + ETO) précoce d’un chirurgien cardiaque est ● Répéter l’échocardiographie (ETT + ETO) et les examens microbiologiques recommandée pour déterminer la meil- et les examens microbiologiques ● PET-scanner au 18FDG leure approche thérapeutique. ● Examens d’imagerie d’embole ou SPECT-scanner aux leucocytes marqués (IRM cérébrale, scanner et/ou PET-scanner) ● Scanner cardiaque ● Scanner cardiaque ● Examens d’imagerie d’embole L’identification des patients qui néces- (IRM cérébrale, scanner et/ou PET-scanner) sitent une intervention chirurgicale précoce est souvent difficile et consti- tue un but important pour l’équipe EI. Critères de diagnostic modifiés par l’ESC en 2015* Dans certains cas, l’intervention doit être réalisée en extrême urgence (dans les 24 heures) ou en urgence (dans les pre- EI certaine EI possible EI exclue miers jours, < 7 jours), malgré une durée * Voir le tableau II. d’antibiothérapie courte. Dans d’autres cas, elle peut être repoussée, permettant 1 à 2 semaines d’antibiothérapie, sous Fig. 3 : Algorithme de l’ESC en 2015 pour le diagnostic d’une EI. surveillance clinique et échocardiogra- phique attentive. [ Traitement antibiotique Les indications et le mode d’utilisa- tion des aminosides ont changé. Ils ne Les trois principales indications d’une Le traitement de l’EI repose sur l’asso- sont plus recommandés dans les EI sur intervention chirurgicale précoce dans ciation d’une antibiothérapie prolongée valve native à staphylocoques, car leurs l’EI du cœur gauche sont ses trois prin- et, chez la moitié des patients, de l’éra- bénéfices cliniques ne sont pas démon- cipales complications : l’insuffisance dication chirurgicale des tissus infectés. trés alors qu’ils ont une toxicité rénale. cardiaque, l’infection non contrôlée et Une antibiothérapie prolongée par une Quand ils sont indiqués, ils doivent être la prévention du risque embolique. Elles association de médicaments bactéri- administrés à raison d’une seule fois par sont résumées dans le tableau VIII. cides est la base du traitement. La durée jour afin de réduire la toxicité rénale. du traitement est plus longue en cas d’EI sur prothèse valvulaire (au moins 6 semaines) qu’en cas d’EI sur valve De nouveaux antibiotiques sont utili- sés dans les EI à staphylocoques, dont [ Complications neurologiques native (2-6 semaines). Chez les patients la daptomycine et les fortes doses de Des complications neurologiques symp- opérés, la durée du traitement est comp- cotrimoxazole associé à la clindamy- tomatiques surviennent chez 15 à 30 % tée à partir du 1er jour d’antibiothérapie cine, mais des études supplémentaires des patients ayant une EI, et les évé- effective et non pas du jour de l’interven- dans des grandes séries sont nécessaires nements neurologiques cliniquement tion chirurgicale. On ne fait un nouveau avant de les recommander chez tous les silencieux sont fréquents. Les AVC (isché- traitement complet à compter du jour patients. miques et hémorragiques) sont associés de l’intervention chirurgicale que si la à un surcroît de mortalité. Un diagnostic culture de valve est positive, le choix des L’antibiothérapie des EI à strepto- rapide et l’initiation rapide d’une antibio- antibiotiques reposant alors sur la sensi- coques, à staphylocoques, à entéro- thérapie appropriée sont d’importance bilité du micro-organisme isolé dans la coques et l’antibiothérapie empirique majeure pour prévenir une complication culture de valve. (avant identification du micro-orga- neurologique première ou récidivante. 6
réalités Cardiologiques Antibiotique Dose et voie Durée (semaines) Recommandation Streptocoques sensibles à la pénicilline (CMI ≤ 0,125 mg/L) Traitement standard Pénicilline G 12-18 millions U/j IV en 4-6 doses ou en perfusion continue 4c Ou amoxicillineb 100-200 mg/kg/j IV en 4-6 doses 4c Ou ceftriaxone 2 g/j IV ou IM en 1 dose 4c Doses pédiatriquesd I, B Pénicilline G 200 000 U/kg/j IV en 4-6 doses Amoxicilline 300 mg/kg/j IV en 4-6 doses Ceftriaxone 100 mg/kg/j IV ou IM en 1 dose Traitement de 2 semaines (uniquement dans les EI sur valve native non compliquées et si la fonction rénale est normale) Pénicilline G 12-18 millions U/j IV en 4-6 doses ou en perfusion continue 2 Ou amoxicillineb 100-200 mg/kg/j IV en 4-6 doses 2 Ou ceftriaxone + gentamicinee 2 g/j IV ou IM en 1 dose 2 Ou nétilmicine 3 mg/kg/j IV ou IM en 1 dose 2 I, B 4-5 mg/kg/j IV en 1 dose 2 Doses pédiatriquesd Pénicilline G, amoxicilline, ceftriaxone : comme ci-dessus Gentamicine 3 mg/kg/j IV ou IM en 1 ou 3 doses Patients allergiques à la pénicillinef Vancomycineg 30 mg/kg/j IV en 2 doses 4c Doses pédiatriquesd : 40 mg/kg/j IV en 2-3 doses Streptocoques relativement résistants à la pénicilline (CMI 0,25 - 2 mg/L)h Traitement standard Pénicilline G 24 millions U/j IV en 4-6 doses ou en perfusion continue 4c Ou amoxicillineb 200 mg/kg/j IV en 4-6 doses 4c I, B Ou ceftriaxone 2 g/j IV ou IM en 1 dose 4c + gentamicinee 3 mg/kg/j IV ou IM en 1 dose 2 Patients allergiques à la pénicillinef Vancomycineg 30 mg/kg/j IV en 2 doses 4c + gentamicinee 2 I, C 3 mg/kg/j IV ou IM en 1 dose a Autres streptocoques : voir le texte. b Ou ampicilline, mêmes doses. c Antibiothérapie préférable après 65 ans ou en cas d’altération de la fonction rénale ou de la VIIIe paire crânienne. Six semaines dans les EI sur prothèse. d Les doses ne peuvent pas excéder les doses chez l’adulte. e La fonction rénale et la gentamicinémie doivent être surveillées au moins 1 fois par semaine ; si l’administration est faite en une seule dose quotidienne, la gentamicinémie doit être < 1 mg/L avant l’administration (trough) et à 10-12 mg/L 1 h après l’injection (pic). f Une désensibilisation peut être tentée chez les patients stables. g La vancomycinémie doit être à 10-15 mg/L avant l’administration (trough), mais certains experts recommandent d’augmenter la dose de vancomycine à 45-60 mg/kg/j IV en 2-3 doses afin que la vancomycinémie soit à 15-20 mg/L avant l’administration (trough) comme dans l’EI à staphylocoques. Cependant, la dose de vancomycine ne doit pas dépasser 2 g/j, sauf si les taux sanguins sont contrôlés et ajustés afin que la vancomycinémie soit à 30-45 mg/L 1 h après la fin de la perfusion (pic). h Les EI à streptocoques résistants à la pénicilline (CMI > 2 mg/L) sont traitées comme les EI à entérocoques (tableau VI). Tableau IV : Antibiothérapie des EI dues aux streptocoques oraux et au groupe de Streptococcus bovisa. 7
réalités Cardiologiques Revues Générales Recommandations ESC Antibiotique Dose et voie Durée (semaines) Recommandation EI sur valve native Staphylocoques sensibles à la méthicilline (Flu) cloxacilline ou oxacilline 12 g/j IV en 4-6 doses 4-6 Doses pédiatriquesa : 200-300 mg/kg/j IV en 4-6 doses I, B Gentamicine Non recommandée Alternative (pour S. aureus) : Cotrimoxazoleb + clindamycine Sulfaméthoxazole 4 800 mg/j et triméthoprime 960 mg/j IV 1 IV puis 5 per os en 4-6 doses 1 1 800 mg/j IV en 3 doses IIb, C Doses pédiatriquesa Sulfaméthoxazole 60 mg/kg/j et triméthoprime 12 mg/kg/j IV en 2 doses Clindamycine 40 mg/kg/j IV en 3 doses Patients allergiques à la pénicillinec, d ou staphylocoques résistants à la méthicilline Vancomycine et daptomycine : pas de bénéfice clinique à l’ajout de rifampicine ou de gentamicine Vancomycinee 30-60 mg/kg/j IV en 2-3 doses 4-6 I, B Doses pédiatriquesa : 40 mg/kg/j IV en 2-3 doses Alternative : Daptomycinef 10 mg/kg/j IV en 1 dose Doses pédiatriquesa : 10 mg/kg/j IV en 1 dose 4-6 IIa, C Alternative (pour S. aureus) : Cotrimoxazoleb + clindamycine Sulfaméthoxazole 4 800 mg/j et triméthoprime 960 mg/j IV en 4-6 doses 1 IV puis 5 per os IIb, C 1 800 mg/j IV en 3 doses 1 EI sur prothèse valvulaire Staphylocoques sensibles à la méthicilline (Flu) cloxacilline ou oxacilline 12 g/j IV en en 4-6 doses ≥6 + rifampicineg + gentamicineh 900-1 200 mg/j IV ou per os en 2-3 doses ≥6 3 mg/kg/j IV ou IM en 1-2 doses 2 I, B Doses pédiatriquesa Cloxacilline ou oxacilline : comme ci-dessus Rifampicine 20 mg/kg/j IV ou per os en 3 doses Patients allergiques à la pénicillinec, d ou staphylocoques résistants à la méthicilline Vancomycinee 30-60 mg/kg/j IV en 2 doses ≥6 + rifampicineg + gentamicineh 900-1 200 mg/j IV ou per os en 2-3 doses ≥6 I, B 3 mg/kg/j IV ou IM en 1-2 doses 2 Doses pédiatriquesa : comme ci-dessus a Les doses ne peuvent pas excéder les doses chez l’adulte. b Surveillance de la fonction rénale et du taux sanguin de cotrimoxazole 1 fois par semaine ; 2 fois par semaine en cas d’insuffisance rénale. c Une désensibilisation peut être tentée chez les patients stables. d Une céphalosporine (céfazoline 6 g/j ou céfotaxime 6 g/j IV en 3 doses) est recommandée chez les patients allergiques à la pénicilline avec réaction non anaphylactique et un staphylocoque sensible à la méthicilline. e La vancomycinémie doit être ≥ 20 mg/L avant l’administration (trough). Un rapport aire sous la courbe/CMI > 400 est recommandé en cas de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline. f Surveillance du taux plasmatique des CPK au moins 1 fois par semaine ; certains experts recommandent d’associer de la cloxacilline (2 g/4 h IV) ou de la fosfomycine (2 g/6 h IV) à la daptomycine afin d’augmenter son activité et de diminuer le développement de résistances à la daptomycine. g La rifampicine augmente le métabolisme hépatique de la warfarine et d’autres médicaments ; certains experts recommandent de commencer la rifampicine 3-5 jours après les autres antibiotiques. h La fonction rénale et la gentamicinémie doivent être surveillées 1 fois par semaine (2 fois par semaine en cas d’insuffisance rénale). Tableau V : Antibiothérapie des EI dues aux staphylocoques. 8
réalités Cardiologiques Antibiotique Dose et voie Durée (semaines) Recommandation Entérocoques sensibles aux bêta-lactamines et à la gentamicine (entérocoques résistants : voir a, b, c) Amoxicilline ou ampicilline 200 mg/kg/j IV en 4-6 doses 4-6f + gentamicined 3 mg/kg/j IV ou IM en 1 dose 2-6f, g Doses pédiatriquese I, B Ampicilline 300 mg/kg/j IV en 4-6 doses Gentamicine 3 mg/kg/j IV ou IM en 3 doses Amoxicilline ou ampicilline 200 mg/kg/j IV en 4-6 doses 6 + ceftriaxone 4 g/j IV ou IM en 2 doses 6 Doses pédiatriquese I, B Ampicilline 300 mg/kg/j IV en 4-6 doses Ceftriaxone 100 mg/kg/12 h IV ou IM Patients allergiques aux bêta-lactamines Vancomycineh 30 mg/kg/j IV en 2 doses 6 + gentamicined 3 mg/kg/j IV ou IM en 1 dose 6 Doses pédiatriquese I, C Vancomycine 40 mg/kg/j IV en 2-3 doses Gentamicine 3 mg/kg/j IV ou IM en 3 doses a Haut niveau de résistance à la gentamicine (concentration minimale inhibitrice > 500 mg/L) : si les entérocoques sont sensibles à la streptomycine, remplacer la gentamicine par la streptomycine, 15 mg/kg/j en 2 doses ; sinon, traiter plus longtemps avec les bêta-lactamines ; l’association ampicilline – ceftriaxone a été récemment suggérée. b Résistance aux bêta-lactamines : si elle est due à la production de bêta-lactamases : remplacer l’ampicilline par l’ampicilline – sulbactam et l’amoxicilline par l’amoxicilline – acide clavulanique ; si elle est due à une altération de la PBP5 : utiliser la vancomycine. c Multirésistance aux aminoglycosides, aux bêta-lactamines et à la vancomycine : les alternatives sont : daptomycine 10 mg/kg/j + ampicilline 200 mg/kg/j IV en 4-6 doses ; linézolide 2 x 600 mg/j IV ou per os ≥ 8 semaines (surveiller la toxicité hématologique) ; quinupristine – dalfopristine 3 x 7,5 mg/kg/j ≥ 8 semaines (pas actives contre E. faecalis). d La fonction rénale et la gentamicinémie doivent être surveillées au moins 1 fois par semaine ; si l’administration est faite en 1 seule dose quotidienne, la gentamicinémie doit être < 1 mg/L avant l’administration (trough) et à 10-12 mg/L 1 h après l’injection (pic). e Les doses ne peuvent pas excéder les doses chez l’adulte. f Six semaines lorsque les symptômes durent depuis plus de 3 mois ou en cas d’EI sur prothèse valvulaire. g Certains experts recommandent une durée de 2 semaines seulement. h La vancomycinémie doit être à 10-15 mg/L avant l’administration (trough), mais certains experts recommandent d’augmenter la dose de vancomycine à 45-60 mg/kg/j IV en 2-3 doses afin que la vancomycinémie soit à 15-20 mg/L avant l’administration (trough) comme dans l’EI à staphylocoques. Cependant, la dose de vancomycine ne doit pas dépasser 2 g/j, sauf si les taux sanguins sont contrôlés et ajustés afin que la vancomycinémie soit à 30-45 mg/L 1 h après la fin de la perfusion (pic). Tableau VI : Antibiothérapie des EI dues aux entérocoques. Antibiotique Dose et voie Recommandation EI communautaire sur valve native ou EI sur prothèse valvulaire tardive (≥ 12 mois après l’intervention) Ampicilline 12 g/j IV en 4-6 doses + (flu)cloxacilline ou oxacilline + gentamicinea 12 g/j IV en 4-6 doses IIa, C 3 mg/kg/j IV ou IM en 1 dose Patients allergiques à la pénicilline Vancomycineb + gentamicinea 30-60 mg/kg/j IV en 2-3 doses IIb, C 3 mg/kg/j IV ou IM en 1 dose EI associée aux soins ou EI sur prothèse valvulaire précoce (< 12 mois après l’intervention) Vancomycineb + gentamicinea + rifampicinec 30 mg/kg/j IV en 2 doses 3 mg/kg/j IV ou IM en 1 dose IIb, C 900-1200 mg/j IV ou per os en 2-3 doses a La fonction rénale et la gentamicinémie doivent être surveillées au moins une fois par semaine ; la gentamicinémie doit être < 1 mg/L avant l’administration (trough) et à 10-12 mg/L 1 h après l’injection (pic). b La vancomycinémie doit être à 10-15 mg/L avant l’administration (trough), mais certains experts recommandent d’augmenter la dose de vancomycine à 45-60 mg/kg/j IV en 2-3 doses afin que la vancomycinémie soit à 15-20 mg/L avant l’administration (trough) comme dans l’EI à staphylocoques. Cependant, la dose de vancomycine ne doit pas dépasser 2 g/j, sauf si les taux sanguins sont contrôlés et ajustés afin que la vancomycinémie soit à 30-45 mg/L 1 h après la fin de la perfusion (pic). c Certains experts recommandent de commencer la rifampicine 3-5 jours après les autres antibiotiques. Tableau VII : Antibiothérapie empirique initiale des EI (avant identification du micro-organisme). Les EI à hémocultures négatives doivent être traitées en collaboration avec un infectiologue. 9
réalités Cardiologiques Revues Générales Recommandations ESC Indications Moment Recommandation Insuffisance cardiaque EI aortique ou mitrale avec régurgitation aiguë sévère, ou obstruction valvulaire ou fistule Extrême urgence I, B entraînant un œdème pulmonaire réfractaire ou un choc cardiogénique EI aortique ou mitrale avec régurgitation sévère ou obstruction valvulaire, et insuffisance Urgence I, B cardiaque ou signes échocardiographiques de mauvaise tolérance hémodynamique Infection non contrôlée Infection locale non contrôlée (abcès, faux anévrisme, fistule, végétation augmentant de taille) Urgence I, B Urgence/non Infection causée par un champignon ou par un micro-organisme multirésistant I, C urgence Hémocultures restant positives malgré une antibiothérapie appropriée et un contrôle adéquat Urgence IIa, B des foyers infectieux métastatiques Urgence/non EI sur prothèse valvulaire due à un staphylocoque ou à une bactérie Gram-négative non HACEK IIa, C urgence Prévention des embolies EI aortique ou mitrale avec un ou plusieurs épisodes emboliques et végétation > 10 mm malgré Urgence I, B une antibiothérapie appropriée EI aortique ou mitrale avec végétation > 10 mm, et sténose ou insuffisance sévère et risque Urgence IIa, B opératoire bas EI aortique ou mitrale avec végétation > 30 mm Urgence IIa, B EI aortique ou mitrale avec végétation > 15 mm et absence d’autre indication chirurgicale Urgence IIb, C Moment : extrême urgence : dans les 24 heures ; urgence : dans les premiers jours ; non urgence : après au moins 1 à 2 semaines d’antibiothérapie. a La chirurgie peut être préférée si un geste préservant la valve native est faisable. Tableau VIII : Indications et moment de l’intervention chirurgicale dans l’EI du cœur gauche, sur valve native ou sur prothèse. Après un premier événement neurolo- gique, si une hémorragie cérébrale a été Complication neurologique exclue par un scanner et si l’état neurolo- Évaluation clinique gique n’est pas sévère (coma), s’il y a une Scanner ou IRM cérébral indication chirurgicale cardiaque, l’inter- ETT/ETO vention est associée à un risque neuro- logique bas (3-6 %) et à une probabilité ● Insuffisance cardiaque ● Infection non contrôlée forte de récupération neurologique com- ● Abcès plète ; elle ne doit pas être retardée. En cas ● Haut risque embolique d’hémorragie intracérébrale, le pronostic Oui Non neurologique est plus mauvais et l’inter- vention chirurgicale doit en général être ● Hémorragie intracrânienne repoussée d’un mois. La stratégie théra- ● Coma Oui peutique en cas de complication neurolo- ● Comorbidités sévères ● AVC avec dommages sévères gique est présentée dans la figure 4. Non [ EI sur DEIC L’EI sur DEIC est une des formes d’EI les Envisager la chirurgie Traitement médical et surveillance plus difficiles à diagnostiquer, et elle doit être suspectée en cas de symptômes souvent trompeurs, notamment chez les Fig. 4 : Stratégie thérapeutique en cas de complication neurologique. 10
réalités Cardiologiques sujets âgés. Le pronostic est mauvais, Diagnostic probablement du fait de sa survenue fré- quente chez des sujets âgés qui ont des l L a réalisation d’au moins 3 paires d’hémocultures est recommandée avant l’initiation comorbidités associées. Dans la majorité rapide d’une antibiothérapie (I, C). des cas, il faut une antibiothérapie pro- l La culture de l’extrémité des sondes est indiquée lorsque le dispositif est explanté (I, C). longée et l’exérèse de tout le dispositif. Les recommandations sur le diagnostic, l ne ETO est recommandée en cas de suspicion d’EI sur DEIC, quel que soit le résultat de U le traitement et la prévention de l’EI sur l’ETT (I, C). DEIC sont présentées dans le tableau IX. l ne échocardiographie intracardiaque peut être envisagée en cas de suspicion d’EI sur U DEIC avec des hémocultures positives et une ETT-ETO négative (IIb, C). [ EI du cœur droit l Un SPECT aux leucocytes marqués ou un PET-scanner au 18FDG peuvent être envisagés en cas de suspicion d’EI sur DEIC avec des hémocultures positives et une ETT-ETO négative (IIb, C). Elle affecte surtout les toxicomanes par Principes du traitement voie intraveineuse et les patients ayant une cardiopathie congénitale. Les signes l ne antibiothérapie prolongée (c’est-à-dire avant et après l’exérèse) et l’exérèse de U cliniques incluent des symptômes res- l’ensemble du dispositif (boîtier et sondes) sont recommandées en cas d’EI sur DEIC piratoires et de la fièvre. S. aureus est en certaine et en cas d’infection vraisemblablement isolée de la poche (I, C). cause dans la majorité des cas. L’ETT a l L ’exérèse de l’ensemble du dispositif doit être envisagée en cas d’infection occulte sans une importance majeure. Malgré une mor- autre source apparente d’infection (IIa, C). talité hospitalière relativement basse, le risque de récidive est élevé chez les toxico- l hez les patients ayant une EI sur valve native ou prothétique et un DEIC sans preuve d’une C manes, et l’intervention chirurgicale n’est infection du dispositif, l’exérèse de l’ensemble du dispositif peut être envisagée (IIb, C). recommandée qu’en cas de symptômes Mode d’exérèse du dispositif réfractaires, d’échec du traitement médi- cal, de récidives d’emboles pulmonaires l ne exérèse percutanée est recommandée chez la plupart des patients, même lorsque la U septiques ou d’emboles paradoxaux. taille des végétations est > 10 mm (I, B). l L ’exérèse chirurgicale doit être envisagée lorsque l’exérèse percutanée est incomplète ou Les indications chirurgicales sont (IIa, C) : impossible ou lorsqu’il y a une EI tricuspide destructrice sévère (IIa, C). – une insuffisance cardiaque droite secondaire à une insuffisance tricuspide l L ’exérèse chirurgicale peut être envisagée chez les patients avec des végétations très sévère avec réponse insuffisante au trai- volumineuses (> 20 mm) (IIb, C). tement diurétique ; Réimplantation – une EI due à des micro-organismes difficiles à éradiquer (par exemple, l Après exérèse du dispositif, il faut évaluer la nécessité d’une réimplantation (I, C). des champignons) ou une bactériémie persistant pendant au moins 7 jours l uand elle est indiquée, la réimplantation doit, si possible, être retardée afin de permettre Q quelques jours ou semaines de traitement antibiotique (IIa, C). (par exemple, Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa) malgré une l ne implantation “temporaire” homolatérale peut être envisagée chez les patients U antibiothérapie adéquate ; stimulateur-dépendants et qui nécessitent une antibiothérapie appropriée avant la – des végétations sur la valve tricuspide de réimplantation (IIb, C). taille supérieure à 20 mm et qui persistent l Une stimulation temporaire en routine n’est pas recommandée (III, C). après récidive d’embolie pulmonaire. Prophylaxie [ ecommandations R l ne prophylaxie antibiotique en routine est recommandée lors de l’implantation d’un U dispositif intracardiaque (I, B). sur le traitement antithrombotique l L es sources potentielles d’infection doivent être éliminées au moins 2 semaines avant l’implantation de matériel étranger intracardiaque ou intravasculaire, sauf en cas L’arrêt d’un traitement antiagrégant pla- d’urgence (IIa, C). quettaire est recommandé en cas d’hé- morragie majeure (I, B). Tableau IX : Diagnostic, traitement et prévention de l’EI sur DEIC. 11
réalités Cardiologiques Revues Générales Recommandations ESC En cas d’hémorragie intracrânienne, l’ar- En cas d’hémorragie intracrânienne chez Le traitement thrombolytique n’est pas rêt de toute anticoagulation est recom- un patient porteur d’une prothèse valvu- recommandé chez les patients ayant une mandé (I, C). laire mécanique, une héparine non frac- EI (III, C). tionnée ou de bas poids moléculaire doit En cas d’AVC ischémique sans hémor- être prescrite dès que possible, après une ragie, le remplacement d’un traitement concertation pluridisciplinaire (IIa, C). anticoagulant oral (antivitamine K ; l’expérience des anticoagulants oraux En cas d’EI due à S. aureus, en l’absence directs dans l’EI est très limitée) par d’AVC, le remplacement d’un traitement une héparine non fractionnée ou de bas anticoagulant oral par une héparine non poids moléculaire pendant 1-2 semaines fractionnée ou de bas poids moléculaire L’auteur a déclaré ne pas avoir de conflits doit être envisagé, avec une surveillance pendant 1-2 semaines doit être envisagé, d’intérêts concernant les données publiées attentive (IIa, C). avec une surveillance attentive (IIa, C). dans cet article. 12
Vous pouvez aussi lire