REGARDS SUR LA FISCALITÉ - LOCALE (1986 - 2018) - VOLUME 1 CONTRIBUTIONS DIRECTES - La Banque ...

 
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REGARDS
SUR LA FISCALITÉ
LOCALE (1986 - 2018)

VOLUME 1
CONTRIBUTIONS DIRECTES
ÉDITO                                                         Sommaire
                                                                  REPÈRES CHRONOLOGIQUES
                                                                  INTRODUCTION
                                                                                                                                                                              ..............................................................

                                                                                                              .............................................................................................................................
                                                                                                                                                                                                                                               page 4
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          « DEMANDER PLUS À L’IMPÔT                               VOLUME 1 : LES CONTRIBUTIONS DIRECTES
       ET MOINS AUX CONTRIBUABLES... »                            DES COLLECTIVITÉS LOCALES           page 11                                                                    ......................................................

    Sous la boutade, Alphonse Allais se montrait déjà
    un fin connaisseur de la question, tant il est vrai que       1   LA TAXE FONCIÈRE
                                                                      SUR LES PROPRIÉTÉS BÂTIES
                                                                      I - Une progression continue de la TFPB
                                                                                                                                                                                         .............................................    page 12

    si les recettes fiscales locales financent légitimement           depuis plus de 30 ans                              .............................................................................................................    page 13
    services et équipements publics de proximité, elles               II - Disparités départementales : une taxe
                                                                      inégalement répartie entre les propriétaires                                                                                  ...................................   page 17
    n’en touchent pas moins une multitude de personnes,

                                                                  2
    physiques ou morales, privées ou publiques, pour                  LA TAXE FONCIÈRE
    lesquelles l’exigence d’équité est devenue cruciale.              SUR LES PROPRIÉTÉS NON BÂTIES                                                                                                                   ................    page 24

    Les principes posés par la Déclaration des droits                 I - La taxe foncière sur les propriétés non bâties :
                                                                      une progression contenue par les réformes                                                                                  .....................................    page 24
    de l’homme et du citoyen en matière de capacité                   II - Disparités départementales :
                                                                      inégale répartition de la matière taxable                                                                                                                           page 26
    contributive n’ont jamais été autant d’actualité.                                                                                                                                    .............................................

    Il était donc naturel que La Banque Postale,                  3   LA TAXE
                                                                      D’HABITATION                                   .................................................................................................................    page 28
    banque citoyenne et investie dans tous les projets                I - En plus de 30 ans, une hausse du produit de TH,
                                                                      limitée par plusieurs réformes                        page 29                  .................................................................................

    sur les territoires, contribue au débat général par une           II - Disparités départementales : un impact important
    analyse de l’évolution et de la situation des impôts              du revenu des habitants                               page 35
                                                                                                                                 ......................................................................................................

    locaux, de leur répartition géographique, des
    disparités qui touchent à la fois les collectivités
    locales, leurs habitants et leurs entreprises, et des
                                                                  4   LES IMPOSITIONS
                                                                      ECONOMIQUES                                       .............................................................................................................     page 40
                                                                      SOUS-THÈME 1 - LA TAXE PROFESSIONNELLE,
    solutions mises en œuvre pour une meilleure égalité               UN IMPÔT DÉCRIÉ, RÉFORMÉ, REMPLACÉ              page 41                                                                                           ..............

                                                                      I - Les principales critiques portant sur la TP page 41                                                                           ...............................

    des citoyens devant l’impôt.                                      II - Une nouvelle fiscalité économique,
                                                                      mêlant impositionS de stock et de flux          page 44                                                      ....................................................

    Cette étude, qui sera ultérieurement actualisée et                SOUS-THÈME 2 - LA COTISATION FONCIÈRE
    complétée (la fiscalité indirecte n’étant pas abordée ici),       DES ENTREPRISES, RELIQUAT
                                                                      DE LA PARTIE FONCIÈRE DE LA TP        page 46                                                                       .............................................

    constitue le premier volet d’une série de Regards                 I - Progression constante de la CFE
    destinés à faciliter, à l’orée des futurs mandats                 depuis sa création                    page 46
                                                                                                               ........................................................................................................................

                                                                      II - Disparités départementales :
    municipaux, départementaux et régionaux, la réflexion             une concentration territoriale        page 48                                   .................................................................................

    sur les adaptations du monde local.
                                                                      SOUS-THÈME 3 - LA COTISATION
                                                                      SUR LA VALEUR AJOUTÉE DES ENTREPRISES,
                                                                      UNE PRISE EN COMPTE DE LA RICHESSE
    Serge Bayard                                                      PRODUITE                                          page 50
                                                                                            ...........................................................................................................................................

    Président de La Banque Postale Collectivités Locales              I - Une évolution de la CVAE normalement corrélée
                                                                      à la croissance                                   page 50
    Jean-Pierre Balligand                                                                          ....................................................................................................................................

                                                                      II - Disparités départementales :
    Président du Comité d’orientation des finances locales            évolution des règles de répartition               page 52                                       ................................................................

    de La Banque Postale
                                                                  ANNEXE 1       .....................................................................................................................................................    page 56
                                                                  Les valeurs locatives cadastrales et leur révision
                                                                  ANNEXE 2        ....................................................................................................................................................    page 58
                                                                  Les règles de lien et de plafonnement des taux
                                                                  ANNEXE 3      .......................................................................................................................................................   page 60
                                                                  Deux tentatives antérieures de réforme
2                                                                 MÉTHODOLOGIE, SOURCES ET SIGLES                                                                                                                       ...............   page 61
AVANT-PROPOS

« Satisfaire les contribuables qui, dans certaines          À cette fin, outre une analyse statistique développant
communes, sont à la limite de la pression fiscale           les effets respectifs des stratégies locales, des choix
tolérable, satisfaire en même temps                         législatifs et du contexte économique sur la progression
les collectivités locales dont les besoins                  des recettes correspondantes, il nous a paru important
en équipements sont considérables                           d’insister sur les disparités territoriales existantes
et qui souhaitent des ressources accrues,                   et d’analyser l’impact des mesures d’adaptation
n’est pas un mince problème. »                              successives destinées à tempérer telle ou telle
                                                            conséquence inappropriée des règles actuelles.
Combien d’actualité ce propos, dans un contexte
marqué par la disparition prochaine de la taxe              L’enseignement le plus significatif est peut-être,
d’habitation sur les résidences principales et par les      en effet, que la plupart de ces mesures atteignent
interrogations de tous les acteurs sur les modalités        réellement leur but, même si ce n’est parfois que
de son remplacement…                                        partiellement : ainsi en va-t-il du plafonnement de la
                                                            taxe d’habitation par rapport au revenu, de la prise
…et pourtant combien ancien déjà, puisque tenu par          en compte des sites industriels ou du « dégrèvement
Jacques Limouzy, député du Tarn, le 22 novembre             barémique » de la cotisation sur la valeur ajoutée.
1967, à l’orée du débat parlementaire sur le projet de      Il apparaît en revanche qu’il faut reconsidérer en
loi qui allait organiser la première révision générale      profondeur les modalités d’appréciation de la capacité
des valeurs locatives, sur lesquelles est encore            contributive, l’obsolescence des valeurs locatives
aujourd’hui assise une part importante des impôts           mentionnées plus haut devenant indiscutablement
locaux.                                                     un facteur d’inéquité. En d’autres termes, et contraire-
                                                            ment au proverbe, le diable n’est pas « dans les détails »,
La refonte de la fiscalité locale semble un chantier        mais dans les principes.
perpétuel : le même député évoquait déjà les « soucis
de simplification, d’harmonisation et d’équité »            Reste à savoir, ce à quoi ne prétend pas répondre notre
auxquels devaient répondre ces impôts, sans que             étude, si un système fiscal « certes rénové et rajeuni »,
la situation actuelle paraisse y satisfaire totalement.     mais ayant en partie cristallisé les effets de ses
                                                            évolutions depuis près de 230 ans, est encore pertinent
La présente étude se veut une première contribution,        dans un monde marqué par la mobilité des personnes,
centrée sur la fiscalité directe, à la réflexion générale   des biens et des activités.
sur ce que devrait, ou pourrait, être un système fiscal
local pertinent, sinon optimal.

  Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune
  est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.
  Article 13 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789
                                                                                                                          3
REPÈRES CHRONOLOGIQUES
    des principaux changements intervenus depuis 1980
    en matière de fiscalité directe locale
         ANNÉE
     D’APPLICATION       TEXTE LÉGISLATIF                                               MESURE
     DE LA MESURE
                     Loi du 10 janvier 1980
                     portant aménagement             Vote des taux sur les quatre taxes directes locales pour les communes
        1981         de la fiscalité directe         et les départements et mise en place des règles de lien et de plafonnement
                     locale
                     Loi de finances rectificative   Dégrèvement d’office total de la TH en faveur des contribuables âgés
                     pour 1982 (juin)                non imposables sur le revenu (personnes de condition modeste)
        1983
                                                     Réduction de la fraction « part salaires » des bases de TP (de 20 % à 18 %)
                     Loi de finances rectificative
                                                     et réduction du plafond sur la valeur ajoutée de 6 % à 5 % (passage à 4 %
                     pour 1982 (juin)
                                                     en 1989, 3,5 % en 1991, 3,8 % ou 4 % en 1995 selon le chiffre d’affaires)

                                                     Abattement d’office de 10 % des cotisations de TP pour l’ensemble des
        1985         Loi de finances pour 1985
                                                     redevables et élargissement de la réduction pour embauche et investissement

                     Loi du 11 juillet 1985          Report officiel de l’actualisation des valeurs locatives et remplacement par une
                     comportant diverses             revalorisation forfaitaire annuelle et instauration d’un coefficient déflateur
        1986         dispositions d’ordre            Dégrèvement partiel de TH pour les personnes non imposables à l’impôt
                     économique et financier         sur le revenu et à l’impôt sur les grandes fortunes

                                                     Abattement général de 16 % des bases de TP
        1987         Loi de finances pour 1987
                                                     (suppression du dégrèvement d’office de 1985)

        1988         Loi de finances pour 1988       Règle de lien entre les taux de TH et TFPNB

                                                     Vote des taux sur les quatre taxes directes locales pour les régions
        1989         Loi de finances pour 1988
                                                     devenues en 1986 des collectivités territoriales
                                                     Aménagement du régime des dégrèvements partiels de TH pour
        1990         Loi de finances pour 1990       les personnes de condition modeste et plafonnement de la cotisation
                                                     à 4 % du revenu imposable (3,7 % en 1991, 3,4 % en 1993)

                                                     Suppression du coefficient déflateur appliqué sur les bases des quatre
        1991         Loi de finances pour 1990
                                                     taxes et réduction à due proportion des taux de référence
                                                     Transformation des dégrèvements de TH pour les personnes
                     Loi de finances pour 1992
                                                     de condition modeste en exonérations
        1992
                     Loi du 6 février 1992
                     relative à l’administration   Création du régime de la taxe professionnelle unique (TPU)
                     territoriale de la République
                                                     Suppression des parts départementale (1993 - 1996) et régionale (1993)
        1993         Loi de finances pour 1993
                                                     de TFPNB à usage agricole

        1996         Loi de finances pour 1996       Institution d’un plancher de TP à 0,35 % de la valeur ajoutée

        1997         Loi de finances pour 1997       Plafonnement des taux de TP des départements et régions

                                                     Suppression progressive de la «part salaires» des bases de la TP
        1999         Loi de finances pour 1999
                                                     (de 1999 à 2003)
4
Suppression de la réduction pour embauche et investissement (REI)
                                       de la TP
2000   Loi de finances pour 2000
                                       Les dégrèvements partiels de TH sont remplacés par un dispositif
                                       de plafonnement de la cotisation
       Loi de finances
2001   rectificative pour 2000
                                       Suppression de la part régionale de la TH

2003   Loi de finances pour 2003       Réduction sur 3 ans de la fraction « recettes » des bases de TP
       Loi du 9 août 2004 pour le
       soutien à la consommation       Dégrèvement de TP pour investissements nouveaux (DIN)
2004   et à l'investissement et        à titre temporaire (puis pérennisé par la LF pour 2006)
       Loi de finances pour 2005
                                       Passage du vote par la collectivité d’un produit de TEOM
2005   Loi de finances pour 2004
                                       au vote d’un taux
                                       Généralisation du plafond à 3,5 % de la VA indifféremment du chiffre
                                       d’affaires de l’entreprise pour la TP
2006   Loi de finances pour 2006
                                       Exonération de 20 % des parts communale et intercommunale
                                       de la TFPNB à usage agricole
       Loi du 13 juillet 2006
                                       Création de la THLV (différente de la taxe annuelle sur les logements
2007   portant engagement
                                       vacants)
       national pour le logement
       Loi de finances pour 2010       Versement d’une compensation relais pour la réforme de la TP
2010   Loi de finances rectificative   Détermination des principes, des modalités et du calendrier de la révision
       pour 2010                       des valeurs locatives des locaux professionnels (appliquée en 2017)

                                       Mise en place de la nouvelle fiscalité suite à la suppression de la TP.
                                       Création de la CVAE, de la CFE et de l’IFER. Transfert de la TASCOM,
                                       du solde des DMTO, d’une fraction de TSCA et d’une partie des frais
2011   Loi de finances pour 2010       de gestion de l’État vers les collectivités locales
                                       Transfert de la part départementale de la TH vers le bloc communal,
                                       de la part régionale de la TFPB vers les départements, des parts
                                       régionale et départementale de TFPNB vers le bloc communal

       Loi de finances rectificative   Mise en place de la revalorisation annuelle de l’IFER (évolution des prix
2013   pour 2012                       à la consommation des ménages hors tabac)
                                       Relèvement du taux plafond de DMTO des départements à 4,5 %, contre
       Pacte de confiance et           3,8 % auparavant (mesure temporaire pérennisée en LF pour 2015)
       de responsabilité conclu
                                       Transfert des frais de gestion de TFPB de l’État aux départements
       le 16 juillet 2013 et loi
2014   de finances pour 2014           Transfert aux régions d’une fraction des frais de gestion et d’une
                                       fraction de TICPE en remplacement de la DGD formation professionnelle
       Loi de finances rectificative   Majoration de 20 % de la taxe d’habitation des résidences
       pour 2013                       secondaires (augmentée à 60 % en 2017)
                                       Transfert d’une part de CVAE départementale aux régions (leur part
       Loi de finances pour 2016       passe à 50 %, et celle des départements baisse à 23,5 %) en raison
                                       du transfert de la compétence transports (loi NOTRe du 7 août 2015)
2017
                                       Changement dans le calendrier de paiement de la TASCOM : à partir de
       Loi de finances pour 2017       2017, les redevables ayant une surface de vente supérieure à 2 500 m²
                                       doivent acquitter un acompte sur la TASCOM de l'année suivante
                                       Détermination du coefficient de revalorisation forfaitaire des valeurs
       Loi de finances pour 2017       locatives cadastrales en fonction de l’évolution annuelle de l’indice
2018                                   des prix à la consommation harmonisé, observée à novembre n-1
                                       Suppression progressive de la taxe d'habitation due au titre
       Loi de finances pour 2018                                                                                    5
                                       de la résidence principale pour 80 % des foyers fiscaux d’ici 2020
INTRODUCTION

    n Hausse de la composante locale                                               Entre 1986 et 2018, la répartition des prélève-
    des prélèvements obligatoires                                                  ments obligatoires entre les différents niveaux
    Rapporté au produit intérieur brut, le taux de                                 d’administrations publiques a été sensiblement
    prélèvements obligatoires (PO) de l’ensemble des                               modifiée. La part de l’État et des administrations
    administrations publiques (APU) s’est établi à 45,0 %                          centrales a reculé de plus de 13 points (passant
    en 2018, soit 3,7 points de plus qu’en début                                   de près de 46 % à moins de 32 %), au bénéfice
    de période observée, en 1986. S’agissant des                                   principalement des administrations de sécurité
    administrations publiques locales (APUL, c’est-à-dire                          sociale (leur part est passée de 43 % à 54 %) et, dans
    les collectivités locales et les organismes divers                             une moindre mesure, des administrations publiques
    d’administration locale), ce taux atteint 6,4 % du PIB                         locales (leur part a augmenté de près de 4 points,
    en 2018, contre 4,3 % en 1986.                                                 passant d’un peu plus de 10 % à un peu plus de 14 %).

                               DÉCOMPOSITION DU TAUX DE PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES
     En % du PIB                          PAR NIVEAU D'ADMINISTRATION
     50
                                                         Institutions et organes de l'Union européenne                                        0,4 %
     45
                 0,6 %
     40

     35
                 43,3 %                                     Administrations de sécurité sociale                                              53,7 %
     30

     25

     20

     15

                                                                                                                                                           © La Banque Postale Collectivités Locales
                45,8 %                                        Administrations publiques centrales                                            31,6 %
     10

      5
                10,4 %                                          Administrations publiques locales                                             14,3 %
      0
                 1986          1986 87 88 89 90 91 92 93 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 2018                  2018
           En % du total                                                                                                                 En % du total

    Sur le long terme, les PO des APUL ont crû pour                                En 2010, la suppression de la taxe professionnelle
    partie en raison des transferts de compétences                                 a entraîné une modification du panier de ressources
    organisés dans le cadre de la décentralisation (Acte I                         fiscales des collectivités locales qui s’est traduite
    et II) ou lors de la création de nouvelles compétences                         par le transfert de recettes de l’État et par la création
    qui se sont accompagnés de transferts de recettes                              de nouveaux impôts(1).
    de l’État ou de la création de recettes nouvelles. Mais
    leur hausse est également imputable à la dynamique
    des bases (et notamment à leur revalorisation
    forfaitaire) et à l’évolution des taux d’imposition.

6      (1) 2010 a été une année de transition, l’État percevant les nouvelles recettes et versant une compensation-relais non comptabilisée dans les PO.
Sur les dernières années, l’évolution des PO des APUL                             directes avec pouvoir de taux a été plus limitée,
est dynamique : ils ont progressé de près de 20 %                                 les années 2017 et 2018 ayant combiné un faible
depuis 2011, soit un peu plus de 3 % en moyenne                                   recours au levier fiscal (l’augmentation des taux
annuelle sur la période, et ont même enregistré des                               d’imposition décidée par les communes, groupements
hausses plus importantes les quatre dernières années,                             et départements) et une revalorisation forfaitaire des
légèrement supérieures à 4 %. Le dynamisme des droits                             bases décidée par le Parlement relativement modérée.
de mutation à titre onéreux dû à la hausse des prix
de l’immobilier et au nombre important, voire record,                             Il est à noter qu’à compter de 2018, les régions voient
de transactions, explique notamment cette évolution,                              leur dotation globale de fonctionnement remplacée
et, dans une moindre mesure, la croissance de la                                  par une fraction de TVA, à hauteur de 4 milliards
CVAE(2); en revanche, la progression des contributions                            d’euros, faisant augmenter le poids des PO des APUL.

  Définitions
  Prélèvements obligatoires : impôts et cotisations sociales effectives reçues par les administrations publiques
  et les institutions européennes. Cotisations sociales et impôts sont comptabilisés pour leurs montants dus,
  mais les prélèvements obligatoires sont nets des montants dus non recouvrables (c’est-à-dire hors les
  « admissions en non-valeur »).
  Taux de prélèvements obligatoires : prélèvements obligatoires rapportés au produit intérieur brut (PIB).

  Rappel
  Article 72-2 de la Constitution
  « Les collectivités peuvent recevoir tout ou partie du produit des impositions de toutes natures. La loi peut
  les autoriser à en fixer l’assiette et le taux dans les limites qu’elle détermine.
  Tout transfert de compétences entre l’État et les collectivités territoriales s’accompagne de l’attribution
  de ressources équivalentes à celles qui étaient consacrées à leur exercice. Toute création ou extension de
  compétences ayant pour conséquence d’augmenter les dépenses des collectivités territoriales est accompagnée
  de ressources déterminées par la loi. »
  Depuis la loi du 10 janvier 1980 portant aménagement de la fiscalité directe locale, les collectivités locales
  disposent de la liberté de voter les taux des quatre taxes directes, l’administration fiscale calcule les bases
  d’imposition.

n Évolution des recettes fiscales des collectivités                               hors emprunts. En 2018, elles sont près de cinq fois
locales depuis 32 ans                                                             supérieures (elles ont un peu plus que doublé en
En 1986, les ressources fiscales des collectivités                                euros constants par habitant) et représentent
locales, d’un montant un peu supérieur à 32 milliards                             désormais, avec 150 milliards d’euros, les deux tiers
d’euros, représentaient 57 % de leurs recettes de                                 des recettes de fonctionnement et 63 % des recettes
fonctionnement et 53 % de leurs recettes totales                                  globales des collectivités.
                                                                                            1986                                        2018
 MONTANT DES RECETTES FISCALES                                                    32 milliards d’euros                      150 milliards d’euros
 En % des recettes de fonctionnement                                                         57 %                                       66 %
 En % des recettes totales (hors emprunts)                                                   53 %                                       63 %

(2) À noter qu’il existe un décalage temporel entre la comptabilisation dans les comptes nationaux et dans les comptes des collectivités.
                                                                                                                                                    7
Les recettes fiscales des collectivités locales dans leur               les mêmes évolutions (certaines ayant même été
    ensemble ont ainsi enregistré une très forte augmenta-                  supprimées et remplacées), rendant leur composition
    tion sur longue période, mais toutes n’ont pas connu                    très différente en 2018 de celle qui prévalait voici 32 ans.

                          ÉVOLUTION DES PRINCIPALES CONTRIBUTIONS DIRECTES LOCALES
      En milliards d'euros courants                                                                               Réforme
                                                                                                           de la fiscalité locale :
      35                                                                                                     suppression TP
                         Poids dans les recettes fiscales                                Généralisation       et création CET
                                 1986      2018                                         du plafonnement
                FB              16 % 22 %                                               à 3,5 % de la VA
                FNB               3%       1%
      30        TH              17 % 15 %
                TP              34 %         -
                CFE                -       5%
                CVAE               -      12  %               Suppression progressive
                TASCOM+IFER        -       2%                 part salaires 1999-2003
      25

      20

            Abattement général
             à la base de 16 %
      15

      10

                                                                                                                                      © La Banque Postale Collectivités Locales
                                                                  Suppression de la part
                                                                     régionale de TH

                             Exonération pour les personnes
       5                         de condition modeste

        0
       1986 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 2018

    Le poids des recettes fiscales issues de la fiscalité                   locale (avec respectivement un maximum de 37 % et
    directe locale, à savoir les quatre principales taxes                   50 % entre 1994 et 1998). Cette forte pression fiscale
    directes locales qui existaient au début de la période                  sur les entreprises a entraîné plusieurs réformes :
    observée (la taxe d’habitation, les taxes foncières                     suppression progressive, de 1999 à 2003, de la part
    sur les propriétés bâties et non bâties et la taxe                      « salaires » de l’assiette de la TP ; dégrèvement sur
    professionnelle), oscillait entre 64 % et 74 %, autour                  les investissements nouveaux pour ne pas pénaliser
    d’une moyenne de 70 % jusqu’à la réforme de la TP.                      l’investissement ; plafonnement des cotisations en
                                                                            fonction de la valeur ajoutée.
    La taxe professionnelle (TP) est demeurée, jusqu’à
    sa suppression, le premier impôt local, représentant                    La taxe d’habitation (TH), avec un montant moyen
    en moyenne un tiers des recettes fiscales des collec-                   de 6,6 milliards d’euros entre 1986 et 1991, était la
    tivités locales et 46 % des recettes de fiscalité directe               deuxième ressource de la fiscalité directe locale après

8
INTRODUCTION

la taxe professionnelle (près de 12 milliards d’euros en    23 milliards en 2011, lors de leur mise en place.
moyenne) et le premier impôt pesant sur les ménages         Avec 17,7 milliards d’euros, la CVAE en représente
par son volume.                                             la majeure partie (près des deux tiers), devant
                                                            la CFE (8 milliards d’euros). D’autres taxes sont
En 1992, la taxe foncière sur les propriétés bâties         comptabilisées au sein de la fiscalité directe locale,
(TFPB) a pris cette deuxième place (8,4 milliards           mais sont facultatives. La TEOM, taxe d’enlèvement
d’euros), sa progression ayant notamment été soutenue       des ordures ménagères assise sur la même base que
par des bases dynamiques et une absence de réforme.         celle de la taxe foncière sur les propriétés bâties,
Stable dans son ensemble sur la période observée,           atteint près de 7 milliards d’euros, contre 1 milliard au
et plus marginale par rapport au poids des trois            début de la période.
autres taxes directes locales par le montant qu’elle
atteint (un peu moins de 1 milliard d’euros en 2018,        n Un pouvoir de taux en diminution
contre 1,1 milliard en 1986), la taxe foncière sur les      Les collectivités locales fixent le niveau du produit
propriétés non bâties (TFPNB) n’en reste pas moins          global attendu de leur fiscalité directe et choisissent,
une ressource essentielle pour les petites communes         en votant les taux d’imposition (leur liberté en la
de certains départements ruraux.                            matière est cependant limitée, cf Annexe 2 sur les
                                                            règles de lien page 58), la répartition entre les
La réforme fiscale intervenue en 2010 a entraîné la         différentes taxes et les contribuables. Elles peuvent
suppression du premier impôt local (la TP) et son           également modifier la répartition entre les redevables
remplacement, notamment par de nouvelles taxes              d’une taxe en modulant les abattements, en majorant
économiques et le transfert d’impôts de l’État, et,         la base d’imposition ou en octroyant des exonérations.
entre niveaux de collectivités locales. C’est ainsi qu’a
été créée la contribution économique territoriale           Il est à noter que les recettes fiscales à pouvoir de
(CET), composée de la cotisation sur la valeur ajoutée      taux recouvrent des impositions très diverses, et que
des entreprises (CVAE) assise sur la valeur ajoutée des     le véritable pouvoir de taux s’exerce sur des portions
entreprises au taux de 1,5 % et de la cotisation foncière   et selon des modalités d’utilisation très différentes.
des entreprises (CFE) assise sur les biens immobiliers.     Dans certains cas, le pouvoir de taux est même
                                                            désormais sans objet, au moins à la hausse, les
En 2018, les trois taxes directes locales (ou « impôts      collectivités ayant atteint le taux plafond autorisé.
ménages ») composées de la TH, de la TFPB et de
la TFPNB représentent un peu plus de 57 milliards           En 1986, la part des recettes fiscales constituée
d’euros, soit un poids de 38 % dans les recettes            de la TH, de la TFPB, de la TFPNB et de la TP,
fiscales. En y additionnant la CVAE et la CFE, ces cinq     pour lesquelles les collectivités locales votaient les
impositions directes en représentent environ 55 %.          taux, représentait 22,5 milliards d’euros, soit 70 %
                                                            de leurs recettes fiscales (encadré bleu clair sur le
En sus de la CVAE et de la CFE, l’imposition forfaitaire    graphique, page suivante).
sur les entreprises de réseaux (IFER) assise sur neuf
composantes correspondant chacune à une catégorie           Cette part est de 90 %, soit un peu plus de 29 milliards
de biens (installations de production d’électricité,        d’euros, en y ajoutant les autres recettes sur lesquelles
installations éoliennes, matériels roulants,…) a été        les collectivités locales ont un pouvoir de taux
créée et la taxe sur les surfaces commerciales              (que ce soit à la hausse ou à la baisse) : les droits
(TASCOM), qui repose sur la surface de vente des            de mutation à titre onéreux, la vignette (supprimée
magasins de commerce de détail, a été transférée            depuis), la taxe d’enlèvement des ordures ménagères,
de l’État au bloc communal.                                 la taxe sur l’électricité, le versement transports,
                                                            la taxe sur les cartes grises ou les permis de
Les impositions économiques locales s’élèvent au            conduire (encadré bleu foncé sur le graphique, page
total à 28 milliards d’euros en 2018, contre                suivante).

                                                                                                                        9
VENTILATION DES RECETTES FISCALES
      En milliards d'euros courants
      155                                                                  1986    2018
      150
      140    Poids des recettes fiscales avec pouvoir                      90 % 65 %
      135    de taux dans l'ensemble des recettes fiscales
      135    dont recettes fiscales 4 taxes/3 taxes + CFE et TASCOM 70 % 44 %
      130
      125
      120
      115
      110
      105
      100
       95
       90
       85
       80
       75
       70
       65
       60
       55
       50
       45
       40
       35
       30
       25
       20
       15
       10
        5
        0

                                                                                                                                            © La Banque Postale Collectivités Locales
            1986 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 2018
                 TH                                   FB                          FNB
                 TP                                   CFE                         Tascom
                                                                                                                   pouvoir de taux
                 cartes grises                        permis de conduire          TEOM
                 vignette                             VT                          taxe électricité
                 DMTO départements                    DMTO communes               TICPE Grenelle
                 TICPE hors Grenelle                  DMTO régions                taxe additionnelle TFPNB
                 CVAE                                 IFER                        Taxes annexes (redevances des mines, pylônes, balayage)
                 Taxe de séjour (hors taxe addi.)     Frais de gestion            Apprentissage
                 Total autres taxes                   TSCA                        TVA

     Cette proportion a sensiblement décru au milieu                         En 2018, les recettes fiscales bénéficiant d’un tel
     des années 2000 en lien avec les nouvelles recettes                     pouvoir forment un ensemble de 97 milliards d’euros,
     fiscales transférées dans le cadre de l’Acte II de la                   soit 65 % des recettes fiscales. Ce sont ajoutées,
     décentralisation et de la gestion du revenu minimum                     à celles qui existaient en début de période, des
     d’insertion devenu revenu de solidarité active                          recettes liées à la suppression de la TP et à son
     (RMI puis RSA) : la taxe intérieure de consommation                     remplacement (TASCOM, CFE), et la part Grenelle
     sur les produits énergétiques (TICPE) et la taxe                        de la TICPE.
     spéciale sur les conventions d’assurance (TSCA).
     La suppression de la TP au début des années                             Ce premier volume fera l’objet d’une actualisation sur
     2010 a également eu pour conséquence de réduire                         la base des données DGFiP 2018 et sera complété
     le montant des recettes fiscales sur lesquelles                         par un volume dédié à la fiscalité indirecte, affectée
     les collectivités locales exercent un pouvoir de taux.                  et transférée.

10
VOLUME 1 : LES CONTRIBUTIONS DIRECTES
DES COLLECTIVITÉS LOCALES
Des impôts localisés compatibles avec un monde de plus
en plus mobile ?
L’ordonnance de 1959 portant réforme des impositions           théorique représenté par la valeur locative des biens
perçues au profit des collectivités locales avait prévu        imposables. Cette double vision des choses tend à
la création de la taxe d’habitation (TH), des deux taxes       articuler les deux facettes de l’impôt : du point de vue
foncières sur les propriétés bâties (TFPB) et non bâties       des collectivités bénéficiaires où est située
(TFPNB) et de la taxe professionnelle (TP). Leur entrée        l’assiette, et du point de vue des personnes
en vigueur, qui était conditionnée à la révision générale      imposées sous l’angle de leur capacité contributive,
des valeurs locatives (cf. annexe 1 page 56), est              conformément à l’article 13 de la Déclaration des
intervenue en 1974 (1976 pour la TP).                          Droits de l’Homme et du Citoyen.

Jusqu’à la réforme introduite par la loi du 10 janvier         Faute de réévaluations régulières depuis près de
1980 portant aménagement de la fiscalité directe               50 ans, une partie de l’assiette d’imposition est
locale, les collectivités locales votaient un produit          aujourd’hui considérée comme vétuste et inégalitaire.
fiscal global qui était réparti ensuite par l’administration   Reposant majoritairement sur des stocks, elle est
fiscale entre les quatre taxes (et donc les différents         naturellement en progression constante, dont
contribuables).                                                la dynamique est accentuée par la mise en place
                                                               d’un coefficient de revalorisation annuel et national.

En 1981, les communes et les départements ont
voté pour la première année un taux différencié                Pour pallier ces inégalités et limiter la pression pesant
sur chaque taxe. Les régions le feront en 1989,                sur les activités économiques comme sur les habitants,
trois ans après la première élection des conseillers           de nombreuses réformes ont été mises en place
régionaux au suffrage universel direct et l’acquisition        visant à prendre en compte le revenu des contribuables
de leur statut de collectivité territoriale.                   (pour la TH notamment) ou la richesse réellement
                                                               produite. La suppression programmée de la taxe
                                                               d’habitation est un nouveau chapitre à la lente
Dès le début, des règles de plafonnement et de liens           disparition de ces impôts de stock.
entre les taux ont été instaurées pour encadrer
les conditions d’utilisation du levier fiscal (cf. annexe 2
page 58).                                                      Les quatre taxes directes sont étudiées dans ce
                                                               volume I sous la forme de quatre thèmes qui
                                                               s’articuleront chacun autour d’une première partie
Ces quatre taxes reposent dès leur création sur une
                                                               consacrée à leur évolution depuis 1986 et d’une
ambiguïté : elles visent à localiser des stocks de biens
                                                               deuxième partie dressant un panorama départemental
taxables (logements, locaux commerciaux, locaux
                                                               2017.
industriels, matériel et outillage, terrains agricoles,
forêts, terrains à bâtir…), mais sur la base d’un produit

                                                                                                                           11
1         LA TAXE FONCIÈRE
               SUR LES PROPRIÉTÉS BÂTIES
               Une taxe stable d’un point de vue législatif
     La TFPB, due par le propriétaire ou l’usufruitier               la réforme fiscale liée à la suppression de la taxe
     des biens imposés (à usage d’habitation                         professionnelle. Quant à la valeur locative cadastrale,
     ou professionnel), repose sur la valeur locative                elle n’a pas été véritablement réactualisée depuis
     cadastrale correspondant à un loyer annuel                      le début des années 1970 (cf. annexe 1 page 56),
     théorique auquel un abattement forfaitaire de 50 %              entraînant une distorsion entre l’assiette fiscale et
     est appliqué (afin de prendre en compte les charges             la réalité de la valeur du bien.
     des propriétaires : frais de gestion, d’assurance,
     d’amortissement, d’entretien et de réparation).                 La taxe foncière sur les propriétés bâties s’élève
                                                                     à 33,6 milliards d’euros en 2018. Elle est perçue
     Contrairement à la taxe d’habitation et à la taxe               par les communes (17,5 milliards d’euros),
     professionnelle, la TFPB a connu assez peu de                   les EPCI à fiscalité propre (1,5 milliard d’euros), les
     modifications depuis sa création, hormis l’ajout de             départements(1) et collectivités territoriales uniques
     nouvelles exonérations et le transfert de la part               (14,6 milliards d’euros) et, pour une part minime,
     régionale aux départements en 2011 lors de                      par les syndicats à contributions fiscalisées.

                                             RÉPARTITION DU PRODUIT PERÇU DE TFPB
          En milliards d'euros courants

          35
                      Régions
          30          Départements/Collectivités territoriales uniques/Métropole de Lyon
                      Groupements à fiscalité propre
                      Communes (yc syndicats)
          25

          20

          15

          10
                                                                                                                         © La Banque Postale Collectivités Locales

           5

           0
                         1988                       1998                        2008                     2018

12      (1) Y compris la Métropole de Lyon
I - Une progression continue de la TFPB                      En euros constants par habitant (en neutralisant
depuis plus de 30 ans                                        l’inflation), son produit a été multiplié par 3,3,
                                                             une progression à mettre en parallèle notamment avec
En l’espace de 32 ans (entre 1986 et 2018) le                la montée en charge des compétences exercées par
produit de la TFPB a été multiplié par 6,7 et son poids      les collectivités locales. Le rythme de progression
dans les recettes fiscales est passé de 16 % à 22 %.         est plus important en début de période (+ 4,7 % en
Parmi les quatre taxes directes locales, c’est celle qui     moyenne annuelle entre 1986 et 2000 en euros
a progressé le plus.                                         constants par habitant) qu’en fin de période (+ 3,0 %
                                                             entre 2000 et 2018), avec néanmoins des écarts selon
                                                             les mandats municipaux.

                                      ÉVOLUTION DU PRODUIT DE TFPB
   En milliards d'euros                                                                                En €/hab.

   35                                                                                                       700

   30                                                                                              x 6,7    600
              Produit de TFPB
              en milliards d'euros courants
   25         Produit de TFPB                                                                               500
              en milliards d'euros constants
              Produit de TFPB                                                                               400
   20
              en euros constants par habitant
                                                                                                   x 3,9
   15                                                                                                       300
                                                                                                   x 3,3
   10                                                                                                       200

    5                                                                                                       100

    0                                                                                                         0
                                                                                                    18
     86

                                                                                                  20 7
     09
     10
     11
     12
     13
     14
     15
     16
     87

     89
     90
     91
     92
     93
     94
     95
     96
     97

     99

     01

     03
     04

     06
     07
     00

     02

     05
     88

     98

     08

                                                                                                   1
   19

  Taux de croissance annuel moyen du produit de TFPB par mandat municipal
                      1989 -1995         1995 - 2001         2001 -2008        2008 - 2014    2014 - 2018
                                                                                                                   © La Banque Postale Collectivités Locales

  En Mds €
  courants                9,0%            4,6%                 5,5%              6,1%           3,5%
  En Mds €
  constants               6,4%            3,3%                 3,4%              4,9%           2,7%
  En €
  constants/hab.          5,9%            2,8%                 2,7%              4,3%           2,5%

                                                                                                                                                               13
Cette évolution du produit résulte d’une progression                 est respectivement de deux-tiers, un tiers. Néanmoins,
     de l’assiette fiscale (résultant de la valeur locative               sur les cinq premières années, la part de hausse
     du bien appréciée en 1970 et revalorisée) à laquelle                 expliquée par les bases est enmoyenne plus
     s’applique un taux d’imposition voté par les décideurs               importante (80 %) que sur les cinq dernières
     locaux.                                                              (64 %). Si les bases ont connu une progression
                                                                          relativement linéaire sur la période, les taux
     Entre 1986 et 2018, la décomposition de la part de                   en revanche ont enregistré des variations disconti-
     la hausse qui incombe aux bases et celle liée aux taux               nues.

                    DÉCOMPOSITION DES FACTEURS D'ÉVOLUTION DU PRODUIT DE TFPB
       Évolution en %

       12%
                             1991 : suppression du coefficient déflateur sur les bases              2011 : transfert des frais de gestion
                             compensée par une baisse des taux                                      de l'État via une hausse du taux
       10%
                                                                   2009 : vote d'un taux pour la 1ère fois
                                                                   par le département de Paris
        8%

        6%

        4%

                                                                                                                                            © La Banque Postale Collectivités Locales
        2%

        0%

       -2%
                7

                                                                                                                                    18
               89
                        90
                         91
                         92
                                   93
                                       94
                                       95
                                               96
                                               97

                                                        99
                                                              00
                                                                  01
                                                                      02
                                                                      03
                                                                              04
                                                                                  05
                                                                                      06
                                                                                          07

                                                                                                  09
                                                                                                  10
                                                                                                             11
                                                                                                             12
                                                                                                                 13
                                                                                                                     14
                                                                                                                         15
                                                                                                                             16
                                                                                                                                   17
               88

                                                        98

                                                                                              08
                8
             19

                                                                                                                                 20
                                              Produit        Taux cumulés          Bases moyennes

     n Une progression linéaire des bases                                 La valeur locative cadastrale évolue donc chaque
     La valeur locative cadastrale qui sert d’assiette à la               année en fonction de deux facteurs : un coefficient
     TFPB (pour les locaux d’habitation mais également                    de revalorisation forfaitaire appliqué de manière
     commerciaux et industriels) devait faire l’objet d’une               uniforme sur l’ensemble du territoire et une évolution
     révision périodique ; mais compte tenu de sa complexité              dite « physique » des bases qui correspond à l’évolution
     et des impacts importants sur les produits fiscaux,                  du nombre de biens imposables, à leur rénovation,
     une seule actualisation a été opérée en 1980. En 2017,               leur agrandissement ou leur reclassification.
     une révision a cependant été réalisée sur les locaux
     professionnels en attendant celle sur les locaux                     Ce mode de calcul de l’assiette fiscale assure aux
     d’habitation (cf. annexe 1 page 56).                                 collectivités locales bénéficiaires une ressource prévisible
                                                                          et pérenne sans grande fluctuation ; en revanche, elle
                                                                          peut entraîner une décorrélation avec la réalité du
                                                                          marché foncier de leur territoire.

14
LA TAXE FONCIÈRE
                                                                                   SUR LES PROPRIÉTÉS BÂTIES                               1
                                               ÉVOLUTION DES BASES DE TFPB
   Évolution en %
   12%
             Suppression du coefficient déflateur*                                           Évolution des bases (communes)
   10%
                                                                                             Coefficient de revalorisation forfaitaire
                                                                                             des valeurs locatives cadastrales
    8%                                                                                       (yc coef. déflateur jusqu'en 1990)
                                                                                             Évolution physique déduite
    6%

    4%

    2%

                                                                                                                                           © La Banque Postale Collectivités Locales
    0%

   -2%

   -4%
         87

                                                                                                                                   18
                89
                    90
                        91
                            92
                            93
                                    94
                                    95
                                            96
                                            97

                                                        99
                                                            00
                                                            01
                                                                    02
                                                                        03
                                                                            04
                                                                                05
                                                                                    06
                                                                                        07

                                                                                                09
                                                                                                10
                                                                                                        11
                                                                                                        12
                                                                                                                13
                                                                                                                    14
                                                                                                                    15
                                                                                                                            16
                                                                                                                                  17
         88

                                                    98

                                                                                        08
       19

                                                                                                                                20
    * La suppression en 1991 du coefficient déflateur entraîne une hausse mécanique des bases compensée par une baisse des taux

Les bases nettes(2) de foncier bâti ont progressé en                      entre évolution de la valeur des biens et évolution
moyenne de 4,1 % chaque année depuis 1986 :                               des bases sur certaines zones (cf. partie II sur les
1,2 % lié à l’évolution du coefficient de revalorisation                  disparités départementales).
et 2,9 % à l’évolution « physique ». À titre de
comparaison, sur la période, l’inflation a été en                         n Une progression des taux en lien
moyenne de 1,7 % par an et la progression du nombre                       avec une montée en charge des compétences
de logements (entre 1988 et 2018) de 1,1 %.                               Les trois niveaux de collectivités (et même quatre en
                                                                          incluant les intercommunalités à fiscalité additionnelle
En parallèle, sur la même période, la valeur du                           ou mixte) ont chacun voté un taux sur les bases
patrimoine « constructions et terrains bâtis » des                        de foncier bâti jusqu’à la suppression de la taxe
ménages, entreprises individuelles et sociétés                            professionnelle en 2010 qui a notamment eu pour
financières et non financières (telle qu’approchée                        effet le transfert du taux régional de TFPB aux
en comptabilité nationale) est en hausse de 5,5 %                         départements.
en moyenne par an.
                                                                          De 1986 à 2018, le taux moyen global a progressé en
Au global, sur l’ensemble de la France, l’évolution                       moyenne de 1,9 % par an, mais de fortes disparités
moyenne des bases et celle de la valeur des biens                         sont observées entre niveaux de collectivités et
détenus par les contribuables semblent assez proches,                     selon les années. Les taux régionaux ont connu une très
même s’il n’existe pas de statistiques disponibles                        forte progression notamment en raison d’une hausse
permettant une réelle comparaison. En revanche,                           de 20 % en 2005 au moment des transferts de
compte tenu de l’application d’un coefficient                             compétences de l’Acte II de la décentralisation
uniforme sur l’ensemble du territoire, une analyse                        (personnels TOS des lycées, formation…).
plus fine par département fait ressortir une distorsion
(2) Bases nettes : bases brutes desquelles sont déduites les exonérations fiscales. La collectivité vote un taux sur ces bases. Ici sont
retenues les bases communales, un peu plus larges que les départementales qui font l’objet d’un nombre plus élevé d’exonérations.                                                      15
Leur niveau est cependant demeuré faible (2,7 %             contre 3,2 % pour les départements (après correction
     en 2009 avant leur transfert aux départements).             de l’effet de transfert du taux régional et d’une partie
     Les taux communaux et départementaux ont                    des frais de gestion de l’État en 2011).
     progressé sur des rythmes relativement similaires
     jusqu’en 2001 (respectivement + 1,5 % et + 1,7 %            En fin de période, un ralentissement dans l’utilisation
     en moyenne annuelle).                                       du levier fiscal est observé. Sur les cinq dernières
                                                                 années (2013-2018), l’évolution annuelle moyenne
     À partir de 2002, les taux départementaux ont               est de + 1,0 % pour le bloc communal et + 1,4 % pour
     progressé plus vite, sous l’effet également des             les départements.
     transferts de compétences de l’Acte II de la décentra-
     lisation (routes, personnels TOS des collèges), mais        Le taux moyen national d’imposition est de 37,4 %
     surtout de la création de l’APA en 2002 et du transfert     en 2018, 16,2 % pour les départements et 21,2 %
     de l’allocation du RMI en 2004, qui deviendra RSA.          pour le bloc communal (la part intercommunale étant
                                                                 relativement faible même si, en 2017, 82 % des GFP
     Entre 2001 et 2013, la progression des taux est de          votent un taux de TFPB).
     1,3 % en moyenne annuelle pour le bloc communal

             ÉVOLUTION DES BASES ET DES TAUX DE TFPB PAR NIVEAU DE COLLECTIVITÉS LOCALES

        En base 100 en 1986                                                      Niveau du taux en 2018
       450                                                                   Communes + Groupements : 21,2 %
                                                                                 Départements :16,2 %
                   Niveau du taux en 1986                                              Régions : -
       400     Communes + Groupements : 13,8 %
                    Départements : 5,7 %
                       Régions : 0,7 %
       350

       300

       250
                                                                                             2011 : transfert

                                                                                                                           © La Banque Postale Collectivités Locales
       200                                                                                   du taux régional
                                                                                             et des frais de gestion

       150

       100
            86

                                                                                                                      18
               87

                     89
                        90
                           91
                              92
                                 93
                                     94
                                       95
                                           96
                                              97

                                                    99
                                                       00
                                                           01
                                                               02
                                                                  03
                                                                     04
                                                                        05
                                                                           06
                                                                               07

                                                                                    09
                                                                                        10
                                                                                           11
                                                                                                12
                                                                                                   13
                                                                                                       14
                                                                                                           15
                                                                                                               16
                                                                                                                     17
               88

                                              98

                                                                                    08
          19

                                                                                                                   20

                      Taux Régions        Bases moyennes        Taux Départements      Taux Bloc communal

     Ces évolutions moyennes de taux, de bases et de             Il est donc intéressant de coupler cette lecture
     produit, si elles ont l’avantage de donner une vision       nationale et sur long terme de la TFPB avec une
     globale de la fiscalité sur l’ensemble du territoire et     analyse plus fine à l’échelle départementale.
     de dégager des grandes tendances, n’en cachent
     pas moins des diversités de situations.

16
LA TAXE FONCIÈRE
                                                                              SUR LES PROPRIÉTÉS BÂTIES                1
II - Disparités départementales :                                  et des choix politiques des élus. Néanmoins,
une taxe inégalement répartie entre                                la non-actualisation des valeurs locatives et la
                                                                   baisse des compensations fiscales peuvent entraîner
les propriétaires                                                  des différences plus difficiles à justifier et engendrer
                                                                   un sentiment d’iniquité aussi bien entre contribuables
Des différences de situation, sur les bases, les taux et           qu’entre collectivités.
le produit de TFPB s’observent entre territoires
départementaux dans des proportions parfois assez                  Le niveau moyen de produit perçu de TFPB est de
importantes. Ces variations sont compréhensibles dans              482 euros par habitant en 2017, à l’échelle
la mesure où elles résultent de caractéristiques propres           départementale, il varie de 279 euros à 750 euros
aux territoires (poids des entreprises, des personnes              par habitant. En 10 ans, le produit a augmenté de
de condition modeste, des logements sociaux…)                      66 %, avec des évolutions allant de + 41 % à + 102 %.

                              PRODUIT DE TFPB EN 2017 EN EUROS PAR HABITANT

   Produit du FB 2017 en €/hab.
          moins de 390 €
          de 390 à 440 €
          de 440 à 480 €

                                                                                                                        © La Banque Postale Collectivités Locales
          de 480 à 540 €
          plus de 540 €

   Évolution entre 2007 et 2017
          moins de 60 %
          de 60 à 67 %
          plus de 67 %
                                        Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque

n Disparités des bases                                             À l’échelle départementale, les niveaux de bases brutes
En 10 ans, les bases brutes (communales) ont                       varient de 499 euros à 3 353 euros par habitant et les
progressé de 33 % et leur niveau moyen par habitant                évolutions sur 10 ans de + 21 % à + 60 %.
a atteint 1 317 euros en 2017. Les niveaux de bases
nettes, c’est-à-dire une fois déduites les exonérations,
sont de 1 310 euros par habitant.

                                                                                                                                                                    17
BASES BRUTES DE TFPB EN 2017 EN EUROS PAR HABITANT

          Bases brutes du FB 2017 en €/hab.
                 moins de 950 €
                 de 950 à 1 070 €
                 de 1 070 à 1 150 €

                                                                                                                          © La Banque Postale Collectivités Locales
                 de 1 150 à 1 300 €
                 plus de 1 300 €

          Évolution entre 2007 et 2017
                 moins de 32 %
                 de 32 à 37 %
                 plus de 37 %
                                              Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque

     Les écarts de bases observés sur le territoire                      S’agissant des entreprises, la présence de grandes
     s’expliquent en grande partie par la surface, la quantité           entreprises industrielles au foncier bâti important
     et la qualité des biens présents sur le territoire mais             (centrales électriques, remontées mécaniques, …)
     d’autres facteurs sont également à prendre en compte.               impacte à la hausse l’assiette fiscale. Cette part
                                                                         « entreprises » représente en moyenne un tiers des
     Concernant les locaux d’habitation, la nature du bien               bases de foncier bâti mais elle varie selon les
     joue sur le niveau des bases car certains biens ne                  départements de 18 % à 48 %.
     sont pas redevables de la TFPB. Ainsi, les logements
     sociaux font l’objet d’une exonération totale de taxe
     sur longue durée et les bâtiments administratifs
     sont exonérés de façon permanente.

18
LA TAXE FONCIÈRE
                                                                             SUR LES PROPRIÉTÉS BÂTIES   1
                                  PART DES LOGEMENTS SOCIAUX EN 2017

                                                                                                         © La Banque Postale Collectivités Locales
Part des logements sociaux en %
       moins de 7 %
       de 7 à 11 %
       de 11 à 15 %
       de 15 à 19 %
       plus de 19 %
                                       Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque

       PART DES LOCAUX À USAGE PROFESSIONNEL DANS LES BASES DE TFPB EN 2017

                                                                                                         © La Banque Postale Collectivités Locales

Part des locaux professionnels
        moins de 27 %
        de 27 à 30 %
        de 30 à 32 %
        de 32 à 37 %
        plus de 37 %
                                       Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque

                                                                                                                                                     19
Les écarts s’expliquent également par les                                         (zones de revitalisation rurale, quartiers prioritaires
     caractéristiques socio-économiques du territoire.                                 la ville…) sont également exonérés de TFPB (de façon
     Les personnes de condition modeste et les                                         permanente pour les premières et temporaire pour
     locaux situés dans certaines zones du territoire                                  les seconds).

                                     DES COMPENSATIONS D’EXONÉRATIONS EN BAISSE
                                   AVEC UNE ACCENTUATION SUR CERTAINS TERRITOIRES

        La TFPB fait l’objet d’un certain nombre d’exonérations fiscales. Certains biens sont totalement ou
        partiellement exonérés de taxe de façon permanente, sur décision du législateur (certaines propriétés
        publiques, les grands ports maritimes, les bâtiments ruraux, les ouvrages de distribution d’eau potable,
        les propriétaires au titre de leur résidence principale titulaires de certaines allocations…) ou de la collec-
        tivité locale (groupements de coopération sanitaire, local d’habitation situé près de sites exposés à des
        risques particuliers, hôtels, locaux classés meublés de tourisme et chambres d’hôtes situés en zone de
        revitalisation rurale…).

        D’autres font l’objet d’exonérations temporaires de deux ans (constructions nouvelles sauf décision
        locale…) ou de longue durée (logements sociaux,…).

        Ces exonérations sont compensées par l’État lorsqu’elles sont rendues obligatoires par le législateur, et à la
        charge de la collectivité si elles sont facultatives.

        En 2018, le montant des exonérations liées à la TFPB serait de 123,3 millions d’euros(3).
        Dix ans auparavant, il était de 401 millions d’euros. Cette baisse de 69 % résulte de l’intégration
        d’une grande partie de ces compensations dans les « variables d’ajustement » à partir de 2009 (concours
        financiers de l’État dont le niveau baisse pour permettre la progression d’autres dotations tout en
        assurant une stabilité globale)(4). Selon une étude de l’Observatoire des finances et de la gestion publique
        locales (OFGL)(5), en 2016 les allocations compensatrices de TFPB ne couvrent que 16 % du montant
        exonéré de la taxe : il s’agit de la taxe qui a le plus faible taux de compensation.

        Si tous les territoires supportent une baisse de ces allocations compensatrices, certains du fait de leurs
        caractéristiques socio-économiques enregistrent des baisses plus marquées. Ainsi, entre 2013 et 2017
        (les données départementales ne sont pas disponibles avant 2013), la baisse est en moyenne de 62 %
        mais elle varie entre départements dans une fourchette de 12,8 % à 84 %.

     Enfin, certaines différences de situations sont                                   à travers ce coefficient être la même sur tout
     masquées par la non-actualisation des valeurs                                     le territoire : certains biens sont donc en réalité, au fil
     locatives cadastrales et l’application d’un coefficient                           des ans, sous-évalués alors que d’autres sont,
     uniforme sur l’ensemble du territoire. Ainsi,                                     au contraire, surévalués.
     l’évolution de la valeur du patrimoine est supposée

        (3) Source jaune budgétaire « transferts financiers de l’État aux collectivités territoriales », annexé au PLF 2019 - (4) Un taux de minoration est voté
20      chaque année en loi de finances - (5) Cap sur…les allégements de fiscalité directe locale et leurs compensations, avril 2018.
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