Report 2015 - "Comment préserver la compétitivité de nos entreprises ?" accords bilatéraux, choc du franc, régulations, manque de personnels ...

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Report 2015 - "Comment préserver la compétitivité de nos entreprises ?" accords bilatéraux, choc du franc, régulations, manque de personnels ...
report 2015

                                                                                             © ruweba kommunikation ag

«Comment préserver la compétitivité
de nos entreprises ?»
 accords bilatéraux, choc du franc, régulations, manque de personnels qualifiés, réforme III
 BEF Basel Economic Forum 2015
Report 2015 - "Comment préserver la compétitivité de nos entreprises ?" accords bilatéraux, choc du franc, régulations, manque de personnels ...
«BKW – un nom
                                               à retenir?»

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Report 2015 - "Comment préserver la compétitivité de nos entreprises ?" accords bilatéraux, choc du franc, régulations, manque de personnels ...
Table des matières
  4	Quelle contribution de l’Etat à la compétitivité des entreprises ?
     – Eveline Widmer-Schlumpf, conseillère fédérale
  5	Comment garantir la compétitivité de nos entreprises ?
     – Winfried Kretschmann, Ministre-président du Land de Bade-Wurtemberg
  6	Préfaces des Conseillers d’état Dr. Eva Herzog, BS; Thomas Weber, BL; Dr. Urs Hofmann, AG
     et par Jörg Lutz, Maire de Lörrach
  9	Régler la libre circulation des personnes, maintenir les bilatérales
     – Ambassadeur Dr. Henri Gétaz, DAE
10	Conserver les accords bilatéraux et renforcer le pragmatisme suisse
    – Dr. Matthias Leuenberger, Novartis
11	La réforme III de l’imposition des entreprises : la quadrature du cercle – sur la bonne voie.
    – Dr. Eva Herzog, BS
12	La compétitivité des régions – Prof. Dr. Rolf Weder, Université de Bâle
13 	Actelion – le succès international grâce à une implantation régionale forte
     – Dr. Jean-Paul Clozel, fondateur et CEO de Actelion
15 	Pour une mise en œuvre pragmatique de l’IIM – Thomas B. Cueni, Interpharma
16 	Pour rester concurrentiel, il faut construire des passerelles et non les détruire
     – Prof. Dr. Rudolf Minsch, chef économiste economiesuisse
17	Cinq domaines d’action pour maintenir la compétitivité – Peter Dietrich, Directeur Swissmem
18 	Le capital n’est pas épargné – Dr. Marco Salvi, Avenir Suisse
19 	Le négoce d’électricité accroît la compétitivité – Dr. Suzanne Thoma, CEO BKW
20 	BEF Basel Economic Forum par rapport à la compétitivité de nos entreprises – metrobasel
27 	La compétitivité, qu’est-ce que c’est ? – Eduard Schmied, Société suisse des entrepreneurs
28 	La généralisation des « enfants gâtés » ? – Barbara Gutzwiller, Directrice de l’Union patronale bâloise
29 	Accords bilatéraux = énergie vitale pour Bâle – Kaspar Engeli, Directeur du commerce suisse
     Indispensables : l’innovation et un contexte favorable
     – Dr. Gabriel Barell, Directeur de la Société bâloise des hôteliers
30	«Que deviendrait notre Région sans les Accords bilatéraux ?» – metrobasel
32       Forum économique de Fricktal : «mobiliser les personnels qualifiés» – metrobasel
34	Devenez membre
35	metrobasel: Projets 2015/2016, Partnernaires, Conseil consultatif, Bureau directeur

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Report 2015 - "Comment préserver la compétitivité de nos entreprises ?" accords bilatéraux, choc du franc, régulations, manque de personnels ...
Quelle contribution de l’Etat à la compétitivité des entreprises ?

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                                                                                              terrogations. Les réglementations qui ne
                                                                                              sont plus acceptées sur le plan interna­
                                                                                              tional, telles que les régimes fiscaux can­
                                                                                              tonaux pour les sociétés holding et les
                                                                                              sociétés d’administration, seront abro­
                                                                                              gées et remplacées par des dispositions
                                                                                              conformes aux normes internationales
                                                                                              en vigueur. La déclaration des réserves
                                                                                              latentes permettra de mettre en place
                                                                                              de manière systématique une solution
                                                                                              parfois déjà connue et prescrite par le
                                                                                              droit constitutionnel. L’encouragement
                                                                                              des activités de recherche et de dévelop­
                                                                                              pement est l’un des piliers de la réforme.
                                                                                              Les entreprises innovantes bénéficieront
                                                                                              d’un traitement fiscal privilégié grâce
                                                                                              à l’introduction d’une patent box et à
                                                                                              l’encouragement dit «en amont», qui agit
                                                                                              au niveau des charges. La région bâloise
                                                                                              en profitera particulièrement à travers
                                                                                              son secteur des sciences de la vie. La
                                                                                              Confédération entend également allouer
                                                                                              des moyens financiers aux cantons afin
                                                                                              qu’ils puissent abaisser leurs taux ordi­
                                                                                              naires d’imposition du bénéfice à un ni­
                                                                                              veau compétitif sur le plan international.
                                                                                              Les entreprises individuelles comme les
                                                                                              multinationales bénéficieront de cette
                                                                                              mesure.

    Eveline Widmer-Schlumpf                                                                   Face à la concurrence fiscale mondiale,
    Conseillère fédérale                                                                      la Suisse a besoin de réglementations à la
                                                 Mais ne nous reposons pas sur nos lau­       fois compétitives et acceptées sur le plan
    Synonyme d’emplois et de prospérité, la      riers. La Suisse serait très rapidement      international. Ce sont pour ainsi dire les
    compétitivité des entreprises représente     dis­tancée. L’évolution internationale       deux côtés de la médaille. Les entreprises
    un intérêt vital pour la Suisse. Il incom­   dans le domaine de l’imposition des en­      doivent par ailleurs poursuivre leur con­
    be donc aux autorités politiques de créer    treprises le prouve. L’OCDE a développé      tribution au financement des tâches de
    un cadre favorable au bon développe­         durant deux ans le désormais célèbre         l’État. Des infrastructures de qualité ou
    ment des entreprises. Les avis divergent     projet BEPS contre les transferts inter­     des offres de formation de haut niveau
    évidemment lorsqu’il s’agit de préciser      nationaux de bénéfices. La place écono­      favorisent, par exemple, le développe­
    ce cadre et de déterminer les moyens         mique sui­sse est également touchée par      ment de conditions avantageuses pour
    nécessaires. Le débat politique permet       ce projet. Les entreprises du pays en res­   les entreprises. La collaboration con­
    aux autorités de trouver des solutions       sentent les effets: de nombreuses ques­      structive qui existe en Suisse entre les
    équilibrées, comme elles l’ont fait avec     tions en suspens entraînent une insécurité   milieux politiques, économiques et ad­
    succès par le passé. Différentes analyses    juridique et des incertitudes dans la pla­   ministratifs est un atout majeur de notre
    montrent notre réussite dans ce domaine      nification. En adoptant la troisième ré­     pays. De nombreux défis nous attendent,
    et placent la Suisse parmi les pays les      forme de l’imposition des entreprises, le    tant sur le plan national qu’international.
    plus innovants et les plus compétitifs du    Conseil fédéral a transmis au Parlement      Ce n’est qu’avec une approche unie et
    monde.                                       un train de mesures destinées à renforcer    volontaire que nous pourrons les relever.

    Département fédéral des finances DFF

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Report 2015 - "Comment préserver la compétitivité de nos entreprises ?" accords bilatéraux, choc du franc, régulations, manque de personnels ...
Comment garantir la compétitivité de nos entreprises ?

Le Bade-Wurtemberg et la Suisse sont
liés par des relations économiques ex­
trêmement étroites et profitables pour
les deux parties. Nous sommes deux
voisins à l’économie hautement déve­
loppée, axés sur les hautes technologies.
En cette qualité, nous sommes soumis
aux mêmes défis : nous devons faire face
à la concurrence internationale d’états
émergeants et de nouveaux marchés en
pleine croissance. Et nous devons non
seulement faire face à une pénurie de
personnels qualifiés, mais aussi nous
préparer à gérer une société vieillissante.
Dans ce contexte général, il est indéni­
able que la coopération entre le Bade-
Wurtemberg et la Suisse revêt une impor­
tance particulière. Nous avons, dans nos
régions frontalières, vu se développer les
entreprises et la recherche, pour former       Winfried Kretschmann, Ministre-président du Land de Bade-Wurtemberg
des pôles d’excellence reconnus au ni­
veau européen et international. Mais il        Dans nos sociétés modernes, basées sur         révolution numérique est entrée dans
convient également d’évoquer le mar­           la connaissance, les citoyens sont au          nos vies privées et se développe dans
ché du travail transfrontalier : chaque        cœur de nos préoccupations. La riches­         toutes les directions – que nous le vou­
jour, près de 56.000 personnes résidant        se des échanges et la mobilité sont des        lions ou non. Et notre économie se voit
en Allemagne se rendent sur leur lieu de       facteurs prioritaires de la pérennité de       actuellement bouleversée par le concept
travail en Suisse, la plupart venant de        notre société.                                 « d’industrie 4.0 ». Les technologies nu­
Bade-Wurtemberg.                                                                              mériques mettent notre quotidien, notre
                                               Si nous voulons continuer sur la voie          travail en ligne et les modifient de plus en
Pour assurer la prospérité de nos régions      du succès économique à l’avenir, il est        plus. De plus en plus, software et hard­
frontalières, les accords bilatéraux sont      indispensable de se baser sur la forma­        ware se confondent pour ne former plus
une base importante. Or, « l’initiative        tion, la connaissance. Notre prospérité        qu’un. La vision d’une croissance écono­
contre l’immigration de masse » récem­         dépend en grande partie de notre capa­         mique sans exploitation des ressources
ment adoptée par les électeurs suisses est     cité à conserver notre avance technolo­        naturelles devient de plus en plus réalis­
contraire aux accords de libre circulation     gique – nous devons innover plus et plus       te. Elle pourrait devenir une réalité si le
conclus entre la Suisse et l’UE – aussi est-   vite que nos concurrents. Aujourd’hui,         concept « d’Industrie 4.0 » se concrétise.
on en droit de se demander comment             l’innovation est plus portée par la sci­       Ainsi, on assisterait à une réduction de
les choses vont pouvoir évoluer. Le Land       ence, la connaissance qu’au siècle der­        l’exploitation des ressources naturelles, à
de Bade-Wurtemberg, ami proche de la           nier. Mais c’est surtout à l’interface entre   une croissance économique intelligente,
Suisse et ardent défenseur de l’Europe,        les différents secteurs et disciplines que     à l’émergence d’une prospérité durable.
mise sur le dialogue, la liberté de circu­     l’innovation se crée, et de plus en plus
lation et sur une approche bilatérale qui      souvent au-delà des frontières.                Mais pour y parvenir, il convient d’unir
doit profiter à chacun.                                                                       nos forces et d’oser de nouvelles formes
                                               L’avant-garde de l’innovation se concen­       de coopération. Depuis longtemps déjà,
En effet, la population des travailleurs       tre actuellement sur « Internet of Eve­        on assiste à la compétition des idées, des
frontaliers est un facteur déterminant         rything », c’est-à-dire la mise en réseau      concepts et des marchés. Notre région
de la prospérité économique et du dé­          des personnes, des objets, des services        doit augmenter le rythme de son activité
veloppement social de nos régions fron­        et données. Et, dans chaque domaine            si elle veut vraiment rester dans le pelo­
talières. Toute limitation, tout obstacle      de notre vie, les données et algorithmes       ton de tête et inventer « l’industrie 4.0 ».
bureaucratique serait contreproductif.         revêtent une importance croissante. La

                                                                                                                                             5
Report 2015 - "Comment préserver la compétitivité de nos entreprises ?" accords bilatéraux, choc du franc, régulations, manque de personnels ...
La compétitivité, la politique financière et fiscale

                                                  lents temps plein – une tendance qui            départ n’est pas si mauvaise que cela.
                                                  persiste. Mais ce succès n’est pas une          Et nous avons un atout important : les
                                                  évidence : pensons par exemple au cours         entreprises, les personnels, la base des
                                                  du Franc suisse, aux conséquences (en­          ressources fiscales, tout cela se trouve
                                                  core incertaines) de l’initiative contre        directement sur place.
                                                  l’immigration de masse et à la Réforme
                                                  III de l’imposition des entreprises.            En somme, « il suffit » d’utiliser cette base
                                                                                                  existante pour conduire une réforme in­
                                                  Quel est le rôle de la politique fiscale        telligente. Les contraintes fiscales pour
                                                  pour un bassin d’emploi ? Il est vrai que       les entreprises concernées, qui représen­
                                                  si les entreprises internationales se sont      tent le poumon de notre économie et de
                                                  implantées chez nous, ce n’est pas uni­         nos recettes fiscales, ne doivent pas être
                                                  quement pour des raisons fiscales. Par          alourdies par la réforme de la fiscalité
                                                  contre, il est à supposer qu’un contexte        des entreprises. Et si nous y parvenons,
                                                  fiscal favorable fait partie des facteurs       nous garantirons une base solide de nos
    Vice-présidente du Conseil d’état             importants dans la création de 20.000           recettes fiscales. Et si nous parvenons à
    Dr. Eva Herzog                                emplois directs par des entreprises in­         maintenir à niveau les ressources fisca­
    Chef du Département des finances,             ternationales dans la région de Bâle.           les, une réforme durable est possible. Et
    canton de Bâle-Ville                                                                          nous pourrons ainsi conserver intacts les
                                                  Et voici qu’on nous annonce la Réforme          autres avantages de notre région : une in­
    De nos jours, tout le monde parle de          III de l’imposition des entreprises. Pre­       frastructure d’excellent niveau, une uni­
    « compétitivité ». En ce qui concerne         mière réaction spontanée : notre situa­         versité de qualité et une vie culturelle de
    Bâle, on est en droit de prétendre que cet­   tion de départ est difficile. 80% des re­       renommée internationale. La réforme ne
    te ville est compétitive. L’investissement    cettes fiscales de Bâle-Ville proviennent       doit donc pas avoir pour objectif premi­
    est à l’ordre du jour : entre 2005 et 2013,   de sociétés à statut particulier, qui sont      er de réduire les impôts, mais plutôt de
    le Canton de Bâle-Ville a vu le nombre        privilégiées sur le plan fiscal. Mais à y re­   garantir un développement raisonnable
    des actifs augmenter de 15.000 équiva­        garder de plus près : notre situation de        du système.

    Unir nos forces, coordonner nos actions

                                                  Si l’on observe en particulier la région de     currence ou de maintenir des structures
                                                  Bâle, on constate que l’on y dispose de         inutiles. Les représentants du peuple et
                                                  nombreux instruments pour encoura­              leur administration doivent s’attacher à
                                                  ger l’innovation. J’en veux pour preuve         réduire le nombre d’obstacles et à dé­
                                                  l’étroite collaboration entre les labora­       penser les deniers publics de manière
                                                  toires industriels et les instituts univer­     efficiente.
                                                  sitaires. Par contre, il ne s’agit pas de
                                                  réinventer l’innovation, mais plutôt            En point de mire : L’innovation
                                                  d’unir nos forces et de mieux coordonner        La stratégie de l’innovation est au cœur
                                                  les projets des différents acteurs.             des priorités économiques et de for­
                                                                                                  mation au niveau cantonal. Elle est en
                                                  Mais la création d’entreprises producti­        étroite relation avec l’encouragement à
                                                  ves, innovantes et concurrentielles exige       la création d’entreprises. Les administ­
                                                  un contexte réglementaire favorable. En         rations des Cantons de Bâle-Campagne,
                                                  conséquence, nos orientations straté­           Bâle-Ville et du Jura veulent axer encore
    Thomas Weber, membre du Conseil               giques doivent se concentrer sur la créa­       plus leur coopération sur les aspects éco­
    d’état du Canton de Bâle-Campagne,            tion d’entreprises, c’est-à-dire le main­       nomiques en général et sur l’innovation
    responsable de la Direction de                tien et le développement de l’avantage          en particulier. Voilà pourquoi le soutien à
    l’économie et de la santé                     concurrentiel de nos régions. Et pour at­       la dynamique innovante de notre écono­
                                                  tirer de nouvelles entreprises, il faut bien    mie se trouve au cœur de nos objectifs.
    En Suisse, le niveau des prix est élevé.      entendu créer un contexte favorable,            En effet, l’innovation est l’élément décisif
    Il est donc capital que la Suisse se dis­     conforme aux dispositions administrati­         de l’avenir de notre économie.
    tingue par le caractère innovant de           ves et législatives. L’Etat doit bien se gar­
    ses produits, services et processus.          der d’influencer les principes de la con­

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Report 2015 - "Comment préserver la compétitivité de nos entreprises ?" accords bilatéraux, choc du franc, régulations, manque de personnels ...
La qualité a son prix

                                             recherche et développement, l’étroite             que la Suisse gagne. Ses points forts sont
                                             coopération entre science et entre­prise,         plutôt : la stabilité politique, la qualité de
                                             la flex­ibilité du marché de l’emploi, la         la formation, des prestations de services et
                                             qualité de la formation, l’excellente infra­      des processus, ainsi que dans sa capacité
                                             structure et la modernité de marchés              d’innovation. Les enjeux de la mondialisa­
                                             financiers. Mais la Suisse est également          tion nous obligent constamment à com­
                                             leader dans l’innovation, que ce soit dans        penser le haut niveau de prix par une quali­
                                             les produits ou les processus de production.      té inégalée, l’innovation de nos produits et
                                                                                               services. Et pour un canton axé sur la haute
                                             Evidemment, pour rester au top, il faut se        technologie comme Argovie, l’innovation
                                             battre. Le succès économique ne tombe             est la clé du succès. Si notre canton est ap­
                                             pas du ciel, et un leader ne doit jamais se       précié par l’industrie et les entreprises de
                                             reposer sur ses lauriers. Etant donné le          haute technologie, c’est grâce à ses struc­
                                             contexte général, sur lequel il est difficile     tures administratives efficientes, sa situa­
                                             d’exercer une quelconque influence,               tion géographique et ses investissements
Landammann Dr. Urs Hofmann                   comme le cours du Franc suisse par rap­           en faveur de l’innovation. Et l’une de
Responsable du Département Economie et       port à l’Euro ou la conjoncture écono­            nos principales ressources, c’est la forma­
Affaires intérieures du Canton d’Argovie     mique, les entreprises sont contraintes           tion. Un canton où l’investissement est
                                             d’innover constamment et d’augmenter              bien placé. Par contre, notre canton ne
En termes de compétitivité, la Suisse est    leur productivité.                                peut pas fournir tous les personnels qua­
au top. C’est en tout cas ce qu’affirme le                                                     lifiés dont il a besoin. Au sein des marchés
Forum économique mondial, qui l’a dé­        D’autre part, le niveau de prix et de sa­         mondialisés, l’ouverture du marché du
signée, pour la septième fois consécutive,   laires n’a jamais fait partie des avantages       travail à l’international est inévitable. Et
comme le pays le plus compétitif. Ainsi,     concurrentiels de la Suisse. Et cela était        dans la concurrence entre les employeurs
la Suisse se trouve en tête d’une liste de   déjà vrai avant les récentes décisions de         pour le recrutement des meilleurs, la po­
140 pays. Les raisons de ce succès sont :    la Banque nationale suisse de janvier             litique ne doit pas créer des obstacles à
le haut niveau d’investissement dans la      2015. C’est grâce à d’autres facteurs             l’entreprise.

La liberté de circulation des personnes

                                             Depuis des siècles, toute ville frontalière       face à ce mouvement de masse – la qua­
                                             est confrontée aux décisions qui sont             lité des prestations de service doit rester
                                             prises par les autorités du pays voisin.          au même niveau, les clients de longue
                                             En conséquence, les villes frontalières           date ne doivent pas se sentir rabaissés
                                             ont appris la tolérance et le sens de             au rang de clients de deuxième catégo­
                                             l’accueil, elles sont parfois plus à même         rie. Les consommateurs suisses veulent
                                             de s’adapter aux changements que bien             faire leurs courses à Lörrach. Dans cette
                                             des villes situées à l’intérieur du pays.         ville, la population active qualifiée veut
                                             L’Allemagne et la Suisse sont deux pays           travailler en Suisse. Le différentiel de sa­
                                             distincts – avec des différences dans les         laires par rapport au marché suisse est
                                             contraventions routières, les langues             devenu, pour de nombreuses entreprises
                                             régio­nales ou le système scolaire. Mais ce       de Lörrach, une question de compétiti­
                                             n’est pas tout : ce qui intéresse surtout les     vité. En effet, elles investissent chaque
                                             entreprises ce sont les différences dans le       année dans la formation de jeunes – qui,
                                             droit du travail, les impôts, la monnaie – avec   une fois leur diplôme en poche, sont
Jörg Lutz, Maire de Lörrach                  leur influence bien connue sur les prix.          attirés par les salaires des employeurs
                                                                                               sui sses. Et qui pourrait leur en vou­
L’Allemagne a connu les deux extrêmes :      Et c’est justement dans des pério­                loir ? Une hypothétique remise à niveau
la séparation par le mur de Berlin et les    des comme celle que nous traversons               des salaires a ses limites : il mettrait en
cris de joie lors de sa chute. On compren­   aujourd’hui que nous devons recon­                danger la compétitivité de Lörrach par
dra donc aisément à quel point la liberté    naitre l’importance des rapports de bon           rapport aux autres villes d’Allemagne.
de circulation des personnes nous tient      voisinage. En effet, pour l’économie alle­        Voilà pourquoi, à Lörrach, on s’intéresse
à cœur, aussi bien sur le plan politique     mande, l’afflux de clients suisses n’est pas      de près à la mise en œuvre de l’Initiative
qu’économique.                               forcément que positif. Il faut en effet faire     populaire contre l’immigration de masse.

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Report 2015 - "Comment préserver la compétitivité de nos entreprises ?" accords bilatéraux, choc du franc, régulations, manque de personnels ...
Report 2015 - "Comment préserver la compétitivité de nos entreprises ?" accords bilatéraux, choc du franc, régulations, manque de personnels ...
Régler la libre circulation des personnes,
maintenir les bilatérales
Le partenariat étroit que la Suisse entretient avec l’Union européenne (UE) et ses voisins les plus pro-
ches nous apporte de la prospérité, renforce la stabilité et aussi, d’ailleurs, l’autonomie de notre pays.
La Suisse a besoin de la voie bilatérale et son économie dépend d’une bonne fluidité des échanges
avec les pays de l’UE ainsi que de la sécurité juridique qui en est le corollaire.

Texte: Dr. Henri Gétaz

Située au cœur de l’Europe, la Suisse est          riels. La voie bilatérale permet à la Suisse   bilatéral sur la libre circulation des per­
entourée presqu’exclusivement de pays              de conserver une plus large liberté d’action   sonnes, un énorme défi. Le Conseil
membres de l’UE. Nous partageons avec              tout en préservant ses intérêts en matière     fédéral veut prendre en compte les pré­
nos voisins européens les mêmes va­                d’économie, de sécurité, de transports et      occupations de la population, en propo­
leurs culturelles et politiques. Très sou­         d’environnement ainsi que dans les do­         sant une solution qui entend contrôler
vent, nous faisons face aux mêmes défis,           maines de la science et de la culture.         l’immigration des personnes qui relèvent
comme la migration, le développement                                                              de l’accord sur la libre circulation des
économique et l’évolution des taux de              L’adoption de l’initiative « Contre            personnes conclu avec l’UE au moyen
change ainsi que la sécurité européenne            l’immigration de masse » le 9 février          d’une clause de sauvegarde. Il veut égale­
et la stabilité de notre continent.                2014 a ouvert une ère d’incertitude. Cette     ment préserver les intérêts économiques
                                                   pério­de d’incertitude est un frein, voire     de la Suisse. Dans le même temps,
Ces relations intenses entre la Suisse et          un obstacle aux nouveaux investisse­           il s’agit de maintenir et développer la
l’UE reposent depuis près de deux décen­           ments, pourtant nécessaires, et affaiblit      voie bilatérale, qui est le fondement des
nies sur les accords bilatéraux, qui assurent      la place économique suisse.                    relations avec l’UE. Il faut donc trouver
à la Suisse un cadre régulé de coopéra­                                                           à la fois une solution sur la libre circula­
tion avec ses voisins et lui donnent, ainsi        La gestion autonome de l’immigration           tion des personnes et une solution sur les
qu’aux États membres de l’UE, un droit             inscrite dans la Constitution fédérale         questions institutionnelles.
d’accès réciproque à leurs marchés secto­          (art. 121a) constitue, eu égard à l’accord
                                                                                                  Dans les deux cas, la forme que prendra
                                                                                                  la solution n’est pas encore établie, mais
                                                                                                  les mois qui viennent devraient appor­
                                                                                                  ter plus de clarté à ce sujet. Les électeurs
                                                                                                  suisses seront probablement appelés
                                                                                                  aux urnes, afin qu’ils se prononcent sur
                                                                                                  l’avenir des relations entre la Suisse et
                                                                                                  l’UE. Rien ne permet encore de dire quel
                                                                                                  sera l’objet exact d’une telle votation.
                                                                                                  Elle aura pour enjeu non pas de faire
                                                                                                  le choix d’un retour en arrière, mais de
                                                                                                  parvenir à une solution sur les questions
                                                                                                  en suspens, surtout sur celle de la libre
                                                                                                  circulation.

                                                                                                  L’expérience a toujours montré que les
                                                                                                  votations sur le thème des relations ent­
                                                                                                  re la Suisse et l’UE ne peuvent être gag­
                                                                                                  nées que si elles se déroulent dans un
                                                                                                  climat de confiance. L’important, c’est de
                                                                                                  trouver une majorité et même une for­
                                                                                                  te majorité. Cela suppose un consensus
                                                                                                  politique entre les forces progressistes
                                                                                                  de ce pays. Les partis qui militent pour
                                                                                                  des relations régulées avec l’UE doivent
                                                                                                  donc se retrouver sur une même ligne et
                                                                                                  faire alliance, tout comme les partenaires
Dr. Henri Gétaz, Ambassadeur, directeur de la Direction des affaires européennes (DAE)            sociaux.

                                                                                                                                                 9
Report 2015 - "Comment préserver la compétitivité de nos entreprises ?" accords bilatéraux, choc du franc, régulations, manque de personnels ...
Conserver les accords bilatéraux
     et renforcer le pragmatisme suisse
     Le succès économique de la Suisse est en grande partie dû à ses bonnes relations internationales.
     Dans une période où le contexte politique évolue rapidement, il est particulièrement important de
     faire progresser les relations avec nos partenaires. Si nous souhaitons, à l’avenir, continuer à assurer
     la prospérité et la croissance, nous n’avons pas d’autre alternative.

     Texte: Dr. Matthias Leuenberger

                                                  succès en Suisse. Les positions des uns et    quence directe de l’abandon des accords
                                                  des autres se durcissent sur les dossiers     bilatéraux. Et l’homologation de pro­duits
                                                  politiques ou économiques, comme par          accordée par les autorités suisses ne
                                                  exemple sur les accords bilatéraux avec       serait plus reconnue automatiquement
                                                  l’Union Européenne.                           en UE. L’UE devrait alors remettre en
                                                                                                place son propre contrôle des produits.
                                                  Un récent sondage de l’institut gfs.bern      Concernant le seul secteur pharmaceu­
                                                  le montre clairement : 82% des person­        tique suisse, les surcoûts pourraient aller
                                                  nes interrogées souhaitent poursuivre         de 150 à 350 millions de Francs par an. En
                                                  la coopération avec l’UE, sur la base des     outre, les autorisations de fabrication ou
                                                  accords bilatéraux existants. Par contre,     d’importation devraient être à nouveau
                                                  à y regarder de plus près, le tableau qui     vérifiées dans chaque Etat membre,
                                                  semblait au départ si net, devient de plus    ce qui ne manquerait pas de grever
                                                  en plus flou : l’opinion publique com­        le prix de nos marchandises.
                                                  mence en effet à trouver toujours plus
                                                  d’inconvénients à ces accords bilatéraux.     Enfin, la Suisse rencontrerait d’im­
                                                                                                portantes difficultés dans le recru­
                                                  Il s’agit là d’une évolution dangereuse :     tement des meilleurs éléments sur le
     Dr. Matthias Leuenberger, délégué de         on peut bien sûr concevoir que les évè­       marché européen de l’emploi. En Sui­
     Novartis Suisse
                                                  nements récents puissent occasionner          sse, l’industrie pharmaceutique repré­
                                                  des réactions défensives et apporter de       sente plus de 220.000 emplois directs et
     Le succès économique de la Suisse est en     l’eau au moulin des tendances les plus        indirects. C’est elle qui fait en sorte que
     grande partie dû à ses bonnes relations      conservatrices, mais nous devons veiller      la Suisse continue d’intéresser les entre­
     internationales. Dans une période où le      à ne pas oublier notre développement          prises industrielles et c’est justement
     contexte politique évolue rapidement, il     économique. La force de l’Europe et de        elle qui a besoin des chercheurs les plus
     est particulièrement important de faire      la Suisse se basent en effet en grande par­   brillants et des personnels les plus qua­
     progresser les relations avec nos par­       tie sur leur capacité à créer des réseaux     lifiés. Il s’agit de la seule possibilité pour
     tenaires. Si nous souhaitons, à l’avenir,    d’échange économique.                         l’industrie pharmaceutique de continuer
     continuer à assurer la prospérité et                                                       à être le champion des exportations
     la croissance, nous n’avons pas d’autre      Un abandon des accords bilatéraux ent­        (34% des exportations suisses sont des
     alternative.                                 raînerait inexorablement un affaiblisse­      produits pharmaceutiques) et à générer
                                                  ment du succès suisse et nous renverrait,     à l’avenir une valeur ajoutée importante
     Les images des refugiés affluant aux fron­   sur le plan structurel, aux années 90, une    – après tout, le secteur pharmaceutique
     tières de l’Europe, mais aussi les récents   époque où la croissance de notre pays         et ses sous-traitants représentent plus de
     attentats de Paris relèguent au second       était quasi nulle et où le chômage attei­     7% de l’économie suisse.
     plan le débat sur l’avenir économique        gnait presque 6%. Des acquis tels que
     de la Suisse en Europe.                      la libre circulation des personnes et la      La Région Bâloise est un des principaux
                                                  réduction des barrières commerciales –        pôles de l’industrie pharmaceutique
     Si le nombre de réfugiés augmente con­       et que nous avons obtenu grâce aux ac­        suisse. Les activités de recherche, de
     stamment, la Suisse n’a, jusqu’à présent,    cords bilatéraux – appartiendraient alors     production et de distribution y sont lar­
     pas été concernée de manière frontale        au passé.                                     gement représentées. Et c’est justement
     par l’afflux de personnes fuyant les con­                                                  cette région qui souffrirait peut être le
     flits du Proche-Orient. Et pourtant, un      Le rétablissement des contrôles et autres     plus d’un abandon des accords bilaté­
     débat politique de plus en plus passion­     autorisations spéciales génèrerait des        raux – ce qui ne manquerait pas d’avoir
     né pourrait mettre en danger la culture      coûts supplémentaires, d’importantes          des conséquences directes sur les sous-
     du consensus, longtemps pratiquée avec       pertes de temps – telle serait la consé­      traitants qui travaillent aujourd’hui en

10
étroite coopération avec des entreprises           fondamentaux. Au cours des dernières          tenariat transatlantique de commerce et
comme Novartis ou Roche.                           années, les accords bilatéraux ont ap­        d’investissement (TTIP). Et de leur côté,
                                                   porté la prospérité à notre pays, ils lui     les Etats-Unis ont finalisé les négocia­
Les défis sont de taille, mais je reste con­       ont permis de se développer de mani­          tions en vue d’un Accord de partenariat
fiant en l’avenir. Par le passé, la Suisse a       ère indépendante. Il serait mal venu de       transpacifique (TTP).
toujours prouvé qu’elle savait rester un           quitter cette voie, de remettre en ques­
pays pragmatique, qui sait rechercher              tion les accords bilatéraux par une ap­       Plus que jamais – et on le voit bien avec
des solutions correspondant à la volonté           plication trop rigoureuse de l’initiative     la problématique des migrants et le nou­
du peuple, tout en respectant les intérêts         contre l’immigration de masse : cela ne       veau risque terroriste en Europe – les
du monde économique.                               ferait qu’augmenter inutilement les in­       problèmes doivent être traités dans le
                                                   certitudes économiques ou politiques.         cadre d’une coopération transfrontali­
Et c’est justement dans des périodes où            De plus, l’Union Européenne est en train      ère : dans notre monde moderne, la coo­
la politique, l’économie ou les difficultés        d’étendre ses relations commerciales :        pération avec nos partenaires, qui per­
sociales semblent s’accélérer qu’il est            l’UE et les Etats-Unis sont en pleines né­    met d’allier les points forts de chacun,
fortement recommandé de revenir aux                gociations pour mettre en place un Par­       sont la clé du succès.

La réforme III de l’imposition des
entreprises : la quadrature du cercle
– sur la bonne voie.
Texte: Dr. Eva Herzog

A l’heure où nous rédigeons cet article,           celui qui arrive trop tard. En conséquence,   • T
                                                                                                    roisième point : les taux réguliers
la Réforme III de l’imposition des entre­          la Suisse s’est attachée depuis longtemps       d’imposition sur les bénéfices devront
prises devrait être en cours d’examen au           à participer activement à l’élaboration de      être abaissés. En effet, la Patent box
Conseil des Etats. En ce qui concerne les          normes qui exigent de profondes adapta­         n’aura certainement pas le même effet
entreprises internationales, la Suisse se          tions dans de nombreux pays.                    que les sociétés à statut particulier.
doit d’abolir les privilèges fiscaux. Les
organisations internationales telles que           Garantir l’égalité des chances dans un        • Q
                                                                                                    uatrième point : la Confédération
l’OCDE, le G20 et l’UE exercent une forte          processus concurrentiel, harmoniser             apporte son concours au financement
pression en ce sens. Et les autorités fédéra­      les points de vue pour obtenir, en Sui­         de la réforme. Des remboursements
les de Berne l’on bien compris : la vie punit      sse, un résultat plus que satisfaisant :        compensatoires au profit des cantons,
                                                   aujourd’hui, la Confédération et les Can­       une augmentation de la taxation des
                                                   tons ont pu converger sur les questions         dividendes, ainsi qu’une réforme de la
                                                   hautement complexes de la réforme.              péréquation financière sont prévus.
                                                   Le Canton de Bâle-Ville s’est doté des
                                                   instru­ments nécessaires pour rester un       Toutefois, nous ne sommes pas encore
                                                   pôle économique intéressant, construit        arrivés au but. Les débats à l’Assemblée
                                                   sur une base financière stable :              fédérale ne sont pas encore clos. Et la
                                                                                                 réforme cantonale commence à peine :
                                                   • L
                                                      es sociétés à statut particulier sont     quel doit être le niveau d’exonération
                                                     supprimées. Ces sociétés représen­          à Bâle-Ville conformément à la Patent
                                                     tent aujourd’hui plus de la moitié des      box ? Plus il sera réduit, plus le Canton
                                                     ressources fiscales de Bâle-Ville. On       disposera de marge de manœuvre pour
                                                     comprend ainsi l’extrême importance         abaisser le taux régulier d’imposition des
                                                     de la réforme – tout en sachant que le      bénéfices – et réciproquement.
                                                     financement des infrastructures reste
                                                     possible, à condition que les recettes      Le Conseil d’état est en train d’évaluer
                                                     fiscales se maintiennent.                   les scenarios. Par contre, nous avons
                                                                                                 une bonne nouvelle : si la réforme fédé­
                                                   • D
                                                      euxième point : la Patent box définie     rale arrive comme nous l’espérons, nous
                                                     conformément aux normes de l’OCDE           aurons une bonne base de départ pour
Vice-présidente du Conseil d’état Dr. Eva Herzog     permet à nos entreprises innovantes         une réforme durable qui sera accepta­
Chef du Département des finances,
                                                     de rester concurrentielles.                 ble pour la population, l’économie et
canton de Bâle-Ville
                                                                                                 l’entreprise.

                                                                                                                                              11
La compétitivité des régions
     La Région Bâloise est confrontée à des défis majeurs – qui demandent des réponses stratégiques de
     la part du monde politique et économique.

     Texte: Prof. Dr. Rolf Weder

     Une région concurrentielle se distingue                                                       La disponibilité de personnels mobiles et
     par deux caractéristiques : elle est d’une                                                    hautement qualifiés étant une priorité,
     part intéressante pour les actifs mobiles                                                     les quotas qui devraient être appliqués
     et, d’autre part, elle présente une pro­                                                      suite à l’initiative contre l’immigration de
     ductivité élevée. Pour y parvenir, il est                                                     masse contraignent la région à s’engager
     capital de disposer d’un environnement                                                        résolument pour une gestion des per­
     régional qui encourage le développe­                                                          sonnels étrangers (frontaliers compris)
     ment de nouvelles idées par ses produ­                                                        « en fonction du prix ». Cela signifie que
     its, services et processus. Le monde po­                                                      les personnels qui permettent de géné­
     litique doit être extrêmement attentif et                                                     rer une plus-value importante devront
     faire preuve d’une souplesse suffisante                                                       obtenir un accès privilégié aux emplois.
     pour que les entreprises ne soient pas                                                        Pour cela, il faudra mettre en place un
     freinées par un appareil réglementaire                                                        système de redevances ou de licences. Si
     trop contraignant.                                                                            le nombre des personnels étrangers doit
                                                                                                   être limité, il est d’autant plus important
     Des études réalisées sur la création                                                          que la sélection soit judicieuse.
     d’entreprises et leur prospérité dans une
     région montrent que le principal facteur                                                      Les accords bilatéraux I étant potentiel­
     entrant est la disponibilité de personnels                                                    lement menacés par une limitation de
     spécialisés et hautement qualifiés. Pour                                                      l’immigration, le monde politique devrait
     la technologie Suisse, les connaissances                                                      réfléchir à des solutions de repli. On pense
     venues de l’étranger ont régulièrement                                                        par exemple à un accord de libre-échange
     eu une importance particulière.                                                               (avec nos voisins du sud), à la préparation
                                                                                                   d’accords de substitutions avec l’UE ou au
     Concernant la demande, il est particuli­                                                      renforcement de l’AELE et de l’engagement
     èrement important de disposer d’accès                                                         de la Suisse au sein de l’OMC.
     aux marchés situés en dehors de la Ré­
     gion (pour Bâle, cela signifie : accès aux                                                    En effet, la relative faiblesse de l’Euro
     régions frontalières de l’UE) et de pro­      Prof. Dr. Rolf Weder, Université de Bâle        représente un défi particulièrement exi­
     positions issues de clients exigeants qui                                                     geant pour la Région Bâloise. Les entre­
     sont la base de l’activité des entreprises    développer, alors que les moins producti­       prises à l’exportation subissent la pres­
     orientées à l’export. C’est l’accès au mar­   ves doivent réduire ou même mettre fin à        sion du cours des changes et tentent de
     ché qui permet à une région de se spécia­     leur activité. Un tel processus, les études     maîtriser leurs cours en délocalisant une
     liser dans les activités économiques pour     récentes le montrent, est un élément dé­        partie de leur production vers l’étranger.
     lesquelles elle est le plus productive. Le    cisif de la productivité d’une région.          Nombreux sont les résidents suisses qui
     haut niveau de revenu ainsi généré dans                                                       viennent faire leurs achats à l’étranger,
     la région encourage la demande locale en      Du fait de ces phénomènes, la Région            la consommation de produits en pro­
     produits et services de haute qualité, ce     Bâloise a pu atteindre un haut niveau           venance de l’étranger augmente. Pour
     qui confère un avantage à l’exportation à     de compétitivité et donc de prospérité          alléger partiellement cette pression et
     de nombreuses entreprises.                    – elle est fortement influencée par le dy­      servir les intérêts de chacun, une non-
                                                   namisme de l’industrie pharmaceutique.          augmentation ou même une réduction
     Enfin, l’intensité de la concurrence a des    Par contre, cette compétitivité doit être       du montant nominal des salaires (sa­
     effets positifs sur l’innovation et la pro­   remise en question chaque année. En ef­         chant que le niveau des prix baisse) se­
     ductivité d’une région. La compétitivité      fet, notre région frontalière doit faire face   rait envisageable, tout comme la mise en
     d’une région, cela signifie aussi que les     à trois défis majeurs.                          place durable de salaires en Euros pour
     entreprises les plus productives doivent se                                                   les frontaliers.

12
Actelion – le succès international grâce
à une implantation régionale forte
En quelques années, cette entreprise pharmaceutique d’Allschwil est devenue un global player,
un acteur majeur des sciences de la vie dans la Région – grâce aux excellentes conditions qu’elle
y a trouvé.

Texte: Dr. Jean-Paul Clozel

L’histoire du succès d’Actelion fait un
peu penser à celle d’une start-up améri­
caine. On sait bien que les Etats-Unis
comptent de nombreux jeunes créateurs
d’entreprise. Parmi ces start-ups, rares
sont celles qui survivent et que l’on ret­
rouve au « top ». Et Actelion est justement
une de ces exceptions – et pourtant, la
Silicon Valley est bien loin de la Région
Bâloise. En quinze ans seulement, nous
avons fait d’Actelion un global player
avec 2.500 employés à travers le monde.

Tout a commencé en 1997. Quatre cher­
cheurs issus de la société Roche – dont
votre serviteur – ont décidé de fonder
leur propre entreprise. Notre objectif        Dr. Jean-Paul Clozel, fondateur et CEO de Actelion
était ambitieux : nous voulions dévelop­
per des médicaments pour traiter des          des raisons purement pratiques : Bâle sait           a besoin de dispositifs réglementaires
maladies qui demandent des traitements        accueillir les créateurs d’entreprises, les          et fiscaux adaptés – un élément vital
complexes et pour lesquelles il n’existait    infrastructures y sont d’excellente quali­           pour assurer sa compétitivité. Pour
que peu ou pas de traitement. Cet objec­      té, le contexte juridique favorable. Autant          nous qui agissons dans le domaine
tif, nous y sommes restés fidèles jusqu’à     de points importants pour une start-up.              pharmaceutique, la prospérité à long
aujourd’hui.                                                                                       terme passe toutefois par une innova­
                                              Et aujourd’hui, le siège social d’Actelion           tion en continu : nous devons chaque
En tant que créateur d’entreprise, en tant    à Allschwil compte pas moins de 1.000                année présenter de nouveaux médica­
que médecin, je considère que le patient      employés. Mais pour réaliser un tel déve­            ments sur le marché. Et si nous avons
doit être au cœur du processus – amélio­      loppement, il était indispensable de dis­            actuellement autant de thérapies pro­
rer sa qualité de vie doit être la priorité   poser de spécialistes et de chercheurs de            metteuses dans nos cartons, si nous
absolue. J’ai toujours trouvé qu’il y avait   renom. Toute entreprise se voit confron­             avons pu, dans les dernières années
un côté magique à développer des médi­        tée au défi du recrutement de personnels             déposer des brevets couronnés de
caments – un petit comprimé peut chan­        qualifiés. Dans ce domaine aussi, la Régi­           succès, c’est également grâce au sou­
ger la vie de nos patients, l’améliorer. Et   on Bâloise dispose d’atouts dans sa man­             tien actif des autorités locales. Si nous
nous, les médecins savons bien ce que         che : la présence d’entreprises comme                n’avions pas eu la possibilité de recru­
cela représente de découvrir de nou­          Roche et Novartis nous permet de dispo­              ter rapidement des personnels issus
veaux traitements : en effet, nous ne trai­   ser d’un bassin d’emploi hautement qua­              du monde entier, sans trop d’obstacles
tons pas une pathologie anonyme – nous        lifié. En outre, la Région Bâloise exerce            bureaucratiques, nous n’aurions pas
soignons des personnes.                       une forte attraction sur les chercheurs :            connu le succès que nous pouvons
                                              aussi bien sur le plan économique que                constater aujourd’hui.
La Région Bâloise, pourquoi ?                 pour son haut niveau de qualité de vie et
Ceux qui ont créé cette entreprise avaient    la richesse de sa vie culturelle. Enfin, les         Je considère que si la Région Bâloise
auparavant fait une belle carrière dans       infrastructures de transport y sont bien             arrive à maintenir son avantage con­
la Région Bâloise. Nous connaissions sa       développées.                                         currentiel, si elle continue à favoriser
richesse particulière, cette énergie qui                                                           l’implantation de start-ups sur son
nous a tellement aidé pour créer notre        Outre ces facteurs externes, il va sans dire         sol, le rêve d’une Silicon Valley bâloise
entreprise. Et puis, il y avait également     que, pour se développer, une entreprise              deviendra tout à fait réalisable.

                                                                                                                                               13
www.schleiner.de
                                                                                          Ihre Energiewende beginnt auf:
                                                                                          www.naturenergie.de
                             Soins naturels
                             pour l’homme.                                                100 % Regional
                                                                                          100 % Ökologisch
                                                                                          100 % Günstig
                                                                                               www.naturenergie.de
         En accord avec l’être humain et la nature   www.weleda.ch

ad_packshot_98x143_CH_f.indd 1                                   30.11.15 16:55

                                                                                                 Des paroles aux actes n° 112

                                                                                                 Il n’y avait pas
                                                                                              assez de place sur la
                                                                                              photo pour nos 3229
                                                                                               autres apprentis.
                                                                                                     Qui dit grande entreprise, dit grandes
                                                                                                responsabilités à l’égard de la société et de ses
                                                                                                 collaborateurs. C’est ainsi par exemple que le
                                                                                              groupe Coop propose 3271 places d’apprentissage
                                                                                                  dans les métiers les plus divers. En Suisse,
                                                                                                plus de 60% de nos apprentis sont embauchés
                                                                                                sous contrat ferme au terme de leur formation.
                                                                                                   Cet engagement a été récompensé par le
                                                                                                 «Grand prix de la formation professionnelle»
                                                                                                          de la fondation Hans Huber.
                                                                                                           des-paroles-aux-actes.ch
Pour une mise en œuvre
pragmatique de l’IIM
Une mise en œuvre pragmatique de l’IIM s’impose pour ne pas compromettre les accords bilatéraux
avec l’UE. Aux milieux économiques et politiques de jouer  !

Texte: Thomas B. Cueni

Tandis que les relations de la Suisse avec
l’UE n’ont pratiquement joué aucun              Intégration de la main d‘œuvre autochtone
                                                „Le monde économique et les politiques discutent en ce moment de la façon dont on pourrait mieux intégrer la main-d‘œuvre
rôle dans la campagne électorale natio­         intérieure dans le processus de travail. Plusieurs itinéraires peuvent y conduire. Je vais vous indiquer maintenant quelques uns
nale, il semble que cette thématique in­        de ces itinéraires ; dites-moi s.v.p chaque fois si l‘économie, à votre avis, s‘engage très fortement, assez fortement,
                                                assez faiblement ou très faiblement dans le sens respectif.“
téresse enfin les politiques et l’opinion.      Pourcentage de votants
C’est heureux car la mise en œuvre de
                                                Offrir des emplois aux jeunes „Offrir des emplois aux jeunes après leur formation.“
l’initiative contre l’immigration de mas­       Réintégrer les femmes „Réintégrer les femmes dans la vie professionnelle après la pause maternité.“
                                                Privilégier les Suisses „Il faut commencer par prospecter en Suisse pour pourvoir un poste.“
se (IIM) est probablement la principale         Maintenir les personnes âgées dans la vie active „Maintenir les personnes âgées plus longtemps dans la vie active.“
décision de politique économique des            Offrir des emplois aux jeunes
prochaines années. Indubitablement,                                 21                                                    41                         3                        29                6

son application à la lettre contredit le        Réintégrer les femmes
principe de libre circulation des per­                    13                                                42                                 6                         33                     6

sonnes et, en raison de la clause guil­        Privilégier les Suisses
lotine, entraînerait la dénonciation de                        17                                            35                            7                        31                     10
l’ensemble des accords bilatéraux avec          Maintenir les personnes âgées dans la vie active
l’UE. Les conséquences seraient gra­                  8                                29                                 9                               39                          15
ves pour la place suisse en général et
                                                  très fortement                      assez fortement                      ne sais pas / pas de réponse        assez faiblement    très faiblement
l’industrie pharmaceutique en parti­
                                               Source: gfs.bern, Avenir des accords bilatéraux, 2e vague, octobre 2015 (N=2525)
culier. Nous avons donc besoin d’une
mise en œuvre pragmatique de l’IIM,
n’entraînant pas une rupture avec les         l’exportation. Des contrôleurs étran­                                                     des milieux économiques. À eux de mi­
accords bilatéraux. Ceux qui attendent        gers viendraient inspecter la qualité de                                                  eux souligner l’importance des accords
la solution de Bruxelles se font autant       la production en Suisse, d’où des coûts                                                   bilatéraux. En effet, l’immigration est
d’illusions que les auteurs de l’initiative   supplémentaires. En outre, la dispari­                                                    largement critiquée: plus de la moitié
RASA: avec seulement 45% d’avis fa­           tion de l’accord sur la recherche affaibli­                                                des personnes interrogées la consi­
vorables avant le début de la campag­         rait le site scientifique suisse. La place                                                dèrent comme problématique (pression
ne (étude de gfs), celle-ci mène dans         pharmaceutique bâloise serait particu­                                                    sur les salaires, chômage, hausse des prix
l’impasse d’où elle veut faire sortir.        lièrement touchée.                                                                        du logement, etc.). Les entreprises ont
                                                                                                                                        tout intérêt à prendre ces soucis au séri­
Dans la difficile recherche de solutions      Une enquête représentative réalisée                                                       eux et à s’y atteler activement. Concrète­
à la quadrature du cercle entre mise          par gfs.bern sur mandat d’Interpharma                                                     ment, elles doivent prouver dans les
en œuvre de l’IIM et maintien des ac­         en octobre auprès de 2 500 électeurs                                                      faits qu’elles exploitent mieux que par
cords bilatéraux, la politique n’est pas      montre que le pragmatisme est seul                                                        le passé le potentiel de main-d’œuvre
seule concernée, mais aussi les milieux       majoritaire pour les relations avec l’UE:                                                 autochtone (jeunes, femmes, plus de
économiques. Ainsi l’industrie phar­          64% des personnes interrogées se sont                                                     55 ans), réduisant ainsi l’immigration.
maceutique s’engage-t-elle pour le            prononcées pour une mise en œuvre                                                         Mais les politiques doivent aussi prendre
maintien des accords bilatéraux. S’ils        flexible de l’IIM, 28% seulement pour                                                     des mesures pour amortir les problèmes
étaient résiliés, les laboratoires suisses    une application à la lettre, même si cela                                                  d’une immigration non limitée (droit
auraient non seulement du mal à recru­        mène à une résiliation des accords bi­                                                    d’asile, abus réels ou supposés des pres­
ter du personnel qualifié dans l’espace       latéraux. Une adhésion à l’UE n’est pas                                                   tations sociales, etc.).
européen, mais aussi des difficultés à        non plus majoritaire. Et voici un résultat
l’exportation du fait de la disparition de    préoccupant : ceux qui considèrent les                                                    Du succès de ces deux facettes dépend
l’accord sur les obstacles techniques au      accords bilatéraux comme avantageux                                                       l’avenir de la Suisse en tant que place
commerce. Ainsi ne serait-il plus possi­      représentaient 55% en février 2015, alors                                                 économique solide grâce à l’accès
ble que des entreprises suisses réalisent     qu’ils ne sont plus que 43% actuelle­                                                     simple au marché de l’UE.
le contrôle de qualité des charges pour       ment. Ceci doit mettre la puce à l’oreille

                                                                                                                                                                                                     15
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