Retour sur confinements - Jean-Michel Le Calvez
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MAGAZINE DE SCIENCES PO BORDEAUX [HORS-SÉRIE-HIVER 2020] [ SPÉCIAL COVID-19 ] Retour sur confinements Depuis près d'un an, Sciences Po Bordeaux, à l'instar du monde entier, a totalement modifié son fonctionnement. Il fallait garder la trace de cette période inimaginable : chroniques polyphoniques d'une grande école en temps de pandémie.
GRAND SUCCÈS DE LA JPO VIRTUELLE S A M E D I 2 3 J A N V I E R 20 21 , 10 H – 17 H Du fait des mesures de protection sanitaire, il n’a pas été possible d’organiser une Journée Portes Ouvertes en présentiel. Sciences Po Bordeaux a donc conçu tout un dispositif pour accueillir sur le mode virtuel les éventuels candidats et leurs parents. Les statistiques de la journée sont impressionnantes : • 3.361 visites de nos locaux en utilisant la « visite immersive » • 1.030 connexions aux 4 visioconférences organisées dans la journée (chacune d’entre elles ayant une « jauge » maximum de 300 connexions) • 2.876 visites de la page « JPO » •1 .359 connexions sur la page « Admissions » de Sciences Po Bordeaux • 75 entretiens individuels avec un membre de la team « Admissions » • 770 vues sur la chaîne YouTube d’au moins une des vidéos mises en ligne N’OUBLIEZ PAS : respect du calendrier Parcoursup pour candidater à Sciences Po Bordeaux qui a ses propres dispositifs de sélection pour l’entrée en 1A (Filière générale et Filières binationales intégrées).
Faire face À situation exceptionnelle, publication exceptionnelle. la Bibliothèque et de la Documentation a rivalisé d’imagina- Voilà plusieurs mois qu’Expression[S], le magazine de tion pour proposer très vite l’équivalent d’un click’n collect Sciences Po Bordeaux, n’est pas paru quand deux livraisons digne des plus grandes librairies, en respectant là aussi les par année universitaire rythment, à leur manière, la com- mesures de précaution sanitaire. La Formation continue a munication régulière de notre École. Nous avons envisagé adapté totalement son offre en faisant en sorte de convertir depuis décembre 2019 plusieurs dossiers et pratiquement les enseignements dispensés par des visioconférences et finalisé le contenu de deux numéros entiers. À chaque fois, autres modules à distance. Cela a concerné aussi les uni- comme s’il s’agissait d’un triste rituel d’ailleurs, les événe- versités d’été de telle ou telle de nos Chaires. Du côté de la ments provoqués par la pandémie de la Covid-19 nous ont DSI, il a fallu répondre très vite aux nouvelles contraintes conduits à tout remettre à plat. Ce que nous évoquions, ce techniques provoquées par la généralisation du télétravail que nous décrivions et présentions, n’avait plus lieu d’être et et des enseignements à distance et engager de très grosses se trouvait remplacé par telle ou telle autre pratique péda- dépenses d’investissement pour tenter de faire face au gogique, procédure institutionnelle, etc. Nous avons choisi, mieux à une situation inédite dans l’histoire de l’ESRI en quand même, de braver le cours du temps et surtout de France. Les collègues du service Patrimoine et de l’Entretien témoigner d’une partie seulement, faute de place, de tout ont eux-aussi paré au plus pressé, répondant présents en ce que nous avons conçu en termes d’enseignement, de permanence. Le service RH a dû mettre en place la paie des fonctionnement de l’Institut, d’organisation des épreuves mois d’avril, mai et juin, dans des conditions très compli- d’entrée ou de passage en année supérieure. Pour garder quées. Tout comme la DAF pour le paiement de toutes les une trace en quelque sorte. factures. Tous les collègues enseignants sont parvenus à Il ne nous a pas été donné la possibilité de présenter dans ces assurer la continuité pédagogique jusqu’à la fin de l’année pages, service par service, discipline par universitaire. Les « Admissions », nous en discipline, centre de recherche par centre parlons dans ce numéro, ont modifié en de recherche, l’éventail des actions mises urgence les procédures de sélection alors en place depuis la décision de fermeture même que s’inaugurait, pour nous, le de Sciences Po Bordeaux qui a pris effet, dispositif Parcoursup. du fait des mesures gouvernementales, Avec les quelques mois de recul dont le mardi 17 mars à midi. Qu’il me soit nous disposons, je me dis que nous permis d’évoquer ici celles et ceux qui ne avons traversé cette période dans un sont pas suffisamment mentionnés dans esprit de cohésion et de solidarité col- ce « Hors-Série ». Les services Scolarité lective absolument remarquable. Nous d’abord ont été les premiers impactés (et sommes, en comparaison avec les uni- le restent encore aujourd’hui) quand il a versités, un établissement aux effectifs fallu, en une semaine, reconvertir tous les très réduits. Cela constitue notre force, enseignements pour les passer « à dis- notre richesse et notre agilité. Mais par tance ». On n’imaginait pas auparavant gros temps, lorsque toutes les habitudes l’ampleur de la tâche dans ses aspects sont remises en question, lorsque plus les plus pratiques : connexions internet, rien ne ressemble à ce que nous avons équipements, etc. L’organisation des exa- coutume de faire, le caractère réduit de mens de fin d’année a été bouleversée en quelques jours. La direction des Relations ÉDITO nos moyens humains peut se révéler por- teur de grandes fragilités. Collectivement internationales a été confrontée au suivi nous avons su faire face. C’est, incontes- des élèves partis en scolarité à l’étranger, Par Yves DÉLOYE, tablement, ce dont je suis le plus fier, en certains ne voulant pas revenir, d’autres directeur de ma qualité de directeur de Sciences Po voulant rapidement retrouver le domicile Sciences Po Bordeaux Bordeaux. Cette fierté je veux la partager parental. Chaque pays, sur la planète, a avec toutes celles et tous ceux qui font généré un traitement particulier. Quant vivre notre École, au jour le jour, au profit aux élèves étrangers accueillis à l’Institut constant de nos élèves. Je souhaite la il a fallu maintenir un contact direct pour partager d’autant plus aisément qu’elle les accompagner parfois dans une grande vous appartient et qu’elle vous revient. précarité provoquée par le confinement et l’isolement qu’il a induit. Le service de Yves Déloye Hors-série | Le magazine de Sciences Po Bordeaux | 3
[ SPÉCIAL COVID-19 ] SOMMAIRE PA G E S 6 À 1 1 PAGES 6 31 à PA G E S 12 - 13 INTERVIEW DU DIRECTEUR DE SCIENCES PO BORDEAUX Tout a commencé SUR LA GESTION DE LA CRISE COVID-19 un vendredi 13 mars … « Assurer PA G E 14 PA G E 1 5 nos missions, La recherche Stages : rassurer en SHS et la Covid-19 L’esprit commandos ! les élèves » 4 | Le magazine de Sciences Po Bordeaux | Hors-série
PA G E S 18 À 21 ENQUÊTES SOUS COVID-19 PA G E S 22 - 23 LES RÉPONSES DE L'INSTITUT PA G E 24 PA G E 2 5 I T W D A R I O B AT T I S T E L L A IT W PERRINE BAUMANN « Un phénomène Des admissions d’accélération sous Covid d’innovation pédagogique » PA G E 26 JPPJV : poursuite de l'effort de diversité PA G E 27 PRÉVENTION DES RISQUES : un métier d’actualité PA G E S 28 - 29 PA G E S 3 0 - 31 YANN BUBIEN [ PROMO 1993 ] MICHEL LAFORCADE [ PROMO 1980 ] « Nous avons appris de la première La santé publique vague » comme fil de vie [ À NE PAS MANQUER ] PA G E S 16 - 17 PAUL WOLFF PA G E S 32 - 33 PA G E 3 4 DIDIER CHABAULT ROBERT LAFORE Confinement, Prière de Chercher, déconfinement ne pas trop enseigner et mobilité s’éloigner et servir Expression(S) est le magazine d’information de Sciences Po Bordeaux. « Les instituts ont pour mission de donner à des étudiants, qu’ils se destinent ou Parution : octobre et mars sauf Hors-série | Directeur de la publication : Yves DÉLOYE | non à la fonction publique, une culture Directeur éditorial : Jean PETAUX | Comité de pilotage : Jean PETAUX, Myriam AUDIRAC CERVERA, SERVICE COMMUNICATION, RELATIONS EXTÉRIEURES ET INSTITUTIONNELLES administrative générale. Ils le feront Marine PELLIZZON, Laurène SECONDÉ | Rédaction en chef : Jean-Michel LE CALVEZ | Photographies et illustrations : 11, allée Ausone - Domaine universitaire - 33607 PESSAC CEDEX avec l’esprit d’indépendance et de Tél. : 05 56 84 42 52 désintéressement qui sont le propre de Laurent WANGERMEZ - DR | Direction artistique, maquette et création : Thierry PIERS | Imprimerie : LAPLANTE | l’université ». ISSN : 1635-3102 www.sciencespobordeaux.fr Ordonnance N°45-2283 du 9 octobre 1945, portant création Date de publication : Expression(S) HS : 8 février 2021 communication@sciencespobordeaux.fr des Instituts d’Études Politiques. Hors-série | Le magazine de Sciences Po Bordeaux | 5
[ SPÉCIAL COVID-19 ] Deux missions essentielles : former et professionnaliser Continuer coûte que coûte en restant à l'écoute Administration, admissions, enseignement, recherche, documentation, stages, échanges internationaux, formation continue, vie étudiante : tous les services ont été impactés par les mesures de précaution sanitaire. Illustrations. Et puis grâce au réseau de nos Alumni : élargissement de la perspective avec les témoignages exceptionnels du DG du CHU de Bordeaux, Yann Bubien et du "patron" de l'ARS Nouvelle-Aquitaine, Michel Laforcade. Hors-série | Le magazine de Sciences Po Bordeaux | 7
[ SPÉCIAL COVID-19 ] I N T E R V I E W D U D I R E C T E U R D E S C I E N C E S P O B O R D E A U X S U R L A G E S T I O N D E L A C R I S E C O V I D - 19 « Assurer nos missions, rassurer les élèves » Expression[S] a interrogé Yves Déloye sur la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19 par Sciences Po Gouverner, c’est prévoir. Sachant Quelles ont été les décisions les plus importantes Bordeaux à l’occasion du que la décision du confinement a qui ont été prises ce vendredi 13 mars 2020 ? surpris tout le monde et que son premier confinement de La première a été d’attribuer au directeur un pouvoir effet a été immédiat, comment mars 2020. Un deuxième l’établissement s’est-il organisé plus important que d’ordinaire pour lui permettre confinement, début en interne pour « gérer » dans l’ur- de prendre toutes les décisions qui s’imposent. La gence les premiers jours de crise du deuxième a été d’informer, dès le 13 mars 2020, les novembre, est venu étudiants qu’ils pouvaient rentrer chez leurs parents, Coronavirus à la mi-mars 2020 ? bousculer de nouveau la notre objectif alors a été de ne pas les rappeler à scolarité en cours. Retour Les établissements d’enseignement su- revenir à l’Institut puisqu’il ne restait à cette date périeur et de recherche ont l’obligation de qu’un mois de cours environ. La troisième a été de sur une année improbable. disposer d’un plan de continuité d’activité suspendre les enseignements jusqu'au 27 mars 2020 (PCA). Celui-ci cherche à anticiper les situa- pour nous permettre de nous organiser et mettre en tions de crise et de rupture. Il permet donc, place les cours à distance. lorsque cela est arrivé en mars 2020, de les aborder dans les moins mauvaises conditions. Avec le recul, estimez-vous que l’école était Ce plan prévoit en particulier des procédures bien structurée pour faire face à une telle si- qui permettent d’assurer un certain nombre de tuation, imprévue et hors normes ? Autrement tâches indispensables à la vie de l’école, sur le plan dit, quelles ont été ses « forces » et les « points administratif et financier notamment. Compte tenu d’amélioration » que vous avez relevés à cette de l’annonce inédite du Président de la République occasion ? le 12 mars de fermer les universités, nous avons été Sciences Po Bordeaux s’est appuyé sur son « agilité dans l’obligation d’actualiser ce PCA dans l’urgence. structurelle » pour mettre en place une cellule de crise et « basculer » très rapidement dans un autre type de gouvernance et d’organisation. Cela nous a évité, par exemple, une rupture de charge sur le plan administratif. Ensuite, une mobilisation très forte Dès le vendredi 13 mars au matin, nous avons s’est orchestrée pour faire en sorte que le télétravail devienne la norme alors que la pratique concernait activé une réunion de crise à cet effet. Il se jusqu’alors une petite partie du personnel, à raison trouve que, par le plus grand des hasards, d’une journée par semaine seulement. Cette phase a nécessité de trouver des solutions informatiques et un nous avions programmé ce même jour à 14h accompagnement adapté pour celles et ceux qui en un Conseil d’administration, ce qui a permis avaient besoin. Ceci a constitué assurément un point fort. En revanche - et c’est un point d’amélioration d’entériner les décisions prises quelques heures majeur - nous n’étions pas équipés pour assurer des plus tôt et de les codifier juridiquement dès visioconférences de qualité. Nous avons testé dans l’urgence plusieurs dispositifs. L’apprentissage a été l’après-midi-même. douloureux et a entraîné quelques difficultés. Après études, nous avons opté pour la rentrée 2020-2021 sur la solution Zoom Institutionnel qui est aujourd’hui bien rodée. 8 | Le magazine de Sciences Po Bordeaux | Hors-série
[ SPÉCIAL COVID-19 ] Le travail à distance ne se Yves Déloye décrète pas dans une situa- tion de crise où l’on pare au plus pressé. Nous n’avons pas eu le temps de réfléchir au scénario, même si nous voyons en cette période de deuxième confinement que nous tirons profit de l’expérience acquise lors du premier confinement. Cette crise a mis en évidence l’importance du travail à distance, avec ses atouts mais aussi ses limites. Quelle est votre analyse sur cette ques- tion qui est devenue prégnante au sein de toute organisation ? L’analyse montre que le télétravail est diversement apprécié. Il participe à offrir une plus grande autono- mie pour certaines personnes alors que d’autres ont éprouvé des difficultés à différencier vie profession- nelle et vie personnelle. Nous avons d’ailleurs, grâce à notre ingénieure Prévention, édité un « Guide du télétravail » pour informer la totalité des agents sur ce dispositif et faire en sorte de prévenir les risques professionnels induits. Sur le plan pédagogique, de scolarité, qu’une partie de nos élèves ont ressenti ma conviction profonde est qu’un enseignement en un stress important pendant le confinement en lien présentiel ne peut pas être dupliqué purement et avec la validation des enseignements à distance ou simplement en distanciel. Si le retour au présentiel l’homogénéisation des conditions de validation de reste notre priorité et le cœur de nos métiers, l’ensei- leur diplôme en distanciel. gnement à distance offre de nouvelles interactions et Justement, êtes-vous satisfait des choix opé- de réelles capacités d’initiatives. Je note d’ailleurs que rés en matière d’adaptation des modalités nous n’avons jamais autant réfléchi à nos pratiques d’examen pour les étudiants 2019-2020, mais pédagogiques que depuis le mois de mars 2020… aussi ses procédures d’admission pour l’année 2020-2021 ? Que retenez-vous justement des résultats de l’enquête auprès des étudiants sur l’enseigne- Concernant le maintien des examens, nous avons ment à distance assuré par l’école pendant la dit clairement qu'ils auront lieu. L’expérience montre crise, de début mars à mi-avril 2020 ? qu’il faut en période de crise, rassurer les étudiants et leur montrer que tout est fait pour leur permettre Une grosse majorité d’étudiants a validé positive- de suivre une scolarité qui débouche sur une diplo- ment les efforts effectués par l’école. Des élèves ont mation normale malgré des circonstances excep- exprimé une insatisfaction plus ponctuelle, liée à tel tionnelles. À ce titre, nous avons aidé grâce à notre ou tel enseignement, à telle ou telle décision. Il ne fonds social les élèves en fragilité numérique dont faut pas oublier non plus que des enseignantes, des les ressources étaient limitées. Conformément aux enseignants et des élèves ont été confrontés en pé- directives du ministère, nous avons aussi validé les riode de confinement à des problèmes techniques, de semestres de mobilité et les stages quand ils ont été matériels ou de connexion internet, plus encore à des écourtés. Les évaluations du semestre ont par ailleurs difficultés d’ordre psychologique que nous tentons été effectuées, ce qui était une de nos priorités. Si tout aujourd’hui de prendre mieux en compte. Au regard n’a pas été parfait, je pense que le bilan est plutôt de tous ces éléments, nous n’avons peut-être pas été positif dans le sens où l’école a rempli son obligation assez sensibles à leur charge de travail. Je note aussi, de moyens. Les examens ont bien eu lieu, à distance, malgré le gros travail d’information et de communi- selon un modus operandi qui a été finalement cation à leur encontre et l’empathie des gestionnaires favorable aux étudiantes et aux étudiants. J’en veux Hors-série | Le magazine de Sciences Po Bordeaux | 9
[ SPÉCIAL COVID-19 ] La Bibliothèque et la salle A.002 ont été ouvertes aux élèves dans le respect des gestes barrières, en utilisant l'appli @Affluences pour réserver sa place. pour preuve le taux de mention qui a augmenté par 25 et 26). Je considère, au vu des circonstances, que rapport à l’année précédente. Voilà pour les étudiants nous nous en sommes fort bien « sortis » et d’ailleurs de l’année 2019-2020. Quant aux concours d’entrée à nous n’avons pas eu de remise en cause des procé- Sciences Po Bordeaux pour l’année 2020-2021, tous dures de remplacement élaborées dans l’urgence, le ont été adaptés. 16 mars, veille de notre fermeture au public. La rentrée, début septembre 2020, s’est effec- tuée dans des conditions « particulières » alors qu’un nouveau confinement a été décidé début Je veux saluer plus particulièrement la souplesse novembre. Comment l’école vit-elle cette fin d’année ? et la réactivité de nos équipes qui ont été en capacité d’assurer un concours à Bac zéro Personne n’imaginait au sein de l’école que le virus al- lait disparaître comme par enchantement à la rentrée doublement extraordinaire. Outre le fait qu’il se de l’année universitaire 2020-2021, début septembre. Le confinement que nous vivons encore actuellement soit déroulé en période de confinement, celui-ci le confirme malheureusement. Nous nous adaptons rentrait pour la première fois dans le cadre du de nouveau. Tous les cours sont dispensés à distance jusqu’à une date encore indéterminée et nos services dispositif national Parcoursup. de scolarité sont passés en télétravail. Nous assurons donc pleinement nos missions. Dans le même temps, nous continuons de communiquer avec nos élèves. Nous les accueillons physiquement dans nos locaux Cette nouveauté s’est traduite par une envolée du sur rendez-vous et conservons avec eux des liens nombre des candidatures reçues, en hausse de 85 %, permanents pour les tenir au courant de la situation. pour attendre le chiffre record de presque 5 000 Nous actualisons à ce titre régulièrement la FAQ de dossiers pour la seule filière générale. Contrairement notre site, informons par Facebook et Twitter, met- au réseau des IEP en région (Aix, Lille, Lyon, Rennes, tons en place des e-conférences, etc. Toulouse, Saint Germain-en-Laye et Strasbourg) et à Nous sommes au début de l’année 2021. Dans son Sciences Po Grenoble, nous avions fait le choix, dès allocution du 7 janvier, le premier ministre Jean septembre 2019, de ne pas organiser d’épreuves Castex n’a absolument pas évoqué la situation écrites pour l’entrée en Première année (Filière géné- des établissements d’enseignement supérieur. rale et Filières binationales intégrées). Nous n’avons Qu’en est-il des perspectives ? donc pas eu à les supprimer dans l’urgence du fait de la pandémie, comme nos collègues des autres Nous avons reçu de notre tutelle une série d’instruc- Instituts. Nous avons dû surseoir, en revanche, aux tions le 19 décembre 2020. Elles étaient très géné- épreuves orales prévues du 14 au 31 mai 2020 pour les rales et concernaient, entre autres, la situation des candidates et candidats admissibles. Mais nous avons étudiantes et des étudiants considérés comme étant compensé par un investissement lourd sur l’examen les plus fragiles et nécessitant donc, à la rentrée de de leurs dossiers de candidatures (lire aussi pages janvier 2021, une attention toute particulière. Mais il 10 | Le magazine de Sciences Po Bordeaux | Hors-série
[ SPÉCIAL COVID-19 ] faut bien comprendre que cette circulaire s’adressait d’abord aux universités et ne concernait pas directe- ment les grandes écoles, encore moins précisément les Instituts d’Études Politiques à proprement parler. Nous avons anticipé ces instructions ministérielles dès avant le départ en vacances de Noël, les élèves l’ont constaté, en organisant une grande enquête La vie de Sciences Po Bordeaux et à Sciences auprès de nos 2.000 élèves, en premier, deuxième Po Bordeaux continue même s’il faut encore, et et troisième cycle (post-diplôme). Nous avons reçu 1020 réponses, ce qui est très intéressant comme pour une durée indéterminée à ce jour, le faire à taux de retour. Nous publions d’ailleurs dans les distance. Nous continuons à faire bon gré contre pages de ce numéro spécial d’Expression[S] quelques données de cette enquête (lire page 18). Notre souci mauvaise fortune. est quadruple : identifier les besoins ; répondre aux problèmes en traitant les situations qui nous sont présentées ; poursuivre les enseignements à un haut niveau qualitatif pour garantir une diplomation inchangée ; permettre à toutes et à tous de vivre le moins mal possible la période actuelle. Nous avons tous les membres de notre communauté : les ensei- mis à disposition une grande salle de cours, facile gnantes et les enseignants permanents ou vacataires ; d’accès, pour les élèves qui veulent venir à l’Institut les chercheuses et les chercheurs ; les personnels ad- travailler, de même que les horaires d’ouverture de ministratifs et techniques ; les élèves et toutes celles la Bibliothèque ont été élargis entre 10h et 17h, dès et ceux qui avaient pris l’habitude de fréquenter nos le 4 janvier, pour mieux accueillir là aussi les élèves. locaux à la faveur de telle ou telle manifestation ou Il suffit qu’ils réservent leur place sur l’application rencontre. Nous sommes très conscients de cela et @ Affluences App. Nous avons aussi sollicité nos nous échangeons beaucoup avec des élus étudiants élèves de première année pour leur proposer un qui assument, avec responsabilité, leur rôle de repré- tutorat hebdomadaire. Nous n’avons pas de visibilité sentants des élèves. En l’état actuel de la situation, au sur le retour à une vie associative comparable à ce début du mois de janvier 2021, je me garderai bien de que nous connaissons à Sciences Po Bordeaux depuis la moindre prévision. La seule chose dont je suis plei- des années. Cela impacte par exemple les activités nement sûr, à l’aune de tout ce que nous avons fait sportives, dont on ne dira jamais assez l’importance depuis le début de la pandémie, c’est que nous ferons dans la construction du lien social entre tous nos en sorte d’assurer pleinement notre mission d’éta- élèves. Cette incertitude fonctionnelle et désormais blissement d’enseignement supérieur en donnant le structurelle pèse lourdement sur l’état d’esprit de maximum pour être aux côtés de nos élèves. [ 13 mars 2020 – 14h ] Bernard Cazeneuve ouvre la séance… Ce devait être un Conseil d’Administration comme il s’en tient plusieurs dans l’année, calé de longue date compte tenu des agendas des uns et des autres. Cela restera une date marquante de l’histoire institutionnelle de l’école. « Le Président Bernard Cazeneuve ouvre la séance à 14h00. Il donne hydroalcoolique encore balbutiant. À l’échelle de la crise sanitaire, lecture de la liste des membres excusés et des procurations. Vincent les mois s’apparentent parfois à des années ! Cette priorité donnée à Tiberj indique que le directeur, Yves Déloye, rejoindra le Conseil après l’actualité brûlante s’est traduite ce jour-là par une délibération impré- une réunion téléphonique avec le recteur délégué à l’ESRI, compte vue rajoutée au dernier moment à l’ordre du jour. Elle a porté sur une tenu des circonstances (Covid-19) ». Ainsi commence le PV du Conseil délégation exceptionnelle Covid-19 destinée à donner au directeur d’Administration de Sciences Po Bordeaux du vendredi 13 mars 2020. de l’établissement ou à son représentant « les moyens de réformer Le lieu de réunion du CA est à la hauteur de ce que chacun pressent le règlement des études et des examens et de prendre les mesures comme un moment d’exception : la salle Copernic où se tiennent en nécessaires à l’adaptation des épreuves d’entrée en 1A, 3A et 4A, par règle générale les CA avec un public au coude à coude, a été abandon- exemple la suppression des oraux pour l’entrée en 4A ». née au profit de l’amphi La Boétie : 150 places disponibles pour une Le PV du CA précise enfin que « le Président Bernard Cazeneuve in- grosse trentaine de personnes physiquement présentes. La « jauge dique que tous les responsables sont dans l’incapacité de se pronon- Covid » est déjà appliquée avant d’avoir vu le jour. cer sur les risques liés à la situation présente. Dans ces circonstances, S’ensuit une longue liste de décisions propres à la vie de l’école, de il estime qu’il faut s’abstenir de commenter et appliquer les consignes présentation de données financières, de délibérations soumises au nationales. Il ajoute que le CA pourrait, si nécessaire, se réunir aussi vote, de bilans, de rapports ou encore de comptes rendus, comme de façon « numérique » ». Personne n’imaginait alors que l’exception celui sur la qualité de vie au travail qui aurait dû mobiliser les esprits. allait finalement devenir la règle, toujours en vigueur près d’un an plus Si ces points fixés à l’ordre du jour ont été évoqués et donc consi- tard… Les termes « distanciels » et « présentiels » n’avaient pas encore gnés, la crise sanitaire a cristallisé les attentions à une époque où les envahi notre vocabulaire quotidien. masques étaient réservés au personnel soignant et l’usage du gel Hors-série | Le magazine de Sciences Po Bordeaux | 11
[ SPÉCIAL COVID-19 ] Tout a commencé un vendredi 13 mars … Voilà près d’un an que la Covid-19 a débarqué Les esprits superstitieux se list. Il n’indique pas en revanche la mise en œuvre opé- d’Asie, obligeant notre souviendront que le jour le plus rationnelle dans une conjoncture fluctuante avec des établissement à intervenir invraisemblable de l’histoire injonctions des autorités qui changeaient parfois d’une de Sciences Po Bordeaux a bas- semaine à l’autre »… dans l’urgence pour culé un vendredi 13 du mois de s’adapter à une situation mars de l’an 2020. Yves Déloye, Baisser de rideau « extraordinaire ». Retour directeur de l’établissement, Sciences Po Bordeaux, après avoir conseillé à ses revient dans son interview sur sur le versant pédagogique les décisions prises ce matin-là, étudiants de rentrer chez eux, a fermé ses portes au de cette crise sanitaire qui entérinées quelques heures plus public le lundi 16 mars 2020, anticipant un confine- ment général annoncé le soir même par Emmanuel a bousculé les habitudes tard par un Conseil d’Administration Macron. « Une permanence a été organisée la première prévu de longue date (lire page 10 d’enseignement de l’école. et 11). Ce concours de circonstances semaine pour permettre au personnel de venir chercher a contribué à la mise en place d’une du matériel, notamment informatique. Ensuite, l’éta- organisation que l’on pourrait qualifier blissement a été totalement fermé, à l’exception d’une de « militaire » pour rebondir sur les propos du Président de la République qui affirmait à la télévision « que nous étions en guerre contre le Coronavirus ». Emmanuel Nadal, aujourd’hui Direceur Général des Services (DGS) , alors adjoint du Secrétaire Général Didier Chabault qui a fait valoir ses droits à la retraite fin 2020, nous rappelle le contexte particulier de ce jour le plus long. « Une semaine avant l’annonce du chef de l’État de fermer les établissements universi- taires, nous avions élaboré différents scénarios de crise à travers un plan de continuité d’activité (PCA), même s’il était difficile d’anticiper les événements. À l’ordre du jour de ce Conseil d’administration, nous avions prévu une restitution sur la qualité de vie au travail où il était notamment question de télétravail. Quand on pense à ce qui s’est passé ensuite, cela semble surréaliste ». Les décisions et actions se sont alors enchaînées, avec deux idées directrices qu’Emmanuel Nadal résume ainsi. « Le premier objectif était de donner à l’ensemble de nos collègues les moyens d’assurer un niveau d’ac- tivité variable selon les services ; le second consistait à réfléchir au dispositif pédagogique à mettre en œuvre pour maintenir la poursuite de l’enseignement. Pour cela, une cellule de crise resserrée s’est mise en place autour du directeur qui, comme l’autorise le règlement, s’est vu attribuer « les pleins pouvoirs ». La Direction des études et les Scolarités, les services des Relations internationales, des Stages et de la Communication ont donc fait bloc autour d’Yves Déloye à travers une gouvernance souple et réactive. « Un PCA donne une Emmanuel Nadal trame des actions à réaliser, sur le principe d’une check- 12 | Le magazine de Sciences Po Bordeaux | Hors-série
[ SPÉCIAL COVID-19 ] Elsa Simon Florie Brangé fenêtre de tir le jeudi matin pour récupérer le courrier et de nouvelles pratiques » soulignent, bienveillantes, des livraisons. Certains services, comme les ressources les membres de la cellule d’ingénierie pédagogique humaines par exemple, continuaient exceptionnel- de Sciences Po Bordeaux. « En revanche, beaucoup lement à venir pour des questions de sécurité ou de d’enseignantes et d’enseignants ont profité de cette praticité. Sinon, l’école était déserte » poursuit le DGS. situation imposée pour mettre en place avec les élèves « La charge de travail s’est concentrée sur les chefs de des innovations pédagogiques très stimulantes ». Ce service et les fonctions ressources. Il était nécessaire de grand écart des comportements à l’égard de l’ensei- nous concerter les uns les autres, d’organiser les actions gnement à distance – qui tient plus à un état d’esprit à mettre en œuvre et de communiquer sur les décisions qu’à une question d’âge selon différentes sources prises, le tout dans un délai réduit avec des itérations internes – a fait l’objet de nombreux commentaires plus compliquées qu’en temps normal ». des étudiantes et des étudiants sondés dans le cadre d’une enquête Covid-19 sur leurs conditions de vie et La continuité pédagogique : d’études à distance pendant le premier confinement la priorité de l’établissement (lire à partir de la page 19). Florie Brangé et Elsa Simon, ingénieures pédago- Des tests en grandeur nature giques, ont été les chevilles ouvrières de la continuité des enseignements à Sciences Po Bordeaux. L’école Presque un an après le début du premier confinement, a pris d’emblée la décision de passer l’enseignement la cellule d’ingénierie pédagogique tire de nombreux en distanciel et de maintenir les examens « coûte enseignements de cette période hors normes. L’école que coûte », une formule chère au Président de la a testé en grandeur nature et sans filets des mesures République. « Dès le 10 mars 2020, le ministère lais- qui ont globalement toutes bien fonctionné. « Lors sait entendre que nous serions amenés à pratiquer des examens, de fin avril à début mai 2020, l’une de nos l’enseignement à distance. Nous avons profité de la craintes était de savoir si les serveurs allaient tenir. Il n’y première semaine de confinement pour informer les a pas eu de fausses notes heureusement » poursuivent enseignants, assurer des formations auprès d’eux sur le Florie Brangé et Elsa Simon. Idem pour le dispositif de télé-enseignement, tester des outils de visioconférence dépôt des copies ou de corrections en ligne. La fin de avec les services techniques et, bien évidemment, l’année universitaire a été l’occasion de valider le choix accompagner les services de la scolarité avec qui nous de la plateforme Zoom Institutionnel puis de préparer n’avions jamais autant travaillé ». Au fil des semaines les tutoriels correspondants pour la rentrée 2020- et des mois, le dispositif d’accompagnement pédago- 2021. Une nouvelle année universitaire marquée par gique s’est étoffé avec la mise en place de formations, le rebond de l’épidémie. « Le confinement a focalisé de tutoriels et de webinaires. « Le caractère soudain l’attention sur nos outils et sur nos pratiques pédago- du passage d’un enseignement dispensé en présence giques à distance. Grâce aux évolutions enregistrées, des élèves à des cours présentés à distance a provo- nous sommes clairement mieux armés aujourd’hui que qué une forme d’anxiété chez certains enseignants, l’an dernier pour faire face aux conséquences de la crise auxquels se sont ajoutés des problèmes de connexion sanitaire ». À chaque chose malheur est bon… qui ont plutôt accentué les difficultés. Il n’était pas forcément évident pour eux dans le climat du premier confinement de se plonger du jour au lendemain dans Hors-série | Le magazine de Sciences Po Bordeaux | 13
[ SPÉCIAL COVID-19 ] 3 QUESTIONS À VINCENT TIBERJ La recherche en SHS et la Covid-19 Le délégué à la recherche Quels ont été les impacts de la pandémie sur l’enseignement des méthodes d’analyse empirique à de Sciences Po Bordeaux, l’activité des deux centres de Recherche installés Sciences Po Bordeaux. Il faut également remercier les dans nos locaux : le CED et le LAM ? services documentaires qui ont fait beaucoup pour Vincent Tiberj, fait le répondre aux besoins de la recherche, notamment en bilan de l’impact de Beaucoup ont une image fausse du quotidien de la maintenant des guichets de retrait et en déployant recherche en sciences sociales : on nous voit trop sou- la pandémie sur la vent seuls face à nos livres et dans notre tour d’ivoire. les accès aux e-books et aux e-publications. Il y aura un avant et un après-Covid pour la recherche recherche depuis près Du coup, un confinement qu’est-ce sinon chercher à (en espérant que l’après arrive bientôt). Avant même d’un an et prolonge sa la maison plutôt qu’au bureau ? La Covid-19 a révélé les évènements de mars 2020, une réflexion sur combien cette idée est fausse. réflexion sur l’apport D’abord plusieurs doctorantes et doctorants ou cher- l’écoresponsabilité des recherches et des activités scientifiques s’est engagée et devra déboucher sur de des sciences humaines cheures et chercheurs invité•e•s se sont retrouvé•e•s nouvelles formes de socialisation et de valorisation dans la compréhension isolé•e•s dans des chambres universitaires. D’autres scientifiques. Les séminaires et les colloques sont des ont été bloqué•e•s à l’étranger en pleine phase de des effets sociaux et collecte des données. Plusieurs enquêtes de terrain moments importants, mais on doit inclure le bilan carbone de ces activités dans la politique scientifique politiques de la crise ont été interrompues ou reportées. Les équipes de l’établissement. Indubitablement, il va nous falloir sanitaire actuelle. administratives des centres (notamment le LAM) et apprendre à concilier les exigences d’une recherche l’école doctorale ont fait un travail remarquable d’ac- internationalisée et collaborative avec les coûts pour compagnement et de soutien notamment face aux l’environnement de nos travaux. situations les plus graves. Elles ont ainsi maintenu le lien. Il faut aussi saluer le prolongement des contrats La pandémie pose évidemment des questions doctoraux pour celles et ceux parmi les jeunes aux spécialistes des sciences humaines. Pouvez- collègues dont le travail de thèse a pâti du premier vous nous faire un rapide état des lieux des confinement. travaux engagés sur le sujet ? Et puis, la nécessité du collectif s’est fait sentir lors du premier confinement. L’arrêt au printemps des La pandémie nous rappelle combien les sciences séminaires et des rencontres scientifiques a empêché sociales sont importantes et qu’on ne peut laisser les confrontations, les découvertes et les dialogues aux seuls médecins la gestion de la Covid. Ce n’est qui nous construisent et nous font avancer scientifi- pas pour rien que le conseil scientifique mis en place quement. Cela a aussi rendu encore plus évidentes par l’exécutif compte notamment une anthropo- l’absence et la nécessité de cette socialisation scien- logue, Laëtitia Atlani-Duault et un sociologue, Daniel tifique de l’informel, celle des déjeuners, ou de la ma- Benamouzig, spécialiste des politiques de santé. Les chine à café. Ces microsocialisations n’ont rien d’un inégalités sociales, générationnelles et territoriales folklore, elles nourrissent les réflexions, permettent face à la maladie et ses conséquences économiques, de sortir de nos routines de pensées, de découvrir la confiance envers la science, la médecine et l’État, la d’autres manières de faire de la science et contribuent manière dont on peut associer citoyens, associations à professionnaliser les doctorants. et élus sont des problématiques de sciences sociales La recherche ne s’est pas arrêtée, cela se voit en et politiques. termes de publications, mais il faut rester attentifs Nous avons donc un rôle à jouer ; de ce point de vue, à maintenir les communautés scientifiques et rester notre communauté scientifique a répondu présente. inclusif. Pour les doctorantes et les doctorants recru- Plusieurs projets de recherche ont émergé pendant le té•e•s s en 2020, cela fait presque un an que les activi- premier confinement et témoignent de cette réacti- tés scientifiques se poursuivent « en mode dégradé ». vité : l’un visait à modéliser les impacts économiques de la crise pour la Nouvelle-Aquitaine, le deuxième et Est-ce que l’emploi de certains outils ou des nou- un troisième à analyser la résilience des entreprises velles pratiques générées par la pandémie sont africaines et des acteurs des migrations face à la porteurs d’innovations intéressantes ? pandémie. Deux autres projets ont été financés par la Il est nécessaire que la recherche et les activités région Nouvelle-Aquitaine : l’un est porté par Daniel scientifiques deviennent résilientes, notamment en Compagnon et Andy Smith et vise à comprendre les prenant en compte les besoins de la communauté différences entre politiques publiques de gestion en termes d’outils. La délégation recherche, le Centre de la Covid-19 et politiques publiques climatiques. Émile Durkheim et Les Afriques dans le Monde ont L’autre dirigé par Gilles Pinson va analyser les solidari- contribué financièrement à la mise en place des outils tés face à la Covid dans les quartiers populaires. du distanciel de l’Institut. Dès lors, les séminaires des Enfin, on peut parier que notre communauté scienti- centres ont pu reprendre, en vrai, en « Zoom » ou en fique va retrouver la Covid et ses répercussions dans hybride. Nous sommes également en train de finaliser bien d’autres domaines de recherche : les inégalités avec la DSI un bureau virtuel qui permettra à tous les face à l’emploi et l’éducation, les comportements membres de la communauté scientifique d’accéder politiques et électoraux, les développements socio- aux logiciels de traitement de données qualitatives politiques des pays africains, les transformations de Vincent Tiberj et quantitatives. Cet outil va venir aussi en renfort de l’action publique. 14 | Le magazine de Sciences Po Bordeaux | Hors-série
[ SPÉCIAL COVID-19 ] S TA G E S L’esprit commandos ! Les stages sont au cœur des préoccupations de l’école. Malgré les difficultés conjoncturelles liées à la crise, l’acquisition d’expériences de terrain pour faciliter l’insertion professionnelle des étudiants demeure un passage obligé. Lorsque la décision du premier confinement est tombée au soutien financier de certains élèves. Cela a notamment en mars 2020, la quasi-totalité des élèves soumis à un été le cas pour prendre en charge le surcoût du billet retour stage longue durée dans le cadre de leurs études était des élèves. De même, des étudiantes et des étudiants aux en poste. « Nos premières préoccupations ont porté sur les ressources limitées et qui n’étaient plus payés par leur étudiants à l’étranger, soit près d’un tiers des effectifs. Nous entreprise d’accueil ont bénéficié d’un « coup de pouce » nous sommes de suite posés la question de leur retour en matériel. Du « sur-mesure » pour répondre à « chaque France dans un contexte où les pays fermaient les uns après cas particulier » dans un contexte forcément anxiogène. les autres leurs frontières. Il n’y avait donc souvent pas un jour « Certains élèves situés dans des pays lointains, pas toujours à perdre ». Nelly Couderc, Directrice adjointe de la Direction bien informés ou relativement épargnés par la pandémie, du Développement, de la Communication et de la Vie étu- avaient une vision biaisée de la crise sanitaire en France. diante et responsable du service Carrières et Partenariats, D’autres avaient peur de ne pas valider leur diplôme en cas rappelle en outre que le directeur de Sciences Po Bordeaux d’interruption de stages. Nous les avons rassurés sur ces est directement responsable des élèves lorsqu’ils partent à points très rapidement, ce qui a permis de faire redescendre la l’étranger, mineurs ou majeurs. « Nous avions une obligation pression ». Le service Carrières et Partenariats de Sciences morale, professionnelle et juridique de s’assurer qu’ils puissent Po Bordeaux s’est occupé également des étudiants en stage en France. « Toutes nos entreprises partenaires ont vraiment joué le jeu. Il faut les en remercier. Il n’y a pratiquement pas eu de ruptures de contrat. Petit à petit, la mise en place du télétra- vail au sein de ces entreprises, collectivités ou associations a concerné aussi nos stagiaires. De même, les gratifications ont été maintenues dans la grande majorité des cas ». S’adapter et rebondir Entre le rebond de la pandémie, les difficultés écono- miques, les tensions toujours vives dans certains pays et le Brexit, il n’est pas facile de trouver des stages étudiants à l’étranger en cette année 2021. « Nous nous basons sur les listes de pays Covid édictées par l’Union européenne pour délimiter les zones possibles de stage » précise Nelly Couderc. L’offre en France est également plus complexe qu’à l’accou- tumée. Les élèves de l’Institut ont la chance d’appartenir à une école dont l’image de marque facilite l’ouverture des portes. Elle dispose en outre d’un réseau dynamique d’anciennes et d’anciens élèves toujours très attachés à leur école. De plus, l’établissement a beaucoup investi dans la dématérialisation de ses outils de promotion, à l’instar de sa plateforme Alumni, et d’un outil de dépôt de CV en ligne. Le service reçoit par ailleurs les étudiantes et les étu- diants en entretien individuel pour un accompagnement personnalisé de recherche de stages. Si l’obtention d’un stage s’apparente donc à une opération « commando » dans le contexte actuel, Nelly Couderc insiste sur le travail au long cours effectué pendant toute la scolarité pour faci- Nelly Couderc liter l’insertion professionnelle des élèves. « Nous sommes la seule école en France à proposer aux jeunes diplômés de l’année une formation de 200 heures à choisir parmi un se rapprocher de leur lieu de résidence habituelle ». Un mes- catalogue de compétences en lien avec la professionnalisa- sage pas forcément bien compris par toutes les étudiantes tion : posture à adopter en stage et en entreprise, analyse de et tous les étudiants, dont certains auraient aimé rester projets professionnels, pratiques de management, etc. afin dans le pays hôte pour terminer leur stage prévu jusqu’en d’accompagner leur insertion professionnelle en cette période août 2020. « Il a fallu faire preuve de pédagogie mais aussi délicate ». Plus que jamais, s’adapter et rebondir font partie de fermeté, en évoquant notamment la question financière des atouts des diplômés de Sciences Po Bordeaux à l’ère du en cas d’hospitalisation à l’international » poursuit Nelly Coronavirus. Couderc. Lorsque cela a été nécessaire, l’école a participé Hors-série | Le magazine de Sciences Po Bordeaux | 15
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