Savoir-faire et hautes technologies - L'Humain au coeur de l'économie - www.ecoaveyron.fr - Echo'Aveyron
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N°1 - JUIN - JUILLET - AOÛT 2016 L’ Humain a u c œ u r d e l ’é c o n o m i e Savoir-faire et hautes technologies Le Sac du Berger T.A.P Concept Economie Circulaire Speed Meetings www.ecoaveyron.fr
PUBLI REPORTAGE ÉPONA Après avoir appris le métier de lotisseur dans le groupe montpelliérain GGL, Sébastien Galières a créé Épona il y a quatre ans. Basée à Rodez, sa société spécialisée dans l’aménagement foncier propose aux particuliers des terrains viabilisés pour la construction de leur maison. Un métier, au plus près des gens et de leurs projets de vie, qui requiert une bonne dose de patience et pas mal de rigueur. Quel est le rôle d’un lotisseur ? Un lotisseur ou aménageur foncier est un pro- fessionnel de l’immobilier dont la mission prin- cipale consiste à acheter de vastes terrains pour On imagine que le budget entre aussi en ligne les revendre par lots. Entre temps, ils nous ap- de compte… partient de viabiliser ces parcelles, c’est-à-dire Le prix dicte en effet notre travail de découpage de les rendre constructibles en y amenant tous des terrains. On sait aujourd’hui que le budget les réseaux : eau, assainissement, électricité, moyen pour l’achat d’un terrain est de 50 000 gaz… Notre métier s’arrête là où commence euros. À ce tarif-là, on aura 350/400 m2 sur Ro- celui des constructeurs. dez ; autour de 1 000/1 300 m2 si on s’éloigne d’une vingtaine de kilomètre de la Préfecture. Comment dénichez-vous ces terrains ? La recherche d’un terrain est d’abord un jeu de Finalement, quel avantage a-t-on à traiter direc- patience. Il faut travailler très en amont et mo- tement avec un lotisseur ? biliser ses connaissances, son réseau. Sachant Nous laissons aux particuliers la pleine faculté qu’aujourd’hui les cédants sont principalement quant au choix de leur constructeur. Ils sont des agriculteurs… libres de faire ce qu’ils souhaitent sur leur ter- rain. Quels sont les critères qui guident cette re- cherche ? Épona, agence de Rodez Un terrain, le plus plat possible, et de bonne Sébastien Galières composition. L’environnement compte aussi 23, boulevard Laromiguière beaucoup. Il faut se mettre à la place de ceux qui 12000 Rodez vont habiter là et éviter, par exemple, les par- 05 65 75 68 48 celles proches d’une rivière ou d’une autoroute. epona.corresp@orange.fr www.epona-lotisseur.fr Qu’en est-il de la géographie ? La localisation est primordiale. Nos clients (80% de jeunes et de primo-accédants) privi- légient la première couronne ruthénoise et la proximité de services : écoles, commerces... Ces dernières années, Épona a aménagé des lotisse- ments à Gages, Agen, Bozouls et Flavin entre autres, ainsi que dans le Tarn. EPONA_PUBLI.indd 1 17/06/2016 22:51
Sommaire Juin - Juillet - Août 2016 5 GRAND RODEZ T.A.P Concept 6 le robot humaniste Édito TX200L, un robot en mission humanitaire GRAND RODEZ Speed Meetings Lancés en 2013, les speed-meetings professionnels créent du lien entre les entrepreneurs aveyronnais et leurs futurs salariés ou parte- 8 naires, au travers de soirées mixant business et partage d’expériences. Chefs d’entreprises, artisans, commerçants, agri- SAINT-AFFRIQUE culteurs, indépendants, salariés. Un homme, un projet, un sac Le tissu économique de l’Aveyron dispose d’un Le Sac du Berger : c’est un objet rustique, paraissant inusable, semblant dater large éventail de catégories. Certes profession- du siècle dernier. nelles mais, avant tout, humaines. Dans un 11 monde globalisé, ressemblant souvent «à un GRAND RODEZ gigantesque conseil d’administration»(1), les chiffres Au service des Vins relèguent au second plan la réalité de l’économie : «Concurrents ? Non. Confrères ? Oui !» Depuis 1998, quatre cavistes de Rodez préfèrent allier leurs compétences et leurs complémentarités, plutôt ces femmes et ces hommes qui en sont la chair. que miser sur une concurrence plus naturelle. Chacun(e) apporte sa pierre à l’édifice. Eco’Aveyron a pour ambition de vous les faire 12 GRAND RODEZ découvrir. Architectes du Vin Eco’Aveyron est tout sauf une énième publication Vigneron : un métier, une passion. Au cœur du consacrée à l’économie, fut-elle départementale. Vallon de Marcillac, dans ce terroir du mançois, deux viticulteurs parlent de leur vie. Ces femmes et ces hommes en constituent le Des hommes, des gourmands, des gourmets. cœur même. Votre nouveau magazine mensuel papier vous 13 propose ainsi leurs portraits, leurs réflexions, ÉCONOMIE DE L’AVENIR leurs doutes, leurs idées, leurs craintes, leurs L'économie circulaire solutions, leurs projets, leurs problèmes, leurs un futur pour l'Aveyron créations, leurs rêves. Bref, tout ce qui associe Basé sur le triptyque proximité – recyclage - l’intime à l’humain. environnement, le concept d’économie circulaire se développe en Aveyron, tant du côté de Decazeville que de Millau. Pourtant, cette nouvelle Eco’Aveyron s’est doté aussi d’un site internet : manière de concevoir l’économie reste fragile, soumise à une rentabilité aléatoire car tribu- www.ecoaveyron.fr 18 taire des cours des matières premières. Les QR codes de la version papier y renvoient l’utilisateur, via son smartphone ou sa tablette, 20 VILLEFRANCHE-DE-ROUERGUE pour des développements, des compléments, des Hôtel Les Fleurines ouvertures. Les Fleurines, un hôtel ultra-contemporain, Les deux médias sont intégrés. Ils se répondent, de près de 30 chambres. s’épaulent. Chacun concourt à leur commune ESPALION vocation : partager l’information. Monika Gölz Eco’Aveyron sera enfin un Salon, bientôt à 22 Créatrice de «plaisir à porter» Rodez. Un lieu d’échanges, de connaissances, de contacts, de témoignages. SORTIR EN AVEYRON Eco’Aveyron veut ainsi vous faire vivre pleine- Nos coups de coeurs ment l’aventure entrepreneuriale aveyronnaise, ECO’ Aveyron - Magazine Économique Mensuel avec tous les moyens d’expression d’un vrai Directrice de publication : Solange PEREZ - Rédacteur en chef : Philippe DAGNEAUX Ont collaboré à ce numéro Mélisa GUENDOUZI, Laurent HORTES. média moderne. Régie publicitaire : MSG Communication - 05 65 78 43 86 / 06 82 30 24 81 Publicités réalisées par Clara DOINEAU PHILIPPE DAGNEAUX Photos : Franck TOURNERET, Patrick BARD, Fabien COLLINI, Sabine EHRHARDT, Christian BOUSQUET, Philippe DAGNEAUX Rédacteur en chef Impression : AIS Decazeville (1) «Le président», film de Henri Verneuil, d’après Conception/réalisation : Façon France Tirage : 8 000 exemplaires le roman de Georges Simenon , avec Jean Gabin (1961).
PUBLI REPORTAGE Start People L Le 2 juin 1997, Start People ouvrait ses portes boulevard d’Estourmel à Rodez. Dix-neuf ans après, jour pour jour -le 2 juin dernier- l’agence d’emploi de Brigitte Boyer inaugurait de nouveaux locaux au parc d’activités de la Gineste. Un déménagement symbolique pour cette société à taille humaine, qui entend ainsi mettre en avant son expertise en recrutement et ses valeurs de service et proximité. L’expertise d’une agence généraliste Forte de son appartenance au groupe interna- tional USG People -200 agences en France- et tifs en matière de sécurité et de lutte contre les discriminations. d’une équipe de collaboratrices qui connaissent Des conseils sur-mesure parfaitement le tissu économique local, Start À la disposition des clients et des salariés tous People est depuis presque vingt ans le parte- les jours du lundi au vendredi, Brigitte Boyer naire privilégié des entreprises et des deman- et ses collaboratrices, des consultantes en poste deurs d’emploi aveyronnais. Créée en 1997 par depuis plusieurs années, ont fait le choix de la Brigitte Boyer, l’agence d’emploi ruthénoise a proximité. Grâce à une connaissance accrue développé un véritable savoir-faire en recrute- du territoire et de ses entreprises, elles misent ment. Qu’il s’agisse de pallier l’absence d’un avant tout sur l’humain. Résultat : une équipe salarié, d’assumer un surcroît d’activité ou de compétente pour les clients et leurs projets ; trouver un collaborateur permanent… En inté- des conseils adaptés à chaque problématique, rim, CDD ou CDI… La société est capable de chaque situation personnelle ; un accompagne- répondre à tous les besoins, dans n’importe quel ment durable et surtout, des valeurs. Chez Start secteur d’activité, tout en respectant les impéra- People, la qualité des prestations et la relation de confiance qui s’établit entre l’agence et ses clients, font toute la différence : « Notre pa- role nous engage », rappelle d’ailleurs Brigitte Boyer. Start People 190, avenue du Docteur Théodor Mathieu 12000 Rodez 05 65 75 64 64 rodez@startpeople.fr Horaires Lundi, mardi, jeudi et vendredi de 8h30 à 12 heures et de 14 heures à 18h30 Mercredi sur rendez-vous + permanence téléphonique STARTPEOPLE_PUBLI.indd 1 21/06/16 16:50
Grand Rodez T.A.P Concept Le robot humanitaire Une start-up entre innovation sable pour tout le monde. Dans sa Le concept se lit dans l’organisa- permanente et belle leçon d’en- cellule sécurisée, un bras méca- tion : treprise. Nichée dans la pépinière nique attend de s’animer. Plus de – J’ai voulu une entreprise dirigée d’entreprises du Grand Rodez deux tonnes. Un gros investisse- vers l’humain. J’avais besoin de Développement-CCI, à Arsac, ment : 200 000 €. me faire plaisir, d’innover. L’en- T.A.P. Concept est au service des treprise appartient à ses salariés. personnes en situation de handi- Que vient faire un robot De 25 à 33 % des bénéfices leur cap ou âgées, des victimes d’acci- industriel dans le monde du sont reversés ; les investisseurs dents… handicap ? extérieurs reçoivent au maximum Cédric Grelon, gérant, directeur – Ce monde est en retard pour 25 % de ce qui reste. technique et commercial de la so- la haute technologie et très de- ciété, a acquis TX200L, un robot mandeur de réalisations pour le Comment concilier mission et industriel de la société lyonnaise quotidien. TX200L nous permet direction ? Stäubli. Dont la couleur jaune de concevoir des pièces pour les – Nous avons privilégié un ma- pétard conviendrait mieux à une fauteuils. L’innovation est pré- nagement participatif. Nous usine automobile qu’àe… pondérante, le robot en fait partie. devons nous former, gage de dy- – Des cocons multi-sports, pour namisme et de remise en ques- les personnes en situation de han- Peut-on dire que ce robot indus- tion constante. Il faut convaincre, dicap qui veulent continuer une triel est investi d’une mission s’adapter également. Grâce à l’im- activité sportive. humanitaire ? plication et à la réflexion person- – D’une certaine manière, oui. De nelles. Comment cette idée s’applique- plus, les personnes en situation – Cela ressemble un peu à un la- t-elle à tous les sports ? de handicap ont la réputation boratoire… – Le concept concerne un fau- d’être des râleurs. Il faut donc que – Exactement. Nous travaillons dans teuil, qui permet de faire des ran- quelqu’un d’extérieur parle pour ce sens avec la C.C.I. de Rodez. données dans un confort inégalé. eux. Nous l’avons adapté au ski, au Le robot positionne son outil. tricycle pour parapente, etc. Il est T.A.P. veut dire Technologie En quelques secondes, la mèche même transformable en véhicule d’Aide à la Personne. Quant au façonne un visage en 3D dans logo : «Ce sont trois cocons qui la mousse verte. L’humain, tou- de route, soit 99% des besoins vont s’emboîter : un pour les va- jours. Et d’abord. sportifs ou de déplacement des lides, un pour les handicapés, handicapés. un pour les anciens.» PHILIPPE DAGNEAUX D’autres projets sont-ils en incubation ? – Notre société fabrique des po- sitifs de thermoformage, des pro- duit en mousse de confort, des décors, des produits publicitaires, en polystyrène ou en mousse spé- cifique. Cédric Grelon, gérant, directeur technique et commercial Comment concilier production de la société T.A.P Concept de masse et service individuel ? – En changeant sa manière de penser : tout doit être transpo- ECO’Aveyron - 5
Grand Rodez S peed Meetings Parler vite, penser loin Lancés en 2013, les speed-meetings professionnels créent du lien entre les entrepreneurs aveyronnais et leurs futurs salariés ou partenaires, au travers de soirées mixant business et partage d’expériences. La convivialité en prime. Un concept original, quarante participants Déclinés à Rodez, Millau et plus récem- en moyenne et autant d’entrées possibles. ment à Espalion, les speed-meetings pro- Lancée en 2013 en Aveyron, la formule fessionnels se sont ainsi affirmés comme de des speed-meetings professionnels réunit véritables temps de partage, où chacun est chaque trimestre des entrepreneurs dans susceptible de piocher son intérêt. Artisans, une ambiance de partage de savoirs. artisans d’art, professionnels du bien-être, Le principe ? Enrichir son carnet d’adresse du sport, de la communication, salariés, pour développer son entreprise, trouver des et même demandeurs d’emploi, profitent clients mais aussi des conseils. Le tout selon en effet de l’aubaine de ces précieuses ren- une organisation désormais bien huilée : contres. Qui créent du réseau certes mais un pitch – une minute pour se présenter et brassent aussi les différences tout en ou- parler de son activité, suivi d’un apéro dîna- vrant les esprits. toire et d’une série d’entretiens en tête-à-tête d’une durée dix minutes. «Chacun est libre de parler de tout. Il n’existe pas de règlement, rappelle Franck Tourneret, «C’est l’occasion pour tous de se mettre en Nous n’avons d’ailleurs aucune envie «d’offi- avant, de communiquer sur soi, sur son cialiser» ou d’en faire une structure qui oblige- entreprise, de s’enrichir de l’expérience rait les gens à adhérer.» des plus anciens, de s’entraider… Et pourquoi pas, d’aller plus loin dans les projets, les partenariats ou les af- faires», explique Franck Tourneret, photographe et organisateur de la toute première édition aux côtés de Renée Gonthier, webmaster et consultante en webmarketing, et de Jean-Pascal Bur, du restaurant ruthénois Ginkgo. A découv ri r s u r www. e coa ve yron.fr 6 - ECO’Aveyron
Grand Rodez Pourquoi vient-on à un speed-meeting ? Quelles sont les attentes dans ce type de soirée ? Et qu’en retire-t-on réellement ? Voilà ce que nous ont répondu les fidèles et les petits nouveaux. « Des rencontres et des découvertes « Me faire connaître » étonnantes » «J’ai créé mon agence de décoration «J’ai un statut VDI depuis 2014, pour d’intérieur et organisation distribuer différents services et produits. événementielle alors que j’étais encore En participant à mon premier speed- étudiante l’année dernière à Lyon. meeting à Espalion, en avril dernier, je De retour à Rodez une fois diplômée, suis venue chercher des contacts pour j’ai souhaité peaufiner mon réseau mon activité. Les gens se sont montrés professionnel. J’ai eu connaissance intéressés et j’ai quelques retours… Mais de l’existence des speed-meetings je retiens surtout les échanges entre professionnels par le biais de la page Dominique Costes, 42 ans, participants et la convivialité qui règne courtier en protection sociale Facebook du groupe. J’y ai vu l’occasion sur ces soirées. J’y ai surtout fait de belles à Baraqueville de rencontres utiles pour développer rencontres et des découvertes étonnantes mon entreprise et, surtout, l’opportunité dans les métiers représentés. Par exemple, « Travailler sur le relationnel » de me faire connaître. J’apprécie je ne connaissais l’activité de Coralie Ayral, «C’est à travers Facebook ou Viadéo, particulièrement les échanges et les qui propose des massages en entreprise, notamment, que j’ai eu vent de ces discussions entre entrepreneurs et ou celle de Pierre Fugit, qui a créé une soirées professionnelles en Aveyron. les contacts qui en découlent. J’ai par tablette pour les seniors. Cet aspect « J’y suis allé pour rencontrer du exemple croisé un traiteur et une agence nouveauté » m’a beaucoup plus et rien monde et bâtir un réseau de contacts de voyages, qui sont de potentiels que pour ça, je reviendrais. C’est sûr». professionnels. Je suis devenu un « fidèle partenaires pour l’organisation de » ! Depuis 2013, je n’en ai manqué que mariage ; la responsable d’une pépinière deux… Dans mon métier d’ « assureur d’entreprise : une piste pour de futurs », la concurrence est dense, ce sont locaux… Après deux participations la philosophie de travail et l’approche en tant qu’ « invitée » à Rodez et client qui comptent. Le moyen le plus Espalion, le bilan est plutôt positif pour simple et le plus efficace pour moi de moi et j’ai d’ailleurs été organisatrice, me différencier, c’est de travailler sur le avec d’autres, de la dernière édition relationnel et les réseaux. Le bouche-à- ruthénoise au début du mois de juin ». oreille est primordial dans mon activité et ces speed-meetings m’offrent la Mathilde Laval, visibilité nécessaire. J’y ai trouvé des 23 ans, Yasmina Benbia, 24 ans, clients mais aussi des prestataires, décoratrice distributrice indépendante de services et produits cosmétiques photo ou site Internet, pour mes propres d’intérieur outils de communication. et organisatrice et de bien-être à Rodez Et c’est, à mon sens, ce qui fait la force d’événements de ces événements». à Rodez MÉLISA GUENDOUZI F lashez L’ Humain a u c œ u r d e l ’é c o n o m i e R et rouve r l’ i ntégra lité de s sujets, a rticle s, port ra its, vide os, photos, re port a g e s su r vot re site i nte rn et : www. e coa ve yron.fr Suivez nous sur : ECO’Aveyron - 7
Saint-Affrique Mais le romantisme a ses limites. Et pour revenir Un homme «vivre ici», comme il dit, il cherche une idée, un projet. La rencontre avec Robert Aussibal sera dé- terminante ; ce chantre de l’Aveyron le pousse à se lancer et à relancer la fabrication du sac du Berger. Un projet Il n‘est pas bourrelier, il n’a pas le savoir-faire si par- ticulier de ces artisans du cuir alors quasiment dis- parus. Qu’à cela ne tienne… Il expérimente, teste, se trompe parfois - mais il ap- prend seul, rappelant au passage que «j’ai une for- Un sac mation manuelle à la base». Ainsi, pendant dix ans Jean-Pierre Romiguier tra- vaille seul, à son atelier, dans le hameau sans grand confort de Layrolle, poussé par cette certitude que sa vie est là. Et par la foi qu’il a dans son projet. Oh bien sûr, les premiers financements ne sont pas aisés à obtenir. Quand il va voir les banques, il n’a C’est un objet rustique, paraissant inusable, sem- pas d’étude de marché, pas de budget prévisionnel, blant dater du siècle dernier. Il est fait de cuir épais, juste la conscience aiguë et exacerbée que son idée solide et raide, de ce cuir qui était autrefois utilisé est la bonne. par les bourreliers pour fabriquer le harnachement En 1980, il se lance définitivement et quitte la SNCF. des bêtes de travail. Les coutures sont larges réali- Il créée officiellement son atelier et produit ce sac sées à partir d’un fil tout aussi épais et durable. Et il «qui est enraciné dans l’histoire de ce pays. C’est un pèse son poids lorsqu’on le pose sur une épaule. sac de travail, mais dont la noblesse naturelle lui per- met de tirer le rustique vers le haut de gamme. Nous sommes uniques et personne ne peut le faire comme nous», assure-t-il. Pour le faire, il travaille depuis le départ avec des fournisseurs locaux, la tannerie Ar- nal de Rodez ou les ateliers Alex de Graulhet ; des Et pourtant, cet ustensile de travail est aujourd’hui sites eux aussi enracinés dans leur territoire. d’une redoutable modernité, bien loin de la finesse et de la légèreté de la maroquinerie Le temps du développement de luxe. Non: c’est un sac de travail, le sac Pour assurer le développement de l’entreprise, Jean- du berger, le même que celui que les ber- Pierre Romiguier a toujours investi dans la création gers du Midi utilisent depuis plusieurs d’ateliers, l’acquisition de machines, l’installation siècles, lors de leurs déplacements et de la de points de vente. « A partir du moment où on fait transhumance. un choix existentiel, on adapte ses besoins avec sa Depuis trente ans maintenant, il est fa- réalisation profonde », martèle-t-il avec conviction. briqué au cœur de la vallée de la Sorgues, L’année 1991 est une année charnière. entre ruisseaux et forêts environnantes, à Il crée la SARL qui assure la pro- l’écart du temps et des modes, dans le hameau duction – les marques de Layrolle. Un site qui, à la fin des années 70, était comme beaucoup à l’abandon ou presque, comme la fabrication de ces sacs ancestraux. Et pour faire renaître tout cela, il a fallu la passion A découvrir sur d’un homme, celle de Jean-Pierre Romiguier. www.ecoaveyron.f r Jean-Pierre est un enfant du pays, de Saint-Mau- rice de Sorgues exactement. Et comme beaucoup à cette époque-là, il quitte son sud-Aveyron natal pour prendre un emploi à la SNCF. Après son école d’apprentissage, il se retrouve dans un atelier de mécanique à Béziers où, entre bruits et coups de marteaux, il gagne sa vie. C’est tout : car ce n’est pas «sa» vie. Sa vie, il la rêve chez lui, au cœur de ce hameau de Layrolle qu’il a racheté avec son frère et ses premiers salaires. 8 - ECO’Aveyron
Saint-Affrique «Sac du Berger» et développer régulière- absent par rapport aux questions souvent «Layrolle» demeu- ment et, pour la pre- simples de mes salariés». Depuis, son rant sa propriété per- mière fois en 2009, le rapport à l’autorité a changé, il assume sonnelle – et ouvre sa chiffre d’affaires atteint davantage sa mission de patron et, sym- boutique de commer- le seuil des 700 000€. bole parmi les symboles, pour la première cialisation à La Couver- fois depuis la création de l’entreprise, il s’est toirade. Comme 70 % de L’incendie du fait construire un bureau privatif dans les ses ventes sont assurées 26 décembre ateliers. Aujourd’hui, l’entreprise est re- en direct, soit à l’ate- 2009 partie sur de bons rails, les ateliers ont été lier de production de Tout va bien jusqu’au refaits à neuf. Et Jean-Pierre Romiguier Layrolle, soit en bou- 26 décembre 2009. continue à mener d’autres projets de dé- tiques, cette implan- Cette nuit-là, un feu veloppement. Même s’il sait que le temps tation dans le village se déclare dans le bâ- avance inexorablement et que le temps est larzacien au fort po- timent de production peut-être venu d’envisager l’avenir de l’en- tentiel touristique per- et détruit entièrement treprise sans lui. Surtout que ses deux fils met au chiffre d’affaires l’atelier de fabrication. Un ne semblent guère intéressés pour prendre de décoller. sacré coup dur qui, parado- la suite. Alors ? «La suite, je l’ai déjà envi- Et avec lui les projets de di- xalement, aura fait des dégâts - sagée mais, pour l’heure, il n’y a pas de so- versification. Avec toujours la même mais pas uniquement matériels. Certes lution définitive». Il ne cache pas avoir eu obsession : créer des produits en rap- pendant un temps, il faut transférer les des propositions, mais l’homme reste avec port avec le territoire. Ce seront ainsi de ateliers dans un bâtiment disponible. des convictions non négociables : le Sac du grandes capes de laines, des bottines en «Mais jamais, je n’ai été tenté de laisser Berger a ressuscité à Layrolle et sa fabrica- cuir, des sacs plus féminins, des chaus- tomber. Parce que lorsque cet accident ar- tion devra y rester. C’est son ADN. sons en peau de mouton retourné. «Et à rive, nous avons eu de tels soutiens – dont LAURENT HORTES chaque fois, nous avons dû apprendre de certains que nous n’avions même pas envi- nouveaux savoir-faire pour développer les sagés - que l’idée de reconstruire les ateliers fabrications dans notre atelier. On est ainsi de Layrolle était une évidence», se sou- devenu bottier, coupeur-tailleur, etc.» Pour vient-il. écouler cette production, il y a bien sûr la Les plus gros dégâts sont fait au niveau boutique de La Couvertoirade. Mais pas humain, dans sa relation avec ses équipes. que : «Depuis toujours, depuis le début, Cet événement met en lumière des ten- nos ateliers de Layrolle ont été ouverts au sions qu’il n’avait pas vues, des insatisfac- public, tous les jours, toute l’année, même tions qu’il n’avait pas non plus anticipées. en hiver. Et son équipe éclate. Après reconstruire Et en 2008, pour atteindre nos objectifs, les bâtiments, il faut former une nouvelle nous avons mis réellement en place un pro- équipe. Et Jean-Pierre doit réévaluer son duit de visite guidée de nos ateliers». propre rôle de patron. Toute cette dynamique à la fois créatrice «J’étais trop dans la création, le développe- et commerciale permet à l’entreprise de se ment et parfois, intellectuellement, j’étais ECO’Aveyron - 9
Bienvenue à la Cave des Vignerons du Vallon VISITE DÉGUSTATION VENTE Au coeur du village de Valady se dresse la Cave Conception: Jacques Guillaud. photos © J.Gulllaud / F.Bacon / C.Méravilles des Vignerons du Vallon. A travers des panneaux explicatifs un court métrage et une dégustation, redécouvrez l'A.O.C.Marcillac. A new showroom to discover our wines. The Cave des Vignerons du Vallon is located in the heart of the village of Valady. In our shop you will find illustrativ billboards, see a short movie about our vineyard and taste our wines.; HORAIRES D'OUVERTURE / OPENING HOURS : Du lundi au samedi / monday to saturday; Juillet et août / July and August : 9:00 -12:30 / 14:00 -19:00 Septembre à juin / September to June: 9:00 - 12:00 / 14:00 -18:00. CONTACT : Tél: 0 5 65 72 70 21. www.vigneronsduvallon.com Visite possible : nous contacter. To visit the cellar please contact us. Entre Rodez et Decazeville à Valady Marcillac Vin Divin L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É
Grand Rodez aux concurrents », souligne Pierre Bonne- «Le vin a un rapport fous. «Ce sont des rapports humains aussi», direct avec les mots. commente Yves Cayssials. «Nous n’avons Les grands buveurs pas la même taille non plus », analyse Gi- sont de grands bavards.» sèle Laurens. Bernard Pivot Quel est leur rapport au vin ? Quelle est l'évolution de la consomma- «Si vous faites un apéritif avec un liquide Placez quatre cavistes autour d’une table tion du vin ? ou d’un tonneau. De quoi parlent-ils ? De anisé, vous allez parler de politique ou «Le goût des gens nous oblige à évoluer sans autre. Avec le vin, on ne parle que du vin, vins. Mais pas seulement. du producteur, des vacances », cesse », analyse Pierre Bonnefous. «Ce qui a Ils parlent de leur métier, de leur rapport changé, ce sont les vins de cépage, venus de dit Alain Falguières. «Le vin est chaleureux, au vin, de l’évolution de leur clientèle. C’est ce n’est pas figé», constate Pierre Bonne-l’étranger», constate Yves Cayssials. «Notre un vaste monde qui prend vie, grâce à des fous. «Quand on aime la gastronomie, on clientèle vient chercher d’abord un conseil », personnages aux caractères bien trempés et aux langue agiles. aime le vin», juge Gisèle Laurens. explique Alain Falguières. «Nous travail- «Pourquoi ne pas travailler en- lons avec des vignerons, qui respectent Au service semble ? » : Gisèle Laurens (Alam- la notion de terroir», plaide Gisou bic et Vieilles Bouteilles) rappelle Laurens. la genèse de leur association. «Sommes-nous concurrents ou Même consommé avec modération, le est-ce la grande distribution ?», vin demeure un puissant lien Vins humain. des dit Pierre Bonnefous (La Cave Ruthène.) « La grande distribution, les ventes directes », renchérit Yves PHILIPPE DAGNEAUX Cayssials (La Cave de Marius.) «Et chaque année, on se disait : pour- quoi pas nous ?», souligne Alain « Concurrents ? Non. Confrères ? Oui ! » Depuis Falguières (Vins Falguières.) F lashez D’où « Les cavistes de Rodez », qui 1998, quatre cavistes de Rodez préfèrent allier leurs a débuté avec un original « jeu de compétences et leurs complémentarités, plutôt que & Découvrez l’oie des vins » pour déboucher sur miser sur leurs différences et une concurrence qui le site internet un Salon du Vin annuel. Celui se voudrait naturelle. www. ecoaveyron.fr d’avril dernier, à Rodez, a drainé des milliers de visiteurs et d’ache- teurs. Alain Falguières est «tombé dans le ton- neau » dès sa naissance : «A l’école, je di- sais toujours que mon père était commer- çant, jamais marchand de vin.» Pierre Bonnefous se souvient aussi : «Je disais que je voulais être garagiste, parce que ça faisait plus rêver que marchand de vin. » Yves Cayssials explique : « J’aimais bien le nom de négociant. En tout d’ailleurs : j’ap- pelais ça une multilocale. » Quant à Gisou Laurens, «j’étais conseillère en économie so- ciale et familiale. J’ai été embauchée par M. Sébastien, à qui j’ai racheté sa cave.» L'intérêt de leur association ? «Quand je me lève le matin, je ne me dis plus : que va me faire untel ou untel ? », ra- conte Alain Falguières. «Nous avons créé une sorte de bulle protectrice par rapport ECO’Aveyron - 11
Grand Rodez A rchitectes du Vin Et même si le vignoble de Mar- cillac est tout petit, il porte une longue histoire. Les premières traces datent des Romains. L’un est casanier : Joël Gradels incarne la quatorzième géné- Richesses ration de viticulteurs installés géologiques sur le domaine de La Carolie, à Le Marcillac est passé en VDQS Cougousse, près de Marcillac. en 1965 puis en AOC dans les L’autre a été bourlingueur : Jean- années 90. Même si le vignoble Marc Gombert a passé seize ans reste petit, avec 220 hectares en sur un navire de combat de la production. Marine nationale, avant de poser Il dispose d’une géologie diverse : sac à terre à Valady pour lancer d’un rougier limite acide, le VIGNERON : son propre domaine. terroir passe par des calcaires un métier, une supérieurs, des pH basiques, des avec la charge, l’enherbement, passion. Au cœur - Viticulteur ou vigneron ? calcaires pierreux ou argileux : ainsi que le suivi œnologique du Vallon de - On travaille la vigne, répond «On achète celui-ci parce qu’il est pour tout le vignoble. L’évolu- Marcillac, dans ce Joël Gradels. plus cassis, celui-là plus fin, l’autre tion climatique n’y est pas pour - Nous sommes des vignerons, plus fruité. Le Marcillac, il y en a rien : «Nous vendangeons plus terroir du mançois, de la culture de la vigne jusqu’à la pour tous les goûts», constate Joël tôt, explique Jean-Marc Gom- deux viticulteurs bert, car il y a vingt-cinq ans, la commercialisation, précise Jean- Gradels. parlent de leur vie. Marc Gombert. A la coopérative date de la vendange était début Des hommes, des de Marcillac, nous sommes des Lorsque le Marcillac s’est tourné novembre. Aujourd’hui, on récolte gourmands, des viticulteurs indépendants, qui vers le bassin minier de De- à la mi-octobre. La météo nous gourmets. ont voulu mutualiser un outil. cazeville, il a perdu le vin blanc avantage plus maintenant.» Ce Les clients préfèrent acheter à un au profit du rouge prisé des qui se ressent sur les maturités certain corps de métier, les gens mineurs ; une certaine qualité technologique (concentration de goûtent les vins et cela corres- aussi, avec des vins qui, au début sucre dans le fruit) et phéno- pond à leur plaisir, à leur rapport du XXe siècle, pouvaient afficher lique (qualité de la pellicule, qui qualité-prix. vingt-cinq ans d’âge sans faiblir. donne les tanins, la structure, la A ce propos : Et Jean-Marc Gombert de pré- couleur…) - En trente ans, on est passés d’un ciser : « Mon grand-père laissait produit de consommation à un deux couronnes par souche, Le vignoble de Marcillac est produit de plaisir, souligne Joël cela faisait des rendements de constitué d’îlots sur des côtes Gradels. Les gens ouvrent une trois ou quatre kilos de raisin. calcaires, posés au long d’un Val- bouteille de vin, parce qu’ils ont Aujourd’hui, les souches font lon qui respire la tranquillité et de la famille, une occasion. On en moyenne un kilo et demi ou le bien-être. De l’outil au plaisir, ouvre une bouteille parce qu’elle deux kilos. Cela permet aussi de même en le consommant avec nous raconte quelque chose, une garder la souche : si elle donne modération, ce vin fait partager à histoire. trop une année, elle se repose la fois les secrets de la nature et le L’histoire, un lien au-delà des l’année d’après. » savoir-faire de ses vignerons. générations. - Il existe à Valady des vignerons Le vin de Marcillac a su conser- Une histoire de passionnés, en qui sont, depuis des générations ver sa tradition tout en s’amé- somme. et des générations, sur leur ter- liorant. Grâce à une démarche roir, explique Joël Gradels. collective de qualité, PHILIPPE DAGNEAUX 12 - ECO’Aveyron
Economie de l’avenir Depuis la révolution industrielle du XIXe siècle, la fa- brication de produits manufacturés était fondée sur un seul paradigme : on transforme les matières pre- mières en produits finis. Sans se préoccuper ni des ressources ni de leur élimination. Fort heureusement, depuis l’apparition de l’écologie politique et la prise de conscience de l’épuisement progressif des ressources, le recyclage et le dévelop- pement durable ont petit à petit été pris en compte. Oh certes, on est encore bien loin d’une prise de conscience globale et partagée par tous. Et il a d’abord fallu passer par des contraintes : qui n’a pas pesté un jour de devoir trier ses déchets ménagers, au lieu de tout jeter à la poubelle comme pendant longtemps ? Et si aujourd’hui le tri et le recyclage sont entrés dans les mœurs des familles - un peu par force, tout de même – le milieu industriel s’est fait ti- rer l’oreille très longtemps. Et continue d’ailleurs à le faire, pour une large part. Pourtant, une réalité mo- difie sensiblement la donne: la raréfaction progres- sive des matières premières. L’exemple le plus connu est le pétrole, dont la disparition - programmée à l’horizon du prochain siècle pour les plus optimistes voire des cinquante prochaines années pour les plus pessimistes - est l’exemple le plus flagrant. Et ce, sur fond de croissance économique exponentielle dans les pays dits émergents ; une élévation du niveau de vie qui dope la consommation, accroît la demande en biens manufacturés et qui, de ce fait, épuise tou- jours plus les réserves de matière première, tout en faisant grimper les coûts. Sans tomber dans un catastrophisme imbécile, les nouvelles générations ont progressivement pensé L’économie que la consommation à tous crins n’était pas fran- chement la solution d’avenir la plus pertinente. De ce fait des innovateurs ont commencé à envisager d’autres formes d’économie. Moins basées sur le pil- Circulaire lage des ressources naturelles, elles reposent sur des process industriels permettant de réduire le recours aux matières premières et de favoriser leur réutilisa- tion. Le tout dans un cercle vertueux de proximité et de traitement local, pour réduire entre autre chose l’empreinte carbone liée aux transports. u n f u t u r p o u r l ’A v e y r o n C’est ce que l’on appelle l’économie circulaire. Oui mais voilà : il est une vieille maxime en économie Basé sur le triptyque proximité – recyclage - environnement, le concept d’économie circulaire se développe en Aveyron, tant du côté de Decazeville que de Millau. Pourtant, cette nouvelle manière de concevoir l’économie reste fragile, soumise à une rentabilité aléatoire car tributaire des cours des matières premières. ECO’Aveyron - 13
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Economie de l’avenir qui veut que «pour qu’une industrie fonctionne, Un site qui permettrait également de produire de elle doit être rentable.» Tant que ce paradigme l’énergie. Tout un chacun sait aussi que les déchets immuable ne sera pas atteint, le développement de aveyronnais sont traités dans le Tarn. ces industries restera au stade de l’expérimentation, Le contrat qui lie le Sydom de l’Aveyron avec l’opé- certes sympathique et valorisante, mais indéclinable rateur Trifyl court jusqu’en 2020. Ce dernier a pro- en terme de marché, de rentabilité, d’efficacité. posé d’étendre ses activités. Mais lors d’un vote au printemps dernier, le Sydom a majoritairement voté La renaissance du Bassin contre cette proposition. Ce qui ouvre de fait la porte Or, depuis quelques années, le bassin de Decazeville à un appel d’offres, dans lequel Sévigné-Séché aura est en pointe dans ce nouveau secteur de l’économie toutes ses chances. Toujours est-il que si le Sydom va circulaire. Emblématique de cette révolution indus- au bout de sa démarche et, in fine, choisit la proposi- trielle évoquée plus haut, le bassin a aussi connu la tion aveyronnaise, ce sera une bonne nouvelle pour fin de la sidérurgie, sacrifiée dans les années 80 sur l’emploi. Bien qu’on en soit encore loin car il faudra l’autel de la rentabilité : l’extraction de charbon et sa aussi amener des sérieuses garanties en termes d’en- transformation n’étaient plus viables économique- vironnement. ment parlant. C’est aujourd’hui une belle revanche, qui voit l’ancien site minier repartir sur de nouvelles Le Geco des Grands Causses bases autour de quelques fleurons. Notamment la Marc Sévigné, l’entrepreneur millavois, est impliqué SNAM, entreprise de 70 salariés qui est l’un des lea- également au sein du Géco de Millau, un groupe- ders européens du recyclage des batteries automo- ment d’entreprises éco-innovantes du Sud-Aveyron. biles. Quelques contrats importants et pluriannuels Fort d’une quinzaine de membres, ce groupement avec le groupe PSA (Peugeot-Citroën) ou l’allemand fonctionne comme un réseau d’entrepreneurs. L’un BMW assurent à l’entreprise une visibilité intéres- des projets mené s’appelle «Le carré de vie.» sante. De même, l’entreprise Soud’Etain s’est faite Ce concept totalement innovant a été pensé par une spécialité du recyclage de l’étain, du cuivre et de Jacques Pierrejean, architecte-designer connu l’aluminium, employant une dizaine de salariés. pour concevoir des aménagements de yachts et Et sans oublier la Sopave, entreprise sûrement l’une autres avions privés. Il s’agit d’un lieu de vie haut- des plus connues, puisque ses productions de sacs de de-gamme, totalement autonome, démontable et tri, à base de plastiques agricoles recyclés, sont pré- recyclable, sans aucun impact sur l’environnement sents dans nombre de foyers aveyronnais. terrestre ou nautique de son lieu d’installation. Ce développement de l’économie circulaire sur le Pour y parvenir, l’architecte a confié la réalisation du Bassin n’est pas terminé. Depuis plusieurs mois, l’en- prototype à l’entreprise Boissières et Fils, de Saint- trepreneur millavois Marc Sévigné porte, avec le Léons, elle-même membre du Géco et spécialisée groupe Séché Environnement, un projet de site de dans la construction de maisons à ossature traitement et de valorisation des déchets avey- ronnais, à Viviez. ECO’Aveyron - 15
Economie de l’avenir Mais davantage que le côté purement économique, aussi et avant tout, ce sont des relations humaines qui se sont créées via ce groupement. «Techniquement, pour mener à bien un projet aussi innovant que «le Carré de vie», cette proximité entre les différents acteurs est intéressante car elle nous a permis de bénéficier de toute la boîte à outils avey- ronnaise»,reconnaît Philippe Ethuin, chargé de la commercialisation du projet et président du Géco. Il insiste surtout sur «les relations humaines, qui se sont créées entre les membres. Cela permet de développer des relations de confiance, tout en proposant une vi- bois. Il s’agit d’un vaste espace largement vitré, bor- trine des savoir-faire des entreprises partenaires. Et, au dé de vastes terrasses, équipé de capteurs solaires, final, c’est potentiellement créateur de richesses». Car il doté d’une station de traitement des eaux usées au- n’oublie cette sacro-sainte maxime économique: «il tonome; l’alimentation en eaux claires est assurée via faut un bon retour sur investissement.» un système de récupération et de traitement La crédibilité financière constitue tout l’enjeu de cette des eaux de pluie. Le tout est monté sur des pilotis économie circulaire, qui reste encore très fragile, pour une installation terrestre ou sur des bacs de flot- comme en témoigne la chute des cours du pétrole. taison pour une utilisation lacustre. On peut donc C’est ainsi que Delphine Batho, ancienne ministre de l’installer et le déplacer sans aucun impact sur son l’Environnement a tiré la sonnette d’alarme sur l’im- environnement puisqu’il n’y a aucun terrassement, pact des actuels cours extrêmement bas du pétrole. aucune liaison avec des réseaux d’énergie, d’eau ou Fin janvier dernier, lors des «Mardis de l’économie d’assainissement. Ce développement endogène d’un circulaire», organisés par l’Institut de l’Économie projet économique se traduit par l’utilisation de bois Circulaire dans le café parisien «Le Petit Choiseul», du Sud-Ouest, issu de forêts gérées durablement elle a expliqué «comment le plastique recyclé perd au- pour la construction, jourd’hui sa compétitivité sur le marché des matières la réalisation des huisseries par la menuiserie premières, mais aussi comment la croissance liée aux Combes, la réalisation de plate-formes flottantes par cours du pétrole est à ce point atone qu’elle décourage Sud-Métal Industries, l’aménagement intérieur avec cette filière économique encore fragile.» VoilenSac, le traitement des eaux usées par Blue Autrement dit, avec un prix du baril de pétrole au Stream technologies,… des entreprises toutes instal- plus bas, le différentiel avec le recyclage devient à ce lées sur la bassin millavois et membres du Géco [la point important, que la compétitivité du second de- liste complète sur le site www.ecoaveyron.fr] vient inaccessible. LAURENT HORTES F lashez & Découvrez le site internet www. ecoaveyron.fr 16 - ECO’Aveyron
C Natilia PUBLI REPORTAGE Construire sa maison implique de nombreux choix : l’emplacement, la surface, l’architec- l’avenir se construit dans le bois ture, le chauffage, les réseaux (électricité, eau, télécommunications…) Des données qui se Créer sa propre énergie complexifient avec les nouvelles réglementa- Les récents Accords de Paris COP’21, ainsi que tions et le réchauffement climatique. les mesures gouvernementales contre le dioxyde de carbone, imposent depuis 2012 des normes En Aveyron, il existe une double solution : le sévères en matière d’économies d’énergie. bois et Natilia. A cet égard, Natilia va bien plus loin, puisque la société anticipe déjà les nouvelles normes de L’entreprise ruthénoise, installée dans ses nou- 2020 : le concept de maison à énergie positive. veaux locaux sur le mail de Bourran, construit « Grâce à une isolation thermique renforcée, une en effet des maisons à ossature bois. Depuis excellente étanchéité à l’air et des équipements six ans, plus de quatre-vingts clients lui ont fait captant et produisant de l’énergie, ces maisons confiance – à tel point que 50 % des nouveaux BEPOS produiront plus d’énergie qu’elles clients de Natilia proviennent de la recomman- n’en consommeront », souligne M. Pradels. Et dation d’actuels propriétaires satisfaits. de préciser : « Nos maisons actuelles, par leur conception, présentent déjà une performance de Le bois, un matériau d’avenir ? Exactement. 20 % supérieure aux normes en vigueur. » Lorsque l’on fait construire sa maison, il faut La méthode de Natilia permet de raccourcir penser à la fois économies et écologie. Le bois les délais de construction. « En moyenne, il permet justement d’optimiser l’isolation, à la se passe moins d’un an entre le début du pro- fois extérieure et intérieure, de chaque habita- jet et la réception par le client, expose M. Pra- tion. Pour la rendre plus confortable, avec une dels. La construction se déroule sur 5 à 6 mois température ressentie agréable. maximum. Nous avons même pu procéder à des Thierry Pradels, co-gérant de Natilia-Rodez, livraisons dans un délai de 3 à 4 mois. » s’en veut ainsi le témoin : « Notre système – Natilia a développé une approche globale du entièrement fabriqué en France, près de Nevers projet : « Nous mettons en relation nos clients – permet d’obtenir l’une des meilleures résis- avec des établissements financiers, des proprié- tances thermiques du marché, à la fois au chaud taires de terrain ou des lotisseurs. De même, et au froid. » nous nous occupons de la partie administrative Ainsi, si la moyenne des maisons actuelles se si- jusqu’à la remise des clefs. » tue à l’indice 4,78, celle des maisons à ossature bois Natilia s’établit à 6,94 : « Plus le chiffre est Avec Natilia, pensez économies, important, plus le matériau est isolant. Le bois agissez écologie ! permet véritablement d’empêcher la pénétration de la chaleur ou du froid. » De plus, le bois est un matériau pérenne en Aveyron... 20 avenue de Bourran, 12000 Rodez 05 65 73 17 33 www.rodez-maison.natilia.fr NATILIA_PUBLI.indd 1 20/06/16 10:12
Villefranche-de-Rouergue L es Fleurines de la Bastide au XXIe siècle Diplômé en génie électrique et en commerce, Romain Bouillard est à la tête d’un hôtel de près de 30 chambres. Un établissement ultra-contemporain, baptisé Les Fleurines, qui témoigne de l’audace de ce jeune entrepre- neur de 31 ans et de son affection pour sa ville natale. Son hôtel villefranchois effleure la chapelle des inaugure en 2015 dix chambres supplé- Pénitents Noirs : un monument classique en fa- mentaires - dont quatre appart’hôtels - çade, mais richement peint et sculpté à l’intérieur. en rachetant à la mairie le centre social voisin. Une Romain Bouillard y a-t-il vu un signe du destin ? reconversion rêvée et réussie, à laquelle il y a certai- Son établissement en tout cas reprend les mêmes nement plus d’une explication rationnelle… codes. Les murs des Fleurines, mêmes recouverts de zinc et d’un jardin vertical, ont conservé leurs «Un endroit atypique atours historiques : ferronnerie, arceaux en pierre pour vivre une véritable et vieilles portes en bois. Quand les chambres ma- expérience en Bastide.» rient matières et couleurs dans une explosion de Romain Bouillard modernité. Avec Les Fleurines, le jeune hôtelier de 31 ans n'a L’intérieur résolument contemporain de son hôtel est fait pour mettre en valeur les traces du pas seulement réinvesti sa ville natale ; il passé. Bien sûr, il y a les lits king size, a ouvert également des pistes pour les salles de bain décloisonnées, le la rénovation de la Bastide, en confort des grandes ouvertures, démontrant que le contempo- la salle de sport, l’espace de rain y a toute sa place. travail de 110 m2 et le spa Avant 2009 pourtant, il tra- sur la terrasse … Mais les vaille chez Labinal à Ville- vrais plus, ce sont ces pe- mur-sur-Tarn, en qualité tites fenêtres qui s’ouvrent de responsable de projets. comme un cadre sur la Premiers pas logiques pour chapelle des Pénitents ce diplômé d’un BTS élec- Noirs, les petits-déjeuners à trotechnique et d’une école prendre sur les pavés ou sur de commerce, mais pas per- les petits balcons en fer forgé, tinents. Romain Bouillard ne se cette vue depuis les étages sur les sent pas à sa place et finit par opter toits de la ville. pour la filière familiale. Fils d’hôteliers-restaurateurs (ses parents tiennent «Les clients d’autrefois recherchaient simplement Le Relais de Farrou, tout proche) et fan de déco, un lieu pour dormir, explique Romain Bouillard. il s’associe alors à la jeune architecte Fanny Grès Aujourd’hui, nous leur proposons un endroit aty- pour créer «un hôtel différent, en dehors des stan- pique pour vivre une véritable expérience en Bastide. dards, en centre-ville de Villefranche-de-Rouergue.» C’était pourtant un défi de créer cette structure ici, Et c’est rue de la Haute-Guyenne, là où certains se alors que ça aurait certainement marché dans des souviennent être venus prendre un café dans le grandes villes comme Toulouse ou Montpellier.» temps, qu’il accroche l’enseigne des Fleurines en Mais le jeune homme «adore» Villefranche. Et par- juillet 2010. ticulièrement ce Villefranche, qui a le goût du tou- Cinq ans après avoir ouvert ce premier bâ- risme et du patrimoine : «La ville a plein de potentiel timent de dix-huit chambres et suites, il et ne demande qu’à connaître une deuxième jeunesse.» 18 - ECO’Aveyron
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