STRATEGIE DIAGNOSTIQUE DE L'EMBOLIE PULMONAIRE ET - PLACE DE LA SCINTIGRAPHIE PULMONAIRE Dr Sandra GONZALEZ Février 2018 Service de médecine ...
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STRATEGIE DIAGNOSTIQUE DE L’EMBOLIE PULMONAIRE ET PLACE DE LA SCINTIGRAPHIE PULMONAIRE Dr Sandra GONZALEZ Février 2018 Service de médecine nucléaire – APHM Marseille – Pr E. GUEDJ / 19
Scintigraphie pulmonaire : indications Diagnostic d’embolie pulmonaire (EP) récente Recherche de séquelles post-emboliques Prise en charge de la récidive embolique Recherche HTAP post embolique Bilan fonctionnel pré-chirurgical Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 2 / 19
Scintigraphie pulmonaire : Contre-indications / Précautions Pas de contre-indication Pas d’effets secondaires ni de précautions particulières avant l’examen : – Hormis celle de vérifier que le patient soit capable de supporter une immobilisation en décubitus dorsal de 20-40 minutes Cas particulier de la Grossesse : optimisation des protocoles +++ – Au vu des enjeux diagnostics, ne pas transiger sur la qualité de l’examen: ventilation et TDM (low dose) en plus de la perfusion si jugés nécessaires – Limiter l’irradiation : • Augmenter la diurèse (hydratation, faire uriner) • +/- Réduire l’activité injectée en perfusion • +/- Jouer sur le compromis activité/temps (rallonger le temps/pas) – Dose fœtale délivrée : • Scinti pulmonaire : 0,5 à 0,5 mGy • dose au fœtus : 0,06 à 0,9 mGy Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 3 / 19
Scintigraphie pulmonaire : Technique Mode planaire (-) ou tomographique (TEMP / SPECT) +++ Couplage au scanner (TEMP-TDM / SPECT-CT) Mono ou double isotope Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 4 / 19
Embolie pulmonaire : Epidémiologie Maladie potentiellement mortelle (mort subite, défaillance cardiaque, HTAP) – EP ratée = 30 % de décès (Barritt et al.Lancet 1960) – 11% de décès rapides (premières heures) Incidence annuelle augmente (allongement espérance de vie, augmentation suspicion, amélioration performances diagnostiques): 110 000 cas /an en France de MTEV dont 40 000 EP/an « Prévalence » diminue : augmentation de la suspicion supérieure à l’augmentation de l’incidence (50% en 1967, 30% en 1990, 20% en 2004) Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 5 / 19
Embolie pulmonaire : Problématique Le diagnostic d’EP reste un défi en pratique clinique : Diagnostic complexe : le test parfait n’existe pas Situation très fréquente : 1% de la population testée pour une suspicion de MTEV/an Une certitude diagnostique est nécessaire : – Ne pas « rater » une EP : • Maladie grave, potentiellement fatale • Risque de récidive embolique de 1,7% à 3 mois (si pas de ttt) et mortelle dans 20% des cas – Ne pas anticoaguler à tort : risque de complications hémorragiques (saignement majeur > 2% / an (Carrier et al. Ann Intern Med 2010)), mortelle dans 20% des cas) Aucun élément isolé n’est suffisamment sensible ni spécifique pour affirmer ou exclure avec certitude le diagnostic d’EP Nécessité de les regrouper au sein d’une stratégie diagnostique Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 6 / 19
Diagnostic de l’EP : Stratégie diagnostique 1) Suspecter le diagnostic d’embolie pulmonaire 2) Etablir une probabilité clinique pré-test d’embolie pulmonaire : Score de Wells et Score de Genève révisé o 3 classes de probabilités d’EP : faible, intermédiaire et forte o Ne suffit jamais pour affirmer ou éliminer le diagnostic +++ o Indispensable pour : o l’interprétation des autres tests diagnostic o sélectionner groupe à faible risque dans lequel la démarche peut être simplifiée 3) Choisir un examen paraclinique selon le niveau de probabilité clinique • D-Dimères • Echo doppler des MI • Scintigraphie pulmonaire 2 examens validés comme pierre angulaire des • Angioscanner pulmonaire stratégies diagnostiques +++ Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 7 / 19
Principe de l’algorithme diagnostic devant suspicion de MTEV Recommandations SPFL 2018 Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 8 / 19
Imagerie diagnostique : Echo-Doppler membres inférieurs Utile en 1ère intention si suspicion d’EP avec D-Dimères positifs et si contre- indication au scanner ou signes cliniques de TVP TVP si absence de compression d’un segment veineux par la sonde d’échographie Recommandations SPFL 2018 : – Echo-Doppler positif : • Il est recommandé de retenir le diagnostic d’EP si l’échographie veineuse de compression est positive en proximal (TVP proximale) chez un patient ayant des symptômes thoraciques faisant suspecter une EP (Grade1+) • Il est suggéré de ne pas poursuivre les investigations à visée diagnostique dans cette situation (Grade 2-) – Echo-Doppler négatif : • Il n’élimine pas le diagnostic d’EP (sauf si probabilité clinique faible et scintigraphie pulmonaire non conclusive) Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 9 / 19
Angio-scanner spiralé thoracique multibarettes Examen d’imagerie de 1ère intention (recommandations SPFL 2018) : – disponibilité 24H/24 +++ – non invasif – très bonnes performances diagnostiques Sensibilité et spécificité de 95% : – permet donc d’exclure le diagnostic d’EP si négatif sauf en cas de forte probabilité clinique => compléter par un autre examen d’imagerie – permet d’affirmer le diagnostic d’EP si positif (visualisation d’une EP segmentaire ou proximale) Si contre indication (IR sévère / allergie PDC) => Scintigraphie pulmonaire (ou Echo-Doppler MI) Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 10 / 19
Scintigraphie pulmonaire planaire Examen non invasif presque plus réalisé en pratique (
Angioscanner versus Scintigraphie planaire Anderson et al. (JAMA 2007) – Risque évènement thrombo-embolique (ETE) à 3 mois : non significatif – Prévalence EP : 19,2% (AngioTDM) vs 14,2 % (scinti planaire) = + 30% • Probable surdiagnostic avec angio TDM => surtraitement Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 12 / 19
EP aigue : recommandations de la Société Européenne de Cardiologie 2014 ESC Guidelines, EurHeartJ 2014 Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 13 / 19
Tomoscintigraphie pulmonaire : examen idéal? Combinaison avantages scinti / angioTDM Scintigraphie planaire Angio TDM Irradiation 3 fois plus faible Stratégie simple Pas de produit de contraste Diagnostic différentiel Pas de contre indication Suivi/récidive Pas de surdiagnostic ? NB : Avantages sur acquisition planaire : -Pas de superposition -Meilleure caractérisation des défects : taille, forme, localisation / 19
Tomoscintigraphie pulmonaire : amélioration des performances diagnostiques ? Amélioration des performances diagnostiques probables comparativement à la scintigraphie planaire mais études souvent biaisées, rétrospectives, mono-centriques, avec critères d’interprétation variables (SPECT in acute pulmonary embolisme. Stein and al. JNM 2009) Recommandations SPLF 2018 : – En l’absence de données prospectives pour la tomoscintigraphie (SPECT), il est suggéré d’utiliser la scintigraphie planaire avec les critères diagnostiques de l’étude PIOPED plutôt que d’opter pour la SPECT (Grade2+) – En raison de son manque de disponibilité 24H/24 et du nombre important d’examens non diagnostiques, la scintigraphie est surtout utile en cas de contre-indication au scanner Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 15 / 19
Algorithme diagnostique en cas de suspicion d’EP non grave Recommandations SPFL 2018 Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 16 / 19
Tomoscintigraphie pulmonaire : perspectives Etude SPECTACULAR – Essai clinique randomisé multicentrique (France, Canada, Suisse) prospectif – 3672 patients – Schéma de l’étude : – Objectif principal: Evaluer si une stratégie diagnostique incluant une tomoscintigraphie n’est pas inférieure aux stratégies diagnostiques actuellement validées (scintigraphie planaire ou angioscanner), pour exclure en sécurité le diagnostic d’EP – Critère principal : événements TE à 3 mois chez patients non traités Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 17 / 19
Tomoscintigraphie pulmonaire : attention aux pseudo- planaires Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 18 / 19
Tomoscintigraphie pulmonaire : apport du TDM en complément du SPECT ? (1) La TDM ne peut remplacer la ventilation +++ risque important de faux positifs La TDM a un impact limité sur les performance de la tomo pour le diagnostic d’EP (pas d’impact sur la sensibilité de l’examen) TDM faible dose : intérêt pour le diagnostic différentiel et la découverte de lésions fortuites (NP, ADP, lésions, anévrysme aorte….) Gutte, J Nucl Med 2009; Le Roux, Nucl Med Commun 2015; Ling, Intern Med J. 2012 Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 19 / 19
Tomoscintigraphie pulmonaire : apport du TDM en complément du SPECT ? (2) Perfusion seule / TDM => évocateur d’EP Ventilation /Perfusion => Non évocateur d’ EP ► La TDM n’est pas un substitut fiable aux images de ventilation Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 20 / 19
Aspect scintigraphique de l’EP (1) Troubles dissociés de V et P (mismatched) : hypoperfusion et ventilation normale en regard Perfusion (Q) Ventilation (V) Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 21 / 19
Aspect scintigraphique de l’EP (2) MAIS attention un trouble associé de V et P peut être lié à une EP +++: – Bronchospasme sur EP +++ : une interruption brutale de la perfusion dans une zone peut induire un bronchospasme réflexe transitoire pendant qq heures – Autres causes: adaptation ventilatoire par hypocapnie, superposition d’un épanchement, pathologie mixte !!!! Même si n’est pas le plus souvent d’origine embolique !!!! Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 22 / 19
Différentiel : anomalies V/P dissociées Obstruction artérielle • Embolie cruorique +++ : obstruction aigue ou chronique (séquelles avec pulmonaire aigüe ou ou non HTAP) chronique • Embolie non cruorique : Corps étrangers (toxicomane), embolie graisseuse, gazeuse ou tissu pathologique cancéreux ou bénin, obstruction endoluminale (sarcome de l’artère pulmonaire) Compression artérielle • Cancer pulmonaire extrinsèque • Pathologie hilaire/médiastinale (ADP néoplasiques, tumeurs), • Anévrisme de l’aorte Pathologie artérielle • HTAP primitive (hyperplasie parois musculaires) pulmonaire • Malformation artère pulmonaire (hypoplasie, sténose, agénésie), • Artérites : Maladie de Takayashu, vascularites (collagénose, Wegener…) Pathologies infiltratives • Poumon radique diffuses • Lymphangite carcinomateuse • Œdème pulmonaire Emphysème • Emphysème bulleux ventilé ou aéré Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 23 / 19
Physiopathologie des anomalies V/P concordantes Absence de tissu • Chirurgie • Pneumothorax • Bulle d’emphysème exclue Remplacement du tissu sain • Tissu cicatriciel et calcifications par du tissu pathologique • Tissu néoplasique • Abcès • Infarctus pulmonaire Vasoconstriction hypoxique: • Corps étranger obstruction bronchique +/- • Bouchon muqueux aigues • Cancer endo bronchique • Bronchopneumopathies infectieuses Vasoconstriction hypoxique: • Asthme (bronchoconstriction proximale) Pathologies obstructives • Bronchite chronique et emphysème (BPCO) chronique • Bronchectasies (DDB) • Mucoviscidose Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 24 / 19
Analyse sémiologique des images Analyse globale : – Contour – Fixation Droit/Gauche – Fixation sommet/base Analyse détaillée : recherche d’un déficit perfusionnel (= défect) : – Taille : • Anomalie segmentaire (> 75% de la taille du segment) • Anomalie sous-segmentaire (25-75% de la taille du segment) • Anomalie non segmentaire (
Critères d’interprétation : TOMOSCINTIGRAPHIE PULMONAIRE Interprétation binaire : « évocateur d’EP » ou « non évocateur d’EP » Seuil de positivité : 1 segment ou 2 sous segments mismatchés Rationnel : – Amélioration des performances scintigraphiques grâce à la tomo – Simplicité d’utilisation pour les MN – Plus grande compréhension des cliniciens, stt les non spécialistes de l’EP – Simplification de la stratégie diagnostique +++ Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 26 / 19
Critères d’interprétation : TOMOSCINTIGRAPHIE PULMONAIRE Tomoscintigraphie sûre pour éliminer l’EP mais attention à ne pas positiver en excès +++ = risque de surdiagnostic – Tomoscintigraphie pulmonaire • plus sensible aux hétérogénéités de V/P que la planaire • plus de défects • un segment c’est grand ! Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 27 / 19
Exemple (1) Perfusion normale = EP éliminée Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 28 / 19
Exemple (2) 1 sous segment mismatché : = examen NON EVOCATEUR d’une EP récente selon les critères EANM Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 29 / 19
Artéfacts / Pièges : scissures Hypofixation souvent prédominante en perfusion. Hypofixation peut être localisée sur une petite partie de la scissure, svt partie haute (jonction dorsal / nelson) oubasse(jonctionlobe moyen/ antérobasal) Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 30 / 19
Artéfacts / Pièges : versant antérieur des bases Attention versant antérieur des bases ! (droite+++) Gradient physiologique perfusionnel antéro- postérieur Partie basse des scissures Respiration Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 31 / 19
HTP thrombo-embolique chronique : Généralités Deux examens clefs pour le diagnostic d’HTP TEC : – Echo-doppler cardiaque – Scintigraphie pulmonaire de perfusion et de ventilation La Scintigraphie pulmonaire (V/Q) est l’examen clef pour dépister une origine post-embolique chez les patients présentant une hypertension pulmonaire +++ (Se 90-100%, Sp 94-100%). Elle est plus performante que l’angioscanner dans cette indication. L’angiographie pulmonaire reste l’examen de référence pour confirmer l’origine post-embolique et évaluer l’opérabilité Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 32 / 19
HTP TEC et Scintigraphie pulmonaire: Critères d’interprétation L’interprétation repose essentiellement sur la perfusion : recherche de défects perfusionnels non concordant avec un défect ventilatoire (mismatché) – Perfusion : défauts de perfusion moins nets, aux bords moins tranchés – Ventilation : généralement normale Critères d’interprétation : – Scintigraphie pulmonaire planaire: critères PIOPED (Tunariuet al. J NuclMed 2007) • VQ normale : exclusion de l’origine post-embolique • VQ de probabilité faible ou intermédiaire : non évocateur d’une origine post embolique • VQ forte : très évocateur d’une origine post embolique (mais attention à la maladie veino occlusive qui peut présenter un aspect VQ identique) – Tomographie : Aucune étude Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 33 / 19
Scintigraphie pulmonaire planaire évocatrice d’une origine TE Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 34 / 19
Scintigraphie pulmonaire : intérêt du suivi ? Le suivi à 3 mois, comparatif avec un examen précoce, est proposé pour guider l’arrêt des AVK, 3 mois, 6 mois, ou à vie Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 35 / 19
Scintigraphie pulmonaire: évaluation du risque de récidive ? Conclusion: Chez les patients ayant une 1ère EP non provoqué, âgé de 50 ans ou plus, un index d'obstruction vasculaire pulmonaire > 40% au diagnostic ou > 5% après 6 mois d'anticoagulation est associé à un risque accru de MTVE récurrentes. Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 36 / 19
Bilan étiologique devant une MTVE Si absence de survenue provoquée (post-op, immobilisation, alitement) ou néoplasie évolutive (bilan négatif dans 30% des cas=MTVE idiopathique): Recherche de néoplasie sous jacente : – Indication : TVP proximale ou EP non provoquées ou récidivantes – Méthodes: examen clinique complet, bilan biologique (NFS, VS) +/- examens complémentaires en fonction de la clinique. Bilan exhaustif non recommandé (TDM ,fibroscopie, marqueurs tumoraux…) car couteux et invasif – NB : PHRC multicentrique (en cours) : TEP TDM si EP récidivante Bilan de coagulation complet : – Indication : 1er épisode TVP proximale ou d’EP non provoquées avant 60 ans Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 37 / 19
Perspectives : V/Q PET-TDM au Ga68 Substitutions du 99mTc par du Gallium 68 : 68Ga-MAA et Galligas 1Kotzerke J et al, EJNMMI 2010, 37(1) 2Borges JB et al JNM 2011, 52(2) 3Hofman MS et al, JNM 2011, 52(1) Processus physiologiques similaires (MAA) Avantage : technologie PET (>SPECT) : – Haute sensibilité – Haute résolution spatiale – Capacité quantitatives meilleures Scintigraphie et tomoscintigraphie pulmonaire 38 / 19
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