Sur la croissance Paysages entrelacés, noués, enroulés On-Growing Intertwined, knotted, coiled Landscapes - Mamac
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Irene Kopelman Sur la croissance On-Growing Paysages entrelacés, Intertwined, knotted, noués, enroulés coiled Landscapes
La vie secrète de la forêt Hélène Guenin « L’une des stratégies que je mets en jeu est de me placer (litté- ralement) en un territoire inconnu où j’essaye alors de dessiner. Dans un lieu si éloigné de ma zone de confort que je ne peux l’avoir anticipé, dans un paysage que je n’ai pas vu ou expéri- menté avant, que j’observe de première main, pour la première fois, j’essaye de dessiner. C’est une situation dont je ne connais rien excepté que je veux la dessiner et je transforme mes obser- vations en une représentation 1. » Des icebergs de l’Antarctique aux glaciers alpins en pas- sant par les forêts du Panama ou du Pérou, l’artiste d’origine argentine Irene Kopelman explore des écosystèmes exception- nels du globe en quête de compréhension des mécanismes du monde vivant. Chaque nouvelle recherche et nouveau biotope constituent une aventure spécifique d’immersion et de tenta- tive d’appréhension à la fois sensible (ressentir le paysage, son échelle, ses mouvements), visuelle (l’intrication et interdépen- dance d’éléments) et intellectuelle de la nature (découvrir avec les équipes scientifiques sur place les outils d’enregistrement, de mesure, comprendre la vie propre de ces écosystèmes et leur rôle à une grande échelle). Français A l’instar des protocoles scientifiques d’étude, chaque contexte appelle une approche méthodologique particulière, 1 une échelle de travail, un mode de restitution, mûris après Irene Kopelman, Notes on Represen une phase d’observation, voire d’imprégnation sur place. « Le tation, 19 octobre 2015. contexte provoque un système de représentation que je n’aurais www.coleccioncisneros.org/editorial/ cite-site-sights/notes-representation. pu imaginer dans aucune autre situation. Certaines formes « One of the strategies I put into appellent des lignes planes, d’autres de la profondeur et de play is that of placing myself in l’ombre. L’énigme doit être résolue, le cerveau doit échafauder (literally) unknown terrain, where des stratagèmes et cela devient conflictuel et confus, mais I then try to draw. In a place so far out of my comfort zone that I cannot finalement le mystère est résolu par l’œil, l’esprit, et la main have previously conceived of it, qui dessine. Finalement, le système de dessin est aussi un sys- in a landscape I have not seen or tème d’interaction avec le paysage, et la série de dessins peut experienced before, which I observe commencer à exister 2 », explique Irene Kopelman. De cette firsthand for the first time — I try do draw. It is a situation I know nothing phase expérimentale naissent des séries de graciles dessins about except that I want to draw it, ou de gouaches, à la limite de l’abstraction, dont les motifs and to turn my observations into a parcellaires évoquent autant d’échantillons d’un paysage. representation. » Ce travail « sur le motif » et cette pratique de relevés « d’après 2 Ibid. « The context triggers a system nature » renvoient aux explorations des naturalistes aux XVIIIe of representation I could not have et XIXe siècles. Fascinée par les cabinets de curiosités et les imagined in any other situation. multiples planches de minéraux, d’espèces botaniques nées Some forms demand flat lines, others de cette période de découvertes, l’artiste interroge cette ère depth and shadow. The riddle has to be solved, the brain has to pull out d’exploration et de construction du savoir, d’identification des stratagems, and it gets conflicted and phénomènes naturels et de tâtonnement méthodologique, confused but eventually the puzzle tout en la confrontant aux enjeux écologiques contemporains. will get solved by the eye, the mind, and the drawing hand. Eventually Elle hybride intimement la logique d’observation, de relevé, de the drawing system is also a system classement des formes de la nature d’un Carl von Linné, d’un of interaction with the landscape, Carl Gustav Carus ou d’un Alexander von Humboldt — qui and the series of drawings can begin ont participé a l’aventure de la connaissance et des sciences to exist. »
odernes —, et la subjectivité assumée d’une réappropriation m ositionnement à distance. Au terme de cette phase d’étude, p individuelle et néophyte de son expérience des biotopes. Ses Irene Kopelman décide d’entreprendre la série de dessins multiples carnets, notes d’observation qui accompagnent cha- depuis un bateau, au cœur d’une crique préservée. Elle initie cune de ses expéditions renforcent cette parenté avec l’érudit ce travail début 2015. éclairé, émerveillé par la richesse du monde qu’il découvre. Irene Kopelman a mené de nombreuses résidences de L’enchevêtrement, l’inextricable, produits par la luxuriance recherche en collaboration avec des muséums d’histoire natu- des écosystèmes et la spécificité de certaines espèces à la relle, des collections géologiques (Londres, Amsterdam), des croissance virale, la confusion des règnes constituent des parcs naturels (Hawaii) ou des laboratoires de recherche, tels terrains de prédilection de l’artiste. Avant d’étudier les lianes que le Smithsonian Tropical Research Institute au Panama ou et la mangrove en contexte tropical et d’aborder ce protocole le Manu Learning Center dans la foret péruvienne, observant empirique d’observation qui deviendrait méthode, l’artiste leurs travaux de terrain avant d’amorcer sa propre immersion. s’était déjà confrontée à un arbre extraordinaire : le banian. Immersion au sens littéral du terme car son choix s’est sou- Considéré comme un arbre sacré en Inde, il incarne une image vent porté sur des paysages extrêmes par leur immensité, leur de la continuité et du cycle d’éternel recommencement avec ses caractère enveloppant et l’incapacité relative à appréhender racines qui pointent vers le ciel et ses branches qui, tombées leur globalité. au sol d eviennent racines à leur tour, donnant ainsi naissance De cette immensité, elle a chaque fois isolé des éléments a à de nouveaux banians. En 2009, dans le jardin botanique de priori modestes (lichens, feuilles, simples jeux de lignes pen- Calcutta, Irene Kopelman entreprend de dessiner le plus grand dant la course du bateau en Antarctique, etc.), comme pour banian du monde. Véritable phénomène, ce dernier se déploie mieux ramener l’univers à ses composantes, à ses mouvements, sur plus d’un hectare et demi et est supporté par près de 3.000 et mieux suggérer notre propre insignifiance… Nous remémorer racines aériennes qui soutiennent des branches maîtresses. ce que nous ne cessons d’oublier : que nous ne sommes qu’une Ce « monstre enchaîné », comme le qualifiait Paul Claudel, à constituante agissante du monde. Cette logique d’atomisation la croissance extraordinaire constitue un « milieu » en soi avec souligne une conception vitaliste de la nature et s’incarne dans ses vies et destins végétaux entremêlés — luttant souvent pour la délicatesse quasi impressionniste et élémentaire du dessin. leur survie au détriment d’arbres et de branches existants, son Français Français échelle monumentale. Tout à la fois arbre et forêt, partie élé- Après une première période d’immersion et de travail dans la mentaire et totalité, le banian résume merveilleusement l’inter- forêt tropicale au Panama, elle entreprend, en janvier 2014, dépendance, lutte et solidarité du vivant. Du gigantisme de cet Project Vertical Landscape, Lianas, une série de dessins de arbre, l’artiste décide d’extraire les verticalités parallèles, les lianes, extrayant leurs entrelacs de la luxuriance et de la pro- destins à la fois liés et individuels, qui se déploient dans un jeu fusion inextricable du milieu. Constatant l’impossibilité de de plans horizontaux dans ses aquarelles Banyan Tree (Looking saisir la totalité de son environnement et de lire la diversité des at Trees). Pour l’exposition au MAMAC, Irene Kopelman réin- espèces, elle décide d’isoler mentalement la prolifération des vestit cette série de dessins et réalise deux grandes peintures lianes et leur colonisation des arbres pour atteindre la lumière, à l’acrylique dont les motifs fragmentaires évoquent des archi- avant de les dessiner : « Je décide de ne pas dessiner l’arbre, pels végétaux arrachés à l’immensité. ou les arbres auxquels les lianes sont suspendues. Une forêt sans arbres. Une forêt exclusivement composée de ce qui pend Irene Kopelman oscille entre perception empirique et appren- depuis les arbres et entre eux ». Elle ajoute : « Tout est follement tissage poussé des écosystèmes grâce à ses interactions avec les abstrait dans ce paysage » 3. La série, réalisée au cours de jour- communautés scientifiques, pour proposer une vision fragmen- nées entières d’observation, met en évidence la complexité de taire d’écosystèmes fragiles à travers le monde. Si chaque pro- leur croissance et cheminement vers le soleil, avec des jeux de jet est longuement nourri de phases d’observation et d’étude, courbes, d’enroulements, de nœuds et de tension, évoquant en motivé par une soif de connaissance, elle assume, à la fin de ce creux leur prédominance dans la forêt. processus, de privilégier ce qui aura décanté de son immersion 3 sensible et de ce qui aura fasciné son regard. Cette méthode, Irene Kopelman, Notes sur les lianes, Début 2015, elle se rend sur le site de recherche de l’institut qu’elle éprouve au fil des années, rejoint le point de vue prôné 16 janvier 2014, “I think I’m deciding Smithsonian à Bocas del Toro avec pour objectif de dessiner par Carl Gustav Carus et de nombreux érudits — artistes de la not to draw the tree, or the trees to which the lianas are holding la mangrove, notamment les racines aériennes, chargées période romantique. Celui-ci privilégiait une approche de la vie themselves. A forest without trees. d’alimenter l’arbre en oxygène et les racines immergées, qui de la Terre et considérait qu’une connaissance poussée de la I forest only with what is hanging apportent les nutriments nécessaires à sa vie. Le voyage préa- formation des montagnes et de leur constitution ferait progres- from them and in between them.”, et : “Everything is crazily abstract in lable, en 2014, lui avait permis de repérer le site et de travailler ser l’art de la peinture de paysage 4. Il est frappant, à cet égard, this landscape”. en collaboration sur place avec des scientifiques pour appré- de lire dans le journal de bord tenu par Irene Kopelman à cha- 4 hender le cycle de vie de la mangrove et son écosystème global, cune de ses expéditions, la manière dont l’observation de la vie Carl Gustav Carus, Lettre sur la d’envisager le point de vue à privilégier, entre immersion ou et de la lutte végétale dans un territoire donné, l’immersion physiognomonie des montagnes, 1831.
physique — quasi empathique qu’elle entretient avec l’environ- The Secret Life of the Forest nement, nourrissent sa réflexion sur l’essence même du dessin, Hélène Guenin la logique de composition et de cadrage, le jeu des lignes et leur nécessité. Des jungles aux déserts, des paysages polaires aux volcans, elle “One of the strategies I put into play is that of placing myself in poursuit la même quête de lecture esthétique et intellectualisée (literally) unknown terrain, where I then try to draw. In a place du paysage et de déchiffrement de la vie qui l’anime et même de so far out of my comfort zone that I cannot have previously l’impulsion de survie qui détermine le destin singulier de cha- conceived of it, in a landscape I have not seen or experienced cune de ses composantes. Face à l’immensité et au chaos des before, which I observe firsthand for the first time — I try to sites explorés, elle opte pour le témoignage sensible de l’infini- draw. It is a situation I know nothing about, except that I want ment petit des acteurs qui la composent, soulignant l’incom- to draw it, and to turn my observations into a representation.” 1 mensurabilité de l’univers et l’impossibilité de penser son am- pleur et sa complexité. Cette vision atomisée permet également From the icebergs in Antarctica to Alpine glaciers, passing de mettre en avant la très grande vulnérabilité des écosystèmes through the forests of Panama or Peru, the Argentinian artist puisque le plus modeste des maillons s’avère indispensable Irene Kopelman explores the planet’s exceptional ecosystems, au tout. « La tâche que je me suis assignée provient de mon seeking to understand the mechanisms of the living world. sentiment d’incompétence lorsque je suis confrontée à (un) Each new search and new biotope is an immersion in nature paysage et est fondée sur la sensation que rien ne se p résente en and an attempt at understanding that is at once sensory (feeling soi comme un tout mais est toujours couvert ou obstrué par et the landscape, its scale, its motion), visual (the intricacy and entremêlé avec quelque chose d’autre », écrit-elle 5. interdependence of each element) and intellectual (being intro Son prochain terrain d’investigation portera d’ailleurs sur duced to recording and measuring equipment by scientific le plancton, point de départ de la chaîne alimentaire et de toute practitioners and grasping the autonomous nature of these activité biologique aquatique… ecosystems and the overall role they play). Like scientific study protocols, each context requires a Français English particular methodological approach, a scale of work, a form of restitution, matured following a phase of observation, or even impregnation, on site. “The context triggers a system of representation I could not have imagined in any other situation. Some forms demand flat lines, others depth and shadow. The riddle has to be solved, the brain has to pull out stratagems, and it gets conflicted and confused but eventually the puzzle will be solved by the eye, the mind, and the drawing hand. Eventually the drawing system is also a system of interaction with the landscape, and the series of drawings can begin to exist,” explains Irene Kopelman.2 This experi mental phase leads to series of graceful drawings and watercolors verging on the abstract, whose fragmentary motifs resemble so many samples from a landscape. This practice of working sur le motif, from the direct observation of nature, recalls the works of the eighteenth- and nineteenth- century naturalists. Fascinated by curiosity cabinets and the many illustrations of minerals and botanical species that came out of this period of discoveries, the artist interrogates this era of exploration and construction of knowledge, 5 identification of natural phenomena, and methodological Irene Kopelman, op. cit., « The “task” I’ve continued to assign experimentation, while at the same time confronting it with 1 myself still stems from my feeling of contemporary ecological issues. She intimately hybridizes Irene Kopelman, Notes on incompetence when confronted with the logic of observation, of study, of classification of natural Representation, 19 October 2015. this landscape, and is based on the www.coleccioncisneros.org/ forms, like Carl von Linné, Carl Gustav Carus or Alexander von sense that nothing presents itself as editorial/cite-site-sights/notes- a whole but always gets covered or Humboldt — who played a part in the adventure of knowledge representation. obstructed by, and entangled with, and modern sciences — and the assumed subjectivity of 2 something else. the individual and novice repossession of her experience of Ibid.
biotopes. Her multiple booklets, the observation notes which Entangled and inextricable territories produced by the accompany each of her expeditions, reinforce this relationship luxuriance of the plants, vegetative species characterized by a with the enlightened scholar, amazed by the wealth of the viral growth, and ecosystems dominated by taxonomic con world he or she discovers. fusion are the artist’s preferred fields. Before studying lianas Irene Kopelman has conducted many research residencies and mangrove trees in the tropical context and exploring in partnership with natural history museums, geological this empirical protocol of observation which would become a collections (London, Amsterdam), natural parks (Hawaii), method, the artist had already dealt with an extraordinary tree: and research laboratories, such as the Smithsonian Tropical the banyan. Considered in India to be a sacred tree, it embodies Research Institute in Panama and the Manu Learning Center an image of continuity and the eternal cycle of renewal, with in the Peruvian forest, observing the work of each in the field its roots that point skywards and its branches which, when before beginning her own immersion. Immersion, literally, they reach the ground, become roots in turn, thus creating because her preference is often for extreme landscapes, for new banyan trees. In 2009, in the botanical garden in Kolkata, their sheer immensity, their enveloping character, and the Irene Kopelman undertook drawing the largest banyan tree relative impossibility of grasping their totality. in the world. A veritable phenomenon, this tree covers more From that immensity, she isolates what are apparently than one and a half hectares and is supported by nearly modest elements (lichens, leaves, simple sets of lines 3,000 aerial roots, which support the master branches. This from her vessel’s course through the Antarctic, etc.) as a “chained monster,” as Paul Claudel described it, which grows means of reducing the whole to its parts and the sum of so spectacularly, is a “milieu” in itself, with its intertwined their movements, and thereby also suggesting our own plant lives and destinies — often fighting for survival, to the insignificance. She reminds us what we always forget: that detriment of existing trees and branches. At once tree and we are just an active component of the world. This logic of forest, a component and totality, the banyan is a wonderful atomization underlines a vitalist conception of nature and representation of the interdependency, struggle, and solidarity is embodied in the almost impressionist and elementary of the living. From the enormity of this tree, the artist decided delicacy of the drawing. to extract parallel vertical sections, destinies both linked and individual, which unfold in horizontal lines. For the exhibition English English After an initial period of immersion and work in the tropical at MAMAC, Irene Kopelman revisits this series of drawings and forest of Panama, in January 2014 she began the Project Vertical produces two large acrylic paintings, of which the fragmentary Landscape, Lianas, a series of drawings of lianas, extracting motifs evoke plant archipelagos torn from the immensity. their tracery from the luxuriance and inextricable profusion of the environment. Observing how it is impossible to grasp Irene Kopelman sways between empirical perception and the totality of her environment and to read the diversity of advanced understanding of ecosystems, thanks to her inter the species, she decides to mentally isolate the proliferation actions with the scientific communities, in order to propose of the lianas, the way they colonizeation the trees to reach a fragmented vision of fragile ecosystems around the world. the sunlight, before drawing them. “I decided not to draw the While each project is nourished at length with phases of obser tree, or the trees from which the lianas were hanging. A forest vation and study, driven by a thirst for knowledge, at the end without trees. A forest made only of that which hangs from of this process she decides to give preference to what stands the trees and between them.” She adds, “Everything is crazily out from her sensitive immersion and what fascinated her. abstract in this landscape.”3 The series, produced over entire This method, which she has tried and tested over the years, days of observation, highlights the intricacy of their growth adheres to the point of view advocated by Carl Gustav Carus and path to the sun, with curves, loops, knots, and tensions, and many similar scholars — artists from the Romantic period. implicitly evoking their predominance in the forest. He favored an intrinsic approach to life on earth and believed In early 2015 she went to the research site of the Smithsonian that advanced knowledge of the formation of mountains and Institute in Bocas del Toro, with the aim of drawing the man their constitution would move the art of landscape painting grove tree, notably the aerial roots responsible for supplying forward.4 In this respect, it is astonishing to read in the logbook the tree with oxygen and the immersed roots which provide kept by Irene Kopelman during each of her expeditions about the nutrients it needs to live. Her earlier journey, in 2014, had the way in which observing plant life and its struggles in a given given her the chance to identify the site and work on-site with territory, the physical immersion — almost empathetic — that scientists, to grasp the life cycle of the mangrove tree and its she maintains with the environment, feeds her reflection 3 overall ecosystem, and to envisage the best viewpoint, between on the very essence of drawing, the logic of composition and Irene Kopelman, Notes on lianas, 16 immersion or positioning herself at a distance. After this study framing, and the play of lines and their necessity. January 2014. 4 phase, Irene Kopelman decided to embark on the series of Carl Gustav Carus, Notes toward drawings from a boat, in the middle of a protected creek. She From jungles to deserts, from polar landscapes to volcanoes, she a Physiognomy of Mountain Range, began this work in early 2015. pursues the same quest for the aesthetic and intellectualized 1831.
understanding of the landscape and for the decryption of the life that inspires her, and even the survival impulse which determines the singular destiny of each of her components. Faced with the immensity and chaos of the sites explored, she opts for the sensitive testimony of the infinitely small actors that compose it, emphasizing the incommensurability of the universe and the impossibility to contemplate its amplitude and complexity. This atomized vision also makes it possible to highlight the extreme vulnerability of these ecosystems, because the most modest link turns out to be essential for the whole. She writes, “The ‘task’ I’ve continued to assign myself still stems from my feeling of incompetence when confronted with this landscape, and is based on the sense that nothing presents itself as a whole but always gets covered or obstructed by, and entangled with, something else.” 5 Interestingly, plankton, the starting point of the marine food chain and all aquatic biological activities, are to be subject of her next research… English Kopelman au travail sur le t errain Kopelman working on site 5 Irene Kopelman, op. cit.
Ile Barro Colorado, STRI, Panama Barro Colorado Island, STRI, Panama Ile Barro Colorado, STRI, Panama Barro Colorado Island, STRI, Panama 16 janvier 2014 January 16, 2014 28 janvier 2014 January 28, 2014 La question de la représentation The problem of representation is new La liane du jour est le problème du The liana of the day is the problem of est chaque fois nouvelle et ne peut every time, it can never be solved as jour : où devrais-je commencer, à the day: where should I start, at what jamais être résolue comme la fois it was the time before. This time, quelle échelle, depuis où pourrais je scale, from where should I get a grip précédente. Cette fois, au moins, je at least, I know what a liana is, and prendre prise sur un problème aussi on such an enormous problem? Each sais ce qu’est une liane, et je sais que I know that for the entire month my énorme ? Chaque liane est un pro- liana is a different problem. pour le mois à venir les lianes, com- problem will be the lianas, how to blème différent. ment les dessiner, comment se relier draw them and how to relate to them. February 8, 2014 à elles, seront mon problème. Il y en There are many different ones, they 8 février 2014 Sitting now in front of the liana of a de nombreuses différentes, elles se expand all over the place and over- En séance maintenant, devant la liane the day. répandent partout et surpassent tout. take everything. The term used when du jour. It’s always first about looking at Le terme utilisé lorsque les scienti- scientists talk about them is that Il s’agit toujours de les regarder them for a long while; perceiving their fiques parlent d’elles est qu’elles in- they infest the trees; I don’t like the d’abord, pendant longtemps, en thickness, their directions, forces, festent les arbres ; je n’aime pas cette terminology, it’s negative and I like percevant leur épaisseur, leurs direc- tensions. Drawing the lianas seems to terminologie, c’est négatif et j’aime these organisms. There is something tions, forces, tensions. Dessiner des be an issue of tensions. ces organismes. Il y a quelques choses in their intelligence and capacity to lianes semble être une question de To draw the lianas is to draw the dans leur intelligence et leur capacité expand that fascinates me. tensions. dirty side of the landscape, what ruins d’expansion qui me fascine. But coming back to the issue of Dessiner les lianes revient à des- it, the negative, what doesn’t allow Mais, revenons à la question de la representation; this time it starts by siner le côté sale du paysage, ce qui the trees to grow and almost everyone représentation ; cette fois, cela com- choosing which liana to work with, on le ruine, le négatif, ce qui ne permet would wish were not there. mence par choisir avec quelle liane an island filled with lianas, seriously pas aux arbres de pousser et presque travailler, sur une ile remplie de lianes, filled with lianas. Everything is crazily tout le monde souhaiterait qu’elles ne sérieusement remplie de lianes. Tout abstract in this landscape. soient pas là. est follement abstrait dans ce paysage.
Bocas del Toro, STRI, Panama Bocas del Toro, STRI, Panama Bocas del Toro, STRI, Panama Bocas del Toro, STRI, Panama 21 janvier 2015 January 21, 2015 8 février 2015 February 8, 2015 L’enchevêtrement de la mangrove se The mangrove entanglement conti- Le dernier jour. Last day déploie partout ; où achever le dessin nues all over the place; where to finish Je peux reconnaître les formes, je I can recognize the forms, I can iden- serait une décision complètement the drawing would be a totally arbitra- peux identifier où le bateau est déjà tify where the boat has already passed arbitraire. ry decision. passé en regardant la forme des by looking at the shape of the roots. racines. Au début du projet, je croyais At the beginning of the process, 22 janvier 2015 January 22, 2015 que cela ne pourrait jamais arriver. I thought this could never happens. La réussite du dessin relève en grande A lot of the success in the drawing has L’enchevêtrement de formes qui The tangle of forms that was partie du bon point de vue, de la bonne to do with getting the right view, the m’apparaissait vertigineux au début vertiginous to me at the beginning distance, du fait de trouver les bons right angle, and the right distance; me semble désormais familier ; voici now feels familiar; this is the one arbres. Et de l’histoire, aussi : ce n’est to find the right trees. A lot of it is the celle que j’ai dessinée hier, ou l’autre I drew yesterday, or the other one pas la même chose de dessiner depuis story, too; it’s not the same to draw que j’avais observée un autre jour. Les I had observed some other day. The un quai dans une ville touristique from a dock in a touristic town (like formes, toujours complexes, dans une forms, still complex to an inexpres- (comme Bocas) ou de dessiner d’un ba- Bocas) or to draw from a boat as I do inexprimable mesure, me semblent sible extent, seem recognizable to me. teau — comme je le fais maintenant — now, where one can see the extension reconnaissables. Je les comprends. I understand them. They have even d’où l’on peut voir la continuité de la and the continuity of the mangrove Elles sont même devenues un peu become somewhat predictable. mangrove, sentir le chant d’un oiseau, swamp, feel the sound of a bird, too prévisibles. trop grand et trop lourd qui se déplace big and too heavy, moving somewhere quelque part, et d’être emmenée dans more or less nearby, and be taken to cet endroit par un pilote de bateau qui the place by a boat driver who seems semble ne jamais s’ennuyer et s’avère to never get bored and can find an capable de sommeiller dans une varié- endless variety of positions to snooze té infinie de positions dans la racine de in the apparently most uncomfortable mangrove même la plus inconfortable. mangrove roots close to the boat. Pages suivantes: Mangroves (23.01.2015) Following pages: Mangroves (23.01.2015)
Irene Kopelman Sur la croissance — Paysages entrelacés, noués, enroulés On-Growing — Intertwined, knotted, coiled Landscapes Ce livret est édité dans le cadre Commissariat de l’exposition / L’artiste souhaite remercier / de l’exposition / This booklet is Curator of the show The artist would like to thank published in the context of the Hélène Guenin — directrice du Galeria Labor et / and STRI exhibition M AMAC / director of the (Smithsonian Tropical Research M AMAC Institute), pour ces projets, et en Irene Kopelman avec le concours de / particulier / for these projects in MAMAC. NICE. with the cooperation of particular to: Andrew Altier, Stefan 07.07 – 30.09.2018 Laura Pippi-Détrey — attachée de Schnitzer; the team of / l’équipe de conservation du patrimoine / Bocas del Toro Research Station, Sous le haut patronage de / museum assistant curator and STRI, Panama, tout spécialement / Under the high patronage of production manager especially: Rachel Collin, Plinio Christian Estrosi Gondola, Deyvis Gonzalez, Arcadio Maire de Nice Equipe du MAMAC / Castillo, et l’équipe de / and the Président de la Métropole Team of the Museum team of Barro Colorado Island, Président délégué de la Région Jean-François Pin — Administra- STRI, Panama. Provence-Alpes-Côte d’Azur tion. Responsable administratif et financier assisté de Macha Remerciements / Sous la direction de / Ionnikoff et Aurore Valiani Acknowledgements Under the direction of Audrey Terlin — Secrétariat de di- Le MAMAC adresse ses remercie- Gérard Baudoux — Adjoint au maire. rection ments chaleureux à Irene Kopelman, Délégué aux musées et à l’art Lélia Mori, Mélanie Garoute — à sa galerie, LABOR Gallery et Roma moderne et contemporain, Médiation Publications. / MAMAC expresses au développement du mécénat Julia Lamboley, Olivier Bergesi — its gratitude to the artist Irene et aux financements culturels Conservation Kopelman, to her Gallery, LABOR Robert Roux — Conseiller munici- Steve Simon — Responsable tech- Gallery and Roma Publications. pal. Délégué à l’art dans l’espace nique Pour leur aide précieuse / For their public, au cinéma, au pôle de Jean-Luc Bugna, Stéphane Caraglio, precious help and support: cultures contemporaines « Le Michel Derbier — Équipe tech- Association des Amis du MAMAC 109 », subdélégué aux musées et nique Mondriaan Fund aux musiques actuelles Dominique Bitoun — Régie tech- André Santelli — Directeur Général nique www.mamac-nice.org Adjoint pour la Culture et le Anne Decreux — Recherche docu- Patrimoine mentaire et web Pierre Brun — Directeur des musées Olivier Flourent, Jean-Luc Giannetti et autres équipements culturels — Régie audiovisuelle Philippe Constant et les agents de Veolia — Maintenance du bâti- ment les agents de P2K — Sécurité Esther Tallon — Responsable de la boutique Lotfi Berriri, Gaëtane Douchement, Valérie Gaudenti, Kenichi Nakajima, Christian Roger Mar- tin, Danielle San Bernardo, So- phie Turinetti, Milouda Zerouil — Accueil et boutique SINER — Nettoyage Caroline Martinaux — Presse Nathalie Bolot — Communication, directrice assistée de Julie Tartois et Karine Segui
07.07 – 30.09.2018 MAMAC
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