Sur les Chemins de l'écrit - Ministère de la Culture

 
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Sur les Chemins de l'écrit - Ministère de la Culture
Sur les Chemins
de l’écrit                        «INITIATIVES ET EXPÉRIENCES»
                                      MAI 2021 - NUMÉRO 65

                 qui (ne)

                                                                        manquent

S O M M A I R E • Editorial par Edris Abdel Sayed – page 2 • Le mot du jury par Marieke Brocard – page 2 •
Structures participantes – page 2 • Echos des écrits : De pensée en pensée… – page 3 •
Maudit virus – page 3 • Evasion – page 4 • Un bain de nature – page 6 • Doucement, à l’oreille…
– page 7 • A toute allure – page 8 • Secoué par le foehn – page 9 • Tu illumines nos vies – page 11 •
Sur les Chemins de l'écrit - Ministère de la Culture
2 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021

ÉDITORIAL
La région Grand Est à l’heure de la Francophonie
Du 15 au 21 mars 2021, Initiales a orga-         Plusieurs extraits de vos textes sont publiés        Grâce à vos écrits et malgré la crise sanitaire,
nisé avec ses partenaires la Semaine de la       dans ce journal « Sur les Chemins de l’écrit, ini-   la mobilisation a été au rendez-vous (radios
langue française et de la Francophonie en        tiatives et expériences ».                           locales, presse écrite… ont accompagné les
région Grand Est. Vous étiez nombreuses          Quelques échos de vos écrits sont mis en             moments forts de cette opération du minis-
et nombreux, jeunes et adultes franco-           voix et en musique par Céline et Vincent Bar-        tère de la Culture).
phones ou allophones, habitant de villes         din de la compagnie l’Air de Rien (consultez         Bonne lecture sur les Chemins de la langue
ou de villages, à participer à ce projet.        l’enregistrement audio, dont voici le lien           et de la culture.
Bravo aux participant·e·s et merci aux           http://www.dismoidixmots.culture.fr/actualites/
structures qui se sont mobilisées pour fê-       dis-moi-dix-mots-qui-ne-manquent-pas-dair-en-                                    Edris ABDEL SAYED
ter ensemble la langue française.                region-grand-est).                                            Directeur pédagogique régional d’Initiales

Le mot du jury
Chaque année recèle son lot de surprises et d'émotions...
                                                                                                                                                            Les membres du jury
Du fait de la crise sanitaire, nous avons dû     lu les nombreux textes poétiques, drôles,            Régionale des Affaires Culturelles en
réinventer la célébration de la Semaine de       poignants qui, tous, avaient de l'allure.            Grand-Est, présente chaque jour aux côtés             • BROCARD Marieke,
la langue française et de la Francophonie.       Certains nous ont donné du courage,                  des professionnels et des associations                Médiathèques d’Epernay ;
Impossible de se réunir autour des textes        d'autres nous ont enveloppé de mots va-              comme Initiales. Enfin, je tiens à remercier          • CURCHOD Hélène,
et des lauréats ? Impossible de vous faire       poreux, d'autres encore nous ont décoif-             chaleureusement les membres du jury, les              Médiathèque Départementale de la Marne ;
découvrir à voix haute les mots qui nous         fé comme pris dans le souffle du foehn.              animateur·rice·s et les participant·e·s des           • DALLA ROSA Richard, écrivain ;
ont touchés ? Qu'à cela ne tienne : il n'y                                                            ateliers d'écriture des structures cultu-             • DEBAR Eléonore,
a pas que les dix mots cette année qui ne        Pour les membres du jury et pour moi-                relles et sociales partenaires, mais aus-             Médiathèque Croix Rouge de Reims ;
manquaient pas d'air !                           même, faire notre choix parmi des textes             si la compagnie L’Air de Rien qui a su                • DEHAN Cécile, Médiathèque de Nogent ;
                                                 écrits avec application est un moment                insuffler la vie à certains de nos textes.            • GRANDJEAN Sylvie, Médiathèque municipale
Les membres du jury ont répondu pré-             délicat. Mais n'ayez crainte cher·ère·s au-                                                                de Châlons-en-Champagne ;
sents et - à distance – nous avons échan-        teur·e·s, laissez votre main poursuivre d'un         Restons ensemble sur le chemin de la                  • HUEBRA Lucie,
gé, choisissant ainsi, les textes favoris.       mouvement éolien car vos mots ne se per-             langue, notre bien et précieux commun.                Médiathèque les Silos de Chaumont ;
Pas besoin d'ailes pour se rejoindre,            dront pas dans le vent. Vous pourrez les                                                                   • REYDY Anne-Sophie,
nous étions prêtes et prêts à décoller en-       retrouver entre autres sur le site du minis-                                                               Médiathèque Départementale de l’Aube.
semble, à sortir de nos chambres à air –         tère de la Culture que je remercie vivement                                      Marieke BROCARD           • TASSOT Odile, Médiathèque Ronde Couture,
conditionnées, pour vous faire parvenir la       de soutenir chaque année les événements                                           Directrice Adjointe      Charleville-Mézières.
douce fragrance de l'écriture. Impossible        de la Semaine de la langue française et de                          Bibliothèque municipale d’Epernay
de buller trop longtemps : nous avons            la Francophonie, ainsi que la Direction                                            Présidente du jury

                                                                    Les textes sont en ligne !
              Découvrez les textes des lauréat·e·s du concours : https://www.culture.gouv.fr/Regions/Drac-Grand-Est/actu/an/2021/laureats-2021

                                                                                                      Structures participantes
                                                                                                      AATM/CADA Aube (La Chapelle Saint-Luc)                de Romilly / Sézanne, de Saint-Dizier,
                                                                                                      – Dynamo/association Aurore (Troyes)                  de Troyes/Bar-sur-Aube – Bibliothèque
                                                                                                      – EHPAD Orpea Saint-André – Foyer                     municipale de Reims – Médiathèques de
                                                                                                      Jean Thibierge – Maison de Quartier des               Châlons-en-Champagne, de Chaumont,
                                                                                                      Châtillons (Reims) – CCAS / médiathèque               d’Epernay, de Nogent, Jean de la Fontaine
                                                                                                      (Epernay) – EHPAD Jean Collery (Ay-                   et de Fraize (Saint-Dié) – Médiathèque
                                                                                                      Champagne) – Maison Départementale                    Départementale de l’Aube et de la Marne
                                                                                                      des Personnes Handicapées – Centre                    - Réseau des bibliothèques de Châlons-en-
                                                                                                      médical Maine de Biran et Hôpital de jour             Champagne – Réseau des médiathèques
                                                                                                      des Abbés Durand – Résidence Sociale                  Ardenne Métropole (Charleville-Mézières)
                                                                                                      Jeunes – Au cœur des mots (Chaumont)                  – Missions locales de Langres, Châlons-en-
                                                                                                      – Initiales (Saint-Dizier) – BTP CFA (Pont-           Champagne et Paris-Vallée de la Marne –
                                                                                                      à-Mousson) – Lycée Molière Madrid                     Maisons d’Arrêt de Chaumont, de Reims,
                                                                                                      (Espagne) – Ecoles de la deuxième chance              de Troyes – Maison Centrale (Ensisheim).
          Quelques échos de vos écrits mis en voix
         et en musique par Céline et Vincent Bardin
               de la compagnie l’Air de Rien.
          http://association-initiales.fr/dis-moi-dix-mots-qui-ne-manquent-pas-dair/
Sur les Chemins de l'écrit - Ministère de la Culture
3 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021

                                                                                   De pensée en pensée …
                                                                                                                                                     Insuffler des rêves
                                                                                                                                                     Je dépose ma plume au cœur du vent, je la
                                                                                                                                                     vois planer à son aise avec le foehn.
                                                                                                                                                     Cette vision me rend nostalgique d'une
                                                                                                                                                     époque où buller était mon seul loisir, mon
                                                                                                                                                     unique plaisir qui me donnait des ailes.
                                                                                                                                                     Maintenant ce qui me donne des ailes de-
                                                                                                                                                     puis quelques années c'est l'écriture, cette
                                                                                                                                                     possibilité d'insuffler des rêves, larmes ou
                                                                                                                                                     des larmes de rêves, que je veux donner
                                                                                                                                                     aux gens avec une belle et simple lecture.
                                                                                                                                                     La beauté d'un texte est liée à l'allure des
                                                                                                                                                     mots doucement posés, qui lui permet
                                                                                                                                                     ainsi de décoller de pensée en pensée.

                                                                                                                                                                                 Estéban LEPRÊTRE
                                                                                                                                                                                       Mission Locale
                                                                                                                                                                              Langres (Haute-Marne)

                                                                                                                                                     A tire-d’aile
                                                                                                                                                     Alanguie dans son lit, Maguy dévore
                                                                                                                                                     l’Houell’becq :
                                                                                                                                                     « La possibilité d’une île, bien au sec !
                                                                                                                                                     A Ouessant, Tristan ou aux Glénans :
                                                                                                                                                     dans l’eau !
                                                                                                                                                     Permanent ou incessant, sans « A » :
                                                                                                                                                     Ré, plutôt ! ».
Le nouveau mot qui                                  racines anglaises.                               vaporeuses des bibliothèques pour m’en
                                                    Je me souviens d’une étrange sensation           aller rejoindre les langues étrangères et       Installé au zinc, d’où résonne « Loser » de Beck,
voulait changer d’air                               avant ma naissance. Mes lettres n’arrê-          les cultures du bout du monde. Je n’allais      S’morfond Johnny B. : « avec quoi s’remplir
                                                    taient pas de tourner comme les pales            tout de même pas rester ici toute ma vie.       le bec ?
J’ai quitté le néant pour le monde                  d’une éolienne. Et quand elles ont enfin         Alors, comme je désirais tant voyager, je       Barman, une bière ! Pas question d’finir
des mots. Comment me direz-vous ?                   trouvé leur place, mon corps s'est formé.        suis parti dans le vent. Sans passeport,        à l’eau !
Une graine a poussé ? Les ailes d’une ci-           Un minuscule petit corps. Le linguiste           sans moteur, sans pneumatique, sans             Car sans rouge, ale est bonne !
gogne m’ont emmené ? Je ne sais pas.                m’a tout de suite ausculté. Il a trouvé que      même chambre à air. Simplement avec             Merci M’sieur Rimbaud ! ».
La seule chose que je sais c’est que désor-         j’avais fort belle allure. Deux syllabes,        mes deux ailes et ma paire d’Air max.
mais j’existe. J’ai un passé (proche il faut        deux voyelles et deux consonnes. Des pro-        Le souffle des hommes m’a emporté vers          Le clou dans sa paume (et dans sa tabl’
l’avouer), un présent et un futur qu’on me          portions parfaites. Puis il a regardé les        de nouveaux horizons. Et petit à petit,         en tek)
prédit radieux.                                     mots autour de moi.                              j’ai commencé à enrichir les langues du         Ted en connaît des gros mots (certains
Je suis né sans pousser de cri, dans l’aile         Il y a comme un air de famille, c’est indé-      monde entier. Désormais on m’appré-             même en grec) !
gauche d’une bibliothèque, au contraire             niable. Regardez comme ses deux L sont           cie beaucoup. Je pense même qu’on m’a           « Sans elle pour me sout’nir, Allo maman
de ma naissance qui a fait grand bruit.             bien dessinés… Aucun doute, ce mot don-          définitivement adopté. C’est peut-être le       bobo !
On l’a annoncée partout. À la télévision, à         nera un vent de fraîcheur à la langue.           début de la célébrité. Du moins, ça m’en        Chica-chica-Chic : Aïe Aïe Aïe! Vit’, à
la radio, dans les journaux : « Un nouveau          Coïncidence ou pas, je me souviens que           a tout l’air.                                   l’hosto ! ».
mot est né ! Un nouveau mot est né ! »              le jour de ma naissance le Foehn soufflait
Et me voilà aujourd'hui sur toutes les              très fort. Je me souviens aussi du par-                                           Classe de 4e   En revenant de Nantes, marié, j’osais Perec !
lèvres du monde.                                    fum familier qui flottait dans la biblio-                                       Lycée Molière    Depuis la disparition d’Elise : j’pue du bec !
Pourtant je n’ai rien fait pour mériter tout        thèque. Sûrement la douce fragrance de                                       Madrid (Espagne)    Rêvant de revenante, pas d’peau : Où lit
ça. Il a simplement suffi qu’on prononce            ma mère. Ma mère, c’est la rousse qui est                                                        poh!
mon nom pour m’insuffler la vie.                    sur la table et au chaud de laquelle on m’a                                                      A présent largué : Je sens l’ail, l’osso-bucco !
Mes parents ont su bien avant tout le               fièrement installé.
monde ma classe grammaticale. Grâce à               J’ai beaucoup parlé avec les mots qui                                                            A la toute fin, il y a comme un Echo…
une échographie.                                    m’entouraient et comme je suis de nature
— C’est un verbe ! leur a annoncé le lin-           curieuse, j’ai très vite su que je ne voulais                                                                                  Damien METTENS
guiste. Un verbe : quelle classe !                  pas rester là, à buller dans ce livre épais                                                                                       Reims (Marne)
On m’a fait des analyses et comme tout              qui me sert de couveuse. Moi, je rêvais
était en ordre, on m’a placé dans la                d’ailleurs. Je voulais décoller, m’envoler à
chambre A.R (All Right). Oui, j’ai des              vive allure loin des ambiances feutrées et

                                                                                                                           Maudit virus...
                                                    Sauvons le monde                                 Dans cette atmosphère vaporeuse !               Qui manque d’air ?
                                                                                                     Que sa puissance se déchaîne et nous
                                                    Un clou s’est immiscé dans la chambre à          Permette de rouvrir nos ailes                   Tu veux que je dise dix mots qui ne
                                                    air de mon pneu,                                 Dans l’espoir de décoller et de faire dispa-    manquent pas d’air ? Pourtant on en
Le Corbeau                                          Un peu comme ce virus qui insuffle un            raître ce maudit virus !                        manque beaucoup ces derniers temps…
                                                    sentiment d’inquiétude dans nos vies.                                                            On manque d’air dans les mégalopoles,
Le corbeau au Congo signifie                        Poursuivant sa quête, il sème la mort,                                           Alexy MAZO      où les arbres n’ont pas souvent belle al-
Une mauvaise nouvelle en lingala                    Nous touchant en plein cœur, et dans nos                                     BTP CFA 54/55       lure, où les ailes des oiseaux se font plus
Dans le ciel sombre, ses ailes noires               corps.                                                     Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)   rares que les chambres à air des bolides à
Laissent entrer les guerres meurtries               Il se propage à vive allure et nous impose                                                       quatre roues, où buller évoque plus sou-
Selon la légende, son plumage noir                  A tous ses contraintes, à certains de buller !                                                   vent les cloques sur les poumons ayant
Diffuse la maladie à toute allure.                  Ne croyez-vous pas qu’il soit possible                                                           respiré des particules fines plutôt que le
                                                    d’inverser la tendance, d’empêcher sa fra-                                                       bonheur de ne rien faire…
                            Merveille DIASILUA      grance mortelle ?                                                                                On manque d’air dans les zones arc-
                                   Mission locale   Convoquons les éléments de la nature et                                                          tiques, où le pergélisol fond, risquant de
      Paris -Vallée de la Marne (Seine-et-Marne)    Sollicitons le Foehn, et son souffle éolien,                                                     faire décoller les gaz à effet de serre et de
Sur les Chemins de l'écrit - Ministère de la Culture
4 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021

nous apporter un foehn aux fragrances de
dioxyde de carbone…
On manque d’air derrière nos masques,
où l’air insufflé devient vaporeux, où nos
rêves éoliens essaient pourtant de devenir
réalité…
Alors, inspirons bien fort et allons prendre
un bol d’air, pour changer !

                                 Sophie GUERRE
                    Association Au cœur des mots
                      Chaumont (Haute-Marne)

Une vague de nostalgie
Me promenant à faible allure dans les rues
de ma commune,
Dans l’atmosphère vaporeuse d’un soir d’hiver
Où tout semblait s’être arrêté,
Je ne peux que déplorer les portes closes          à toi, à vous, à eux.                               voir les gens.                                    placés pour ne pas avoir à buller. Mais ce
De mes boutiques et restaurants préférés.          Les jours nous usent, telle une chambre à           Nous sommes plusieurs à pleurer, à étouffer       ne sont ni la première, ni la deuxième vague
Leurs propriétaires ne peuvent que                 air qui se vide peu à peu                           Sauf ceux que le virus a déjà tués.               qui nous mettront à terre ! Il s’agit au
Regretter de n’avoir plus qu’à buller.             Car le vélo n’entend plus le rire des enfants.      Nous sommes plusieurs à pourrir, à mourir         contraire d’une lame d’air que nous devons
Ont-ils encore le droit de n’avoir que leurs       Les enfants ne voient plus le sourire des           Le virus doit nous unir.                          créer pour nous permettre de décoller.
yeux pour pleurer,                                 grands-parents.                                     Arrêtons la guerre,                               Pensez-vous qu’il faille se morfondre
Constatant, effondrés, qu’on leur a coupé          Les grands-parents n’ont plus de futur, ni          Ou, soyons clairs, nous allons manquer d’air.     de notre situation ? Que nous devons
leurs ailes ?                                      de présent.                                                                                           obligatoirement rester passifs dans nos
Leurs projets tombant à l’eau,                     On leur a tout pris depuis le confinement.                                        Samira AOURAI       chambres à air conditionné ?
Ils craignent de devenir indigents.                Il est loin le temps où l’on pouvait rire en-                                      Reims (Marne)      Bien sûr que non !
Quel sentiment d’impuissance doivent-ils           semble et buller,                                                                                     Pourquoi ne pas profiter de ce maudit
ressentir !                                        Se téléphoner : « allô, viens on va manger ! ».                                                       événement pour faire d’autres choses !
Songez à un cycliste en pleine course              Ça ressemble à quoi un restaurant déjà ?                                                              Pour prendre le temps avec nos proches
Qui voit ses rêves décoller lorsque                Je ne m’en souviens plus, ça fait des mois.                                                           au coin du feu et d’améliorer notre nid
Sa chambre à air éclate et                         Le temps d’hier, le temps d’avant,                                                                    douillet plutôt que de souffler le froid
Réduit à néant toutes possibilités !               Quand je portais du rouge à lèvres brillant.                                                          sur le foehn ! Ne brûlons pas nos ailes
Au beau milieu de cette détresse qui m’entoure,    Ce temps où l’on pouvait se serrer dans                                                               à gaspiller notre énergie ! Servons-nous
Bercé par cette triste fragrance de souffrance,    les bras,                                                                                             du souffle éolien étrange que distille la
J’observe ce monde qui ne tourne pas rond,         Regarder un film au cinéma,                                                                           fragrance vaporeuse funeste de la Covid
Ce monde où les éoliennes tournent à l’envers      On pouvait s’aimer et vivre à toute allure.                                                           pour contourner cette diabolique mon-
Et où le Foehn nous brûle le sang.                 C’est triste, on est tous entre quatre murs.                                                          tagne et favoriser « l’entre-ailes » ! Nous
Gardons tout de même l’espoir !                    Le temps d’aujourd’hui, le temps de demain,                                                           devons être prêts à reprendre notre oxy-
Insufflons assez de force et de courage            Quand je mets mon masque au magasin.                                                                  gène en rassemblant assez de force pour
Face à cette nouvelle vague qui s’annonce !        J’aimerais que se lève un foehn, qu’il me                                                             préserver nos proches.
                                                   fasse décoller
                                Tom SOBLET         Que des ailes, il me fasse pousser,                                                                                               Dionigi ALBIERO
                             BTP CFA 54/55         Que je rencontre un ange éolien, dans ce                                                                                           BTP CFA 54/55
           Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)     ciel vaporeux                                       Entre ciel et mer                                            Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)
                                                   Pour lui demander de m’insuffler la force
                                                   d’avancer pour eux                                  Ces moments de doute, de peur que nous
Manquer d’air                                      En suivant la fragrance qu’il aura laissée          traversons parfois sont-ils réels ? Ou ne
                                                   de son passage.                                     sont-ils insufflés que pour modifier notre
Ces quelques mots ne manquent pas d’air,           La vie c’est vivre et pas rester sage.              allure ?
Attention, je ne viens pas en terrain de guerre.   Je veux voir les bouches, je veux voir les dents,   Certains pourraient penser qu’il s’agit
Ces quelques mots qui fusent, s'adressent          Je ne veux pas qu’on me couche, je veux             d’obstacles à surmonter, stratégiquement

Évasion
Envolons-nous                                      Avec dans les narines bien orientées                Si tu étouffes si tu manques d’air                La dernière fois
                                                   Comme une fragrance d’un jour d’été                 Si tu retiens ton souffle comme une
Viens,                                                                                                 chambre à air                                     Le soleil allait très vite dissiper le halo
Il est grand temps de nous évader                  Allons-y franchement                                Ouvre ton cœur et aère                            vaporeux qui montait de la prairie...
De prendre l'air et l'air de rien de décoller,     Allions prestance et vive allure                    Et envolons-nous loin de l’ordinaire              Les membres engourdis par l'humidité de
Et si tu as du mal à en parler                     Allons-y gaiement                                                                                     la nuit, Rachid écoutait la douce cadence
Ou si le vent vient t'embêter                      Allions présence et envergure                                                    Yvon MOCQUERY        des vagues qui battaient la falaise toute
L'orthofoehniste pourra t'aider                                                                                            Ecole de la deuxième chance   proche. La marée était haute, il fallait y
                                                   Et pour là-haut défaire nos liens                                                     Troyes (Aube)   aller. Il plongea une dernière fois son re-
Dans un espace vaporeux                            Notre esprit deviendra Eolien                                                                         gard dans celui de la vache contre laquelle
Ce qui va pour un, va pour deux                    Nous prendrons le temps de buller                                                                     il s'était pelotonné et endormi. Semblant
Allons tout droit y'a rien de mieux                Nous prendrons le temps de souffler                                                                   comprendre, elle l'avait laissé se lover
Que l'autoroute pour les grands cieux              Nous ne ferons qu’un pour insuffler                                                                   contre son flanc. Et, lui, avait rêvé de bras
Highway to aile pour s’envoler                     A nos deux corps un peu d’encore                                                                      maternels et d'enfance heureuse, là-bas,
Sur les Chemins de l'écrit - Ministère de la Culture
5 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021

sous le soleil aux fragrances de sables            Toi et moi on va décoller vers d’autres          Partir                                           Je ne pouvais pas décoller de ma chaise
emportées par le fœhn... Mais la réalité           horizons.                                                                                         jusqu’au jour où j’ai trouvé ma voie.
n'était pas éolienne, elle était ce petit          Emprunter un chemin éolien, à travers les        J'ai besoin de partir, m'envoler à tire-d'aile   Je peux vous avouer sans prétention que la
matin frisquet à l'allure de destin. Dans          nuages                                           Quitter ce monde pourri, voir si ailleurs la     lumière m’est apparue !
une anfractuosité des rochers, masquée             Loin au-dessous de nos pieds les plaines         vie est plus belle.                              Que je me suis senti pousser des ailes, me
par quelques broussailles, il avait glissé         urbaines                                                                                          laissant porter par cette incroyable fra-
toute sa vie, résumée en un sac de plas-           Havre sans paix, pestilences et marécages        Fuir toute cette noirceur, au plus tôt, à        grance d’enthousiasme ; le Foehn me sor-
tique qu'il saurait retrouver, bientôt...          Où sévissent vaporeux virus et poisseuse         toute allure.                                    tant de cette atmosphère vaporeuse que
Le plus difficile était de renoncer à em-          quarantaine.                                     Je suis si fatigué de la vie, de ses morsures.   constituaient mes années de collège.
porter la photo d'Aïcha, sa colombe,                                                                                                                 Ce sentiment éolien insufflé par mon ar-
son ange, sa gazelle. Oui, elle aussi il           Ouvre tes bras, ouvre tes ailes                  Envie d'être seul, de rien, de tranquille-       rivée professionnelle éclairante, incandes-
saurait la retrouver ! Mais d'abord il             Regarde comme ta montagne de chagrin             ment buller                                      cente m’inspire une analogie avec une
fallait affronter l'eau, pas celle géné-           est belle                                        D'arrêter de courir en tous sens, constam-       chambre à air regonflée à bloc après avoir
reuse qui avait tant de fois étanché sa            Car ensemble nous allons tel le Foehn            ment essoufflé.                                  été mise à plat.
soif, ou celle fraîche qui l'avait mainte-         la gravir
nu propre, mais celle glacée, où il allait         L’effort sera rude, laisse tes larmes jaillir    J'ai parfois le sentiment d'être dégonflé                                      Renaud DURST
baigner heure après heure son corps en             Et laisse aussi ton petit cœur se refroidir      comme une vieille chambre à air                                               BTP CFA 54/55
mouvement. Bien sûr il ne savait pas               Car quand nous aurons franchi la crête           Je dois me requinquer, faire en sorte que                   Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)
nager ! Les passeurs lui avaient bien              Ton cœur sera chaud, ton œil sera sec,           mon esprit s'aère.
expliqué les gestes, il était confiant ;           Tu n’auras alors plus qu’à profiter
confiant et résistant. Il aurait préféré les       De la météo clémente de ce versant de            Besoin de rebondir et de voir mon présent
ailes d'un hypothétique aéronef pour               ta vallée.                                       redécoller
franchir le bras de mer qui le menait à                                                             Sinon je vais tomber en miettes et pour
la liberté. Seule pour l'instant ne pou-                                Guylaine BARBE SEMBA        toujours m'écrouler.
vait décoller que sa farouche volonté.                                Bogny-sur-Meuse (Ardennes)                                                     Apollo 11
Rachid s'empara donc de la chambre à                                                                Je veux un nouveau départ, un coup de
air patiemment gonflée la veille et com-                                                            fouet éolien                                     C'était en 1969, j'étais à buller avec mon
mença à descendre le sentier qui menait                                                             Faire que mes nuits, que mes jours,              allure débonnaire, je raccommodais ma
à la plage, encore déserte.                                                                         cessent de ne ressembler à rien.                 chambre à air de vélo, quand j'entendis
Hommage à toi Rachid, et à tous les                                                                                                                  ma mère et mon père m'appeler.
Rachid qui font buller à la surface de                                                              Retrouver en moi cette chaleur comme si y        — Rentre ! La fusée va décoller, c'est le
l'humanité des poches de résistance, et                                                             soufflait le foehn                               compte à rebours des dizaines.
nous insufflent le courage de construire                                                            Retrouver le sourire, le bonheur, le plaisir,    Mon vélo avait été trafiqué par des voyous
d'autres demains.                                                                                   retrouver le fun.                                qui avaient crevé les roues. Il y avait cette
                                                   Ma vie                                                                                            femme, mégère au possible avec une fra-
                                 Anne DUVOY                                                         Que ma vie ne soit plus qu'un parfum             grance trop chargée juste devant notre
                  Association Au cœur des mots     Voilà deux années que je déambule dans           dont tu es la fragrance                          maison.
                    Chaumont (Haute-Marne)         ma vie à une allure médiocre. Certains           Que notre quotidien soit à jamais syno-          Je me dépêchai de poser mon vélo contre
                                                   pourraient penser que je passe ma pre-           nyme d'espérance.                                le mur pour voir la fusée Apollo 11 décol-
                                                   mière à buller sur ma chaise.                                                                     ler de Cap Canaveral. Il y avait cette magie
Evasion                                            Que diriez-vous à la lecture de cette            Cet esprit nouveau doit, un nouvel élan,         et cette présence dans le ciel. J'étais émer-
                                                   prose ? Qu’il n’en est rien, que ma mo-          nous insuffler                                   veillé par la stature de la fusée.
Ferme les yeux…                                    tivation aura eu raison de mon mal de            Et que nous trouvions la recette du meil-        — Alors qui sont les coupables qui ont en-
Permets-toi de buller                              l’air, de mon envie de prendre mes ailes         leur, la clé.                                    core crevé ta roue ? Encore eux, hein ?
Pour oublier ce monde tumultueux…                  et de décoller tel le foehn soufflant dans                                                        Moi je rêvais déjà. Et pourquoi je ne serais
Viens, je t’emmène…                                la fragrance des fleurs. Par chance, elle        Mes idées noires s'évanouissent dans un          pas astronaute ?
Evadons-nous !                                     m’est apparue avec son parfum sucré et           nuage vaporeux.                                  On discernait à peine le vent qui régissait
Si tu es prêt, nous pouvons décoller…              vaporeux et elle m’a mis à terre ! Je surfe      Ça y est. Je suis prêt à redevenir heureux.      ce système éolien.
Pour ce faire, nul besoin d’ailes ou de            sur cette seconde vague, conscient que                                                            A la télévision, ils retransmirent l'intégra-
chambre à air                                      je doive prendre mon envol : qu’importe                                    Pascal DELAMARRE       lité de la séquence de lancement jusqu'à
Seul suffit pour guide un moteur éolien            la solution trouvée, pourvu qu’elle me                                            Troyes (Aube)   l'alunissage.
Nourri par le foehn qui, à cette occasion,         donne de l’oxygène. Sortons ensemble                                                              Mon père décida alors d'ouvrir une bou-
S’est invité pour lui insuffler assez de           nos ailes ou chevauchons nos vélos, re-                                                           teille de vin avec ce goût si vaporeux.
vélocité…                                          gonflons nos chambres à air pour gravir          Electricité                                      Je me souviendrai de ce jour. C'est là que
Accélérons l’allure…. Envolons-nous…               cette montagne, insufflés par ce souffle                                                          je décidai de travailler pour la Nasa.
Nous voilà propulsés vers un espace                éolien qu’est l’esprit solid’air !               Quelques années en arrière, je me revois
vaporeux                                                                                            attentiste et passif en train de buller sur                            Jean Marie DECAILLIOT
Et soudain baignés d’une délicieuse                                                  Benoît OTT     ma chaise.                                                         Hôpital de jour Abbés Durand
fragrance                                                                       BTP CFA 54/55       Je constatais, éploré, que les heures ne se                          Chaumont (Haute-Marne)
Qui nous pénètre et nous enivre…                              Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)   succédaient qu’à faible allure.
Tout n’est que calme et liberté !
Apaisés et transportés par tant de volupté,
Nous atteignons enfin la SERENITE !

                              Fanny TICHAND
                                       Initiales
                   Saint-Dizier (Haute-Marne)

Le vent de la guérison
Ces derniers mois tu as bien grise allure
Tu es une vallée balayée par la pluie et la
froidure
Tes fragrances manquent cruellement de
caractère
Ta poitrine, j’ose le dire, dégonflée comme
une vieille chambre à air
Ne sifflote plus ritournelles et chansons à
buller :

Ô comme tu aurais besoin que l’on vienne
y insuffler
La promesse de la guérison.

Ferme tes tristes paupières, étends tes bras
lourds
Ne réponds plus à tes alarmes, à tes
angoisses reste sourd
Sur les Chemins de l'écrit - Ministère de la Culture
6 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021

Un bain de nature
Un soir d’été                                       Baptême de l’air                               au-dessus de la porte, ce chalet posé sur         C'est la paix qui descend, la fragrance où
                                                                                                   mes épaules, qui appartenait à ma grand-          tout s'apaise,
C’était un soir d’été, à l’heure où les cou-        Ô ma verte campagne aux brouillards            mère, cette horrible chaise rafistolée par        Où l'esprit en repos sombre dans le néant.
leurs du soleil s’étiolent. Tous rassemblés         vaporeux,                                      mon grand-père avec des chambres à air,
autour des crépitements d’un feu de bois,           Sur l’aile d’un nuage, enivré je décolle.      très laide mais très confortable.                 L'allure éperdue sous une aile s'envole
nous observions les cendres décoller,               Empli de ta fragrance, ivre je caracole        C'était une bonne idée de venir passer            Là-bas, vers l'infini, au bout de l'horizon
réalisant une danse obsédante qui nous              Dans les flux éoliens où je me sens heureux.   quelques jours ici, ce bain de nature et          Là-bas, où dans les flots, en une étreinte
incitait à buller. Je goûtais alors aux joies                                                      de souvenirs m'a insufflé assez d'énergie         folle
de cette nature flamboyante. Mon regard             Sur la vague diaphane, aimé et amoureux,       pour reprendre le cours de ma vie.                Le ciel et l’océan unissent leur passion.
s’attardait sur les oiseaux déployant leurs         Je flotte évanescent, sans compas ni
ailes, virevoltant à vive allure.                   boussole,                                                                   Béatrice CLERGET     Cette chambre à air s'est éteinte, et dans
Cette atmosphère paisible, insufflée par            Et je bulle bercée comme en une gondole,                         Hôpital de jour Abbés Durand    le crépuscule
l’écho de cette nature vivante et des gigan-        D’un monde libre et fier avide et désireux.                        Chaumont (Haute-Marne)        Qui décolle de la falaise et des flots,
tesques pales de l’éolienne d’à côté, fut                                                                                                            Le bruissement du vent sur la mer qui
interrompue soudainement par les bruits             Plein d’un souffle éthéré, telle une                                                             bulle
d’une chorégraphie mortelle et rythmée              chambre à air,                                 Notre Monde du Ciel à                             Semble apporter du large un vaporeux
des bécanes qui jouaient de leur méca-
nique et de leurs chambres à air percées.
                                                    Je vole dans le ciel telle que je marchais
                                                    hier
                                                                                                   la Terre                                          sanglot.

Attentifs à rester concentrés sur la séréni-        Et le vent m’insufflant m’est un succulent                                                       Mais quand se réveillera sous la brise
té de ces lieux, mes yeux se posèrent sur le        jeûne !                                        Insufflez-moi un peu de Foehn                     l'éolienne légère,
ciel vaporeux, pris par un foehn balayant                                                          Que je puisse déployer mes ailes                  Le voile de la nuit envoûtant et discret,
les nuages cotonneux, jusqu’à en aperce-            Avec le ventre vide aspirer le zéphyr,         A toute allure sous une pluie fine et légère      Les rêves insufflés, oh ! Brillantes
voir les étoiles.                                   Planer à douce allure en ce ciel de saphir     Aidez-moi à décoller.                             chimères,
Mon odorat fut saisi par une fragrance ex-          Et transformer la bise en un délicieux         Entre ses mille vents, aux milliards de           S'envoleront bien loin en gardant le secret
trême qui provenait de millions de sapins           foehn !                                        directions
de cette vaste forêt. Je profitai alors de                                                         Ne me laisse pas là buller face à ma vie.         D'une joie éphémère !
cet instant pour aiguiser tous mes sens et                                       Séverine BLOCH    Ne me laisse pas là où il n’y a pas d’intérêt
retrouver mon oxygène.                                                          Sedan (Ardennes)   Fais-moi respirer la fragrance du bonheur                                   Fabrice BERTHOLLE
                                                                                                   Entre vents et marées.                                                                    Initiales
                        Malo GROSDEMANGE                                                           Montre-moi le monde comme toi tu le vois                              Saint-Dizier (Haute-Marne)
                              BTP CFA 54/55         La pause                                       Fais-moi survoler les lacs, les champs, les
            Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)                                                    parcs éoliens.
                                                    Assise sur les marches du chalet, ma tasse     Fais-moi voir toutes les couleurs du              Nuage
                                                    de café entre les mains, j'observe le pay-     monde vu du ciel.
                                                    sage que je connais si bien.                   Et si tu es fatigué de voler, on descendra        Le ciel s’est endormi sur l’aile bleue du
                                                    Les premiers rayons du soleil appa-            sur terre.                                        vent. Je l’ai regardé, c’est comme si j’étais
                                                    raissent au-dessus des crêtes, un doux         On prendra mon tandem, je pédalerai               assis sur un nuage de bonheur prêt à dé-
                                                    vent de foehn réchauffe l'atmosphère           dans un brouillard vaporeux                       coller. Je ne voyais que lui, il m’a insufflé
                                                    de cette fin d'été. Une nappe vaporeuse        Je te ferai visiter le monde que tu survoles      son parfum de vie.
                                                    stagne au-dessus du lac vert en contrebas.     depuis ses racines.
                                                    Une marmotte siffle dans les rochers,          Je te montrerai ce monde qui ne manque                                         Joël ANTONIAK
                                                    j'essaie de la repérer, je ne l'aperçois que   pas d’air, qui sous ses masques regorge de                      Maison de Quartier des Châtillons
                                                    lorsqu'elle détale à vive allure, effrayée     trésors bien cachés.                                                             Reims (Marne)
                                                    par un rapace qui tourne, à l'envergure de     Je te ferai voir tout, jusqu’à ce que mes
                                                    ses ailes, ça doit être un aigle royal.        chambres à air s’essoufflent.
Feuille d'Automne                                   Un gros lézard à côté de la fontaine                                                             Au Pays des Servans
                                                    cherche une belle pierre, bien exposée,                                  Manon HUBRECHT
La feuille l'air de rien, tourbillonne sans fin.    où il va pouvoir buller tout son soûl.                                Résidence Sociale Jeunes   Gus décida de monter au Lac de Souliers,
De gracieuses caresses, Eole prête au               Un choucas décolle du sommet d'un sa-                               Chaumont (Haute-Marne)       depuis quelques jours en effet une rumeur
voyage.                                             pin au bord du lac.                                                                              courait dans la vallée : un parc éolien de-
Les fragrances d'automne, accueillent son           Les fragrances de myrrhe et de serpolet,       Pensées !                                         vait y voir le jour, des travaux de prospec-
passage.                                            ce paysage, tout, autour de moi, me ra-                                                          tion étaient en cours.
La voilà libérée, Elle décolle enfin.               mène à mon enfance. Le petit carillon          Quand le soleil couchant embrase la falaise       Une aberration pour le vieil homme qui
                                                    éolien fabriqué par mon frère qui tinte        Et que le foehn du soir caresse l’océan,          commença son périple à vélo. Vélo qui
En un vol éolien, survole les chemins.
Les oiseaux ont des ailes, le vif foehn
l'emporte.
Dans le ciel vaporeux, les nuages la
portent.
L'hélice a belle allure, oublie le lendemain.

Elle vogue sans soucis, se laisse aller et bulle.
Ses forces regonflées, comme une chambre
à air ;
Sans précipitation, l'élèvent avant l'hiver,
Sur son fil invisible, telle une funambule.

Que cette errance est douce, encore un
peu d'azur ;
Quelques pâles rayons, même la pluie
ravissent.
Rien n'arrête sa route, tout insuffle l'envie.
Elle navigue toujours, aucune peur d'usure.

Doucement le vent fort, vient calmer ses
ardeurs.
Le gel piquant s'infiltre, faiblissent ses
nervures.
Le temps se transfigure, sur une autre gravure.
L'Odyssée terminée, Balayée la candeur !

                       Anne-Marie CHAUSIAUX
                        Vitry-le-François (Marne)
Sur les Chemins de l'écrit - Ministère de la Culture
7 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021

n’avait point d’âge ni la prétention de ri-       il découvrit qu’il n’était plus adossé à la         Je suis l’oiseau                                 Je ne peux plus battre des ailes tellement
valiser avec les VTT, d’ailleurs il le lâcha      fontaine mais allongé au milieu de cen-                                                              mon ventre a gonflé. Je plane le plus pos-
au quinzième kilomètre. Il entrecroisa ses        taines de lis martagon. Face à lui : le Lac         Cette douce fragrance, je la connais.            sible pour atténuer mon atterrissage.
chambres à air de rechange sur son dos à          de Souliers enveloppé d’une brume va-               D’où ? J’en ai aucune idée…                      A cause de la vitesse, c’est difficile…
la manière des cyclistes d’autrefois, puis il     poreuse, point de travaux, juste la beauté          Je décolle et vole au-dessus de ces mon-         Je m’écrase donc au sol… Les heures
continua à pied. Si son allure n’était plus       habituelle des lieux.                               tagnes suisses suivant un vent Foehn qui         passent et je ne fais que buller au gré du
aussi vive, il marchait d’un bon pas, aguer-      Si c’était un canular ce n’était pas intel-         entraîne une subtile odeur parfumée.             vent qui me berce…
ri par ses soixante années à garder les           ligent, pour autant cela n’explique pas             Je plane entre ces montagnes sans savoir         Agréablement surpris, je me retrouve bec
moutons. Là-haut, un aigle royal aux ailes        la rapidité de mon ascension. Oh ! mais             où je vais. Mon esprit est vaporeux, mes         à bec avec ce doux parfum que je suivais
déployées lui tint compagnie jusqu’au Ha-         c’est vrai, au Pays des Servans tout est            plumes se hérissent et mon regard est            depuis le début.
meau de Souliers. Gus s’y arrêta, buller un       magique ? Protecteurs des hommes et des             vague. Je pense à mon repas de ce soir…          L’édelweiss.
peu rechargera « mes batteries » se dit-          animaux, ils sont toujours là pour donner           Soudainement, sans regarder où je vais, je
il. Posant son sac à terre le vieil homme         le coup de pouce dont on a besoin, en fait          passe dans les pales d’une éolienne et je                                       Lilou BURGAIN,
s’adossa à la fontaine et s’endormit.             il ne faut pas chercher plus loin !                 suis projeté à vive allure, tout à coup mon                          Ecole de la deuxième chance
Rêva-t-il ? Il se sentit décoller du sol                                                              corps s’insuffle d’air chaud et sec.                                   Romilly-sur-Seine (Aube)
comme si le foehn lui insufflait une forte                                Jacqueline BEAUCHÊNE        Ma gorge devient terriblement sèche, mon
poussée, puis une fragrance subtile lui                    La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique)   ventre se gonfle telle une chambre à air,
chatouilla le nez. Soulevant une paupière                                                             j’ai beaucoup de mal à respirer…

                                                                              Doucement, à l’oreille…
Une grenouille vivait au
bord d'un étang…
Cachée derrière un rideau de roseaux, elle
surveillait assidûment, au lieu de buller
tranquillement, un héron. Un beau hé-
ron cendré. Elle lui enviait son élégance,
sa prestance lorsqu'il prenait son envol
et comme lui rêvait de voler haut, très
haut. Elle s'imaginait se muer comme les
« hommes volants » de Folon...
Légèreté, grâce, plénitude... Elle se sentait
si pataude, si boueuse, si grossière... Elle
eut une idée : se mettre à boire ! Boire
toute l'eau de la terre… Ainsi, pensait-elle
elle grossirait comme une montgolfière in-
sufflée par les gaz, comme un ballon gon-
flé à la chambre à air.
Portée par une brise éolienne ou par le
foehn, elle pourrait ainsi décoller de cette
terre, côtoyer les
nuages vaporeux et goûter aux fragances
de l'azur. Après avoir bu l'eau des étangs,
des rivières, des fleuves, des mers, des
océans, elle devint gigantesque, mais…
elle ne prit pas son envol...
Tel un bibendum, elle oscillait sur ses
pattes d'avant, arrière et sur les côtés...
Alors tous les hérons de la terre, tous
les animaux, tous les humains se mirent                                                               « Grâce aux canadairs emplis d’eau dans          vivra à leurs excès ! avec ou sans eux !!
à avoir soif, très soif.... Plus une seule                                                            leurs ailes, je sers même à calmer les excès     Un peu de patience ! souvenez-vous que
goutte d'eau à se mettre sous le palais...                                                            de ma voisine qui provoque des incendies         nous avons supporté les dinosaures un
Ils se concertèrent : comment faire rendre                                                            de forêts dévastateurs un peu partout ! ».       million d’années, maintenant ce sont ces
à la terre toute cette eau engloutie par                                                              Près de lui, la belle femme élancée à la sil-    homos sapiens qui pèchent par égoïsme,
la grenouille.                                                                                        houette dansante, à la chevelure rousse,         inconscience et arrogance en détruisant
Le héron, un des plus sages, émit une                                                                 représentante du feu ne prit même pas la         le cycle vertueux sans craindre une jus-
idée : faire rire la grenouille, qui avait per-                                                       peine de relever l’allusion tant leurs joutes    tice immanente pourtant évidente… Ils
du tout sens de l'humour, obsédée par ses         Atmosphère                                          verbales étaient courantes et leur opposi-       reçoivent des alertes constantes de la
velléités de vol et lui permettre de déglutir                                                         tion habituelle - l’eau et le feu ! – NDLR :     part des scientifiques et même des philo-
pour déverser tout ce qu'elle avait bu...         « Maintenant, Ça suffit ! ; Arrêtons le             pourtant quel beau couple ! - Puis vint le       sophes : « L’avenir de l’humanité est in-
Ils firent venir les clowns les plus drôles,      massacre, Eliminons « Homo Sapiens »                tour de l’air, représenté par un gros bon-       certain car il dépend d’elle ! Bergson » …
les « one man show » les plus renommés,           de cette planète ! » annonça sèchement la           homme gonflé et léger à la fois : son as-        Un sombre silence suivit cette tirade ; tous
mais rien n'y fit. C'est alors qu'apparut,        terre, devant l’eau, le feu, l’air. Ce groupe       pect détaché cachait mal son anxiété car il      s’interrogeaient sur le devenir de l’espèce
un ver de terre, minuscule, maigrelet, ridi-      des quatre éléments, a pour noble mission           s’attendait à de vifs reproches ; et en effet,   humaine…
cule... Il se tordait dans tous les sens, de      d’instaurer et de préserver toute forme de          rien ne lui fut épargné : « Pourquoi tant        A cet instant du récit, l’air s’approcha
telle manière que la grenouille s'étouffa...      vie, animale ou végétale, sur les planètes          de violence ! Ne peux-tu jouer avec ton          délicatement de notre ami lecteur, lui
et se perdit dans un rire gargantuesque.          de la galaxie. La Terre, jolie femme épa-           florilège de vents – harmattan, foehn, si-       aussi fort perplexe, se pencha et lui fre-
La terre retrouva ses eaux, ses étangs, ses       nouie dans sa salopette écolo, avait décrit         rocco ou même mistral - mais oublie ces          donna doucement à l’oreille : « Ecoute,
rivières, ses fleuves, ses mers, ses océans.      les agissements humains comme trop pré-             tempêtes et ouragans qui amènent des             mon ami… écoute, la réponse est dans le
Elle retrouva son allure d'antan, devant          judiciables aux équilibres biologiques ain-         catastrophes et évite ce réchauffement           Vent ! »
les yeux ébahis de la faune, de la flore et       si la déforestation, l’agriculture intensive,       inconsidéré ! » Le grand mannequin quit-
des humains.                                      la perte de diversité biologique, le gaspil-        ta son air penaud, se redressa et affirma                                       Michel ROYER
La grenouille rapetissa, rapetissa... Adieu       lage des énergies fossiles et surtout la sur-       avec assurance : « Mes chers collègues et                        Châlons-en-Champagne (Marne)
rêves aériens, rêves d'ailes miraculeuses....     population rendaient sa tâche impossible            amis, nous avons participé à l’instaura-
Elle redevint cette petite grenouille que         avec en plus des ressources alimentaires            tion de la vie sur cette planète ! Le cycle
l'on remarque à peine, perdue au milieu           qui devenaient insuffisantes pour toute la          biologique régule les populations en limi-       Damoclès et Pégase
des marécages.                                    population. Les trois autres éléments sou-          tant le nombre des individus de chaque
Elle garda cependant de son aventure              pirèrent exprimant une lassitude exaspé-            étage mais le prédateur suprême n’a              Oyez, oyez, braves gens. Je vais au-
hors norme, de gros yeux exorbités....            rée. L’eau, ce bel athlète aux épaules de           pas de limite ! Pour lui, la démographie         jourd‘hui vous conter la véritable histoire
Ne dit-on pas dans notre jargon familier :        champion de natation, évita les reproches           est sans contrôle ! Pourtant les humains         de Damoclès…
« Avoir les yeux plus gros que le ventre ».       sur les raz de marée, inondations ou mon-           sur cet astre disposent de la science et         et de son célèbre cheval.
                                                  tées du niveau des mers en rappelant son            de la conscience pour s’autoréguler ! A
                        Martine SAINT-AUBIN       rôle fondamental dans le maintien de                eux, d’organiser une gouvernance… mais           Plus grande que la pollution par le nucléaire,
                     Fontaine-sur-Saône (Rhône)   toute forme de vie.                                 ne nous inquiétons pas, la planète sur-          Danger au-dessus de nos têtes pour
Sur les Chemins de l'écrit - Ministère de la Culture
8 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021

des millénaires,                                     Ils eurent l’idée d’extraire le meilleur des fleurs                                                   tout chaud, tout doux, tout vaporeux,
Etaient les pets de Damoclès                         Qui puisse masquer toutes les mauvaises                                                               qu’il avait rencontré dans une bonbonne
Dont l’air et l’allure de ses fesses                 odeurs.                                                                                               de plongée au fond du lac Léman.
Pouvaient insuffler une crainte à son                                                                                                                      Cependant, un coup de griffe mal contrôlé
entourage,                                           Plus tard, ces grecs émigrèrent en France                                                             déchira la membrane de sa garçonnière. Re-
Surtout les jours où il festoyait dans le village.   Amenant avec eux leurs merveilleuses                                                                  doutant l’arrivée d’une rustine qui anéanti-
                                                     fragrances.                                                                                           rait tous rêves de voyage, Eolien s’extirpa à
A l’heure où revient en force l’éolien               En souvenir de la délivrance de leurs anciens,                                                        toute allure de la chambre et s’éleva dans
Et où le vent retrouve sa place enfin,               Ils nommèrent leur ville Grasse et ven-                                                               les airs. Non sans quelques courbatures, il
Je viens vous conter l’histoire de ce Damo-          dirent leurs parfums.                                 Le vent                                         déplia ses ailes, les agita, fier d’onduler la
clès aux grands airs                                                                                                                                       mer et de faire danser les arbres.
Dont la devise « En avant les vents, même            Depuis, ils en confectionnèrent des plus              Eolien, petit-fils d’Eole, avait troqué sa      Il mit le cap sur l’ouest dans la ferme in-
ceux de derrière »                                   fabuleux                                              chambre à air de vélo pour celle, plus          tention de rencontrer Zéphyr. Il s’était
Résume son combat pour les énergies an-              De toute nature dont certains très                    confortable, d’un tracteur. Emerveillé de       donné pour mission d’insuffler sa joie
cestrales                                            vaporeux.                                             ce nouvel espace, les premiers jours il ne      de vivre et sa légèreté à ce rabat-joie plu-
Incluant les biogaz et la force du cheval.           Ils savent par leur art reconnu internatio-           se lassa pas d’en faire le tour. Il s’étirait   vieux. Et puis, si cela matchait entre eux,
                                                     nalement                                              et se comprimait, testait l’élasticité du       ils chercheraient un contenant douillet
Damoclès aimait s’allonger et faire dix vents        Améliorer l’air et créer l’enchantement.              caoutchouc en exécutant des sauts péril-        pour se ressourcer, se câliner, avant de re-
Pendant des heures ; il aimait buller                                                                      leux, des flips, des roues.                     joindre la pluie et le beau temps, histoire
longtemps                                            Donc, j’en appelle aux héros grecs emplis             Au bout d’une semaine, après un enchaî-         d’embêter les goélands.
Dans son salon ou dans sa chambre, à air             de sagesse                                            nement particulièrement réussi de figures
vicié,                                               Afin qu’ils nous aident dans notre détresse.          compliquées, il s’écroula de fatigue et                                      Françoise BERTIN
Où il demeurait confiné et très isolé.               Qu’ils nous envoient ; je ne sais comment             s’autorisa enfin à buller. Il se ramassa tout                                 Epernay (Marne)
                                                     Cette lucidité dont nous manquons                     contre la valve, titillant de son index droit
« Pet Gaz », son vieux cheval célèbre, qui           largement.                                            le renflement en latex tout en tétant gou-
battait de l’aile                                    Que revienne la « Dame aux clefs » de la vie          lûment son pouce gauche. Tous les Eole
Avait, lui aussi, des problèmes avec ses selles      Et qu’elle fasse décoller toutes les nou-             étaient gauchers.
Et créait, lui aussi, des vents chauds tels          velles énergies.                                      Enivré par les fragrances de sa chambre
foehn ou sirocco                                     Qu’elle transforme les moulins à paroles              neuve, Eolien céda à l’envie d’en caresser
Que tous ressentaient comme n’étant pas              des médias                                            les parois. Tour à tour il faisait patte de
du Chanel Coco.                                      En moulins à vent, ici, et dans l’immédiat.           velours et dégainait ses griffes en forme
Aussi, les voisins priaient et imploraient grâce                                                           d’éclair. Alors il décollait délicatement
Pour qu’une solution fût trouvée et vite                                               Régis GAVROIS       quelques fragments de caoutchouc, les
mise en place.                                                                          Reims (Marne)      humait en rêvant du foehn, un petit vent

A toute allure
                                                                                                                                                           Que diffusent mes parents inquiets, pleins
                                                                                                                                                           d’égards.
                                                                                                                                                           Ces émotions me semblant si vaporeuses
                                                                                                                                                           Lorsque sur mon destrier, je jongle avec
                                                                                                                                                           le Foehn.

                                                                                                                                                           Que faire, me direz-vous ? Buller dans
                                                                                                                                                           mon coin
                                                                                                                                                           Ou braver l’interdit.

                                                                                                                                                                                        Alexis DEBAELE
                                                                                                                                                                                        BTP CFA 54/55
                                                                                                                                                                      Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)

                                                                                                                                                           Prêt à décoller
                                                                                                                                                           Samedi soir, il est deux heures du matin.
                                                                                                                                                           Seul dans cette rue déserte, assis dans
                                                                                                                                                           mon siège, bullant derrière le volant, prêt
                                                                                                                                                           à décoller attendant le feu vert. Je me
                                                                                                                                                           concentre à un tel point que l’atmosphère
                                                                                                                                                           dans l’habitacle en est vaporeuse.
                                                                                                                                                           Le feu devient vert : j’écrase alors l’ac-
                                                                                                                                                           célérateur, insufflant une pleine puis-
                                                                                                                                                           sance dans les roues à en faire patiner les
                                                                                                                                                           chambres à air. L’allure à laquelle je vais,
                                                                                                                                                           la vitesse à laquelle le paysage défile, j’ai
                                                                                                                                                           l’impression d’avoir des ailes.
                                                                                                                                                           La fragrance de l’essence qui brûle re-
Courant d’air                                        mon esprit vaguer dans le tourbillon                  Envol                                           monte jusqu’à moi, tout comme le rugisse-
                                                     tourmenté des souvenirs d’une époque                                                                  ment assourdissant du moteur, qui tourne
C’est à bonne allure, qu’en ce jour de               heureuse, maintenant révolue.                         Prêt à partir, enthousiasmé par les rugis-      comme une éolienne. Tandis qu’à l’arrière,
printemps, j’arpentais joyeusement la                Rien au départ n’avait été prévu. Cette               sements de ma moto,                             c’est le Foehn qui sort de l’échappement.
campagne lorraine.                                   marche était totalement improvisée, car               Je contrôle qu’il y ait encore de l’air dans
Le matin même, au réveil, j’avais distingué          en temps normal, ce circuit, je l’aurais fait         mes chambres à air,                                                            Mika LEGEAY
en ouvrant ma fenêtre, un long ruban                 à vélo. Mais, la crevaison de ma maudite              Imprudent, je défie le mur du son et fuis à                                  BTP CFA 54/55
vaporeux qui s’étirait à la lisière de la forêt      chambre à air en avait décidé autrement.              toute allure,                                              Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)
communale. Maintenant, avec le lever du              Et c’est à pied que je fis ce trajet. Mais à y        M’imaginant déployer mes ailes et décoller,
soleil, un effet de foehn se faisait ressentir       penser, c’était mieux que de buller et ainsi          Je prends enfin mon envol et zigzague
et une douce fragrance de fraise des bois            perdre le bénéfice de cette belle journée             dans le parc éolien.                            Redoutables
m’envahissait pour m’insuffler un senti-             printanière…
ment d’intense bonheur.                                                                                    Ce sentiment de puissance m’insuffle une        Ces funestes pilotes à l’allure pourtant étin-
À cet instant, comme mû par un moteur                                                            T. J.     soif de vitesse.                                celante, se préparent à décoller. Les ailes
éolien, je me sentis pousser des ailes. Ma                                       ULE Maison Centrale       Gare aux accidents et vive mon allégresse !     de leurs engins parfaitement déployées
marche devint de plus en plus rapide,                                           Ensisheim (Haut-Rhin)      Inconscient, je ne perçois pas cette fra-       n’attendent que le Foehn pour s’élancer.
j’avais l’impression de décoller, en laissant                                                              grance de prudence,                             Leur moteur, longtemps au repos,
Sur les Chemins de l'écrit - Ministère de la Culture Sur les Chemins de l'écrit - Ministère de la Culture
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