Sur les Chemins de l'écrit - Ministère de la Culture
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Sur les Chemins de l’écrit «INITIATIVES ET EXPÉRIENCES» MAI 2021 - NUMÉRO 65 qui (ne) manquent S O M M A I R E • Editorial par Edris Abdel Sayed – page 2 • Le mot du jury par Marieke Brocard – page 2 • Structures participantes – page 2 • Echos des écrits : De pensée en pensée… – page 3 • Maudit virus – page 3 • Evasion – page 4 • Un bain de nature – page 6 • Doucement, à l’oreille… – page 7 • A toute allure – page 8 • Secoué par le foehn – page 9 • Tu illumines nos vies – page 11 •
2 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021 ÉDITORIAL La région Grand Est à l’heure de la Francophonie Du 15 au 21 mars 2021, Initiales a orga- Plusieurs extraits de vos textes sont publiés Grâce à vos écrits et malgré la crise sanitaire, nisé avec ses partenaires la Semaine de la dans ce journal « Sur les Chemins de l’écrit, ini- la mobilisation a été au rendez-vous (radios langue française et de la Francophonie en tiatives et expériences ». locales, presse écrite… ont accompagné les région Grand Est. Vous étiez nombreuses Quelques échos de vos écrits sont mis en moments forts de cette opération du minis- et nombreux, jeunes et adultes franco- voix et en musique par Céline et Vincent Bar- tère de la Culture). phones ou allophones, habitant de villes din de la compagnie l’Air de Rien (consultez Bonne lecture sur les Chemins de la langue ou de villages, à participer à ce projet. l’enregistrement audio, dont voici le lien et de la culture. Bravo aux participant·e·s et merci aux http://www.dismoidixmots.culture.fr/actualites/ structures qui se sont mobilisées pour fê- dis-moi-dix-mots-qui-ne-manquent-pas-dair-en- Edris ABDEL SAYED ter ensemble la langue française. region-grand-est). Directeur pédagogique régional d’Initiales Le mot du jury Chaque année recèle son lot de surprises et d'émotions... Les membres du jury Du fait de la crise sanitaire, nous avons dû lu les nombreux textes poétiques, drôles, Régionale des Affaires Culturelles en réinventer la célébration de la Semaine de poignants qui, tous, avaient de l'allure. Grand-Est, présente chaque jour aux côtés • BROCARD Marieke, la langue française et de la Francophonie. Certains nous ont donné du courage, des professionnels et des associations Médiathèques d’Epernay ; Impossible de se réunir autour des textes d'autres nous ont enveloppé de mots va- comme Initiales. Enfin, je tiens à remercier • CURCHOD Hélène, et des lauréats ? Impossible de vous faire poreux, d'autres encore nous ont décoif- chaleureusement les membres du jury, les Médiathèque Départementale de la Marne ; découvrir à voix haute les mots qui nous fé comme pris dans le souffle du foehn. animateur·rice·s et les participant·e·s des • DALLA ROSA Richard, écrivain ; ont touchés ? Qu'à cela ne tienne : il n'y ateliers d'écriture des structures cultu- • DEBAR Eléonore, a pas que les dix mots cette année qui ne Pour les membres du jury et pour moi- relles et sociales partenaires, mais aus- Médiathèque Croix Rouge de Reims ; manquaient pas d'air ! même, faire notre choix parmi des textes si la compagnie L’Air de Rien qui a su • DEHAN Cécile, Médiathèque de Nogent ; écrits avec application est un moment insuffler la vie à certains de nos textes. • GRANDJEAN Sylvie, Médiathèque municipale Les membres du jury ont répondu pré- délicat. Mais n'ayez crainte cher·ère·s au- de Châlons-en-Champagne ; sents et - à distance – nous avons échan- teur·e·s, laissez votre main poursuivre d'un Restons ensemble sur le chemin de la • HUEBRA Lucie, gé, choisissant ainsi, les textes favoris. mouvement éolien car vos mots ne se per- langue, notre bien et précieux commun. Médiathèque les Silos de Chaumont ; Pas besoin d'ailes pour se rejoindre, dront pas dans le vent. Vous pourrez les • REYDY Anne-Sophie, nous étions prêtes et prêts à décoller en- retrouver entre autres sur le site du minis- Médiathèque Départementale de l’Aube. semble, à sortir de nos chambres à air – tère de la Culture que je remercie vivement Marieke BROCARD • TASSOT Odile, Médiathèque Ronde Couture, conditionnées, pour vous faire parvenir la de soutenir chaque année les événements Directrice Adjointe Charleville-Mézières. douce fragrance de l'écriture. Impossible de la Semaine de la langue française et de Bibliothèque municipale d’Epernay de buller trop longtemps : nous avons la Francophonie, ainsi que la Direction Présidente du jury Les textes sont en ligne ! Découvrez les textes des lauréat·e·s du concours : https://www.culture.gouv.fr/Regions/Drac-Grand-Est/actu/an/2021/laureats-2021 Structures participantes AATM/CADA Aube (La Chapelle Saint-Luc) de Romilly / Sézanne, de Saint-Dizier, – Dynamo/association Aurore (Troyes) de Troyes/Bar-sur-Aube – Bibliothèque – EHPAD Orpea Saint-André – Foyer municipale de Reims – Médiathèques de Jean Thibierge – Maison de Quartier des Châlons-en-Champagne, de Chaumont, Châtillons (Reims) – CCAS / médiathèque d’Epernay, de Nogent, Jean de la Fontaine (Epernay) – EHPAD Jean Collery (Ay- et de Fraize (Saint-Dié) – Médiathèque Champagne) – Maison Départementale Départementale de l’Aube et de la Marne des Personnes Handicapées – Centre - Réseau des bibliothèques de Châlons-en- médical Maine de Biran et Hôpital de jour Champagne – Réseau des médiathèques des Abbés Durand – Résidence Sociale Ardenne Métropole (Charleville-Mézières) Jeunes – Au cœur des mots (Chaumont) – Missions locales de Langres, Châlons-en- – Initiales (Saint-Dizier) – BTP CFA (Pont- Champagne et Paris-Vallée de la Marne – à-Mousson) – Lycée Molière Madrid Maisons d’Arrêt de Chaumont, de Reims, (Espagne) – Ecoles de la deuxième chance de Troyes – Maison Centrale (Ensisheim). Quelques échos de vos écrits mis en voix et en musique par Céline et Vincent Bardin de la compagnie l’Air de Rien. http://association-initiales.fr/dis-moi-dix-mots-qui-ne-manquent-pas-dair/
3 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021 De pensée en pensée … Insuffler des rêves Je dépose ma plume au cœur du vent, je la vois planer à son aise avec le foehn. Cette vision me rend nostalgique d'une époque où buller était mon seul loisir, mon unique plaisir qui me donnait des ailes. Maintenant ce qui me donne des ailes de- puis quelques années c'est l'écriture, cette possibilité d'insuffler des rêves, larmes ou des larmes de rêves, que je veux donner aux gens avec une belle et simple lecture. La beauté d'un texte est liée à l'allure des mots doucement posés, qui lui permet ainsi de décoller de pensée en pensée. Estéban LEPRÊTRE Mission Locale Langres (Haute-Marne) A tire-d’aile Alanguie dans son lit, Maguy dévore l’Houell’becq : « La possibilité d’une île, bien au sec ! A Ouessant, Tristan ou aux Glénans : dans l’eau ! Permanent ou incessant, sans « A » : Ré, plutôt ! ». Le nouveau mot qui racines anglaises. vaporeuses des bibliothèques pour m’en Je me souviens d’une étrange sensation aller rejoindre les langues étrangères et Installé au zinc, d’où résonne « Loser » de Beck, voulait changer d’air avant ma naissance. Mes lettres n’arrê- les cultures du bout du monde. Je n’allais S’morfond Johnny B. : « avec quoi s’remplir taient pas de tourner comme les pales tout de même pas rester ici toute ma vie. le bec ? J’ai quitté le néant pour le monde d’une éolienne. Et quand elles ont enfin Alors, comme je désirais tant voyager, je Barman, une bière ! Pas question d’finir des mots. Comment me direz-vous ? trouvé leur place, mon corps s'est formé. suis parti dans le vent. Sans passeport, à l’eau ! Une graine a poussé ? Les ailes d’une ci- Un minuscule petit corps. Le linguiste sans moteur, sans pneumatique, sans Car sans rouge, ale est bonne ! gogne m’ont emmené ? Je ne sais pas. m’a tout de suite ausculté. Il a trouvé que même chambre à air. Simplement avec Merci M’sieur Rimbaud ! ». La seule chose que je sais c’est que désor- j’avais fort belle allure. Deux syllabes, mes deux ailes et ma paire d’Air max. mais j’existe. J’ai un passé (proche il faut deux voyelles et deux consonnes. Des pro- Le souffle des hommes m’a emporté vers Le clou dans sa paume (et dans sa tabl’ l’avouer), un présent et un futur qu’on me portions parfaites. Puis il a regardé les de nouveaux horizons. Et petit à petit, en tek) prédit radieux. mots autour de moi. j’ai commencé à enrichir les langues du Ted en connaît des gros mots (certains Je suis né sans pousser de cri, dans l’aile Il y a comme un air de famille, c’est indé- monde entier. Désormais on m’appré- même en grec) ! gauche d’une bibliothèque, au contraire niable. Regardez comme ses deux L sont cie beaucoup. Je pense même qu’on m’a « Sans elle pour me sout’nir, Allo maman de ma naissance qui a fait grand bruit. bien dessinés… Aucun doute, ce mot don- définitivement adopté. C’est peut-être le bobo ! On l’a annoncée partout. À la télévision, à nera un vent de fraîcheur à la langue. début de la célébrité. Du moins, ça m’en Chica-chica-Chic : Aïe Aïe Aïe! Vit’, à la radio, dans les journaux : « Un nouveau Coïncidence ou pas, je me souviens que a tout l’air. l’hosto ! ». mot est né ! Un nouveau mot est né ! » le jour de ma naissance le Foehn soufflait Et me voilà aujourd'hui sur toutes les très fort. Je me souviens aussi du par- Classe de 4e En revenant de Nantes, marié, j’osais Perec ! lèvres du monde. fum familier qui flottait dans la biblio- Lycée Molière Depuis la disparition d’Elise : j’pue du bec ! Pourtant je n’ai rien fait pour mériter tout thèque. Sûrement la douce fragrance de Madrid (Espagne) Rêvant de revenante, pas d’peau : Où lit ça. Il a simplement suffi qu’on prononce ma mère. Ma mère, c’est la rousse qui est poh! mon nom pour m’insuffler la vie. sur la table et au chaud de laquelle on m’a A présent largué : Je sens l’ail, l’osso-bucco ! Mes parents ont su bien avant tout le fièrement installé. monde ma classe grammaticale. Grâce à J’ai beaucoup parlé avec les mots qui A la toute fin, il y a comme un Echo… une échographie. m’entouraient et comme je suis de nature — C’est un verbe ! leur a annoncé le lin- curieuse, j’ai très vite su que je ne voulais Damien METTENS guiste. Un verbe : quelle classe ! pas rester là, à buller dans ce livre épais Reims (Marne) On m’a fait des analyses et comme tout qui me sert de couveuse. Moi, je rêvais était en ordre, on m’a placé dans la d’ailleurs. Je voulais décoller, m’envoler à chambre A.R (All Right). Oui, j’ai des vive allure loin des ambiances feutrées et Maudit virus... Sauvons le monde Dans cette atmosphère vaporeuse ! Qui manque d’air ? Que sa puissance se déchaîne et nous Un clou s’est immiscé dans la chambre à Permette de rouvrir nos ailes Tu veux que je dise dix mots qui ne air de mon pneu, Dans l’espoir de décoller et de faire dispa- manquent pas d’air ? Pourtant on en Le Corbeau Un peu comme ce virus qui insuffle un raître ce maudit virus ! manque beaucoup ces derniers temps… sentiment d’inquiétude dans nos vies. On manque d’air dans les mégalopoles, Le corbeau au Congo signifie Poursuivant sa quête, il sème la mort, Alexy MAZO où les arbres n’ont pas souvent belle al- Une mauvaise nouvelle en lingala Nous touchant en plein cœur, et dans nos BTP CFA 54/55 lure, où les ailes des oiseaux se font plus Dans le ciel sombre, ses ailes noires corps. Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) rares que les chambres à air des bolides à Laissent entrer les guerres meurtries Il se propage à vive allure et nous impose quatre roues, où buller évoque plus sou- Selon la légende, son plumage noir A tous ses contraintes, à certains de buller ! vent les cloques sur les poumons ayant Diffuse la maladie à toute allure. Ne croyez-vous pas qu’il soit possible respiré des particules fines plutôt que le d’inverser la tendance, d’empêcher sa fra- bonheur de ne rien faire… Merveille DIASILUA grance mortelle ? On manque d’air dans les zones arc- Mission locale Convoquons les éléments de la nature et tiques, où le pergélisol fond, risquant de Paris -Vallée de la Marne (Seine-et-Marne) Sollicitons le Foehn, et son souffle éolien, faire décoller les gaz à effet de serre et de
4 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021 nous apporter un foehn aux fragrances de dioxyde de carbone… On manque d’air derrière nos masques, où l’air insufflé devient vaporeux, où nos rêves éoliens essaient pourtant de devenir réalité… Alors, inspirons bien fort et allons prendre un bol d’air, pour changer ! Sophie GUERRE Association Au cœur des mots Chaumont (Haute-Marne) Une vague de nostalgie Me promenant à faible allure dans les rues de ma commune, Dans l’atmosphère vaporeuse d’un soir d’hiver Où tout semblait s’être arrêté, Je ne peux que déplorer les portes closes à toi, à vous, à eux. voir les gens. placés pour ne pas avoir à buller. Mais ce De mes boutiques et restaurants préférés. Les jours nous usent, telle une chambre à Nous sommes plusieurs à pleurer, à étouffer ne sont ni la première, ni la deuxième vague Leurs propriétaires ne peuvent que air qui se vide peu à peu Sauf ceux que le virus a déjà tués. qui nous mettront à terre ! Il s’agit au Regretter de n’avoir plus qu’à buller. Car le vélo n’entend plus le rire des enfants. Nous sommes plusieurs à pourrir, à mourir contraire d’une lame d’air que nous devons Ont-ils encore le droit de n’avoir que leurs Les enfants ne voient plus le sourire des Le virus doit nous unir. créer pour nous permettre de décoller. yeux pour pleurer, grands-parents. Arrêtons la guerre, Pensez-vous qu’il faille se morfondre Constatant, effondrés, qu’on leur a coupé Les grands-parents n’ont plus de futur, ni Ou, soyons clairs, nous allons manquer d’air. de notre situation ? Que nous devons leurs ailes ? de présent. obligatoirement rester passifs dans nos Leurs projets tombant à l’eau, On leur a tout pris depuis le confinement. Samira AOURAI chambres à air conditionné ? Ils craignent de devenir indigents. Il est loin le temps où l’on pouvait rire en- Reims (Marne) Bien sûr que non ! Quel sentiment d’impuissance doivent-ils semble et buller, Pourquoi ne pas profiter de ce maudit ressentir ! Se téléphoner : « allô, viens on va manger ! ». événement pour faire d’autres choses ! Songez à un cycliste en pleine course Ça ressemble à quoi un restaurant déjà ? Pour prendre le temps avec nos proches Qui voit ses rêves décoller lorsque Je ne m’en souviens plus, ça fait des mois. au coin du feu et d’améliorer notre nid Sa chambre à air éclate et Le temps d’hier, le temps d’avant, douillet plutôt que de souffler le froid Réduit à néant toutes possibilités ! Quand je portais du rouge à lèvres brillant. sur le foehn ! Ne brûlons pas nos ailes Au beau milieu de cette détresse qui m’entoure, Ce temps où l’on pouvait se serrer dans à gaspiller notre énergie ! Servons-nous Bercé par cette triste fragrance de souffrance, les bras, du souffle éolien étrange que distille la J’observe ce monde qui ne tourne pas rond, Regarder un film au cinéma, fragrance vaporeuse funeste de la Covid Ce monde où les éoliennes tournent à l’envers On pouvait s’aimer et vivre à toute allure. pour contourner cette diabolique mon- Et où le Foehn nous brûle le sang. C’est triste, on est tous entre quatre murs. tagne et favoriser « l’entre-ailes » ! Nous Gardons tout de même l’espoir ! Le temps d’aujourd’hui, le temps de demain, devons être prêts à reprendre notre oxy- Insufflons assez de force et de courage Quand je mets mon masque au magasin. gène en rassemblant assez de force pour Face à cette nouvelle vague qui s’annonce ! J’aimerais que se lève un foehn, qu’il me préserver nos proches. fasse décoller Tom SOBLET Que des ailes, il me fasse pousser, Dionigi ALBIERO BTP CFA 54/55 Que je rencontre un ange éolien, dans ce BTP CFA 54/55 Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) ciel vaporeux Entre ciel et mer Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) Pour lui demander de m’insuffler la force d’avancer pour eux Ces moments de doute, de peur que nous Manquer d’air En suivant la fragrance qu’il aura laissée traversons parfois sont-ils réels ? Ou ne de son passage. sont-ils insufflés que pour modifier notre Ces quelques mots ne manquent pas d’air, La vie c’est vivre et pas rester sage. allure ? Attention, je ne viens pas en terrain de guerre. Je veux voir les bouches, je veux voir les dents, Certains pourraient penser qu’il s’agit Ces quelques mots qui fusent, s'adressent Je ne veux pas qu’on me couche, je veux d’obstacles à surmonter, stratégiquement Évasion Envolons-nous Avec dans les narines bien orientées Si tu étouffes si tu manques d’air La dernière fois Comme une fragrance d’un jour d’été Si tu retiens ton souffle comme une Viens, chambre à air Le soleil allait très vite dissiper le halo Il est grand temps de nous évader Allons-y franchement Ouvre ton cœur et aère vaporeux qui montait de la prairie... De prendre l'air et l'air de rien de décoller, Allions prestance et vive allure Et envolons-nous loin de l’ordinaire Les membres engourdis par l'humidité de Et si tu as du mal à en parler Allons-y gaiement la nuit, Rachid écoutait la douce cadence Ou si le vent vient t'embêter Allions présence et envergure Yvon MOCQUERY des vagues qui battaient la falaise toute L'orthofoehniste pourra t'aider Ecole de la deuxième chance proche. La marée était haute, il fallait y Et pour là-haut défaire nos liens Troyes (Aube) aller. Il plongea une dernière fois son re- Dans un espace vaporeux Notre esprit deviendra Eolien gard dans celui de la vache contre laquelle Ce qui va pour un, va pour deux Nous prendrons le temps de buller il s'était pelotonné et endormi. Semblant Allons tout droit y'a rien de mieux Nous prendrons le temps de souffler comprendre, elle l'avait laissé se lover Que l'autoroute pour les grands cieux Nous ne ferons qu’un pour insuffler contre son flanc. Et, lui, avait rêvé de bras Highway to aile pour s’envoler A nos deux corps un peu d’encore maternels et d'enfance heureuse, là-bas,
5 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021 sous le soleil aux fragrances de sables Toi et moi on va décoller vers d’autres Partir Je ne pouvais pas décoller de ma chaise emportées par le fœhn... Mais la réalité horizons. jusqu’au jour où j’ai trouvé ma voie. n'était pas éolienne, elle était ce petit Emprunter un chemin éolien, à travers les J'ai besoin de partir, m'envoler à tire-d'aile Je peux vous avouer sans prétention que la matin frisquet à l'allure de destin. Dans nuages Quitter ce monde pourri, voir si ailleurs la lumière m’est apparue ! une anfractuosité des rochers, masquée Loin au-dessous de nos pieds les plaines vie est plus belle. Que je me suis senti pousser des ailes, me par quelques broussailles, il avait glissé urbaines laissant porter par cette incroyable fra- toute sa vie, résumée en un sac de plas- Havre sans paix, pestilences et marécages Fuir toute cette noirceur, au plus tôt, à grance d’enthousiasme ; le Foehn me sor- tique qu'il saurait retrouver, bientôt... Où sévissent vaporeux virus et poisseuse toute allure. tant de cette atmosphère vaporeuse que Le plus difficile était de renoncer à em- quarantaine. Je suis si fatigué de la vie, de ses morsures. constituaient mes années de collège. porter la photo d'Aïcha, sa colombe, Ce sentiment éolien insufflé par mon ar- son ange, sa gazelle. Oui, elle aussi il Ouvre tes bras, ouvre tes ailes Envie d'être seul, de rien, de tranquille- rivée professionnelle éclairante, incandes- saurait la retrouver ! Mais d'abord il Regarde comme ta montagne de chagrin ment buller cente m’inspire une analogie avec une fallait affronter l'eau, pas celle géné- est belle D'arrêter de courir en tous sens, constam- chambre à air regonflée à bloc après avoir reuse qui avait tant de fois étanché sa Car ensemble nous allons tel le Foehn ment essoufflé. été mise à plat. soif, ou celle fraîche qui l'avait mainte- la gravir nu propre, mais celle glacée, où il allait L’effort sera rude, laisse tes larmes jaillir J'ai parfois le sentiment d'être dégonflé Renaud DURST baigner heure après heure son corps en Et laisse aussi ton petit cœur se refroidir comme une vieille chambre à air BTP CFA 54/55 mouvement. Bien sûr il ne savait pas Car quand nous aurons franchi la crête Je dois me requinquer, faire en sorte que Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) nager ! Les passeurs lui avaient bien Ton cœur sera chaud, ton œil sera sec, mon esprit s'aère. expliqué les gestes, il était confiant ; Tu n’auras alors plus qu’à profiter confiant et résistant. Il aurait préféré les De la météo clémente de ce versant de Besoin de rebondir et de voir mon présent ailes d'un hypothétique aéronef pour ta vallée. redécoller franchir le bras de mer qui le menait à Sinon je vais tomber en miettes et pour la liberté. Seule pour l'instant ne pou- Guylaine BARBE SEMBA toujours m'écrouler. vait décoller que sa farouche volonté. Bogny-sur-Meuse (Ardennes) Apollo 11 Rachid s'empara donc de la chambre à Je veux un nouveau départ, un coup de air patiemment gonflée la veille et com- fouet éolien C'était en 1969, j'étais à buller avec mon mença à descendre le sentier qui menait Faire que mes nuits, que mes jours, allure débonnaire, je raccommodais ma à la plage, encore déserte. cessent de ne ressembler à rien. chambre à air de vélo, quand j'entendis Hommage à toi Rachid, et à tous les ma mère et mon père m'appeler. Rachid qui font buller à la surface de Retrouver en moi cette chaleur comme si y — Rentre ! La fusée va décoller, c'est le l'humanité des poches de résistance, et soufflait le foehn compte à rebours des dizaines. nous insufflent le courage de construire Retrouver le sourire, le bonheur, le plaisir, Mon vélo avait été trafiqué par des voyous d'autres demains. retrouver le fun. qui avaient crevé les roues. Il y avait cette Ma vie femme, mégère au possible avec une fra- Anne DUVOY Que ma vie ne soit plus qu'un parfum grance trop chargée juste devant notre Association Au cœur des mots Voilà deux années que je déambule dans dont tu es la fragrance maison. Chaumont (Haute-Marne) ma vie à une allure médiocre. Certains Que notre quotidien soit à jamais syno- Je me dépêchai de poser mon vélo contre pourraient penser que je passe ma pre- nyme d'espérance. le mur pour voir la fusée Apollo 11 décol- mière à buller sur ma chaise. ler de Cap Canaveral. Il y avait cette magie Evasion Que diriez-vous à la lecture de cette Cet esprit nouveau doit, un nouvel élan, et cette présence dans le ciel. J'étais émer- prose ? Qu’il n’en est rien, que ma mo- nous insuffler veillé par la stature de la fusée. Ferme les yeux… tivation aura eu raison de mon mal de Et que nous trouvions la recette du meil- — Alors qui sont les coupables qui ont en- Permets-toi de buller l’air, de mon envie de prendre mes ailes leur, la clé. core crevé ta roue ? Encore eux, hein ? Pour oublier ce monde tumultueux… et de décoller tel le foehn soufflant dans Moi je rêvais déjà. Et pourquoi je ne serais Viens, je t’emmène… la fragrance des fleurs. Par chance, elle Mes idées noires s'évanouissent dans un pas astronaute ? Evadons-nous ! m’est apparue avec son parfum sucré et nuage vaporeux. On discernait à peine le vent qui régissait Si tu es prêt, nous pouvons décoller… vaporeux et elle m’a mis à terre ! Je surfe Ça y est. Je suis prêt à redevenir heureux. ce système éolien. Pour ce faire, nul besoin d’ailes ou de sur cette seconde vague, conscient que A la télévision, ils retransmirent l'intégra- chambre à air je doive prendre mon envol : qu’importe Pascal DELAMARRE lité de la séquence de lancement jusqu'à Seul suffit pour guide un moteur éolien la solution trouvée, pourvu qu’elle me Troyes (Aube) l'alunissage. Nourri par le foehn qui, à cette occasion, donne de l’oxygène. Sortons ensemble Mon père décida alors d'ouvrir une bou- S’est invité pour lui insuffler assez de nos ailes ou chevauchons nos vélos, re- teille de vin avec ce goût si vaporeux. vélocité… gonflons nos chambres à air pour gravir Electricité Je me souviendrai de ce jour. C'est là que Accélérons l’allure…. Envolons-nous… cette montagne, insufflés par ce souffle je décidai de travailler pour la Nasa. Nous voilà propulsés vers un espace éolien qu’est l’esprit solid’air ! Quelques années en arrière, je me revois vaporeux attentiste et passif en train de buller sur Jean Marie DECAILLIOT Et soudain baignés d’une délicieuse Benoît OTT ma chaise. Hôpital de jour Abbés Durand fragrance BTP CFA 54/55 Je constatais, éploré, que les heures ne se Chaumont (Haute-Marne) Qui nous pénètre et nous enivre… Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) succédaient qu’à faible allure. Tout n’est que calme et liberté ! Apaisés et transportés par tant de volupté, Nous atteignons enfin la SERENITE ! Fanny TICHAND Initiales Saint-Dizier (Haute-Marne) Le vent de la guérison Ces derniers mois tu as bien grise allure Tu es une vallée balayée par la pluie et la froidure Tes fragrances manquent cruellement de caractère Ta poitrine, j’ose le dire, dégonflée comme une vieille chambre à air Ne sifflote plus ritournelles et chansons à buller : Ô comme tu aurais besoin que l’on vienne y insuffler La promesse de la guérison. Ferme tes tristes paupières, étends tes bras lourds Ne réponds plus à tes alarmes, à tes angoisses reste sourd
6 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021 Un bain de nature Un soir d’été Baptême de l’air au-dessus de la porte, ce chalet posé sur C'est la paix qui descend, la fragrance où mes épaules, qui appartenait à ma grand- tout s'apaise, C’était un soir d’été, à l’heure où les cou- Ô ma verte campagne aux brouillards mère, cette horrible chaise rafistolée par Où l'esprit en repos sombre dans le néant. leurs du soleil s’étiolent. Tous rassemblés vaporeux, mon grand-père avec des chambres à air, autour des crépitements d’un feu de bois, Sur l’aile d’un nuage, enivré je décolle. très laide mais très confortable. L'allure éperdue sous une aile s'envole nous observions les cendres décoller, Empli de ta fragrance, ivre je caracole C'était une bonne idée de venir passer Là-bas, vers l'infini, au bout de l'horizon réalisant une danse obsédante qui nous Dans les flux éoliens où je me sens heureux. quelques jours ici, ce bain de nature et Là-bas, où dans les flots, en une étreinte incitait à buller. Je goûtais alors aux joies de souvenirs m'a insufflé assez d'énergie folle de cette nature flamboyante. Mon regard Sur la vague diaphane, aimé et amoureux, pour reprendre le cours de ma vie. Le ciel et l’océan unissent leur passion. s’attardait sur les oiseaux déployant leurs Je flotte évanescent, sans compas ni ailes, virevoltant à vive allure. boussole, Béatrice CLERGET Cette chambre à air s'est éteinte, et dans Cette atmosphère paisible, insufflée par Et je bulle bercée comme en une gondole, Hôpital de jour Abbés Durand le crépuscule l’écho de cette nature vivante et des gigan- D’un monde libre et fier avide et désireux. Chaumont (Haute-Marne) Qui décolle de la falaise et des flots, tesques pales de l’éolienne d’à côté, fut Le bruissement du vent sur la mer qui interrompue soudainement par les bruits Plein d’un souffle éthéré, telle une bulle d’une chorégraphie mortelle et rythmée chambre à air, Notre Monde du Ciel à Semble apporter du large un vaporeux des bécanes qui jouaient de leur méca- nique et de leurs chambres à air percées. Je vole dans le ciel telle que je marchais hier la Terre sanglot. Attentifs à rester concentrés sur la séréni- Et le vent m’insufflant m’est un succulent Mais quand se réveillera sous la brise té de ces lieux, mes yeux se posèrent sur le jeûne ! Insufflez-moi un peu de Foehn l'éolienne légère, ciel vaporeux, pris par un foehn balayant Que je puisse déployer mes ailes Le voile de la nuit envoûtant et discret, les nuages cotonneux, jusqu’à en aperce- Avec le ventre vide aspirer le zéphyr, A toute allure sous une pluie fine et légère Les rêves insufflés, oh ! Brillantes voir les étoiles. Planer à douce allure en ce ciel de saphir Aidez-moi à décoller. chimères, Mon odorat fut saisi par une fragrance ex- Et transformer la bise en un délicieux Entre ses mille vents, aux milliards de S'envoleront bien loin en gardant le secret trême qui provenait de millions de sapins foehn ! directions de cette vaste forêt. Je profitai alors de Ne me laisse pas là buller face à ma vie. D'une joie éphémère ! cet instant pour aiguiser tous mes sens et Séverine BLOCH Ne me laisse pas là où il n’y a pas d’intérêt retrouver mon oxygène. Sedan (Ardennes) Fais-moi respirer la fragrance du bonheur Fabrice BERTHOLLE Entre vents et marées. Initiales Malo GROSDEMANGE Montre-moi le monde comme toi tu le vois Saint-Dizier (Haute-Marne) BTP CFA 54/55 La pause Fais-moi survoler les lacs, les champs, les Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) parcs éoliens. Assise sur les marches du chalet, ma tasse Fais-moi voir toutes les couleurs du Nuage de café entre les mains, j'observe le pay- monde vu du ciel. sage que je connais si bien. Et si tu es fatigué de voler, on descendra Le ciel s’est endormi sur l’aile bleue du Les premiers rayons du soleil appa- sur terre. vent. Je l’ai regardé, c’est comme si j’étais raissent au-dessus des crêtes, un doux On prendra mon tandem, je pédalerai assis sur un nuage de bonheur prêt à dé- vent de foehn réchauffe l'atmosphère dans un brouillard vaporeux coller. Je ne voyais que lui, il m’a insufflé de cette fin d'été. Une nappe vaporeuse Je te ferai visiter le monde que tu survoles son parfum de vie. stagne au-dessus du lac vert en contrebas. depuis ses racines. Une marmotte siffle dans les rochers, Je te montrerai ce monde qui ne manque Joël ANTONIAK j'essaie de la repérer, je ne l'aperçois que pas d’air, qui sous ses masques regorge de Maison de Quartier des Châtillons lorsqu'elle détale à vive allure, effrayée trésors bien cachés. Reims (Marne) par un rapace qui tourne, à l'envergure de Je te ferai voir tout, jusqu’à ce que mes ses ailes, ça doit être un aigle royal. chambres à air s’essoufflent. Feuille d'Automne Un gros lézard à côté de la fontaine Au Pays des Servans cherche une belle pierre, bien exposée, Manon HUBRECHT La feuille l'air de rien, tourbillonne sans fin. où il va pouvoir buller tout son soûl. Résidence Sociale Jeunes Gus décida de monter au Lac de Souliers, De gracieuses caresses, Eole prête au Un choucas décolle du sommet d'un sa- Chaumont (Haute-Marne) depuis quelques jours en effet une rumeur voyage. pin au bord du lac. courait dans la vallée : un parc éolien de- Les fragrances d'automne, accueillent son Les fragrances de myrrhe et de serpolet, Pensées ! vait y voir le jour, des travaux de prospec- passage. ce paysage, tout, autour de moi, me ra- tion étaient en cours. La voilà libérée, Elle décolle enfin. mène à mon enfance. Le petit carillon Quand le soleil couchant embrase la falaise Une aberration pour le vieil homme qui éolien fabriqué par mon frère qui tinte Et que le foehn du soir caresse l’océan, commença son périple à vélo. Vélo qui En un vol éolien, survole les chemins. Les oiseaux ont des ailes, le vif foehn l'emporte. Dans le ciel vaporeux, les nuages la portent. L'hélice a belle allure, oublie le lendemain. Elle vogue sans soucis, se laisse aller et bulle. Ses forces regonflées, comme une chambre à air ; Sans précipitation, l'élèvent avant l'hiver, Sur son fil invisible, telle une funambule. Que cette errance est douce, encore un peu d'azur ; Quelques pâles rayons, même la pluie ravissent. Rien n'arrête sa route, tout insuffle l'envie. Elle navigue toujours, aucune peur d'usure. Doucement le vent fort, vient calmer ses ardeurs. Le gel piquant s'infiltre, faiblissent ses nervures. Le temps se transfigure, sur une autre gravure. L'Odyssée terminée, Balayée la candeur ! Anne-Marie CHAUSIAUX Vitry-le-François (Marne)
7 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021 n’avait point d’âge ni la prétention de ri- il découvrit qu’il n’était plus adossé à la Je suis l’oiseau Je ne peux plus battre des ailes tellement valiser avec les VTT, d’ailleurs il le lâcha fontaine mais allongé au milieu de cen- mon ventre a gonflé. Je plane le plus pos- au quinzième kilomètre. Il entrecroisa ses taines de lis martagon. Face à lui : le Lac Cette douce fragrance, je la connais. sible pour atténuer mon atterrissage. chambres à air de rechange sur son dos à de Souliers enveloppé d’une brume va- D’où ? J’en ai aucune idée… A cause de la vitesse, c’est difficile… la manière des cyclistes d’autrefois, puis il poreuse, point de travaux, juste la beauté Je décolle et vole au-dessus de ces mon- Je m’écrase donc au sol… Les heures continua à pied. Si son allure n’était plus habituelle des lieux. tagnes suisses suivant un vent Foehn qui passent et je ne fais que buller au gré du aussi vive, il marchait d’un bon pas, aguer- Si c’était un canular ce n’était pas intel- entraîne une subtile odeur parfumée. vent qui me berce… ri par ses soixante années à garder les ligent, pour autant cela n’explique pas Je plane entre ces montagnes sans savoir Agréablement surpris, je me retrouve bec moutons. Là-haut, un aigle royal aux ailes la rapidité de mon ascension. Oh ! mais où je vais. Mon esprit est vaporeux, mes à bec avec ce doux parfum que je suivais déployées lui tint compagnie jusqu’au Ha- c’est vrai, au Pays des Servans tout est plumes se hérissent et mon regard est depuis le début. meau de Souliers. Gus s’y arrêta, buller un magique ? Protecteurs des hommes et des vague. Je pense à mon repas de ce soir… L’édelweiss. peu rechargera « mes batteries » se dit- animaux, ils sont toujours là pour donner Soudainement, sans regarder où je vais, je il. Posant son sac à terre le vieil homme le coup de pouce dont on a besoin, en fait passe dans les pales d’une éolienne et je Lilou BURGAIN, s’adossa à la fontaine et s’endormit. il ne faut pas chercher plus loin ! suis projeté à vive allure, tout à coup mon Ecole de la deuxième chance Rêva-t-il ? Il se sentit décoller du sol corps s’insuffle d’air chaud et sec. Romilly-sur-Seine (Aube) comme si le foehn lui insufflait une forte Jacqueline BEAUCHÊNE Ma gorge devient terriblement sèche, mon poussée, puis une fragrance subtile lui La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique) ventre se gonfle telle une chambre à air, chatouilla le nez. Soulevant une paupière j’ai beaucoup de mal à respirer… Doucement, à l’oreille… Une grenouille vivait au bord d'un étang… Cachée derrière un rideau de roseaux, elle surveillait assidûment, au lieu de buller tranquillement, un héron. Un beau hé- ron cendré. Elle lui enviait son élégance, sa prestance lorsqu'il prenait son envol et comme lui rêvait de voler haut, très haut. Elle s'imaginait se muer comme les « hommes volants » de Folon... Légèreté, grâce, plénitude... Elle se sentait si pataude, si boueuse, si grossière... Elle eut une idée : se mettre à boire ! Boire toute l'eau de la terre… Ainsi, pensait-elle elle grossirait comme une montgolfière in- sufflée par les gaz, comme un ballon gon- flé à la chambre à air. Portée par une brise éolienne ou par le foehn, elle pourrait ainsi décoller de cette terre, côtoyer les nuages vaporeux et goûter aux fragances de l'azur. Après avoir bu l'eau des étangs, des rivières, des fleuves, des mers, des océans, elle devint gigantesque, mais… elle ne prit pas son envol... Tel un bibendum, elle oscillait sur ses pattes d'avant, arrière et sur les côtés... Alors tous les hérons de la terre, tous les animaux, tous les humains se mirent « Grâce aux canadairs emplis d’eau dans vivra à leurs excès ! avec ou sans eux !! à avoir soif, très soif.... Plus une seule leurs ailes, je sers même à calmer les excès Un peu de patience ! souvenez-vous que goutte d'eau à se mettre sous le palais... de ma voisine qui provoque des incendies nous avons supporté les dinosaures un Ils se concertèrent : comment faire rendre de forêts dévastateurs un peu partout ! ». million d’années, maintenant ce sont ces à la terre toute cette eau engloutie par Près de lui, la belle femme élancée à la sil- homos sapiens qui pèchent par égoïsme, la grenouille. houette dansante, à la chevelure rousse, inconscience et arrogance en détruisant Le héron, un des plus sages, émit une représentante du feu ne prit même pas la le cycle vertueux sans craindre une jus- idée : faire rire la grenouille, qui avait per- peine de relever l’allusion tant leurs joutes tice immanente pourtant évidente… Ils du tout sens de l'humour, obsédée par ses Atmosphère verbales étaient courantes et leur opposi- reçoivent des alertes constantes de la velléités de vol et lui permettre de déglutir tion habituelle - l’eau et le feu ! – NDLR : part des scientifiques et même des philo- pour déverser tout ce qu'elle avait bu... « Maintenant, Ça suffit ! ; Arrêtons le pourtant quel beau couple ! - Puis vint le sophes : « L’avenir de l’humanité est in- Ils firent venir les clowns les plus drôles, massacre, Eliminons « Homo Sapiens » tour de l’air, représenté par un gros bon- certain car il dépend d’elle ! Bergson » … les « one man show » les plus renommés, de cette planète ! » annonça sèchement la homme gonflé et léger à la fois : son as- Un sombre silence suivit cette tirade ; tous mais rien n'y fit. C'est alors qu'apparut, terre, devant l’eau, le feu, l’air. Ce groupe pect détaché cachait mal son anxiété car il s’interrogeaient sur le devenir de l’espèce un ver de terre, minuscule, maigrelet, ridi- des quatre éléments, a pour noble mission s’attendait à de vifs reproches ; et en effet, humaine… cule... Il se tordait dans tous les sens, de d’instaurer et de préserver toute forme de rien ne lui fut épargné : « Pourquoi tant A cet instant du récit, l’air s’approcha telle manière que la grenouille s'étouffa... vie, animale ou végétale, sur les planètes de violence ! Ne peux-tu jouer avec ton délicatement de notre ami lecteur, lui et se perdit dans un rire gargantuesque. de la galaxie. La Terre, jolie femme épa- florilège de vents – harmattan, foehn, si- aussi fort perplexe, se pencha et lui fre- La terre retrouva ses eaux, ses étangs, ses nouie dans sa salopette écolo, avait décrit rocco ou même mistral - mais oublie ces donna doucement à l’oreille : « Ecoute, rivières, ses fleuves, ses mers, ses océans. les agissements humains comme trop pré- tempêtes et ouragans qui amènent des mon ami… écoute, la réponse est dans le Elle retrouva son allure d'antan, devant judiciables aux équilibres biologiques ain- catastrophes et évite ce réchauffement Vent ! » les yeux ébahis de la faune, de la flore et si la déforestation, l’agriculture intensive, inconsidéré ! » Le grand mannequin quit- des humains. la perte de diversité biologique, le gaspil- ta son air penaud, se redressa et affirma Michel ROYER La grenouille rapetissa, rapetissa... Adieu lage des énergies fossiles et surtout la sur- avec assurance : « Mes chers collègues et Châlons-en-Champagne (Marne) rêves aériens, rêves d'ailes miraculeuses.... population rendaient sa tâche impossible amis, nous avons participé à l’instaura- Elle redevint cette petite grenouille que avec en plus des ressources alimentaires tion de la vie sur cette planète ! Le cycle l'on remarque à peine, perdue au milieu qui devenaient insuffisantes pour toute la biologique régule les populations en limi- Damoclès et Pégase des marécages. population. Les trois autres éléments sou- tant le nombre des individus de chaque Elle garda cependant de son aventure pirèrent exprimant une lassitude exaspé- étage mais le prédateur suprême n’a Oyez, oyez, braves gens. Je vais au- hors norme, de gros yeux exorbités.... rée. L’eau, ce bel athlète aux épaules de pas de limite ! Pour lui, la démographie jourd‘hui vous conter la véritable histoire Ne dit-on pas dans notre jargon familier : champion de natation, évita les reproches est sans contrôle ! Pourtant les humains de Damoclès… « Avoir les yeux plus gros que le ventre ». sur les raz de marée, inondations ou mon- sur cet astre disposent de la science et et de son célèbre cheval. tées du niveau des mers en rappelant son de la conscience pour s’autoréguler ! A Martine SAINT-AUBIN rôle fondamental dans le maintien de eux, d’organiser une gouvernance… mais Plus grande que la pollution par le nucléaire, Fontaine-sur-Saône (Rhône) toute forme de vie. ne nous inquiétons pas, la planète sur- Danger au-dessus de nos têtes pour
8 - Sur les Chemins de l’écrit - « INITIATIVES ET EXPÉRIENCES » - NUMÉRO 65 - MAI 2021 des millénaires, Ils eurent l’idée d’extraire le meilleur des fleurs tout chaud, tout doux, tout vaporeux, Etaient les pets de Damoclès Qui puisse masquer toutes les mauvaises qu’il avait rencontré dans une bonbonne Dont l’air et l’allure de ses fesses odeurs. de plongée au fond du lac Léman. Pouvaient insuffler une crainte à son Cependant, un coup de griffe mal contrôlé entourage, Plus tard, ces grecs émigrèrent en France déchira la membrane de sa garçonnière. Re- Surtout les jours où il festoyait dans le village. Amenant avec eux leurs merveilleuses doutant l’arrivée d’une rustine qui anéanti- fragrances. rait tous rêves de voyage, Eolien s’extirpa à A l’heure où revient en force l’éolien En souvenir de la délivrance de leurs anciens, toute allure de la chambre et s’éleva dans Et où le vent retrouve sa place enfin, Ils nommèrent leur ville Grasse et ven- les airs. Non sans quelques courbatures, il Je viens vous conter l’histoire de ce Damo- dirent leurs parfums. Le vent déplia ses ailes, les agita, fier d’onduler la clès aux grands airs mer et de faire danser les arbres. Dont la devise « En avant les vents, même Depuis, ils en confectionnèrent des plus Eolien, petit-fils d’Eole, avait troqué sa Il mit le cap sur l’ouest dans la ferme in- ceux de derrière » fabuleux chambre à air de vélo pour celle, plus tention de rencontrer Zéphyr. Il s’était Résume son combat pour les énergies an- De toute nature dont certains très confortable, d’un tracteur. Emerveillé de donné pour mission d’insuffler sa joie cestrales vaporeux. ce nouvel espace, les premiers jours il ne de vivre et sa légèreté à ce rabat-joie plu- Incluant les biogaz et la force du cheval. Ils savent par leur art reconnu internatio- se lassa pas d’en faire le tour. Il s’étirait vieux. Et puis, si cela matchait entre eux, nalement et se comprimait, testait l’élasticité du ils chercheraient un contenant douillet Damoclès aimait s’allonger et faire dix vents Améliorer l’air et créer l’enchantement. caoutchouc en exécutant des sauts péril- pour se ressourcer, se câliner, avant de re- Pendant des heures ; il aimait buller leux, des flips, des roues. joindre la pluie et le beau temps, histoire longtemps Donc, j’en appelle aux héros grecs emplis Au bout d’une semaine, après un enchaî- d’embêter les goélands. Dans son salon ou dans sa chambre, à air de sagesse nement particulièrement réussi de figures vicié, Afin qu’ils nous aident dans notre détresse. compliquées, il s’écroula de fatigue et Françoise BERTIN Où il demeurait confiné et très isolé. Qu’ils nous envoient ; je ne sais comment s’autorisa enfin à buller. Il se ramassa tout Epernay (Marne) Cette lucidité dont nous manquons contre la valve, titillant de son index droit « Pet Gaz », son vieux cheval célèbre, qui largement. le renflement en latex tout en tétant gou- battait de l’aile Que revienne la « Dame aux clefs » de la vie lûment son pouce gauche. Tous les Eole Avait, lui aussi, des problèmes avec ses selles Et qu’elle fasse décoller toutes les nou- étaient gauchers. Et créait, lui aussi, des vents chauds tels velles énergies. Enivré par les fragrances de sa chambre foehn ou sirocco Qu’elle transforme les moulins à paroles neuve, Eolien céda à l’envie d’en caresser Que tous ressentaient comme n’étant pas des médias les parois. Tour à tour il faisait patte de du Chanel Coco. En moulins à vent, ici, et dans l’immédiat. velours et dégainait ses griffes en forme Aussi, les voisins priaient et imploraient grâce d’éclair. Alors il décollait délicatement Pour qu’une solution fût trouvée et vite Régis GAVROIS quelques fragments de caoutchouc, les mise en place. Reims (Marne) humait en rêvant du foehn, un petit vent A toute allure Que diffusent mes parents inquiets, pleins d’égards. Ces émotions me semblant si vaporeuses Lorsque sur mon destrier, je jongle avec le Foehn. Que faire, me direz-vous ? Buller dans mon coin Ou braver l’interdit. Alexis DEBAELE BTP CFA 54/55 Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) Prêt à décoller Samedi soir, il est deux heures du matin. Seul dans cette rue déserte, assis dans mon siège, bullant derrière le volant, prêt à décoller attendant le feu vert. Je me concentre à un tel point que l’atmosphère dans l’habitacle en est vaporeuse. Le feu devient vert : j’écrase alors l’ac- célérateur, insufflant une pleine puis- sance dans les roues à en faire patiner les chambres à air. L’allure à laquelle je vais, la vitesse à laquelle le paysage défile, j’ai l’impression d’avoir des ailes. La fragrance de l’essence qui brûle re- Courant d’air mon esprit vaguer dans le tourbillon Envol monte jusqu’à moi, tout comme le rugisse- tourmenté des souvenirs d’une époque ment assourdissant du moteur, qui tourne C’est à bonne allure, qu’en ce jour de heureuse, maintenant révolue. Prêt à partir, enthousiasmé par les rugis- comme une éolienne. Tandis qu’à l’arrière, printemps, j’arpentais joyeusement la Rien au départ n’avait été prévu. Cette sements de ma moto, c’est le Foehn qui sort de l’échappement. campagne lorraine. marche était totalement improvisée, car Je contrôle qu’il y ait encore de l’air dans Le matin même, au réveil, j’avais distingué en temps normal, ce circuit, je l’aurais fait mes chambres à air, Mika LEGEAY en ouvrant ma fenêtre, un long ruban à vélo. Mais, la crevaison de ma maudite Imprudent, je défie le mur du son et fuis à BTP CFA 54/55 vaporeux qui s’étirait à la lisière de la forêt chambre à air en avait décidé autrement. toute allure, Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) communale. Maintenant, avec le lever du Et c’est à pied que je fis ce trajet. Mais à y M’imaginant déployer mes ailes et décoller, soleil, un effet de foehn se faisait ressentir penser, c’était mieux que de buller et ainsi Je prends enfin mon envol et zigzague et une douce fragrance de fraise des bois perdre le bénéfice de cette belle journée dans le parc éolien. Redoutables m’envahissait pour m’insuffler un senti- printanière… ment d’intense bonheur. Ce sentiment de puissance m’insuffle une Ces funestes pilotes à l’allure pourtant étin- À cet instant, comme mû par un moteur T. J. soif de vitesse. celante, se préparent à décoller. Les ailes éolien, je me sentis pousser des ailes. Ma ULE Maison Centrale Gare aux accidents et vive mon allégresse ! de leurs engins parfaitement déployées marche devint de plus en plus rapide, Ensisheim (Haut-Rhin) Inconscient, je ne perçois pas cette fra- n’attendent que le Foehn pour s’élancer. j’avais l’impression de décoller, en laissant grance de prudence, Leur moteur, longtemps au repos,
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