Symptômes dépressifs dans la maladie d'Alzheimer - Pr Ch. Arbus Inserm 1214 " TONIC ": Toulouse NeuroImage Center
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Symptômes dépressifs dans la maladie d’Alzheimer Pr Ch. Arbus Inserm 1214 « TONIC »: Toulouse NeuroImage Center Service de Psychiatrie Universitaire CHU Toulouse
Un constat • Maladies neurodégénératives (DTA et Parkinson) : prévalence de la dépression = 40 à 50% • Les AVC ischémiques : • en aigu, la sévérité des troubles est cliniquement significative dans la moitié des cas . La prévalence des troubles de l’humeur varie selon le contexte d’évaluation et la date de l’AVC : • de 30 à 50 % dans le premier mois, 25% à 3 mois et 20% un an après l’AVC . • Après trois ans d’évolution, 10 à 15% des patients présentent encore des symptômes dépressifs • Patients épileptiques : prévalence 21 et 33% chez les sujets avec crises persistantes et entre 4 et 6% chez les sujets sans crises • La clinique des épisodes thymiques est modifiée, parfois décrite comme atypique, le plus souvent il s’agit de signes sub- syndromiques faisant parler de « dysthymic-like state »
De quoi parle-t-on : dépression ou symptômes dépressifs? • Extraordinaire variabilité concernant la prévalence de la dMA : variation de 1 à 86% en fonction des auteurs… • Meilleure définition des troubles nécessaire : – Critères diagnostiques inspirés du DSM IV, adaptés à la spécificité de la dMA (Olin et al., 2002) • La question des outils psychométriques : – Utilisation quasi systématique du NPI dans la DTA (subjectivité de l’aidant) – Échelle de Cornell (Alexopoulos et al., 1988) – Dementia Mood Assessment Scale (Sunderland et al., 1988) – HDRS, GDS, MADRS,… • Évaluation dimensionnelle, chevauchement symptomatique • Symptomatologie atypique, examen difficile • Regard « psychiatrique »
Dépression ou trouble de l’adaptation ? • Dépression symptomatique ou comorbide : – La dépression serait-elle un signe neurologique ? – La dépression est-elle associée ? • Troubles liés à un événement stressant ou traumatique (DSM-5) : trouble de l’adaptation – Développement de symptômes émotionnels et comportementaux, en réaction à un ou plusieurs facteur(s) de stress identifiable(s), au cours des trois mois suivant la survenue de celui-ci (ceux-ci)
Dépression et maladies neurodégénératives • Réaction émotionnelle face au déclin cognitif • Récurrence d’épisodes antérieurs de dépression de l’adulte • Processus neurodégénératif lui-même (perte sélective des neurones noradrénergiques ou sérotoninergiques dans des régions stratégiques) • Étiologie vasculaire (dépression vasculaire) • Ces quatre hypothèses étiologiques ne sont pas exclusives l’une de l’autre et rendent compte de l’hétérogénéité de la dAD (Jorm, 2001)
La maladie d’Alzheimer Classification des symptômes neuropsychiatriques • Symptômes • Symptômes psychologiques comportementaux – Agressivité – Anxiété – Cris – Humeur dépressive – Opposition – Hallucinations – Agitation – Idées délirantes – Déambulation – Deshinibition sexuelle – Comportements automatiques
Prévalence des symptômes dépressifs 24 Tr. Appétit 18,9 Tr. Sommeil 12 NPI ≥ 4 11,5 Exaltation 7 3 Comp mot aberr 29 18,2 Irritabilité 34 20,6 Deshinibition 20 4 Apathie 34 43 21 Anxiété 24 20 Dépression 20,6 Agressivité 31 21,3 Hallucinations 8 3 Délire 15 9,3 0 10 20 30 40 50 Cohorte Néerlandaise : 1322 patients en MR (Zuidema, 2007) Cohorte REAL.FR : 686 patients ambulatoires (Arbus, 2003) • Les taux de prévalence retrouvés par les auteurs ayant utilisé l’échelle de Cornell vont de 22,8% à 39,6%
Des biais d’évaluation importants • L’information concernant les traitements antidépresseurs est rarement connue • Par exemple, dans la cohorte RÉAL.FR, 25,7% (n=108) des sujets répertoriés comme non déprimés (n=421) à l’inclusion sont traités par antidépresseur • Prise en compte du statut cognitif des patients • Pas de consensus concernant l’association entre symptômes dépressifs, sévérité des symptômes et aggravation du déficit cognitif (Verkaik, 2007 ; Arbus et al., 2011)
Données épidémiologiques • Prévalence des symptômes dépressifs = 40%, prévalence de la « dépression » (NPI > 4) = 20% • Histoire naturelle mal connue • Persistance : 30 à 85 % (Selbaek, 2008 : 62% sur un an indépendamment de la prescription des AD) • Incidence : 6 à 20% sur un an • Facteurs associés : Atcd familiaux et personnel de dépression, sexe féminin, âge de début de la maladie • RÉAL.FR : – Les symptômes les plus souvent associés sont les symptômes anxieux mais on retrouve aussi des comportements d’opposition ainsi que de symptômes psychotiques. – les facteurs prédictifs retrouvés (après contrôle des autres variables) étaient les troubles du sommeil et l’agressivité.
Clinique de la dépression • Variable selon le niveau cognitif • Épisodes dépressifs majeurs rares +++ • Plus de troubles de la motivation et d’idées délirantes • Moins de sentiments de culpabilité et d’auto- dépréciation et moins d’idées suicidaires • Signes classiques (MMS à 27), signes plus archaïques (MMS < 10) • Agressivité souvent associée
Les traitements antidépresseurs (sérotoninergiques)
Projet STAR-D (NIMH, 2003)
Projet STAR-D (NIMH, 2003)
Projet STAR-D (NIMH, 2003)
Une exposition importante • En France, 13% des plus de 65 ans et 18% des plus de 85 ans se voient prescrire régulièrement des antidépresseurs (HAS, 2008) • Les patients déments sont près de 9 fois plus souvent traités par antidépresseurs (43%) que la population générale (Kessing et al. Int Psychoger, 2007) • Sur une période de 20 ans environ (1983-2000), alors que les patients DTA consomment de plus en plus de psychotropes (23%-37%), les pratiques de prescription se modifient (Lopez et al. J Neuropsychiatry Clin Neurosci 15:1, Winter 2003). 1983 2000 Antidépresseurs 12% 29% Antipsychotiques 12% 7%
Méta-analyse (Nelson et al. JAGS, 2011) • De 1966 à 2010 : 24 essais randomisés et contrôlés • Analyse sur 7 essais : 334 patients…
Méta-analyse (Nelson et al. JAGS, 2011) • Seuls 2 essais retrouvent une efficacité. Globalement, les AD ne sont pas plus efficaces que le placebo pour traiter la dépression dans la démence. • Discussion: – Le nombre de patients est faible (
131 sujets Critères de dépression de la DTA Echelle de Cornell Pas de différence dans le taux de répondeurs (44,8% ; 35,9%) Pas de différence dans le taux de patients en rémission (32,8%; 21,8%)
Sertraline or mirtazapine for depression in dementia (HTA-SADD): a randomised, multicentre, double-blind, placebo-controlled trial • Sube Banerjee et al., Lancet 2011 • Évaluation d’un IRSS et d’un antidépresseur sérotoninergique et noradrénergique contre placebo • 13 sem et 39 sem de suivi • Échelle de Cornell > 8 • Jusqu’à 150 mg de sertraline et 45 mg de mirtazapine • 664 patients éligibles, 326 inclus, 258 à 13 sem, 226 à 39 sem (p=0.26 entre les groupes)
Effets adverses Somnolence Nausées 26% P= 0,017 43% 41%
Pour résumer, sans conclure… • Fréquents, associés aux autres SNP Épidémiologie • Résistants • Distincte de l’EDM Clinique • Approche spécifique (une autre lecture…) • Des liens complexes entre dépression et cognition Physiopathologie • Contexte éthiopathogénique différent ? • Prescrire du placebo ? Traitement • Privilégier les approches non pharmacologiques +++
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