Le trouble bipolaire Prof. William Pitchot Service de Psychologie Médicale et de Psychiatrie - afphb
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Le trouble bipolaire Prof. William Pitchot Service de Psychologie Médicale et de Psychiatrie
Plan Clinique du trouble bipolaire utilisation des antidépresseurs Traitement de la dépression bipolaire Traitement préventif
Le trouble bipolaire symptomatologie Symptômes maniaques Humeur dysphorique •Euphorie •Tristesse •Logorrhée •Anhédonie •Diminution du besoin de •Apragmatisme sommeil •Irritabilité •Agitation •Ralentissement psychomoteur •Agressivité, violence •Idéation suicidaire Trouble bipolaire Troubles cognitifs Symptômes psychotiques •Fuite de la pensée •Délire •Distractabilité •Hallucinations •Désorganisation de la pensée •Troubles de l’attention et de la mémoire
Le trouble bipolaire selon le DSM-IV Bipolaire I Bipolaire II Bipolaire Cyclothymie Episode Hypomanie NOS ≥ 2 ans maniaque ou ≥ 4 jours Ne répond pas Les états mixte aux critères d’humeur ne spécifiques du répondent pas Jamais d’ trouble à l’ensemble Symptômes épisode bipolaire I ou II, des critères de manifestes et maniaque ou ex. Hypomanie l’épisode altération mixte pendant dépressif, fonctionnelle Dépression
Diagnostic compliqué National Depressive and Manic Depressive Association (NDMDA) 1994 2000 Erreur diagnostique (%) 73 69 Dépression Dépression Diagnostic le plus souvent posé Unipolaire Unipolaire Sans diagnostic correct pendant ≥10 ans (%) 24 35 • Age moyen de début de la maladie 20s • Délai long avant un diagnostic correct • Le taux d’erreurs diagnostiques reste élevé
Le trouble bipolaire Le trouble bipolaire débute en général par un épisode dépressif majeur (50% des cas) Un âge de début précoce Nombreux épisodes dépressifs Une comorbidité élevée (anxiété, abus de substances,...) Pas de différences en termes de sévérité entre BP et UP
La dépression bipolaire NIMH Collaborative Depression Study Suivi de 10 ans; BP II—plus grande chronicité et comorbidité 60 Déprimé (sem.) 52 Maniaque (sem.) 50 Weeks 40 31,9 30 20 9,3 10 1,4 0 BP I (n=146) BP II (n=71) 3:1 ratio 37:1 ratio Judd et al. Arch Gen Psychiatry. 2002;59:530-537. Judd et al. Arch Gen Psychiatry. 2003;60:261-269.
Dépression bipolaire vs unipolaire Diagnostic différentiel difficile Distinction basée sur un modèle catégoriel (DSM-IV) Approche basée sur la probabilité d’être UP ou BP Signes et symptômes cliniques plutôt que des présentations syndromiques (dépression mélancolique, “atypique”)
Evolution du diagnostic de dépression UP vers BP • Pour 39.2% des patients le 1.0 Cumulative proportion surviving diagnostic est passé de la Total (n=309) Men (n=74) dépression au trouble 0.8 Woman (n=235) bipolaire 0.6 – 24.3% bipolaire I 0.4 – 14.9% bipolaire II 0.2 • Plus de la moitié des déprimés sévères sont 0 devenus bipolaires Années depuis le début du 1er épisode Angst J, et al. J Affect Disord 2004.
Caractéristiques de la DBP Sentiments de non-valeur BPI-BPII>UP Faible estime de soi BP>UP Irritabilité BPII>UP Retrait social BP>UP Hypersomnie BP>UP Prise de poids BP>UP Caractéristiques “atypiques” BP>UP Anxiété UP>BPI Goodwin et al. Bipolar Disorder 2008
Caractéristiques de la DBP Trouble panique comorbide BP>UP Culpabilité pathologique BP>UP Plaintes somatiques BP>UP Caractéristiques psychotiques BP>UP Hallucinations auditives ou visuelles BP>UP Ralentissement psychomoteur BP>UP Immobilité faciale, mouvements lents... Anhédonie marquée BP>UP Tendance à blamer les autres UP>BP
Dépression bipolaire vs unipolaire : Quelle probabilité? Dépression BPI si 5 ou plus des Dépression UP si 4 ou plus des caractéristiques suivantes caractéristiques suivantes •Symptomatologie ✓Insomnie ✓Hypersomnie et/ou sieste ✓Hyperphagie et/ou prise de poids ✓Perte d’appétit et/ou de poids ✓Autres symptômes atypiques ✓Niveau d’activité normal ou augmenté ✓Ralentissement psychomoteur ✓Caractéristiques psychotiques ou ✓Plaintes somatiques culpabilité pathologique ✓Humeur labile/symptômes maniaques •Evolution de la maladie ✓Début précoce du 1er épisode (< 25 ✓Début tardif du 1er épisode (>25 ans) ans) ✓Nombreux épisodes (5 ou plus) ✓Durée longue de l’épisode (>6mois) •Histoire familiale ✓Histoire positive de bipolarité ✓Absence d’histoire de bipolarité Goodwin et al. Bipolar Disorder 2008
Quelle vision théorique du trouble bipolaire Système catégoriel implique une vision dichotomique du trouble bipolaire (“point de clivage”) Les signes et les symptômes constituant le trouble bipolaire ne sont pas distribués de manière catégorielle “Spectre bipolaire” (continuum entre dépression unipolaire et le trouble BPI)
Le spectre bipolaire Trois groupes de patients appartenant au spectre bipolaire 1. Hypomanie induite par les AD 2. Hypomanie ne répondant pas aux critères DSM-IV (“exaltation névrotique”) 3. Absence d’antécédents d’hypomanie mais indices de bipolarité (récidives fréquentes, début précoce, histoire familiale de bipolarité) Phelps et al. Bipolar Disorder 2008
Le spectre bipolaire Marqueurs de bipolarité “non-maniaque” : 1. Hypomanie ou manie induite par les AD 2. Evolution de la maladie : début précoce, début en postpartum, haut taux de récidive, présence de cycles rapides, épisodes de courte durée (
Trouble du spectre bipolaire Vision catégorielle Trouble du Unipolaire Cyclothymie BP NOS BPII BPI spectre bipolaire Phelps et al. Bipolar Disorder 2008
Trouble du spectre bipolaire Vision dimensionnelle Symptômes Un Deux Trois maniaques Hypomanie Un épisode Un épisode induite possible clair ATCDT Dép. sur 3 BP au 1er familiaux générations degré Age de début 20-25 15-19 Symptômes évocateurs Un Deux Trois Quatre Nombre d’épisodes >5 >10 Durée des épisodes > 6 mois
L’Utilisation des Antidépresseurs dans le trouble bipolaire un sujet Controversé
L’utilisation des antidépresseurs dans le trouble bipolaire La dépression est la phase la plus invalidante de la maladie En clinique les antidépresseurs sont souvent prescrits Les guidelines du TB recommandent une prudence particulière avec l’utilisation des antidépresseurs
Les antidépresseurs dans le TB Rapport risque/bénéfice Efficacité des AD dans le trouble bipolaire Virage en manie ou hypomanie Déstabilisation de l’humeur Risque d’aggravation de la maladie Arrêt précoce des AD chez les patients en rémission
Efficacité des AD dans la DB Peu d’étude randomisées en double-aveugle Efficacité dans le traitement à court terme1 L’absence de réponse à court terme est plus fréquente dans la dépression bipolaire2 A long terme, la perte de l’effet antidépresseur est plus fréquent dans la dépression bipolaire2 Pas d’augmentation de la suicidalité3 1Gijsman et al. Am J Psychiatry 2004 2 Ghaemi et al. Am J Psychiatry 2004 3 Bauer et al. J Clin Psychiatry 2006
Risque de virage maniaque ou hypomaniaque Très haut risque de virage maniaque avec les AD en monothérapie1 Risque significatif de virage hypomaniaque ou maniaque avec les AD en association avec un stabilisateur de l’humeur2 Risque plus élevé chez les BPI que chez les BPII (31 vs 18 %)3 Différences entre les AD en termes de risque de virage maniaque ou hypomaniaque4 1 Ghaemi et al. Am J Psychiatry 2004; 2 Goldberg and Truman Bipolar Disord. 2003; 3 Leverich et al. Am J Psychiatry 2006 4 Vieta et al. J Clin Psychiatry 2002
Facteurs de risque de virage maniaque induit par les AD plusieurs essais d’antidépresseurs1 Traitement avec les tricycliques2 Absence d’un stabilisateur de l’humeur3 Tempérament hyperthymique4 Antécédents familiaux de manie ou d’hypomanie5 Un grand nombre d’épisodes hypomaniaques ou maniaques dans les antécédents personnels6 1 Goldberg and Truman Bipolar Disord 2003; 2 Peet M Br J Psychiatry 1994; 3 Mundo E et al. J Aff Disord 2006; 4 Henry C et al J Aff Disord 1999; 5 Howland RH J Clin Psychopharmacol 1996; 6 Boerlin H et al J Clin Psychiatry 1998
Risque de déstabilisation de l’humeur avec les AD Les antidépresseurs pourraient augmenter le nombre de cycles et déstabiliser la maladie Peuvent-ils favoriser la fréquence et la sévérité des épisodes? Intérêt des antidépresseurs dans le traitement à long terme
Accélération des cycles induite par les antidépresseurs 300 Longueur des cycles (jours) 0 Off On Off On Off Wehr et al. Am J Psychiatry 1988
Intérêt des AD dans la dépression bipolaire Etude en double-aveugle, Efficacité Manie induite contrôlée par placebo dans la dépression bipolaire (STEP-BD) 30,0 26 sem. de traitement avec 22,5 stabilisateur de l’humeur associé à un AD (n=179) ou un 15,0 stabilisateur de l’humeur associé au placebo (n=187) 7,5 Evaluation de la guérison stable (euthymie pendant 8 0 sem. consécutives) AD Placebo Sachs et al. NEJM 2007
Impact de l’arrêt des AD 84 patients bipolaires en rémission après un épisode Risque de rechute en dépression après dépressif Un arrêt précoce des AD 70 traités par un AD en association avec un 60 stabilisateur de l’humeur 50 40 2 groupes : % 30 20 43 arrêtent l’AD dans les 6 mois 10 0 41 continuent au-delà de 6 Maintien > 12 mois Maintien 6-12 Arrêt mois mois Altshuler et al. Am J Psychiatry 2003
Impact de l’arrêt des AD 1.0 Risque de rechute en manie Proportion des sujets qui rechutent 0.8 30 25 0.6 20 % 15 0.4 10 5 0.2 0 0 Maintien > 12 mois Maintien 6-12 Arrêt mois 0 48 Nombre de semaines jusqu’à la rechute Altshuler et al. Am J Psychiatry 2003
Conclusion Eviter la prescription d’antidépresseurs en monothérapie Antidépresseurs sont efficaces dans le traitement à court terme de la dépression bipolaire Le maintien d’un AD en association avec un stabilisateur de l’humeur est indiqué chez certains patients
Conclusion Le risque d’induction d’un état maniaque avec un AD est une réalité pour certains patients En cas de prescription d’AD, favoriser les SSRI et les AD de nouvelle génération Eviter les AD chez les patients à risque de déstabilisation de l’humeur Peu de données solides existent pour élaborer des guidelines précis
Traitement de la manie
Antipsychotiques atypiques et manie Données de 7 études en monothérapie *** Amélioration moyenne entre l’état initial et le jour 21 -15 * ** *** ** AMELIORATION * -10 ** -5 0 Quétiapine Olanzapine Rispéridone Aripiprazole Ziprasidone (n=201, n=202) (n=136) (n=259) (n=262) (n=197, n=202) *p < 5.05; **p ≤ 0.01; ***p < 0.001 vs placebo aZiprasidone : SADS-C MRS, autres : YMRS; les colonnes indiquent la substance active vs placebo Thohen et al 1999; Hirschfeld et al 2002; Brecher & Huizar 2003; Segal et al 2003; Paulsson & Huizar; Keck et al 2003a; Keck et al 2003b; Tohen and Vieta 2009
asenapine dans la manie McIntyre et al. Bipolar Disord 2009
Traitement de la dépression bipolaire
OLZ vs OLZ+Fluox vs Placebo dans la dépression bipolaire 0 -2 OFC vs OLZ p < 0.05 Olanzapine (n=351) Evolution de l'échelle MADRS -4 Placebo (n=355) * OLZ ou OFC vs Placebo -6 p < 0.001 OFC (n=82) -8 -10 -12 -14 -16 -18 -20 0 1 2 3 4 5 6 7 8 Semaine Dose moyenne OLZ mono : 9.7 mg OLZ combi : 7.4 mg Fluox : 39.3 mg Tohen et al. Arch gen Psychiatry 2003
Quétiapine en monothérapie dans la dépression bipolaire Semaines 1 2 3 4 5 6 7 8 0 Evolution du score MADRS Quetiapine 600 mg (n=170) Quetiapine 300 mg (n=172) Placebo (n=169) -5 § § § § -10 § § § § § § § § § § § § -15 §p
Aripiprazole en monothérapie dans la dépression bipolaire Importance de la sévérité Nashat et al. 8th ICBD, 2009
lamotrigine dans la dépression bipolaire Importance de la sévérité Méta-analyse Geddes et al. Br J Psychiatry, 2009; Vigo and Baldessarini Harvard Review Psychiatry; 2009
Lamotrigine dans la dépression bipolaire 60 50 % patients répondeurs 40 Placebo (n=66) 30 Lamotrigine 50 mg/j (n=66) 20 Lamotrigine 200 mg/j (n=63) 10 0 CGI MADRS Calabrese et al. J Clin Psychiatry 1999
“Effectiveness” de la lamotrigine en clinique Arrêt de LTG 26% Etude réalisée en clinique Pas d’ajout de médication 32% Ajout de médications 42% 198 BDP (64 BPI, 111 BPII) Lamotrigine dose moyenne 26% finale de 236 +/- 137 mg/j 42% 32% Laurel et al. APA 2006
Traitement aigu de la dépression bipolaire Médication Efficacité Lithium + Divalproex +/- Lamotrigine ++ Olanzapine + OLZ/Fluox ++ Quétiapine ++
Conclusions Utilisation d’un stabilisateur de l’humeur en monothérapie Association antidépresseur/stabilisateur de l’humeur Efficacité de la lamotrigine en monothérapie? Rôle de la Quétiapine en monothérapie
Traitement d’entretien du trouble bipolaire
Temps écoulé avant une intervention pour un épisode thymique Nombre de jours sans rechute 250 200 Placebo (n=121) 150 Lithium (n=120) 100 LTG 200/400 mg (n=169) 50 0 LTG vs PBO p=0.029 Li vs PBO p=0.029 Calabrese et al. J Clin Psychiatry APA 2003 LTG vs Li p=0.91
nnt pour traitements preventifs NNT any episode NNT mania NNT depression 25 20 15 10 5 0 Lithium Valproate Lamotrigine Popovic et al. Psychopharmacology, 2010
nnt pour traitements preventifs NNT any episode NNT mania NNT depression 12 10 8 6 4 2 0 VP VP le e ne in zo pi i/D /D ap ra tia Li nz +L ip ue + ip la LZ TP Q Ar O O Q Popovic et al. Psychopharmacology, 2010
Stabilisateurs de l’humeur Evidence base pour lithium et antiépileptiques Médication Manie Dépression Entretien Lithium ++ ++ ++ Divalproex ++ + + Carbamazépine ++ + + Gabapentine - N + Lamotrigine - ++ ++ Topiramate - + N Tiagabine N N N Phénytoine + N + Lévétiracétam N N N ++=Au moins 1 essai randomisé, contrôlé par placebo, double-aveugle, monothérapie; +=Au moins 1 essai randomisé contôlé par placebo double- aveugle; N=pas de données Vieta, Esp Rev Neurother 2004
Stabilisateurs de l’humeur Evidence base pour les antipsychotiques Médication Manie Dépression Entretien Haloperidol ++ N N Chlorpromazine ++ N N Clozapine N N + Risperidone ++ - N Olanzapine ++ ++ ++ Amisulpride N N N Quétiapine ++ ++ ++ Ziprasidone ++ N N Aripiprazole ++ N + ++=Au moins 1 essai randomisé, contrôlé par placebo, double-aveugle, monothérapie; +=Au moins 1 essai randomisé contôlé par placebo double- aveugle; N=pas de données Vieta 2006
prevalence du syndrome metabolique 99 patients bipolaires euthymiques 45 40 35 30 % 25 20 15 10 5 0 L . ue ille ue es ab D id iq iq Ta H ét r l l to to cé .M as s ly sy dr ig di n PA Tr Sy PA McIntyre et al. Adv Ther 2010
Bipolarite et survie du diabetique
Conclusions Nécessiter de stabiliser l’humeur pour éviter les conséquences graves de la maladie Le choix d’un thymostabilisateur doit être basé sur des études contrôlées Les études les plus sérieuses concernent le lithium, la lamotrigine, l’olanzapine Potentiel d’efficacité de la Quétiapine en monothérapie (données insuffisantes)
conclusion generale la combinaison de traitements est plutôt la regle rechercher la monothérapie Grand intérêt des nouvelles médications ne pas oublier les traitements plus anciens Trouble bipolaire : pathologie associée a un haut niveau de résistance thérapeutique
Vous pouvez aussi lire