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MEMOIRE DE FIN D’ETUDES EN VUE DE L’OBTENTION DU CERTIFICAT PROFESSIONNEL DE PRATICIEN
FEDERATION NATIONALE FRANCE SHIATSU
LA DEPRESSION
Octobre 2013
Vanessa ZIANE-CHEVALIER Ecole Carole Ferrier-Biarritz
Promotion 2011
Directeur de mémoire : Pascale ROLAND
1Table des matières
Chapitre 1. Définition .............................................................................................................................. 4
Définition étymologique française (CF.LAROUSSE) ........................................................................ 4
Psychiatrique ....................................................................................................................................... 4
Philosophique ...................................................................................................................................... 4
L’art et la dépression ........................................................................................................................... 5
La dépression vue par le christianisme ................................................................................................ 6
Chapitre 2. LA DEPRESSION SELON LA MEDECINE OCCIDENTALE ........................................ 8
Déterminer une dépression .................................................................................................................. 8
les formes cliniques de la dépression .................................................................................................. 9
Les classifications.............................................................................................................................. 10
Les causes .......................................................................................................................................... 11
Un peu de biologie ............................................................................................................................ 12
Les traitements .................................................................................................................................. 12
Chapitre 3. La dépression selon les sagesses orientales ....................................................................... 14
La dépression en médecine chinoise et shiatsu ................................................................................. 15
Les causes de la dépression ............................................................................................................... 19
Les cinq sentiments ....................................................................................................................... 19
Les Cinq éléments dans les émotions et dépression ...................................................................... 21
L’influence des saveurs sur les cinq éléments ............................................................................... 22
Les Gui .......................................................................................................................................... 22
La Dépression selon la Médecine Chinoise....................................................................................... 25
Diagnostic.......................................................................................................................................... 25
Les causes des maladies ................................................................................................................ 27
Les 8 principes............................................................................................................................... 28
Les différents types de dépressions ............................................................................................... 29
Chapitre 4. Traitements alternatifs ....................................................................................................... 32
La respiration..................................................................................................................................... 32
L’alimentation ................................................................................................................................... 34
L’activité ........................................................................................................................................... 35
Le toucher .......................................................................................................................................... 36
L’amour ............................................................................................................................................. 37
Conclusion ............................................................................................................................................. 39
Bibliographie ......................................................................................................................................... 40
2La dépression est devenue depuis 20 ans un problème majeur de santé dans notre société. En effet, 15% des consultations en hôpitaux en France concernent des cas de dépression avérée. Selon l’O.M.S. (Organisation Mondiale de la Santé), 121 millions de personnes sont touchées. Le problème est que ce phénomène est exponentiel car L’O.M.S prévoit en 2020 que la dépression sera le problème de santé numéro 1 dans les sociétés dites en voie de développement. Selon un historien, Georges Minois, le monde est entré dans « l’ère de la dépression » (Georges Minois, Histoire du mal de vivre. De la mélancolie à la dépression, 2003, éditions de la Martinière). 3
Chapitre 1. Définition
Définition étymologique française (CF.LAROUSSE)
Dépression : nom féminin (bas latin depressio,-onis, enfoncement).
Etat pathologique marqué par une tristesse avec douleur morale, une perte de l’estime de soi, un
ralentissement psychomoteur.
Psychiatrique
Maladie mentale caractérisée par une modification profonde de l’état thymique, de l’humeur dans le
sens de la tristesse, de la souffrance morale et du ralentissement psychomoteur1 .
Etat psychologique caractérisé par une humeur triste et douloureuse associée à une réduction de
l’activité psychomotrice et à un désintérêt intellectuel.
Philosophique
Selon les époques, la définition de la dépression change mais le fond reste le même.
Dans l’antiquité, elle est qualifiée de mélancolie : « si crainte et tristesse durent longtemps, un tel état
est mélancolique » écrivit Hippocrate.
Mélancolie est un substantif féminin et étymologiquement signifie : mélas : noire et kholé : la bile.
La mélancolie est une affectation mentale, un tempérament et un sentiment, il en est de même avec la
dépression d’où les malentendus entre ces deux mots.
Aristote associe la mélancolie à l’imagination, c’est comme une fureur divine qui correspond à l’envol
de l’âme en dehors du corps, ektasis, extase, sortir de soi-même. D’ailleurs la dépression prend une
dimension autre et positive car l’ektasis permet la création artistique. Le génie de certain artiste fut
motivé par ces moments de mélancolie.
1
Grand Dictionnaire de la Psychologie ,1993
2
J.L. PEDINIELLI, A. BERNOUSSI, Les états dépressifs, 2011
4L’art et la dépression
La bile noire m’évoque la bile sécrétée par la rate mais aussi le mot en anglais Spleen si cher à
Baudelaire. Tout ça pour se rapprocher la médecine chinoise ou la rate est associé au sentiment
d’inquiétude, de la rumination des idées, de l’obsession, de la fatigue mentale et physique.
Le sens étymologique du mot anglais Spleen renvoi à un mot grec spleen : rate ou mauvaise humeur.
Selon les grecs et la théorie des humeurs, la rate déversait dans le corps la bile noire qui entrainait mal-
être.
Je reste curieuse de cette corrélation entre médecine Hippocratique et Chinoise…
Baudelaire a bien dépeint cet état de mélancolie si noire et si morbide :
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire
5Figure 1Melencolia I, gravure d’Albrecht Dürer (1514) Albrecht Dürer et son énigmatique Mélancolia décrit bien ce sentiment d’abandon, de tristesse que peut éprouver un artiste ainsi qu’un simple mortel. La dépression vue par le christianisme Le sujet est tabou, car selon les Chrétiens, être dépressif c’est avoir échoué dans sa foi. Mais si les malheurs arrivent, un chrétien peut mieux le vivre avec ses croyances. Bien sûr, si on se réfère aux textes anciens la dépression n’est pas reconnue en tant que telle. Elle apparait au début sous un autre terme l’acédie. L’acédie désigne la dépression des religieux qui va faire son entrée sous le nom de la paresse chez les laïcs. La paresse est inscrit dans les Sept péchés capitaux (Pécher : manquer la cible). La définition dans l’acédie est la suivante : tendance à se désintéresser de tout, l’étymologie grecque signifie négligence, indifférence. Selon Jean de la Croix décrit l’acédie comme la nuit. En effet quand un ascète, un ermite, un religieux dans sa démarche n’arrive plus à atteindre dans un idéal ou se rend compte qu’il ya un décalage entre l’idéal sa propre foi et la réalité, alors il peut tomber dans le désespoir. 6
Sous le pape Grégoire (590-604), l’acédie ne sera plus considérée comme un péché, elle devient une maladie de l’âme et le mot va disparaitre. Le mot mélancolie remplaça ce terme ancien et religieux. 7
Chapitre 2. La Dépression Selon La Médecine
Occidentale
Déterminer une dépression
Avant de déterminer une dépression, il faut bien cerner si les symptômes sont récents ou installés, si ce
n’est pas dû à une mauvaise nouvelle ou à un syndrome prémenstruel par exemple.
Il faut que les symptômes durent au moins depuis deux semaines consécutives en se sentant triste,
déprimé, sans espoir, pratiquement toute la journée.
Le questionnaire d’Hamilton permet d’évaluer les signes de la dépression par les professionnels, il
très utilisé dans les milieux psychiatriques. (Voir Annexe p 40).
L’évaluation personnelle peut être menée par le questionnaire de Beck qui est spécialiste de la
psychologie cognitive (lat cognito : pensée). Il a défini trois grandes distorsions dans la dépression. Le
patient s’auto évalue en analysant les choses de manière émotionnelle et non rationnelle : la cognition
de soi (je suis nul, bon à rien), la cognition de l’environnement (le monde est mauvais) et la
cognition sur l’avenir (rien n’ira pour le mieux). (Voir Annexe).
Les symptômes secondaires sont : la perte d’intérêt pour la plupart des choses comme les loisirs, le
travail ou les activités qui donnent habituellement du plaisir. On trouve aussi l’épuisement, le manque
d’énergie, la prise ou la perte de poids, la difficulté à s’endormir, la difficulté de concentration, la perte
de confiance en soi, la dévalorisation, la pensée morbide (avoir pensé à la mort en général pour soi et
les autres).
Le suicide, les idées de suicide ou les tentatives sont de l’ordre de 50 à 80 % et sont une manifestation
de la dépression.2
Tous ces signes marquent en fait une rupture avec les habitudes et le comportement d’autrefois.
Les manifestations cliniques sont : pessimisme, indifférence affective, incapacité à trouver du plaisir,
vision négative de soi, vision négative du monde extérieur, vision négative du futur.
2
J.L. PEDINIELLI, A. BERNOUSSI, Les états dépressifs, 2011
8Il y a également d’autres troubles :
Troubles du sommeil à 60 % des cas.
Troubles alimentaires à 50 % des cas.
Trouble du caractère : irritabilité, hostilité.
Symptômes somatiques : troubles sexuels très fréquents mais qu’on peut classer aussi dans les
pertes d’intérêts. Les troubles digestifs étant donné que le système digestif fait office de 1er
cerveau et les tensions musculaires.
Bien sûr, il ne faut pas mettre l’anxiété et la tristesse dans les symptômes cliniques de la dépression.
Suite à une cause extérieure ou interne, la tristesse est un sentiment normal, celle-ci n’empêche pas de
continuer ses activités, il n’y a pas d’incapacité comme on peut le constater dans la dépression.
L’anxiété est une manifestation courante pour de nombreux sujets. Elle peut se distinguer des
symptômes de la dépression par ses conséquences qui n’induisent aucun ralentissement des activités
avec toujours ce sentiment d’incapacité.
On a tendance depuis quelques décennies à transformer la tristesse en maladie psychologique. Il faut
tout classer, il faut que les gens rentrent dans le même moule sans dépasser.
Va-t-on vers une standardisation des émotions où toute humeur qui ne respecte pas le cadre devra être
traitée de manière invasive comme peut le proposer nombre de professionnel de la santé ?
Nous verrons qu’il est important d’exprimer ses émotions.
Les formes cliniques de la dépression
L’état dépressif reste le même mais ses manifestations sont différentes selon les situations :
La dépression anxieuse, comme l’indique son nom, se traduit par de l’agitation, de l’anxiété
et d’un risque suicidaire élevé.
La dépression stuporeuse signifie un engourdissement physique et psychique du sujet avec une
indifférence au monde extérieur.
La dépression masquée est la plus difficile à diagnostiquer car c’est le corps physique qui
parle, le sujet somatise : des douleurs vont s’exprimer comme le mal du dos par exemple (en
avoir plein le dos…).
La dépression délirante se caractérise par des idées confuses et un sentiment de culpabilité.
La dépression hostile se caractérise par des colères violentes et des réactions impulsives.
9Certaines périodes de la vie ou de l’année peuvent induire des passages dépressifs. On peut retenir
trois grandes périodes :
Les saisons, à l’entrée de l’hiver avec la baisse de la luminosité et les jours qui raccourcissent, la
dépression saisonnière apparait et va toucher certaines personnes qui vont connaitre un ralentissement
physique et psychique avec trouble du sommeil, prise de poids. Elle se soigne très bien avec la
luminothérapie.
La maternité peut provoquer une dépression post-partum, elle touche presque 50 % des femmes et
débute quelques jours après l’accouchement, ce sont les mêmes symptômes qu’une dépression
classique.
Le deuil marque souvent les gens. Ainsi certains symptômes proches de la dépression apparaissent. Le
processus de deuil est tout à fait normal et il est juste d’accompagner les proches dans ces moments
douloureux de la vie.
Les classifications
En médecine occidentale, les états de dépression sont souvent classés. Les deux références les plus
connues pour classer la dépression selon les syndromes sont le CIM-10 qui est une classification
internationale des maladies établies par l’OMS et le manuel diagnostique et statistique des troubles
mentaux (DSM-V), créé par l'Association américaine de psychiatrie. Au début de la création DSM en
1952, 100 maladies étaient répertoriées. En 2013, le DSM 5 répertorie plus de 500 maladies
psychiques.
Ce type de classification concerne des personnes dites normales mais diagnostiquées malades (la
tristesse de deuil est traitée comme une dépression).Or, si on parle de tristesse suite à un deuil, il est
tout à fait normal d’être triste. Mais la DSM estime qu’au-delà de deux mois, la personne rentre en
dépression. En médecine chinoise, le deuil dure trois ans.
Malheureusement comme l’a dit le Monde dans un titre du quotidien, « le DSM, le manuel qui rend
fou » 3 . En effet le DSM-V pose quelques questions sur certains troubles émotionnels. Ainsi, grâce au
DSM, tout individu présentant des troubles inscrits dans le DSM sera pris en charge et suivra une
thérapie bien souvent médicamenteuse.
3
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/05/13/dsm-5-le-manuel-qui-rend-fou_3176452_1650684.html
10Maintenant, examinons la classification du trouble dépressif en médecine occidentale selon le DSM-V.
Trouble dépressif :
Trouble dépressif majeur
Trouble dépressif majeur : épisode isolé
Trouble dépressif majeur : récurrent.
Trouble dysthymique (légère dépression chronique).
Trouble dépressif non spécifié.
Trouble bipolaire :
Il contient 8 sous catégories du trouble bipolaire. Une personne bipolaire va passer d’une phase
euphorique à une phase mélancolique en l’espace de quelques temps ou de quelques années
parfois.
Trouble cyclothymique (cyclothymique est traduit par le terme lunatique dans le langage courant,
ce sont des oscillations d’humeur).
Autre trouble de l’humeur
Trouble de l’humeur dû à une affection médicale généralisée
Trouble de l’humeur induit par une substance
Trouble de l’humeur non spécifiée.
Les causes
Selon la psychologie, ce sont les événements liés à l’enfance qui vont déterminer le futur d’une
personne en la rendant plus ou moins sensible à la dépression. Ensuite il y a ceux qui éprouvent des
difficultés au quotidien dans leur relation. L’absence de relation induit aussi des souffrances.
La vision négative de la vie favorise la dépression chez certain individu. Des situations, des relations
abordées négativement maintiennent les gens dans un état de tristesse permanente.
Les causes externes :
Les événements de la vie comme le stress quotidien, des épisodes déséquilibrants de la vie peuvent
induire une fragilité émotionnelle et ensuite la dépression.
On retrouve le deuil, la perte d’un emploi, le divorce ou la maladie.
11Les causes biologiques :
Les facteurs biologiques ont un impact sur la dépression. En effet on sait qu’un manque de sérotonine
entraine une perte de sommeil et de l’appétit. La noradréline provoque une baisse d’énergie, de plaisir.
Ce sont des neurotransmetteurs ou neuromédiateurs.
D’après les recherches scientifiques récentes, une anomalie dans le fonctionnement du cerveau (et non
structurelle) causerait des problèmes de transmission des messages des neurones. Ils sont très
importants car c’est eux qui favorisent le bien-être.
Mais ces facteurs biologiques sont les causes ou les conséquences ? Il est difficile d’y répondre…On
on sait que le rôle d’un antidépresseur est de corriger voire de restaurer le travail correct des
neuromédiateurs
C’est la réponse que propose la médecine occidentale.
Un peu de biologie
Outre les facteurs cérébraux, les perturbations hormonales (hypothyroïdie, ménopause) contribuent à
la dépression.
De plus l’axe hypothalamus-hypophyse surrénalien est très important. Lors d’un stress l’hypothalamus
va libérer des corticoïdes stimulant l’hypophyse, celle-ci va stimuler une hormone qui activera les
surrénales produisant de l’adrénaline, du cortisol et de la DHEA. C’est une réaction en cascade qui
met en action tout le système nerveux.
Les traitements
La réponse de la médecine occidentale à la dépression est souvent de deux types : le traitement
médicamenteux et la psychothérapie.
Le traitement par antidépresseur et anxiolytique
L’objectif d’un médicament antidépresseur est de réduire dans la vie quotidienne les symptômes
handicapants de la dépression. Il est efficace en 3 semaines et fonctionnent après l’arrêt du traitement.
Grâce aux antidépresseurs des molécules vont modifier le travail du neurotransmetteur par l’apport de
de sérotonine et de noradréline favorisant le meilleur fonctionnement du système nerveux.
La sérotonine a un impact sur l’humeur, le sommeil, l’appétit et la douleur (la sérotonine correspond
au Poumon en médecine chinoise).
La noradréline va jouer un rôle important pour l’attention, les émotions, le sommeil. Elle est libérée
par le système nerveux orthosympathique (la noradréline correspond au Cœur en médecine chinoise).
12Par contre il ya de nombreux effets indésirables (prise de poids, sécheresse de la bouche, baisse de la
tension, constipation, somnolence).
Au vu du travail chimique, l’utilisation des antidépresseurs est très complexe. Un médecin va respecter
un protocole de traitement. Il comporte deux phases :
Une phase aigue qui va permettre de faire disparaitre les symptômes (6 à 12 semaines).
La phase de consolidation qui durera 4 à 6 semaines.
L’arrêt ne se fait pas brutalement mais accompagné par un médecin : il est progressif et dure quelques
semaines encore.
Donc, la durée globale d’un traitement pour la dépression peut être de 5 à 6 mois.
La psychothérapie
Elle permet au malade de mieux gérer ses émotions, de réduire les symptômes de la dépression. C’est
un traitement qui va de pair souvent avec le traitement allopathique en Occident pour traiter la
dépression.
Selon le type de psychothérapie et selon les psychothérapeutes, un lien de confiance peut s’installer
avec le patient. Grace à la libération de la parole face à une attitude de neutralité, le patient peut mettre
des mots à ses émotions et sa maladie.
Avec un cadre et protocole, le psychothérapeute va accompagner le malade dans les méandres de sa
propre pensée et sa psyché.
L’écoute est importante afin que le patient puisse à travers les mots trouver des solutions. A cet effet,
le praticien peut diriger la consultation pour que le malade trouve des solutions par lui-même.
Ce type de traitement est intéressant et concluant lorsque la personne n’est pas en phase aiguë de
dépression. Bien souvent c’est la suite de prescription médicamenteuse qu’il est possible de suivre une
psychothérapie. La psychothérapie est aussi un outil à l’humain pour sortir des rangs.
Il existe aussi d’autres traitements :
La phytothérapie (millepertuis), la luminothérapie (dépression saisonnière).
13Chapitre 3. La dépression selon les sagesses
orientales
J’ai choisi l’Hindouisme, le Bouddhisme et la vision Taoïste qui sont les principaux courants
philosophiques en Asie. Ces trois pensées orientales à la fois distinctes mais similaires peuvent
apporter des nouvelles réponses à la pensée occidentale.
D’après les religieux et philosophes orientaux, la dépression pourrait être un éveil spirituel.
Selon Jacques Vigné4 « face à la dépression, peut être que le philosophe existentialiste et le Bouddha
se trouvent devant le même vide mais le premier en a la nausée alors que le second sourit : n’est ce pas
là une différence ? ». L’objectif du Bouddhisme est l’accès à l’éveil et l’acceptation de la vacuité.
Le Bouddhisme met en avant des pensées jouant un rôle très important pour le mental. La souffrance
(dukkha) est l’émotion dont l’homme cherche à se délivrer. L’homme souffre de trois passions qui
sont l’avidité, la colère et l’ignorance. Un mauvais contrôle des émotions a un impact sur la santé,
d’où la dépression. L’avidité par exemple entretient la frustration et les blocages du mental. C’est pour
cela que par l’ignorance, le seul changement pour guérir doit se faire par un changement de notre
regard intérieur.
Après avoir expérimenté l’extérieur et selon les Hindous et les Bouddhistes, la dépression est un
passage vers un retour vers soi. D’après la pensée Hindouiste, la dépression ne peut être soignée que
par les médicaments et la psychothérapie car cette maladie fait partie des événements de la vie qui
permettent d’évoluer spirituellement. Grâce à l’Ayurveda, les trois éléments dont Vata, doivent être
équilibrés. Vata (air et éther) fait partie avec les trois dosha de la médecine indienne avec Pitta et
Kapha. Pitta (feu et eau) représente le feu, il gouverne la digestion, l’intelligence, le métabolisme et la
colère, c’est en sorte le système nerveux. Kapha (terre et eau) représente le physique.
Vata est le principe du mouvement, il représente la respiration, le mouvement du cœur et ses
pulsations.
Ainsi la dépression est souvent un déséquilibre de Vata en insuffisance dont les symptômes sont la
peur et l’anxiété. Une personne Vata aura besoin de se renfermer, d’être solitaire. Il y a ralentissement
du débit de la parole et un esprit moins vif.
Ainsi pour pacifier Vata, l’Ayurveda proposera un régime alimentaire ciblé pour diminuer le stress et
l’anxiété. Les aliments à privilégier sont des produits chauds, épais, sucrés, acides et salés, les
crudités, les fruits verts, fruits secs.
4
J. Vigné, Eléments de psychologie spirituelle, 1993
14Mais il faut aussi développer les qualités mentales, les gunas pour pacifier les doshas. Les gunas sont :
tamas (passif), raja (actif) et sattva (face neutre donnant l’harmonie).
Sattva est très important car bien équilibrée elle développe la conscience de soi, la clarté d’esprit, la
clairvoyance.
Le Yoga peut aider dans les cas de dépression car il propose des exercices respiratoires, des
focalisations sur le corps, une prise de conscience du support qu’est la Terre. Mais on peut pratiquer le
yoga dans l’instant de tous les jours en étant conscient de ce qu’on fait et pratiquer la pensée juste.
La dépression en médecine chinoise
Le corps et l’esprit sont indissociables dans la pensée orientale.
Je pense qu’il est intéressant de s’attarder sur la vision de la psychologie chinoise en replaçant certains
éléments de l’homme Taoïste qui est à la fois macrocosme et microcosme de l’univers : l’homme est
un lien entre le Ciel et la Terre.
Les émanations célestes et terrestres sont des âmes, des esprits qui vont définir l’Homme par ses
caractères physiques et émotionnels. Les esprits du Ciel sont exprimés par le Shen l’Esprit et les
Huns. Les esprits de la Terre sont représentés par le Po âmes physiques.
Le Po se manifeste à la conception, il est lié à la mère et il a le rôle d’organisateur de l’embryogenèse.
Les Po sont sept (par les sept orifices passent les sept passions). Les Huns sont trois (l’homme entre le
ciel et la terre, la triade).5
Voir l’illustration ci-dessous de la bannière funéraire de la marquise de Dai de Mawangdui qui
représente les Huns et les Po.
5
C. Larre, les mouvements du Cœur, 2006, p. 67
15Les 3 Huns qui
accompagnent la
défunte
Les 7 Po qui
s’accrochent à la Terre
proche des jars de
céréales.
Figure 2 bannière funéraire de la marquise de Dai, tombe 1 de Mawangdui, Han occidentaux, 168-145 avant notre
ère, encre et couleurs sur soie, h : 205 cm, Musée de la province du Hunan.
16Reprenons rapidement les cinq Shen avec tout d’abord le vouloir et le propos.
Yi, le propos, la rate
L’âme intellectuelle, elle joue un rôle dans la dépression. Le Yi va interpréter les stimulations
extérieures et les digérer. C’est un regard conscient (de pleine conscience pour la méditation ?), elle
laisse passer les pensées sans les retenir, si nous retenons, c’est de l’obsession, cela blesse le cœur. Le
propose est comme le sang, il doit circuler pour nourrir tout le corps neutre et partial. Si le Yi est
déséquilibré, il y a manque de discernement avec des idées fixes et des idées obsessionnelles.
Zhi, le vouloir, les reins
Le vouloir, la volonté de vivre c’est l’objectif du Zhi : le vouloir vivre.
C’est tout d’abord la volonté de procréer. Il faut pulser l’énergie pour qu’un être vivant ou une plante
croisse/grandisse. Mais il faut respecter sa propre nature et suivre fidèlement son orientation, son
chemin de vie. C’est ainsi que les reins représentent le vouloir, dans un fondement fort et solide qui
peut offrir un déploiement et une force de déplacement très important.
Le Zhi va permettre de soutenir les comportements volontaires : les gens opiniâtres ont un bon rein.
Un Zhi déséquilibré entraine de la peur/témérité, une incapacité à finir les choses, l’obstination et le
refoulement des sentiments.
Le Zhi est déterminant dans la dépression car la personne manque de dynamisme, elle se décourage
face aux obstacles alors que l’eau, le Zhi, quoiqu’il arrive, continue d’avancer.
Le Zhi, dans l’axe Shao Yin, doit porter le Shen car de l’esprit sort l’idée qui sera portée et mise en
action par le Zhi.
Pour un objectif clair et constant il faut un Zhi qui soutient le Shen.
Shen, l’Esprit, le principe vital, le cœur
C’est la manifestation du Ciel dans l’homme, « le Ciel pénètre et instruit ainsi l’homme ».6
Le Shen apparait lors de la conception. Le Shen est une notion un peu compliquée au début car Le
Shen est partout.
Dans le Suwen chapitre 26, une phrase intéressante et amusante illustre bien ce que je comprends ou
pas du Shen : « les Esprits, oh la la ! Les Esprits ! L’oreille ne peut les entendre mais dans l’éclat de
l’œil, le cœur s’ouvre et le vouloir apparait en premier ; seule l’intelligence perspicace peut le
6
C.Larre , E. Rochat de la Vallée, Les mouvements du Cœur, 2006, p. 59
17comprendre. La bouche ne peut l’exprimer en mot ; c’est ce que seul le regard peut voir ; mais c’est
une confusion chaotique, seul l’éclat lumineux peut en provoquer la radiance, c’est comme un vent qui
souffle les nuages. Voilà ce qu’on appelle les Esprits » 7
Le Shen s’occupe et garde en mémoire toutes les données émotionnelles et psychiques des organes.
C’est le cerveau, l’intelligence du cœur, la clairvoyance et le discernement.
Les problèmes disparaitront si le Shen est bien ancré et bien nourri. Par contre, si l’équilibre et rompu,
les troubles apparaissent notamment l’anxiété, la perte de mémoire, voire la folie ou le coma. Enfin, le
Shen est situé dans le cœur en MTC mais dans le Taoïsme il est logé dans le troisième œil, l’Ajna des
Hindous, ce qui nous fait penser à la glande hormonale importante dans l’humeur (épiphyse et
hypophyse) qui fabrique la sérotonine et la mélatonine.
Le Shen a plusieurs fonctions dont la pensée. La mémoire implicite, la conscience, le Shen va recevoir
les informations, les interpréter et en fonction des éléments il enverra une réponse. S’il y a des
déséquilibres, la mauvaise gestion des informations va donner des réponses négatives exacerbées
comme par exemple les phobies et les crises de panique.
Le Hun et le Po
Le Hun et le Po sont des énergies innées (dès la conception pour le Po et la naissance pour le Hun).
L’idéogramme des deux énergies est suivi du caractère chinois Gui, point fantôme/esprit. Le Hun et
le Po sont aussi deux esprits : le premier venant du Ciel et le second de la Terre.
Le Hun et le Po représentent aussi l’axe Est/Ouest et notre relation au monde.
Ils vivent ensemble, c’est comme une union dans la vie : ils ne se séparent qu’à la mort.
Le Hun, le foie
C’est l’âme végétative du foie, c’est aussi l’esprit raisonnable, l’âme éthérée. Son rôle consiste au va
et vient entre la projection vers les autres et l’introspection en soi. C’est au 3eme jour de la naissance
lorsque l’enfant est présenté au père que le Hun s’installe. C’est pour cela que c’est aussi la
transmission héréditaire du père : représentation sociale et extérieure.
A la mort le Hun suit le Shen dans le Ciel Antérieur.
Pour les émotions, le Hun est conseiller du Shen. La mémoire, l’imagination, l’intuition la sensibilité,
la perspicacité, les rêves et les cauchemars sont les fonctions du Hun.
Le Hun est important aussi dans le cadre de la dépression car il représente la conscience spirituelle
également.
7
C. LARRE, E. ROCHAT DE LA VALLEE, Les mouvements du Cœur, 2006 p. 61
18Comme il est en contact avec les relations extérieures, si un individu a du mal à respecter les règles
familiales ou sociales, le Hun peut en souffrir car son énergie est débordante, le foie, à travers le Hun,
cesse son rôle d’énergie ascendante, il y a stagnation du Qi du foie et surpression du foie (Gan Yu).
La libre circulation du Qi du foie est donc importante car si il y a stagnation la personne sera déprimée
sans but, sans projet car le va et vient du Hun n’est pas suffisant.
Trop de profusion d’idées n’est pas bonne non plus car le Shen ne contrôle plus le Hun.
Le Po, les poumons
L’âme corporelle, l’âme sensitive, l’esprit végétatif, l’esprit de la terre, entrée et sorties du Po, son rôle
est d’introduire et de rejeter.
Le Po c’est aussi la « comptabilité de la vie »8. Il a un rôle d’aversion et d’attraction, je n’aime pas
/j’aime.
Le Po, c’est le désir d’attraper, de saisir de s’accrocher à la vie terrestre. Dans le taoïsme, les Po sont
attachés au corps et retournent ensuite à la Terre. Les Po pénètrent dans le corps trois jours après la
conception (le chiffre 3 très présent). Le Po de la mère va nourrir le fœtus. D’ailleurs à la naissance,
l’enfant n’est qu’une âme corporelle et c’est pour cela que la relation mère/enfant est essentielle
notamment avec le contact physique qui nourrit le poumon via la peau.
Toujours dans la tradition, les morts violentes empêchent les Po de retourner à la Terre, ils restent sur
le lieu de la mort et attendent un autre corps d’un individu faible ou un enfant. D’où l’importance de la
cérémonie mortuaire très codifiée.
Les causes de la dépression
Les cinq sentiments
L’homme à cinq organes qui engendrent la joie, la colère, la tristesse, la pensée et la peur.
Les entités viscérales représentent nos organes ainsi que la personnalité des cinq petits Shen. Les sept
sentiments vont nourrir les organes mais aussi les déséquilibrer s’ils sont en excès. Ce sont les Qi
Qing.
Dans la dépression, on rencontre en général un ou deux sentiments qui vont causer des déséquilibres
comme la tristesse ou la colère.
8
Claude LARRE, Elisabeth ROCHAT DE LA VALLEE, Les mouvements du Cœur, 2006
19La colère, Nu : l’irritation, le ressentiment, la frustration font monter le Qi l’énergie combative face à l’injustice, donc une réaction franche et normale qui s’exprime telle la révolte qui est nécessaire. De plus il est important de laisser monter la colère lorsqu’elle est déclenchée. Mais celle-ci devient pathologique lorsqu’elle est excessive avec de la violence verbale et physique. La colère inopportune qui entraine de la culpabilité bloque le Qi du Foie et du Cœur. Mais attention, la colère peut cacher des déséquilibres d’autres organes (Poumon, cœur et rate). La Joie, Xi, externe suite à un événement qui donne du plaisir et réalisation de ses objectifs. La Joie est un bon indicateur car le cœur n’est pas déséquilibré. Mais il faut que la joie soit en accord avec le corps et la conscience. Il ne faut pas que ce soit une explosion externe de joie mais bien une émotion qui va nourrir l’ensemble du corps. Il faut gérer cette émotion. L’expression de Joie non gérée peut être pathologique par exemple quand on pleure de joie, on crie avec force avec une excitation soudaine. Le souci, Si noue le Qi. Le ressassement touche le corps. L’esprit stagne et n’évolue pas. Le souci concerne principalement la rate mais il peut aussi toucher le poumon et le cœur. Le fait de ruminer peut entrainer des idées obsessionnelles. La pensée qui tourne et stagne affecte les poumons car la respiration est superficielle. Il y a vide de Qi de la rate et stagnation de Qi qui entraine un petit appétit, un teint pâle et une distension abdominale. Le vrai souci est juste car la personne va analyser une situation afin d’améliorer celle-ci. Il est positif car il nourrit la rate. La tristesse, Bei disperse le Qi. L’émotion de la tristesse est très répandue en Occident avec un chagrin lié à une perte et au regret. Cela touche d’abord le Cœur puis le Poumon. Le Qi est affaibli car le Poumon gouverne le Qi et si le poumon est touché par cette émotion, le Qi ne va pas circuler correctement. En conséquence, il est important d’exprimer la tristesse surtout par les pleurs car ces derniers selon l’émotion ont un goût particulier et c’est bénéfique. Les maladies pulmonaires vont souvent de paire avec la tristesse, par exemple la tuberculose pulmonaire et l’époque du 19ème siècle animée par un courant romantique teintée de mélancolie ambiante. La tristesse en déséquilibre va entrainer bien sûr des cas de dépression, le syndrome maniaco- dépressif, les troubles de la libido, un vide de Qi des poumons, un vide de yang et une sécheresse de la peau. La peur, Kong fait descendre le Qi. La peur est normale, elle tonifie les reins et elle permet de réagir rapidement face à un danger. Elle se manifeste par une descente de Qi provoquant de l’énurésie chez l’enfant et chez les adultes de l’incontinence ou de la diarrhée. C’est très important de renforcer le Qi 20
des reins des enfants car la peur suscitée chez eux n’est pas recommandable car elle provoque une
stagnation d’énergie qui n’est pas profitable à la croissance de l’enfant.
Elle va toucher aussi le foie qui ne va pas prendre l’élan pour réagir, l’axe Shao Yin (axe Cœur /
Reins) est également touché avec un Cœur qui sera tiré vers le bas. A la longue, la peur va laisser sur
l’individu des sentiments d’insécurité, d’hésitation comme cloué sur place.
Les Cinq éléments dans les émotions et dépression
Dans l’étude d’un dérèglement du corps humain qui est à l’image du Dao, chaque chose a un rôle et
sa place. Les éléments vont correspondre aux cinq saisons, aux cinq natures et aux cinq saveurs qui
nourrissent l’homme synthèse du Ciel et de la Terre.
Chaque élément est dynamique et parfaitement coordonné comme le cycle Sheng qui engendre et
favorise chaque élément.
Le Ko va contrôler un autre élément pour éviter l’excès et le vide.
Par contre le cycle Chen va priver et empêcher l’expression des autres éléments. Si le déséquilibre est
trop important, le cycle Wu obligera l’élément opprimé a se révolter contre celui qui contrôle.
Dans le système des 5 éléments, les émotions sont aussi concernées et sont influencées par les
rapports qu’entretiennent les 5 éléments.
Cycle Sheng :
La colère favorise la joie
La joie favorise le souci
Le souci favorise la tristesse
La tristesse favorise la peur
La peur favorise la colère.
Le cycle Ko :
La joie diminue la tristesse
Le souci atténue la peur
La tristesse contrôle la colère
La peur affaiblit la joie
La colère réduit le souci.
21Le cycle Chen :
La colère affecte la joie
La joie favorise le souci
Le souci gène la tristesse
La tristesse affecte la peur
La peur bloque la colère.
Le cycle Wu :
La colère empêche la tristesse
La joie empêche la peur
Le souci empêche la joie
La peur empêche le souci.
L’influence des saveurs sur les cinq éléments
Les cinq saveurs influencent les organes et par conséquent les émotions. L’alimentation peut induire
des déséquilibres.
Nous savons qu’un manque de nutriment en médecine Orientale peut favoriser des états émotionnels
en vide ou en excès.
Les Gui
Gui : âme sensitive, esprit, démon, diable (Ricci 2832)9 鬼.
La notion de gui relève surtout des croyances religieuses et des rituels de la mort très codifiés en
Chine.
9
Le Ricci : Grand dictionnaire Ricci de la langue chinoise, Elisabeth Rochat de la Vallée, 2001, publié par
l’association Ricci et les éditions Desclée de Brouwer
22Dans la notion taoïste, les Gui et le Shen sont comme le Yin et le Yang : le Shen, les hun sont Yang le Gui et le Po sont yin. D’ailleurs Po魄 et Hun 魂 sont suivis du signe Gui Les Gui sont les esprits des humains qui restent après la mort dans notre monde. Et si la mort fut violente, ils errent sur terre à la recherche d’un corps physique pour y pénétrer. Je voudrais présenter brièvement la notion de gui dans la dépression et les maladies mentales car certains événements douloureux vont rester bloqués dans le corps, ce sont des mémoires psychiques. Mais l’individu peut aussi avoir dans ses bagages héréditaires des souvenirs douloureux. Alors dans certaine situation trop compliquée, il est souhaitable d’aborder les gui. C’est surtout la branche de l’acupuncture qui travaille sur les Gui par une technique codifiée qui doit respecter l’ordre avec une puncture rapide. C’est Sun Si Miao (581-682) célèbre médecin taoïste et à ses heures, alchimiste, qui a décrit les 13 points fantômes dans son ouvrage Qianjing fang (Prescriptions valant mille once d’or). La liste des Gui : Palais des gui (gui gong); Ren zhong (VG 26) Persuasion des gui (gui xin); Chao shang (P 11) Forteresse des gui (gui lei); Yin bai (RP 1) Cœur des gui (gui xiu); Da ling (MC 7) Chemin des gui (gui lu); Shen mai (V6) Oreiller des gui (gui zhen); Feng fu (VG 16) Lit des gui (gui chuang); Jia che (E 6)v Marché des gui (gui shi); Cheng jiang (VC 24) Caverne des gui (gui ku); Lao gong (MC 8) Hall des gui (gui tang); Shang xing (VG 23) Cache des gui (gui cang); Hui yin (VC 1) Fonctionnaire des gui (gui chen); Qu chi (GI 11) Sceau des gui (gui feng); Hai quan (sous le frein de la langue) D’où l’importance des rites qui empêchent les gui de revenir. Les gui peuvent correspondre aux six passions qui nuisent à la nature de l’être humain. 23
Selon Maciocia10 c’est la contraction c'est-à-dire un retour vers le Yin à l’opposé de l’expansion du
Hun et du Shen.
Une personne peut évoquer une caractéristique émotionnelle Shen (expansif, brillant, subtil et devenir
triste c'est-à-dire Gui (grossier sombre, se sentir plus bas que terre ? C'est-à-dire le plus Yin).
Ainsi, une personne qui plonge dans la dépression et va jusqu’aux tréfonds de son être, est positif. Le
dépressif retrouve l’élan vers l’expansion et la lumière .C’est suivre le cycle du Tao.
En psyché pure, Daniel Laurent11 pense que les gui sont des charges énergétiques qui vont être libérées
mais que l’intelligence ne contrôle pas.
Ces charges négatives apparaissent suite à un événement, le Yi déconnecté va laisser le Po et le Hun le
gérer en créant un cliché. Le rôle du Yi est de traiter rationnellement un événement et de le
compulser dans la mémoire. Si le Yi est déséquilibré, l’individu va puiser les informations dans le
Shen et les Po au lieu d’utiliser la mémoire du Yi. Ainsi une information physique et émotionnelle se
fixe chez le Hun ou le Po et va devenir un « kyste qui n’a pas sa place ».
Il ya donc des gui émotionnelles qui sont les Hun et les gui physiques qui sont les Po
Ensuite il ya les gui extérieurs qui sont des égrégores crées par la société.
Ainsi il faut travailler en traitement sur des points métal ou bois en fonction du Hun ou Po : ex P 11.
10
G. Macioccia la Psyché en Médecine Chinoise, 2012, p100
11
D. Laurent, prodigieuse victoire de la psychologie chinoise, 1995
24La Dépression selon la Médecine Chinoise
Diagnostic
Afin de définir si il ya un trouble psychique et émotionnel, le diagnostic abordera des points
importants à suivre.
Le teint
Tout d’abord l’esprit se lit à travers le teint. Si l’esprit et ancré, le teint est brillant frais et lumineux,
si l’esprit est faible, le teint sera terne et fané.
Le teint est un marqueur très important dans l’éclat du Shen, les médecins chinois pronostiquent la
santé des patients à travers le teint.
Dans la dépression, le teint sera différent selon les organes touchés :
Colère, teint verdâtre sur les joues (vert de colère !).
La joie, coloration rouge sur les pommettes.
Inquiétude, teint grisâtre et peau sans éclat.
Excès de réflexion, teint cireux.
Peur, coloration blanche brillante sur les joues et le front.
Choc émotionnel, teint blanc et brillant.
Souvent le teint sera donc grisâtre, tournant parfois vers le vert et manquant d’éclat pour les déprimés.
Le regard
Tous les sentiments se manifestent dans le regard. D’ailleurs personne ne peut tromper son regard.
L’éclat ou le manque d’éclat est le reflet de l’éclat du Shen.
Pus les yeux sont ternes plus les émotions sont importantes. Si les yeux sont lumineux le Shen est bon.
Si le regard est contrôlé cela représente la stabilité. S’il n’est pas contrôlé il est fuyant ou trop fixe,
c’est la colère. La tristesse donne un regard terne sans éclat. L’excès de joie rend le regard humide et
non contrôlé. Avec la peur, les yeux sont très mobiles.
Foie : regard coléreux, intense, révolté.
Poumon : triste, compassion désir.
Cœur : angoissé, perdu, fixe, lumineux, amusé curieux.
Rein : craintif, effrayé, paniqué, tranquille, courageux.
25Rate/pancréas : soucieux, inattentif, terne, imaginatif, concentré.
Le pouls
C’est le reflet du Qi.
La colère est exprimée par un pouls en corde surtout à gauche par sa localisation (car la position du
pouls du foie est à gauche), c’est une stagnation de Qi ou de Sang.
La tristesse est exprimée par un pouls faible, mou sans ondulation.
En dépression le pouls est en général faible, triste ou en corde.
La langue
C’est très utile car la pointe rouge est un très bon indicateur en cas de trouble psychique. La pointe de
la langue incarne le cœur qui représente toutes les émotions des organes.
C’est une indication utile pour le diagnostic dépressif car c’est aussi sur les bords de la langue qu’on
retrouve la zone du foie et si celle-ci est rouge, ceci traduit de la colère.
Les fissures qui s’étendent du cœur à l’estomac peuvent signifier de la tristesse, du chagrin, de
l’inquiétude.
Le toucher
En shiatsu nous pouvons sentir le hara par le toucher, et déterminer si sur le méridien du vaisseau
conception le VC 4 est tonique ou si VC 12 est souple et VC 14 non tonique. S’ils ne répondent pas à
ces critères il y a certainement un déséquilibre. C’est aussi un marqueur pour l’axe Shao Yin car il faut
une solide base Yin pour poser le Yang.
La température des membres est utile aussi dans le diagnostic. Si les bras sont chauds il y a feu du
Foie, si le bras est froid et la main chaude, il y a stagnation de Qi du foie.
La démarche
Une démarche trainante et des épaules qui s’affaissent expriment un type yin.
Une démarche sautillante exprime un type yang.
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