TEMPÊTE DE SABLE - Cinéma Utopia
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in ém a garanti sans 3D C 5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux • www.cinemas-utopia.org • 05 56 52 00 03 • bordeaux@cinemas-utopia.org TEMPÊTE DE SABLE Écrit et réalisé par Elite ZEXER Première scène simple et réjouissante : au cœur des hommes. Ou plutôt dans Israël 2016 1h28 VOSTF un père, Suliman, confie le volant à sa la tête des femmes, omniprésentes, (en langue arabe) fille Layla. On est sur une petite route comme autant de minuscules grains de avec Lamis Ammar, Ruba Blal, poussiéreuse, perdue et interminable sable perdus et ballotés dans des mé- Hitham Omari, Khadija Aladel… qui trace tout droit vers leur village dé- canismes sociaux qui les dépassent. Ce pareillé. Le désert du Néguev, on l'aper- n'est pas parce que l'histoire prend sa Grand prix du jury, Festival cevra peu, aux antipodes de celui des source au fin fond d'Israël, à la frontière de Sundance 2016 (pour son cartes postales. La seule tempête qui de la Jordanie, qu'elle ne fera pas réson- premier film, la jeune réalisatrice va secouer cette petite communau- ner en nous quelque chose d'étrange- a placé haut la barre…) té bédouine sera celle qui se déroulera ment familier. No 177 du 18 janvier au 21 février 2017 / Entrée: 6,50€ / La 1re séance: 4€ / Abonnement: 48€ les 10 places
MÉLI MÉLO UTOPIA 25/11/16 16:47 P TEMPÊTE DE SABLE Cie Arkétal • L’homme qui plantait des arbres Théâtre et marionnettes dès 7 ans Mardi 31 janvier à 20h Le Clan des Songes • Bout à bout Théâtre d’objets dès 3 ans Mercredi 1er février à 15h Pierre Tual • Fastoche Marionnettes dès 12 ans Mercredi 1er février à 20h30 Entre le père et sa fille, à laquelle il ap- femme, personnage qui n'a pas fini de Cie Point d’Ariès • Les Bottes Jaunes prend à conduire, transparaissent une nous étonner, peut-être le plus sub- Comptine marionnettique dès 4 ans complicité, une affection et une admira- til, le plus profond. De prime abord elle Du 1er au 5 février tion indéfectibles. On devine que sous apparaît plus rêche, moins progressiste Night Shop Théâtre • Silence les traits de cette étudiante sérieuse se que le père. Toujours en train de rappe- profile la promesse d'un avenir lumineux ler à l'ordre, de surveiller la mise de ses Marionnettes portées dès 10 ans où les femmes auraient voix au chapitre, filles… qui comprendront plus tard la jus- Jeudi 2 février à 20h le choix de leur devenir, de leur carrière. tesse et la portée de ses propos d'une Opéra Pagaï • Natanaël Layla semble animée par une rage vitale, lucidité douloureuse. Quand leurs vies et Théâtre d’objets dès 6 ans rentrée, maîtrisée, une volonté inaliénable les rapports avec leur paternel vont bas- Du 2 au 7 février qui lui permettront d'aller plus loin que culer le jour où ce dernier ramène une ses ancêtres ne le pouvaient. On y croit ! seconde femme au village. Le jour des Elvis Alatac • Il y a quelque chose de pourri, On a envie d'y croire ! Bien sûr, lorsqu'on noces, c'est Jalila qui réceptionne digne- variation hamletique arrive près des demeures rapiécées, par- ment la jeune mariée au visage lourde- Théâtre de bouts de ficelle dès 10 ans fois miteuses, le père reprend le volant. ment poudré de blanc, engoncée dans Vendredi 3 février à 20h30 Le doute fait une première brève incur- une robe naïvement immaculée. L'intruse sion… Là les regards épient, les langues aura le statut de seconde épouse Gare Centrale • Ressacs critiquent, les traditions reprennent le tant que Jalila assurera celui de pre- Théâtre d’objets dès 13 ans dessus. Il y a des choses qui ne se font mière. Amères sont les félicitations que Samedi 4 février à 20h30 pas, que l'on n'évoque pas, même si la les vaincus adressent aux vainqueurs. modernité semble en marche. Théâtre Mu • Boîte à outils Poum Poum Suliman met la dose pour accueillir sa Théâtre d’objets dès 18 mois La seconde fille de la famille c'est nouvelle et beaucoup plus jeune com- Samedi 4 et dimanche 5 février à 16h30 Tasnim, la cadette d'une douzaine d'an- pagne. La différence de traitement entre nées. Envers elle, le même lâcher prise les deux maisonnées devient chaque jour Teatro Gioco Vita • Le ciel des ours semble régner. Privilège de l'âge ? De plus criante. Mais si la cage de l'une est Théâtre d’ombres dès 3 ans sa petite taille qui fait qu'on l'oublie ? plus dorée que celle de l'autre, elle n'en Mercredi 8 février à 15h De ses allures de garçon manqué ? Elle reste pas moins liberticide. Rien n'est semble pouvoir traîner ses guêtres et aussi simple et aucune de ces femmes, Le Liquidambar • La maison aux arbres étourdis ses oreilles un peu partout en se faisant aux caractères ciselés par le vent et l'ari- Conte marionnettique dès 7 ans oublier des adultes. C'est donc par elle dité de terres ingrates depuis des généra- Mercredi 8 février à 18h30 que les informations arrivent parfois, de tions, ne l'ignore. Les victimes désignées manière déconcertante. Trop spontanée sont parfois plus résistantes que leurs et sans malice, la langue bien pendue, bourreaux et les bourreaux plus lâches Ateliers, expositions, animations… elle ne sait pas encore qu'il vaut parfois et soumis qu'il n'y paraît. Tous et toutes Envoi du programme mieux se taire. Témoin malicieux et inno- complices d'un système archaïque, aux sur simple demande. cent qui fera naître bien des remous dans multiples facettes et aux rouages vicieux, Infos : Centre Simone Signoret la maisonnée. contre lequel aucun pion du jeu ne peut Canéjan 05 56 89 38 93 Et puis il y a la mère, Jalila, maîtresse gagner la partie seul. www.signoret-canejan.fr
LA COMMUNAUTÉ Thomas VINTERBERG pénétrer dans le cercle restreint des jour- vite fait. Comme toujours il opte pour Danemark 2016 1h51 VOSTF nalistes de premier plan jusqu'à occuper la tranquillité d'une vie sans encombre. avec Trine Dyrholm, Ulrich Thomsen, la place très convoitée de présentatrice Tout semble aller si bien… Peut-être Helene Reingaard Neumann, Martha du journal télévisé de la chaîne natio- trop bien ? Car Anna lui glisse à l'oreille Sofie Walsltrom Hansen, Lars Ranthe, nale danoise. Côté vie privée ? Un ma- qu'un peu de piment dans leur routine Anne Gry Henningsen, Fares Fares, riage endogame avec un architecte qui trop bien huilée ne serait pas pour lui Magnus Millang, Julie Agnete Vang… consacre tranquillement sa dernière dé- déplaire. Pourquoi ne saisiraient-ils pas Scénario de Thomas Vinterberg cennie de carrière à l'enseignement. Un au vol la folie douce de certaines idées et Tobias Lindholm (un des auteurs professeur dont le charme un brin arro- de ces roaring seventies ? Pourquoi ne du fameux Borgen) gant nous donnerait envie de retourner s'enhardiraient-ils pas à monter une pe- vite fait sur les bancs universitaires, mais tite communauté ? Une sorte de colo- La Communauté démarre sur un ton bon qui bien sûr n'a d'yeux que pour Anna cation entre gens qui se choisiraient enfant, enjoué, faussement naïf, mais in- que l'on se prend à envier : Éric (Ulrich mutuellement, unanimement. Eric est sensiblement un glissement s'opère, et Thomsen, déjà présent dans Festen) évidemment réticent mais il ne sait pas le film prend la dimension d'un tableau à n'est pas loin d'être un mari modèle. résister à celle qu'il aime. Freja, qui est la fois tragique et jubilatoire des mœurs à l'âge des expériences, suit le mou- des Seventies, de leurs idéaux, de leurs Les chats ne faisant pas des chiens, vement, réjouie par ce vent de liberté, rêves aussi généreux qu'illusoires. Nous à quatorze ans leur fille unique Freja cette joyeuse pagaille qui lui ouvre de sommes bien dans la lignée du déca- est une adolescente tout à fait pondé- nouvelles perspectives. pant Festen (le film le plus connu de rée, respectueuse, plutôt du style à ré- Vont s'en suivre des entretiens impro- Thomas Vinterberg). fléchir avant d'agir, à discuter avant de bables et cocasses pour sélectionner les L'enfer est pavé de bonnes intentions se rebeller. Bref notre couple de qua- futurs élus qu'une Anna devenue pétil- me susurrait mon aïeule… Si Anna s'en dragénaires semble condamné à cou- lante, pleine d'une énergie contagieuse, était souvenue à temps, elle n'aurait ler des jours idylliques jusqu'à plus soif. entraîne dans la valse. La communau- sans doute pas entraîné sa gentille fa- Reconnaissons qu'il y a pire punition. té s'étoffe donc au gré des rencontres, mille dans ce qui va devenir une spirale C'est un héritage qui va tout chambou- des désirs et des besoins des unes et infernale. Mais, pas plus qu'on ne peut ler. Eric se retrouve soudain à la tête des autres, sans véritable projet struc- refaire l'histoire, on ne peut changer la d'une imposante propriété familiale : turant. Sans le savoir Anna vient d'in- nature des gens. Anna (Trine Dyrholm, 450 m2 habitables entourés d'un sym- troduire le grain de sable dans la belle magnifique – mais tous les acteurs son pathique parc arboré. L'émotion qu'il mécanique d'une vie familiale jusqu'ici formidables) aborde la vie avec l'opti- ressent à visiter la maison bourgeoise harmonieuse, même si elle manquait de misme et le charme sereins de celles de son enfance ne l'empêche nullement surprise. Car l'extrême tolérance que auxquelles tout a souri dès leurs pre- d'avoir l'intention de la vendre sans tar- prêche son épouse va autoriser Eric à se miers pas. Naturellement belle mais der : trop grande, trop chère à entrete- permettre ce dont il n'aurait jamais eu également cultivée et brillante, elle a su nir. Entre le cœur et la raison le choix est l'idée auparavant…
DU BLUFF TECHNOLOGIQUE À L’ESBROUFE ARTISTIQUE Contre les projets d’art contemporain de la commande Garonne, et en particulier la mise au puits de l’œuvre de Jacques Ellul par Suzanne Treister Décidément, les aménageurs n’en ami Bernard Charbonneau de pour- ment la société, et alors comment se peuvent plus d’attentions envers les fendre le bluff technologique, démon- fait-il qu’elle décore les révolution- aménagés. Après la commande ar- trant sans relâche combien ces tech- naires, les couvre d’or et de lauriers, tistique Tramway (3 millions d’euros nologies posent plus de problèmes ou bien l’attaque se ferait-elle dans le pour les deux premières tranches) qu’elles n’en résolvent, et comment, vide, ne serait-elle qu’une apparence, qui nous a déjà valu une douzaine à chaque nouveau problème causé un faux-semblant ? Et la société paie- d’« œuvres » aussi ridicules que pré- par la Technique s’ensuit une autre ra d’autant plus pour que l’on évite tentieuses, Bordeaux Métropole nous réponse technique, accélérant ain- ce qui la mettrait vraiment en danger. annonce sa nouvelle commande si la fuite en avant vers l’abîme. Ce Mais cela ne trouble pas nos artistes : Garonne (12 artistes, 8 millions d’eu- ne sont donc ni des extraterrestres ils ont tout, la bonne conscience révo- ros) censée agrémenter nos rives dès ni la mégatechnologie qui pourraient lutionnaire et la réussite sociale. » l’an prochain. permettre de « sauver Bordeaux des « Cet art formaliste et théoricien joue eaux » mais l’arrêt du bétonnage et de un double rôle, contradictoire : il fait Le gros lot, c’est une « artiste » an- l’urbanisation cancéreuse, le respect profession d’être une révolte contre glaise, Suzanne Treister, qui l’emporte des zones humides, la désindustria- notre culture hypermécanisée, hy- avec son triptyque à 1,5 million d’eu- lisation, un changement radical dans perenrégimentée, mais il justifie en ros. la production et la consommation, même temps les produits du système Elle envisage d’installer dans le grand d’autres manières de vivre… de puissance. Il acclimate l’homme à équatorial de l’observatoire de Floirac À celle qui prétend « admirer les vivre dans ces villes, dans ce milieu, une bibliothèque d’ouvrages de idées » du Pessacais, qu’elle semble il le convainc que ce monde d’absur- science-fiction, ainsi qu’aux bassins à avoir bien peu lu, nous offrons avec dités, de violence, d’anonymat est le flot une « rutilante » soucoupe volante plaisir quelques citations tirées de seul monde possible. Il lui fait consi- « Vril », de 15 mètres de diamètre, L’Empire du non-sens, écrit en 1980, dérer comme normal, qui plus est, prétendument construite à partir des qui auraient pu lui être adressées per- sommet du plus haut de l’art, la dé- tôles rouillées d’une épave coulée en sonnellement. sintégration de l’homme, la vie dans 1944 par les nazis. « Mais lorsque l’on passe à l’explicita- les grands blocs (ceux que justement Le troisième projet se veut un hom- tion de l’auteur, on arrive à un niveau prépare la mégatechnologie). Il lui fait mage à Jacques Ellul, le contempteur consternant. Nous avons un “mes- considérer comme absurde toute pro- du système technicien. Hommage un sage” d’une faiblesse, d’une absence testation contre cet environnement. Il peu particulier puisqu’il s’agit de pla- d’intérêt radicales… Nous avons deux lui fait accepter comme l’être même cer ses ouvrages au cœur d’un mau- grandes orientations. D’un côté une ce qui est sa négation. » solée verdâtre (la touche artistique accumulation hermétique de termes sans doute) – réplique du Belvédère tirés des sciences humaines (imita- And so on… « Acclimater l’homme du Petit Trianon de Versailles – dé- tion Lacan ou Derrida). De l’autre un à sa désintégration » : ce n’est pas nommé « Le Puits ». S’agirait-il de prêchi-prêcha de gauche simplement un hasard si ces « œuvres » doivent noyer les livres, comme d’autres les dérisoire, d’une banalité conster- être implantées dans les nouvelles brûlaient ? Non, bien sûr, de les sau- nante… Nous sommes affligés par zones d’aménagement « concerté » ver grâce à la Technique. Écoutons un bavardage intarissable, pompeux édifiées à la gloire de la Technique : l’artiste : « J’envisage d’installer au et plein d’autosatisfaction de tous ces Euratlantique et les Bassins à flot. centre de ce pavillon un puits des- artistes se pavanant de la profondeur Entre la grosse godasse de la Cité du cendant dans les eaux de la Garonne, de leurs œuvres. » vin à Bacalan et la cuvette à chiotte ces eaux qui, sans l’aide de la tech- « [L’art contemporain] est dans ses de la salle de spectacles de Floirac, nologie, pourraient remonter et jail- moyens incomparablement plus coû- elles en seront les nouveaux totems, lir comme une fontaine dans le pa- teux que ne le furent les cathédrales. des marqueurs sociaux pour classes villon et détruire les livres de la Or, cet art qui exprime directement le en mutation, des fonds de selfies pour bibliothèque, créant et représentant système technicien (dans un de ses touristes. Si les Bordelais laissent une tension physique des idées… » traits majeurs : la transgression) se faire. Ceux qui ont connu Jacques Ellul en- veut, et c’est la première contradiction Des habitants de la zac Euratlantique tendent l’éclat de rire et imaginent la que nous allons rencontrer, contesta- Le texte complet est disponible sur le site repartie qui auraient suivi la lecture taire, protestataire, révolutionnaire. » des Amis de Bartleby à cette adresse : de cette phrase. Des années 30 à sa « Ce qui quand même devrait donner lesamisdebartleby.wordpress.com/2015/11/12/ mort en 1994, il n’a cessé avec son à méditer : ou bien on attaque vrai- du-bluff-technologique-a-lesbroufe-artistique/
PRIMAIRE Hélène ANGEL France 2016 1h45 avec Sara Forestier, Vincent Elbaz, Olivia Côte, Guilaine Londez, Patrick D'Assumçao… Scénario de Yann Coridian et Hélène Angel, avec le concours d'Olivier Gorce et Agnès de Sacy Elle a une pêche d'enfer Florence, et le charisme décapant et sauvage de Sara Forestier ! Une vitalité, une présence, une imagination débordantes, à faire craquer des hordes de ga- mins indisciplinés. Florence est institutrice, enfin, maîtresse, heu… pardon, je veux dire Professeur des écoles puisque l’institution adore les nouvelles appellations, les nouveaux sigles, les nouveaux programmes… Pour Florence, qu’im- porte le titre, puisqu’elle a plus que la motivation : la pas- sion. Enseigner est pour elle un engagement, un émerveille- ment, un défi permanent qu’elle n’a de cesse de réinventer, de nourrir, puisant son énergie et ses idées dans la relation avec ces bambins qu’elle accompagne et pour lesquels elle est prête à tout donner : son temps, son talent, son empa- JAMAIS thie… jusqu'à faire passer parfois au second plan sa relation avec son propre fiston… Florence va s'intéresser tout particulièrement à Sacha (qui n’est pas dans sa classe, ce qui complique les choses) : un enfant agité, secret, un gamin pas franchement teigneux mais à fleur de peau dont l’équipe enseignante réalise vite qu’il est CONTENTE livré à lui-même, délaissé par une mère débordée qui com- pense en lui glissant quelques billets pour que le môme se débrouille seul. Incapable de ne pas agir, Florence se met en tête de l’aider… quitte à perturber les habitudes de l’équipe pédagogique, quitte à outrepasser son rôle, quitte à se mettre elle-même en danger. Cerise sur le gâteau, c’est pile poil le moment où le mammouth, euh pardon, l’Education Nationale, Emilie DELEUZE France 2016 1h29 choisit pour l’inspecter dans sa classe de CM2, heu pardon, avec Léna Magnien, Patricka Mazuy, de deuxième année du cycle 3. Philippe Duquesne, Catherine Hiegel, Alex Lutz… Scénario de Marie Desplechin, Emilie Deleuze Primaire est un film généreux, bouillonnant comme une cour et Laurent Guyot, d'après le roman Le Journal d’école, lumineux comme le regard d’un enfant quand il com- d'Aurore de Marie Desplechin prend que des lettres alignées font des mots et que ces mots ont un sens. Ni tract ni complainte, c’est simplement un for- Celle qui n'est jamais contente, c'est Aurore, une petite nana midable hommage à un métier formidable qui a tant à offrir et pas forcément super brillante (elle redouble sa cinquième), pas qui est paradoxalement toujours malmené par les gouverne- particulièrement canon et populaire sans du tout être moche ments successifs. et souffre-douleur, une jeune fille de treize ans qui a justement l'impression qu'elle est invisible, qu'elle est négligée par ses parents (alors que sa petite sœur, bonne élève, est selon elle la chouchoute), méprisée par ses professeurs… Et c'est par- ti pour une nouvelle rentrée dont elle sait déjà « qu'elle sera pourrie ». Une vraie petite teigne à la langue bien pendue, qui sait dire à son tout nouveau prof de français – qu'il faut bien un peu bizuter – que la Princesse de Clèves, ça ne tient pas debout. Qui n'a pas forcément l'intention de sortir de nouveau cette année avec le gentil grand dadais de l'année passée qui pourtant la relance (« déjà c'était fatigant de t'aimer tous les jours » lui dit-elle cruellement). Elle peut d'autant plus se per- mettre de faire la fine bouche qu'elle va être abordée par des lycéens d'au moins quinze ans qui lui proposent de devenir la chanteuse de leur groupe de rock naissant… Jamais contente est le savoureux portrait d'une jeune fille des classes moyennes, loin des clichés et des explications toutes faites. Une jeune fille qui vit à une porte de Paris avec des pa- rents qui sont tout sauf horribles, compréhensifs et ouverts tout au contraire, même s'il leur arrive forcément d'être exas- pérés par la tornade de contradictions qu'ils ont engendrée. Le charme contagieux de ce film épatant tient autant à sa jus- tesse de ton, à sa galerie de personnages tous parfaitement croqués (excellent Alex Lutz dans le rôle du prof de français réveilleur de cancres) qu'à la gouaille incroyable de sa jeune actrice Léna Magnien, une vraie révélation. En secouant bien ce cocktail, Emilie Deleuze réussit un des films les plus jubila- toires jamais réalisés sur l'adolescence.
EN HIVER À LA MANUFACTURE 15 & 16 FÉVRIER ET TOUJOURS LES EXPOSITIONS DANS LA VERRIÈRE ET LA BONNE CUISINE D’ESTELLE EN GOGUETTE
LE DIVAN DE STALINE Écrit et réalisé par Fanny ARDANT large, mais Lidia lui tient tête. Dans le fiant dans cette relation à trois dont on bureau où il dort trône un divan en tout ne sait jamais vraiment comment elle France/Portugal 2016 1h32 point identique à celui du bureau de va évoluer et Depardieu est formidable, avec Gérard Depardieu, Freud à Londres. Alors germe dans son tantôt le regard froid, intense et cynique, Emmanuelle Seigner, Paul Hamy, esprit tordu l'idée d'un jeu, Staline ins- tantôt touchant et humain, un bourreau François Chattot, Luna Picoli-Truffaut… talle sa maitresse en retrait : dans l'âme capable de s'émouvoir à la D'après le roman de - « Toi sur le fauteuil et moi sur le divan. vue d'une fleur… sorte de monstre gran- Jean-Daniel Baltassat Moi je me souviens de mes rêves et toi diose à qui Emmanuelle Seigner donne tu fais le charlatan. » une troublante réplique. Soit un énorme palais décadent orné - Pourquoi tu veux jouer à ça ? d'inquiétantes gargouilles, perdu au fond - Ça te fait peur d'entendre mes Dans le roman, l'histoire se passe trois de bois profonds en Géorgie, le genre rêves ?… » ans avant la mort de Staline dans un pa- d'antre fait sur mesure pour un ogre so- lais du grand duc Mikhaïlovitch. Fanny litaire et pas gentil du tout comme on Dans le château de Barbe bleue se joue Ardant n'a pas voulu dater son film pas en croise dans les contes qui font peur alors une curieuse et fascinante relation plus qu'elle n'a cherché à se rappro- aux enfants et frissonner même ceux qui où on mesure les effets du pouvoir abso- cher du personnage réel de Staline… les racontent. Staline s'est isolé pour lu sur celui qui l'exerce comme sur ceux et le château est au Portugal ! Il s'agis- quelques jours avec son étrange et belle qui le subissent ou sur celle qui l'af- sait plutôt de faire une forme de fable : maitresse Lidia Semionova. Elle lui lit fronte… Staline raconte ses rêves, ses vous ne trouverez pas ici le Staline des Pouchkine, il écoute la Callas chantant obsessions tandis que Lidia réplique. Un livres d'histoire et des documentaires l'aria de Lady Macbeth qui « convoque jeune peintre, Danilov, invité par Lidia, et, comme dans un conte, les grilles du les pouvoirs du mal pour l'ambition de attend d'être reçu par Staline pour lui château s'ouvrent symboliquement au son mari : Callas a dans sa voix la folie présenter son projet d'un monument début et se ferment à la fin. La musique des rêves et la terreur des visions »… qu'il a conçu à sa gloire. Les généraux de Chostakovitch ajoute aux crépuscu- Il fume la pipe dans son fauteuil, il a de Staline l'interrogent, eux-mêmes im- laires images un mystère, une ampleur l'air cruel d'un gros matou perfide qui prégnés d'un sentiment de peur qui re- qui fait de ce film audacieux un objet semble s'amuser de la crainte qu'il ins- descend jusqu'au plus petit serviteur en hors du temps, hors des modes, mais pire. Ses généraux n'en mènent pas cascade. Il y a quelque chose de terri- fichtrement attachant.
Lundi Lundi 2020 Janvier, Janvier, après après la la projection de 20h15, moment projection de 20h15, moment d’échanges d’échanges entre entre vous, vous, spectateurs, spectateurs, et une ou plusieurs membres et une ou plusieurs membres de de l’équipe l’équipe d’Utopia. d’Utopia. PATERSON Écrit et réalisé par Jim JARMUSCH USA 2016 1h58 VOSTF un splendide film en mode mineur, par- faitement anti-dramatique puisqu’il ne avec Adam Driver, Golshifteh Farahani, s’y passe (presque) rien d’extraordinaire Barry Shabaka Henley, Kara Hayward, mais qui, par l’épure proche d’un haïku, Trevor Parham, Masatoshi Nagase… parvient à toucher à l’essentiel. Paterson, c’est le nom de famille du per- La bande son a beau être d’une so- sonnage principal qui se lève tous les briété surprenante pour un film de Jim matins à 6h15 pour avaler son bol de cé- Jarmusch, Paterson est un film infiniment réales et rejoindre à pied le dépôt de bus musical, peut-être un des plus musi- duquel il part faire sa tournée. Curiosité caux du cinéaste New-Yorkais. Une par- des choses, Paterson c’est aussi le nom tition délicate et drôle composée sur le fil de la ville du New Jersey où Paterson d’une semaine ordinaire dans la vie pai- fait sa tournée pour transporter les habi- sible d’un chauffeur de bus, amoureux tants qu’il écoute souvent bavarder d’une en couple et poète à ses heures. Sept oreille indiscrète. Paterson enfin, c’est le jours découpés avec une précision mé- titre d’un recueil de poèmes que Paterson tronomique dans la routine d’une ville (le chauffeur) affectionne particulière- moyenne du New Jersey, au cours des- ment, écrit par William Carlos Williams quels Jim Jarmusch nous initie à la su- (1883-1963) sur Paterson (la ville) dans blimation du quotidien par la richesse laquelle il habitait naguère lui aussi. des relations coutumières, par l’attention aux détails cachés sous les habitudes, Dans la foulée de ce grand poète de l'or- par la poésie comme art de vivre et sai- dinaire qu'était William Carlos Williams, sie dans tout ce qui nous entoure. Ces Jim Jarmusch s'en tient à une vision pro- septs jours sont les sept mesures d’un saïque du monde et des affects, prouvant grand cinéaste idéaliste qui recrée un ainsi que le cinéma n’a nul besoin d’em- monde lavé de sa noirceur par la bien- phase pour être exaltant. Tant que les veillance et l’énergie créatrice de tout un sentiments sont purs, ils suffisent à être chacun. Avec Paterson, Jarmusch réussit bouleversants. EN VENTE À LA CAISSE DU CINÉ, UN EXCELLENT PETIT BOUQUIN SUR JARMUSH, JIM JARMUSH, UNE AUTRE ALLURE, de Philippe AZOURY (éditions Capricci). En collaboration avec La Machine à Lire.
Avant-Première Mercredi 25 Janvier à 21h dans le cadre du Festival Bordeaux Rock (www.bordeauxrock.com). Pour cette soirée, achetez vos places à l'avance, dès le Samedi 14 Janvier. Le film est ensuite programmé à partir du Mercredi 1er Février. GI M M E DA N GER Film documentaire écrit sauvage de Gimme danger… Et pourtant Mais c’est moins de cette épopée que et réalisé par Jim JARMUSH le cinéaste y aborde finalement le même de leurs aventures et mésaventures des USA 2016 1h48 VOSTF sujet : le processus créatif. Celui, réglé, débuts dont il est question. De leurs ex- avec les membres de The Stooges : ritualisé, millimétré du chauffeur de bus périmentations où nous suivons le guide Iggy Pop, Ron Asheton, Scott Asheton, poète Paterson, humble créateur d'une Iggy, l’iguane à la voix rauque qui nous Dave Alexander, James A. Williamson, œuvre d'une fantaisie et d'une délica- parle de son enfance. De ce fameux Steve Mackay, Mike Watt, le manager tesse infinies. Et celui, plus violent, plus parc à roulottes où il vivait avec ses pa- Danny Fields… agressif, plus transgressif, des Stooges, rents. De sa façon de bouger, essayant, l'un des meilleurs groupes de rock de explique-t-il « d’imiter les chimpanzés « Depuis les débuts du rock'n roll, peu l'histoire selon Jim Jarmush. ou les babouins ». de groupes peuvent se comparer aux Ce n'est pas vraiment un documentaire C'est aussi un retour sur le contexte Stooges avec leur mélange incompa- que nous propose Jarmush, mais plutôt politique, social et culturel de l'époque rable de pulsations viscérales, de psy- une sorte de déclaration d'amour filmée qui nous est proposé. Avec, comme en chédélisme déjanté, de rythmes à la fois aux Stooges. Un essai, comme le quali- contrepoint, une mise en scène très clas- blues et country portant des paroles né- fie le réalisateur lui-même, composé en sique, où de superbes images et pho- vrotiques minimalistes. Sans oublier Iggy toute subjectivité, pour essayer de nous tos d'archive, dont pas mal d'inédites, Pop, le leader du groupe, fauve grognant convaincre que les Stooges ont été et viennent entrecouper les entretiens avec et grondant mais soucieux de son appa- resteront, définitivement, parmi les tout Iggy Pop et les autres membres succes- rence qui réincarne aussi bien Nijinski, meilleurs. sifs encore vivants du groupe. Bruce Lee et Harpo Marx qu'Arthur Nous sommes en pleine révolution « Donne-moi du danger petite étrangère. Rimbaud. Pionniers dans l'histoire du contre-culturelle, dans l’Amérique de la Et je sens ton soulagement. Donne-moi rock, les Stooges ont marqué des géné- fin des années 60. Et le rock animal et du danger petite étrangère. Et je sens rations entières d'artistes » Jim Jarmush survolté des Stooges fait des ravages. ta maladie. Il n'y a rien dans mes rêves. Ils poseront les fondations de ce qu’on Juste quelques souvenirs horribles. » Rien de plus opposé a priori que la dou- appellera plus tard le punk et le rock al- (Paroles de Gimme danger, chanson des ceur minimaliste de Paterson et l'énergie ternatif. Stooges)
Abonnez-vous et profitez des tarifs les plus bas ! Horror Comme vider la mer #JAHM On traversera le pont Jakop Ahlbom Company avec une cuiller Théâtre du Rivage une fois rendus Théâtre muet Jannick Jaulin Théâtre à la rivière 24 & 25 jan Conte 9 & 10 mars Amicale de Production 9 fév Théâtre Bienheureux Les grands 5 > 8 avril sont ceux qui revent À bien y réfléchir, Fanny de Chaillé debout sans marcher et puisque vous soulevez Théâtre France profonde sur leurs vies la question… 16 & 17 mars La Grosse Situation Les choses de rien 26000 Couverts Théâtre investigation Cirque / Danse Théâtre À corps perdus lun 10 > ven 14 avril 31 jan & 1er fév 11 & 12 fév Bivouac Cirque La vie SEPTeM Ravie 21 & 22 mars (titre provisoire) Cie Chriki’z / Amine Boussa Les Lubies François Morel Hip hop Théâtre Chorus Concert 3 & 4 fév bi-p / Mickaël Phelippeau 11 avril Chorale Minute Papillon 14 fév Figaro ! 26 mars Paul les Oiseaux Comp.Marius Natanaël… Danse A mon seul désir Théâtre plein air Opéra Pagaï jeu 11 > dim 14 mai Gaëlle Bourges Théâtre d’objets Danse 7 fév 30 mars 7 & 8 mars carrecolonnes.fr 05 57 93 18 93 05 56 95 49 00
BORN TO BE BLUE rée de résurrection musicale. On suit le couple en pleine errance et pauvreté, essayant de remonter la pente, l’un vou- lant retrouver sa gloire passée sans l’hé- roïne, l’autre tentant douloureusement de percer au cinéma. Ecrit et réalisé par Robert BUDREAU de trouver un comédien capable de Ethan Hawke incarne avec justesse l’im- Canada 2015 1h37 VOSTF Noir & Blanc transmettre à l’écran ne serait-ce qu'une maturité et l’inconstance du person- avec Ethan Hawk, Carmen Ejogo, parcelle de la force hypnotique du vi- nage, en quête perpétuelle de recon- Calum Keith Rennie, Kevin Hanchard, sage si particulier, traits saillants et re- naissance et incapable à renoncer aux Tony Nappo… gard fragile, du vrai Chet Baker. Et le pari sirènes dangereuses de la drogue. La est tenu, il y a quelque chose de bou- drogue (le speedball, mélange de co- Pour évoquer la mélancolie sulfureuse leversant dans l’interprétation d’Ethan caïne et d’héroïne), vecteur puissant de et l’aura si particulière du grand trom- Hawke : sans vouloir à tout prix mimer plaisir mortifère mais aussi moyen in- pettiste, rien ne pourra sans doute éga- Chet Baker, il parvient à retranscrire contournable d’accéder à la musique. ler le magnifique documentaire que lui avec justesse le talent fou et la souf- Sans illusion bien sûr sur ces liaisons consacra Bruce Weber, Let’s get lost, france intime du musicien. dangereuses, le film rappelle en filigrane sorti sur les écrans quelques mois seu- Le choix judicieux de n’aborder qu’une que la défonce a fait partie intégrante de lement après le suicide à Amsterdam période limitée de la vie de Chet Baker, la vie de bien des génies du jazz, de Billy de Chet Baker, puisque c'est bien de entre 1966 et 1973, période qui corres- Holiday à Charlie Parker en passant par lui qu'il s'agit : Weber, photographe de pond à sa longue traversée du désert, Miles Davis, ici montré comme l’éternel formation et de profession, avait réussi donne au récit une force toute particu- et génial rival de Baker. à rendre compte de toute la complexi- lière et permet de condenser ainsi la sin- Tamisé de la même lumière bleutée – la té de ce personnage fascinant et tota- gularité du musicien autant que les mul- classe pour un film en noir et blanc ! – lement singulier, et dressait un portrait tiples contradictions de l’homme. que celle qui devait baigner les clubs de sous forme d’hommage qui ne passait Le scénario explore de manière subtile jazz de la Côte Est, Born to be blue as- toutefois pas sous silence les multiples le passé de Baker (sa première femme, sume avec élégance les promesses de zones d’ombre du personnage. sa rivalité avec Miles Davis, la drogue…) son titre : un film sobre et touchant, ber- puis s’attache assez rapidement à l’his- cé par la mélancolie d’un blues associé Born to be blue est une fiction et la pre- toire d’amour avec sa seconde com- pour toujours à l’interprète de My funny mière – voire principale – difficulté était pagne, et sa tentative assez désespé- Valentine.
Lundi 23 JANVIER à 20h30 SOIRÉE D’OUVERTURE À UTOPIA en partenariat avec le Cosim Aquitaine et l’Institut Cervantes Projection suivie d’une rencontre avec le réalisateur Dom Pedro, Alioune Sy, président du Cosim Aquitaine, et Dragoss Ouedraogo, anthropologue et cinéaste (Achetez vos places à l’avance, à partir du Samedi 14 Janvier). TANGO NEGRO LES RACINES AFRICAINES DU TANGO Film documentaire de Dom PEDRO Carlos Caceres est l’une des fortes per- Angola 2013 1h33 VOSTF sonnalités latino-américaines de son temps. Pianiste, tromboniste et peintre, Le saviez-vous ? Au début le tango est il milite pour un tango « traditionnel » et une musique gaie. Il va devenir sombre authentique, assumant enfin ses origines avec l’arrivée du bandonéon. Le saviez- africaines. Ses recherches sur les origines vous ? Au milieu du xixe siècle encore, du tango, entamées depuis son pays na- près d’un tiers de la population argentine tal, l’ont convaincu que cette musique aux est noire ! accents et aux racines incontestablement africains est pratiquement la « world mu- On oublie souvent que le tango est une sic « avant la lettre. Et il s’est donné pour musique d’Afro-descendants. Il est in- mission de réintroduire les rythmes afri- dissociable de la négritude et même si la cains dans les harmonies jazzo-napolita- société du Rio de la Plata s’est blanchie no-yiddish du tango tel qu’on le connaît, quasi totalement au fur et à mesure de de Gardel à Piazzola. son histoire, le tango est un syncrétisme inexorablement lié à d’autres formes Tango Negro est donc une véritable en- d’origine noire comme le ragtime, la ha- quête sur les origines du tango, mais aus- banera, le fox trot et le jazz en général. si sur la manière dont l’Argentine a impo- En Argentine, parler des origines africaines sé une version officielle et étouffé toute du tango est tabou. Natif de Buenos Aires contestation à propos des racines noires et arrivé à Paris en plein Mai 68, Juan de cette musique. (d’après la Bellevilloise)
SEMAINE DES AFRIQUES, du 23 au 29 Janvier La Semaine des Afriques porte une vision renouvelée des mondes africains et donne à voir toute la diversité de l’Afrique contemporaine et ses diasporas, à Bordeaux et en Nouvelle-Aquitaine. Toute la programmation : institutdesafriques.org • Les autres rendez-vous à Utopia : Jeudi 26 JANVIER à 16h (Tarif unique : 4€) Projection suivie d'un débat avec la réalisatrice Amina Weira LA COLÈRE DANS LE VENT Film documentaire d'Amina WEIRA Niger 2016 54 mn VOSTF En se laissant guider par son père qui a passé sa vie à travailler à la mine d'ura- nium d'Arlit au Niger, la réalisatrice Amina Weira dresse un bilan accablant de cette exploitation conduite par la so- ciété française Areva. BEATS OF THE ANTONOV La Colère dans le vent bruisse de la rage de toute une jeunesse : comment ne pas voir dans les conditions de travail de ses Lundi 23 JANVIER à 18h, intégrante de la vie sociale quotidienne parents et les séquelles sur leur santé dans ces régions mais aujourd’hui, elle conférence : joue un nouveau rôle dans une société la poursuite de l'esclavagisme d'antan? Vivre ensemble (Entrée libre) remise en cause dans ses fondements Car on meurt de travailler et même de vivre à Arlit. Le vent du désert y charrie Mar Fall, sociologue spécialiste de par les conséquences de la guerre. Les les poussières de la mine à ciel ouvert, la populations s’en servent comme un ou- l’Afrique subsaharienne, et Pierre til de résistance dans la région du Sud contamination radioactive est générale. Vermeren, historien du Maghreb, Soudan confrontée aux conflits meur- Dans le contexte de pauvreté qui règne, les ferrailles contaminées continuent croiseront leurs analyses autour de triers depuis 2003. d'être utilisées pour fondre des mar- Le réalisateur Hajooj Kuka nous im- la mémoire de la colonisation et de merge dans le monde des fermiers sou- mites ou réaliser des malles. Il faut dé- la manière dont elle informe nos danais et des rebelles du Soudan du truire pour reconstruire des maisons débats publics actuels (immigration, Sud qui célèbrent leur héritage et pro- bâties en briques radioactives. Les ani- tègent leurs terres face à une campagne maux disparaissent d'étranges mala- laïcité, identité nationale). A l’heure de bombardement par le gouvernement dies, l'eau est avariée... des discours xénophobes et des de Khartoum. crispations identitaires, leurs éclai- rages seront les bienvenus. Mardi 24 JANVIER à 16h (Tarif unique : 4€), projection suivie d'un débat avec Alioune Sy, président du Cosim Aquitaine, et Dragoss Ouedraogo, anthropologue et cinéaste. BEATS OF THE ANTONOV Film documentaire de Hajooj KUKA Soudan 2014 1h05 VOSTF Beats of Antonov raconte l’histoire des populations du Nil bleu et des Monts Nuba confrontées à la guerre civile au Soudan. La musique a toujours fait partie LA COLÈRE DANS LE VENT
Eraserhead Écrit et réalisé par David LYNCH USA 1976 1h29 VOSTF Noir & Blanc avec Jack Nance, Charlotte Stewart, sine de palier… » C'est ce qu'on appelle de l'humour pince-sans-rire. Eraserhead, film fantastique ? Plutôt film Allen Joseph, Jeanne Bates… fantasmatique, rempli de visions surréa- listes, de scènes macabres et malsaines, Eraserhead, c'est le premier film, ahuris- avec en prime quelques gags imprévi- sant, sidérant, de David Lynch. Il paraît sibles et désespérément drôles. Cette que le réalisateur de Twin Peaks, de Blue « Tête à effacer » (traduction littérale du velvet, de Lost Highway, de Mulholland titre) organise un déferlement de sensa- Drive… a une tendresse toute particulière tions souvent contradictoires qui vous pour cette première œuvre. On veut bien rivent à votre fauteuil, hypnotisé, happé le croire. Eraserhead ne ressemble à rien par les images sur l'écran, puis étourdi, de connu. Un sommet de l'étrange, du déconcerté, estomaqué. bizarre, qui nous laisse dans un état in- Techniquement irréprochable, ce qui est certain, mais bien convaincu en tout cas d'autant plus remarquable qu'il fut réa- d'avoir vu un truc qu'on n'est pas prêt lisé dans des conditions tout à fait arti- d'oublier ! sanales, Eraserhead possède assez de dynamite visuelle pour alimenter nombre Indescriptible, tel est le film. Tenter de le de polémiques et de discussions achar- résumer serait une pure perte de temps nées à l'issue des projections. Car inu- et ne donnerait aucune idée de la ma- tile de vous dire que ça n'a jamais plus tière, du climat, de la force qui se dé- à tout le monde et que ça va continuer gage des images. Lynch l'a pourtant fait, comme ça ! voilà ce que ça donne : « Henri Spencer épouse une femme qu'il a peut-être mise PS : pour le retour d'Eraserhead sur les enceinte. Après la naissance de l'enfant, écrans après plusieurs années d'invisibi- elle le quitte et retourne chez ses parents. lité, David Lynch a entièrement revu et ré- Puis il a une aventure avec sa belle voi- enregistré la bande sonore.
DAVID LYNCH, THE ART LIFE Film documentaire de Jon NGUYEN, Rick BARNES et Olivia NEERGAARD-HOLM USA 2015 1h30 VOSTF Quand le documentariste Jon Nguyen lui propose l'idée d'un film sur sa personne, David Lynch fait savoir qu'il n'est pas in- téressé. L'homme est notoirement peu porté sur la confidence, et encore moins enclin à expliciter ses films. Interroger un artiste sur sa vie, tisser des liens entre des anecdotes vécues et des péripé- ties retranscrites dans un médium, cher- cher systématiquement des correspon- dances qui déduiraient l’œuvre de la biographie dans l'espoir d'en épuiser le sens, tout cela relève à ses yeux d'une obsession vaine, d'une maladie de l'âme commune aux copistes modernes et aux clercs obscurs mettant leur foi mesquine dans l'espoir toujours déçu que dessé- cher des fleurs entre les pages d'un her- bier et épingler des papillons en captu- rera à jamais la beauté. Pourtant, à force de patience et d'un peu d'entregent, Nguyen parvient à for- cer l'entrée du sanctuaire où le reclus se terre, quelque part dans les collines de Los Angeles. Enregistrer une suite d'in- terviews faites de questions-réponses, interroger son entourage, il n'en est plus question. Et le nom même du projet change. David Lynch, The Art life, inspiré du recueil de cours publié par le peintre Robert Henri qui produisit sur le jeune Lynch l'effet d'une révélation, n'aborde pas sa carrière cinématographique, mais tout ce qui l'a précédée. Portrait de l'ar- tiste en jeune homme, il se consacre à sa découverte de l'Art tout autant qu'à l'invention d'un artiste par lui-même. De Missoula dans le Montana, en pas- sant par les petites villes de provinces où il grandit, jusqu'aux rues sombres de Philadelphie où il vivra une douloureuse mais salutaire catharsis, Lynch nous em- barque dans les méandres de ses sou- venirs ; de sa mère, qui sentit très tôt chez lui une prédisposition et qui lui in- terdit l'usage des livres à colorier pour décorseter sa créativité ; de sa rencontre déterminante à quatorze ans avec le peintre Bushnell Keeler, qui lui ouvrit les portes de son atelier ; du mélange ambi- chaque plan, quand d'autres souvenirs ces confessions, est contenu en germe güe de soutien et de défiance dont ses émergent, comme l'apparition de cette tout l’univers du futur cinéaste. proches firent preuve face à ses choix ; femme nue, hagarde et muette, s'affa- Accolant à la voix désincarnée de Lynch tout cela dessine le parcours passion- lant devant lui sur le trottoir alors qu'il de longs plans fixes sur l'artiste au tra- nant d'un gamin épris de liberté, qui dé- n'a que dix ans et qu'il reste là, tétanisé vail dans son atelier, décomposant ses testait l'école mais qui très tôt fit de l'art et fasciné ; impossible de ne pas penser peintures en gros plans, scrutant les ri- son phare et ne dévia jamais du cap qu'il à Blue Velvet, à cette irruption brutale et dules d'un visage apparemment serein s'était tracé. inattendue de quelque chose de dépla- mais dont le regard trahit l'intranquillité, cé dans les petites bourgades sans his- nimbé par le score subrepticement in- Mais sous la surface, en creux, et toires de l'Americana, une lézarde défi- quiétant composé par Lynch lui-même, presque à l'insu de son sujet, se des- gurant le calme visage du quotidien dont Jon Nguyen réussit le tour de force de sine un autre portrait, et il appartiendra la violence implicite risque de vous em- réaliser le film lynchien par excellence, à chacun de déterminer s'il est plus ou porter au delà des apparences, au delà celui qui montre sans démontrer et porte moins légitime. Celui que Lynch ne vou- des certitudes, et faire vaciller la raison. avec lui une part irréfragable de mystère. lait pas faire, mais qui pourtant habite Dans les quelques minutes que durent Fascinant.
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Dimanche 29 JANVIER à 20h45 LA PANTHÈRE NOIRE (The Black panther) ment, une des caractéristiques du ciné- Royaume-Uni dans les années soixante- ma britannique est son attachement au dix. Produit en pleine crise du ciné- Ian MERRICK réel, puisant avec constance à la source ma britannique avec une économie de GB 1977 1h38 VOSTF couleur documentaire. La vague de polars pois- moyens qui lui confère une sècheresse avec Donald Sumpter, Debbie seux inaugurée en 1971 par Get Carter et une précision implacables, le film Farrington, Marjorie Yates, Sylvia de Mike Hodges et Villain de Michael dresse le portrait d’un monstre ordinaire, O’Donnell, Andrew Burt, Alison Key… Tuchner confirme d’une certaine fa- criminel méthodique mais au final inapte Interdit aux moins de 16 ans çon cette tendance par le biais de su- dans l’action, précipitant brutalement jets proches de l’actualité traités avec chacune de ses « missions ». Porté par Donald Neilson, vétéran des comman- un réalisme blafard, la grisaille des quar- le jeu glaçant de Donald Sumpter, l’itiné- dos au service de Sa Majesté rompu au tiers déshérités des villes industrielles raire de ce psychopathe instaure d’au- combat et aux techniques de survie à du Nord en constituant le plus souvent tant plus le malaise que l’incompétence l’époque des guerres post-coloniales, de le décor. Paradoxalement, ce sont deux de la police semble l’autoriser à frapper retour à la vie civile dans une Angleterre réalisateurs américains qui en livrent la en tout lieu et à tout instant. en pleine récession, est un père de fa- vision la plus sombre, dénuée de tout Objet avant même sa sortie en salle mille qui mène une double vie. Tyran do- sensationnalisme, terrifiante dans leur d’une controverse médiatique dénon- mestique appelé à s’absenter réguliè- description de la psychose de l’homme çant l’exploitation crapuleuse d’un rement sur des chantiers pour subvenir du commun : Sidney Lumet avec The drame encore vif dans les mémoires (ce au quotidien du foyer, il se livre en réa- Offence et son inspecteur de police au que contredit la sobriété efficace du scé- lité à des braquages meurtriers de bu- bord de la folie, et Richard Fleischer nario de Michael Armstrong), le film fut reaux de poste lors de raids nocturnes, dont L’Étrangleur de Rillington Place re- rapidement interdit de distribution et ne le désignant comme l’ennemi public no1 late les méfaits du tristement célèbre put bénéficier que d’une diffusion confi- sous le nom de « panthère noire » en ré- tueur en série John Christie. dentielle en VHS. férence à son accoutrement. Déterminé The Black Panther ne déroge pas à la Délivré d’un purgatoire de quarante an- à faire un ultime gros coup, il kidnappe règle et s’inscrit magistralement dans ce nées, il est urgent de (re)découvrir The une adolescente héritière d’une fortune noir sillon. À l’instar de Fleischer, le pre- Black Panther en tant que chef-d’œuvre et exige une rançon… mier long métrage réalisé par Ian Merrick désormais incontournable du film noir Depuis le courant « néo-réaliste » fon- s’inspire d’un fait divers qui a ébranlé le britannique. dé par John Grierson dès la fin des an- nées vingt en passant par l’émergence du Free Cinema en 1956 jusqu’à nos Prochaine Lune Noire Jeudi 23 Février : OPERA (1987) de Dario Argento, inédit en jours et les films de Ken Loach notam- salle en France, avec une copie restaurée intégrale dans son format Scope d'origine !
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