Tendances conjoncturelles - Hiver 2021/2022 - Die Volkswirtschaft
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Hiver 2021/2022 Tendances conjoncturelles Encadrés Conséquences des difficultés d’approvisionnement pour la Suisse et la zone euro Les risques d’inflation augmentent au niveau international ; mais pas de signe pour l'instant d'une spirale inflationniste en Suisse Thème spécial Les effets du Covid-19 sur le marché du travail en Suisse
Clôture de la rédaction Thème spécial : 08.10.2021 Situation de l’économie suisse : 23.11.2021 Autres chapitres : 01.12.2021 Impressum Rédaction Les Tendances conjoncturelles sont publiées quatre fois par an sur Internet en format PDF et annexées à la revue La Vie économique. La version originale est Fischer Sarah rédigée en langue allemande (Konjunkturtendenzen). Indergand Ronald Kemeny Felicitas ISSN 1661-349X Neuwirth Stefan SECO Pochon Vincent Secrétariat d’État à l’économie Ragni Thomas Direction de la politique économique Schmidt Caroline Holzikofenweg 36 Speiser Amélie 3003 Berne Wagenbach Martin Wegmüller Philipp tél. 058 462 42 27 Widmer Simon fax 058 463 50 01 www.seco.admin.ch/tendances-conjoncturelles www.seco.admin.ch/konjunkturtendenzen
Situation de Prévisions Environnement l’économie suisse conjoncturelles international et monétaire Aperçu Prévisions pour la Suisse Économie mondiale La reprise de l’économie inté- Des difficultés d’approvisionne- L’économie mondiale a globale- rieure s’est poursuivie avec vi- ment freinent globalement l’in- ment perdu de son élan au 3e tri- gueur au 3e trimestre suite à l’as- dustrie et l’incertitude liée à la mestre. Aux États-Unis, la crois- souplissement général, jusqu’au pandémie a connu récemment sance s’est nettement ralentie, milieu de l’année, des mesures de une nette poussée. Pour le se- freinée notamment par la faible lutte contre le coronavirus. Le PIB mestre d’hiver 2021/2022, le progression de la consommation. a sensiblement dépassé son ni- Groupe d’experts de la Confédéra- En Chine, les pénuries d’énergie, veau d’avant la crise. tion s’attend à un net ralentisse- les problèmes du secteur immobi- page 1 ment de la croissance écono- lier et les mesures de confinement mique. La conjoncture devrait se ont pesé sur l’économie. Par Produit intérieur brut redresser au cours de l’année contre, la zone euro a maintenu sa Au 3e trimestre, le PIB a augmenté 2022. Pour l’ensemble de l’année croissance du trimestre précé- de 1,7 % (1,5 % corrigé des événe- 2022, il faut s’attendre à une crois- dent : l’assouplissement des me- ments sportifs). L’hôtellerie-res- sance bien plus forte que la sures sanitaires a fortement sti- tauration et les secteurs des loisirs moyenne (3 %), suivie d’une nor- mulé le secteur des services. et de la culture ont fortement con- malisation conjoncturelle et d’une page 23 tribué à cette croissance. croissance de 2 % en 2023. page 2 page 19 Cadre monétaire Le renchérissement de la consom- Marché du travail Risques mation s’est poursuivi au niveau Le taux de chômage est tombé à L’incertitude est actuellement très international, essentiellement à 2,7 % fin octobre, les deux tiers de élevée et les risques s’inscrivent cause des prix de l’énergie. La po- la hausse due à la crise étant ainsi nettement à la baisse. Les risques, litique monétaire des principaux effacés. en particulier ceux liés à la pandé- pays industrialisés reste expan- page 14 mie, se sont nettement accentués. sionniste et presque inchangée. page 21 Les marchés financiers ont évolué Prix de manière inégale. Le franc suisse Toujours en hausse, l’inflation a s’est légèrement apprécié par rap- atteint 1,2 % en octobre, un taux port à l’euro, mais pas vis-à-vis du supérieur à la moyenne suisse. dollar américain. page 16 page 27 Encadré : Conséquences des difficultés d’approvisionnement pour la Suisse et la zone euro Une grande partie des entreprises industrielles indiquent que leur production est limitée par le manque de matières premières et de biens intermédiaires. La construction automobile est particulièrement touchée. Les difficultés d’appro- visionnement risquent de durer encore un certain temps. Les compagnies maritimes estiment que les dysfonctionne- ments dans le transport maritime de conteneurs ne seront pas complètement résorbés avant un an. Page 11 Encadré : Les risques d’inflation augmentent au niveau international ; mais pas de signe pour l’instant d’une spirale inflationniste en Suisse Encadré : révision Actuellement, annuelled’inflation les anticipations des comptes à long nationaux : hausse terme semblent dubien toujours PIB ancrées de 2,8 %au en 2018international. En niveau Les révisions Suisse, aucunse situent signe dans lainflationniste de spirale fourchette habituelle pour la plupart n’est perceptible. des variables Dans l’ensemble, lesetrisques l’évolution de la conjoncture d’inflation ont égalementne change guère. Dans le cadre de la révision annuelle augmenté en Suisse, mais en partant d’un niveau très bas.de routine, le SECO a intégré des données plus détaillées pour le calcul de la valeur ajoutée, ce qui améliore la qualité du calcul. Page 17 Thème spécial : Les effets du Covid-19 sur le marché du travail en Suisse page Erreur ! Signet non défini. Les conséquences négatives de la pandémie de coronavirus sur le marché du travail ont pu être considérablement atté- nuées grâce aux mesures de stabilisation prises. Page 30
SITUATION DE L’ÉCONOMIE SUISSE Situation de l’économie suisse Aperçu Jusqu’à l’été, la plupart des mesures de police sanitaire de transport, qui freinent la reprise économique et con- restrictives ont été levées ou nettement assouplies. Par- tribuent à une hausse globale des prix 1. En Suisse aussi, tant d’un niveau bas, les chiffres d’affaires dans les ser- les entreprises industrielles se plaignent du manque de vices concernés ont enregistré une forte hausse, notam- biens intermédiaires, de la hausse des prix d’achat et de ment dans la restauration et le secteur du divertisse- l’allongement des délais de livraison. Bien que certains ment ; l’économie intérieure a poursuivi sa reprise. Le secteurs industriels aient connu des revers, la valeur PIB corrigé des grands événements sportifs a augmenté ajoutée de l’industrie manufacturière a globalement con- de 1,6 % au 2e trimestre, puis de 1,5 % au 3e trimestre tinué de progresser au 3e trimestre, dopée notamment (graphique 1). par la chimie-pharma. La performance économique de la Suisse a ainsi franchi graphique 2 : AEH et transactions 2 le niveau atteint avant la crise, au 4e trimestre 2019, le par rapport au niveau d’avant la crise ; volume de transactions dépassant même d’un peu plus de 1 % au 3e trimestre en présentiel avec cartes de débit ou de crédit, corrigé des variations saisonnières et des valeurs aberrantes 2021. Au 3e trimestre, le PIB des États-Unis a dépassé de 8 40 près de 1,5 % son niveau d’avant la crise tandis que celui 1er confinement 2e confinement 6 30 de la zone euro était inférieur de 0,5 %. La reprise de 4 20 l’économie suisse est ainsi relativement rapide en com- 2 10 paraison internationale. 0 0 -2 -10 graphique 1 : PIB et PMI -4 -20 PIB : valeurs réelles désaisonnalisées et corrigées des grands -6 -30 événements sportifs, en % par rapport au trimestre assouplissement précédent, PMI : désaisonnalisé, 50 = seuil de croissance -8 (restauration) -40 90 8 -10 -50 assouplissement durcissement assouplissement (commerce) 80 6 -12 -60 70 4 2020 2021 60 2 volume des transactions, en % (échelle de droite) AEH sources : SPS Worldline, SECO, OFSP 50 0 40 -2 Pour l’avenir proche, les indicateurs avancés invitent à 30 -4 une confiance prudente. Tant l’indice des directeurs 20 -6 d’achat (PMI) de l’industrie que celui du secteur des ser- 10 -8 vices se maintiennent à des niveaux très élevés, malgré 2017 2018 2019 2020 2021 un léger recul (graphique 1). L’indice de l’activité écono- croissance du PIB (échelle de droite) PMI industrie PMI services mique hebdomadaire (AEH) est nettement supérieur au sources : SECO, CS/Procure niveau d’avant la crise ; les paiements par carte indiquent une poursuite de la reprise (graphique 2), soutenue par Au niveau international, le 3e trimestre a été marqué par l’évolution favorable du marché du travail. Les hausses des pénuries de produits intermédiaires et de capacités récentes des prix à la consommation freinent certes le 1 Voir les encadrés « Conséquences des difficultés d’approvisionnement pour la Suisse et la zone euro » ainsi que « Les risques d’inflation augmentent au niveau international ; mais pas de signe pour l’instant d’une spirale inflationniste en Suisse » dans le présent numéro de Tendances conjoncturelles. 2 1er confinement : situation extraordinaire à partir de la semaine civile 12 2020 ; mesures d’assouplissement : réouverture de certains établissements à la semaine 18 ; durcissement : premier durcissement à la semaine 43 ; 2e confinement : fermetures de magasins à la semaine 3 2021 ; assouplissement : première étape d’assouplissement, y compris réouverture de magasins à la semaine 9 ; assouplissement (restauration) : nouvelle étape d’assouplissement, notamment réouverture des espaces intérieurs des restaurants, semaine 22. Tendances conjoncturelles SECO │ Hiver 2021/2022 1
PRODUIT INTÉRIEUR BRUT pouvoir d’achat de la population, mais l’évolution des re- la pandémie et aux mesures de santé publique qui lui venus du travail a été positive jusqu’à récemment. Ce- sont associées a fortement augmenté. pendant, l’incertitude liée à l’évolution internationale de Produit intérieur brut Production élevé. Au 2e trimestre, la valeur ajoutée a légèrement e Au 3 trimestre 2021, la croissance robuste du PIB de augmenté (+0,2 %). Au total, le secteur secondaire a con- 1,7 % (+1,5 % après correction des grands événements tribué à la croissance du PIB à hauteur de 0,5 point de sportifs) a notamment été soutenue par le secteur des pourcentage, ce qui est légèrement supérieur à la services suite à l’assouplissement des mesures de lutte moyenne à long terme. contre le coronavirus. Bien que plus faible, l’impulsion fournie par l’industrie a été positive également. Le secteur des services a également apporté, au 3e trimestre, une contribution nettement supérieure à la La valeur ajoutée de l’industrie manufacturière a enregis- moyenne, de l’ordre de 1,2 point de pourcentage. Après tré une croissance de 2 %, ce qui la porte à 7,6 % au-des- les phases de réouverture du printemps, l’hôtellerie et la sus du niveau d’avant la crise. Dans une dynamique favo- restauration ont connu au 3e trimestre une nouvelle rable aux exportations, l’industrie chimico-pharmaceu- hausse exceptionnellement forte (+110,6 %) de l’activité tique a de nouveau affiché une forte croissance (+4,2 %), économique (graphique 4). Suite à la suppression des sa valeur ajoutée dépassant déjà de près de 14 % le ni- restrictions de capacité dans les restaurants, à la levée de veau d’avant la crise (graphique 3). Les autres secteurs l’obligation de travailler à domicile et à une recrudes- industriels ont connu en revanche une évolution modé- cence de l’activité de voyage, la restauration et l’hôtelle- rée. Les entreprises continuent de faire état de délais de rie ont connu une reprise rapide. Dans la foulée, le re- livraison exceptionnellement longs et de prix d’achat éle- cours au chômage partiel a lui aussi sensiblement dimi- vés qui pèsent sur la production. Durant les mois d’été, nué : alors que près de 30 % du volume de travail était les indices concernés de l’enquête PMI ont évolué à encore perdu au 2e trimestre, ce chiffre n’était plus que proximité de leurs plus hauts niveaux historiques. La si- d’environ 5 % à la fin du mois de septembre. L’hôtellerie tuation devrait rester tendue au moins jusqu’à la fin de suisse a également profité de l’accroissement de la mo- l’année : selon les enquêtes du KOF et celles menées au- bilité internationale. En valeurs désaisonnalisées, les nui- près des directeurs d’achat de l’industrie, les attentes tées ont augmenté de 30 % entre juillet et septembre par concernant le climat des affaires, la production et les ex- rapport aux trois mois précédents. Cependant, les portations se sont assombries en octobre. voyages internationaux ne sont pas encore revenus à leur niveau antérieur : au 3e trimestre, la valeur ajoutée dans graphique 3 : Valeur ajoutée, secteur industriel l’hôtellerie et la restauration était encore inférieure de valeurs réelles désaisonnalisées, en % 17 % à son niveau d’avant la crise. énergie graphique 4 : Valeur ajoutée, secteurs des services valeurs réelles désaisonnalisées, en % construction santé, sociale chimie-pharma services aux entreprises finance industrie manufacturière (sans chimie-pharma) hébergement, restauration -3 0 3 6 9 12 15 transports et communication croissance au 3ème trimestre 2021 écart par rapport au niveau d'avant la crise commerce source : SECO -20 0 20 40 60 80 100 120 croissance au 3ème trimestre 2021 La valeur ajoutée dans le secteur de l’énergie a nette- écart par rapport au niveau d'avant la crise ment augmenté (+4,3 %), mais reste inférieure au niveau source : SECO d’avant la crise. Grâce à un été humide, les barrages ont été bien remplis, ce qui a permis de produire et d’expor- Le secteur des transports et communications a également ter beaucoup d’électricité. Dans le secteur de la construc- profité de la mobilité accrue de la population suisse tion, le mouvement latéral s’est poursuivi à un niveau (+4,4 %). Tant les transports publics nationaux que le 2 Tendances conjoncturelles SECO │Hiver 2021/2022
SITUATION DE L’ÉCONOMIE SUISSE nombre des voyageurs dans les aéroports suisses ont liées aux Jeux olympiques d’été ont encore augmenté la connu une reprise sensible. En revanche, le trafic de mar- valeur ajoutée du secteur. En conséquence, la croissance chandises présente une image mitigée : alors que le vo- du PIB a été légèrement plus faible (+1,5 %) une fois cor- lume des marchandises transportées par rail et par avion rigée des effets des événements sportifs (graphique 5). a déjà dépassé le niveau d’avant la crise et affiche une dynamique favorable, le trafic terrestre a récemment en- La reprise a en partie été freinée, d’une part, par les ser- registré un recul du fait de l’évolution timide du com- vices financiers et d’assurance (−1,2 %). La valeur ajoutée merce international. du secteur est supérieure d’un peu plus de 3 % à son ni- veau de fin 2019. À l’instar du secteur des services destinés aux entreprises (+1,6 %), les autres activités de services (+2 %) ont connu graphique 6 : Commerce de détail une évolution favorable. Dans le secteur de la santé et de indice, valeurs réelles désaisonnalisées l’action sociale, la valeur ajoutée a également augmenté 140 (+1,6 %). Dans les hôpitaux, la situation s’est largement 130 normalisée durant l’été. En outre, le secteur social a 120 connu une évolution stable. La valeur ajoutée de la santé et de l’action sociale était ainsi globalement supérieure 110 de plus de 4 % au niveau d’avant la crise. 100 90 graphique 5 : PIB et grands événements sportifs interna- 80 tionaux valeurs réelles désaisonnalisées, variation en % par rapport au 70 trimestre précédent 2017 2018 2019 2020 2021 8 alimentation, boissons, tabac 6 ensemble des autres groupes (hors carburants) 4 source : OFS 2 0 D’autre part, la valeur ajoutée dans le commerce a net- -2 tement reculé. Le commerce de détail a enregistré une -4 compensation à un niveau élevé (−4,1 %) après un -6 2e trimestre plus fort que la moyenne. Les ventes de pro- -8 duits alimentaires ont continué à baisser suite aux me- 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 sures de réouverture dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Les chiffres d’affaires du secteur non ali- PIB PIB corrigé des effets des manifestions sportives mentaire ont également baissé, mais demeurent supé- source : SECO rieurs au niveau de 2019 (graphique 6). Si la situation des affaires n’est plus jugée aussi positive qu’en été, les en- Avec la levée, fin juin, des restrictions de capacité lors de treprises continuent néanmoins de tabler sur une pro- grandes manifestations, la reprise s’est également pour- gression de leur chiffre d’affaires. Dans les autres activi- suivie au 3e trimestre dans le secteur des arts, spectacles tés commerciales, la faiblesse du commerce de détail et et activités récréatives (+24,9 % ; corrigé des grands évé- les problèmes de livraison dans l’industrie ont également nements sportifs : +9,4 %). La perte de travail due au chô- induit au 3e trimestre une forte baisse de la valeur ajou- mage partiel a nettement diminué en moyenne trimes- tée (−3,9 %), notamment sous l’influence du commerce trielle pour ne représenter plus que 3 %. Les activités de gros. Tendances conjoncturelles SECO │ Hiver 2021/2022 3
PRODUIT INTÉRIEUR BRUT Dépenses graphique 8 : Climat de consommation Consommation valeurs désaisonnalisées, moyenne à partir de 1972 = 0 La consommation privée a connu une forte reprise au 40 3e trimestre (+2,7 %, graphique 7 et p. 9 s.) 3, dépassant 30 pour la première fois depuis le début de la pandémie son 20 niveau d’avant la crise. Suite au large assouplissement 10 des mesures sanitaires jusqu’à fin juin, les dépenses ont 0 encore sensiblement augmenté, notamment dans les -10 secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et des loisirs. -20 À partir d’un bas niveau, les dépenses consacrées aux -30 voyages à l’étranger ont également augmenté de ma- -40 nière significative. La suppression de l’obligation de tra- -50 vailler à domicile a par ailleurs entraîné un net accroisse- 2017 2018 2019 2020 2021 ment des dépenses de mobilité. Une forte croissance a climat de consommation grandes acquisitions notamment été enregistrée dans les transports publics situation économique à venir (échelle de droite) nationaux. En revanche, dans le commerce de détail sta- source : SECO tionnaire, les dépenses ont évolué à la baisse après une forte hausse au trimestre précédent. Les dépenses ali- Les dépenses de consommation des administrations mentaires se sont normalisées à la suite des mesures publiques ont marqué un recul au 3e trimestre (−1,5 % ; d’assouplissement. En outre, la demande de biens graphique 9), après avoir fortement augmenté en raison d’équipement, d’électronique et de véhicules de tou- de la pandémie au cours du premier semestre de 2021. risme neufs a été moins forte. En particulier, les dépenses fédérales liées aux vaccins contre le coronavirus ont diminué : au 3e trimestre, envi- graphique 7 : Consommation privée ron deux fois moins de doses de vaccin ont été adminis- valeurs réelles désaisonnalisées, niveau en milliards de francs trées qu’au trimestre précédent. 12 98 9 95 graphique 9 : Consommation de l’État valeurs réelles désaisonnalisées, niveau en milliards de francs 6 92 6 22.5 3 89 5 22.0 0 86 4 21.5 -3 83 3 21.0 2 20.5 -6 80 1 20.0 -9 77 0 19.5 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 -1 19.0 variation en % par rapport au trimestre précédent -2 18.5 niveau (échelle de droite) -3 18.0 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 source : SECO variation en % par rapport au trimestre précédent Les résultats des enquêtes les plus récentes sur le climat niveau (échelle de droite) source : SECO de consommation confirment une certaine réticence des consommateurs à effectuer des achats importants. L’in- dice de la propension à acheter reste inférieur à sa Investissements moyenne à long terme (graphique 8). La hausse des prix Les investissements dans la construction ont augmenté à la consommation, qui pèse sur le budget des ménages, de 0,1 % au 3e trimestre, après 0,3 % au trimestre précé- commence à se faire sentir. Les consommateurs interro- dent. Leur niveau est ainsi légèrement supérieur à celui gés estiment que l’évolution passée et prévisible des prix d’avant la crise (graphique 10). Cette timide évolution n’a jamais été plus élevée depuis 2008. Mais dans l’en- pourrait être due notamment à une pénurie de biens in- semble, les résultats des enquêtes sont très positifs. Les termédiaires. Le renchérissement des biens intermé- ménages suisses conservent leur optimisme quant à diaires lié à la pénurie de l’offre s’est également traduit l’évolution de l’économie et la situation sur le marché du par une forte hausse des prix de la construction. La pé- travail est jugée nettement meilleure qu’en juillet. nurie croissante de personnel qualifié dans le secteur de la construction est un facteur qui a également pesé sur la situation. 3 Y c. la consommation des organisations privées sans but lucratif. 4 Tendances conjoncturelles SECO │Hiver 2021/2022
SITUATION DE L’ÉCONOMIE SUISSE graphique 10 : Investissements dans la construction un recul, notamment dans l’automobile et l’ameuble- valeurs réelles désaisonnalisées, niveau en milliards de francs ment, de même que diverses petites rubriques d’inves- 6 17.5 tissement qui ont été particulièrement touchées par les 4 17.0 problèmes d’approvisionnement mondiaux. En outre, les investissements dans la recherche et le développement 2 16.5 ont diminué après un 2e trimestre dynamique. Les inves- 0 16.0 tissements en machines ont fourni des impulsions posi- -2 15.5 tives, mais la dynamique s’y est affaiblie depuis le début -4 15.0 de l’année. Quant aux investissements dans les services informatiques, ils ont poursuivi leur forte progression. -6 14.5 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 graphique 12 : Investissements en biens d’équipement variation en % par rapport au trimestre précédent valeurs réelles désaisonnalisées, niveau en milliards de francs niveau (échelle de droite) 12 33 source : SECO 10 32 8 31 6 30 Les indicateurs de climat du secteur de la construction 4 29 ont continué à s’améliorer (graphique 11). Les carnets de 2 28 commandes se sont stabilisés à un niveau élevé les pers- 0 27 -2 26 pectives d’activité dans la construction pour les mois à -4 25 venirse sont encore améliorées. Alors que le niveau des -6 24 -8 23 commandes est jugé de manière positive surtout dans le -10 22 bâtiment et le second œuvre, les entreprises sont par 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 contre de plus en plus pessimistes dans le génie civil. variation en % par rapport au trimestre précédent Ainsi, les conditions de financement demeurent très fa- niveau (échelle de droite) vorables. De plus, la demande de logements en propriété source : SECO s’est renforcée pendant la crise, ce qui se reflète égale- ment dans la hausse des prix de ces logements. La situa- Les goulets d’étranglement mondiaux ont certes quelque tion est différente pour le marché du logement locatif : peu freiné la dynamique d’investissement en Suisse, mais dans certaines régions, il existe un nombre considérable la situation générale est encore très favorable de logements vacants qui, après la forte activité de cons- (graphique 13). Au 3e trimestre, le taux d’utilisation des truction de ces dernières années, indiquent une offre ex- capacités de production dans l’industrie a atteint un ni- cédentaire de logements locatifs. En conséquence, les veau record et les attentes en matière d’entrées de com- loyers proposés, c’est-à-dire les loyers des logements fai- mandes pour les producteurs de biens d’équipement n’y sant l’objet d’un appel d’offres public, ont baissé au étaient que légèrement inférieures. En définitive, la part 3e trimestre pour le 18e trimestre consécutif et ont at- des entreprises ayant des difficultés de financement a teint leur niveau le plus bas depuis début 2011. continué de baisser au 3e trimestre. graphique 11 : Construction, indicateurs de confiance graphique 13 : Indicateurs, industrie soldes désaisonnalisés, demande et activité de construction : valeurs désaisonnalisées attentes pour les 3 prochains mois 36 87 20 27 85 10 18 83 0 -10 9 81 -20 0 79 -30 -9 77 -40 -18 75 -50 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 -60 entrées de commandes attendues, biens d'invest., solde -70 part des entreprises ayant des difficultés de financement, en % 2017 2018 2019 2020 2021 utilisation des capacités de production, en % (échelle de droite) demande activité de construction volume des commandes source : KOF source : KOF Commerce extérieur Les investissements en biens d’équipement ont régressé Au total, le commerce extérieur a apporté une contribu- de 1,3 % au 3e trimestre (graphique 12). Ils ont marqué tion légèrement négative à la croissance du PIB au Tendances conjoncturelles SECO │ Hiver 2021/2022 5
PRODUIT INTÉRIEUR BRUT 3e trimestre 2021 (v. également page 9 s.). Alors que le déflateur a fortement augmenté au cours des trois der- commerce des marchandises a fourni une impulsion de niers trimestres, atteignant au 3e trimestre son niveau le croissance insignifiante, le commerce des services a con- plus élevé depuis plus de dix ans. tribué négativement à ce résultat. graphique 15 : Exportations de marchandises, diverses Les exportations de marchandises (sans les objets de va- rubriques leur ni le commerce de transit, +3,4 %) ont connu une valeurs réelles désaisonnalisées, moyenne 2019 = 100, croissance nettement supérieure à la moyenne pour le entre parenthèses : quote-part respective en 2020 cinquième trimestre consécutif, dépassant ainsi de 10 % 130 120 leur niveau d’avant la crise (graphique 14) 4. Le dyna- 110 misme économique des principaux partenaires commer- 100 90 ciaux de la Suisse depuis quelques trimestres a soutenu 80 la demande de biens d’exportation suisses. Les exporta- 70 60 tions vers la zone euro et les États-Unis ont connu une 50 croissance particulièrement forte, dépassant respective- 40 30 ment de 22 % et 11 % leur niveau d’avant la crise. 2019 2020 2021 chimie, pharma (54%) métaux (5%) graphique 14 : Commerce extérieur de marchandises machines (13%) précision, horlogerie (16%) valeurs réelles désaisonnalisées, moyenne 2012 = 100 autres (11%) 150 source : SECO 140 130 120 Les importations de marchandises ont connu une évolu- 110 tion analogue : depuis les mois d’été, les importations de 100 métaux, de véhicules et de machines affichent une ten- 90 dance à la baisse, alors que les prix à l’importation aug- 80 70 mentent. Dans l’ensemble, les importations de marchan- 60 dises ont toutefois connu au 3e trimestre une croissance 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 nettement supérieure à la moyenne (+3,2 %), la rubrique exportations totales importations totales des produits chimiques et pharmaceutiques ayant de loin sans chimie-pharma sans chimie-pharma fourni la plus grande contribution à la croissance. Pour la source : SECO première fois depuis le début de la pandémie, les impor- tations de marchandises ont ainsi retrouvé leur niveau La croissance trimestrielle a été particulièrement soute- d’avant la crise (graphique 14). nue par les deux plus grandes rubriques, celle des pro- duits chimiques et pharmaceutiques et celle des instru- graphique 16 : Déflateurs du commerce de ments de précision, horlogerie et bijouterie. En re- marchandises vanche, les exportations de métaux ont diminué. Un ra- valeurs désaisonnalisées et corrigées de la valeur moyenne lentissement se dessine également depuis quelques mois 110 pour d’autres biens industriels tels que les machines, les 105 appareils ou l’électronique (graphique 15), ce qui devrait tenir notamment aux difficultés de livraison des produits 100 intermédiaires et au fait que les capacités sont déjà for- 95 tement utilisées. Ces goulets d’étranglement font que de nombreuses entreprises exportatrices ont de plus en 90 plus de mal à répondre à la forte demande. Combinée au 85 prix élevé des matières premières, cette situation en- 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 traîne une hausse des prix des biens d’exportation con- exportations totales importations totales cernés, ce qui se reflète dans le déflateur des exporta- sans chimie-pharma sans chimie-pharma tions de marchandises (graphique 16). Si l’on exclut no- source : SECO tamment les produits chimiques et pharmaceutiques, ce 4 Ci-après, sauf indication contraire, sont commentées les exportations et importations de marchandises à l’exclusion des objets de valeur et du commerce de transit. En raison de différences dans les définitions et le mode de déflation, les chiffres présentés ici ne correspondent pas à ceux de l’Administration fédérale des douanes. Dans les graphiques sont utilisées les formes abrégées suivantes : chimie, pharma : produits de l’industrie chimique et pharmaceu- tique ; machines : machines, appareils et électronique ; précision, horlogerie : instruments de précision, horlogerie et bijouterie. 6 Tendances conjoncturelles SECO │Hiver 2021/2022
SITUATION DE L’ÉCONOMIE SUISSE Les exportations de services ont diminué de 2,2 % au Les importations de services ont encore augmenté de 3e trimestre, après une assez forte hausse au trimestre 2,9 % au 3e trimestre. Le tourisme et les services de précédent (graphique 18). Cela s’explique principale- transport ont particulièrement contribué à cette évolu- ment par une baisse des recettes de licences liées aux tion positive, avec une nette reprise durant les mois grands événements sportifs internationaux, qui avaient d’été, même si le niveau d’avant la crise n’a pas encore atteint au 2e trimestre un niveau élevé en raison du été retrouvé. La plupart des autres rubriques n’ont fourni championnat d’Europe de football. Les exportations de que peu d’impulsions. services financiers ont, elles aussi, fortement diminué. En revanche, le tourisme et le transport de voyageurs ont graphique 18 : Commerce extérieur de services enregistré une nette reprise. Les nuitées des visiteurs valeurs réelles désaisonnalisées, en milliards de francs étrangers ont fortement augmenté en termes désaison- 36 nalisés. Pour la première fois depuis le début de la pan- 34 démie, le nombre de nuitées des hôtes allemands a at- 32 teint le niveau d’avant la crise, le nombre de visiteurs 30 américains dépassant tout de même les 60 % de son ni- 28 veau d’avant la crise (graphique 17). Par contre, les visi- 26 teurs provenant de l’Asie du Sud-Est sont restés quasi- 24 ment absents. 22 20 graphique 17 : Nuitées selon la provenance des 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 touristes exportations importations valeurs désaisonnalisées, moyenne 2019 = 100 source : SECO 120 100 80 60 40 20 0 2019 2020 2021 total étranger Allemagne États-Unis Asie du Sud-Est source : OFS (désaisonnalisation : SECO) Tendances conjoncturelles SECO │ Hiver 2021/2022 7
PRODUIT INTÉRIEUR BRUT tableau 1 : Produit intérieur brut selon l’approche par la production valeurs réelles, désaisonnalisées, variation en % par rapport au trimestre précédent 2020:4 2021:1 2021:2 2021:3 Industrie manufacturière 1.8 5.1 1.7 2.0 Construction -0.4 -0.1 0.2 0.2 Commerce -0.4 -3.1 3.3 -3.9 Hébergement, restauration -22.7 -45.5 37.5 110.6 Finance, assurances 0.6 0.1 0.6 -1.2 Services aux entreprises 0.0 -0.8 1.1 1.6 Administration publique 0.4 0.7 0.0 0.5 Santé, social 0.8 -0.4 0.3 1.6 Arts, spectacles, activités récréatives -10.9 -2.6 52.8 24.9 Autres -1.1 -0.3 1.4 3.2 Produit intérieur brut -0.1 -0.1 1.8 1.7 Produit intérieur brut corrigé des événements sportifs -0.1 -0.1 1.6 1.5 source : SECO graphique 19 : Contributions des secteurs à la croissance du PIB valeurs réelles désaisonnalisées, variation en points de pourcentage par rapport au trimestre précédent 8 6 4 2 0 -2 -4 -6 -8 2017 2018 2019 2020 2021 industrie manufacturière commerce finance, assurances admin. publique, santé, social services aux entreprises arts, spectacles, activités récréatives autres PIB (variation en %) source : SECO Industrie manufacturière : Noga 10 à 33 ; Construction : Noga 41 à 43 ; Commerce : Commerce, Réparation d’automobiles et de motocycles, Noga 45 à 47 ; Hébergement, restauration : Noga 55 à 56 ; Finance, assurances : Activités financières et d’assurance, Noga 64 à 66 ; Services aux entreprises : Activités immobilières, Activités spécialisées, scientifiques et techniques, Activités de services administratifs et de soutien, Noga 68 à 82 ; Administration publique : Administration publique et défense, Sécurité sociale obligatoire, Noga 84 ; Santé, social : Santé humaine, Action sociale, Noga 86 à 88 ; Arts, spectacles, activités récréatives : Arts, spectacles et activités récréatives, Autres activités de service, Noga 90 à 93. 8 Tendances conjoncturelles SECO │Hiver 2021/2022
SITUATION DE L’ÉCONOMIE SUISSE tableau 2 : Produit intérieur brut selon l’approche par la dépense valeurs réelles désaisonnalisées, variation en % par rapport au trimestre précédent 2020:4 2021:1 2021:2 2021:3 Consommation des ménages -1.6 -3.1 4.0 2.7 Consommation des administrations publiques 2.7 0.9 4.1 -1.5 Investissements dans la construction -0.1 0.0 0.3 0.1 Investissements en biens d’équipement 1.1 -1.5 3.2 -1.3 Exportations de biens sans objets de valeur 0.0 2.8 3.5 2.3 Exportations de biens sans obj. val. et commerce de transit 3.8 5.0 2.1 3.4 Exportations de services 12.2 -2.8 6.9 -2.2 Importations de biens sans objets de valeur 0.1 1.2 -0.2 3.2 Importations de services 7.6 -3.6 5.9 2.9 Produit intérieur brut -0.1 -0.1 1.8 1.7 source : SECO tableau 3 : Contributions à la croissance du PIB valeurs réelles désaisonnalisées, variation en points de pourcentage par rapport au trimestre précédent 2020:4 2021:1 2021:2 2021:3 Demande intérieure finale -0.3 -1.7 3.0 1.0 Variation des stocks y compris erreur statistique -0.4 0.8 -2.9 1.5 Balance commerciale sans objets de valeur 0.7 0.8 1.6 -0.8 source : SECO Tendances conjoncturelles SECO │ Hiver 2021/2022 9
PRODUIT INTÉRIEUR BRUT graphique 20 : Composantes de la demande intérieure finale contributions à la croissance du PIB en points de pourcentage par rapport au trimestre précédent, valeurs réelles désaisonnalisées 8 6 4 2 0 -2 -4 -6 -8 2017 2018 2019 2020 2021 consommation privée consommation de l'État invest. dans la construction invest. en biens d'équipement demande intérieure finale source : SECO graphique 21 : Composantes de la balance commerciale contributions à la croissance du PIB en points de pourcentage par rapport au trimestre précédent, valeurs réelles désaisonnalisées, exportations et importations de marchandises sans les objets de valeur 8 6 4 2 0 -2 -4 -6 2017 2018 2019 2020 2021 exportations de biens exportations de services importations de biens importations de services balance commerciale source : SECO 10 Tendances conjoncturelles SECO │Hiver 2021/2022
SITUATION DE L’ÉCONOMIE SUISSE Encadré : Conséquences des difficultés d’approvisionnement pour la Suisse et la zone euro Les goulets d’étranglement mondiaux en matière d’appro- très élevé en octobre, bien qu’il ait quelque peu baissé de- visionnement pèsent sur la reprise économique dans le puis son niveau record atteint en mai (graphique 23, ligne monde entier. Après l’effondrement du premier semestre bleue). En revanche, l’évolution de la production n’a pas 2020, la reprise économique a entraîné une forte hausse été jugée aussi positivement (ligne rouge). Cette situation de la demande de biens de consommation, tandis que la est probablement due en grande partie aux difficultés consommation de services est restée limitée du fait de la d’approvisionnement et à la hausse des prix des biens in- pandémie. Les capacités de production, notamment dans termédiaires. Certes, les stocks d’intrants ont été progres- les pays asiatiques, n’ont donc pas pu suivre. Les capacités sivement augmentés depuis quelques mois (ligne noire), de transport maritime – navires, conteneurs, services de mais de très nombreuses entreprises ont encore signalé de manutention dans les ports – sont également saturées. Les longs délais de livraison et des prix d’achat en hausse (res- frais de transport ont ainsi massivement augmenté pectivement lignes verte et jaune). En conséquence, la (graphique 22), ce qui se traduit non seulement par une forte demande des derniers mois a également été cou- forte hausse des prix de l’énergie, mais aussi par des aug- verte par une réduction graduelle des stocks de produits mentations similaires des prix d’achat pour les entreprises. finis (ligne pointillée). graphique 22 : Coûts du transport maritime de graphique 23 : Indice des directeurs d’achats pour conteneurs l’industrie, Suisse coûts moyens d’affrètement en dollars américains sous-indices, désaisonnalisés, seuil de croissance = 50 4500 100 4000 90 80 3500 70 3000 60 2500 50 40 2000 30 1500 20 1000 2017 2018 2019 2020 2021 500 production carnets de commandes 0 prix d'achat délais de livraison 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 stock d'intrants stock de produits finis source : CS / Procure source : Harper Petersen & Co Cette situation a été fortement aggravée par la fermeture En octobre, 48 % des entreprises industrielles ont déclaré temporaire de grands ports chinois durant l’été en raison que la production était restreinte par le manque de ma- de la pandémie. À cela s’ajoutent des pénuries d’électricité tières premières et de biens intermédiaires – dues à des directives environnementales en Chine – qui (graphique 24) 6. Les secteurs industriels sont diversement ont entraîné des pertes de production et renforcé à leur touchés par les pénuries de produits intermédiaires. La tour les problèmes d’approvisionnement touchant divers construction automobile a été particulièrement impactée, produits intermédiaires 5. Au niveau international, les en- toutes les entreprises interrogées faisant état d’entraves à treprises manufacturières sont confrontées à des goulets la production. Mais de plus en plus de pénuries ont égale- d’étranglement, notamment dans l’approvisionnement en ment été signalées dans l’industrie électrique la produc- métaux et en bois, mais aussi en composants électro- tion de caoutchouc et de matières plastiques ainsi que niques, en matières plastiques ainsi qu’en produits chi- dans la construction mécanique. En comparaison interna- miques et pharmaceutiques. tionale, la situation de l’industrie suisse est donc similaire à celle de nos voisins européens. Les problèmes de livraison freinent actuellement la reprise conjoncturelle en Suisse. Le carnet de commandes est Si les carnets de commandes du secteur manufacturier certes encore très bien rempli. Le sous-indice concerné de dans la zone euro sont toujours très bien remplis à l’heure l’indice des directeurs d’achat s’est maintenu à un niveau actuelle, il n’en reste pas moins que les obstacles à la pro- 5 Une partie de la production de magnésium, en Chine par exemple, a été interrompue. Le magnésium est un produit de base important pour la production d’aluminium et la Chine est le plus grand producteur mondial. Les représentants de la branche en Europe craignent des pertes de production imminentes pour la production nationale d’aluminium. 6 Cette question spécifique n’a été posée par le KOF que depuis le printemps 2021. Une comparaison historique n’est donc pas possible, mais le niveau « normal » des obstacles à la production devrait être nettement inférieur (à ce propos, voir la zone euro au graphique 25). Tendances conjoncturelles SECO │ Hiver 2021/2022 11
ENCADRÉ : CONSÉQUENCES DES DIFFICULTÉS D’APPROVISIONNEMENT POUR LA SUISSE ET LA ZONE EURO duction dus à la pénurie de matériaux ont atteint des ni- produits intermédiaires tels que les puces et les semi-con- veaux sans précédent : en octobre, 51 % des entreprises ducteurs, la production dans ce secteur industriel a été ré- du secteur manufacturier ont déclaré que leur production duite de manière assez importante. était entravée par le manque de matières premières et de biens intermédiaires. Les entreprises le plus impactées En dépit d’augmentations de la production, la forte de- sont celles du secteur de la construction automobile, sui- mande dans l’industrie manufacturière a dû être partielle- vies par les fabricants d’équipements électriques et élec- ment couverte en recourant aux stocks de produits finis. troniques (graphique 25). L’industrie allemande est parti- Environ 17 % des entreprises de la zone euro estiment que culièrement touchée (86 %) en raison de sa structure sec- les stocks actuels sont trop faibles. Le solde de cette en- torielle, tandis que des difficultés sont signalées dans une quête (écart entre réponses positives et négatives) était de moindre mesure en Autriche (49 %), en France (43 %), en −8 %, proche du plus bas niveau historique enregistré de- Espagne (27 %) et en Italie (18 %). puis les débuts de l’enquête en 1991. Le solde négatif est particulièrement marqué chez les constructeurs automo- graphique 24 : Entraves à la production par pénurie de biles (−31 %) ainsi que chez les fabricants de produits phar- matières premières et de biens intermédiaires en Suisse maceutiques (−17 %) et d’équipements électriques divers secteurs, en % des entreprises interrogées (−14 %). total meubles graphique 26 : Enquêtes dans l’industrie manufacturière électronique de la zone euro soldes, désaisonnalisés, en % produits métalliques 50 métallurgie 40 machines 30 caoutchouc et plastique 20 10 équipement électrique 0 véhicules motorisés -10 -20 0 20 40 60 80 100 -30 mai 2021 octobre 2021 -40 -50 source : KOF 2017 2018 2019 2020 2021 évolution de la production évolution attendue des prix graphique 25 : Entraves à la production par pénurie de stock de produits finis biens intermédiaires et de capacités, zone euro source : DG ECFIN divers secteurs, en % des entreprises interrogées industrie pharma Tant en Suisse que dans la zone euro, il faut s’attendre à produits métalliques certaines répercussions des hausses de prix par les entre- total prises industrielles. En Suisse, une très forte proportion autres véhicules d’entreprises a l’intention d’augmenter ses prix de vente machines au cours des prochains mois : le résultat obtenu par cette caoutchouc et plastique enquête du KOF a atteint en octobre son plus haut niveau électronique depuis 20 ans. Les résultats d’un sondage réalisé en oc- équipement électrique tobre par Economiesuisse indiquaient que près de 60 % véhicules motorisés des entreprises et des associations interrogées pré- 0 20 40 60 80 voyaient de le faire 7. Cela se reflète déjà dans l’évolution moyenne 1990−2019 octobre 2021 des prix à la production qui, par rapport à octobre 2020, source : DG ECFIN ont augmenté de 3,1 %, ce qui n’était plus arrivé depuis la Grande Récession. Les hausses ont été particulièrement En dépit des goulets d’étranglement actuels, la plupart des marquées pour les biens intermédiaires et les biens d’équi- entreprises de la zone euro ont pu continuer d’augmenter pement, mais les biens de consommation ont également leur production au cours des derniers mois, même si c’est été touchés. En conséquence, selon l’indice national des à un rythme ralenti (graphique 26). La construction auto- prix à la consommation, l’inflation pour les biens de con- mobile constitue une exception notable : vu le manque de sommation durables (par ex. les meubles, les appareils mé- nagers, les voitures, les ordinateurs) au cours des derniers mois a été la plus forte depuis 1990. Dans la zone euro éga- 7 https://www.economiesuisse.ch/fr/articles/les-penuries-deviennent-un-risque-conjoncturel 12 Tendances conjoncturelles SECO │ Hiver 2021/2022
SITUATION DE L’ÉCONOMIE SUISSE lement, plus de 40 % des entreprises manufacturières in- productivité qui en découle dans de nombreux ports de- terrogées prévoient déjà d’augmenter encore leurs prix vraient perdurer. D’autre part, il faut du temps pour que dans les mois à venir. Le solde de cette enquête a atteint les conteneurs « bloqués » arrivent à nouveau dans les récemment un niveau sans précédent (graphique 26). Ces ports souhaités, car les capacités de transport sont sur- derniers mois, les prix à la production ont déjà sensible- chargées. Or il ne faut pas s’attendre à de nouvelles capa- ment augmenté. L’ampleur des augmentations de prix cités substantielles avant 2023. Comme le montrent les ré- dans les mois à venir et la part qui pourra être répercutée sultats de l’enquête d’Economiesuisse, de nombreuses en- sur la clientèle varieront probablement d’un secteur à treprises tentent de diversifier ou de régionaliser leurs l’autre. Dans l’ensemble, la pression sur les prix devrait chaînes d’approvisionnement. Mais cela ne devrait pas se toutefois rester élevée au niveau international durant les traduire par une détente sensible avant plusieurs tri- mois qui viennent. mestres. En même temps, il existe un besoin de reconsti- tuer les faibles stocks, ce qui devrait maintenir la demande, Ce d’autant plus que les difficultés d’approvisionnement donc les prix, à un niveau élevé. devraient globalement durer encore un certain temps. Ainsi, les compagnies de navigation estiment que les dys- fonctionnements dans le transport maritime de conte- neurs ne pourront être complètement corrigés que dans Rédaction : Stefan Neuwirth (SECO, secteur Conjoncture) un an. D’une part, les mesures d’hygiène et la baisse de Tendances conjoncturelles SECO │ Hiver 2021/2022 13
MARCHÉ DU TRAVAIL Marché du travail Après une légère hausse en début d’année, le nombre (4,8 %). Mais c’est aussi le secteur qui a enregistré la plus désaisonnalisé de chômeurs a diminué d’environ 3 900 forte baisse. Fin octobre 2021, elle était tombée à 5,7 %, par mois en moyenne entre fin février 2021 et octobre occupant ainsi toujours la première place dans la compa- 2021, pour s’établir à 123 200 fin octobre. Durant cette raison intersectorielle, mais l’écart absolu (en points de période, le taux de chômage s’est abaissé, passant de pourcentage) par rapport aux autres secteurs s’était déjà 3,3 % à 2,7 %. Les deux tiers de l’augmentation due à la considérablement réduit. crise étaient ainsi compensés. Baissant également, le taux de demandeurs d’emploi 8 est passé de 5,4 % à 4,5 % graphique 28 : Taux de chômage, divers secteurs entre fin février et fin octobre 2021. Le nombre désaison- valeurs corrigées des variations saisonnières et aléatoires, nalisé de demandeurs d’emploi s’élevait à 210 300 fin oc- en % de la population active ; entre parenthèses : codes NOGA tobre 2021 (graphique 27), soit 58 % de la hausse obser- des secteurs d’activité économique vée pendant la crise. 10 9.8 8 7.6 graphique 27 : Taux de chômage et de demandeurs 5.9 6.1 6 5.7 5.2 4.8 4.7 d’emploi 4.7 4.3 4.2 4.2 4.2 valeurs corrigées des variations saisonnières et aléatoires, 4 4.9 4.8 3.6 3.5 3.3 2.9 2.8 3.9 3.7 en % de la population active 3.4 3.1 2 2.9 2.7 2.6 5.5 0 réc. (Noga 90-93) services admin ind. automobile (Noga 2652) électro, optique (Noga 55-56) (Noga 41-43) (Noga 24-25) (Noga 45-47) construction héb., restau. 5.0 arts, spect., act. métallurgie (Noga 77-82) horlogerie commerce (Noga 29-30) (Noga 26-27) 4.5 4.0 3.5 fin fév. 20 fin oct. 21 maximum fin fév 20 - fin oct 21 3.0 source : SECO 2.5 graphique 29 : Taux de chômage, divers secteurs 2.0 valeurs corrigées des variations saisonnières et aléatoires, 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 en % de la population active taux de demandeurs d'emploi taux de chômage 11 source : SECO 9 La plupart des secteurs dans lesquelles le taux de chô- 7 mage était déjà plus élevé à fin février 2020 ont d’abord connu, du fait de la crise due au coronavirus, une hausse 5 plus importante du taux de chômage (en points de pour- 3 centage) mais ont ensuite enregistré une reprise d’au- tant plus forte (graphique 28, graphique 29). Les sec- 1 teurs ont certes été inégalement touchées, mais depuis 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 environ deux trimestres, le rapprochement avec leurs va- ind. manufact (Noga 10-33) héb., restauration (Noga 55-56) leurs d’avant la crise se poursuit à un rythme soutenu construction (Noga 41-43) commerce (Noga 45-47) dans pratiquement tous les secteurs. L’hôtellerie-restau- santé, sociale (Noga 86-88) ration reste particulièrement affectée par la crise, car elle source : SECO a dû faire face entre-temps à une hausse beaucoup plus forte que tous les autres secteurs, non seulement en va- Par rapport au pic atteint durant la pandémie, le taux de leur absolue, mais aussi en valeur relative par rapport au chômage désaisonnalisé à fin octobre 2021 a diminué de niveau de départ. En février 2021, le taux de chômage bien plus de 50 % dans tous les sous-groupes obser- désaisonnalisé dans l’hôtellerie et la restauration était de vables. Seule la tranche d’âge de 50 à 64 ans a connu une 9,8 %, soit plus du double de celui de février 2020 baisse moins importante, mais la hausse antérieure du 8 Les demandeurs d’emploi comprennent les chômeurs inscrits auprès d’un office régional de placement (ORP) et les demandeurs d’emploi non chômeurs. Ces derniers comprennent les personnes qui occupent toujours un emploi aux termes d’un contrat ayant fait l’objet d’un préavis de résiliation, qui dispo- sent d’un revenu intermédiaire, qui participent à une mesure active du marché du travail (p. ex. un programme d’emploi temporaire ou une formation complémentaire) ou qui, en raison par exemple d’une maladie, ne sont pas immédiatement disponibles. 14 Tendances conjoncturelles SECO │ Hiver 2021/2022
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