TERREUR, RÉVOLUTION ET THE DARK KNIGHT RISES - CECRI
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Numéro 2 - 20 janvier 2018 THE DARK KNIGHT RISES TERREUR, RÉVOLUTION ET MYTHE D’UNE NATION Rodrigue DELRUE Graduate student - International Relations Université catholique de Louvain « L’idée l’a traversé, comme The Dark Knight, 2008 [2e opus] ; In- s’échapper et à vaincre Bane (après pour toi et moi, et il a été le premier ception, 2010 ; Interstellar, 2014). Le une bataille finale impliquant poli- Batman. Et il est resté Batman long- réalisateur co-scénarise le projet au ciers de Gotham, pro-Batman, et la temps… Jusqu’à ce qu’il devienne côté son frère Jonathan. Le film est milice du terroriste, anti-Batman), vieux et fatigué et que la ville soit chapeauté par une co-production an- sauvant ainsi la ville du mal. en paix. Depuis, il y a eu presque dix glo-américaine4. générations de nous. Il y a eu bien des Après sa sortie, le film est plongé menaces… Mais il y a aussi toujours L’histoire se déroule dans la ville fic- dans controverse : le ‘Batman’ de No- eu un Batman pour les combattre. » tive de Gotham (inspirée de New lan serait réactionnaire. Par ailleurs, York) huit ans après les événements Bane, l’ennemi principal, est récupéré 26e Batman. du Dark Knight. Bruce Wayne (Chris- comme avatar du mouvement an- S. SNYDER, S. MURPHY, M. HOLLING- tian Bale), dilettante millionnaire de ti-establishment Occupy Wall Street. SWORTH, J. LEE, « Vingt-Sept », DC jour, justicier de nuit sous les traits du Comment l’œuvre de Nolan a-t-elle Comics, 2015, Coll. Detective Comics, Batman, s’est retiré de la lutte contre réussi à soulever un débat au sein du n°2 le crime. Huit années plus tôt, un ami peuple américain ? Bruce Wayne est- de Wayne, le procureur Harvey Dent il simplement conservateur ? Quels The Dark Knight Rises (TDKR) (Aaron Eckhart), s’était laissé corrom- éléments du film ont parlé au peu- sortait dans les salles obscures le 20 pre par le Joker (Heath Ledger) – ri- ple américain ?... Agrégés ensemble, juillet 20121 dans un contexte pour le val de Batman par excellence – tuant ces interrogations donnent lieu à une moins houleux. Le même jour, dans plusieurs officiers de police. Le Che- question plus englobante : quels sont un cinéma d’Aurora (Colorado), une valier Noir5 endossa la responsabilité les représentations et mythes collec- tuerie causée par un jeune homme de des crimes de Dent afin de mainte- tifs véhiculés par le positionnement 24 ans se faisant passer pour le Joker nir la validité d’un acte rédigé par ce politique du film The Dark Knight Ris- teinta de rouge la diffusion améric- dernier, permettant de faire enfer- es ? aine du film. Cela ne l’empêchera pas mer une majorité de la pègre de Go- d’engranger un succès important, classant le film au troisième rang des tham. Alors reclus dans son manoir, SuperhéroS, mytheS, une nouvelle menace apparait : Bane meilleurs week-end d’ouvertures de repréSentationS et poli- (Tom Hardy)6, un mercenaire-terror- l’histoire du cinéma2. De plus, il fera iste souhaitant voir la destruction de tique partie pendant un certain temps des Gotham et de Batman. Face à cette dix plus grands succès du grand écran menace, Wayne ne peut rester de Selon Kracauer, le cinéma avec un box-office estimé à un milliard marbre et reprend son costume pour permet, plus que toute autre forme de dollars3. Le film est le troisième sauver la ville. Bruce est fait prison- de média, de refléter la mentalité opus d’une trilogie consacrée à Bat- nier après un premier combat perdu d’une nation. L’auteur allemand jus- man réalisée par Christopher Nolan face au terroriste, laissant Gotham tifie ce postulat de la manière suiv- (Memento, 2000 ; Batman Begins, sous le joug de Bane. Cependant, ante : 1) les productions cinémato- 2005 [1er opus] ; Prestige, 2006 ; Batman, rompu à la survie, réussira à graphiques ne sont jamais le travail 1
d’un seul homme, elles font appel à tant que vecteur des représentations et mythes collectifs véhiculés par le une pléthore de personnes où chacun mentales politico-socio-culturelles positionnement politique du film The peut apporter son humble contribu- américaines9. Dark Knight Rises ? tion – pour peu que les producteurs et réalisateurs tendent l’oreille ; 2) dans Les récits développés au cinéma et terreur anti-Es- et dans les comics sont ici entendus un jeu de socialisation, Hollywood et tablishmEnt chez un cheva- le grand public se renvoient la balle : selon l’une des assertions de Litz stipulant que : « si […] tout récit est lier noir réac’ à court terme les studios de cinéma délivrent des productions qu’ils veu- la représentation d’un événement La culture populaire – tant lent voir désirées par le public, mais (fictif ou réel), tout récit pourra alors dans les comics qu’au cinéma – a tou- à long terme c’est ce que l’audience être porteur de mythes, qu’il soit jours été mêlée à la politique. Les œu- souhaite voir qui caractérise la na- une pure fiction […] ou strict compte vres relevant de la pop culture sont ture des films. Ainsi le cinéma est-il rendu de fait divers »10 – où le mythe donc un moyen effectif pour prendre le reflet des représentations de l’in- peut être compris, en combinant les la température de l’opinion publique conscient collectif d’une nation – une définitions de Morin11 et Eliade12, et – comme mentionné précédem- disposition psychologique en deçà de comme un récit imaginaire revêtant ment – d’analyser les représentations l’état de conscience – où chaque film une facette de sacré entendu com- politiques d’une époque donnée19. brosse un tableau de la psychologie me vrai par un groupe de personnes, Dans son ouvrage War, Politics And historico-politique de son temps7. ancré dans la mémoire collective13. Si Superheroes, DiPaolo propose trois les mythes portent en eux une fac- éléments définissant le positionne- Si le sociologue allemand voit le ette sacrée, c’est parce qu’ils furent, ment politique d’un film : le poids cinéma comme le meilleur média en des temps reculés, des histoires politique, les thématiques abordées pour véhiculer l’inconscient collectif répondant aux angoisses existenti- et le ton. Le poids politique de l’œu- d’une nation, sa théorie peut être elles de notre création en faisant ap- vre est déterminé par le degré de aujourd’hui transférée aux comics, pel à des Etres Surnaturels14. L’avène- centralité du message politique, tan- un style de bande dessinée propre ment de la science replaça le discours dis que la facette progressiste-réac- à la culture américaine. D’une part, explicatif de la création du monde tionnaire est facteur de la manière la plupart des comics sont confec- (et de l’homme), laissant certains dont un film aborde les thématiques tionnés par des panels d’auteurs : mythes au placard de l’imaginaire de classes sociales, de l’image de la femme, de minorités, de nature, de plusieurs scénaristes et dessinateurs collectif15. Néanmoins, cela ne signi- violence et de sexualité. Une focale collaborent ensemble sur un seul fie pas que les mythes ont disparu. sera donnée ici aux thématiques les tome, chacun apportant sa pierre Moins prégnants que par le passé, ils plus saillantes de TDKR : la violence à l’édifice – l’éditeur en chef ayant sont repris dans les médias au sein et les classes sociales. De plus, le ton également son mot à dire dans le d’un processus de réactualisation est crucial dans la lecture politique processus de création. D’autre part, constant16. A cet égard, van Ypersele d’une œuvre pour déterminer si une les maisons d’éditions américaines note que « […] les récits mythiques œuvre verse dans le littéral ou la sa- (Detective Comics, Marvel…) font ne sont plus aussi unifiés qu’autre- tyre subtile20. Voyons d’un peu plus souvent appel au public afin de dé- fois. […] Cette dispersion de la dimen- près le premier élément, le poids terminer quels comics, héros ou his- sion mythologique dans le monde politique de l’œuvre. toires devraient prendre le devant contemporain explique pourquoi de la scène. Au fil des ans, les com- les historiens préfèrent de plus en De prime abord, Christopher Nolan ics – en particulier ceux centrés sur plus parler de ‘système de représen- n’apparait pas comme étant un réal- isateur engagé ou politisé. En 2012, des superhéros – se sont détachés de tations collectives’ plutôt que de il confiera au magazine Rolling Stone leurs auteurs originels pour passer ‘mythes’. »17 Les histoires des comics que s’il est possible de faire des con- entre les mains des meilleurs artistes et du genre cinématographique su- nections entre TDKR et l’univers poli- et scénaristes anglosaxons, chacun perhéros sont donc des récits grav- tique, celles-ci demeurent purement apportant son idéologie propre ainsi itant autour de la figure mythique fortuites – le but du réalisateur étant que la représentation du monde de d’un héros central qui réunit des d’envoyer un message universel sans leur temps. Aussi le comics se réac- éléments de l’inconscient collectif, aliéner quiconque21. Cela étant, si tualise-t-il constamment, illustrant la permettant aux lecteurs/spectateurs Christopher Nolan se perçoit comme mentalité d’une époque déterminée de s’y identifier et de construire leurs un conteur d’histoires universelles, – une thématique développée en fil- identités tout en calmant les angoiss- son œuvre n’est pas moins marquée igrane de l’ouvrage Les Chroniques es contemporaines (politiques, socia- par la centralité d’un message poli- de DC Comics de Cowsill, Irvine, les ou encore existentielles) qui les tique. En filigrane, The Dark Knight Manning et alii8. D’ailleurs, vers la taraudent18. TDKR n’échappe pas à la Rises apparait comme une œuvre fin du XXe siècle, le genre cinémato- règle. Il est ainsi possible de dévelop- réactionnaire dépeignant les ango- graphique superhéros – inspiré des per la question suivante en toile de isses d’une Amérique post-11 sep- comics – a surclassé le western en fond : quels sont les représentations tembre 2001 meurtrie par le krach 2
boursier de 2008. de The Dark Knight Rises, un glisse- le terrorisme moderne prend racine34 ment s’est opéré. La représentation ; The Cult, comics dans lequel le Dia- Les attentats du 11 septembre 2001 collective de la peur du terrorisme cre Blackfire lève une armée de sans- et la guerre contre le terrorisme ont se fond maintenant dans un ensem- abris pour éconduire et assassiner profondément marqué Hollywood et ble plus grand, la terreur des révo- des politiciens de Gotham ; et Knight- le genre superhéros22. A cet égard, lutions – un mythe puisé à la fois fall où Bane, après avoir vaincu Bat- Batman, aussi bien dans sa dimension dans les comics éminemment poli- man, instaure sa loi sur la ville. Aussi littéraire que cinématographique, a tiques ayant inspiré Nolan pour le The Dark Knight Rises réactualise-t-il toujours mis la terreur à l’honneur23, troisième volet sur Batman (The Cult, la représentation collective faite des une thématique magnifiée dans la 1988 ; The Dark Knight Returns, 1989 révolutions et de ses déviances ter- trilogie du Chevalier Noir. Un encart ; Knightfall, 1998 ; No Man’s Land, rorisantes. sur le premier film apparait néces- 1999), dans A Tale of Two Cities de saire : dans Batman Begins (1e opus Dickens (1859)27 et dans le contexte Si le « printemps arabe » et le mythe sorti en 2005), l’ennemi principal politique international entourant la de la terreur des révolutions peu- était l’ancien mentor de Batman, production de l’œuvre. Ce faisant, vent être perçus comme étant l’in- Ra’s al Ghul (La Tête du Démon en TDRK conjugue le passé au présent. fluence majeure de TDKR, l’évolution arabe), le chef de la société secrète des représentations du traumatisme (et terroriste) la Ligue des Ombres. Au moment où The Dark Knight Rises post-11 septembre et du terrorisme Le Démon désire détruire Gotham, est en production (2011-2012)28, des international n’en demeure pas emblème de la décadence humaine. mouvements arabes pro-démocratie, moins charnière. Sur le plan pure- Son projet ? Instiller la peur au cœur plus tard désignés par les médias com- ment narratif, The Dark Knight Rises de la ville par le biais d’un gaz halluci- me le « printemps arabe », prennent reprend bon nombre d’éléments de nogène tout en réduisant en miette la forme et s’affirment au Maghreb ain- Batman Begins. Comme tout bon Wayne Tower, symbole de l’opulence si qu’au Moyen-Orient29. Entamé en film de superhéros qui se respecte35, de la ville. Aussi est-il difficile de pas 2010 en Tunisie30, le « printemps ara- le premier opus offre une échappa- faire un parallèle avec Oussama Ben be », dans un effet domino, va s’éten- toire au monde réel meurtri par le Laden, Al Qaida et la destruction du dre à d’autres Etats jusqu’à atteindre 11 septembre en créant un univers World Trade Center24. Finalement, la Syrie en 201131 ; TDKR se fait mét- alternatif où le World Trade Cen- Ben Laden et Ra’s partagent un cer- aphore de ces événements. Ainsi est- ter (Wayne Tower) n’est pas tombé. tain nombre de traits communs, tant il possible de voir l’ordre établi dans Similairement, ‘Begins’ montrait le dans leurs discours que dans leurs le deuxième opus (The Dark Knight) démantèlement de la Ligue des Om- manières de s’en prendre à Gotham/ comme une forme de régime dicta- bres (Al Qaida) – symboliquement New York ou encore dans la diaboli- torial dont Batman serait le dirigeant illustré par la mort de Ra’s al Ghul sation faite de ceux-ci – imagée par – une thématique abordée dans (Oussama Ben Laden). Concernant ce le nom de Ra’s, « La Tête du Démon le comics The Dark Knight Returns passage allégorique, Batman Begins »25. La symbolique de la peur du ter- (1989) où le Chevalier Noir est dé- anticipait, sans le savoir, l’élimination rorisme est puissante tout au long peint sous les traits d’un fasciste. De de Ben Laden en 201136 – année du du film26, illustrée, entre autres, par même, Bane incarnerait l’image d’un tournage de TDKR. Par ailleurs, ce le gaz hallucinogène utilisé par le révolutionnaire voulant rendre Go- n’est pas parce que Ben Laden est Démon, révélateur des angoisses in- tham City au peuple, comme le mon- éliminé (ou qu’une guerre contre le conscientes des bons citoyens de Go- tre son discours devant la prison de terrorisme est en cours) qu’Al Qaida tham. De plus, et a contrario de l’in- Blackgate32 : « We take Gotham from a pour autant disparu. Ainsi découv- terview de Rolling Stone pour TDRK, the corrupt. The rich. The oppressors rons-nous au fil de l’intrigue de The Nolan reconnait que ‘Begins’ est à of generations who’ve kept you down Dark Knight Rises que Bane n’est au- l’image des temps troublés contem- with the myth of opportunity. And we tre que l’héritier spirituel de Ra’s al porains – néanmoins, il ajoutera que give it back to you, the people. Go- Ghul voulant compléter l’œuvre de les liens avec ces troubles lui sont tham is yours - none shall interfere. son maître. D’ailleurs, lorsque Bruce venus de manière inconsciente. Ainsi Do as you please... » Cette image de Wayne est grièvement blessé à la pouvons-nous voir en Batman Begins révolutionnaire se retrouve jusque suite de son premier combat contre l’illustration de l’angoisse collective dans le costume de Bane, le manteau Bane, une vision du Démon lui appa- générée par le 11 septembre. épousant la découpe de ceux ses ho- rait : « I told you I was immortal […]. mologues militaires du XVIIIe siècle33. There are many forms to immortali- Sept ans et un Joker plus tard, The Toutefois, après la prise de pouvoir ty. »37 Cette citation fait en quelque Dark Knight Rises s’inscrit clairement de Bane, une forme de « terrorisme sorte écho à l’un des discours de Ben dans le prolongement des représen- d’Etat » est mis en place ; Etat dans Laden, assurant que la lutte d’Al Qa- tations établies lors du premier volet lequel les opposants au mercenaire ida dépassait l’organisation même et de la trilogie. Toutefois, si l’image de sont sommairement exécutés par perdurerait dans le temps38. De plus, la terreur est omniprésente dans le des tribunaux révolutionnaires. Ces le nom même de Bane est lourd de troisième opus, sa dimension sym- éléments sont inspirés par : A Tale sens, signifiant le fléau en anglais ; bolique est bien moins prégnante of Two Cities de Dickens, relatant la un fléau qui au-delà de la destruc- que chez ses prédécesseurs : au sein période de la Terreur (1793-1794) où tion de Gotham désire briser Bat- 3
man physiquement et mentalement. de superhéros peuvent être réparties discours de Bane lors de son inaugu- A ce propos, Bane réussira à broyer en trois branches : « establishment, ration le 20 janvier 2017. Une inau- physiquement Batman après l’avoir anti-establishment et colonial. »43 guration qui sera surnommée « The décontenancé en lui rélévant qu’il Le film appartient clairement à la ‘Dark Knight’ Inauguration » par un connait sa véritable identité et l’en- première catégorie. Dans celle-ci, le journaliste du New York Times48. Les droit où il entrepose son arsenal. superhéros cherche à maintenir le similitudes des deux allocutions sont De même, le Fléau tentera de briser statu quo, défendant sa ville face à juxtaposées ci-dessous : mentalement Wayne en le forçant à une myriade d’ennemis comprenant regarder la destruction de Gotham notamment des terroristes. En effet, « […] Today we are not merely trans- depuis une prison, jouant sur la peur The Dark Knight Rises suit exacte- ferring power from one Administra- d’une vision de terreur. En ce sens, ment ce schéma : après huit ans sans tion to another, or from one party Bane célèbre un autre élément de criminalité, l’arrivée du terroriste to another – but we are transferring la représentation mentale du ter- Bane change la donne, forçant Bat- power from Washington, D.C. and rorisme : « sa capacité à frapper par man à reprendre du service. La vo- giving it back to you, the American surprise et sa bonne connaissance de lonté de maintenir le statu quo est People. For too long, a small group nos faiblesses.39 » illustré lorsque Bruce Wayne, alors in our nation’s Capital has reaped enfermé dans la prison de Bane, dis- the rewards of government while the Nous apprenons également que Bane, cute avec son geôlier44 de sa peur de people have borne the cost. […] The jugé trop extrême, avait été excom- la mort : « I fear dying in here while establishment protected itself, but munié de la Ligue des Ombres avant my city burns with no one there to not the citizens of our country. […] d’en reprendre le flambeau. Ainsi save it. » De même, le besoin de That all changes – starting right here, TDKR illustre-t-il la fragmentation sauver Gotham des terroristes prend and right now, because this moment d’Al Qaida et l’émergence de branch- forme dans la phrase suivante de Bat- is your moment: it belongs to you. […] es davantage radicalisées40. Pour clô- man lors de l’affrontement final : « I Everyone is listening to you now. » turer cette partie sur la représenta- came back to stop you [Bane]. » tion du terrorisme et de la terreur, il Donald J. Trump49 est intéressant de voir que The Dark Plus précisément, nous pouvons « We take Gotham from the corrupt. Knight Rises anticipa de deux ans la dire que The Dark Knight Rises est The rich. The oppressors of genera- montée en puissance de Daech. Ef- la métaphore d’un establishment tions who’ve kept you down with the fectivement, après avoir dérober de réactionnaire face à un mouvement myth of opportunity. And we give it l’argent sur les marchés financiers41, social anti-establishment. Pourquoi back to you, the people. Gotham is l’équipe du Fléau s’arroge l’arsenal du réactionnaire ? C’est ici que le deux- yours - none shall interfere. Do as you Batman42 pour enfin faire sienne la ième élément de la méthodologie please... » ville de Gotham et y régner en maitre de DiPaolo entre en jeu, à savoir la – représentant la nouveauté amenée manière dont certaines thématiques Bane par Daech : la territorialisation « qui socio-politiques sont abordées par Cela étant, Batman (l’homme de fait passer le terrorisme d’hier au un film, en l’occurrence : la violence l’élite), aidé de la police, finira par rang d’opérations de guerre ». Aussi et les classes sociales.45 A cet égard, mater la révolution de Bane (l’hom- pouvons-nous déceler en la bataille l’appropriation du film faite par les me du peuple). D’ailleurs, Batman finale opposant les forces de Bane classes sociales américaines appa- bafouera sa seule règle : « ne jamais aux forces de la police de Gotham, rait pertinente. A la sortie de TDKR, tuer. » Il le fait indirectement et sci- l’image d’une opération de guerre. le révolutionnaire Bane fut élu par emment en laissant soin à la police de le mouvement anti-establishment Finalement, en réinterprétant l’œu- dégainer ses armes pour attaquer la et anticapitaliste Occupy Wall Street vre de Dickens, en s’inspirant de milice de Bane, donnant un caractère comme avatar cinématographique46. comics à teneur politique, en puisant plus violent au film. Le but ultime du Le mouvement dit représenter les dans l’image du terrorisme du 11 Chevalier Noir n’est ni plus ni moins 99% de la population américaine ne septembre 2001 à Daech, Nolan tient de réprimer violemment la révolte supportant plus la corruption et la sa parole. Il incarne bel et bien l’im- de Bane et de restaurer l’ordre passé, vénalité du 1% restant – incluant pêle- age d’un conteur universel apolitique conférant une valeur conservatrice à mêle politiciens et banquiers47. Ainsi, dont l’œuvre charrie une symbolique l’œuvre de Nolan. En ce sens, Batman le discours prononcé par le Fléau face politique sous-jacente. Le réalisateur véhicule la terreur pour maintenir à la prison de Blackgate incarne-t-il livre une vérité intergénérationnelle, l’ordre, comme l’illustre cette phrase l’esprit anti-élite (bien établi dans le image de la représentation collective du commissaire Gordon (Gary Old- mythe de la révolution) grandissant de la violence politique et du mythe man) au policier John Blake (Joseph de par le monde au début des années de la terreur qui s’en suit. La central- Gordon-Levitt) : « There’s a point. Far 2010. Parallèlement, il est remarqua- ité du message politique est donc out there. When the structures fail ble de voir que le président Donald bien présente. you. When the rules aren’t weapons J. Trump, symbole de l’anti-establish- anymore, they’re shackles, letting * ment américain durant la campagne the bad get ahead. Maybe one day présidentielle précédent l’élection Selon DiPaolo, les histoires politisées you’ll have such a moment of crisis. de novembre 2016, paraphrasera le 4
And in that moment, I hope you have reur. Selon Kavadlo51, le Batman de fait partie des Pères Fondateurs de a friend [Batman] like I did. To plunge Nolan est caractérisé par un dilemme Gotham – faisant allusion au mythe their hands into the filth so you can qui ne s’explique pas entièrement. des Pères Fondateurs au sein même keep yours clean. » Aussi la volonté Le Chevalier Noir est sorte de Janus, de l’exceptionnalisme américain56. révolutionnaire est-elle détruite par source d’ambiguïté : il protège au- Dans ce comics, les Wayne veulent une violence de l’establishment, in- tant qu’il terrorise tout en nous ras- instaurer une ville providentielle, carnée par Batman et la police. surant vis-à-vis du futur, notamment faisant écho à la citation de John lorsqu’il finit par sauver Gotham du Winthrop : « we shall be as a City Néanmoins, catégoriser The Dark joug de Bane. D’ailleurs, cette dualité upon a Hill, the eyes of all people are Knight Rises comme étant unique- se retrouve également dans la nature upon us. »57 Ces mythes de Père Fon- ment réactionnaire serait une erreur. politique de l’œuvre : tantôt réac- dateurs et de nation providentielle En effet, le film possède également tionnaire, tantôt contestataire. Pour transparaissent également au ciné- quelques traits contestataires et pro- répondre en profondeur au dilemme ma, à la différence que le vecteur de gressistes, cachés derrière les visages de Kavadlo, citons Frank Underwood providence n’est pas Gotham, mais le d’Alfred Pennyworth (Michael Caine), (Kevin Spacey), personnage réaction- manoir et les générations de Wayne majordome de Bruce Wayne, et John naire dans une œuvre contestataire précédant Bruce. Références sont Blake, un policier faisant office de (House of Cards) : « take a step back, faites plusieurs fois dans la trilogie substitut à Robin – le jeune acolyte look at the bigger picture. » à ce manoir et cette lignée Wayne « de Batman dans les comics, souvent d’exception » : le manoir a servi de dépeint comme plus juste que son batman inc. : relec- refuge aux esclaves sous l’un des an- mentor50. A plusieurs reprises, Alfred tentera de pousser Bruce à abandon- ture du mythe de l’excep- cêtres de Bruce ; son arrière-grand- père a fait construire les trains de la ner Batman, symbole violent de l’or- tionaliSme américain52 ville ; le père de Batman participa à dre établi, pour ce qu’il est vraiment, la création d’un monorail pour faire Bruce Wayne, homme diplomate En effet, l’ambivalence mise en lumière par Kavadlo prend tout en sorte que la ville se développe ouvert d’esprit, possédant beaucoup de plus belle. Cette image de provi- de ressources qu’il pourrait partag- son sens avec un peu de recul. Aussi le film va-t-il bien au-delà d’une di- dence et de figure tutélaire apparaît er avec la ville : « Yes, this city needs distinctement à la fin de The Dark Bruce Wayne. Your resources, your chotomie entre terreur et protec- tion au sein de son positionnement Knight Rises lorsque Bruce, présumé knowledge... not your body. » Blake mort, lègue son manoir aux orph- quant à lui sermonnera le commis- politique, lui-même oscillant entre caractère réactionnaire et allusions elins de Gotham – un acte qui n’est saire Gordon, l’allié de Batman, autre pas sans rappeler le sonnet d’Emma représentant du statu quo qui n’a pas contestataires. La dualité de The Dark Knight Rises dépasse de loin ces Lazarus inscrit au pied de la Statue de hésiter à couvrir les horreurs du pro- la Liberté : « Give me your tired, your cureur Dent afin que soit maintenu éléments : elle représente la double ambivalence des grandes stratégies poor, Your huddled masses yearning l’acte sur la répression criminelle : « to breathe free, The wretched refuse These men, locked up in Blackgate américaines – où les éléments phy- siques caractérisant Batman (per- of your teeming shore. Send these, for eight years, denied parole un- the homeless, tempest-tost to me, I der the Dent Act. Based on a lie. […] sonnage, lieux, objets introduit au fil de la trilogie) participent à la réac- lift my lamp beside the golden door! Your hands look pretty filthy to me, » D’ailleurs, à la fin du film, Batman Commissioner. » Ce faisant The Dark tualisation du mythe de l’exception- nalisme américain53 : « le sentiment est immortalisé par la mairie au tra- Knight Rises montre les opportunités vers d’une statue commémorative à manquées par le Chevalier Noir et d’être une nation exceptionnelle, cet exceptionnalisme étant directement l’allure paternaliste, le Chevalier Noir Gordon pour rétablir une forme de toisant de haut les citoyens de Go- justice plus équitable, ce qui aurait lié à un sentiment d’être détenteur d’une mission envers le monde »54, tham. pu éviter à Gotham City bien des en- nuis. Aussi la terreur et l’ordre établi illustré par le concept de Destinée La naissance même du Batman et de par Batman sont-ils dénoncés com- Manifeste, remontant à l’arrivée des sa mission au cœur du manoir peut me étant la cause directe des mal- premiers colons à bord du Mayflower être perçue comme le symbole de heurs de la ville. sur le continent américain au XVIIe l’avènement de la Destinée Mani- siècle55. feste, définie comme une « […] con- Laconiquement, le film change de viction d’incarner une vérité politique ton pour se muer en satire. Ainsi Bat- Ainsi est-il possible de voir le Manoir Wayne comme l’avatar géographique sociale incontournable [la liberté, man (Etats-Unis) cause-t-il la mort la démocratie la justice], appelée (guerre contre le terrorisme) de Ra’s des Etats-Unis dans la trilogie. Situé hors des limites de Gotham City à s’imposer partout […] »58 Dans la al Ghul (Ben Laden) qui laisse place à première partie de ‘Begins’, Bruce, Bane (Daech) ; un homme se jouant (représentant le reste du monde), le manoir symbolise l’insularité du alors installé dans le salon du manoir, de l’ordre établi (establishment et définit son crédo : apporter la justice capitalisme) pour y instaurer sa loi continent américain et plus en- core… Dans la saga The Court of Owls et la paix à Gotham. Pour mener à révolutionnaire (anti-establishment). bien ce fardeau, il a besoin d’un sym- Le Chevalier Noir est source de ter- (2013), le scénariste Scott Snyder dé- peint la famille Wayne comme ayant bole ; un symbole lui apparaissant 5
sous une forme de chauve-souris à la suite de la guerre en Irak et du la dissémination d’ « hommes » iden- voletant dans l’un des coins de la krach boursier de 2008. L’affaiblisse- tiques (tels que les mercenaires de pièce. Pour paraphraser Tocqueville, ment de Bruce est imputé à la paix Bane, totalement interchangeables Bruce Wayne – comme les Améric- régnant sur Gotham et la manière entre eux) sur un damier pour don- ains – ressent le besoin de se lancer dont il l’avait imposé – bien illus- ner l’illusion d’une logique mal-coor- dans une croisade (un élément que tré par une phrase de Bane durant donnée72. Ce n’est que vers le milieu nous retrouvons dans le sobriquet de son premier combat avec le Cheva- de partie que les liens entre les pièces Chevalier Noir) pour améliorer son lier Noir : « Peace has cost you your du jeu prendront sens – exactement destin et celui des autres59. Par ail- strength ! Victory has defeated you ! comme le plan de Bane, apparaissant leurs, Batman représente aussi d’au- ». Cela étant, le déclin n’est que rela- peu accordé, voire illogique au début tres mythes américains nichés sous tif, puisque l’homme chauve-souris du film. Tous les protagonistes (bons la coupole de l’exceptionnalisme : le réussira à reprendre du poil de la comme mauvais) se feront avoir par mythe de l’individualisme et du self- bête pour vaincre le Fléau ; autre le maître stratège. made man60 (Batman s’étant fait tout image du caractère cyclique de la seul, tant physiquement que mental- puissance américaine. Jusqu’à son Ce n’est qu’à la fin de The Dark Knight ement, donnant l’image mythique de premier combat face à Bane, Batman Rises que Batman cèdera sa place à l’homme américain qui a réussi). se fait métaphore de la stratégie de un autre, John Blake, un homme plus l’engagement sélectif – tentant de juste et conciliant, disposant d’une Pour accomplir leurs Destinés mani- maintenir la paix fragile de Gotham aversion aux armes à feu. Batman festes, les Américains et Batman ont en discutant avec les différents pro- s’efface de la scène de Gotham pour besoin de stratégies, caractérisées tagonistes (Gordon, Catwoman, laisser cours à une sécurité coopéra- par l’utilisation de certaines méth- Blake, Alfred) tout en s’impliquant de tive plus idéaliste, illustrée par l’unifi- odes et moyens61. Ces stratégies manière retenue face au Fléau68. cation de toutes les couches sociales sont caractérisées par une double de la ville autour de la statue com- ambivalence entre messianisme et Par la suite, du premier combat face mémorative du Chevalier Noir73. Ce pragmatisme d’une part et, d’autre à Bane jusqu’à son retour à Gotham, passage de flambeau souligne le car- part, isolationnisme et intervention- Bruce s’engage dans une stratégie de actère immuable de la Destinée Man- nisme62. Ces dualités découlent de primauté. Batman est primus solus, ifeste au sein de politique étrangère l’opposition entre deux grands cou- le seul capable de vaincre Bane, le des Etats-Unis et de ses grandes rants idéologiques américains : « le seul ayant les capacités et les res- stratégies, et cela malgré les aléas de premier incarné par des présidents sources pour maintenir l’ordre. Ainsi la scène internationale. En ce sens comme Jefferson et Wilson, défend Bruce mettra donc la focale sur l’ex- The Dark Knight Rises rassure la pop- une vision idéaliste des relations in- pansion de sa puissance en prison ulation américaine : il y aura toujours ternationales ; le second incarné par en vue d’en découdre avec Bane69. un Batman pour contrer les menaces, A. Hamilton et T. Roosevelt défend D’ailleurs, si Batman et Gotham City il y aura toujours la Destinée Mani- le principe de la Realpolitik. »63 A représentent respectivement les feste pour guider le peuple américain cet égard, The Dark Knight Rises est Etats-Unis et l’échiquier internation- face aux défis internationaux. fonction allégorique de ces stratégies al (cf. page 8), le Fléau symbolise les américaines idéologiquement nour- potentiels challengers de l’ordre in- * ries : néo-isolationnisme, engage- ternational (le Dent Act)70. En effet, En fin de compte, The Dark Knight ment sélectif, sécurité coopérative et lors d’une interview, la costumière Rises suit bel et bien la théorie de primauté64. de TDKR expliqua que les vêtements Kracauer, reflétant les mythes et les de Bane étaient censés représent- représentations collectives au sein Le début du film représente un Bruce er les différents endroits où il avait isolationniste, reclus du monde de de l’Amérique contemporaine. Au vécu en tant que mercenaire. Aussi travers de la figure mythique d’un Gotham après y avoir établi l’ordre Bane n’a-t-il pas une identité propre (par le truchement du Dent Act) superhéros, l’œuvre de Christopher et unique, pouvant représenter tour Nolan livre une interprétation perti- – un ordre apparenté à celui inter- à tour la Chine, la Russie ou toute au- national au lendemain de la Guerre nente du mythe de la terreur et de tre puissance mécontente de l’ordre la révolution, répondant aux ango- froide, déjà grandement forgé par les international instauré par les Etats- Etats-Unis au sortir de la Deuxième isses d’une population traumatisée Unis. Un rapprochement peut tout par les attentats du 11 septembre Guerre mondiale65. Gotham est donc de même être fait entre la Chine et caractérisée par un moment unipo- 2001 et le krach boursier de 2008, le Bane, notamment dans la manière tout étant ancré dans un positionne- laire66 de l’homme chauve-souris. dont le Fléau s’arroge le pouvoir de la Cependant huit ans se sont écoulés ment politique tantôt réactionnaire, ville. En effet, en bon stratège, Bane tantôt contestataire. Mais c’est en et Bruce Wayne apparait comme un érige un plan lent et subtil en prenant homme aigri et blessé. « L’hyperpuis- prenant du recul qu’il est possible peu à peu le contrôle des égouts de de voir l’intérêt sous-jacent de The sance » de Batman, pour reprendre la ville, tissant un réseau terroriste les mots d’Hubert Védrine67 dans sa Dark Knight Rises à l’égard des rela- sous Gotham à la manière du jeu de tions internationales : le Chevalier définition des Etats-Unis au lende- Go chinois – la grande stratégie poli- main de la Guerre froide, est sur le Noir réactualise pêle-mêle le mythe tique chinoise71. Celle-ci s’illustre par de l’exceptionnalisme américain, les déclin ; allégorie du déclin américain 6
différentes grandes stratégies em- direction de), Questions d’histoire pp.47-48. ployées par Washington dans la con- contemporaines : conflits, mémoires duite de sa politique étrangère ainsi et identités, Paris : PUF – Quadrige. 12 M. ELIADE, Aspects du mythe, Pa- que la vision du challenger de l’ordre Manuels, 2006, 256 p. ris : Gallimard, 1963, pp.15-16. international. Si Christopher Nolan 13 L. VAN YPERSELE, « Des mythes ne se pose pas en intellectuel engagé, noteS de fin contemporains aux représentations son œuvre n’en demeure pas moins 1 IMDB, Release info, s.l. : Imdb.com collectives », in L. VAN YPERSELE politisée, voire internationalisée. (sous la direction de), Questions inc., https://tinyurl.com/kt2xvjq, d’histoire contemporaines : conflits, orientationS bibli- consulté le 7 mai 2017. mémoires et identités, Paris : PUF – ographiqueS 2 LE MONDE, « ‘Batman’ en tête des Quadrige. Manuels, 2006, p.34. entrées aux Etats-Unis malgré la tue- monographieS 14 « […] Le mythe raconte une his- rie dans le Colorado », Le Monde, 24 juillet 2012. n.d.a : Depuis lors, le film toire sacrée ; il relate un événement TCOWSILL Alan, IRVINE Alex, MAN- a été relégué plus loin dans le classe- qui a eu lieu dans le temps primor- NING Matthew K., et alii, Les chro- ment, aux alentours de la 10e place. dial […]. Autrement dit, le mythe ra- niques de DC Comics, Paris : Tournon- conte comment, grâce aux exploits Semic, 2011, 352 p. 3 ALLOCINE, Secrets de tournage : des Êtres Surnaturels, une réalité est DiPAOLO Marc, War, Politics And Su- The Dark Knight Rises, Levallois-Per- venue à l’existence […]. C’est cette perheroes: Ethics and Propaganda in ret : AlloCiné SA, s.d., https://tinyurl. irruption du sacré qui fonde réelle- Comics and Film, Jefferson : McFar- com/lml8bko, consulté le 7 mai 2017. ment le monde et qui le fait tel qu’il land & Company, Inc., 2011, 330 p. est aujourd’hui. » Mircea ELIADE, op. 4 IMDB, The Dark Knight Rises, s.l. : cit., pp.15-16. ELIADE Mircea, Aspects du mythe, Imdb.com inc., https://tinyurl.com/ Paris : Gallimard, 1963, 247 p. lg79hua, consulté le 7 mai 2017. 15 Laurence VAN YPERSELE, op. cit., pp.34-35. KAVADLO Jesse, American Popular 5 L’un des multiples surnoms de Bat- Culture in the Era of Terror, Santa man. 16 Idem, p.35. Barbara : Praeger, 2015, 218 p. 6 Dû à une temps d’écran trop tardi- 17 Idem, pp.35-36 KRACAUER Siegfried, From Caligari vement alloué au personnage de Mi- randa Tate/Talia al Ghul (Marion Co- 18 M. DiPAOLO, War, Politics And Su- to Hitler : A Psychological History of tillard), cette analyse fera l’impasse perheroes: Ethics and Propaganda in the German Film, Edition révisée et sur le personnage. Comics and Film, Jefferson : McFar- augmentée, Princeton : Princeton land & Company, Inc., 2011, pp.16- University Press, 2004, 348 p. 7 S. KRACAUER, From Caligari to Hit- 19. LITZ Marc, Du récit au récit média- ler : a psychological history of the German film, Edition révisée et aug- 19 C. DEIS, « The Subjective Poli- tique, Bruxelles : De Boeck Universi- mentée, Princeton : Princeton Uni- tics of the Supervillain », in Robin S. té, 2008, 235 p. versity Press, 2004, pp.3-11. ROSENBERG, Peter COOGAN (sous la MORIN Edgard, La rumeur d’Orléans, direction de), op. cit., s.p. Paris : Seuil, 1969, 252 p. 8 A. COWSILL, A. IRVINE, M.K. MAN- NING et alii, Les chroniques de DC 20 Marc DiPAOLO, op. cit., p.39 ; STRUYE de SWIELANDE Tanguy, Duel Comics, Paris : Tournon-Semic, 2011, pp.41-45. entre l’Aigle et le Dragon pour le lead- pp.1-342. 21 ROLLING STONE, « Christopher ership mondial, Bruxelles : P.I.E. Peter 9 P. COOGAN, « The Hero Defines the Nolan: ‘Dark Knight Rises’ Isn’t Poli- Lang, Coll. « Géopolitique et résolu- Genre, the Genre Defines the Hero tical », Rolling Stone, 20 juillet 2012, tion des conflits, 2015, 276 p. », in R. S. ROSENBERG, P. COOGAN https://tinyurl.com/734q8gy, consul- ouvrageS collectifS (sous la direction de), What Is a Su- té le 6 mai 2017. perhero?, New York : Oxford Univer- 22 Marc DiPAOLO, op. cit., p.39 ; CHALIAND Gérard, BLIN Arnaud (sous sity Press, 2013, s.p. pp.18-19. la direction de), Histoire du terror- isme de l’Antiquité à Daech, Paris : 10 M. LITZ, Du récit au récit média- 23 Tant dans ces personnages (le Fayard, 2015, 836 p. tique, Bruxelles : De Boeck Universi- Joker, un anarchiste radical symboli- té, 2008, 235 p.20. sant le chaos ; L’épouvantail, utilisant ROSENBERG Robin S., COOGAN Peter (sous la direction de), What Is a Su- 11 « […] un récit imaginaire, organisé d’un gaz hallucinogène donnant des perhero?, New York : Oxford Univer- et cohérent selon une logique psy- visions de terreurs ; Le Dollmaker, sity Press, 2013, 200 p. cho-affective, qui prétend se fonder un psychopathe cannibale adorant en réalité et en vérité » E. MORIN, La transformer les gens en poupées ; VAN YPERSELE Laurence (sous la Killer Croc, un homme crocodile tapis rumeur d’Orléans, Paris : Seuil, 1969, 7
dans les rues de Gotham et… Bat- sa jeunesse physique lorsqu’il de- 9 mai 2017. Emphases ajoutées. man lui-même, symbole inversé de vient trop vieux. la terreur) que dans ses lieux (l’Asile 50 Cela s’applique spécialement à d’Arkham – endroit où sont enfermés 38 C’est aussi une référence à ‘Be- Dick Grayson et Tim Drake, respecti- la plupart des ennemis du Chevalier gins’ où Ra’s expliqua que la Ligue a vement premier et troisième Robin. Noir – inspiré des nouvelles horri- vécu sous de nombreux noms depuis des temps immémoriaux, faisant ain- 51 Jesse KAVADLO, op. cit., pp.177- fiques de H.P. Lovecraft). 179. si appel aux Zélotes et Assassins deux 24 Marc DiPAOLO, op. cit., p.39 ; sectes de la ‘préhistoire du terro- 52 Batman Inc. est une référence à pp.49-55. risme’. Pour plus d’information, voir l’excellent comics de Grant Morrison. : G. CHALIAND, A. BLIN, « Zélotes et Dans celui-ci Batman établit un ré- 25 J. KAVADLO, American Popular Assassins », in Gérard CHALIAND, Ar- Culture in the Era of Terror, Santa seau international de superhéros : la naud BLIN (sous la direction de), op. « Bat-family » étendue. Barbara : Praeger, 2015, p.166. cit., pp.71-104. 26 Idem., pp.164-169. 53 P. HEIKE, The Myths that Made 39 Gérard CHALIAND, op. cit., p.641. America, An Introduction to Ameri- 27 F. WICKMAN, Rises « The Dicken- 40 Idem., p.654. can Studies, Leck : Knowledge Un- sian Aspects of The Dark Knight », latched, 2014, pp.11-14. Slate, 21 juillet 2012. 41 A. IZAMBARD, « Pourquoi l’Etat is- lamique est assis sur une ‘montagne 54 T. STRUYE de SWIELANDE, Duel 28 IMDB, The Dark Knight Rises, op. d’or’ », Challenges, 9 février 2015. entre l’Aigle et le Dragon pour le lea- cit., https://tinyurl.com/lg79hua, dership mondial, Bruxelles : P.I.E. Pe- consulté le 7 mai 2017. 42 AFP et L’EXPRESS, « Les troupes ter Lang, Coll. « Géopolitique et réso- américaines abandonnent des armes lution des conflits, 2015, pp.161-162. 29 G. CHALIAND, « Le jidhadisme à à Daech en Afghanistan », L’Express, l’heure de Daech », in G. CHALIAND, 10 août 2016. 55 Idem., pp.166-167. A. BLIN (sous la direction de), Histoire du terrorisme de l’Antiquité à Daech, 43 M. DiPAOLO, op. cit., p.12. Libre- 56 Paul HEIKE, op. cit., pp.11-14; Paris : Fayard, 2015, p.645. ment traduit de l’anglais. pp.197-255. 30 E. GELABERT, « Le Printemps arabe 44 Un prisonnier dont l’allégeance 57 Tanguy STRUYE de SWIELANDE, en perspective », Cahiers de l’Action, revient à Bane op. cit., p.166. 2013, n°39, pp.11-12. 58 Idem., p.167. 45 (Classes sociales, image de la 31 Gérard CHALIAND, op. cit., p.647. femme, minorité, nature, violence 59 Cité dans Tanguy STRUYE de SWIE- et sexualité). Dans TDRK, la femme LANDE, op. cit., p.167. 32 La prison de Gotham. est hyper-sexualisée (spécialement 33 C. LAVERTY, The Dark Knight Rises le personnage de Catwoman) et la 60 Paul HEIKE, op. cit., pp.367-268. : Costume Q&A with Lindy Hemmi- sexualité condamnée (notamment 61 T. STRUYE de SWIELANDE, « La ng, Clothes on films, 1 août 2012, lorsque Batman couche avec Mi- Grande Stratégie Américaine Dans https://tinyurl.com/bvxt94l, consulté randa Tate [Marion Cotillard] qui l’Après 11 Septembre », Institut de le 9 mai 2017. n’est autre que la descendante de Stratégie Comparée, 2006, n°86-87, Ra’s al Ghul ; elle finira par mourir, 34 G. CHALIAND, A. BLIN « L’inven- p.23. symbolisant l’aversion pour le sexe). tion de la terreur moderne », in Gé- L’hyper-sexualisation et la sexualité 62 Tanguy STRUYE de SWIELANDE, rard CHALIAND, Arnaud BLIN (sous la sont donc dépeintes sous un angle Duel entre l’Aigle et le Dragon pour direction de), op. cit., pp.127-128. conservateur. le leadership mondial, op. cit., p.170. 35 Marc DiPAOLO, op.cit., p.19; W. 46 Jesse KAVADLO, op. cit., p.174. 63 Idem, p.175. Emphase dans l’ori- BROOKER, « We Could Be Heroes », ginal. in Robin S. ROSENBERG, Peter COO- 47 S. DIFFALAH, « Comprendre. ‘Oc- GAN (sous la direction de), op. cit., cupy Wall Street’ : qui sont les Indi- 64 B.R. POSEN, A.L. ROSS, « Compe- s.p. gnés made in USA ? », L’OBS, 14 oc- ting Visions for U.S. Grand Strategy », tobre 2011. The MIT Press, 1996-1997, vol. XXI, 36 Gérard CHALIAND, op. cit., p.644. n°3, pp.5-53. 48 B. DOMENECH, « The ‘Dark Knight’ 37 Ceci est également un clin d’œil Inauguration », New York Times, s.d. 65 Idem., pp.9-12. aux comics. Nolan a voulu enlever toute notion de fantastique des co- 49 THE WHITE HOUSE, The Inaugural 66 C. KRAUTHAMMER, « The Unipo- mics Batman ; à l’origine Ra’s est cen- Address, Washington D.C.: The White lar Moment », Foreign Affairs, 1990- sé être immortel, se plongeant dans House, 20 janvier 2017, https://www. 1991, vol. LXX, n°1, pp.23-33. les Puits de Lazare afin de retrouver whitehouse.gov/inaugural-address, 8
67 Cité dans Tanguy STRUYE de SWIE- LANDE, Duel entre l’Aigle et le Dragon pour le leadership mondial, op. cit., p.162. 68 B.R. POSEN, A.L. ROSS, op. cit., pp.17-18. 69 Idem, pp.31-35. 70 S’ils ne sont pas développés ici, Selina Kyle (Catwoman) et le Com- missaire Gordon feraient respec- tivement l’allégorie de l’Union eu- ropéenne (présentant des traits d’anti-establishment pareils à ceux des mouvements parcourant l’UE depuis le début des années 2010) et du Japon (allié indéfectible des Etats- Unis/allié indéfectible de Batman). 71 Tanguy STRUYE de SWIELANDE, Duel entre l’Aigle et le Dragon pour le leadership mondial, op. cit., p.139. 72 Ibidem. 73 B.R. POSEN, A.L. ROSS, op.cit., pp.23-26. 9
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